Kenneth White
Modèle:Voir homonymes Modèle:Infobox biographie2
Kenneth White, né le Modèle:Date de naissance à Glasgow (Écosse) et mort le Modèle:Date de décès<ref>Modèle:Lien web</ref> à Trébeurden (Côtes-d'Armor), est un poète, écrivain et essayiste britannico-français.
Professeur d’université, il a animé notamment un séminaire « Orient et Occident ». Il est l’auteur de plus d’une centaine de livres d’artistes et crée en 1989 l’Institut International de géopoétique.
Biographie
Enfance et adolescence
Kenneth White est né le Modèle:Date- à Glasgow<ref>Modèle:Lien web</ref>. Il passe son enfance et son adolescence à Fairlie, sur la côte ouest de l'Écosse<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Cette période de sa vie est marquée par sa famille et en particulier son père, cheminot et socialiste, ainsi que son grand-père, un artiste travaillant dans un cabaret<ref name=":1">Modèle:Ouvrage</ref>. Ainsi, dans son livre intitulé En toute candeur, Kenneth White consacre plusieurs pages à des portraits de sa famille<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Ce livre contient des moments marquants de sa jeunesse qui sont décrits sobrement pour appuyer l'impact qu'ils ont eu sur sa vie, mais également pour essayer de restituer la sensation de découverte du monde par un enfant. Par exemple, la première partie nommée Les collines matricielles, parle d'une marche en hiver dans la lande enneigée, à l'arrivée d'un orage :
Ces expériences, vécues comme des études ou des pérégrinations, ont orienté profondément ses œuvres, en particulier à travers les thèmes principaux de ses premiers livres<ref name=":6">Modèle:Ouvrage</ref>. Mais paradoxalement, le poète parle peu de son enfance et de son adolescenceModèle:Sfn. Toutefois, pour lui, Modèle:Citation<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.
L’adolescence de Kenneth White est marquée par de nombreuses lectures, avec un appétit pour la culture, ainsi qu’un regard porté sur le monde dans sa diversité. Par l’activité militante de son père socialiste et son oncle communisteModèle:Sfn, il est spectateur de nombreux bouleversements sociopolitiques, dont il acquiert une prise de conscience politique. Il adopte dès lors un regard critique sur le monde et la société, non sans un détachement, un recul dont il ne se départira jamais. Ainsi, avant d'avoir écrit son premier livre, il a été témoin de la métamorphose post-industrielle de Glasgow. Il en témoigne dans de nombreux livres, et notamment à travers l’étude d’Adam Smith, philosophe du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, premier analyste du capitalisme<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Si le monde urbain retient pour une part l'attention du jeune poète, la contemplation de la nature occupe depuis toujours une place prépondérante dans sa sensibilité et son œuvre : Modèle:Citation qui condense Modèle:Citation.
Vie étudiante
Modèle:Citation. Le poète écossais Hugh MacDiarmid a eu une certaine influence sur Kenneth White qui l'a rencontréModèle:Sfn. Il lui rend hommage par un portraitModèle:Note, en s’en démarquant néanmoins : Modèle:Citation bloc Ce refus d’une identification culturelle étroite, auquel s’adjoint une analyse du contexte sociopolitique, compte parmi les raisons majeures qui le décident à quitter l’Écosse : Modèle:Citation
Kenneth White évoque sa vie estudiantine en Écosse : Modèle:Citation Après ses études à Glasgow (1954-1956), il est étudiant à Munich (1956-1957), puis à Paris (1959). Il s’installe en France à partir de cette époque, tout en effectuant de fréquents retours en Écosse. C’est dans ce contexte qu’est publié Jargon Papers, pamphlet écrit par Kenneth White dans le cadre d'un groupe qu'il a fondé à Glasgow, The Jargon Group en 1960<ref name=":0">Modèle:Ouvrage</ref>. Modèle:Citation. Puis, Modèle:Citation. Modèle:CitationModèle:Sfn.
Après avoir abordé cette période dans plusieurs livres, notamment Les Limbes incandescents, Kenneth White revient sur ces années au gré d’un périple qu’il intitule Un pèlerinage européen (sous-titre du livre La Carte de Guido), et sa période munichoise est « revisitée » au chapitre Les corbeaux de l’Englischer Garten : Modèle:Citation
Âge adulte
En 1957, il rencontre en Écosse Marie-Claude Charlut qui devient son épouse en 1959, puis, plus tard, sa traductrice exclusive. Elle va accompagner son parcours et son œuvre, plusieurs livres lui sont dédiés Dérives, Les Archives du littoral, etc., et des hommages ou remerciements lui sont dédiés dans plusieurs autres ouvrages. De même, il accompagne et soutient son travail de créatrice en photographie. Une grande partie des couvertures de ses livres, sont des portraits ou des créations photographiques de Marie-Claude WhiteModèle:Note. Ils ont réalisé ensemble plusieurs expositions et un livre d’artiste en 2016, Voyage à Skjolden, édité par Claude Blaizot<ref name=MCW/>,<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.
Pour la période aboutissant à 1968 : Modèle:Citation. Si l’œuvre poétique s’affirme d’emblée, Kenneth White manifeste le besoin de bâtir un socle théorique fondé sur des notions clefs telles que le nomadisme intellectuel et va se poursuivre par la création de l’Institut international de géopoétique<ref>Modèle:Lien web.</ref>. L’écriture narrative et poétique perdurera tout au long de son œuvre. Kenneth White s’explique sur la question biographique :Modèle:Citation
Les grandes orientations
Le monde blanc
Modèle:CitationModèle:Sfn. L'expression apparaît dans le livre En toute candeur publié en 1964Modèle:Note, suivie d'un essai : « Approche du monde blanc »<ref>Modèle:Ouvrage repris dans Modèle:Ouvrage.</ref>. Plus tard, paraît sous ce titre une anthologie de poèmes appartenant à l’espace circumpolaire. Modèle:Citation Il s’agit de poèmes écrits à partir d’études et de textes esquimaux, amérindiens, celtiques et extrême-orientaux. Une fois le livre épuisé, ces textes ont été réédités sous le titre : Territoires chamaniques. Dans la préface de cette réédition, l’auteur écrit : Modèle:Citation Puis il précise sa méthode de travail : Modèle:Citation Dans le livre Lettres aux derniers lettrés, il revient sur cette notion de monde blanc dont il développe précisément la généalogie à travers sept motivations<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Christophe Roncato note que Modèle:Citation<ref name=":0" /> Les raisons de ce changement sémantique découlent d'un certain nombre de malentendus. Cette notion de Monde ouvert est à relier à celle de dérive et de voyage chère à l'auteur que Catherine Vaissermann décrit ainsi : Modèle:CitationModèle:Sfn. Modèle:Citation bloc
Le nomadisme intellectuel
Bruno Masirevic considère L'esprit nomade<ref name=":4">Modèle:Ouvrage</ref> comme Modèle:Citation. Le concept central chez Kenneth White de nomadisme intellectuel a été le sujet de sa thèse d’état, soutenue en 1979 à la SorbonneModèle:Note. Dès son premier essai, La Figure du dehors, cette notion est évoquée explicitement tout au long de l’ouvrage. La vie de l’auteur, son parcours, dès sa jeunesse, l'anticipait également. Depuis toujours, il effectue de nombreux voyages sur plusieurs continents, donnant lieu à des livres de prose narrative. Il précise : Modèle:Citation.
Ce nomadisme ne se limite pas à ses pérégrinations, mais se manifeste dans le champ de ses recherches et au sein même de son écriture. Modèle:Citation Ce « voyage » est au confluent d'une introspection et d'une ouverture au monde : Modèle:Citation et elle qualifie le nomadisme intellectuel de Modèle:Citation Modèle:Sfn. Kenneth White définit ce que n’est pas l’intellectuel nomade<ref>Modèle:Ouvrage.</ref> : Modèle:Citation Puis, il le définit positivement : « Le nomade intellectuel, lui, traverse territoires et cultures afin d’ouvrir un espace mondial plus clair, plus vif, plus inspirant que l’« état de culture » évoqué plus haut (…) »Modèle:Sfn. Dans le premier chapitre de L’Esprit nomade, intitulé Esquisse du nomade intellectuel, il est question d’un « réseau d’affinités électives », puis de l’histoire de l’émergence de cette notion. Mentionnant deux géographes anarchistes, le Français Élisée Reclus, et le Russe Kropotkine, Kenneth White écrit : Modèle:Citation Cette citation permet de déceler dans son travail de définition conceptuelle du « nomadisme intellectuel » l’amorce de la notion émergente de « géopoétique » qu’il développera plus tard. Michèle Duclos considère que Modèle:CitationModèle:Sfn.
La géopoétique
Les archives sont nombreuses sur ce sujet, parmi d'autres, l'ouvrage Kenneth White et la géopoétique dirigé par Laurent Margantin, qui écrit dans la préface : Modèle:CitationModèle:Sfn. Kenneth White retrace la genèse de ce terme dans Au large de l’histoire : Modèle:Citation. C’est ensuite, à son initiative, la création de L’Institut international de géopoétique<ref>Modèle:Lien web.</ref> en 1989, puis d’une revue Les Cahiers de géopoétique dont le premier numéro paraît en 1990. L’auteur écrit un « Texte inaugural » qui figure à la fin de chaque cahier, également disponible sur le site de l’institut<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Un livre fait largement référence à cette notion centrale dans la pensée et l’œuvre de Kenneth White : Le Plateau de l’Albatros édité en 1994 chez Grasset et sous-titré Introduction à la géopoétique. Dans la préface de ce livre, l’auteur rappelle que dans un essai précédent, L’esprit nomade, publié en 1987, une section était intitulée Éléments de géopoétique, et il propose une définition par la négative : Modèle:Citation. Un livre d’entretiens avec Régis Poulet a été publié, en 2014, sous le titre Panorama géopoétique<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Dans sa préface, il écrit : Modèle:Citation.
Dans l’œuvre de l’essayiste Kenneth White, nous trouvons de nombreuses définitions de la géopoétique, en voici une parmi d’autres : Modèle:Citation. Emmanuel Dall'aglio situe la perspective de la démarche de l'auteur dans son projet géopoétique : Modèle:Citation.
Le champ du grand travail
Kenneth White mène un travail intellectuel, d’études et d’érudition, qui se concrétise sous forme d’une conférence, d’un article, d’un essai ou d’un livre. Le titre de chacun de ses essais renvoie à de multiples explorations et développements du thème central. Mais il s’agit aussi d’un engagement existentiel où la vie de l’auteur et son œuvre sont étroitement imbriquées, tant sur le plan des lectures, des voyages, des activités menées dans différents champs d’action tels que l’édition ou la création de livres d’artistes par exemple, que sur le plan de la vie de l’esprit ou sur tout le champ d’une existence dans sa quotidienneté. Modèle:Citation.
La Figure du dehors rassemble plusieurs études sur Rimbaud, Nietzsche, Thoreau, Delteil, etc. La notion de « dehors » renvoie aussi à la biographie de l’auteur ainsi qu’à sa sensibilité. Dès son enfance, il ressent l’appel des grands espaces extérieurs : « Dehors, chez moi ». L’identification est clairement assumée lorsqu’il écrit : « Je reste la figure du dehorsModèle:Sfn. ».
Le Champ du grand travail est un livre d’entretiens avec Claude Fintz paru en 2002Modèle:Sfn. Ce livre n’a pas pour objet la définition du « grand travail », mais en explore en détail les modalités. Il est constitué de trois parties : le contexte culturel, l’espace de l’œuvre et la question du style. Dans la première partie, l’auteur se dépeint comme un stratège : « Ma tactique sociale a consisté effectivement en phases alternées d’isolement et de communication active. » Il évoque également la cohérence d’ensemble de son travail : Modèle:Citation. Les deuxième et troisième parties du livre abordent le travail d’écriture en propre. L'auteur y répond à des questions sur la littérature, la biographie, et la géopoétique. Dans un autre ouvrage, Claude Fintz évoque à nouveau cette notion : Modèle:Citation. Travail qu'il identifie à l'écriture poétique, considérée comme Modèle:Citation<ref name=":7">Modèle:Ouvrage</ref>.
Dans La Traversée des territoires, livre publié en Modèle:Date-, Kenneth White donne un sens inédit au « grand travail ». Dans le premier chapitre « L’arc des petites Antilles » (d’une section intitulée « Lettres d’outre-mer »), il évoque les mouvements géologiques : Modèle:Citation Du travail intellectuel mené par l’auteur, on est passé ici au « travail » tectonique de la planète ! On constate donc que cette notion couvre un large champ sémantique et culturel, et l’on peut considérer que le « champ du grand travail » synthétise l’ensemble des recherches préalables de l’auteur : le monde blanc, le monde ouvert, le nomadisme intellectuel, le chamanisme, ainsi que de perspectives encore inédites. Et, comme cette analogie avec le « travail » de l’écorce terrestre le suggère, il en va d’une démarche située bien au-delà du plan personnel.
Les champs transdisciplinaires
Christophe Roncato situe Kenneth White dans son temps : Modèle:Citation. Il cite les sources de l'auteur : Modèle:Citation, et précise encore en l'élargissant : Modèle:CitationModèle:Sfn. L’approche interdisciplinaire, voire transdisciplinaire de Kenneth White lui permet d’écrire : Modèle:CitationModèle:Sfn. » Les centres d’intérêt de l’inventeur de la géopoétique sont nombreux et interdisciplinaires : la géographie, la géologie, l’histoire, l’économie, la philosophie, la littérature, la poétique, sans délaisser les sciences, la politique, etc. Si, aujourd’hui, les cloisons interdisciplinaires sont parfois trop étanches, tel ne fut pas toujours le cas. Se référant au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, il précise : Modèle:Citation. Son intérêt pour de multiples disciplines du savoir et de la connaissance vise une « appréhension complète du monde<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. » Ces divers domaines ne sont pas abordés dans un esprit encyclopédique, mais se justifient dans le projet de l’auteur de fonder rien moins qu’un mondeModèle:Sfn. La méthode et l’approche ne sont pas strictement « mentales » mais procèdent d’un équilibre entre une recherche érudite et théorique, et une pratique Modèle:Incise. Souvent un engagement physique se conjugue aux études intellectuelles. Dans Lettres de Gourgounel, il évoque l’usage de la faucille et la faux<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.
Ses voyages sont ponctués de longues marches, par exemple, dans le Nord du Japon sur les traces du poète Basho, tel que le montre le film Japon, Les chemins du nord profond réalisé par François Reichenbach, ainsi que son livre Les Cygnes sauvages. L’auteur revendique plusieurs influences parmi lesquelles le tantrisme qu’il définit comme « Le fait d’allier cette même métaphysique à une plongée totale dans la matière même de l’existenceModèle:Sfn. » Cette alliance et cette plongée concernent son œuvre en totalité. Plongée d’ailleurs effective et réellement sous-marine telle qu’elle est évoquée dans l'ouvrage La mer des lumières<ref>Modèle:Ouvrage.</ref> publié en 2017 mais qui relate ses voyages dans l’Océan Indien.
Selon Christophe Roncato, la pratique transdisciplinaire a pour effet de remettre en cause le statut de l'auteur, et il intitule un chapitre de son livre La mort de l'auteur ? : Modèle:Citation.
Géographie
Frédéric-Jacques Temple situe et délimite d'emblée la relation que le poète entretient avec la géographie : Modèle:Citation<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. La géographie, comme centre d’intérêt, parcourt l’œuvre dans son intégralité de la façon la plus constante. Nombre de ses « livres-itinéraires » sont consacrés à un pays, une région du monde, où il a, dans la grande majorité des cas, voyagé, parfois à plusieurs reprises. Citons, parmi d’autres, Le Visage du vent d’est, La Route bleue, Les Cygnes sauvages, La Carte de Guido.
La géographie, en tant que science, est également présente dans ses livres. Sa bibliothèque comporte une ample section baptisée « géopoétique ». Parmi d’autres, il mentionne à de nombreuses reprises les livres d'Élisée Reclus, côtoyant ceux de Vidal de la Blache, Lucien Febvre, etc.Modèle:Sfn. Au gré de ses voyages, dans de nombreux musées et bibliothèques répartis sur divers continents, il a étudié d’anciens manuscrits, des cartes, etc. Dans le livre Au large de l’histoire, un chapitre intitulé : « Le mouvement géographique » parle de son amour des cartes : Modèle:Citation. Les cartes géographiques, anciennes le plus souvent, sont fréquentes dans son œuvre et sont également visibles sur les murs de son « atelier atlantique ». Par métaphore, la cartographie est aussi la traduction d’un espace mental.
Si la géographie a fécondé l'œuvre poétique, en retour, la géographie en tant que science, se trouve interpellée par l'approche géopoétique ainsi qu'en témoigne le géographe Alexandre Gillet qui déclare : Pour le formuler de façon concentrée, dans l'esprit de Kenneth White, qui dit « géopoétique » dit « densification de la géographie » et : Peut-être est-il temps de penser que le géographe réel ne doit pas comprendre la géographie du seul point de vue scientifique ou encore la situer dans ses seules limitesModèle:Sfn.
Histoire
Pierre Jamet consacre un chapitre de son livre à la question du rapport de Kenneth White à l'Histoire : Modèle:Citation. Et plus loin : Modèle:Citation<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Quelle est la finalité de ce travail ? Pierre Jamet le précise : Modèle:Citation.
Dès ses premiers livres, Kenneth White adopte une attitude distante envers l’Histoire. Modèle:Citation écrit-il en 1978<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Puis, en 1983, il se propose de « Sortir de l’histoire pour entrer dans la géographie<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. » Depuis un certain nombre d’années, il approfondit sa lecture critique de l’Histoire, et cette dimension apparaît tant dans son intérêt tant pour l’histoire de la pensée philosophique, l’histoire de la littérature, l’histoire de l’art, que pour l’histoire socio-économique et socio-politique. Le livre le plus important (Modèle:Nobr) qu’il ait consacré à ce domaine, publié en 2015, s'intitule Au large de l’histoireModèle:Sfn. Si l’ampleur des recherches, études et réflexions menées indique l’intérêt profond de l’auteur pour cette discipline, le titre Au large de… est révélateur de la distance prise envers ce champ, et envers toute notion d’actualité, position qu’il a exprimée dès sa jeunesse. Le sous-titre de l’ouvrage indique la perspective dans laquelle le champ de ses recherches fut conduit : Éléments d’un espace-temps à venir. Le texte de la préface va plus loin encore : Modèle:Citation. Les références livresques sont nombreuses, et font autorité : History of America de William RobertsonModèle:Sfn, La Richesse des nations de Adam Smith, La Phénoménologie de l’esprit de Hegel, Le Manifeste communiste de Karl MarxModèle:Sfn, A Study of History (Étude de l’Histoire) d’Arnold ToynbeeModèle:Sfn, La Condition de l’homme moderne de Hannah Arendt, Le Déclin de l’occident de Spengler, La Fin de l’Histoire de Henri Lefebvre, et bien d’autres. L’auteur se réfère aussi à des sources plus originales, telles que Sternstunden der Menscheit (Les Très Riches Heures de L’Humanité) de Stephan Sweig (1927). Dans le chapitre Un séjour en AnarcadieModèle:Sfn, il mentionne plusieurs livres d’historiens anarchistes, tels que le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français de Marius Alexandre Jacob. L’auteur ne rompt jamais avec un fil autobiographique, ainsi mentionne-t-il les centres d’intérêt de sa jeunesse : Modèle:Citation. Dans la trame historique, ou préhistorique, il va consacrer un chapitre au chamanisme qui l’intéresse de longue date : « La danse sur le glacier du chamane »Modèle:Sfn. Il va également convoquer de nombreux auteurs auprès desquels il a mené un long compagnonnage, comme Henry David Thoreau.
La justification de ce long travail sur l’Histoire et « au large de l’Histoire » apparaît à la toute fin de l’ouvrage dans ce que l’auteur nomme « une profession de foi » : Modèle:Citation.
Philosophie
Michel Philippon consacre un chapitre aux relations qu'entretient Kenneth White avec la philosophie et écrit : Modèle:Citation et il cite plus loin : Modèle:Citation. L’intérêt de la philosophie pour Kenneth White doit être envisagé dans sa relation avec la poétique : Modèle:Citation. L’auteur poursuit en mentionnant deux philosophes allemands ayant remis en question leur propre discipline, Nietzsche et Heidegger, au point que le second évoque : Modèle:Citation. Quant à la réduction de la poésie à l’imaginaire, Kenneth White cite Descartes, dans son livre Olympica : Modèle:Citation. HeideggerModèle:Note s’est d’ailleurs intéressé aux poètes Hölderlin, Rilke, René Char, etc. Dans plusieurs de ses livres, principalement les essais, Kenneth White a abondamment recours à la philosophie avec Platon, Duns Scot, Spinoza, David Hume, Kant, Hegel, Schopenhauer, Husserl, Merleau-Ponty, etc. Lorsqu’il cite Héraclite et Parménide, c’est pour écrire Modèle:Citation. Il cite et dialogue avec les pensées de Foucault, Derrida, Michel Serres, et Gilles Deleuze, ce dernier ayant fait partie du jury de sa soutenance de thèse en 1979. Un petit livre intitulé « Dialogue avec Deleuze », publié en 2007<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>, un « essai comparatiste » selon l’auteur, précise les points d’accord et de désaccord entre les deux penseurs, ou pour être plus précis entre Deleuze et Guatarri, et lui-même. Aux concepts d’utopie et de géophilosophie, prônés par Deleuze, Kenneth White répond : Modèle:Citation. Dans la perspective qui est la sienne d’un « monde ouvert », Kenneth White écrit : Modèle:Citation.
Dans la première partie de cette section, il a été question de la pensée philosophique occidentale. La philosophie orientale, abordée dès les premiers livres de Kenneth White, est également un centre d’intérêt fondamental pour l’auteur<ref>On pourra se référer notamment au chapitre déjà cité de Véronique Porteous, où elle évoque l'influence de Nietzsche et de Nagarjuna, ainsi qu'au texte de Régis Poulet Nietzsche, Heidegger et l'Asie : suivre les hautes erres</ref>. À ses yeux, l’intérêt de celle-ci réside dans l’absence de clivage entre philosophie et poésie qui prévaut en Orient, à l’inverse de l’histoire la plus classique de la philosophie occidentale, qui commence, avec Platon, par le rejet des poètes de sa cité idéale. Dans la préface de son premier livre écrit en prose, et traduit de l’anglais : Lettres de GourgounelModèle:Sfn plusieurs mentions sont faites à la philosophie. Qualifiant l’ouvrage, il écrit : Modèle:Citation Premier livre en prose, il ne le dissocie pas de ses écrits poétiques : Modèle:Citation. L’héritage nietzschéen est explicite : Modèle:Citation. Ce livre, « reçu comme étant tout à fait en dehors des normes de la littérature »Modèle:Sfn, relate l’installation de l’auteur dans une ferme ardéchoise. Au milieu du récit, s’y égrènent ses propres haïkus, et des évocations du moine errant Chomei, du Tao, du bouddhisme Mahayana. Il écrit : Modèle:Citation. Dans le livre Le Visage du vent d’Est<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>, de nouveau, des parallèles sont présents, tel un chapitre intitulé : Hegel et Tchang San-FongModèle:Sfn. Puis, Tchouang-tseu, Confucius, ou encore Maitreya. À la fin de ce livre, l’auteur mentionne son érudition personnelle : Modèle:Citation. Dans Un monde à part, il compare David Hume à Nagarjuna ainsi : Modèle:Citation. La référence à Friedrich Nietzsche est la plus fréquente, et l’on peut trouver également certains rapprochements avec Schopenhauer.
Sciences
L’intérêt de Kenneth White pour les sciences est de plusieurs ordres. Sa recherche de cohérence, sa méthode soucieuse du détail, mais toujours reliée à la globalité, ont une indéniable dimension scientifique. Il mentionne fréquemment plusieurs notions des sciences contemporaines et invente ou utilise des néologismes tels que « le multivers », le mot « chaoticisme », influencé par « la théorie du chaos », et les notions les plus omniprésentes chez lui sont sans doute celles de « champ » et « d’énergie ». Notions polysémiques qu’il convoque dans un sens extra-scientifique, en corrélation avec ses centres d’intérêt et de recherche. Modèle:Citation. Son intérêt pour les sciences de la nature a son origine dans une perception première, issue de l’enfance et prolongée à l’âge adulte. Il collectionne les pierres et les coquillages, et sa bibliothèque est bien dotée sur l’ornithologie et toutes les sciences de la nature, zoologie, botanique, etc., l’intéressent. C’est la biologie qu’il a étudiée plus particulièrement : Modèle:Citation. Cette science l’intéresse dans ses développements les plus récents : « Le biologiste Henri Atlan parle de l’homme comme d’un « système ouvert » et de la possibilité d’une « existence unifiée ». Avec l’ensemble des sciences de la nature, l’écologie requiert son plus vif intérêt, et se trouve être de longue date, une notion centrale de sa pensée et de son action. Il y fait mention de la façon la plus explicite dans le texte inaugural de l’Institut international géopoétique : Modèle:Citation.
Il cite Albert Einstein : Modèle:Citation. Puis il évoque une lettre écrite en 1927 par le physicien : Modèle:Citation. De façon globale, l’intérêt de Kenneth White pour la science, au-delà de ses inclinations naturelles, est relié à son projet de fonder ce qu’il nomme « un monde ouvert ». Ne demande-t-il pas à la science la même ouverture, le même horizon dégagé qu’il demande à la poétique, la philosophie, et au fond, à toute l’aventure humaine ?
Esthétique
L’œuvre de Kenneth White manifeste un intérêt constant pour l’art. Ses premiers livres offrent des références à des peintres chinois taoïstes, tels que Mi Fu. Son attention se porte vers les artistes qui relient art et métaphysique ou art et poétique. Un de ses premiers recueils de poésie Scènes d’un monde flottant<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>, fait référence à l’univers esthétique extrême oriental où sont imbriqués les arts visuels et la poésie. Il a écrit plusieurs monographies sur l’art. Distinguons celles consacrées au peintre Jean-Michel Atlan, et au japonais Hokusai. Dans le livre monumental de Modèle:Nobr, qui constitue le catalogue raisonné d’Atlan, l’essai de Kenneth White, Une atlantide picturale, donne le ton par une apostrophe provocatrice : Modèle:Citation<ref>Modèle:Ouvrage.</ref> L’auteur recourt à deux citations préliminaires. La première, d’Alexander von Humboldt : Modèle:Citation. La seconde, de Gustave Flaubert, lors d’un voyage au Maghreb : Modèle:Citation<ref>Modèle:Ouvrage.</ref> Pour pertinentes qu’elles soient concernant Atlan, né en Algérie, d’évidence, ces citations valent, au-delà de cet artiste, comme refondation d’une esthétique de l’art, voire de la culture, telle que Kenneth White souhaite la promouvoir. Tel est le projet de l’auteur qui apparaît dans ses essais Le Plateau de l’Albatros ainsi qu’Au large de l’histoire. Dans le premier livre, deux chapitres sont notamment consacrés à l’art, le premier à « La musique du monde. Il se positionne en préambule comme un « barbare musical », privilégiant les sons de la nature à tout autre : Modèle:Citation. Si Kenneth White possède, de toute évidence, une culture musicale, son expérience esthétique des sons naturels est nichée dans son enfance : Modèle:Citation. Voici Henry David Thoreau, cité par Kenneth White, à l’écoute des sons naturels dans les bois de Walden : Modèle:Citation. Et Kenneth White de poursuivre : Modèle:Citation. Ces considérations ne l’empêchent pas de s’intéresser à la musique de Satie, à la démarche de John Cage, à la musique de Steve Reich, La Monte Young, ou à l’interprétation de Glenn Gould.
L'artiste Emmanuel Fillot, témoignant de sa collaboration avec Kenneth White remarque : Modèle:Citation. Puis : Modèle:Citation.
Jean-Paul Loubes compare l'approche de Kenneth White avec la méthode anthropologique de Claude Levi-Strauss : Modèle:Citation. Il évoque leur intérêt commun pour le peintre japonais, et cite l'essai que Kenneth White lui a consacré : Modèle:Citation<ref>Modèle:Ouvrage</ref> Jean-Paul Loubes situe ce travail au-delà d'une approche d'historien d'art : Modèle:CitationModèle:Refnec.
L’art de la Terre
Dans le chapitre suivant du Plateau de l’Albatros l’auteur s’intéresse à deux artistes du Land art, Richard Long et Hamish Fulton. Il rapporte un propos de Richard Long : Modèle:Citation. L’artiste évoque encore une pratique vécue : Modèle:Citation. La conclusion de ce chapitre sur l’art est explicite : Modèle:Citation. Dans le livre Au large de l’histoire, publié vingt et un ans plus tard, il revient sur la pratique du Land art, et s’il écrit qu’« elle a toute [sa] sympathie », il en voit aussi les limites : Modèle:Citation. Il consacre aussi un chapitre critique sur le Land art dont voici la conclusion : Modèle:Citation. Entre ces deux essais, durant ces deux décennies Modèle:Incise lui-même n’a cessé de poursuivre ses explorations, notamment dans le domaine de la pensée et de l’art du chamanisme, qui est une des sources vives de l’art contemporain. Raison pour laquelle il s’est senti proche de Joseph Beuys : Modèle:Citation. Son propos sur l’art s’est nourri et développé, son exigence a grandi, ses ambitions sont précisées dans l’intitulé même du chapitre « La refondation de l’œuvre d’art » où Kenneth White propose Modèle:Citation. Il précise que les trois formes procèdent par expansion, le champ géopoétique étant le plus ouvert, le plus apte à cette refondation.
Kenneth White a collaboré à de nombreux livres d’artistes concrétisés par des expositions ou des éditions numérotées. En 1994, à l’université d’Aix-en-Provence eut lieu un colloque organisé par Kenneth White et Franck Doriac sur le thème « Géopoétique et arts plastiques » réunissant une quinzaine d’intervenants, et qui a donné lieu à une publication universitaire en 1999<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Il y est indiqué qu’Modèle:Citation.
Affinités, influences et famille littéraire
Les influences qui ont irrigué la pensée de Kenneth White sont nombreuses, à l’image de sa grande curiosité intellectuelle et de son érudition. Celles-ci sont revendiquées. L’auteur explique ainsi que, si l’on a pu lui reprocher un excès de citations (lui-même parle d’une orchestration), il assume cette transparence des sources afin de dresser le paysage d’une « géographie de l’esprit ». Modèle:Citation dit-il dans un entretien<ref>Modèle:Article.</ref>. Au-delà de la création d'un champ de références et une géographie de l’esprit, il dessine, dans ses voisinages, par confrontation et élagage, les contours de son propre territoire.
Christophe Roncato aborde les références de Kenneth White ainsi : Modèle:Citation. Se proposant d'explorer la bibliothèque whitienne, telle qu'elle apparaît dans le livre L'Esprit nomade, il poursuit : Modèle:Citation.
Influencé par Henry David Thoreau, Walt Whitman, Friedrich Nietzsche, Charles Baudelaire, Arthur Rimbaud, Jack Kerouac, les haïkus et les philosophies orientales, il a pu être comparé à Gary Snyder<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Les grands compagnons
Les grands compagnons est la deuxième section du livre Le Plateau de l’albatros, paru en 1994. Elle comporte cinq chapitres consacrés chacun à un auteur : « Ovide : politique, géographique, poétique », « Un goût vif de l’univers » (Ernest Renan), « Dernières nouvelles de Walden » (Henry David Thoreau), « La parole et la Pierre » (Níkos Kazantzákis), « Un ABC du monde » (Blaise Cendrars). Un livre paru en 2009,Les affinités extrêmes est exclusivement consacré à dix auteurs, soit autant d’essais monographiques : Élisée Reclus : l’ouverture au monde, Arthur Rimbaud : la désertion absolue, Victor Segalen : l’équipée exotique, Saint-John Perse : la grande dérive, André Breton : le champ magnétique, Louis-Ferdinand Céline : la nuit scabreuse, Henri Michaux : la transgression tranquille, Charles-Albert Cingria : l’esprit erratique, Joseph Delteil : la complétude phénoménale, Emil Cioran : la vacuité cosmogonique.
Dans Lettres aux derniers lettrés paru en 2017, l’auteur évoque ses auteurs de référence, depuis l’enfance : Modèle:Citation. Puis, il ajoute : Modèle:Citation. Henry David Thoreau, Friedrich Nietzsche et Arthur Rimbaud sont ses références majeures. Remarquons qu’il s’agit de trois auteurs de langues européennes, qu’il a lus dans le texte original. Modèle:Citation.
Lors d’une émission radiodiffusée qui lui fut consacrée La nuit rêvée de Kenneth White, l’auteur a choisi une sélection d’entretiens de grands auteurs : André Breton, Louis-Ferdinand Céline, Emil Cioran, Henri Michaux, Charles-Albert Cingria et Joseph Delteil. Il s’est également entretenu avec Marc Floriot, le réalisateur de l’émission, et a eu également un dialogue sur Spinoza avec Robert Misrahi<ref name="FranceCulture2013"/>.
Monographies et essais
Kenneth White a consacré cinq livres à des auteurs qui, d’une manière ou d’une autre, lui sont proches. Segalen : théorie et pratique du voyage<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>, Le Monde d'Antonin Artaud ou Pour une culture cosmopoétique<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>, Hokusai, ou, l’horizon sensible<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>, Dialogue avec DeleuzeModèle:Sfn. Une voix dans le supermarché : parcours d'Allen Ginsberg<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Il a écrit de nombreux essais monographiques, qu’ils aient été communiqués lors de conférences, ou publiés dans des revues, la plupart ont été réunis dans ses livres. Outre ceux déjà indiqués plus haut, à la rubrique « Les grands compagnons », son premier essai La Figure du dehors, contient certains chapitres consacrés à des auteurs : Après Rimbaud, Marcher avec Thoreau, Ruines et lumières d’Ezra Pound, L’oiseau migrateur (Saint-John Perse), Le délire Delteil, Un celte en Asie (Victor Segalen).
Auteurs de référence
Ils sont innombrables et il n’est pas possible d’en dresser une liste exhaustive. Certaines figures se détachent toutefois, pour être souvent citées, ou avoir eu une influence plus marquée. Schopenhauer, Spinoza, Hegel, Nietzsche, Heidegger Modèle:Incise Jacques Derrida, et surtout Gilles Deleuze pour la philosophie « française ». En littérature, il convient de citer Victor Hugo Modèle:Incise sur lequel il écrit : Modèle:Citation, et les écrivains russes, plus particulièrement réunis dans Un monde à part où il évoque un ancien projet Modèle:Citation : Maxime Gorki, Anton Tchekhov, Fiodor Tiouttchev ; ainsi que dans Lettres aux derniers lettrés : Fiodor Dostoïevski, Alexandre Pouchkine ou Mikhaïl Lermontov. Dans le domaine anglo-saxon, il se réfère en particulier à Walt Whitman, Robert Louis Stevenson, Herman Melville ou Jack London.
Les rencontres
Les anonymes, les passants, les voyageurs rencontrés, du voisinage le plus proche aux horizons les plus lointains, figurent quasiment dans tous ses livres<ref>Notamment dans La Maison des Marées, 2005.</ref>. Sans les confondre avec les grands auteurs, ils sont mentionnés, cités, leurs propos rapportés, leur vie relatée. Ils ont parfois l’allure de personnages de roman, pittoresques, émouvants ou poignants, ils font l’œuvre de Kenneth White tout comme ils ont, pour un temps au moins, fait partie de l’étoffe de son existence mais aussi de la vie de son esprit. Lui qui revendique envers lui-même un certain statut d’anonymat, rend hommage à d’autres anonymesModèle:Sfn.
L'itinéraire et les lieux de Kenneth White
Itinérance, errances, voyages
L’itinéraire de Kenneth White est le catalogue publié par la bibliothèque municipale de Rennes dans le cadre d’une exposition, devenue plus tard itinérante, qui s’était tenue en 1990. Le conservateur en chef de la bibliothèque, Marie-Thérèse Pouillias, écrit en préambule : Modèle:Citation. Cet ouvrage est composé de dix chapitres qui reflètent la biographie de l’auteur, articulée chronologiquement et géographiquement : origines, port de Glasgow, Munich, Paris, Gourgounel, révolution culturelle, dans les Pyrénées, routes américaines, chemins d’Asie, Bretagne. Chaque chapitre présente les voyages, les jalons de sa vie et les publications, conférences ou autres manifestations publiques relatives à un lieu autant qu’à la période concernée. Illustré de portraits, de paysages et de cartes, ce catalogue contient en outre une biographie et une bibliographie développée. Olivier Delbard, dans la préface du livre qu’il consacre à cette thématique : « Les lieux de Kenneth White Modèle:Incise<ref name=":2">Modèle:Ouvrage.</ref> », la résume ainsi : Modèle:Citation. Dans le livre Le Lieu et la parole : entretiens 1987-1997 Kenneth White déclare : Modèle:Citation. Le lieu premier, est le village natal de Fairlie, aux abords duquel il recherche le contact avec les éléments naturels : Modèle:Citation. Comme il l’évoque dans plusieurs livres, sa jeunesse s’est déroulée entre deux lieux, deux pôles : la nature où il trouve à la fois une puissance et une vacuité, le silence d’un monde qui est au-delà de l’humain et qui sera à jamais son inspiration essentielle ; et l’univers urbain, dont la première expérience est celle de Glasgow. Puis, il va explorer d’autres villes, notamment pour y étudier, et aussi pour y vivre tout un processus d’errances, de « dérives » et de révélations. Les Limbes incandescents relate ces étapes de jeunesse : Modèle:Citation. Dans la problématique des lieux, pour Kenneth White, tout pourrait se tenir dans cette proximité entre itinéraire et initiation. Après avoir écrit et publié plusieurs livres de poésie, le premier livre dit de « prose narrative » est Lettres de Gourgounel, ouvrage qui relate son installation en Ardèche. Puis, Le Visage du vent d’est est le récit de pérégrinations en Asie du Sud-Est. La Route bleue, livre paru en 1983, qui reçut le Prix Médicis Étranger, est le récit d’un voyage vers le Nord canadien, et c’est aussi le signe d’un recommencement. C’est ainsi que l’auteur, dans sa « Préface à la nouvelle édition » rend hommage à John Milton en le citant : Modèle:CitationModèle:Sfn. Kenneth White poursuit : Modèle:Citation. À la fin du livre, l’auteur cite un propos du philosophe libertaire Max Stirner évoquant : « La longue nuit de la pensée et de la foi. » Et Kenneth White de se questionner : Modèle:Citation. Le Labrador a donc deux polarités. C’est bien, géographiquement, cette terre des confins, ce nord géographique que l’auteur atteint après maintes péripéties. Mais c’est aussi un lieu mental qui vient se confondre au « champ du grand travail ». De la même manière que Gourgounel était un lieu réel, mais aussi une porte, un passage ainsi qu’en témoignent les derniers mots du livre : Modèle:Citation. Quant au « Visage du vent d’est » il est encore le signe d’autre chose qu’un récit de voyages : Modèle:Citation. De façon analogue, Les Cygnes sauvages est le récit d’un voyage vers le nord du Japon. À la fin du livre toute métaphore s’efface devant l’arrivée des cygnes :
Si la contemplation du vol des cygnes sauvages se suffit à elle-même, il ne s’agit pas de faire image, le processus de perception est plus global : Modèle:Citation. Dès la préface à la réédition, l’auteur évoquant le Nord du Japon le reconnaît comme un lieu, qui avec d’autres lieux de la terre, l’a attiré. Mais c’est aussi un espace d’un autre ordre : Modèle:Citation. La mer des lumières évoque, cette fois, une autre nature, d’autres paysages, une autre lumière, ceux de l’Océan indien. Voilà ce qu’il écrit dans sa préface, en citant le « Il convivio » de Dante : Modèle:Citation.
Les lieux de Kenneth White
Dans son livre déjà cité<ref name=":2" />, Olivier Delbard aborde les différents lieux-dits « d'errance et de résidence » et il écrit :Modèle:Citation. Chaque lieu où vit Kenneth White, qu’il y passe ou y séjourne Modèle:Incise n’est donc pas motivé par une recherche du pittoresque des voyages, mais s’avère l’étape d’un itinéraire autant géographique qu’intérieur. Tout commence en Écosse, son pays natal qu'Olivier Delbard décrit ainsi : Modèle:Citation. Après Gourgounel en Ardèche, Pau, en Aquitaine, l’élection de la côte nord de la Bretagne pour une existence sur le littoral, n’est pas l’effet du hasard<ref>On se référera au chapitre « Lieux de demeures » dans le livre déjà cité d'Olivier Delbard pp.135-164.</ref>. La Maison des marées, publié en 2005, est un livre qui dépeint le lieu d’élection de Kenneth et Marie-Claude White, après leur vie aux pieds des Pyrénées. Voilà le poète cosmographe<ref>Modèle:Ouvrage.</ref> bien campé sur le littoral breton, en phase avec la côte écossaise dont il est originaire. Lieu qu’il évoque comme celui de la concentration, à force d’un travail intense qu’il y mène dans ce qu’il nomme, dès 1994, son atelier atlantiqueModèle:Note qui est devenu un lieu de rayonnement. Kenneth White donne la description de son lieu : Modèle:Citation. Le nom donné au lieu en reflète l’esprit : Modèle:Citation. La notion de « concentration » est importante dans le rapport que l’auteur entretient avec les lieux de résidence, déjà présente lors d’un épisode antérieur, lors de l’installation ardéchoise à Gourgounel : Modèle:Citation.
Paysage mental
La notion de « lieu » chez Kenneth White, ne saurait se restreindre à la géographie, que ce soit celle de ses voyages, ou de ses lieux de vie. Il s’en explique : Modèle:Citation. Ce « paysage mental », il l’aborde également sous le terme d’atopie, vocable qu’il préfère à celui d’utopie. Nombreux sont les mots de son lexique à aborder cette notion : « topos, territoire, champ ou littoral ». Olivier Delbard remarque : Modèle:Citation puis : Modèle:Citation À propos du pays natal de Kenneth White, Chacun de ces mots renvoie simultanément à l’espace réel, géographique, et, en même temps, à un espace plus abstrait, de l’ordre de l’esprit. À tel point qu’il en vient à écrire des livres qui n’appartiennent plus tout à fait au genre des « way-books », en ce sens qu’ils ne relatent plus un voyage réel effectué par l’auteur, comme par le passé, mais ils s’y apparentent tout de même, par la notion de traversée, de parcours, de tracé, notions chères à l’auteur. Le voilà parvenu à relater un « voyage mental » à la manière d’un voyage réel. Un monde à part est de cette famille nouvelle, ainsi que Borderland tous deux publiés en 2018. Dans le premier livre, le résumé du « voyage » apparaît en quatrième de couverture : Modèle:Citation. Dès le prologue de Borderland, il définit ce titre ainsi : Modèle:Citation.
L’écriture de Kenneth White
Introduction
Les formes de son expression sont la poésie, la prose narrative et les essais. Ces trois modes sont complétés par le genre du dialogue ou de l’entretienModèle:Note ainsi que par une production de textes de critique d’art et la collaboration avec des artistes pour créer des livres d’artistes. Il y a, par ailleurs, l’activité professorale à l’université ainsi que celle de conférencier. Ce champ d’activité est indissociable de son écriture, ainsi qu’en attestent ses propos : Modèle:Citation
Kenneth White et la littérature
Selon Claude Fintz, Modèle:Citation. Kenneth White n’a jamais publié de romanModèle:Note. Inspiré en cela par l’attitude d’André Breton qui écrivait : Modèle:Citation La distance envers la littérature est constante, mais Kenneth White est un grand lecteur y compris de certains romans, et un critique littéraire. Fréquemment, il est sollicité pour écrire ou parler, notamment dans le domaine de la littérature de langue anglaise. Citons, par exemple, ses préfaces du livre de Thomas Hardy Loin de la foule déchaînée réédité en 1987, de Jack London Construire un feu en 2007, du Journal de Henry David Thoreau, réédité en 1981 et Couleurs d’automne du même auteur en 2001. S’il apprécie la littérature du passé, il considère qu’aujourd’hui une autre forme, plus ouverte, est nécessaire et c’est à celle-ci qu’il travaille. Modèle:Citation Pourquoi ce rejet du romanesque ? Il y répond lors de l’émission « La nuit rêvée de Kenneth White » : Modèle:Citation Le débat avec les grands auteurs et les œuvres du passé, la référence à la littérature avec un regard critique parcourent toute l’œuvre, mais cette « discussion » s’affirme dans les derniers livres, particulièrement dans Lettres aux derniers lettrés : Modèle:Citation Le livre aborde le concept de « littérature mondiale » promue par Goethe sous le vocable « Weltliteratur ». Kenneth White cite l’écrivain allemand : Modèle:Citation La motivation de l’auteur est indiquée sans détour : Modèle:Citation La cause de son intérêt est explicite : Modèle:Citation La filiation entre les deux auteurs apparaît ici clairement : Modèle:Citation. Il s’agit de discerner en Goethe un précurseur de la pensée géopoétique, car Kenneth White l’évoque dans les mêmes termes qu’il définit la notion de « géopoétique ». La filiation n’est pas seulement théorique, elle s’affirme dans une communauté d’action et d’engagement qui rassemble les deux auteurs : Modèle:Citation Comme pour la science, pour l’art, pour la géographie ou l’Histoire, ce que Kenneth White réfute dans la littérature, c’est son enfermement. Dans l’émission « La nuit rêvée », il évoque, à travers l’Histoire, Modèle:Citation. Puis, il poursuit : Modèle:Citation Lui-même a été dès ses débuts à Modèle:Citation Si le mot « littérature » est rejeté, c’est au profit du terme « œuvre-monde » qu’il définit ainsi : Modèle:Citation
Le travail sur la langue
Kenneth White a d’abord étudié sérieusement le latin, au point d’en effectuer des traductions. Sans cesser de le pratiquer, il va toutefois s’orienter vers le flux multiple des langues vivantes : Modèle:Citation. Les langues dites d’étude qu’il va pratiquer sont principalement l’anglais natif, l’allemand et le français. Cet apprentissage lui permettra de lire les auteurs dans le texte. Il précise que si l’anglais, l’allemand et le français sont ses trois langues d’étude et de travail, il a acquis, par ailleurs, des rudiments de nombreuses autres langues. Il dit avoir, à une période de sa vie, étudié une langue par an. Le but de cette pratique n’ayant pas l’érudition comme fin, mais le fait d’accéder ainsi à la Modèle:Citation.
Ce que Kenneth White recherche dans la lecture n’est pas l’acquisition d’un savoir détaché de l’existence, mais participe de ce « grand travail », lui-même relié à une dimension physique du corps ancré sur la terre, ainsi que l'explique Michèle Duclos :Modèle:Citation bloc Il a écrit à plusieurs reprises que si, longtemps, par le fait de la religion, nous avions été conduits à vivre dans « un arrière-monde », il s’agissait, désormais, de vivre sur la terre. C’est pourquoi la jouissance de la lecture ne réside pas, pour lui, dans le seul confinement des bibliothèques, mais dans le fait de retrouver, par la lecture, la formulation d’expériences premières : Modèle:Citation.
Le grand atelier de la traduction
C’est face à l’indigence des versions anglaises antérieures de certains livres que Kenneth White en vient à pratiquer la traduction, ainsi qu’il l’évoque dans « Le grand atelier de la traductionModèle:Sfn » : Modèle:Citation Puis : Modèle:Citation Et évoquant la langue de ce dernier, il la compare à un phénomène géologique terrestre : Modèle:Citation Ce qui motive cette pratique de la traduction, c’est la possibilité d’entrer en contact avec une dimension plus élevée, plus ouverte et surtout plus globale des textes : Modèle:CitationModèle:Sfn La recherche de cette « unité vivante du monde » semble le motif central de sa démarche, de tout son travail, tant dans sa dimension de recherche que d’action et de propositions. C’est dire qu’il dépasse le poncif du traduttore, traditore, qui voudrait que traduire soit inévitablement trahir. La traduction exige, écrit-il, des qualités qui sont voisines de celles d’un écrivain : Modèle:Citation Le traducteur se doit, en premier lieu, d’être un bon lecteur. Kenneth White, évoquant sa passion pour Ovide, mentionne les inventions de cet auteur antique. Il écrit : Modèle:Citation Dans un entretien avec Régis Poulet, il aborde également la traduction de ses propres poèmes en français. La traduction de son œuvre écrite en anglais est, depuis trente ans, exclusivement confiée à son épouse, Marie-Claude White.
En introduction d'un entretien consacré à la traduction, Gille Farcet déclare : Pour vous, en effet, la traduction n'est pas seulement un exercice intellectuel mais constitue un mode de vie, une manière d'être et de créer à l'intérieur d'un espace ouvert et interculturel…<ref>Modèle:Lien web</ref> Envisageant la traduction dans sa plus profonde acception, l’auteur ne la restreint pas au passage d’une langue à une autre, mais se réfère à l’expérience primordiale du poème de la terre, du poème premier, celui de l’extase, mais d’une extase terrienne : Modèle:Citation Évoquant un mythe archaïque, Kenneth White évoque ensuite Modèle:Citation Et de conclure : Modèle:Citation
Le travail de pensée de Kenneth White
Comment s’articulent les diverses formes de son travail d’écriture ? Marc Floriot parle d’un « triple prisme »<ref name="FranceCulture2013"/>. Kenneth White a eu recours à plusieurs métaphores pour les qualifier. L’une d’elles est celle de la flèche. Le pêne de la flèche, c’est l’essai, la tige de la flèche, ce sont les « way-books » ou « livres-itinéraires », enfin la pointe de la flèche, c’est le poème. Dans l’entretien réalisé par la revue LisièresModèle:Sfn, il mentionne une autre métaphore, plus spatiale : Modèle:Citation. Ces métaphores impliquent une unité de mouvement (la flèche), ou une unité spatiale (la carte). Ainsi que le précise Christophe Roncato : Modèle:Citation. Ses poèmes sont souvent le reflet de ses voyages, et ils sont également nourris par les recherches qu’il mène pour ses essais. Ses livres de voyage, autant que ses essais, sont illustrés de poèmes, ceux des auteurs qu’il étudie autant que les siens. La pensée qu’il déploie dans ses essais n’est jamais « hors-sol » mais demeure reliée à sa biographie, à ses voyages et à sa poétique. Ce processus d’interpénétration et de synthèse vaut aussi pour la généalogie de ses livres. Ainsi, dans un essai, n’est-il pas rare de déceler les prémisses du prochain. Dans La Figure du dehors, la notion de nomadisme intellectuel est sous-jacente, dans L’Esprit nomade, la géopoétique est explicitement mentionnée, et dans l’ensemble de ses livres « le monde blanc », « le monde ouvert », et « le champ du grand travail » sont présents implicitement ou explicitement. Ce qui vaut pour les essais, vaut également pour le titre de ses livres. Ainsi, il est fréquent qu’un titre de livre soit la reprise du titre d’un chapitre d’un ouvrage préalable, ou vice versa, ou encore qu’apparaisse explicitement ce titre dans les livres antérieurs. Parmi d’autres, le titre Le Champ du grand travail, livre publié en 2003, apparaît précédemment, et ultérieurement, par exemple dans la section d’un chapitre du livre Lettres aux derniers lettrés publié en 2017.
Catherine Chauche analyse la langue poétique de Kenneth White, notamment à partir du philosophe Martin Heidegger et du linguiste Gustave Guillaume : Modèle:Citation. Analysant l'ouvrage Walking the cost (Le grand Rivage), elle écrit : Modèle:Citation.
Le prolongement
Une notion centrale dans son travail intellectuel est celle d’un processus qu’il nomme « le prolongement »<ref>Cette forme de critique littéraire se retrouve dans tous ses essais parmi lesquels : L'Esprit nomade, Le Plateau de l’albatros, Les Affinités extrêmes, Lettres aux derniers lettrés, etc.</ref>. À la manière dont André Breton, dès Le Manifeste du surréalisme, évoque les précurseurs du surréalisme au moyen de la formule « […] est surréaliste dans […] », Kenneth White dresse une généalogie de la géopoétique en évoquant les « grands prédécesseurs » qui de tout temps ont accompagné sa pensée. Tout en leur rendant hommage, il pousse leurs propos et déplace la ligne d’horizon de leur pensée au-delà de ses limites. Ainsi peut-il dire qu’il réfute la notion d’opposition pour lui préférer celle d’extension, de dépassement. Un tel travail implique rigueur et transparence. Il faut d’abord être assuré de comprendre la pensée d’un auteur, de n’en pas en déformer l’esprit mais d’en saisir les limites, éventuellement, les errements ou les égarements. Modèle:Citation<ref name=":5">Modèle:Lien web</ref>. Cette première étape demeure herméneutique. Puis, il s’agit de distinguer clairement ce qui appartient à la source, c’est-à-dire à l’auteur de référence, et, par ailleurs, de faire apparaître le « prolongement » que Kenneth White opère. Il utilise le mot « extravagance » pour indiquer ce qu’il ajoute à la pensée originale d’un auteur. Prolonger, en ce sens, n’est pas seulement aller plus loin, c’est aussi aller ailleurs, un ailleurs que l’auteur, pour plusieurs raisons, n’a pu atteindre. Lorsqu'il aborde la Weltliteratur de Goethe, Modèle:Citation<ref name=":5" />. Il remet en question cette croyance que « le développement se fait de l’intérieur vers l’extérieur » et qu’il faut réduire le monde, par les techniques, à l’utilitaire. : Il est à noter que ce travail que Kenneth White opère envers un auteur, il le mène également envers une nation, une société, voire une civilisation. Ainsi s’intéresse-t-il à ce qu’il appelle « le sommet des cultures ». Il tente, envers une culture, ou une période historique, d’en dégager une dynamique qui conduise l’esprit vers « un champ d’énergie ». Si un tel processus concerne en premier lieu le travail théorique des études et recherches qu’il mène dans ses essais, il n’est pas, pour autant, étranger à sa poésie.
La poétique de Kenneth White
De même qu’il réfute la masse des productions littéraires, Kenneth White est également critique envers la notion de poésie et sans doute plus encore envers le mot de poète. Sa conception de la poétique ne saurait se restreindre à l'écriture, mais consiste en une vision du monde : Modèle:Citation. Il apparaît comme un : Modèle:CitationModèle:Refnec. Au mot « œuvre », il préfère celui de travail. À celui d’auteur, il préfère le mot de chercheur (chercheur-trouveur). Une telle attitude s'explique par sa critique de l’« autoroute de l’Occident », formule de l'auteur citée par Christophe Roncato, et de « l'hypertrophie du moi », de l'ego de l'auteurModèle:Sfn. Il se rapproche en cela du philosophe Martin Heidegger qui place cette formule en épigraphe d'un de ses ouvrages : Modèle:Citation citée par Christophe RoncatoModèle:Sfn. Nombreux auteurs ont remarqué la prise de distance de Kenneth White envers le moi, et les formes conventionnelles de la « Poésie » <ref>Parmi lesquels, Michèle Duclos, Laurent Margantin, Pierre Jamet, etc.</ref>. Sa poésie est nourrie de son travail de pensée où la biographie s'entrelace à la question du lieu. Comme il le précise dans sa préface au livre Le Plateau de l’Albatros : introduction à la géopoétique : Modèle:Citation. La poétique qui intéresse Kenneth White dépasse radicalement la problématique de l’individu. L’expression du moi n’est pas son affaire. Il attend du travail poétique qu’il plonge l’être dans une profondeur de l’esprit et qu’il reste relié à la terre. Dès son premier livre en langue française, en 1964, il en indique les visées, l’horizon : Modèle:Citation. La méthode est donnée, cette « bataille » dont il est question, le « passage » qu’il faut se frayer est la tâche constante à laquelle il consacre sa vie et son œuvre. Ce cheminement ne se limite pas à la préoccupation d’un individu mais concerne un champ plus vaste qu’il précise ainsi : Modèle:Citation. Cette vision de la poétique se situe au-delà de l’esthétique : Modèle:Citation. Cette quête de réalité ramène le centre de gravité de la poétique à ses origines, tel que le poème de Parménide, par exemple, en est l’expression, évoqué ainsi par l’auteur : Modèle:Citation.
Catherine Chauche étudie et analyse la poétique de Kenneth White Modèle:Citation. Son étude est basée sur le long poème Walking the cost (Le Grand Rivage) dont elle cite le début en écrivant : Modèle:Citation.
Œuvres
Récits (prose narrative)
- Les Limbes incandescents (Denoël-Lettres nouvelles 1976, Denoël 1990)
- Dérives (Maurice Nadeau 1978, Le Mot et le Reste 2017)
- Lettres de Gourgounel (Les Presses d'aujourd'hui 1979, Grasset-Cahiers rouges 1986)
- Le visage du vent d'Est (Les Presses d'aujourd'hui 1980, Albin Michel 2007)
- L'Écosse avec Kenneth White (Flammarion 1980)
- La Route bleue (Grasset 1983 - prix Médicis étranger, Le Mot et le Reste 2017)
- Travels in the Drifting Dawn (Mainstream 1989)
- Les Cygnes sauvages (Grasset 1990, Le Mot et le Reste 2018)
- Pilgrim of the Void (Mainstream 1992)
- Corsica : l'itinéraire des rives et des monts, illustrations de Jacqueline Ricard (Les Bibliophiles de France 1998, La Marge 1999 )
- La Maison des marées (traduit de l'anglais par Marie-Claude White ; Paris, Albin Michel, 2005, 281 p. Modèle:ISBN) Modèle:Commentaire
- Across the Territories (Polygon 2004)
- Le Rôdeur des confins (Albin Michel 2006)
- La Carte de Guido : un pèlerinage européen (Albin Michel 2011)
- Les Vents de Vancouver : escales dans l'espace-temps du Pacifique Nord (édition Le Mot et le Reste 2014)
- La Mer des lumières (éditions Le Mot et le Reste 2016)
- La traversée des territoires : une reconnaissance (éditions Le Mot et le Reste 2017)
- L'archipel du songe : voyage transcendantal parmi les petites îles de l'Atlantique tropical (éditions Le Mot et le Reste 2018)
- Entre deux mondes : autobiographie (éditions Le Mot et le Reste 2021)
Poésies
Essais
Entretiens
- Le Poète cosmographe Entretiens Réunis par Michèle Duclos (Presses Universitaires de Bordeaux, 1987)
- Le Lieu et la parole Entretiens avec Gilles Plazy et autres auteurs 1987-1997 (Éditions du Scorff, 1997)
- Le Champ du grand travail, avec Claude Fintz (Didier Devillez Éditeur, 2003)
- L'Ermitage des brumes avec Éric Sablé (Dervy, 2005)
- Panorama géopoétique avec Régis Poulet (Éditions de La Revue des ressources, 2014)
Distinctions
- Prix du rayonnement de la langue et de la littérature françaises de l'Académie française 1985 pour l’ensemble de son œuvre
- Prix Alfred de Vigny 1987 pour Atlantica
- Prix Roger-Caillois 1998 pour l’ensemble de son œuvre
- Prix ARDUA 2002 pour l’ensemble de son œuvre
- Prix Édouard-Glissant 2004
- Docteur honoris causa de l’Open University de Grande-Bretagne (2005)
- Prix Breizh 2006 pour La Maison des marées et l’ensemble de son œuvre
- Prix Grinzane-Biamonti 2008 pour l’ensemble de son œuvre
- Prix de l'Académie française Maurice-Genevoix 2010 pour Les Affinités extrêmes
- Prix de poésie Alain-Bosquet 2011 pour Les archives du littoral (Mercure de France)
Notes et références
Notes
Références
Voir aussi
Bibliographie
- Michèle Duclos (éd.), Le Monde ouvert de Kenneth White, Presses universitaires de Bordeaux, 1995
- Jean-Jacques Wunenburger (éd.), Autour de Kenneth White. Espace, pensée, poétique, Centre Gaston Bachelard, 1996
- Olivier Delbard, Les lieux de Kenneth White : Paysage, pensée, poétique, L'Harmattan, 1999
- Pierre Jamet, Le local et le global dans l'œuvre de Kenneth White, L'Harmattan, 2002 Modèle:Commentaire
- Laurent Margantin (dir.), Kenneth White et la géopoétique, L'Harmattan, 2006
- Michèle Duclos, Kenneth White : nomade intellectuel, poète du monde, Ellug, Grenoble, 2006
- Collectif Europe juin-Modèle:Date- Modèle:N° : livraison consacrée à Nicolas Bouvier et Kenneth White
- Collectif, Horizons de Kenneth White, Littérature, pensée, géopoétique, Isolato, 2008
- Revue Poésie/première n° 82, pp. 23-60, Dossier "Vous avez dit Géopoétique ?", textes rassemblés par Pascal Mora, mai 2022.