Anne de Rochechouart de Mortemart
Marie Adrienne Anne Victurnienne Clémentine de Rochechouart de Mortemart, par son mariage (1867) duchesse d'Uzès puis (1894) duchesse douairière d'Uzès, est une pilote automobile et sculptrice française, née à Paris le Modèle:Date de naissance et morte au château de Dampierre, à Dampierre-en-Yvelines, le Modèle:Date de décès.
Biographie
Anne de Rochechouart de Mortemart est la fille de Louis (1809–1873), comte de Mortemart (dont le quintaïeul direct, Louis-Victor de Rochechouart<ref>C'est le duc de Vivonne dans les romans Angélique, dans les films Indomptable Angélique et Angélique et le Sultan, et dans le téléfilm La Reine et le Cardinal.</ref>, était le frère de Madame de Montespan), et de Marie-Clémentine de Chevigné (1818–1877) et l'arrière-petite-fille de Barbe-Nicole Clicquot-Ponsardin (1777–1866), surnommée « la grande dame de la Champagne » ou « la Veuve Clicquot », propriétaire de la maison de champagne du même nom, aux pieds de laquelle elle est représentée avec en arrière-plan le château de Boursault, dans le portrait fait par Léon Cogniet<ref>1850, collection du château de Brissac</ref>.
Après une enfance souffreteuse (on pensait qu'elle ne vivrait pas longtemps), elle devient duchesse par son mariage à Paris le Modèle:Date- avec Emmanuel de Crussol d'Uzès (1840-1878), duc de Crussol puis Modèle:12e duc d'Uzès en 1872.
Ils eurent quatre enfants :
- Jacques Marie Géraud (1868-1893), Modèle:13e d'Uzès en 1878, mort le Modèle:Date de décès- sans alliance ni postérité au Congo<ref>Le Voyage de mon fils au Congo, illustrations de Riou, 1894</ref> ;
- Simone Louise Laure (1870-1946), qui épousa en 1889 Honoré d'Albert de Luynes (1868-1924), Modèle:10e duc de Luynes et de Chevreuse, dont postérité ;
- Louis Emmanuel (1871-1943), Modèle:14e d'Uzès en 1893, qui épousa en 1894 Thérèse d'Albert de Luynes (1876-1941), dont postérité, et, qui après avoir divorcé en 1938 se remaria en 1940 avec une citoyenne américaine, Josephine Angela (1888-1965) ;
- Mathilde Renée (1875-1908), qui épousa en 1894 Modèle:Lien (1868-1944), Modèle:11e duc de Brissac, dont postérité (Pierre de Cossé Brissac).
Veuve dès 1878, elle eut la charge de l'éducation de ses enfants ; afin de sortir son fils aîné d'une vie oiseuse et débauchée - le jeune homme était l'amant de la comédienne Émilienne d'Alençon - sa mère organisa une expédition en Afrique dont elle lui confia le commandement, dûment assisté de plusieurs militaires d'expérience ; le jeune homme y contracta la maladie qui l'emporta en 1893 à l'âge de 25 ans.
Légitimiste puis fusionniste (donc orléaniste), la duchesse finança les activités politiques du général Boulanger, en espérant qu'il aiderait Philippe d'Orléans à rétablir la monarchie, et consacra à cette aventure une partie de sa fortune.
Elle entretint une relation amicale avec Louise Michel au retour de déportation de celle-ci<ref>Nos Ancêtres, Vie et métiers, Modèle:N°, mars-avril 2012, Modèle:P.</ref> et prit en charge, financièrement, l'éducation de Sidonie Vaillant, la fille de l'anarchiste condamné à mort et exécuté Auguste Vaillant.
Le Modèle:Date-, elle réchappa de l'incendie du Bazar de la Charité.
Elle organise le Modèle:Date- dans les jardins du Trocadéro une « Journée de l’Élégance et de la Dentelle » pour venir en aide aux marins bretons, avec la participation du chansonnier Théodore Botrel et de sa femme Léna, qui l'encadrant font la couverture du magazine Fémina du Modèle:Date-
La duchesse d'Uzès est, avec Camille du Gast, Modèle:Citation. Elle n'est pas la première femme à prendre le volant, mais, bien que ce point reste incertain, Modèle:Citation Par la suite, elle est également à l'origine de la création de l'Automobile Club féminin de France en 1926 (l'Automobile Club de France n'acceptant pas les femmes parmi ses membres) et en assume la présidence jusqu'à sa mort<ref>Les vice-présidentes en sont la baronne Henri de Rothschild et la duchesse de Gramont. Voir Modèle:Harvsp et Modèle:Harvsp.</ref>.
Enfin, elle est aussi, de longue date, réputée avoir été l'objet de la première verbalisation pour excès de vitesse<ref>Modèle:Lien web</ref>, au volant de sa Delahaye type 1. De fait, la presse du moment relate bien sa condamnation le Modèle:Date- par le tribunal de simple police de Paris, en compagnie de son fils, à Modèle:Unité d'amende pour un excès de vitesse commis au bois de Boulogne, à près de Modèle:Unité au lieu des Modèle:Unité maximum autorisés par l'ordonnance du Modèle:Date- sur la vitesse des automobiles Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp ainsi que Modèle:Harvsp et Modèle:Harvsp</ref>. Mais son cas n'est pas isolé et prend place dans un contexte bien particulier : en effet, cette même presse relève alors surtout que de nombreux autres conducteurs, masculins ceux-ci, sont au même moment mis à l'amende par ce même tribunal<ref>Le tribunal consacre la totalité des journées des 5, 6, 7 et 9 juillet à une quarantaine d'affaires d'excès de vitesse ; Modèle:Harvsp.</ref> et s'en alarme, non sans ironie, à l'image de Gil Blas qui écrit, sous le titre « Une Mode » : Modèle:Citation bloc Ce que Le Matin commente : Modèle:Citation Plus généralement, Modèle:Citation
En 1902 elle est élue présidente de l'Union des femmes peintres et sculpteurs.
Passionnée de chasse, la duchesse est la première femme lieutenant de louveterie<ref>Le duché d'Uzès : La maison de Crussol, deux personnages parmi d'autres</ref>. Maître de l'équipage de Bonnelles, en forêt de Rambouillet, elle participait chaque année au « Rallye Bonnelles » (rallye de chasse à courre) créé par son mari<ref>Photo</ref>.
Elle chassait aussi en compagnie du comte de Fels, constructeur du proche château de Voisins, à Saint-Hilarion (Yvelines), et des frères Albert, Gaston et Henri Menier, qui chassaient à courre en forêt de Villers-Cotterêts<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Chassant également en Anjou, elle séjourna chez sa famille par alliance au château de Brissac à Brissac-Quincé (Maine-et-Loire), où sa chambre habituelle porte encore son nom<ref>La duchesse d'Uzès femme de sport : lire en ligne</ref>.
Sensible à la cause animale, elle milita au sein de la Société protectrice des animaux jusqu'à ce que son amour de la chasse à courre l'en fasse exclure<ref>Nathalie Deux, Une Épopée de Légende, Books on Demand, 2009, 88 pages, Modèle:P.</ref>.
Elle fonda<ref>Écoutez-moi..., Modèle:1re année, Modèle:Numéro avec majuscule16, 30 juin 1934, Modèle:P.12 Modèle:BNFen ligne.</ref> en 1914 le Mémorial de France à Saint-Denys, dont elle fut la présidente puis la présidente d'honneur.
Pendant la Première Guerre mondiale, Maurice Marcille, [[Sous-lieutenant|médecin aide-major de Modèle:2e]], chirurgien convaincu de la nécessité de soigner au plus vite certaines plaies de guerre, obtient de sa riche amie, passionnée d’automobiles comme lui, qu’elle préside l'association "formations chirurgicales Franco-Russes" ayant pour but la création d'un centre de soins mobile, constitué de 3 à 4 camions transportant 4 équipes chirurgicales, 4 tables d’opération et du matériel de radiologie ; cette structure “autochirugicale”, permettait d’opérer jusqu’à 60 blessés par jour au plus près du front. C'est le prototype de ce qui deviendra les fameuses autochirs<ref>François Olier, Les autochirs (1914-1918), Genèse d'une épopée, Médecine et armées, 2002, vol. 30, no3, Modèle:P., ECPAD, ISSN 0300-4937 Référence en ligne version pdf</ref>
Elle a été chevalier, puis officier de la Légion d'honneur ; a reçu une mention honorable au Salon des artistes français. Elle était présidente-fondatrice de l'Automobile Club féminin de France, présidente de l'Œuvre dite des bons-enfants (protection des veuves et orphelins de la guerre de 14-18)<ref>Dossier sur la base Léonore, avec pièces biographiques</ref>.
Le peintre Gustave Jacquet en fit un portrait exposé au Salon de 1886, et Paul Helleu l'a représentée coiffée d'un tricorne Louis XV, probablement en tenue de chasse.
Résidences
Résidences parisiennes
- 1867-1880 : Hôtel de Vaudreuil, Modèle:N°, rue de la Chaise ([[7e arrondissement de Paris|Modèle:7e de Paris]]);
- 1880-1902 : Hôtel d'Espagne, puis d'Uzès, Modèle:N° avenue des Champs-Élysées, Paris (détruit) ; en 1880, la duchesse d'Uzès, veuve depuis 1878, décide de vendre l'hôtel familial de la rue de la Chaise pour s'installer rive droite, probablement pour se rapprocher du bois de Boulogne où elle monte à cheval et mène ses équipages quotidiennement. Elle fait l'acquisition de l'hôtel particulier construit pour la reine Marie-Christine d'Espagne (1806-1878) à l'emplacement d'une maison ayant appartenu à la duchesse de Caumont-La Force; il s'agit d'un hôtel entre cour et jardin, construit sur une parcelle de deux tiers d'hectare s'étendant jusqu'à la rue de Ponthieu et donnant sur l'avenue par une porte cochère. Elle l'achète pour Modèle:Nobr de francs, dont elle règle une partie en œuvres d'art (plusieurs toiles de Meissonier), à l'industriel suisse Secrétan, qui va s'installer rue Moncey. Le prix est jugé excessif pour un hôtel « médiocre et mal construit ». L'hôtel comporte des plafonds peints par Fortuny. Progressivement, la duchesse le modernise et en fait une des demeures les plus confortables de Paris : cette « demeure […] passait, vers 1900, pour être une des plus remarquables du Paris moderne […] Le salon de l'avenue des Champs-Élysées fut bientôt le rendez-vous de toutes les notabilités d'alors. Et la petite histoire a enregistré les entrevues mémorables qui eurent lieu ici entre la grande dame et le général Boulanger »<ref>André Becq de Fouquières, Mon Paris et ses Parisiens, vol. 1, Paris, Pierre Horay, 1953, Modèle:P.24</ref>. Elle y installe son atelier de sculpture<ref>Gmeline, Modèle:Op. cit. Modèle:P.93-94.</ref>. En 1902<ref>Becq de Fouquières, Modèle:Op. cit., Modèle:P.25</ref>, la duchesse d'Uzès vendit l'hôtel à Georges Dufayel (1855-1916), propriétaire des « Grands Magasins Dufayel » (26, rue de Clignancourt) depuis 1892, amateur d'art et collectionneur, domicilié au Modèle:Nobr de l'avenue. L'hôtel d'Uzès fut démoli en 1905 et remplacé par un nouvel hôtel particulier construit par l'architecte Gustave Rives<ref>Félix de Rochegude, Promenades dans toutes les rues de Paris. {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | VIIIe{{#if:| }} }} arrondissement, Paris, Hachette, 1910, Modèle:P.86. Deux permis de construire ont été délivrés les Modèle:Date (hôtel particulier de deux étages) et Modèle:Date (bâtiment de communs de trois étages).</ref>.
- 1902-1933 : Hôtel d'Uzès, Modèle:N°, rue de Courcelles, Paris (détruit). En 1902, après avoir vendu l'hôtel de l'avenue des Champs-Élysées, la duchesse fit l'acquisition de quatre hôtels particuliers situés dans le même carré de rues en bordure du parc Monceau<ref>Patrick de Gmeline, La duchesse d'Uzès, Paris, Perrin, 2002, Modèle:P.358</ref>. Elle emménagea elle-même au Modèle:N°, rue de Courcelles<ref>Rochegude, Modèle:Op. cit., Modèle:P.61</ref>. Les Luynes s'installèrent dans l'hôtel contigu et communicant du Modèle:N°. Les Brissac s'installèrent au Modèle:N°, rue Murillo et les d'Uzès au Modèle:N°, avenue Van-Dyck<ref>« Le fief Greffulhe de la rue d'Astorg, avec les demeures communicantes des de L'Aigle, des Montmort, des Guiche et des Arenberg, eut une réplique […] lorsque la duchesse d'Uzès, abandonnant les Champs-Élysées, fit acquérir non seulement les hôtels du côté des numéros pairs de l'avenue Van-Dyck, mais aussi ceux de la rue de Courcelles et de la rue Murillo qui les joignent. Dès lors entre ces demeures s'établirent des communications : il y eut un étage Luynes et un étage Uzès. Au cœur de ce complexe de pierres, tout animé de vie mondaine, subsistait un ilôt de quiétude : le couvent des religieuses anglaises. C'est d'ailleurs aujourd'hui (1954) tout ce qui reste de cet heureux temps. » (André Becq de Fouquières, Mon Paris et ses Parisiens. II. Le quartier Monceau, Paris, Pierre Horay, 1954, Modèle:P.188).</ref>.
- Atelier d'artiste rue Poncelet (Paris, [[17e arrondissement de Paris|Modèle:17e]])
Maisons de campagne
- Château de Bonnelles (Yvelines) ;
- Château de Dampierre (Yvelines) ;
- Château de La Celle à La Celle-les-Bordes (Yvelines) ;
- Château de Boursault à Boursault (Marne) ;
- Château de Villette à Ménestreau-en-Villette (Loiret) ;
- Île Berder à Larmor-Baden (à partir de 1920).
Action politique
Elle fut la principale source de financement de la campagne du général Boulanger de 1887 à 1890<ref>Jean Ajalbert, Les amants de Royat</ref>.
Elle soutint également la Fédération nationale des Jaunes de France, syndicat qui s'opposait aux socialistes, était hostile à la grève et promouvait la collaboration entre les classes sociales (ce nom de « jaune » fut ensuite donné aux ouvriers qui dénonçaient aux patrons leurs collègues grévistes)<ref>Les Cahiers du CESA / Cercle d’Etudes Sociales Angevin - n° 8 - Novembre 2014.</ref>.
Sculpture
La duchesse prit le nom d'artiste de Manuela, qu'elle donna également à son yacht à vapeur<ref>Duc de Brissac, En d'autres temps, éd. Grasset, 2003, Modèle:ISBN</ref>.
Elle se choisit des maîtres prestigieux : Alexandre Falguière, membre de l’Académie des beaux-arts ; Antonin Mercié, sculpteur animalier, grand prix de Rome ; Auguste Cain, sculpteur animalier ; ainsi que le peintre et sculpteur Jean-Léon Gérôme, également membre de l’Académie des beaux-arts.
En 1900, le peintre lorrain Adolphe Demange lui dédicaça son tableau la représentant travaillant à la statue monumentale de Jeanne d'Arc par son maître Falguière<ref>La Revue illustrée, Yvan de Woestyne, La Jeanne d'Arc de Manuela, Modèle:P., Paris, 1888</ref>, dédicace faite dans l'atelier de celui-ci<ref>Drouot, tableau de A. Demange</ref>,<ref>Page en anglais sur ce sujet, avec photos</ref>.
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Saint Hubert sculpté en 1889 dans la crypte de la Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre.
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Le poète Gilbert, statue inaugurée à Fontenoy-le-Château en 1898.
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Statue de Jeanne d'Arc à Mehun-sur-Yèvre.
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Monument aux morts de Bonnelles.
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Notre-Dame de Poissy, 1892, inspirée du sceau du chapitre collégial.
Œuvre littéraire
- Le cœur et le sang, drame en 3 actes, sous son pseudonyme de Modèle:Mme Manuela (1890) ;
- Le voyage de mon fils au Congo (1894)<ref>Lire en ligne</ref> ;
- Histoires de chasse par Madame la Duchesse d'Uzès née Mortemart, aquarelles de Maurice Leloir (Éditions d'art de la Phosphatine Fallières, 1907)<ref>IDREF</ref> ;
- Paillettes grises (A. Lemerre, 1909) ;
- Rêver (page manuscrite datée de 1909)<ref>Lire en ligne (fac-simile)</ref> ;
- Poèmes de la duchesse Anne (La Poétique, 1911) ;
- Paillettes mauves (A. Lemerre, 1922) ;
- Souvenirs de la duchesse d'Uzès, née Mortemart, préface de son petit-fils le comte de Cossé-Brissac (Plon, 1939).
Notes et références
Voir aussi
Sources et bibliographie
- Modèle:Chapitre.
- Modèle:Lien web.
- Modèle:Article.
- Modèle:Article.
- Modèle:Article.
- Modèle:Article.
- Modèle:Ouvrage.
- Modèle:Ouvrage.
- Modèle:Ouvrage.
- Souvenirs de la duchesse d'Uzès, née Mortemart (Plon, 1939) [1], préface de son petit-fils, le comte de Cossé-Brissac (l'historien Philippe de Cossé-Brissac [2]).
- Duc de BrissacModèle:Lequel, La duchesse d'Uzès (Gründ, 1950).
- Patrick de Gmeline, La Duchesse d'Uzès (Perrin, 1986-2002) Modèle:ISBN.
- Jean Huon, La duchesse d'Uzès et la chasse à courre (Crépin-Leblond éditions) Modèle:ISBN.
- Simone Lheureux, Vie et passions d'Anne de Crussol, duchesse d'Uzès (Lacour, 1989) Modèle:ISBN
- Modèle:Ouvrage
- Modèle:Ouvrage.
- Pierre de Cossé Brissac, La duchesse d'Uzès, Paris, Gründ, 1950.
- Anne Vié, Le Duché d'Uzès, Du Boumian, 2001.