Rouelle (Moyen Âge)
Enluminure médiévale (v. 1476).
La rouelle, ou la roue, est une petite pièce d’étoffe dont le port ostensible est imposé aux Juifs comme signe vestimentaire distinctif par le pape Innocent III et amplement respecté par les autorités civiles, à partir du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle.
Histoire
Étymologie
Le substantif féminin « rouelle »<ref name="TLFI">Modèle:CNRTL [consulté le Modèle:Nobr 2017].</ref>,<ref name="Larousse">Entrée Modèle:Lien web (Modèle:Nobr) des Dictionnaires de français [en ligne], sur le site des éditions Larousse [consulté le Modèle:Nobr 2017].</ref>,<ref name="Littré">Entrée Modèle:Lien web (sens Historique, Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle), dans Modèle:Ouvrage (Modèle:Lien web) [consulté le Modèle:Nobr 2017].</ref> est issu du latin<ref name="Littré" /> tardif<ref name="TLFI" />,<ref name="Larousse" /> Modèle:Langue (Modèle:Citation)<ref name="TLFI" />,<ref name="Larousse" />, substantif féminin et diminutif de Modèle:Langue (Modèle:Citation)<ref name="TLFI" />,<ref name="Littré" />.
La graphie rüele apparaît en 1119 au sens de « petite roue », et en 1363 au sens de « cercle d'étoffe de couleur, porté comme signe infamant, au Moyen Âge par les juifs »Modèle:Sfn.
Définition
La rouelle, ou la roue<ref>Modèle:CNRTL [consulté le Modèle:Date-].</ref>,<ref>Entrée Modèle:Lien web (Modèle:Nobr), dans Modèle:Ouvrage (Modèle:Lien web) [consulté le Modèle:Nobr 2017].</ref>, est une petite pièce d’étoffe que les JuifsModèle:Note doivent porter sur leurs vêtements pour permettre de les distinguer des autres personnes<ref name="TLFI" />,<ref name=":1">Modèle:Article</ref>.
Elle serait inspirée par les signes distinctifs imposés aux Juifs par des califes musulmans au Moyen Âge<ref name=":4" />,<ref name=":5" />,<ref name=":0">Modèle:Article</ref>,<ref name=":6" />,<ref name=":7" />,<ref name=":8" />,<ref name=":9">Modèle:Lien web</ref>. C'est un juif converti, baptisé Paul Chrétien, dominicain, qui convainc Modèle:Souverain2 en 1269 de rétablir l'usage de la rouelle<ref name=":0" />.
Cadre historique
La rouelle naît dans un contexte très particulier. L’historiographie française s’accorde à dire que le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle constitue un tournant pour l’histoire juive en Occident. Preuve en est, Modèle:Citation
Origine musulmane
Cette marque fut sans doute réalisée à l'imitation des califes musulmans, pour lesquels les dhimmis devaient porter un signe distinctif, généralement bleu pour les chrétiens et jaune pour les juifs<ref name=":4">Suzanne Citron, Le Mythe national. L'histoire de France revisitée, éditions de l'Atelier, L'Atelier de poche, rééd. 2017, p. 249.</ref>.
En 807, le calife Haroun al-Rachid ordonne que les Juifs de Bagdad portent une ceinture ou une frange de vêtement jaune<ref name=":9" />. Sous le calife Al-Mutawakkil (847-861), ils doivent arborer une pièce de tissu en forme d'âne tandis que celle des chrétiens était en forme de porc<ref name=":9" />. En 888, le cadi Ahmed ben Tâlib va plus loin en obligeant les dhimmis de Kairouan<ref name=":5">Louis Massignon, Revue des études islamiques, Volume 9. P. Geuthner, 1935, Modèle:P..</ref> à porter sur l'épaule un morceau d'étoffe de couleur blanche portant l'image d'un singe pour les juifs et celle d'un porc pour les chrétiens<ref name=":6">Mohamed Tahar Mansour, Du voile et du zunnâr : du code vestimentaire en pays d’Islam, L’Or du temps, 2007, Modèle:P. (extrait).</ref> ; ils sont tenus d'accrocher les mêmes images sur leurs portes<ref name=":7">Sonia Fellous, Juifs et Musulmans en Tunisie : fraternité et déchirements, Université de Paris IV : Paris-Sorbonne, Société d'histoire des juifs de Tunisie (Paris, France), Jāmiʻah al-Tūnisīyah, Somogy, 2003, Modèle:P. (extrait). Modèle:ISBN</ref>. En 1005, on ordonna aux Juifs d'Égypte d'accrocher des cloches à leurs habits<ref name=":9" />. Au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle encore à Jérusalem, les juifs avaient pour signe distinctif le turban bleu<ref>Frédéric-Auguste-Antoine Goupil, Voyage en Orient fait avec Horace Vernet en 1839 et 1840, Paris, Challamel, 1843, p. 183 (lire en ligne).</ref>.
Le Dictionnaire de la langue française indique que la rouelle portée par les Juifs pendant six siècles « et qui attirait sur leur passage la dérision et les coups » serait l'invention plus tardive du sultan almohade du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle Yakoub El Mansour, conquérant de l'Espagne<ref>Modèle:Lien web</ref>,<ref name=":8">Jérôme Tharaud, Petite histoire des Juifs, 1928, p. 24</ref>.
Application du canon du concile de Latran
Le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle se caractérise par une rhétorique plus ferme et antijuive des élites, celle-ci s’exprime à travers des lois et des décrets, et d'abord au concile du Latran mis en place par le pape Innocent III. En effet, cette hostilité envers la communauté juive se fait plus agressive lors du quatrième concile du Latran en 1215. Ce concile va venir définir ou redéfinir les pourtours de la chrétienté, de sa communauté et de ses dogmes.Modèle:Citation bloc
C’est dans ce contexte très défavorable aux juifs que naissent des contraintes importantes qui leur sont imposées : ils vont être frappés d’interdiction Modèle:Citation<ref>Modèle:Lien web</ref>. C’est durant ce concile que les juifs se voient ordonner des vêtements différents des chrétiens, que cela soit pour les hommes ou pour les femmes. Néanmoins, pour qu’une vraie pratique se mette en place, il faut attendre quelques décennies. Cela traduit quand même Modèle:Citation
En effet, si le concile du Latran de 1215 ne prescrit pas de manière précise le vêtement distinctif que doivent porter les individus de confession juive, c’est sur la base de ses recommandations, ou plutôt de ses exhortations, que va se mettre en place le port du signe distinctif pour les juifs notamment la rouelle. C’est en application de celles-ci que son port se fera à différents endroits en terre chrétienne. C’est notamment le cas avec Modèle:Souverain2 qui en 1269, va prescrire la rouelle aux hommes juifs de son royaume. Les femmes, quant à elles peuvent porter un couvre-chef spécifique<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Ce n’est pas la seule occurrence : en 1231, le port de la rouelle de couleur jaune est imposé à nouveau aux juifs en Espagne. En Italie, son port culmine en 1516 en même temps que la construction du ghetto de Venise.
L’obligation du port ostensible de la rouelle, comme insigne vestimentaire, trouvait son fondement dans le Modèle:Nobr du quatrième concile du Latran (Modèle:Date-, Modèle:Date- et Modèle:Date-) qui, dans sa première partie, exigeait à la fois des JuifsModèle:Note et des Modèle:Citation Modèle:Incise qu’ils pussent être aisément distingués des chrétiens par leurs habits, afin que nulle excuse ou occasion ne justifiât les Modèle:Citation Modèle:Incise entre chrétiens, d’une part, et juifs ou musulmans, d’autre part, ainsi que les rapports sociaux<ref name="Latran IV, c. 68">Modèle:Lien web du Modèle:Harvsp.</ref>. La première partie du Modèle:Nobr réitérait Modèle:Incise le Modèle:Nobr du concile de Naplouse (Modèle:Date-) qui avait interdit aux Modèle:Citation musulmans du royaume latin de Jérusalem de s’habiller comme les Modèle:Citation Modèle:Incise<ref name="Latran IV, c. 68" />,<ref>Modèle:Lien web du Modèle:Harvsp.</ref>. Mais rapidement après sa décision, le pape Innocent III revient sur ce canon en autorisant les juifs en voyage à ne pas porter la rouelle pour éviter de mettre leurs vies en danger. Il publie ainsi la constitution Licet Perfedia Judaeorum, par laquelle il interdit la spoliation des Juifs ainsi que la profanation de leurs cimetières sous peine d'excomunication<ref>Modèle:Ouvrage</ref>,<ref>A.-M. Helvétius, J.-M. Matz, Église et Société, Paris, édition Carré Histoire, 2008, Modèle:P..</ref>. La rouelle devient un insigne à porter dans le voisinage.
Son origine, comme l’avance Ulysse Robert dans son article « La roue des juifs depuis le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle », Modèle:CitationModèle:Sfn. Cependant, c’est à la suite du concile du Latran de 1215 que son usage se généralise vraiment quand le port de vêtements distinctifs y est ordonné aux juifs par le pape Modèle:Souverain2.
Le choix de la rouelle comme signe distinctif se précise ensuite dans trois pays européens qui la rendent obligatoire : la France, l'Espagne et l'Italie, et plus tardivement le Saint Empire romain germanique<ref name=":2">Jean Delumeau, La Peur en Occident, 1978, Fayard, page 293</ref>.
Dans son Histoire des Juifs de France, Léon Berman indique que dès 1208, les statuts synodaux édictés par Eudes de Sully, évêque de Paris, imposent déjà aux juifs un signe en forme de roue - soit avant le concile de Latran - mais que son officialisation en France n'a lieu qu’en 1227 par le concile de Narbonne, qui en oblige le port les dimanches et fêtes (chrétiennes)<ref name=":3">Léon Berman, Histoire des Juifs de France des origines à nos jours, 1937</ref>.
En France, de 1215 à 1370, douze conciles et neuf ordonnances royales contraignent les Juifs au port d'une rouelle jaune<ref name=":2" />.
Aspect
La rouelle est généralement découpée en anneau et symboliserait les Modèle:Nobr de Judas selon l'interprétation traditionnelle chrétienneModèle:Sfn. Elle peut aussi symboliser l'hostie que les juifs rejetaient<ref name=":1" />.
L'aspect de la rouelle affichée sur le vêtement des Juifs va être variable et lui aussi sujet à des lois et ordonnances visant à le fixer et le délimiter. En effet, sa couleur, sa taille, son emplacement, son nombre et même l’âge auquel la porter devient obligatoire vont se voir discutés et certaines fois modifiés.
C’est ainsi que, sous le règne de Saint Louis (1226-1270), deux rouelles sont même prescrites et précisément définies.
En 1253, [[Henri III (roi d'Angleterre)|Henry Modèle:III]] d'Angleterre adopte l'édit des Juifs destiné à les obliger à porter un badge en forme de tables de la Loi (tabula), symbole de l'Ancien Testament ; ainsi, le motif apparaît encore des décennies plus tard dans l'iconographie médiévaleModèle:Sfn. En 1275, Édouard Ier en spécifie la couleur et la taille : tout juif de plus de 7 ans devait porter une pièce de taffetas jaune mesurant six doigts de long et trois de large, fixé sur le côté gauche de l'habit extérieur<ref name=":9" />.
« En Espagne et en Italie, le port d'insignes distinctifs, en général un cercle jaune, ne fut imposé que sporadiquement »<ref name=":9" />.
En Allemagne du Modèle:S mini et Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, il est choisi le chapeau conique jaune ou rouge, dit Judenhut, comme signe de discrimination obligatoire<ref name=":2" />. Ce chapeau reste arboré jusqu'au début du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle en Europe de l'ouest, puis est remplacé par un insigne jaune plus commun<ref name=":9" />.
Au début du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle à Venise, les Juifs auraient cumulé les marques de discrimination : outre la création du ghetto où on les cantonne, ils doivent porter une rouelle, un chapeau rouge pointu (qui deviendra un béret jaune) et une ceinture à frange<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Emplacement
L’emplacement, à l’inverse, a très peu varié : Modèle:Citation. On la porte donc sur la poitrine mais également sur le dos pour être bien vu et reconnu<ref name=":9" />,<ref name=":10">Modèle:Lien web</ref>.
Toutefois, des miniatures du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle montrent une rouelle portée également à la taille (voir illustration supra).
Couleur
La couleur ne fut pas toujours fixée. C’est notamment le cas sous le pouvoir de Philippe le Hardi. En revanche, lorsque ce fut le cas, il est intéressant de noter que ce furent des couleurs dont le symbolisme était extrêmement négatif dans l’imaginaire médiéval. Au lendemain du concile de Latran, soit à partir de 1217, dans les territoires français, les autorités décrétèrent l'obligation pour les Juifs de porter une rouelle rouge et jaune en feutre sur le devant et dans le dos<ref name=":9" />. Notamment en Espagne, elle est tout d’abord jaune tirant sur le safran, également en France, sous les règnes de Saint Louis et d'Alphonse de Poitiers, puis rouge et blanche sous le règne du roi Modèle:Souverain3Modèle:Sfn,<ref name=":9" />.
Ces dispositions ne furent pas toujours observées : une bulle d'Alexandre VI, de 1494, prouve qu'ils n'employaient plus qu'une roue en fil blanc, presque imperceptible. En Angleterre, un concile provincial (1222) précise que sa couleur devait être différente de celle du vêtement ; un acte du parlement, confirmé le Modèle:Date-, par Édouard Ier, fixa la couleur au jaune.
Le jaune est une couleur dépréciée en devenant la couleur la plus mauvaise à la fin du Moyen Age. Elle devient le symbole de la fausseté, la félonie, le mensonge, la folie ou le crime, et celui de Judas, le félon par excellence. C’est ainsi qu’elle devient le symbole des juifs. Le jaune lié aux juifs est un jaune safran d’où la création d’un Judas roux au Moyen Age. Le jaune or est toujours valorisée, c’est le jaune safran qui est déprécié. Le roux associe les mauvais côtés du rouge avec les mauvais côtés du jaune<ref>Modèle:Article</ref>.
Âge pour le port
Cependant, il y a eu des variations sur ces éléments, notamment sur l’âge fixé pour le port de la rouelle. En Angleterre ou à Marseille, par exemple, l’âge est fixé à sept ans puis modifié par le concile d'Arles de 1234, à treize ans pour les garçons et douze ans pour les filles, ce qui correspond à l’âge de l’entrée dans la vie adulte dans la communauté juiveModèle:Sfn,<ref name=":9" />.
Encore au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, le roi Louis XI dit le Prudent prescrit le port de deux insignes jaunes pour les garçons de plus de 14 ans et pour les filles à partir de 12 ans<ref name=":10" />.
Causes du port de la rouelle
Il y a, au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, une volonté des élites chrétiennes de définir, dans une Europe enfin largement dominée par la religion chrétienne, les contours de leur foi ; ceci afin de pouvoir se maintenir et se renforcer face aux non-chrétiens.
Pour cela, les autorités religieuses vont viser à purger les mœurs et la population. Ainsi le Modèle:Nobr du concile affirme ceci : Modèle:Citation bloc
Cette lutte contre les hérésies chrétiennes va également toucher la communauté juive.
Innocent III
Une figure se détache dans le durcissement qui s’opère, celle d'Modèle:Souverain2 (1160-1216), pape à l'origine du concile de Latran de 1215. Comme le mentionne l'historien John Tolan : « Pour de nombreuses raisons, le pontificat du pape Modèle:Souverain- est considéré comme le précédent essentiel de la confrontation médiévale des papes et des juifs. [Il] représente à la fois un durcissement de la politique de l'Église envers les JuifsModèle:Note et une exacerbation de la rhétorique anti-juive »Modèle:Note.
L’un des griefs qu’Modèle:Souverain- met en avant envers cette communauté est sa peur de la contamination que représenteraient les juifs notamment par leur fluide et leur contact. « Innocent paraît manifester une préoccupation de pureté à l'égard des dangers de pollution que le contact quotidien étroit avec les juifs représentent pour le corps de la chrétienté »Modèle:Note. En demandant le port d'un signe distinctif qui se présente sous la forme d’une rouelle, entre autres, il espère créer une distance avec la population chrétienne.
Il est également important de contextualiser : c’est encore une période de croisade. Ainsi, le pape souhaite une communauté chrétienne galvanisée dans la lutte contre ses ennemis internes et externes. Aussi, en appelle-t-il à une très forte unité, et le dit très clairement comme le mentionne John W. Baldwin : Modèle:Citation bloc
Le souhait du pape Modèle:Souverain- d’une particularisation des individus juifs en terre chrétienne par des signes distinctifs représente sa crainte de cette communauté. En effet, il estime également que ceux-ci pourraient présenter une menace contre la foi chrétienne en s’alliant notamment aux musulmans. « Nous souhaitons cependant que seuls soient fortifiés par la garde de cette protection [des juifs par les chrétiens] ceux pour qui aucun complot pour la subversion de la foi chrétienne ne sera soupçonné »Modèle:Note. Le pape avait peur que des mariages puissent être contractés entre deux membres de ces communautés distinctes, il avance cet argument comme justification du port de la rouelle.
Louis IX
Louis IX pour les mêmes raisons instaure le port de la rouelle en France comme le mentionne Danièle Sansy : « En 1269, à la veille de son départ pour la huitième croisade, Saint Louis impose aux juifs de son royaume le port d'une marque distinctiveModèle:Sfn. » La rouelle est ainsi censée lutter contre la présumée dissension due à la présence juive parmi les chrétiens.
A ce moment, le roi Louis IX veut purifier son royaume, qui selon lui est « impur »<ref name=":0" />. Cette « impureté » expliquerait son échec lors de sa première croisade. Il décide donc de mettre toutes les chances de son côté pour sa seconde croisade. Pour lui, ce signe est un moyen d'éviter les contacts entre juifs et chrétiens comme Innocent III le souhaitait.
Pénalités
Les risques encourus sur le refus du port de la rouelle ont été variés. En effet, sous le règne de Saint Louis, une forte amende, ou bien même la perte de leur vêtement peut avoir lieu Modèle:Citation. En Sicile mais également à Venise, des peines de prison pouvaient être prononcées, comme une amende de 50 ducats et un mois de prison en cas de non-port<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Outre l'amende payée par les Juifs, le dénonciateur a droit à une récompense et peut même, comme à Venise, arracher le chapeau de la tête du Juif<ref name=":10" />.
Cela pouvait également aller jusqu’à de fortes vexations et des menaces de mort. Par les chroniques de Salomon ibn Verga, on apprend également que des châtiments corporels auraient eu lieu.
Le port de la rouelle aussi représentait un risque pour les individus juifs car cela les Modèle:Citation et mettait leur vie en dangerModèle:Sfn. C'est la raison pour laquelle, le pape Innocent III revient sur son canon en autorisant les juifs en voyage à ne pas la porter à ces occasions
Certains Juifs monnayant argent ou loyauté se verront accorder le droit de son non-port, notamment en 1372, Manessier de Vesoul, procureur général du Languedoc.
Contribution financière
Non seulement le refus du port de la rouelle était une source financière pour le trésor, mais également son port. Ulysse Robert note en effet que les Juifs étaient obligés de payer au trésor royal une somme annuelle pour les roues ; elles étaient vendues.
Fin du port de la rouelle
La rouelle ou l'insigne jaune portée par les Juifs disparaît avec la Révolution française au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle et l'émancipation juive au siècle suivant<ref name=":9" />,<ref name=":10" />.
Chronologie
- 1227 : le concile de Narbonne proclame le port de la rouelle obligatoire pour les Juifs, et l’interdiction pour eux de sortir pendant la Semaine sainte. Les prélats doivent les protéger des humiliations des chrétiens, notamment pendant ladite semaine<ref name=":3" />.
- 1231 : l'obligation pour les Juifs de porter la rouelle jaune est publiée dans toute l’Espagne. Les Juifs de Castille refusent d’obéir et commencent à émigrer vers les pays musulmans.
- 1269 : en application d'une recommandation du quatrième concile du Latran de 1215, Saint Louis impose aux Juifs de porter des signes vestimentaires distinctifs : pour les hommes, la rouelle sur la poitrine, et un bonnet spécial pour les femmes. Ceux qui refusent sont astreints à une amende de Modèle:Nobr. Ces signes permettent de les différencier du reste de la population et d'empêcher ainsi les mariages mixtes, sauf si les intéressés se convertissent. Les juifs doivent également cesser de cohabiter avec les chrétiens ; c'est la naissance du concept de ghetto (le terme lui-même n'apparait en Italie que deux siècles plus tard). Cette ordonnanceModèle:Laquelle est réitérée régulièrement par les descendants de Saint Louis.
- 1415 : les Juifs de Murviedro, dans le royaume de Valence, obtiennent du roi Modèle:Souverain3 l’abrogation de toutes les mesures d’interdiction les concernant : ils ne sont pas astreints au port de la rouelle, peuvent circuler librement le dimanche, n’écoutent les frères prêcheurs (dominicains) que si ceux-ci viennent parler dans leurs synagogues.
- 1516 : création du ghetto de Venise. Les Juifs de la ville sont contraints par le sénat de vivre dans une île au nord de la ville (geto nuovo). Ils doivent porter la rouelle, le chapeau rouge pointu à bord relevé, la ceinture à frange. Les femmes ne peuvent sortir sans longs voiles ni larges manteaux drapés sur leurs robes, auxquelles des lois somptuaires interdisent tout luxe.
- 1897 : le port de la rouelle est imposé de nouveau aux Juifs de Téhéran (Iran), (à la suite de quoi Mozaffar od-Din Shâh se trouve dans l'obligation de rédiger plusieurs ordres écrits pour exiger l'arrêt des persécutions contre les Juifs)<ref>Encyclopédie univ., t. 7, 1970, p. 727.</ref>,<ref>Archives du ministère des Affaires étrangères françaises, Nategh (Homa), Kârnâme-ye farhangi-e farangi dar Irân (Les Français en Perse—Les écoles religieuses et séculières –1837-1921), Ed Khâvarân, Paris, 1996, pp. 124-127</ref>,<ref>Bulletin de l'Alliance Israélite, 1892, numéro 3</ref>.
Postérité
Au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, l'étoile jaune instaurée par le nazisme peut être considérée comme une résurgence de la rouelleModèle:Sfn.
Notes et références
Notes
Références
Voir aussi
Bibliographie
Sources
De Lauriere E (ed), Ordonnances des roys de France de la troisième race, Paris, 1723
Monographies
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Mark Cohen, Under Crescent and Cross: The Jews in the Middle Ages, Princeton University Press, 1994.
- Modèle:Ouvrage.
- John Tolan, Enjeux identitaires en mutations : Europe et bassin méditerranéen, Paris, Internationaler Verlag Der W, 2014.
- Modèle:Ouvrage.
- Modèle:Ouvrage.
Articles
- Modèle:Article Modèle:Commentaire biblio SRL.
- Modèle:Lien web.
- Modèle:Article.
- Modèle:Lien web.
- Modèle:Article Modèle:Commentaire biblio SRL.
- Claudine Sagaert, « L'utilisation des préjuges esthétiques comme redoutable outil de stigmatisation du juif. La question de l'apparence dans les écrits antisémites du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle à la première moitié du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle », Revue d'anthropologie des connaissances4/2013 (vol. 7, Modèle:N°) , p. 971-992 Sur cairn.info
- Modèle:Article.
- Sansy Danièle, "Paul Chrétien et la rota des juifs de France" in GONTHIER Nicole (dir), L'exclusion au Moyen Age, Actes du Colloque international organisé les 26 et Modèle:Date-, Lyon, 2005 (Cahiers du Centre d'Histoire médiévale 4), pp 27-42
- Sansy Danièle, "Signe distinctif et judéité dans l'image", in Micrologus XV "Le corps et sa parure", 2007, pp. 87-105
- Sibon Juliette, "La rouelle des juifs en Provence angevine (1246-1481)", in Diasporas : histoire et sociétés 16, 2002, pp. 29-43
- Modèle:Lien web.
Article connexe
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