Le Voyage de Chihiro

{{#ifeq:||Un article de Ziki, l'encyclopédie libre.|Une page de Ziki, l'encyclopédie libre.}}

Modèle:En-tête label Modèle:Voir homonymes Modèle:Infobox Animation et bande dessinée asiatiques/Entête Modèle:Infobox Animation et bande dessinée asiatiques/Vidéo Modèle:Infobox Animation et bande dessinée asiatiques/Pied Modèle:Japonais est un film d'animation japonais écrit et réalisé par Hayao Miyazaki et produit par le studio Ghibli, sorti en 2001.

Le film raconte l'histoire de Chihiro, une fillette de dix ans qui, alors qu'elle se rend en famille vers sa nouvelle maison, entre dans le monde des esprits. Après la transformation de ses parents en porcs par la sorcière Yubaba, Chihiro prend un emploi dans l'établissement de bains de la sorcière pour retrouver ses parents et regagner le monde des humains.

Miyazaki écrit le scénario en s'inspirant librement d'un roman de Sachiko Kashiwaba (La Cité des brumes oubliées) ainsi que de la fille de son producteur associé, Seiji Okuda, qui vient lui rendre visite chaque été. Il y développe plusieurs thèmes qui lui sont chers, dont l'intégration par le travail collectif, le voyage initiatique, le renouement avec les valeurs ancestrales et le danger de la société moderne pour la nature et les traditions. La production de Chihiro débute en 2000 avec un budget de Modèle:Nombre de dollars. La composition de la bande originale du film est confiée à Joe Hisaishi.

Le Voyage de Chihiro fut jusqu'en 2020 le plus grand succès de l'histoire du cinéma japonais, avec Modèle:Nombre de spectateurs au Japon et Modèle:Nombre de dollars de recettes dans le monde. Acclamé par la critique internationale, le film est considéré comme l'un des meilleurs des Modèle:Nobr. Il remporte plusieurs récompenses, dont l'Oscar du meilleur film d'animation et l'Ours d'or du meilleur film de 2002.

Synopsis

Modèle:Japonais, dix ans, boude à l’arrière de la voiture de ses parents<ref>La voiture représentée est une Audi A4 (B5) dont la marque est clairement visible.</ref> ; ces derniers ont décidé de déménager à la campagne, et la petite fille regrette son ancienne école. En cherchant à rejoindre leur nouvelle maison, ils se perdent au bout d’une route tortueuse et arrivent devant un tunnel. Le traversant, malgré la réticence de Chihiro effrayée, ils arrivent dans ce qu’ils pensent être un parc à thèmes abandonné. Sentant une odeur de nourriture, ils rejoignent une échoppe vide regorgeant de victuailles, et les parents de la fillette s’installent ; prévoyant de payer en partant, ils commencent à manger goulûment. Agacée par leur comportement, Chihiro part explorer le village abandonné et se retrouve à l’entrée d’un pont menant à un palais des bains. Là, un jeune garçon l’avertit de partir vite avant le coucher du soleil.

Alors que la nuit tombe rapidement, Chihiro se précipite pour retrouver ses parents, mais découvre avec horreur que ceux-ci se sont transformés en cochons. De plus en plus affolée, la fillette s’enfuit dans les rues où des dizaines d’ombres prennent vie, mais une grande étendue d’eau bloque maintenant le chemin du retour. Un grand bateau lumineux aborde et débarque des centaines de kami et yōkai tandis que Chihiro s’aperçoit qu’elle devient transparente. Elle part se blottir dans un coin où le jeune garçon la retrouve ; il la force à avaler un peu de nourriture du monde des esprits pour lui éviter de disparaître et la cache de la vue du Yu-bird, un rapace à tête de sorcière, qui patrouille. Il l’emmène ensuite traverser le pont qui mène au palais, tentant de la cacher des esprits et du personnel. Se présentant comme Haku, il semble connaître Chihiro de longue date, et lui conseille de descendre trouver Kamaji, le chauffagiste, pour obtenir du travail. Ainsi, la sorcière tenancière des lieux, Yubaba, ne pourra plus la transformer en animal.

Après avoir descendu plusieurs escaliers vertigineux, Chihiro se retrouve dans la salle des chaudières où travaille Kamaji, un vieil homme à six bras extensibles, accompagné de noiraudes qui transportent le charbon. Elle demande au chauffagiste s’il peut lui donner du travail, mais ce dernier, qui a la charge de préparer les sels de bain et d’envoyer l’eau chaude, lui dit ne pas avoir besoin d’aide supplémentaire. La présentant comme sa petite-fille, il la confie à une jeune femme qui lui apporte à manger pour qu’elle la présente à Yubaba. Après avoir pris plusieurs ascenseurs, Chihiro se retrouve seule au dernier étage du palais, sa compagne ayant dû rester plus bas pour reprendre son travail. Une série de portes et de couloirs la mène au bureau où la sorcière l’attend. Yubaba interroge la fillette pour savoir qui l’a aidée à parvenir jusqu’ici, mais cette dernière se borne à lui demander du travail. Alors que la sorcière tente de l’intimider pour la faire renoncer, , son bébé géant, se réveille et fait du raffut, ce qui donne à Chihiro l’occasion de se faire promettre d’être embauchée. Une fois le contrat signé, Yubaba vole les trois kanjis de son nom et la renomme Modèle:Japonais ; elle appelle Haku, qui s’avère être son apprenti, et lui demande de la superviser. Ce dernier, qui apparaît maintenant froid et autoritaire Modèle:Incise confie la petite fille comme assistante à Lin, la jeune femme qui l’a accompagnée voir la sorcière. Lin accepte de mauvaise grâce de la prendre sous son aile, mais s’avère rapidement amicale envers la fillette, l’amenant au dortoir et lui fournissant ses nouveaux vêtements de travail.

Fichier:Japan Touch Haru - Double Mixte - Lyon - 2014-04-12- P1810647.jpg
Cosplay du Sans-Visage.

Au petit matin, Haku réveille Sen et lui donne rendez-vous pour l’amener voir ses parents ; en traversant le pont, la fillette croise un Sans-Visage qui semble s’intéresser à elle. Redevenu amical, le jeune apprenti l’amène à la porcherie, mais Akio et Yuko Ogino sont maintenant de simples cochons sans aucun souvenir de leur vie humaine. Sen leur promet de revenir les sauver et s’enfuit en larmes. Haku la console et lui rend ses anciens vêtements ainsi que la carte d’adieu écrite par les camarades de son ancienne école. Surprise, elle y lit son ancien prénom qu’elle avait déjà oublié. Son compagnon lui explique que Yubaba contrôle les gens en volant leurs prénoms et qu’elle doit conserver celui-ci en secret ; lui-même ne peut s’enfuir, ayant perdu la mémoire et oublié le sien, mais se souvient étrangement de Chihiro. Avant de retourner finir sa nuit dans la chaufferie, Sen voit un dragon s’envoler au loin.

Alors que la première journée de travail commence, Sen et Lin reçoivent l’ordre de s’occuper du grand bain, très encrassé car réservé aux invités les plus sales. Au cours de son ouvrage, voyant le Sans-Visage dehors sous la pluie, la fillette le laisse entrer. Ce dernier, utilisant sa capacité à se rendre invisible, l’aide à obtenir une plaquette à envoyer à la chaufferie pour faire couler un bain aux herbes, que le contremaître ne voulait pas lui donner, afin de faciliter leur travail de nettoyage. Alors que Lin est partie chercher le déjeuner, il réapparaît et lui tend plusieurs autres plaquettes qu’il a volés, avant de disparaître. Peu après, Yubaba et tous les employés sont en effervescence : un esprit putride se dirige vers le palais, répandant une odeur abominable sur son passage. Sen reçoit l’ordre de le mener au grand bain et de s’occuper de lui. La fillette utilise les autres plaquettes pour remplir à nouveau le bain que l’hôte a fait déborder, mais tombe dedans. Elle s’aperçoit alors que quelque chose dépasse du corps de son client, et commence à tirer dessus, bientôt aidée par Lin et tous les autres employés à l’aide d’une corde fournie par Yubaba qui a compris la vraie nature de l’esprit, gardien d’une grande rivière polluée. Celui-ci, libéré de tous les détritus qui l’encombraient, remercie Sen en lui donnant une boulette amère, avant de partir, non sans laisser de nombreuses pépites d’or sur le sol, ce qui ravit la sorcière et ses employés.

La nuit venue, un employé grenouille vient voir près du grand bain s’il ne reste pas de pépites oubliées ; le Sans-Visage, capable de faire apparaître des pépites dorées, le piège et l’avale. Utilisant la voix de la grenouille, l’esprit demande ensuite de la nourriture, faisant apparaître de plus en plus de pépites. Pendant ce temps, Sen rêve que la boulette amère permettrait de rendre forme humaine à ses parents, mais qu’elle ne peut plus identifier ceux-ci parmi tous les autres cochons. En se réveillant, elle s’aperçoit que tous les employés sont déjà levés : tout le monde est occupé à préparer et à convoyer des mets au Sans-Visage, devenu monstrueusement gros, et qui réclame de plus en plus de nourriture, jetant des pépites tout autour de lui depuis son bain. Pas intéressée par l’or, la fillette va sur un balcon voir la mer autour du palais qui a encore monté, et remarque le dragon qu’elle avait vu attaqué par des centaines d’oiseaux en papier. Ayant l’intuition que celui-ci est Haku, elle l’appelle pour qu’il vienne se réfugier, et ferme la fenêtre pour bloquer ses assaillants qui repartent, sauf un qui se colle discrètement dans son dos. Alors que le dragon remonte tant bien que mal vers le haut du palais, Sen court chercher de l’aide, et tombe sur le Sans-Visage entouré et acclamé par tous les employés ; il tente de lui donner de l’or, mais elle le repousse poliment, lui disant qu’elle est pressée. Furieux, l’esprit commence à avaler des employés, semant la panique.

Sen parvient à trouver une échelle qui mène aux étages supérieurs, et arrive dans la chambre de Bô, d’où elle entend la sorcière demander à ses minions, trois têtes bondissantes nommées Kashira, de se débarrasser de Haku dont elle n’a plus besoin, avant de repartir. La fillette a juste le temps de se cacher dans un tas de coussins avant que Yubaba ne passe par la chambre pour s’éclipser, mais le bébé s’intéresse à elle et ne veut pas la laisser partir. Parvenant à lui faire peur avec le sang du dragon sur ses mains, elle se précipite pour aider Haku, mais est attaquée par le Yu-bird. L’oiseau de papier dans son dos fait alors apparaître un hologramme de Zeniba, sœur jumelle de Yubaba, qui transforme Bô en grosse souris, le Yu-bird en oisillon et les Kashira en Bô. Elle explique à Sen que Haku lui a volé un artefact magique et s’est condamné avec la protection magique de celui-ci. Le dragon reprend conscience et détruit l’oiseau de papier, faisant disparaître Zeniba, avant de tomber dans une oubliette, la fillette accrochée à son cou. Avec les dernières forces qui lui reste, il les mène à la chaufferie de Kamaji, et Sen lui fait avaler de force une moitié de la boulette amère, ce qui lui fait vomir l’artefact et reprendre forme humaine. Alors que Haku demeure inconscient, Sen décide de partir chez Zeniba pour lui rendre son bien et lui demander de l’aide. Kamaji lui donne des tickets de train et lui indique l’arrêt, l’avertissant que la ligne est à sens unique.

Lin surgit ; Yubaba a découvert que Sen avait laissé entrer le Sans-Visage, qui souhaite la voir. La sorcière ne peut contrôler le monstre, et demande à la fillette, toujours accompagnée de Bô et du Yu-bird transformés qu’elle ne reconnaît pas, de s’en occuper. L’esprit est contrarié de ne pouvoir offrir à celle qu’il voudrait gâter ce dont elle a besoin ; poussé par sa frustration et sa solitude, il s’apprête à dévorer Sen, mais celle-ci lui donne à manger le reste de la boulette amère, ce qui le fait vomir et le rend furieux. Il poursuit la fillette à travers le palais, régurgitant au fur et à mesure tout ce qu’il a avalé, employés compris, et finit par reprendre sa forme d’origine. Sen en profite, avec l’aide de Lin, pour rejoindre la gare en suivant la voie de chemin de fer immergée, pour prendre le train avec ses deux petits compagnons et le Sans-Visage, rasséréné, qui a décidé de venir avec eux. Au palais, Yubaba est furieuse du bazar qui a été mis et de la fuite de Sen ; pour se venger, elle souhaite sacrifier ses parents, mais Haku, qui s’est réveillé, lui apprend que son bébé a été substitué et emmené chez Zeniba. Le jeune garçon lui fait promettre de libérer la fillette et ses parents s’il lui ramène Bô.

Après un long voyage, et alors qu’il fait déjà nuit, Sen arrive à destination avec ses compagnons chez Zeniba qui les accueille. La fillette lui rend l’artefact en s’excusant pour Haku, et la sorcière lui explique que d’après les règles de ce monde, elle ne devra compter que sur elle-même pour sauver le jeune homme et ses parents ; elle lui offre cependant un charme de protection sous la forme d’un élastique à cheveux qu’elle vient de tisser avec l’aide du Sans-Visage, de Bô et du Yu-bird. À l’aube, Haku arrive sous sa forme de dragon, et ils repartent en volant sur son dos, sauf le Sans-Visage qui décide de rester chez Zeniba comme assistant. Pendant le trajet, Sen se souvient que plus jeune, elle était tombée dans une rivière désormais souterraine nommée Kohaku. Elle comprend que le jeune garçon, qu’elle avait l’intuition de connaître depuis longtemps, est en fait l’esprit de cette rivière, qui l’avait alors sauvée en l’amenant dans des eaux peu profondes. En se souvenant de son véritable nom, Haku est désormais libre, et reprend sa forme humaine ; ils volent tous deux main dans la main jusqu’au pont du palais où Yubaba les attend. Une dernière épreuve attend Sen : elle doit retrouver ses parents parmi une douzaine de cochons. Bô reprend sa forme de bébé, et ayant beaucoup gagné en maturité durant son aventure, gronde sa mère en lui demandant de ne pas faire pleurer sa compagne de voyage. Cette dernière accepte l’épreuve et devine, sous les acclamations des employés, que ses parents ne sont pas parmi les cochons présentés. Son contrat de travail se détruit, la libérant de son existence en tant que Sen, et Haku l’accompagne jusqu’à la frontière du domaine de la sorcière où l’eau a maintenant disparu. Les deux enfants se quittent en se promettant de se revoir, et la fillette rejoint ses parents qui l’attendent à l’entrée du tunnel et ne se sont rendu compte de rien. Une fois de retour à leur voiture, ils s’aperçoivent qu’elle est couverte de végétation et de poussière ; Chihiro se demande si ce qu’elle a vécu était bien réel, mais dans ses cheveux, le porte-bonheur de Zeniba jette un éclat.

Personnages

Personnages principaux

Modèle:Japonais / Modèle:Japonais
Personnage principal du film. Craintive et apathique au début, cette fillette de Modèle:Nobr saura grandir et gagner confiance en elle afin d'affronter différentes péripéties dans le monde des esprits où elle est précipitéeModèle:Sfn. Elle parvient ainsi à purifier l'esprit puant, à humaniser le Sans-Visage sans céder à ses tentatives de corruption, et à porter secours à son ami Haku et à ses parents<ref name="Napier2006"/>,<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Lorsque Chihiro signe son contrat, Yubaba lui vole son nom<ref>Modèle:Citation Modèle:Harvsp.</ref> et elle devient Sen, employé des bains ce qui traduit alors la perte de son individualité<ref>Modèle:Citation Modèle:Harvsp.</ref>. Dans la première partie du film, le scénario et le dessin de Masashi Andō révèlent le doute chez Chihiro, sentiment que les personnages de Miyazaki expriment habituellement peuModèle:Sfn. La seconde moitié du film, où Chihiro est devenue courageuse, marque un rapprochement avec les héroïnes des films passés de Miyazaki comme Nausicaä et San. Contrairement à Miyazaki, Andō aurait préféré que le doute continue à se manifester chez ChihiroModèle:Sfn.
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Yubaba a pris Haku comme apprenti magicien et lui a aussi volé son nom. Son travail est mystérieux et les autres employés du bain le respectent, mais craignent aussi son côté sombre et froid. Il sera d'une aide précieuse pour Chihiro<ref name="PersoButa"/>. Il se montre souvent froid mais il a un bon et grand cœur au fond. Il peut se transformer en un long dragon longiligne blanc et bleu avec de longues moustaches qui vole et nage. Dans sa forme draconnique, il est un Ryū. Nigihayami Kohaku Nushi est un personnage très énigmatique, mystérieux, important et beau à la fois. Il souhaite que Chihiro puisse retourner dans son monde, mais elle devra faire preuve de beaucoup de choses, à la fois dures et initiatiques, il sera celui qui la guidera le plus courageusement, il se montrera courageux et parfois même sacrificiel pour Chihiro/Sen. Haku est considéré comme un dieu et parfois appelé le seigneur ou dieu<ref>Modèle:Lien web.</ref>. C'est grâce à Haku et sa détermination inébranlable que Chihiro pourra réussir à avoir confiance en lui et qu'ils pourront s'entraider<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Son nom est peut-être inspiré de Nigihayahi, une figure historique et légendaire, selon N. T. Reider<ref name="Reider"/>.
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Patronne d'Aburaya, l'établissement de bains publics. C'est aussi une sorcière avare et acariâtre<ref name="PersoButa"/>. Riche veuve<ref name="O'Neill-Yubaba">Modèle:Article.</ref>, elle ne tolère que l'obéissance aveugle de ses employés<ref name="O'Neill-Yubaba"/>. Seul son enfant unique est capable de la faire plier<ref name="O'Neill-Yubaba"/>. « Le projet précédent fut supprimé... À ce point qu'elle fut dépeinte comme un personnage grotesque, le genre de personnage qui pourrait apparaitre dans une illustration d'Alice au pays des merveilles. »<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Elle rappelle également les Yama-Uba, sorcières des montagnes dotées de pouvoirs magiques dans le folklore japonais, dévorant les humains égarés mais mères protectrices, comme l'évoque son rôle de mère-poule avec son bébé<ref name="Reider"/>.
Modèle:Japonais
Jeune fille employée des bains, elle guide Chihiro à ses débuts et s'occupe d'elle, elle est gentille, généreuse et attentionnée. Masashi Andō explique que le personnage devait être la transformation d'une belette ou d'une zibeline mais qu'elle a finalement la taille d'une femme moyenne ; Miyazaki allongera son visage par rapport aux dessins préparatoires<ref>Modèle:Citation étrangère Modèle:Harvsp.</ref>.
Modèle:Japonais
Personnage mystérieux et masqué, il peut disparaître à sa convenance. Au départ, il n'est pas doté de parole mais, en subjuguant des employés du bain avec des richesses, il parvient à exprimer son insatiable appétit, car en les « dévorant » il peut absorber leur voix et leur personnalité<ref>Modèle:Citation étrangère Modèle:Harvsp.</ref>. Seule Chihiro refuse ses cadeaux, ce qui le frustre et finira par lui faire perdre raison<ref>Modèle:Citation Modèle:Lien web.</ref>. Il fera aussi partie de l'expédition chez Zeniba et y trouvera la paix<ref name="PersoButa"/>. Dans le scénario initial, le Sans-Visage ne jouait aucun rôle, mais le réalisateur a pour habitude de faire évoluer son scénario en cours de production. C'est son apparition sur un dessin qui a inspiré Miyazaki pour la création de ce personnage sans identité<ref name="Osmond_p47"/>,<ref name="2009_anm.sagepub.com.ezproxy.library.ubc.ca">Modèle:Article.</ref>. Le personnage n'est donc pas inspiré du folklore japonais contrairement aux autres espritsModèle:Sfn; il porte toutefois un masque de qui symbolise dans cette forme de théâtre traditionnel la dissimulation de soi et la confusion des identités<ref name="Reider"/>.

Autres personnages

Par ordre alphabétique :

Modèle:Japonais
Père de Chihiro, homme d'affaires de Modèle:Nobr optimiste, courageux, sans gêne et glouton, ayant peu d'empathie envers les autres<ref name="PersoButa">Modèle:Lien web.</ref>. Masashi Andō, responsable de la conception des personnages, décrit le père de Chihiro comme un Modèle:Langue<ref>Le mot anglais Modèle:Langue est sans équivalent en français et désigne de manière péjorative de jeunes étudiants, sportifs (footballeurs américains ou athlètes), populaires et dont les réponses sont physiques plutôt qu'intellectuelles.</ref>, une tête brûlée à l'appétit insatiable<ref>Modèle:Citation étrangère Modèle:Harvsp.</ref>.
Modèle:Japonais
Employé des bains.
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Manager adjoint des hommes grenouilles<ref name="PersoButa"/>.
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Fils de Yubaba. Il sait à peine marcher mais possède une force liée à son gabarit (il fait deux fois la taille de sa mère). Trop gâté par sa mère qui le garde enfermé dans ses appartements, pour le « protéger » du monde extérieur, il est capricieux et égoïste<ref name="PersoButa"/>. Cela change après sa transformation par Zeniba et son départ avec Chihiro. Le voyage les rapproche et Bō apprécie cette expédition, loin du cocon maternel ; il en sort grandi.
Modèle:Japonais
Manager des hommes grenouilles<ref name="PersoButa"/>.
Modèle:Japonais
dans le sous-sol de la maison des bains, il s'occupe de la chaufferie. Il utilise ses six bras pour préparer les décoctions thermales et dirige les Modèle:Japonais qui alimentent les fourneaux<ref>Modèle:Citation étrangère Modèle:Harvsp.</ref>. Son apparence est celle d'un vieillard chauve et bossu, avec des rides<ref>Modèle:Citation étrangère Modèle:Harvsp.</ref>, une grosse moustache et des lunettes fumées. Il reste assis à son poste et seuls ses bras s'activent.
Modèle:Japonais
Il s'agit de trois têtes bondissantes et parlantes qui apparaissent dans les quartiers de Yubaba<ref name="nausicaa.net">Modèle:Lien web.</ref>.
Modèle:Japonais
Compagnon de Yubaba, cet oiseau doté d'une tête humaine ayant les traits de Yubaba lui sert de sentinelle. Il sera lui aussi transformé par Zeniba en une petite mouche inoffensive<ref name="PersoButa"/>.
Modèle:Japonais
Mère de Chihiro, Modèle:Nobr, directe, réaliste et distante aussi<ref name="PersoButa"/>. Masashi Andō la décrit en opposition avec la figure maternelle attentionnée habituellement développée dans les films de Miyazaki, avec des boucles d'oreilles et du rouge à lèvres<ref>Modèle:Citation étrangère Modèle:Harvsp.</ref>.
Modèle:Japonais
Également sorcière, c'est la sœur jumelle de Yubaba. En dehors de leur apparence, elles n'ont pas vraiment de points communs<ref name="PersoButa"/>. C'est une bonne sorcière qui vit coupée du monde tant son pouvoir est grand.

Fiche technique

Logo original du film écrit en japonais.
Logo original du film.

Distribution

Voix originales

Voix françaises

Conception

Genèse

Un couloir de bois en enfilade, portes coulissantes en bois et papier sur la droite, fenêtres sur la gauche. tapis rouge au sol. À l’extérieur par les fenêtres, vue sur un jardin avec un cerisier.
Vue intérieure d'un des bâtiments du musée d'architecture en plein air d'Edo-Tokyo.

À l'époque où le film est réalisé, Hayao Miyazaki passe toutes ses vacances d'été dans un chalet de montagne avec sa famille et cinq petites filles d'amis de la famille. L'idée du Voyage de Chihiro lui vient en voulant faire un film pour ces fillettes. Il a déjà réalisé des œuvres telles que Mon voisin Totoro et Kiki la petite sorcière, principalement destinées aux enfants et adolescents, mais n'a jamais créé un film s'adressant spécifiquement aux préadolescentes. Cherchant l'inspiration, il lit des magazines de prépublication de manga shōjo tels que Nakayoshi et Ribon laissés par les filles dans le chalet, mais est déçu de ne trouver pour sujets que des amourettes ou des romances. Pensant que ces mangas ne montrent pas ce que les jeunes filles Modèle:Citation, Miyazaki décide de réaliser un film sur une héroïne qui serait une petite fille ordinaire, à laquelle il serait possible de s'identifier<ref name="nausicaa_interviews">Modèle:Lien web.</ref>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Depuis plusieurs années, Miyazaki souhaite adapter un livre pour enfants intitulé La Cité des brumes oubliées de Sachiko Kashiwaba<ref name="Colson_p170"/>. Il propose deux projets dans cette veine qui sont rejetés : une adaptation directe du livre et un film à propos d'une adolescente contemporaine. Un troisième projet, qui finit par devenir Le Voyage de Chihiro, obtient plus de succès. Les trois histoires tournent autour d'un Modèle:Langue, établissement thermal traditionnel japonais. Ce lieu, mystérieux pour le réalisateur, l’intrigue au point de composer plusieurs histoires à son sujet<ref name="nausicaa_interviews"/>.

Pour une partie des bâtiments du monde des esprits, Miyazaki se base sur les édifices du musée d'architecture en plein air d'Edo-Tokyo à Koganei. Il visite souvent ce musée pour y trouver l'inspiration lorsqu'il travaille sur le film. Miyazaki a toujours été intéressé par les bâtiments de l'ère Meiji au style inspiré de l'architecture occidentale. Le musée fait naître de la nostalgie chez Miyazaki, qui explique : Modèle:Citation<ref name="nausicaa_interviews"/>,<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Parmi les sources d'inspiration majeure de l'établissement thermal figurent le Meguro Gajoen, hôtel tokyoïte des Modèle:Nobr marqué par une fusion des architectures japonaises et européennes<ref name="harvsp|Osmond|2008|p=71">Modèle:Harvsp.</ref> ; le Notoyaryokan, auberge traditionnelle située dans la préfecture de Yamagata, célèbre pour son architecture et ses caractéristiques ornementales<ref name="notoyaryokan">Modèle:Lien web.</ref>,<ref name="tenkai-japan_notoya-in-ginzan-onsen-stop-businees-for-renovation">Modèle:Lien web.</ref> ; et le Dōgo Onsen<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Production

Visage de Hayao Miyazaki en costume noir et cravate bleue avec rayures.
Hayao Miyazaki, le réalisateur.

La production du Voyage de Chihiro commence en 2000 avec un budget de Modèle:Nombre de yens (soit environ Modèle:Nombre de dollars)<ref name="jimhillmedia_1391">Modèle:Lien web.</ref>. Disney investit 10 % du coût pour le droit de préemption de la distribution américaine<ref name="fpsmagazine_spirited">Modèle:Lien web.</ref>. L'équipe comprend de jeunes animateurs et des vétérans comme Ai Kagawa et Kitaro Kosaka ; Miyazaki travaille en lien étroit avec l'animateur Masashi Andō pour la supervision de l'animation, bien que le trait plus réaliste de ce dernier demande un certain travail d'harmonisation<ref name="Osmond_p47"/>.

Fidèle aux habitudes de travail de Miyazaki, le scénario du film n'est pas définitif au commencement de la production, le réalisateur faisant évoluer son récit en fonction de ses inspirations et des premiers dessins. Le Sans-Visage notamment ne joue aucun rôle dans le scénario original, mais son apparition sur un dessin inspire Miyazaki pour la création de ce personnage sans identité<ref name="Osmond_p47"/>,<ref name="2009_anm.sagepub.com.ezproxy.library.ubc.ca" />. Selon Masashi Andō, cette méthode de travail est exigeante pour les animateurs, car certaines scènes doivent être régulièrement modifiées ou remplacées<ref>Modèle:Article.</ref>. De plus, Miyazaki a réalisé en cours de production que le scénario initial était bien trop long et aurait nécessité plus de trois heures de film. Il a donc dû réécrire une partie de l'histoire et réduire les scènes frappantes, visant plutôt la simplicité<ref name="nausicaa_interviews"/>,<ref name="Osmond_p47">Modèle:Harvsp.</ref>.

Comme pour Princesse Mononoké, la plupart des dessins sont réalisés à la main, puis numérisés et retouchés par ordinateur, à la différence des premiers films du studio entièrement réalisés en animation traditionnelle sur celluloïds. Les images sont ensuite combinées avec des objets et effets créés par infographie, éventuellement en tridimension<ref name="Cavallaro2006_p143">Modèle:Harvsp.</ref>,<ref name="Buta_creation"/>. L'objectif du studio est d'améliorer l'animation sans perdre l'aspect artisanal cher à Miyazaki. En particulier, chaque personnage est principalement dessiné à la main, Miyazaki travaillant aux côtés de ses animateurs pour vérifier que les résultats correspondent à ses vues<ref name="jimhillmedia_1391"/>. Les principaux outils numériques utilisés incluent les calques permettant de superposer les dessins et les effets spéciaux, le Modèle:Langue, l'animation numérique de l'eau, le lancer de rayon pour l'éclairage réaliste des scènes, la création et l'ajout de textures sur les objets 2D ou 3D, et enfin le montage final<ref name="Cavallaro2006_p145">Modèle:Harvsp.</ref>. En raison des délais très courts, Ghibli sous-traite une partie du travail d'animation, notamment sur les intervalles, au studio coréen D.R. Digital<ref name="Buta_creation">Modèle:Lien web ; Modèle:Lien web.</ref>.

La palette de couleur apparaît particulièrement vive et brillante par rapport aux précédents films du studio, la couleur dominante étant le rouge, rehaussé par l'or et l'orange. Les contrastes avec les zones sombres visent à souligner l'importance relative des lieux : par exemple, les quartiers de Yubaba étant les plus vastes et luxueux, ils présentent de forts contrastes entre la couleur et le noir<ref name="Cavallaro2006_p143"/>.

La plupart des acteurs prêtant leur voix sont issus du monde de la télévision et du cinéma, comme Rumi Hiiragi pour Chihiro (elle a Modèle:Nombre en 1999), Bunta Sugawara pour Kamaji et Mari Natsuki pour Yubaba et Zeniba<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Seul Miyu Irino pour Haku est un comédien spécialiste du doublage d'anime.

Création et identité des personnages principaux

Le personnage principal, Chihiro Ogino, a deux noms dans le film. Dans la langue japonaise, les noms sont souvent constitués de caractères appelés kanjis qui peuvent avoir plusieurs sens et lectures. Modèle:Japonais est formé des caractères Modèle:Japonais et Modèle:Japonais ; son nom de famille, Modèle:Japonais, peut être traduit par « champ de roseaux ». Lorsque Yubaba lui vole son nom, elle ne conserve que le premier caractère du prénom, Modèle:Japonais, et lui impose de désormais répondre à ce nouveau nom. Chihiro devient Sen et perd ainsi son identité et ce qui la rattache au monde des vivants et à ses parents<ref name="3DP51L">Modèle:Harvsp.</ref>. Miyazaki s'est ici inspiré du Cycle de Terremer d'Ursula Le Guin où les noms ont une importance primordiale pour le contrôle de sa vie et de sa mémoire, faisant écho au vol des noms par Yubaba pour asservir ses employés<ref name="Reider"/>,<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Le personnage de Chihiro n'est basé sur aucun modèle précis<ref name="artbook_p55">Modèle:Harvsp.</ref>. Lors de sa création, Miyazaki souhaite une fille « replète » plutôt que mince, visant avant tout au réalisme du personnage. Masashi Andō, responsable de la création des personnages, imagine ainsi une petite fille au visage rond, bien que son corps reste plus « fin »<ref name="artbook_p55"/>,<ref name="PersoButa"/>. La réalisation du personnage de Chihiro a été une des principales difficultés du film selon le réalisateur. Miyazaki souhaitait une fille normale et réaliste pour son film, mais était lui-même frustré de l'aspect trop terne que cela conférait à son personnage. Le film approchant de la fin cependant, il a été rassuré par l'évolution du personnage, déclarant sentir qu'« elle sera une femme charmante »<ref name="nausicaa_interviews"/>.

L’alter ego de Chihiro dans le monde des esprits est Haku, dont le rôle est ambigu au début du film. Afin de rendre ce personnage mystérieux, Masashi Andō travaille sur le contour des yeux pour qu'ils soient étranges et le dote de pupilles lui donnant un regard lointain afin de renforcer son rôle de personnage « transparent » tel que défini par le réalisateur<ref>Modèle:Citation étrangère Modèle:Harvsp.</ref>.

Enfin, Yubaba, personnage grotesque avec sa tête surdimensionnée qui n'est pas sans rappeler le monde d’Alice au pays des merveilles, est inspiré d'un projet abandonné du studio<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Genre et mise en scène

Le film appartient aux genres du conte de fées et du fantastique, avec quelques touches de fantaisie et même d'horreur<ref name="Reider"/>,<ref name="Cavallaro2006_p146">Modèle:Harvsp.</ref>. Dans la mise en scène de ses œuvres, Miyazaki n'oppose pas le merveilleux au réel ou au quotidien, les deux aspects pouvant cohabiter ou se superposer naturellement<ref>Modèle:Article.</ref>. Dans Le Voyage de Chihiro, le monde des esprits, où le temps et l'espace ne sont pas clairement définis, reste volontairement flou et non structuré. Les va-et-vient symboliques entre les deux mondes apparaissent multiples et changeants, si bien qu'il n'est pas possible d'en discerner les frontières, ni d'ailleurs de suivre le temps qui passe, à la différence des dessins animés typiques de Disney ou d’Alice au pays des merveilles. Pour renforcer cette impression de réel auprès du spectateur, le monde des esprits est dessiné et animé de façon très réaliste, si bien que Chihiro y évolue naturellement<ref name="Reider"/>.

Miyazaki ne pousse pas le spectateur à percer les secrets du monde des esprits, mais au contraire à accepter cet univers merveilleux, qui a sa cohérence propre, comme allant de soi. Cette approche correspond au shinto japonais, religion millénaire où les divinités, nommées kami, investissent continuellement le monde des vivants<ref>Modèle:Harvsp.</ref>,<ref>Modèle:Article.</ref>. De plus, le choix du merveilleux permet à Miyazaki de s'adresser plus facilement aux enfants tout en explorant, au-delà des apparences du réel, le subconscient et la dimension psychologique, selon Reider<ref name="Reider"/>.

Miyazaki ne révèle volontairement pas la nature du voyage de Chihiro, réel ou onirique, si bien que la fin reste ouverte à interprétations. Le mélange d'éléments architecturaux européens (victoriens) et japonais dans les bains concourt à cette ambiguïté. Le spectateur se trouve ainsi placé dans la même incertitude que le personnage principal<ref name="harvsp|Osmond|2008|p=71"/>,<ref name="Reider"/>.

Bande originale

Un homme asiatique âgé se tenant debout, en smocking noir.
Joe Hisaishi, compositeur de la musique du film.

Modèle:Article détaillé

La bande originale du film est composée par Joe Hisaishi en 2001 et enregistrée au Nouvel orchestre philharmonique du Japon<ref name="Buta_musique"/>. La collaboration entre Hisaishi et Miyazaki, qui dure depuis la réalisation de Nausicaä de la vallée du vent en 1984, contribue à renforcer l'aspect Modèle:Citation de l'aventure de Chihiro<ref name="Osmond_p50">Modèle:Harvsp.</ref>. Les musiques reflètent les sentiments de l’héroïne<ref>Modèle:Lien web.</ref> comme lors de la scène du train où s'expriment la tristesse et la mélancolie, mais également la peur lors de la scène de l'escalier menant à la chaufferie<ref>Modèle:Harvsp.</ref>,<ref name="Buta_musique"/> ; le Sans-Visage est représenté par des percussions à consonances métalliques qui le rendent mystérieux<ref name="Buta_musique">Modèle:Lien web.</ref>. Le thème principal du film, Cet été-là, repris plusieurs fois, allie piano et orchestre ; les différents moments qui le composent évoquent tour à tour l'aventure, la solitude ou la nostalgie<ref>Modèle:Ouvrage (Mémoire de baccalauréat universitaire ès lettres).</ref>. Quant à la musique du générique de fin (Rêvons toujours les mêmes rêves aimés), elle est composée et interprétée par Youmi Kimura<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

La bande originale est primée à plusieurs reprises, remportant notamment le prix de l'Académie japonaise, comme détaillé plus bas.

Accueil

Box-office

Le Voyage de Chihiro est un grand succès commercial, rapportant Modèle:Unité au Modèle:Langue mondial, dont plus de Modèle:Unité au Japon<ref>Modèle:Lien web.</ref>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>,<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}}Modèle:Langue.</ref>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Il devient le film le plus vu sur l'archipel avec plus de vingt millions de spectateurs, détrônant Titanic<ref>Modèle:Article.</ref>. Il est toutefois dépassé par Demon Slayer: Kimetsu no Yaiba - Le film : Le train de l'Infini en 2020<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Il réalise Modèle:Nombre en France, 62 409 en Suisse, 25 112 en Belgique, et 15 280 au Québec<ref name="lumiere_18921">Modèle:Lien web.</ref>. Le Voyage de Chihiro reste le plus grand succès mondial pour un film non-américain et non-anglophone jusqu'en 2012, avant d'être dépassé par Intouchables<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Le film est présenté en première internationale en Modèle:Date- à Nouvelles images du Japon, festival du Forum des images, en présence de Hayao Miyazaki qui reçoit à cette occasion la Médaille de la Ville de Paris (Grand Vermeil) et est décoré de l'Ordre des Arts et des Lettres<ref name="Forum">Modèle:Lien web.</ref>.

Box-office mondial par pays (non exhaustif) du film Le Voyage de Chihiro (en entrées)
Pays Entrées Pays Entrées Pays Entrées
Modèle:Japon<ref>Box-office Japon 1, eiren.org.</ref>,<ref>Box-office Japon 2, eiren.org.</ref>,<ref name="imdb_0245429">Box office pour {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} [https://www.imdb.com/title/{{#if:0245429%7Ctt0245429%7CModèle:Wikidata}}/{{#if:business|business|reference}} {{#if: Modèle:Titre sans précision}}] sur l’Modèle:Lang.</ref> 24 796 085 Modèle:Pays<ref>Box-office Suisse, procinema.ch.</ref> 62 409 Modèle:Pays<ref name="lumiere_18921"/> 23 367
Modèle:Nobr<ref name="lumiere_18921"/> 1 694 409 Modèle:Pays<ref name="imdb_0245429"/> 57 918 Modèle:Pays<ref name="lumiere_18921"/> 15 280
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Modèle:Pays<ref name="lumiere_18921"/> 204 328 Modèle:Pays<ref>Box-office Australie 1, urbancinefile.com.au.</ref>,<ref>Box-office Australie 2, screenaustralia.gov.au.</ref> 29 180 Modèle:Pays<ref name="lumiere_18921"/> 164
Modèle:Pays<ref name="lumiere_18921"/> 161 138 Modèle:Pays<ref name="lumiere_18921"/> 28 704 Modèle:Pays<ref name="lumiere_18921"/> 96
Modèle:Pays<ref>Box-office Corée Sud, kobis.or.kr.</ref> 159 755 Modèle:Pays<ref name="lumiere_18921"/> 25 112 Modèle:Monde Total monde 32 751 926

Accueil critique

Modèle:Infobox Critique presse Le film est plébiscité par la critique dans le monde entier. En France, il obtient une note moyenne de 4,8/5 sur la revue de presse d'Allociné<ref name="allocine_37485">Modèle:Lien web.</ref>. Les Cahiers du cinéma le classe au Modèle:8e de leur liste des meilleurs films de 2002<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Le Monde évoque une Modèle:CitationModèle:Citation ; Les Inrockuptibles Modèle:Citation ; pour Libération, il Modèle:Citation mais Modèle:Citation ; Positif estime que Modèle:Citation ; pour Première, Modèle:Citation ; Télérama évoque Modèle:Citation ; et pour Le Nouvel Observateur, Modèle:Citation<ref name="allocine_37485" />.

Dans le reste de la francophonie, La Libre Belgique estime que le film a Modèle:Citation est une Modèle:Citation<ref>Modèle:Article.</ref>. Pour Le Soir, Modèle:Citation<ref>Modèle:Article.</ref>. Pour L'Impartial<ref>Modèle:Article.</ref> et L'Express<ref>Modèle:Article.</ref> en Suisse, il s'agit d'un réel Modèle:Citation s'adressant aux adultes comme aux enfants. Au Québec lors de la sortie DVD, La Presse loue la Modèle:Citation et la Modèle:Citation<ref>Modèle:Article.</ref>.

Pour le Modèle:Langue, le film est un Modèle:Citation où Miyazaki mêle la Modèle:Citation<ref>Modèle:Article.</ref> ; pour le Modèle:Langue, Miyazaki propose un film d'une grande qualité artistique qui évite les stéréotypes des gentils et des méchants<ref>Modèle:Article.</ref> ; dans le Modèle:Langue, Le Voyage de Chihiro est décrit comme un Modèle:Citation appelé à devenir un classique<ref>Modèle:Article.</ref> ; pour Modèle:Langue, le film, qui tranche techniquement avec l'animation occidentale, est Modèle:Citation<ref>Modèle:Article.</ref> ; pour Modèle:Langue enfin, le film illustre l'espoir que place Miyazaki dans les générations futures pour briser la Modèle:Citation<ref>Modèle:Article.</ref>.

Parmi les critiques négatives, Hiroki Azuma estime dans le Mainichi Shinbun que la dimension psychologique des personnages est trop peu présente, l'évolution de Chihiro résultant plus d'éléments extérieurs que de sa volonté propre<ref>Modèle:Article.</ref>. Osmond estime aussi qu'à l'exception de Mari Natsuki, les voix du Voyage de Chihiro ne sont pas réellement Modèle:CitationModèle:Sfn.

Distinctions

Le film reçoit plusieurs distinctions prestigieuses, dont l'Ours d'or du meilleur film à Berlin, le prix de l'Académie japonaise du meilleur film et le prix Mainichi du meilleur film en 2002, ainsi que l'Oscar du meilleur film d'animation en 2003<ref name="imdb awards">{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Wikidata}}/{{#if:awards|awards|reference}} {{#if:||Modèle:Titre sans précision}} sur l’Modèle:Lang.</ref>. Il est le film ayant reçu le plus de suffrages de la liste du BFI des 50 films à voir avant d'avoir 14 ans<ref>La Modèle:Lien archive.</ref>,<ref name="imdb awards"/> établie en 2005 par le Modèle:Langue. En 2010, le magazine Modèle:Langue le classe à la Modèle:10e dans sa liste des Modèle:Nombre films de tous les temps en langue non-anglaise<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Récompenses

Modèle:Source Imdb

Nominations

Modèle:Source Imdb

Thèmes

Le réalisateur explore les liens entre modernisme et tradition au Japon. Il illustre les dérives du capitalisme et de la mondialisation entraînant une perte d'identité culturelle, qui se manifeste par un individualisme, un égoïsme et un consumérisme insatiable radicalement opposés aux valeurs ancestrales du peuple japonais<ref name="Napier2006">Modèle:Article.</ref>,<ref name="Colson_p170"/>,<ref name="Suzuki">Modèle:Article.</ref>. Chez le réalisateur, l'identité doit être comprise tant comme la quête de soi que la compréhension de ses liens avec la communauté, la société et la nature<ref name="Iles_p209">Modèle:Chapitre.</ref>. En puisant dans les traditions millénaires, notamment le shinto, ainsi que ses propres souvenirs, Miyazaki montre la possibilité d'un lien avec le passé permettant aux jeunes de reconstruire une identité plus forte et collective, car Modèle:Citation selon l'analyse de Colson et Régner<ref name="Colson_p170">Modèle:Harvsp.</ref>,<ref name="Iles_p209"/>,<ref name="Napier2006"/>.

Miyazaki décrit dans le projet initial le but du film ainsi : Modèle:Citation

Critique du Japon contemporain

Fichier:Dogo onsen honkan long exposure.jpg
Le Dōgo Onsen de Matsuyama, source d'inspiration pour la création de l'établissement thermal dans le film qui incarne un Japon plus traditionnel.

Le récit et le dessin sont principalement construits sur l'opposition entre les dérives de la société contemporaine et les valeurs positives véhiculées par la tradition. La critique du monde moderne est introduite dès le début par une analogie qui perdure tout au long du film : l'association du vieux parc à thème délabré au Japon contemporain, en opposition au monde des esprits représentant le Japon traditionnel, mais déjà partiellement envahi par les dérives du capitalisme. Ainsi, selon Napier, Miyazaki vise à Modèle:Citation, sans adopter un ton didactique dans le film, procédant plutôt par allégories<ref name="Napier2006"/>,<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Le parc à thème retrace en quelque sorte la tragédie du Japon contemporain : construit lors de la [[Bulle spéculative japonaise|bulle spéculative de la fin des Modèle:Nobr]] comme beaucoup d'autres, il est finalement laissé complètement à l'abandon pour cause économique. Avant d'arriver au parc, les parents de Chihiro passent à côté d'un torii, montrant que le parc a été bâti sans vergogne sur un ancien lieu religieux<ref name="Suzuki"/>,<ref name="Boyd"/>. Mais derrière cet abandon matériel se cache un abandon plus profond : l'oubli des valeurs et des traditions collectives de la société japonaise. Pour Miyazaki, les principes mêmes du matérialisme et du consumérisme mènent à une société à l'image du vieux parc à thème, c'est-à-dire l'abandon, le délabrement. Ce thème est aussi illustré par la rivière polluée jusqu'à l'excès<ref name="Napier2005_p183">Modèle:Harvsp.</ref>,<ref name="Cavallaro2006_p141">Modèle:Harvsp.</ref>. La bêtise des parents de Chihiro, qui pensent qu'une carte de crédit fait tout, et la figure du Sans-Visage s'inscrivent également dans cette critique. Le Sans-Visage, justement, apparaît comme une transgression étrangère au monde des esprits. Seul, sans personnalité, ayant même perdu la parole, il illustre jusqu'au grotesque le pathétique et la dangerosité de ces dérives consuméristes dont il est l'allégorie ; il témoigne de ce qui doit être évité selon Miyazaki : la perte totale de son identité<ref name="Napier2006"/>,<ref name="Suzuki"/>,<ref name="Iles_p209"/>.

Le monde des esprits s'oppose au parc, et donc au Japon contemporain. Il incarne de prime abord un espace où perdurent les bonnes traditions du pays et ses légendes<ref name="Napier2005_p183"/>,<ref name="Iles_p209"/>. Ainsi dans l'établissement thermal, les valeurs positives du travail collectif et de l'esprit de groupe côtoient divinités shintos et phénomènes légendaires divers. Miyazaki tient tout particulièrement au mérite de l'apprentissage et du travail envisagé collectivement, qui permettent par exemple de purifier le dieu de la rivière de la pollution accumulée ou de stopper la folie du Sans-Visage<ref name="Colson_p170"/>,<ref name="Napier2005_p183"/>. Cependant, le réalisateur montre également que ces traditions qu'il défend sont fragiles, en témoigne l'oubli de son propre nom par Chihiro. Autre danger qui guette, la pollution qui menace là encore de corrompre le Japon traditionnel<ref name="Napier2006"/>.

Toutefois, si l'établissement thermal est manifestement imprégné du Japon traditionnel, il n'incarne pas précisément le monde voulu par Miyazaki et encore moins une forme d'utopie selon Yang<ref name="Yang">Modèle:Article.</ref> : ce lieu reste Modèle:Citation, signe que le Japon contemporain s'en est éloigné. De plus, le capitalisme et le matérialisme ont déjà pénétré l'établissement, qui rappelle par certains aspects plus l'usine que l’Modèle:Langue local : Yubaba règne en maître sur ses employés qui doivent travailler dur pour vivre, représentant les classes ouvrières exploitées à l'image du vieux Kamaji qui se définit comme un Modèle:Citation<ref name="Suzuki"/>,<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Yubaba, obsédée par l'argent, incarne à la fois le capitalisme et l'Occident : elle est la seule vêtue à l'européenne dans le monde des esprits, et l'architecture de son étage particulier est empreint de style victorien, contrairement aux étages des employés qui évoquent le Japon des époques d'Edo, Meiji et Taishō<ref name="Suzuki"/>.

Quête d'identité entre tradition et modernisme

Dans le film, Miyazaki donne sa vision d'une reconstruction vertueuse de l'identité culturelle du Japon et de ses habitants<ref name="Iles_p209"/>,<ref name="Napier2006"/>, à travers la recréation d'un lien entre traditions et modernité<ref name="Yoshioka256"/>. La mondialisation culturelle qui efface tant les particularismes locaux que le lien entre les lieux et l'histoire apparaît comme un grand danger<ref name="Goulding">Modèle:Article.</ref>. Il y a, chez Miyazaki, un amour profond de la terre natale, de l'endroit où l'on naît (en japonais, Modèle:Langue). Il illustre à plusieurs reprises la vacuité des personnes sans attache (tel le Sans-Visage) et, en opposition, les bienfaits de la connexion au passé et au Modèle:Langue. Après que Haku a montré à Chihiro ses parents transformés en cochons, il parvient dans une scène très nostalgique pour le public japonais à la réconforter avec des Modèle:Langue, ces boules de riz si typiques de l'archipel que les mères japonaises confectionnent pour les Modèle:Langue de leurs enfants<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Similairement, dans la scène du train, les fantômes des voyageurs représentent les travailleurs qui rentrent à la campagne, où les valeurs traditionnelles chères à Miyazaki sont mieux préservées que dans les métropoles<ref name="Napier2006"/>,<ref name="Suzuki"/>.

Néanmoins, le réalisateur admet avoir eu, étant jeune, une opinion très négative de l'histoire japonaise, surtout son passé militariste, si bien que ses premiers films se déroulent dans un contexte européen<ref name="Yoshioka256">Modèle:Harvsp.</ref>. Dans les Modèle:Nobr, il renoue personnellement, en partie grâce à la plume de Sasuke Nakao, avec l'histoire ancienne du peuple japonais, dont la culture était étroitement liée au culte de la nature qu'il chérit lui-même<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Dans le film, il mêle à sa perception de ce passé historique ses souvenirs personnels. Ainsi, les traditions que le réalisateur décrit sont essentiellement celles qu'il a connues enfant, héritées en particulier de l'ère Taishō (1912-1926). Cette période, marquée par une influence accrue de l'Europe sur divers aspects de la culture japonaise, notamment l'architecture et les arts, montre que pour Miyazaki, l'identité culturelle du pays est diverse et dynamique, ainsi que collective plutôt qu'individuelle ; le réel danger est la Modèle:Citation face au postmodernisme et au consumérisme selon l'analyse de Yoshioka<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

De plus, les connexions entre les deux Japon, traditionnel et contemporain, ne sont pas nécessairement négatives, comme le train, symbole de l'ère industrielle et promesse d'échappées, et surtout la présence même de Chihiro dans le monde des esprits, humaine qui purifie le dieu de la rivière. Miyazaki utilise d'ailleurs l'animation, et donc la technologie moderne, pour rappeler et faire perdurer les traditions<ref name="Reider">Modèle:Article.</ref>. Il n'y a pas une séparation radicale entre tradition et modernité, mais dialogues et conflits ; pour Yang, Miyazaki souhaite simplement le rétablissement du lien entre les deux mondes, oublié par les jeunes générations, afin d'éviter la crise morale, identitaire et écologique qui menace le Japon. Le film présente donc un moyen de Modèle:Citation en reconsidérant le présent comme intégrant le passé selon Suzuki<ref name="Suzuki"/>. Le parcours de Chihiro, dont la perte d'identité est symbolisée par le vol de son nom au début du récit, montre que cette tâche est dévolue à la jeunesse contemporaine à laquelle le réalisateur s'adresse avec nostalgie et espoir<ref name="Yang"/>,<ref name="Boyd"/>,<ref name="Callis_p99">Modèle:Harvsp.</ref>.

Voyage de Chihiro

Le personnage de Chihiro, jeune fille moderne qui va faire des rencontres extraordinaires, illustre la recréation d'un lien salutaire entre les jeunes Japonais et les traditions. Au début geignarde, elle va grandir et s'ancrer dans le Japon traditionnel grâce au travail, à la solidarité et à la responsabilisation de son existence. Pour elle, le voyage dans le monde des esprits fonctionne ainsi comme un voyage initiatique, mais également comme un rite de passage lui permettant de renouer avec l'identité culturelle japonaise<ref name="Napier2006"/>.

Au début, Chihiro est une petite fille craintive et passive, perturbée par le déménagement de ses parentsModèle:Sfn. Exceptionnellement dans le cinéma miyazakien, ces derniers, archétypes des parents modernes, sont présentés de façon singulièrement négative : gloutons et irrespectueux, il leur est réservé un sort particulièrement pathétique via la transformation en cochon<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Si effacée que soit Chihiro, son refus de consommer la nourriture des esprits comme ses parents est un premier signe de vertu chez la petite fille, ce qui lui permet également de faire face à la terrible Yubaba pour obtenir un travail. Car c'est bien par le labeur collectif que Chihiro grandit et gagne en indépendance<ref name="Napier2006"/>. Deux épisodes illustrent sa Modèle:Citation qui lui permet de s'approprier de bonnes valeurs et de gagner confiance en soi : la purification du dieu de la rivière polluée et l'affrontement grotesque du Sans-Visage menaçant de dévorer tous les employés des bains. En réalité, Chihiro elle-même subit une forme de Modèle:Citation qui résulte en son renouement avec les racines fondamentales et positives de la société japonaise, en particulier le shinto<ref>Modèle:Harvsp.</ref>,<ref name="Boyd"/>,<ref name="Callis_p99"/>. De plus, elle affronte ces deux épreuves collectivement, valeur primordiale pour Miyazaki. Dans la seconde moitié du film, Chihiro a définitivement gagné en maturité, car elle parvient à voyager de son propre chef jusque chez Zeniba, délivrer Haku en lui rendant sa véritable identité et, ultime épreuve, ressentir que ses parents ne se trouvent pas parmi le troupeau de cochons de Yubaba. La fin, bien qu'ambiguë puisque le spectateur ne sait pas si Chihiro se souviendra de ce voyage, suggère tout de même que la jeune fille s'est considérablement rapprochée de l'idéal miyazakien<ref name="Iles_p209"/>,<ref name="Napier2006"/>.

Osmond note que le film se découpe en deux parties séparées par l'affrontement du Sans-Visage. Dans la première partie, dominée par les couleurs rouge et or des bains, la craintive Chihiro ressemble peu aux héroïnes miyazakiennes à la fois fortes et pures, ainsi que parfois désespérées, comme Nausicaä et San. L'animateur Masashi Andō tenait particulièrement à ce que l'histoire et le dessin révèlent le doute chez Chihiro, sentiment que les personnages de Miyazaki expriment habituellement peuModèle:Sfn. La seconde partie du film, où Chihiro est devenue courageuse, marque un rapprochement avec le cinéma miyazakien, de nombreuses scènes se déroulant désormais dans les airs ou l'eau, donnant une nouvelle couleur dominante bleue aux dessins. Andō et Miyazaki ont beaucoup discuté sur l'évolution du personnage ; l'animateur aurait lui préféré que le doute continue à se manifester chez ChihiroModèle:Sfn.

Les films de Miyazaki sont souvent centrés sur de jeunes filles (Modèle:Langue). Le choix de Chihiro comme héroïne permet de jouer sur sa vulnérabilité face au monde, faisant écho à celle de la société traditionnelle<ref name="Napier2006"/>,<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Il se crée une identification à la quête de soi du personnage, le spectateur étant amené selon son âge à penser à son propre futur<ref name="Iles_p209"/>,<ref name="Rifa-Valls">Modèle:Article.</ref> ou, pour les Japonais, à se remémorer son enfance<ref name="harvsp|Osmond|2008|p=12"/>. À la différence de Chihiro, le désir d'identité du Sans-Visage, par la corruption et le vol de la personnalité des autres, est un véritable échec<ref name="Nussbaumer">Modèle:Article.</ref>. Plus généralement, par sa mise en scène complexe et problématisée de la figure de la jeune fille, le réalisateur s'inscrit dans la lignée des [[shōjo|Modèle:Langue]] comme Utena, la fillette révolutionnaire qui ne présentent plus ce genre de personnage comme fondamentalement positif et simpliste<ref name="Napier2006"/>.

Scène du train

La scène du train est perçue par Osmond comme l'une des plus fortes du film par la nostalgie et la poésie qu'elle dégage<ref name="Osmond_p15">Modèle:Harvsp.</ref>. Dans le vieux wagon, les fantômes de voyageurs rentrent Modèle:Citation à la campagne tandis que seule Chihiro et ses compagnons sont pleinement colorés<ref name="Suzuki"/>. Cette scène du train circulant au beau milieu de la mer est totalement imaginaire, mais traitée de façon naturelle et donc réaliste, à la manière du cinéma en prise de vue réelle<ref name="LeRoux_p135">Modèle:Harvsp.</ref>. Elle Modèle:Citation<ref name="Osmond_p15"/>. Pour Miyazaki, ce voyage en train constitue la fin réelle du film, Chihiro ayant achevé son évolution en « héroïne miyazakienne ». Les quelques scènes qui viennent après sont de fait moins détaillées ou justifiées<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

La mise en scène de ce voyage s'inspire directement d'un passage du Tombeau des lucioles d'Isao Takahata, cofondateur du studio Ghibli avec Miyazaki<ref name="LeRoux_p135"/>.

Shinto, tradition et folklore

[[Fichier:Kyosai, Yokai image.jpg|vignette|alt=Dessin de trois monstres sur papier nu : une sorte de gros cafard rouge à un œil, un petit démon beige avec un marteau sautant sur le cafard, et un démon vert avec une lance.|Miyazaki s'est inspiré des divinités ([[Kami (divinité)|Modèle:Langue]]) et esprits (Modèle:Langue) du folklore japonais.]]

Estampe : un dragon blanc filiforme au long cou au premier plan, qui émerge de la brume et semble voler vers le haut. Au fond, une haute montagne conique avec de la neige au sommet.
Dans le folklore japonais, le ryū est associé aux étendues d'eau, aux nuages ou au ciel.

Le Voyage de Chihiro est le film le plus traditionnel de Miyazaki<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. L'œuvre plonge le spectateur dans un voyage au cœur du folklore et des croyances du Japon traditionnel, incarnés par le monde liminal des esprits, dont l'établissement thermal rappelle évidemment les Modèle:Langue emblématiques du pays. Les rites shinto, notamment ruraux, ont fortement inspiré le réalisateur : dans cette religion animiste et polythéiste, chaque élément du monde est habité par un [[Kami (divinité)|Modèle:Langue]], une force ni bonne ni mauvaise qui existe, normalement imperceptible, dans le monde des vivants<ref name="Boyd">Modèle:Article.</ref>. Dans le film, Miyazaki met en scène de nombreux Modèle:Langue de rivières, d'animaux ou de végétaux<ref name="Boyd"/> ; toutefois, pour conserver un certain caractère universel tout en n'étant pas tributaire de la mythologie, le réalisateur a inventé ses propres Modèle:Langue afin que l'œuvre reste accessible aux enfants et aux étrangers<ref>Modèle:Harvsp.</ref>,<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Les nombreuses métamorphoses intérieures et physiques des personnages, classiques dans les contes et dans le folklore, facilitent également la mise en place d'un langage universel et transculturel, tout en permettant de relier des situations apparemment sans lien entre elles, rompant avec les formes narratives classiques<ref name="La Serre">Modèle:Article.</ref>,<ref name="Rifa-Valls"/>.

Le titre même du film révèle cet ancrage dans le shinto : kamikakushi, littéralement « caché par les esprits », signifie la disparition temporaire d'un humain, le plus souvent d'un enfant, qui aurait été enlevé pour une quelconque raison par les divinités<ref name="Boyd"/> ; de nombreux contes et légendes populaires sont basés sur ce concept<ref name="Reider"/>,<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Cela fait écho à l'évolution de Chihiro qui devient Sen pendant qu'elle disparaît dans le monde des dieux, le titre pouvant aussi bien être traduit en « La disparition de Sen et Chihiro » qu'en « Sen et la disparition de Chihiro »<ref name="3DP51L" />. De plus, le rituel de l'ancrage dans un monde par la nourriture – dans le film, Haku empêche la disparition de Chihiro en lui faisant absorber une baie du monde des Modèle:Langue – rappelle le mythe shinto d'Izanagi et Izanami<ref name="Reider"/>. Ponts et tunnels, récurrents dans le film, sont également perçus comme des points de passage entre mondes dans le folklore<ref name="Reider"/>.

Fidèle au cinéma miyazakien et à la tradition shinto, le film ne repose pas sur l'opposition entre le bien et le mal, tous les personnages étant Modèle:Citation, y compris le Sans-Visage, qui devient un compagnon de route de Chihiro, ou Yubaba, qui couve son enfant<ref name="Boyd"/>,<ref name="Nussbaumer"/>. À l'image de la nature et du shinto, tout est affaire de Modèle:Citation et de Modèle:Citation personnelle, souvent associée à l'eau chez le réalisateur<ref name="Boyd"/>,<ref name="Asai">Modèle:Article.</ref>. Enfin, la délivrance de Haku, divinité associée à une rivière, par Chihiro au bout de son voyage personnel peut être vu comme l'union entre un humain et un Modèle:Langue (Modèle:Langue) qui requiert un cœur sincère et pur<ref name="Boyd"/>.

Les personnages principaux du monde des esprits sont eux inspirés du folklore. Yubaba, bien qu'évoquant la reine d’Alice au pays des merveilles, rappelle également les Yama-Uba, sorcières des montagnes dotées de pouvoirs magiques dévorant les humains égarés. Tout comme Yubaba, les Yama-Uba sont aussi associées à la maternité, et l'une d'entre elles est la mère de Kintarō, un héros herculéen qui rappelle le gigantesque bébé dans le film de Miyazaki. Ainsi, dans le folklore, les Yama-Uba, maléfiques mais mères protectrices, présentent la même dualité que Yubaba<ref name="Reider"/>. Le vieux Kamaji, qui ressemble à une araignée symbolisant le travail collectif et l'habileté, rappelle les légendes de tsuchigumo, des yōkai (monstres) arachnéens. Ce terme désigne également dans le Japon ancien les renégats qui s'opposent au pouvoir central, incarné dans le film par Yubaba. Enfin, Haku rappelle sous son apparence de divinité le dragon Ryūjin, dieu de la mer<ref name="Boyd"/> ; de plus, son nom complet (Nigihayami Kohaku Nushi) semble être inspiré de Nigihayahi, une figure historique et légendaire<ref name="Reider"/>. Le Sans-Visage demeure le seul personnage du monde des esprits non inspiré de la traditionModèle:Sfn; il porte toutefois un masque de qui symbolise dans cette forme de théâtre traditionnel la dissimulation de soi et la confusion des identités<ref name="Reider"/>.

La présence du folklore et du shinto participe donc au message de Miyazaki qui est de renouer avec les traditions du Japon ainsi que de continuer à les faire vivre et évoluer<ref name="Reider"/>. La juxtaposition visuelle d'éléments modernes et traditionnels, japonais et européens, qui évoque là encore le lien entre des mondes différents, en appelle à la nostalgie, au souvenir et à la sensation de comprendre intuitivement le shinto humble et rural que valorise Miyazaki<ref name="Callis_p97">Modèle:Harvsp.</ref>. Comme dans ses précédents films, le réalisateur est moins intéressé par la théologie que par la place de la religion dans la vie quotidienne, notamment le lien spirituel entre l'humain et la nature<ref>Modèle:Article.</ref>.

Place dans le cinéma de Miyazaki et le conte pour enfants

Fichier:Alice par John Tenniel 21.png
Le récit du Voyage de Chihiro est souvent comparé à Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll, écrit en 1865.

Le Voyage de Chihiro illustre certains thèmes récurrents du cinéma de Miyazaki, notamment le travail collectif, le respect de l'environnement, le voyage et l'intégration<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Le film qui en est le plus proche est Kiki la petite sorcière : à l'instar de Chihiro, Kiki doit s'intégrer sans l'aide de ses parents dans un nouvel endroit et dans le monde du travail. Les deux jeunes filles connaissent une crise de confiance et l'intégration par l'apprentissage et la solidarité<ref>Modèle:Harvsp.</ref>,<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Cependant, Kiki est volontaire et enjouée à l'idée de partir, alors que Chihiro reste passive et craintive, déménageant puis étant transportée dans le monde des esprits contre son gré<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Les deux films reposent également sur un schéma opposé : Chihiro est une humaine voyageant dans un monde surnaturel tandis que Kiki est une sorcière s'établissant dans une ville humaine<ref name="Colson_p170"/>.

Mon voisin Totoro et Princesse Mononoké s'inspirent du shinto et mettent en scène le lien entre communautés humaines et nature. Chaque film montre un passé précis : dans Mon voisin Totoro, Miyazaki met en scène ses souvenirs d'enfance, tandis que Princesse Mononoké s'inscrit dans l'histoire ancienne. Le Voyage de Chihiro est le premier film du réalisateur à mêler passé personnel et histoire. Il s'agit également de la première mise en scène directe du Japon contemporain et surtout de sa critique sociale : ni le monde de Kiki la petite sorcière, ni celui de Mon voisin Totoro ne sont Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp.</ref>,<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Cependant, la conclusion du Voyage de Chihiro répond à celle de Mon voisin Totoro : le rêve d'un Modèle:Citation<ref name="Colson_p170"/>.

La structure narrative du film appelle à la comparaison avec Alice au pays des merveilles et Le Magicien d'Oz : dans ces deux romans adaptés au grand écran, une jeune fille voyage en rêve dans un monde carnavalesque et merveilleux<ref>Modèle:Article.</ref>. Tout comme Chihiro, Alice incarne une fille qui grandit et connaît un état de crise d'identité personnelle, en l'occurrence la pré-adolescence. Tant l'établissement thermal que le pays des merveilles d'Alice symbolisent l'instabilité et le rite de passage qui ne sont résolus que par la réappropriation de soi, de son identité et de son passé. Il s'agit là d'une différence avec Kiki, Nausicaä ou San (trois héroïnes de Miyazaki) qui sont elles déjà adolescentes et connaissent une période de transition différente<ref name="Ando">Modèle:Article.</ref>. Cependant, contrairement à Alice au pays des merveilles et au Magicien d'Oz, Miyazaki ne révèle pas si le monde des esprits est un rêve ou la réalité, laissant la fin ouverte à interprétation<ref name="Reider"/>.

Les Aventures de Pinocchio a inspiré Miyazaki pour la transformation des parents en cochons<ref>Modèle:Lien web.</ref> : chez Pinocchio, les adolescents au comportement irresponsable sont changés en ânes et envoyés aux travaux forcés dans des mines de sel, les parents de Chihiro sont eux transformés en cochons, les enfants japonais étant peu familiers des ânes. Dans les deux cas, ce sont les choix de plaisirs rapides sans en considérer les conséquences qui déclenchent la punition (transformation).

Postérité

En Occident, le travail de Hayao Miyazaki est régulièrement cité comme source d’inspiration de John Lasseter du studio Pixar, qui encense l’animation artisanale en 2D du Voyage de Chihiro<ref>Modèle:Lien web.</ref>. En particulier, le film d’animation Vice-versa (2015) de Disney et Pixar, qui explore le récit initiatique chaotique d’une petite fille dont la famille vient de déménager, développe des thématiques très similaires au Voyage de Chihiro<ref>Modèle:Lien web.</ref>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Nick Park du studio Aardman Animations confie que le film lui rappelle l’importance de puiser dans l’imaginaire enfantin<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Au Japon, parmi les jeunes réalisateurs du studio Ghibli, Hiromasa Yonebayashi, qui a déjà travaillé avec Miyazaki, explore dans Souvenirs de Marnie (2014) certains thèmes communs au Voyage de Chihiro, notamment la découverte d’un monde merveilleux<ref>Modèle:Lien web.</ref> et le récit initiatique de jeunes filles<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Notes et références

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Annexes

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Bibliographie

Ouvrages
Articles
Sites web

Articles connexes

Liens externes

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