Serge Korber
Serge Korber est un réalisateur français, né le Modèle:Date de naissance dans le Modèle:18e arrondissement de Paris et mort le Modèle:Date de décès dans le Modèle:13e arrondissement de Paris.
Biographie
Jeunesse
Né à Paris d'une modeste famille de confession juive, Serge Korber passe une partie de la guerre caché par une famille protestante du Chambon-sur-Lignon, ses parents étant réfugiés en zone libre à Montauban<ref>Pour tout ce paragraphe se référer à l’émission Étonnez-moi, Benoît de Benoît Duteurtre du 6 mars 2021 sur France Musique.</ref>. Ayant quitté l'école dès Modèle:Nobr après le certificat d'études pour devenir apprenti tapissier, il découvre, par ses amis au sein des Jeunesses communistes qu'il intègre un temps, la lecture et les grands poètes, notamment au travers des chanteurs poétiques et prolétariens de l'époque. Il découvre la littérature américaine en lisant Henry Miller, puis Ernest Hemingway, William Faulkner, John Steinbeck, William Saroyan ; suivra la littérature française.
Carrière
Serge Korber entre à l'école Boulle, section tapissier, où il apprend l'histoire de l'art. Fréquentant les bars de la Contrescarpe dont le bistrot La Choppe, il y rencontre bon nombre des artistes débutant alors dans les nombreux cabarets du quartier (Ricet Barrier, Boby Lapointe, Daniel Laloux, Henri Serre, Jacques Florencie…). En 1955, avec l’un d’entre eux, Jean-Pierre Suc et quelques amis, il crée dans une ancienne bonneterie de la rue Descartes le cabaret Le Cheval d’Or où s'invitent des artistes débutants : Raymond Devos, Pierre Perret, Anne Sylvestre, Pierre Richard, ou encore Boby Lapointe. Il y côtoie aussi François Truffaut, cinéaste débutant, qui y engagera notamment Henri Serre pour Jules et Jim, Boby Lapointe pour Tirez sur le pianiste et bon nombre des artistes du lieu pour le film Tire-au-flanc 62 qu'il co-réalise avec Claude de Givray, ce qui l’introduit pleinement dans le milieu de la Nouvelle Vague.
Parallèlement à ses activités au Cheval d'Or, il fréquente assidûment la cinémathèque : son rêve est d'écrire et réaliser des films. Il entre en contact avec Guy Debord, le récent fondateur de l'Internationale situationniste qui, à l’automne 1958, vient lui-même d’ouvrir, avec la complicité de son épouse Michèle Bernstein et de leur ami chanteur Jacques Florencie, le cabaret La Méthode situé également rue Descartes. Il participe même à l'enregistrement d'une conférence sur magnétophone destinée à une manifestation du mouvement situationniste programmée avec le Stedelijk Museum d'Amsterdam<ref>Guy Debord, Œuvres, Quarto Gallimard, 2006, pp. 464-469.</ref>. Debord le prend alors comme premier assistant du court métrage Sur le passage de quelques personnes à travers une assez courte unité de temps dont la première partie du tournage s'effectue en Modèle:Date-<ref>Jean-Marie Apostolidès, Debord, le naufrageur, Flammarion, Paris, 2015, Modèle:P..</ref>. Cependant, en août, au moment de débuter le montage, un différend éclate entre les deux hommes et Korber se trouve écarté par Debord qui le remplace et ne le fait donc pas figurer au générique<ref>Cf. le développement de cet incident in Guy Debord, Correspondance, volume 1, librairie Arthème Fayard, Paris, 1999, Modèle:P. et 251 à 257.</ref>.
En 1960, Jean-Michel Boris, directeur de l'Olympia lui propose de travailler avec lui. Il va collaborer aux derniers spectacles d'Édith Piaf et de Joséphine Baker. En 1962, Claude de Givray et François Truffaut lui demandent d'être comédien dans le film Tire-au-flanc 62. Il est co-auteur et assistant de Claude de Givray sur son deuxième film La Grosse Tête écrit par Truffaut. La même année Agnès Varda lui offre un rôle dans Cléo de 5 à 7 ; il est « Plumitif », le parolier des chansons mises en musique par Michel Legrand, qu'il mettra en scène bien des années plus tard pour ses concerts au Châtelet et au Palais des Congrès. Toujours en 1962, il rencontre grâce à François Truffaut le producteur Pierre Braunberger qui va produire, de 1962 à 1964, ses huit premiers courts métrages<ref>Modèle:Lien web.</ref> primés dans de nombreux festivals.
Il refuse cependant de produire son Modèle:9e court métrage et c'est Marin Karmitz qui, commençant sa carrière de producteur, le produit en empruntant l'argent à son père. Ce film, Un jour à Paris avec Jean-Louis Trintignant, va lui porter chance ; il est vendu dans le monde entier et Marin Karmitz entame alors une carrière de producteur distributeur avec sa société, MK2. La rencontre avec Jean-Louis Trintignant, devenu vedette après Et Dieu… créa la femme, permet à Serge Korber de réaliser son premier long métrage, Le Dix-septième Ciel, et d'entrer dans le club des grands metteurs en scène.
Très remarqué, il se voit confier par le producteur Alain Poiré la réalisation de l'adaptation par Michel Audiard du roman de René Fallet, intitulée Un idiot à Paris. Satisfait de cette collaboration, Audiard lui propose par la suite le scénario de La Petite Vertu. Suivent deux films avec Louis de Funès et deux avec Annie Girardot, grandes vedettes de l'époque. Avec cette dernière, Korber adapte un roman de Catherine Paysan, Les Feux de la Chandeleur, un drame dans lequel l'actrice incarne en 1972 la mère de Claude Jade et de Bernard Le Coq, délaissée par son mari joué par Jean Rochefort.
En 1975, Serge Korber bouscule la censure à la suite d'un pari avec François Truffaut et Claude Chabrol en réalisant une suite de films pornographiques. Il utilise le pseudonyme de John Thomas [cf. ci-dessous].
Il réalise quelques autres longs métrages puis se tourne dans les années 1980 vers la télévision. En 1996, il revient au cinéma avec l'adaptation de la bande dessinée de Christian Binet, Les Bidochon. Dans les années 2000, Serge Korber est essentiellement réalisateur et producteur de documentaires, notamment sur Maurice Béjart, Jean Gabin, Jean-Louis Trintignant ou Boris Vian.
Serge Korber est notamment connu pour avoir tenté de moderniser le personnage de Louis de Funès dans deux films qui connaîtront un succès relatif au regard de la popularité de l'acteur à cette époque : L'Homme orchestre et Sur un arbre perché en 1970.
Frédéric Bonnaud, directeur de la Cinémathèque française, écrit : Modèle:Citation bloc
Vie privée
Serge Korber est marié, de 1962 jusqu'à sa mort, à Marie-Claire Korber<ref>Modèle:Article.</ref> ; ils ont un fils, Thomas, qui est scénariste<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Sa femme Marie-Claire est la chef monteuse de presque tous ses films. Il vécut de nombreuses années à Brens, dans le Tarn, dans une maison dont il s'était séparé en 2019.
Mort
Serge Korber meurt à Paris<ref>Modèle:Lien web.</ref>,<ref>Modèle:Lien web - Note. Mention de son décès dans le Modèle:13e arrondissement de Paris le 23 janvier 2022.</ref> le Modèle:Date de décès-, à l'âge de Modèle:Nobr<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Coïncidence remarquable, le jour de sa mort, France 3 avait programmé l'un de ses films les plus connus, L'Homme orchestre, comme film du dimanche après-midi.
Ses obsèques se tiennent le Modèle:Date- au crématorium du Père-Lachaise à Paris<ref>Modèle:Lien web.</ref>, où il est incinéré. Ses cendres sont ensuite inhumées dans la Modèle:40e division du cimetière.
Sous le nom de John Thomas : l'affaire de L'Essayeuse (1975)
En 1975, François Truffaut, Serge Korber et Claude Chabrol évoquent lors d’une réunion amicale le poids de la censure. Ils font un pari, que Serge Korber qualifie avec le recul d’un peu stupide : réaliser un film pornographique. Le nom de Serge Korber est tiré au hasard parmi les trois réalisateurs et il réalise L'Essayeuse, l’idée étant de faire reculer la censure<ref>« Les infortunes de la liberté », Positif, no 190, février 1977, Modèle:P.</ref>. Le film était auto-produit, et les distributeurs, UGC et SND, très demandeurs. Parce que l’État introduit en 1975 le classement X pour les films pornographiques, L'Essayeuse obtient le 21 août 1975 un visa de contrôle Modèle:Numéro avec majuscule par le CNC<ref>Modèle:Lien web</ref>. En cinq semaines de projections dans une dizaine de salles de cinéma (date de sortie en salle : le 9 septembre 1975), près de Modèle:Nombre ont pu voir ce film.
Dans la foulée, Modèle:Nobr de vertus se liguent et portent plainte contre le film auprès de la justice afin que ce dernier soit retiré des salles de cinémas. Parmi ces associations, le Comité de liaison pour la dignité et de la personne humaine (CLDPH) affirme même : Modèle:Citation. Le président des AFC (Associations familiales et catholiques) affirme également à l’époque : Modèle:Citation<ref name=":0">Modèle:Lien web</ref>. Bien que le film ne soit pas plus obscène et de mauvais goût que les autres films de ce genre, les plaignants veulent ici faire un exemple. Le 8 novembre 1976, la Modèle:17e chambre correctionnelle de Paris demande la destruction du corps du délit pour incitation à la débauche et à la dépravation<ref>Modèle:Ouvrage</ref>, le réalisateur, le producteur, les techniciens, les acteurs, ainsi que le scénariste sont d'abord condamnés<ref>Modèle:Lien web</ref> (pour atteinte à la dignité humaine)<ref>Modèle:Lien web</ref> à des amendes allant de 400 à 10 000 francs pour outrages aux bonnes mœurs. La condamnation est confirmée et amplifiée en appel le Modèle:Date-, les amendes allant cette fois de 3 000 à 18 000 francs, la cour d'appel ordonnant, pour la première fois en France depuis la guerre, Modèle:Citation<ref>Histoire juridique des interdits cinématographiques en France, 1909-2001, Albert Montagne.</ref>.
Le film est interdit, sa copie brûlée, et Serge Korber condamné à une lourde amende. La mort de Jean Gabin le 15 novembre 1976 advient en même temps que le jugement de la Modèle:17e chambre correctionnelle de Paris est rendu. Charlie Hebdo titre : Modèle:Citation. La procédure pénale a duré Modèle:Nobr : Serge Korber a donc pu réaliser d'autres films porno durant les années 1975-1977, sous le même pseudonyme, John Thomas, avec comme interprètes réguliers Alain Saury (son acteur dans trois films), Richard Darbois, Bob Asklöf, Gabriel Pontello, Richard Allan, Emmanuel Pluton, Emmanuelle Parèze, Sylvia Bourdon. Dans le film 3001. L'odyssée de l'extase, il a utilisé des plans de L'Essayeuse : deux scènes de viol d'Emmanuelle Parèze par le gang. Après sa condamnation définitive le 10 juin 1977, Serge Korber paye une amende de Modèle:Nombre francs et dit adieu à la pornographie. Mais, avant sa mort, il affirme : Modèle:Citation.
Plusieurs personnalités dont des critiques réclament en 2013 la réhabilitation de Modèle:Citation<ref>Modèle:Lien web</ref>, qu'ils qualifient rétrospectivement de Modèle:Citation<ref name=":0" />.
Filmographie
Réalisateur
Longs métrages
Réalisation sous le nom de John Thomas
Courts métrages
Télévision
Documentaires
Scénariste
- 1984 : Canicule d'Yves Boisset (coécrit avec Michel Audiard)
- 1995 : L'Enfant en héritage téléfilm de Josée Dayan
Acteur
- 1961 : Tire-au-flanc 62 de Claude de Givray et François Truffaut : le troupier à lunettes
- 1962 : Cléo de 5 à 7 d'Agnès Varda : Maurice, dit « Plumitif »
- 2001 : Le Cœur sur la main de Marie-Anne Chazel : le mari de la femme au gros chien