Nominoë
Nominoë (Nevenou ou Modèle:Lang en breton<ref group="n.">La forme habituelle en breton moderne est Nevenou (Modèle:Cf. noms de famille Nevenou et Evenou, Eveno). On trouve aussi des variantes comme Modèle:Lang, graphie pseudo-savante utilisée dans le Barzaz Breiz notamment.</ref>, Nomenoius<ref>Dom Morice, Mémoires pour servir de preuves à l'Histoire ecclésiastique et civile de Bretagne, Modèle:T., Modèle:P., Charles Osmont impr., Paris, 1742</ref> ou Numenoius<ref>Réginon, Chronique, in G. H. Pertz, Monumenta Germaniae historica, Modèle:Nobr rom, Modèle:P., Weidmann, Berlin, 1861.</ref> en latin, en français les graphies Nominoé et Nomenoe sont aussi utilisées), né vers 800, mort le Modèle:Date près de Vendôme<ref>René Merlet, La Chronique de Nantes (570 environ-1049), Alphonse Picard, 1896, Modèle:P.</ref>, est le souverain de Bretagne de 845 à 851. Il est à l'origine de la naissance d'une Bretagne unifiée et indépendante, d'où le qualificatif de père de la Patrie (« Modèle:Lang ») que lui attribue l'historien Arthur de La Borderie au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle<ref>Modèle:Harvsp</ref>.
Biographie
Ses origines
Son nom, assez rare, est peut-être issu du vieux breton « nom » c'est-à-dire « temple », à rapprocher du gaélique irlandais « naomh » saint et gaulois « nemeto » sanctuaire ou « nemo » ciel avec comme variantes Nevenoe/Nevenou en breton, Naomhin, Nevin, Niven en irlandais<ref>Alain Stéphane Les prénoms celtiques éditions Jean-Paul Gisserot 1999 Modèle:ISBN Modèle:P.</ref>.
Dom Morice, s'appuyant sur une vie du roi Judicaël rédigée au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle par le moine Ingomar dans laquelle ce dernier précise que « tous les princes qui ont régné en Bretagne depuis Judicaël étaient issus de ce roi », indique que Nominoë était « fils d'Erispoë comte de Rennes et de la race des anciens rois de Bretagne »<ref>Pierre-Hyacinthe Morice, Histoire ecclésiastique et civile de la Bretagne, 1836, Modèle:P.</ref>.
Les moines de l'abbaye de Saint-Florent-le-Vieil dont il avait incendié le monastère ont complaisamment reproduit, dans une prose rythmée nommée « Versiculi » ou « Versus de eversione monasterii Glonnensis », une légende qui indique que Nominoë était fils d'un paysan enrichi par la découverte d'un trésor, indications reprises par les Francs d'Anjou de la famille Foulques (Plantagenêt), hypothèse totalement fantaisiste car à l'époque carolingienne seuls les laïcs issus de familles de la haute aristocratie avaient le quasi-monopole des charges publiques <ref>Modèle:Harvsp</ref>,<ref>Modèle:Refnec. Modèle:Refnec.</ref>.
Une charte de 834 le qualifie de prince des Vénètes, mais c'est seulement en raison de sa fonction de comte de Vannes. Il semblerait qu'il soit originaire du Poher, peut-être de "Botmel" (Botnumel) en Callac<ref>Les Bretons de Nominoé, Brasparts, Éditions Beltan, 1990 (réimpr. Presses Universitaires de Rennes, Rennes, 2003)</ref>,<ref>Modèle:Harvsp</ref>, ou bien encore de "Bonnevel" en Priziac<ref>Modèle:Article</ref>. J. Quaghebeur fait de Nominoë le fils ou le petit fils du roi Murman<ref>Modèle:Chapitre</ref>.
Comte carolingien
Selon Arthur de La Borderie, Nominoë est comte de Vannes dès Modèle:Date<ref>Modèle:Harvsp, toutefois les données chronologique de cet acte sont contradictoires selon Modèle:Harvsp.</ref>. Toutefois le titulaire de ce comté carolingien Modèle:Souverain3 exerçait encore sa fonction de comte de Vannes dans un acte du Modèle:Date daté de la Modèle:17e de Louis le Pieux<ref>Cartulaire de Redon, acte Modèle:N° Modèle:P.: Uuidone comite in Venedia, Reginario episcopo, Portitoë machtierno et Uuoruili frater eju (il s'agit de deux fils de Iarnithin)</ref>. Il semble donc que l'autorité de Nominoë se limitait à une partie du comté <ref group=n.> « On observe cette dualité des fonctionnaires civils. Gui reste comte jusqu'en 831 or dès 820 le breton Nominoë apparaît comme « princeps Veneticæ » et en 827 il est dit « come Veneticæ civitatis ». Pendant Modèle:Nobr au moins il y eut en Vannetais simultanément deux comtes, le comte franc Guy et le comte Breton Nominoë ». Léon Levillain « La Marche de Bretagne, ses marquis et ses comtes » dans: Annales de Bretagne. Modèle:Nobr, Modèle:Nobr, 1951. Modèle:P.. </ref> avant qu'il ne soit reconnu comme Modèle:Lang à partir de 833, Modèle:Lang à partir de 837 par Louis le Pieux<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Selon Jean-Christophe Cassard, repris par Joël Cornette, c'est au plaid d'Ingelhem, en mai 831, que l'empereur Louis le Pieux nomme Nominoë comte de Vannes et missus imperatoris, c'est-à-dire envoyé de l'empereur en Bretagne. Cette fonction lui donne des pouvoirs étendus dans les domaines administratif et judiciaire, notamment sur les comtes, mais aussi dans le domaine religieux puisqu'il devait enquêter sur les évêques.
Nominoë apparaît pour la première fois dans un acte exerçant une charge publique comme « Nominoe magistro in Britanniam » lors d'une donation en faveur de l'abbaye de Redon le Modèle:Date, vingtième année du règne de Louis le Pieux<ref>Modèle:Harvsp Cartulaire de Redon Modèle:Nobr rom Modèle:P.</ref>.
Rebelle
À la mort de l'empereur Louis en 840, il soutient dans un premier temps Modèle:Souverain2 avant de se rallier à Charles le Chauve<ref> Janet Nelson Charles le Chauve, Aubier, Paris 1994 Modèle:ISBN Modèle:P.</ref> qui lui reconnaît le titre de missus dominicus ducatus, lorsque Nominoë lui rend l'hommage au Modèle:Date. Puis il entre en rébellion ouverte contre l'administration franque. Nominoë trouve à cette époque un allié local en la personne de Modèle:Souverain3, fils d'un précédent comte de Nantes lui aussi ancien partisan de Lothaire, mais non confirmé dans cette charge par Charles le Chauve<ref> Janet Nelson Modèle:Op. cit. Modèle:P..</ref>.
À la suite des batailles de Messac (843) et de Ballon (845), le roi Charles doit reconnaître l'autorité de Nominoë sur la Bretagne <ref group=n.>Annales de Saint-Bertin : AD 846 « Charles marchant avec une armée contre le pays de Bretagne, la paix fut traitée entre lui et Noménoé »</ref>. Au cours de l'Modèle:Date-, Charles et Nominoë concluent un traité. Charles accorde au Breton le titre officiel de « dux » et le dispense de tribut en échange de la reconnaissance de sa suzeraineté personnelle sur la Bretagne<ref> Janet Nelson Modèle:Op. cit. Modèle:P.</ref>. En 847-848, Nominoë, occupé à résister difficilement aux attaques des Vikings sur la Bretagne qui lui infligent trois défaites<ref> Jean Renaud Les Vikings et les Celtes éditions Ouest-France, Rennes 1992 Modèle:ISBN Modèle:P.</ref>,<ref group=n.> Annales de Saint-Bertin AD 847 « Les Danois viennent dans les parties de la Gaule habitée par les Bretons, et l'emportent trois fois sur eux dans les combats. Noménoé vaincu fuit avec les siens, puis par des présents qu'il leur envoie, il écarte les Danois de son pays »</ref>, ne mène aucune expédition contre la Neustrie<ref>Janet Nelson Modèle:Op. cit. Modèle:P. </ref>.
Vers la fondation du royaume breton
Le pouvoir carolingien disposait en Bretagne d'évêques acquis à son autorité à Quimper, Vannes, Dol-de-Bretagne et Saint-Pol-de-Léon. Cette situation était inacceptable pour Nominoë qui désirait affirmer son émancipation. Ne pouvant rien attendre du pouvoir franc ni de l'archevêque de Tours dont dépendait la Bretagne, Nominoë se tourne vers le Pape Modèle:Souverain2 et lui envoie en 848 une délégation menée par Conwoïon l'abbé de Redon. Le Pape réserve aux Bretons un bon accueil, il donne quelques reliques à Conwoïon mais refuse de se prononcer sur la déposition des évêques <ref>Barthélémy-Amédée Pocquet du Haut-Jussé Les Papes et les Ducs de Bretagne COOP Breizh Spézet (2000) Modèle:ISBN Modèle:P. </ref>. Il se contente de préconiser la tenue d'un synode de douze évêques devant lesquels les prélats en cause doivent comparaître<ref>Noël-Yves Tonnerre Naissance de la Bretagne Presses de l'Université d'Angers (1994) Modèle:ISBN Modèle:P.</ref>.
Comme il était impossible de réunir une telle assemblée en Bretagne, Nominoë se résout à un coup de force. En Modèle:Date il réunit à Coët Louh une assemblée de clercs et de laïcs, et les évêques Suzannus de Vannes, Félix de Quimper, Salacon de Dol et Liberalis de Léon (?) sont condamnés pour simonie, déposés et remplacés par des « évêques bretons »<ref>Noël-Yves Tonnerre, Modèle:Op. cit. Modèle:P. </ref>. Selon la chronique de Nantes citée par Arthur de la Borderie<ref>Modèle:Harvsp</ref>, le pape aurait aussi reconnu à Nominoë sous le titre de duc le droit de porter une couronne d'or, et donc de se faire sacrer par l'« archevêque » de Dol<ref group=n.>Chronique de Nantes Modèle:Chap. Modèle:Citation. Toutefois les historiens considèrent généralement que le chroniqueur, non contemporain, n'est pas fiable, nombre de ses affirmations étant contredites par les textes contemporains.</ref>.
Bien que la promotion de Dol-de-Bretagne à la tête de l'église bretonne, mise au crédit de Nominoë par Arthur de la Borderie<ref>Modèle:Harvsp</ref>, doive être attribuée à l'accord de 866 entre Salomon de Bretagne et le Pape Modèle:Souverain2<ref> Noël-Yves Tonnerre Modèle:Op. cit. Modèle:P. note Modèle:N°</ref>, l'installation de ces nouveaux évêques (de nouveaux évêchés sont créés à Aleth, Tréguier et Saint-Brieuc) marque une étape essentielle pour Nominoë, il ne s'agit plus d'une révolte mais de la revendication d'une prérogative royale.
Les incursions bretonnes s'étendent jusqu'aux abords de Bayeux<ref>Louis Halphen Charlemagne et l'empire carolingien éditions Albin Michel, Paris réédition 1968, Modèle:P..</ref>. En 849 Nominoë est de nouveau en guerre contre Charles le Chauve qui rappelle Modèle:Souverain2 et lui confie de nouveau la marche de Bretagne. En Modèle:Date Nominoë reprend ses agressions <ref> Janet Nelson Modèle:Op. cit. Modèle:P. </ref> et occupe Angers et ses alentours<ref group=n.>Annales de Saint-Bertin : AD 849 : « Le Breton Nominoë avec sa perfidie accoutumée s’empare d’Angers et des pays circonvoisins… et se répandit en armes hors de son pays avec son insolence accoutumée »</ref>. Modèle:Souverain- trahit une nouvelle fois son suzerain et s'allie avec le chef breton. Alors que vers le Modèle:Date Charles le Chauve s'avance vers la Vilaine, Nominoë et Modèle:Souverain- s'emparent de Rennes et de Nantes dont ils détruisent les fortifications et lancent ensuite des raids sur le Bessin et le comté du Maine dont Le Mans qui est prise à son tour.
Nominoë meurt subitement au cours d'une expédition en profondeur dans la Beauce près de Vendôme<ref group=n.> le chroniqueur Adémar de Chabannes, n'hésite pas à prétendre qu'il périt « au commandement de Dieu frappé par un ange » ! Chronique Brepols, Turnhout, Belgique Modèle:ISBN, Modèle:Nobr rom Modèle:§ Modèle:P. </ref>, le Modèle:Date<ref>Annales de Saint-Bertin : AD 851</ref> après avoir une nouvelle fois occupé le Maine et l'Anjou. Il est inhumé dans l'abbaye Saint-Sauveur de Redon<ref>Jean Verdon Chronique de Saint-Maixent, Les Belles Lettres, 1979, Modèle:P. : « Noménoé, tyran des Bretons plutôt que roi, est frappé par la volonté céleste ; Erispoë, son fils, lui succéda dans le royaume d'une manière indue »</ref>.
Même s'il en avait les prérogatives, il ne semble pas que Nominoë ait jamais porté le titre de roi bien que le chroniqueur de la fin du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle Réginon de Prüm lui donne ce titre. Dans le cartulaire de Redon, il est tour à tour qualifié de duc des Bretons, de duc en Bretagne, de duc de toute la Bretagne, de prince de Bretagne et de prince de toute la Bretagne. C'est son fils et successeur Erispoë qui a été reconnu officiellement comme roi par Charles le Chauve après la bataille de Jengland, fondant ainsi le royaume de Bretagne. Roi sous condition d'hommage. Le roi de Bretagne est donc théoriquement vassal du roi de la Francia Occidentalis <ref>Paul Jeulin « L'hommage de la Bretagne en droit et dans les faits ». Dans: Annales de Bretagne. Modèle:Nobr, Modèle:Nobr-4, 1934. Modèle:P.</ref>.
À Redon, une plaque apposée sur l'ancien rempart dit : « À la gloire de Nominoë, premier roi de Bretagne, fondateur de la ville de Redon avec saint Convoyon (…) en souvenir du {{#ifeq:centenaire | s | Modèle:Siècle | XIe{{#if:centenaire| centenaire }} }} de la cité »<ref>Françoise Surcouf, "Modèle:Nobr pour raconter la Bretagne", Les éditions du Palais, 2013.</ref>.
Titres
- Modèle:Lang en 832
- Modèle:Lang en 834
- Modèle:Lang en 833, 834, 831-837
- Modèle:Lang en 833
- Modèle:Lang en 837, 839
- Modèle:Lang en 834, 840
- Modèle:Lang en 837
- Modèle:Lang en 833, 835<ref>Histoire de Bretagne Modèle:P.</ref>,<ref>Nominoe missus imperatoris Ludovici .</ref>
Postérité littéraire
Le Tribut de Noménoë est un poème du Barzaz Breiz par Théodore Hersart de La Villemarqué qui le qualifie dans l’argument de « plus grand roi que la Bretagne ait eu »<ref>Lire en ligne sur Wikisource : Le Tribut de Noménoë (1846, quatrième édition, Modèle:Vol.) ou Le Tribut de Noménoë (1883, huitième édition, Modèle:P.)</ref>. Cette balade dont l'originalité fut un temps remise en cause notamment par Francis Gourvil, fut reconnue comme authentique et issue de la tradition bretonne en 1974 par Donatien Laurent après consultation des carnets retrouvés de La Villemarqué en 1964.
Nominoë est le héros du roman de Colette Geslin « La chevauchée de Nominoë »<ref>éditions Terre de Brume littérature Rennes 2001 Modèle:ISBN.</ref>. Il est également l'un des principaux personnages « historiques » du roman de Yann Brekilien « Les Cavaliers du Bout du Monde »<ref>éditions du Rochers, Paris 1990 Modèle:ISBN.</ref>. Enfin, son histoire est également romancée dans le roman de Julien Meunier « Nominoë - Père de la Bretagne», paru en Modèle:Date-<ref> Éditions des Montagnes Noires Modèle:ISBN </ref>.
Odonymie
Plusieurs rues portent son nom, notamment à Rennes, Brest, Vannes, Quimper, Saint-Brieuc et Saint-Malo.
Notes et références
Notes
Références
Sources
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Liens externes
- Persée: Le schisme breton. L'église de Dol au milieu du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, d'après les sources. In: Annales de Bretagne. Modèle:Nobr, Modèle:Nobr, 1914. Modèle:Pp..