Bruno Latour
Modèle:Voir homonymes Modèle:Infobox Biographie2
Bruno Latour, né le Modèle:Date de naissance à Beaune et mort le Modèle:Date de décès<ref>Modèle:Lien web</ref> à Paris<ref>Modèle:Lien web</ref>, est un sociologue, anthropologue, théologien et philosophe des sciences français.
Après avoir été assistant de Jean-Jacques Salomon au CNAM, puis avoir enseigné à l'École des mines de Paris, de 1982 à 2006, il devient en Modèle:Date professeur à l'Institut d'études politiques de Paris. En Modèle:Date, il devient directeur scientifique et directeur adjoint de Sciences-Po. En 2009, il participe à la création du laboratoire de recherche interdisciplinaire médialab<ref>Voir sur medialab.sciences-po.fr. Le médialab Sciences-Po est un laboratoire de moyens numériques centré sur des données engendrées par les nouvelles technologies de l’information et de la communication ; d’où son nom. Son objectif est d’inscrire les sciences sociales dans les nouvelles pratiques numériques.</ref>. En 2010, il initie, au sein de Sciences-Po, le programme d'expérimentation en arts et politique (SPEAP).
Connu pour ses travaux en sociologie des sciences, il a mené des enquêtes de terrain où il observe des scientifiques au travail et décrit le processus de recherche scientifique d'abord comme une construction sociale<ref>Notamment dans Modèle:Harvsp.</ref>. Il a également mis en cause l'exclusivité des matériaux « sociaux » dans la « construction » des faits scientifiques, abandonnant le constructivisme social pour une théorie plus large de l'acteur-réseau<ref>Voir à ce propos son ouvrage intitulé Changer de société, refaire de la sociologie, Paris, La Découverte, 2006 (Modèle:1re en anglais, 2005).</ref>. En 2007, Bruno Latour est classé parmi les dix chercheurs les plus cités en sciences humaines<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Il jouit d'une certaine notoriété dans le monde académique anglophone, où une journaliste l'a une fois décrit comme Modèle:Citation.
Ses ouvrages les plus connus sont La Vie de laboratoire (1979), La Science en action (1987), Nous n'avons jamais été modernes (1991) et Politiques de la nature (1999). Parmi ses principales influences, on peut mentionner Michel Serres. Bruno Latour fut membre du comité d'orientation de la revue Cosmopolitiques.
Biographie
Bruno Latour se présente dans son livre Où atterrir comme issu d'une famille bourgeoise et provinciale de négociants en vins de Bourgogne<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Il découvre la philosophie en classe de terminale, et le coup de foudre est immédiat<ref name="Truong"/>. Jeune étudiant catholique, il milite au sein de la Jeunesse étudiante chrétienne, et se dit très influencé par Charles Péguy<ref name="Truong"/>. C'est d'ailleurs en théologie qu'il soutient sa thèse à l'université de Tours en 1975, intitulée Modèle:"<ref>Modèle:Lien web</ref>.
À la fin des années 1970, il est assistant de Jean-Jacques Salomon au Conservatoire national des arts et métiers, avant d'être nommé à l'École des mines de Paris, où il restera en poste de 1982 à 2006. En Modèle:Date, alors en pleine gloire, il est nommé professeur à l'Institut d'études politiques de Paris, dont il devient directeur scientifique en Modèle:Date.
Marié à la musicienne Chantal Latour (avec laquelle il a parfois travaillé), il est le père de Chloé et Robinson, artistes<ref name="Truong">Modèle:Lien web. </ref>.
Premières recherches
Modèle:Section à sourcer Agrégé de philosophie<ref name="EU">Pascal Ragouet, « Bruno Latour », dans Modèle:Lang, en ligne.</ref>, Bruno Latour a été profondément influencé par la pensée de Michel Serres. Il s'intéresse à l'anthropologie et entreprend en guise de service militaire une enquête de terrain dans un laboratoire de l'ORSTOM en Côte d'Ivoire à Abidjan<ref name="EU" /> dont le résultat est une brève monographie sur la décolonisation, la notion de race et les relations industrielles. Parallèlement, il mène une recherche sur l'exégèse biblique des textes portant sur la résurrection pour une thèse de troisième cycle<ref name="EU" />.
Ses travaux se concentrent ensuite sur le travail des scientifiques dans leur laboratoire. À l'été 1976, lors d'une conférence à Berkeley, il rencontre par hasard Steve Woolgar avec qui il publie en 1979 : Modèle:Lang (traduit en français en 1988 sous le titre La Vie de laboratoireModèle:Sfn). Dans cet ouvrage, les deux auteurs entreprennent une étude ethnologique d'un laboratoire de recherche spécialisé en neuroendocrinologie au [[Salk Institute for Biological Studies|Modèle:Lang]] de San Diego. Ils montrent que la description naïve de la méthode scientifique selon laquelle la réussite ou l'échec d'une théorie dépendent du résultat d'une seule expérience ne correspond pas à la pratique réelle des laboratoires. Généralement, une expérience produit seulement des données peu concluantes, attribuées à un défaut du dispositif expérimental ou de la procédure. Ainsi, une grande partie de l'éducation scientifique consiste à apprendre comment trier les données qui doivent être gardées et celles qui doivent être rejetées, un processus qui, pour un regard extérieur « non éduqué », peut être perçu comme une manière d'ignorer les données qui contredisent l'orthodoxie scientifique.
Latour et Woolgar proposent une vision hétérodoxe et controversée des sciences. Ils défendent l'idée que les objets d'étude scientifiques sont « socialement construits » dans les laboratoires, qu'ils n'ont pas d'existence en dehors des instruments de mesure et des spécialistes qui les interprètent. Plus largement, ils considèrent l'activité scientifique comme un système de croyances, de traditions orales et de pratiques culturelles spécifiques.
Autres études de cas
Après un projet de recherche sur la sociologie des primatologues, Bruno Latour poursuit ses recherches entreprises dans La Vie de laboratoire avec Les Microbes : Guerre et paix (1984). Il y raconte la vie et la carrière de Louis Pasteur et sa découverte des micro-organismes à la manière d'une biographie politique. Il met en lumière les forces sociales qui interviennent dans la carrière de Pasteur et la façon dont ses théories sont finalement acceptées par la société. En donnant des raisons d'ordre idéologique pour expliquer l'accueil plus ou moins favorable du travail de Pasteur selon les milieux, Latour cherche à saper l'idée selon laquelle l'acceptation ou le rejet des théories scientifiques est essentiellement, ou même habituellement, de l'ordre de l'expérience, de la preuve ou de la raison, ce qui lui vaut régulièrement des accusations de « relativisme »<ref>Il existe des références critiques plus anciennes sur Latour - antérieures à l'affaire Sokal, chercher article de F-A. Isambert sur le programme fort en sociologie des sciences, 1985.</ref>.
Un autre ouvrage, Aramis ou l'Amour des techniques (1992) se concentre sur l'histoire du projet raté de métro Aramis.
Latour applique également sa méthode au monde du droit en rendant compte des travaux du Conseil d'État dans La Fabrique du droit (2002), qu'il met en perspective avec ses précédentes études sur les modes concrets de production des théories scientifiques.
En 2010, il participe à la fondation du projet théâtral Gaia Global Circus. Dans ce cadre, il crée la pièce Cosmocolosse en collaboration avec Frédérique Aït-Touati et Chloé Latour. Elles mettent en scène en 2013 la pièce Gaia Global Circus écrite par Pierre Daubigny et basée sur les travaux du projet du même nom<ref name="gaia-global-circus">Modèle:Lien web.</ref>. Bruno Latour a relancé l'hypothèse Gaïa, disant que la Terre n'a pas seulement un mouvement, mais aussi un comportement propre, susceptible de réagir au comportement des humains. Des idées de ce type sont également développées par Philippe Descola. Sur ce thème, et plus généralement sur l'écosophie, Bruno Latour travaille également avec Emanuele Coccia et ses recherches philosophiques sur la nature du vivant, Vinciane Despret pour la pratique d'une philosophie de terrain, ou Émilie Hache et l'écoféminisme, facilitant les travaux en commun de ces personnes<ref>Modèle:Article.</ref>.
Travaux théoriques
Modèle:Section à sourcer Bruno Latour se tourne ensuite vers des travaux plus théoriques et programmatiques. À la fin des Modèle:Nobr, il devient un des principaux défenseurs de la théorie de l'acteur-réseau aux côtés notamment de Michel Callon et de John Law. Ses ouvrages plus théoriques comprennent La Science en action, L'Espoir de Pandore, et Nous n'avons jamais été modernes.
Latour s'inscrit dans une tradition philosophique qu'il qualifie de « non-moderne », par opposition aux modernes et aux postmodernes. Il s'intéresse à l'opposition entre les « objets » (ultimes, qu'on peut lancer à la tête du conférencier) et les « choses » (qui s'imposent à nous Modèle:Incise).
Bruno Latour se situe dans une opposition frontale (et à l'occasion violente) à la tradition critique et marxiste qui alors régnait sur les sciences sociales, incarnée par Pierre Bourdieu (1930-2002). Tous deux se sont régulièrement affrontés par articles interposés, et leurs disciples respectifs nourrissent une animosité manifeste<ref name="à qui Latour ?"/>.
Ses conceptions sur les « non-humains » l'amènent à élaborer un véritable programme d'écologie politique. Notant l'impact des découvertes scientifiques sur l'organisation de la société, il souhaite que la Constitution du pays prenne en compte non seulement les humains mais aussi les « non-humains ». À cette fin, il propose la création d'un « parlement des choses », dans lequel les choses seraient représentées par des scientifiques ou des personnes reconnues pour leur compétence dans un champ particulier, au même titre que les députés traditionnels représentent aujourd'hui les citoyens<ref>Voir une présentation concrète de ce « Parlement des choses » dans un article de Bruno Latour, publié dans Le Monde en 2003.</ref>.
Dans un texte intitulé « Le « pédofil » de Boa Vista. Montage photo-philosophique » (dans Petites leçons de sociologie des sciences), Latour propose une caractérisation de la démarche scientifique qui produit et entretient une chaîne réversible d'opérateurs, traversant la distance de la réalité à sa représentation. La justification Modèle:Incise est donc intérieure et transversale, et non pas comme dans les modèles traditionnels « à deux pôles », extérieure et latérale.
En 1990, la version anglaise de La Science en action fait l'objet d'une critique acerbe de la sociologue des sciences américaine Olga Amsterdamska, dans un texte intitulé Modèle:Citation<ref>Modèle:Article.</ref>, et qui fit date<ref name="Gingras"/>.
En 1997, Latour a fait partie des intellectuels mis en cause dans le livre d'Alan Sokal et Jean Bricmont, Impostures intellectuelles aux côtés de Jacques Lacan, Julia Kristeva, Luce Irigaray, Jean Baudrillard, Gilles Deleuze, Félix Guattari et Paul Virilio. Les deux auteurs critiquent en particulier son utilisation de la théorie de la relativité<ref>Voir par exemple la référence d'Alan Sokal à l'interprétation de Bruno Latour dans l'article parodique qui est à l'origine de cette affaire : {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} « Modèle:Lang », Modèle:Nobr.
- Voir aussi Jean Bricmont, « La vraie signification de l'affaire Sokal », dans Le Monde.
- Réponse de Bruno Latour à Bricmont, « Y a-t-il une science après la Guerre Froide ? », qui comprend également une analyse de l'« affaire Sokal », dans Le Monde, Modèle:Date-.</ref>.
En 2001, dans son tout dernier cours au Collège de France, le sociologue Pierre Bourdieu s'associait à son collègue Yves Gingras<ref name="Gingras"/> pour dénoncer la fausse radicalité de la tendance de sociologie des sciences illustrée par Bruno Latour et ses collègues, qui selon lui soulèvent avec fracas de faux problèmes et avancent par « une série de ruptures ostentatoires » surtout destinées à promouvoir leurs carrières<ref name="Bourdieu">Modèle:Ouvrage. </ref>.
Sciences Po, École des Arts politiques (SPEAP)
Bruno Latour a participé à la création du double-diplôme en sciences et sciences sociales entre Sciences Po et l'université Pierre-et-Marie-Curie (Sorbonne Université à partir de 2018). Ce cursus est remplacé à la rentrée 2020 par le Bachelor of arts and sciences (BASc).
En Modèle:Date- au Centre Pompidou dans le cadre du cycle de conférences Éloquence et démonstration<ref>Modèle:Lien web.</ref>, Bruno Latour annonce officiellement la création du master SPEAP : Sciences-Po Programme d'expérimentation en arts et politique<ref>Modèle:Lien web</ref>. Cofondée avec Valérie Pihet<ref>Directrice exécutive du SPEAP, collaboratrice de Bruno Latour depuis 2002, Valérie Pihet assure la coordination et la réalisation des expositions Modèle:Lang, Modèle:Lang (ZKM, 2002) et Modèle:Lang (ZKM, 2005). Elle participe en 2009 à la création et au développement du médialab de Sciences-Po.</ref>, cette proposition originale et pluridisciplinaire se propose de réarticuler les liens entre les arts, les sciences et la politique. Le Centre Pompidou et The [[Harvard Graduate School of Design|Modèle:Lang]], saluent et soutiennent le caractère innovant et expérimental de ce programme de rechercheModèle:Refnec. Depuis la rentrée 2011, SPEAP accueille, chaque année, une vingtaine de jeunes artistes, chercheurs ou professionnels<ref>Bruno Latour : Modèle:Citation</ref> qui collaborent sur des projets réels en convoquant les pratiques artistiques et celles des sciences humaines. La création de SPEAP s'inscrit dans une volonté de Sciences Po pour faire des arts un véritable outil de compréhension du monde contemporain. Latour rédige alors « Il n'y a pas de monde commun il faut le composer »<ref>Modèle:Lien web.</ref>, un extrait du Manifeste compositionniste ; pour une école des arts-politiques. Depuis 2014, le programme SPEAP est dirigé par Frédérique Aït Touati entourée d'Emanuele Coccia, de Jean-Michel Frodon, cofondateur du programme, Donato Ricci<ref>[1]</ref> et Estelle Zhong Mengual<ref> [2]</ref>.
Philosophie
Ontologie latourienne
Latour dit s'adonner à Modèle:" moderne<ref>Latour, 2010. "Coming out as a philosopher", Social Studies of Science, 40, 4, Modèle:P..</ref>. Il définit de nouvelles propriétés essentielles et accidentelles du réel.
Selon lui, le monde se compose de nombreux modes d'existence (parfois nommés Modèle:"). Au cours de sa carrière, Latour dit en avoir Modèle:" : ainsi la science, le droit, la technologie, la politique, la reproduction et la religion. Chacun de ces modes d'existence a Modèle:". La vérité qu'il libère n'empiète pas sur celle des autres modes. Voilà pourquoi on ne peut parler que scientifiquement de science et religieusement de religion. La pire des erreurs consiste en la confusion des modes d'existence (ce qui a été l'erreur des modernes).
Par des Modèle:", nous essayons d'atteindre la vérité de chaque mode d'existence particulier. Mais la pertinence de ces traductions n'est pas constante, elle varie: les Modèle:" (ou de vérité) permettent d'avancer correctement ; à l'opposé, les Modèle:" nous égarent. Chaque mode d'existence a, pour ainsi dire, ses propres Modèle:". La technologie et la politique, par exemple, Modèle:"<ref>Latour, 2009. "Will non-humans be saved? An argument in ecotheology", Journal of the Royal Anthropological Institute, 15, 3, p. 459-475.</ref>.
La raison est Modèle:"<ref>Latour, 2009. "Will non-humans be saved? An argument in ecotheology", Journal of the Royal Anthropological Institute, 15, 3, p. 465.</ref>.
Sous cet angle, l'aspect disparate de l'œuvre de Latour prend une tout autre forme. Son objectif premier, dit-il, était de mettre en évidence différents modes d'existence. Aramis ou L'amour des techniques (1992) et La fabrique du droit : une ethnographie du Conseil d'État (2002) ont défini la technologie et le droit comme deux contrastes.
Qu'advient-il lorsque les contrastes ne sont pas respectés ? On plonge dans l'incompréhension et dans l'incapacité à tenir un discours authentique.
Pour Latour, nous sortons précisément d'une de ces périodes. La modernité a occulté différents modes d'existence, dont la reproduction, la science (véritable) et la religion. Notons que tous les modes d'existence n'ont pas été mis à mal par l'erreur des modernes. Le droit n'a pas été affecté et a toujours gardé Modèle:". Pour retrouver le vrai, notre monde globalisé doit abandonner des concepts délétères et une série de dichotomies illusoires. La première d'entre elles, et la plus pernicieuse, est l'opposition entre matière et esprit, qui se décline sous différentes formes: objet/sens, corps/âme, immanence/transcendance<ref name="Latour, 2009 p471" />. De là découlent d'autres distinctions comme celle séparant le savoir et la croyance, autrement dit la science et la religion (au sens moderne). Si ces concepts furent invoqués pour Modèle:" et commettre des crimes, ils ont avant tout plongé l'homme dans le brouillard. Latour fait œuvre d'historien. Il divise le passé en périodes, qui virent l'humanité s'éloigner ou s'approcher de la vérité.
Prémodernité
Le monothéisme n'a pas défini un monde naturel dépourvu de transcendance, dont il faudrait se détacher pour « progresser dans la vie spirituelle »<ref name="Latour, 2009 p471" />. Cette idée de Jan Assmann manque de recul. L'égyptologue allemand n'a pas été capable d'historiciser l'immanence et la transcendance. Latour soutient toutefois l'idée que la « division mosaïque » établit « une différence absolue (non relative) entre le vrai et le faux ». La religion est un mode d'existence dont la conscience est bien antérieure à la modernité. D'après Latour, à l'époque des Pères de l'Église, le message chrétien prenait en compte toute la Création : humains et non-humains compris (par « non-humain », Latour entend les organismes vivants, mais aussi ce que les modernes considéraient comme de la « matière inerte »).
Modernité
La modernité commence avec ce que l'historiographie a appelé « la révolution scientifique du 17e siècle ». Il s'agit d'un tournant décisif. Cette période voit l'émergence de « l'énonciation scientifique », dont la portée réelle restera occultée jusqu'à nos jours.
En opposant la res extensa à la res cogitans, Descartes a plongé les modernes dans un dualisme séparant la matière et l'esprit. Une distinction lourde de conséquences… Latour évoque aussi John Locke comme l'instigateur de la modernité<ref>Latour, 2010. "Coming out as a philosopher", Social Studies of Science, 40, 4, p. 604.</ref>. La nature se réduit à présent au « monde matériel ». Elle est l'objet du savoir, que seule la science est capable d'établir. La religion, séparée de la nature, se replie sur l'âme et le surnaturel. Elle relève désormais de la croyance. Elle peut toujours parler du monde, mais elle a perdu « toute prétention à influencer le cours des événements. Son impact ne sera que décoratif. » En adhérant à cette « vision scientifique du monde », les modernes ont fait preuve d'un manque fondamental de sens critique et les conséquences en furent désastreuses : l'opposition entre savoir et croyance plongea l'Occident dans l'obscurité. Si les modernes réussirent à montrer que « rien n'est hors de portée des chaînes de référence », il se rendirent aussi « coupables d'un péché » : celui d'avoir travesti les « transformations » nécessaires aux découvertes scientifiques. En masquant les biais qu'implique chacune des expériences, ils ont fait passer leurs résultats pour apodictiques. Dans cette perspective, le projet anthropologique de Latour prend tout son sens, cf. notamment La Vie de laboratoire (1979).
Latour poursuit : Modèle:Citation En effet, les non-humains furent exclus du salut, de la résurrection. L'anthropocentrisme des humanistes préfigure déjà cette rupture. « Incapables de digérer le choc de la science », les églises chrétiennes virent leur domaine se rapetisser : de toute la Création, il se réduisit à l'âme humaine. La religion essaya par ailleurs d'aborder le surnaturel en imitant les instruments scientifiques : la confusion des « régimes d'énonciation » était donc totale.
Les physiciens ont vulgarisé le concept de matière, sans considérer l'abîme entre nos moyens de connaître le monde et les façons qu'il a de se comporter. Si les chimistes et les ingénieurs étaient déjà conscients de ce décalage, leur avis demeura étouffé par l'aura de la physique. La révolution se produisit lorsque les naturalistes se penchèrent sur l'évolution biologique. En énonçant la théorie de la sélection naturelle, Charles Darwin mit en évidence l'hybridité de la matière (Référence et Reproduction). Autrement dit, Darwin permit de discerner un décalage entre notre discours sur les animaux et la force qui les anime : Modèle:Citation.
Cependant, les conséquences métaphysiques de la théorie de l’évolution ne furent pas clairement énoncées : « Plus de cent cinquante ans après ses découvertes, la conscience publique n’a toujours pas été imprégnée par la pleine originalité de la pensée de Darwin ». Elle a même été occultée, « non seulement par les prétendus créationnistes, mais aussi par les néodarwinistes ». Seul Jakob von Uexküll (et avant lui Alfred North Whitehead) sut la reconnaître et la poursuivre : avec l’Umwelt, il rompit définitivement avec la nature des modernes. Si elles partagent le même environnement, les espèces vivent dans leur « monde propre ». Celui-ci se redéfinit continuellement au fil de l’évolution. Cet élément est fondamental : « L’organisme et le milieu ne constituent pas deux éléments extérieurs l’un à l’autre, mais un système de relations étroites »<ref>Florence BURGAT, « Animalité », Encycopædia Universalis [en ligne], http://www.universalis-edu.com.proxy. bi b.ucl.ac.be:8888/encyclopedie/animalite/ (Page consultée le 7 février 2015)</ref>.
Intuitivement, les créationnistes ont perçu un problème dans l'interprétation classique du darwinisme, mais ils "n'ont pas été capables d'expliquer la raison de leur malaise" face à l'interprétation classique du darwinisme. Par ailleurs, ils ont vu la nécessité de reconnecter la religion au monde. Ils commirent pourtant une erreur fondamentale en acceptant la notion de nature. Ils cherchèrent dans le discours religieux une explication scientifique, et se condamnèrent ainsi à l'échec. L'histoire, précise Latour, n'a jamais connu "d'incompréhension plus profonde de la religion".
Latour distingue les darwinistes, c’est-à-dire ceux qui ont véritablement compris la théorie de l’évolution, des néodarwinistes. Ces derniers sont, pour lui, assez proches des créationnistes. En effet, la cause finale de l’Intelligent Design ne s’apparente-t-elle pas à la force aveugle du hasard ? Dans les deux cas, « les organismes sont effacés en tant qu’acteurs individuels », ils sont conduits vers un optimum par une force supérieure. « Les deux métaphores sont fermement ancrées dans l’idéologie du faire et du mécanisme. Elles n’ont pas abandonné la res extensa : […] l’organisme reste “dans la nature”, et non pas dans son Umwelt. »
Quant aux chrétiens non créationnistes, ils « ont essayé d’éviter les liaisons compliquées avec les sciences […] en limitant leur message soit à l’âme intérieure, soit au surnaturel ». Ils sont donc encore plus blâmables que les défenseurs de l’Intelligent Design, car ils ont abandonné l’univers entier par manque de courage.
Période actuelle et crise écologique
La modernité, prisonnière de la nature, touche à sa fin. « Quelque chose de radicalement différent se met en place. » Un monde nourri de valeurs nouvelles apparaît. Latour détaille les phénomènes qui participent à ce changement paradigmatique. Les crises environnementales ont attiré l’attention sur les non-humains. L’écologie n’a pas provoqué un retour de la nature : elle a, au contraire, montré la nécessité d’abandonner cette notion et de recourir à l’Umwelt. L’anthropologie des sciences, dont Latour s’est fait le chantre, a dévoilé comment les savants construisent les faits. La crise écologique et les Science and technology studies ont révélé les égarements des modernes. Débarrassée de la nature, la religion peut récupérer son domaine légitime : la Création tout entière. C’est la fin d’un conflit qui, pendant trois siècles, a privé le monde du sens apporté par « l’énonciation » religieuse ! L’opposition entre croyance et savoir se dissout. Le message chrétien retrouve son universalité (Religion), la science sa juste place (Référence). Les travaux de Darwin prennent toute leur valeur (Reproduction). Une nouvelle ère commence.
La crise écologique sonne le glas d’un monde que nous avons connu. Pour relever ces défis, il fallait redonner à la religion sa légitimité sur le monde. Autrement, personne ne lui aurait accordé du crédit. C’était l’un des enjeux d’une rupture avec l’ontologie moderniste ! Comment agir ? Latour s’oppose aux courants qui s’entêtent à « conserver la nature ». Nous devons accepter les transformations et leurs effets, il est vain de s’y opposer. Le moment n’est pas venu de « trahir l’éthos progressiste du modernisme ». Au contraire, il faut redoubler d’efforts et dépasser les « limites de la notion de limites ». La technique nous a plongés dans ce chaos, c’est par elle que nous en sortirons. « Pouvons-nous imaginer un Docteur Frankenstein qui ne fuirait pas d’horreur devant la créature qu’il a commencé par rater Modèle:Incise » Latour a l’espoir de redresser la situation. Cet espoir vient du christianisme, qui soutient avec « confiance » la « transformation artificielle des biens terrestres ». La religion ne rejette pas la technique. Au contraire, l’Eucharistie, en elle-même, symbolise un moment de transformation artificielle, voire scientifique, ajoute Latour. D’ailleurs, « l’appel à tout renouveler, ici et maintenant, et dans ce monde, est avant tout une passion religieuse ».
Il existe pourtant une fin que l’on ne peut repousser perpétuellement. La résurrection sera alors la réponse. « La “création” pourrait désigner ce que l’on obtient quand la Reproduction et la Référence sont saisis par le besoin religieux radical de transformer ce qui est donné en ce qui doit être complètement renouvelé. » La résurrection aboutira donc à une nouvelle création. Comme elle concerne le monde dans sa totalité, la résurrection fera rejaillir un univers complet. Dans cette citation, Dieu prend-t-il la forme du « besoin religieux radical » ? Si les non-humains ont émergé des éons, alors Dieu est bien à l’origine de tout. Création et Reproduction sont animées par la Créativité. Par là, Latour dit que Dieu est présent dans toute chose. Ainsi, c’est sans doute, en tant que découvreur de la Reproduction, et donc d’une facette de Dieu, que Latour fait de Darwin un « Père de l’Église ».
Prises de position dans le débat public
En Modèle:Date-, alors que Nicolas Sarkozy provoque l'indignation du monde académique par sa Loi relative aux libertés et responsabilités des universités, Bruno Latour écrit une tribune dans Le Monde<ref name="Autonomie">Modèle:Lien web. </ref> pour prendre la défense de Valérie Pécresse. Cette tribune, à contre-courant, venant d'un chercheur qui n'a jamais travaillé à l'université, interloque, et plusieurs de ses collègues s'étonnent de voir Modèle:"<ref name="Bruno Latour ou la nouvelle bureaucratie de marché ">Modèle:Lien web. </ref>.
En Modèle:Date-, au moment du renouvellement de l'équipe dirigeante de l'Institut d'études politiques de Paris, Bruno Latour défend dans le quotidien Le Monde le bilan et l'ambition de Richard Descoings et de son successeur Hervé Crès au moment où celui-ci est fortement remis en cause par un rapport de la Cour des comptes dénonçant la gestion de l'institut<ref>Modèle:Article.</ref>.
Il soutient Éric Piolle pour la primaire présidentielle de l'écologie de 2021<ref name="LumièreSoutiens">Modèle:Lien web.</ref>, puis, Piolle ayant été éliminé, il soutient le vainqueur de la primaire Yannick Jadot pour l'élection présidentielle de 2022<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Bruno Latour ne s'est jamais caché d'être un catholique pratiquant, bien que sa foi soit, dans ses écrits, habilement dissimulée. Pour lui, il y a un lien « entre le terrestre et l’incarnation », ce qui l'amène à s'intéresser aux positions du pape François. Cette posture religieuse a pu être interprétée dans la presse laïque comme la source du combat de Bruno Latour contre le concept de vérité scientifique, cherchant toujours à ramener la science au niveau de la foi, élevant du même coup la foi au rang de la science<ref name="CH"/>.
Critiques et controverses
La pensée de Bruno Latour se veut radicale et provocatrice : elle n'a donc pas manqué de susciter la controverse, d'autant que Bruno Latour a lui-même passé une grande partie de sa carrière à s'efforcer de Modèle:" les grands sociologues de son temps, à commencer par Pierre Bourdieu<ref name="La gauche a-t-elle besoin de Bourdieu?">Modèle:Lien web. </ref>, qui le décrivit lui-même dans les années 2000 comme un Modèle:"<ref name="philosophe dépaysé">Modèle:Lien web. </ref> inventeur de Modèle:" philosophiques, et surtout intéressé par la promotion opportuniste d'une nouvelle sociologie non-marxiste et compatible avec le libéralisme<ref name="Bourdieu"/>. Le philosophe Jacques Bouveresse voyait quant à lui dans Latour Modèle:"<ref name="philosophe dépaysé"/>.
Si Bruno Latour a effectivement été à une époque un des penseurs français les plus cités et discutés aux États-Unis, cela n'a pas été que de manière laudative, bien au contraire. Par exemple, Olga Amsterdamska a publié une recension incendiaire de la version anglophone de son livre Science en action intitulée Modèle:", dans laquelle elle dénonce chez Latour un formalisme qui conduit à négliger systématiquement l'idée même de méthode scientifique au profit d'une analyse uniquement environnementale (le Modèle:") de l'activité de recherche, supprimant ainsi le cœur même de ce qui constitue la sociologie des sciences<ref name="Amsterdamska">Modèle:Article.</ref>. Deux ans plus tard, les sociologues américains Collins et Yearly vont jusqu'à avouer qu'Modèle:"<ref>H. M. Collins et S. Yearly, "Journey into Space", in A. Pickering (ed.), Science as Practice and Culture, Chicago, University of Chicago Press, 1992, p. 369-389.</ref>.
En 1995, le sociologue Yves Gingras publie un article intitulé Un air de radicalisme : Sur quelques tendances récentes en sociologie de la science et de la technologie<ref name="Gingras">Modèle:Article.</ref>, dans lequel il se livre à une critique en règle de la tendance latourienne à la création permanente de concepts voire de débats creux et ronflants, propres à épater les étudiants mais sans réel apport intellectuel concret.
En 1997, Bruno Latour est l'une des principales cibles du livre Impostures intellectuelles d'Alan Sokal et Jean Bricmont (tous deux physiciens devenus épistémologues), dénonçant un certain nombre de penseurs Modèle:" relativistes cherchant à saper la légitimité scientifique par des postures philosophiques prétentieuses et en l'absence de la moindre compétence scientifique. Le livre visait également Jacques Lacan, Julia Kristeva, Luce Irigaray, Jean Baudrillard, Gilles Deleuze, Félix Guattari, et Paul Virilio (Latour étant le plus jeune, et le seul encore en milieu de carrière)<ref name=Impostures>Modèle:Lien web.</ref>. Pour les auteurs, qui critiquent l'usage sociologique que fait Latour du concept physique de théorie de la relativité : Modèle:" Latour répliqua en accusant Sokal d'arrière-pensées politiques dans sa démarche<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
L'une des critiques récurrentes des philosophes de gauche à Latour est sa radicalité de façade contrastant fortement avec une vie marquée par le compromis permanent avec la droite catholique conservatrice et le libéralisme mercantile, laissant à sa mort un « Fonds Bruno Latour » à Sciences-Po financé par BNP-Paribas, VINCI, Rothschild et d'autres groupes du CAC 40. Pour l'agronome Daniel Tanuro, Modèle:"
Dans les colonnes de Charlie Hebdo, le journaliste Guillaume Erner s'est livré à une analyse rétrospective de la carrière de Bruno Latour, relativement méprisé en France à l'époque de ses travaux fondateurs en sociologie avec Michel Callon, puis élevé au rang de prophète et de Modèle:" sur la fin de sa vie et alors que ses livres sortaient de plus en plus de son champ réel de compétence : Modèle:"
Une critique récurrente de Bruno Latour vise moins sa personne que le Modèle:" et surtout les Modèle:", souvent constitués en club voire en secte, et partageant un même vocabulaire et surtout les mêmes réseaux de pouvoir (Sciences-Po Paris, les éditions Actes Sud et La Découverte, ou encore des relais médiatiques comme le journaliste au Monde Nicolas Truong, inventeur du concept de Modèle:", unis et définis par la référence à Latour<ref name="Nicolas Truong">Modèle:Lien web. </ref>). Ainsi pour Frédéric Lordon, les Modèle:" seraient le modèle de Modèle:", agitant une métaphysique abstraite quand le défi de la destruction de la nature est on ne peut plus concret et politique<ref name="Pleurnicher le Vivant">Modèle:Lien web. </ref>. En 2014 paraissait un ouvrage collectif d'anciens doctorants de Bruno Latour, intitulé L’Effet Latour. Ses modes d’existence dans les travaux doctoraux<ref name="L’Effet Latour">Claire Tollis, Laurence Créton-Cazanave, Benoit Aublet (dir.), L’Effet Latour. Ses modes d’existence dans les travaux doctoraux, Éditions Glyphe, 2014.</ref>. Ce recueil d'essais illustra pour de nombreux critiques la dimension sectaire du latourisme (comparable à celle qui caractérisa, en son temps, le lacanisme). Ce « Latouring Club » se décrivant lui-même comme un groupe de connivence et de dévotion cristallisé autour du refus de la pensée critique, L’Effet Latour est perçu dans sa recension par la revue Zilsel comme le Modèle:" et émaillé de Modèle:" n'ayant plus grand-chose de scientifique<ref name="à qui Latour ?">Modèle:Lien web. </ref>.
Publications
Livres
- Modèle:Ouvrage ; rééd. Princeton, Modèle:Lang, 1986 Modèle:ISBN ; trad. française, La Vie de laboratoire. La Production des faits scientifiques, traduit de l'anglais par Michel Biezunski, Paris, La Découverte, « Sciences et société », 1988 Modèle:ISBN.
- Les Microbes. Guerre et paix, suivi de Irréductions, Paris, Métailié, « Pandore », 1984.
- Pasteur. Bataille contre les microbes, Paris, Nathan, « Poche-Nathan. Monde en poche », 1985.
- La Science en action, traduit de l'anglais par Michel Biezunski ; texte révisé par l'auteur, Paris, La Découverte, « Textes à l'appui. Série Anthropologie des sciences et des techniques », 1989 Modèle:ISBN.
- avec Michel Callon (dir.), La science telle qu'elle se fait. Anthologie de la sociologie des sciences de langue anglaise, Paris, La Découverte, « Textes à l'appui. Anthropologie des sciences et des techniques », 1991 Modèle:ISBN.
- Nous n'avons jamais été modernes. Essai d'anthropologie symétrique, Paris, La Découverte, « L'armillaire », 1991 Modèle:ISBN ; nouvelle éd. 1997 Modèle:ISBN.
- Aramis ou l'Amour des techniques, Paris, La Découverte, « Textes à l'appui. Anthropologie des sciences et des techniques », 1992 Modèle:ISBN.
- Éclaircissements. Cinq entretiens avec Bruno Latour, entretiens avec Michel Serres, Paris, F. Bourin, 1992 Modèle:ISBN ; rééd. Flammarion, « Champs », 1994 Modèle:ISBN.
- La clef de Berlin et autres leçons d'un amateur de sciences, Paris, La Découverte, 1993 (première version de Petites leçons de sociologie des sciences, 1996) Modèle:ISBN.
- Pasteur, une science, un style, un siècle, Éditions Perrin, 1994 Modèle:ISBN. Réédition sans illustrations et avec une nouvelle préface, Les Empêcheurs de penser en rond, 2022 Modèle:ISBN
- avec Pierre Lemonnier (dir.), De la préhistoire aux missiles balistiques. L'intelligence sociale des techniques, Paris, La Découverte, « Recherches », 1994 Modèle:ISBN.
- Le métier de chercheur. Regard d'un anthropologue, une conférence-débat à l'Modèle:Abréviation discrète, Paris, le Modèle:Date-, Paris, Institut national de la recherche agronomique, « Sciences en questions », 1995 Modèle:ISBN.
- Petite réflexion sur le culte moderne des dieux faitiches, Les Empêcheurs de penser en rond, 1996 Modèle:ISBN.
- Petites leçons de sociologie des sciences, Paris, Le Seuil, « Points-Sciences », 1996 Modèle:ISBN.
- avec Émilie Hermant, Paris, ville invisible, design, Susanna Shannon, Les empêcheurs de penser en rond ; Paris, La Découverte, 1998 Modèle:ISBN.
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Lang, Cambridge, Mass., Modèle:Lang, 1999. Modèle:ISBN ; trad. L'Espoir de Pandore, Paris, La Découverte, « Armillaire », 2001.
- Politiques de la nature. Comment faire entrer les sciences en démocratie, Paris, La Découverte, « Armillaire », 1999 Modèle:ISBN ; 2004.
- Jubiler ou les Tourments de la parole religieuse, Paris, Éditions Synthélabo, « Les empêcheurs de penser en rond », 2002 Modèle:ISBN. Réédition : La Découverte, « Les empêcheurs de penser en rond », 2013 Modèle:Isbn.
- La Fabrique du droit : une ethnographie du Conseil d'État, Paris, La Découverte, 2002 Modèle:ISBN.
- Un monde pluriel mais commun, entretiens avec François Ewald, La Tour-d'Aigues, Éditions de l'Aube ; Paris, Radio France, « Monde en cours. Intervention », 2003. Texte des entretiens diffusés par France Culture au cours de l'émission « À voix nue » Modèle:ISBN.
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Lang, Oxford, OUP, 2005 ; trad. Changer de société. Refaire de la sociologie, Paris, La Découverte, « Armillaire », 2005 Modèle:ISBN.
- avec Pasquale Gagliardi (dir.), Les Atmosphères de la politique. Dialogue pour un monde commun, (avec Philippe Descola, François Jullien, Gilles Kepel Modèle:Et al.), Paris, Les Empêcheurs de penser en rond, 2006 Modèle:ISBN.
- avec Madeleine Akrich et Michel Callon (éd.), Sociologie de la traduction : textes fondateurs, Paris, Mines Paris, les Presses, « Sciences sociales », 2006. Textes rassemblés par le Centre de sociologie de l'innovation, laboratoire de sociologie de l'École des mines Modèle:ISBN.
- Chroniques d'un amateur de sciences, Paris, Mines Paris, les Presses, « Sciences sociales », 2006. Chroniques précédemment parues dans La Recherche, 1995-2001 Modèle:ISBN.
- (dir.), Le dialogue des cultures, actes des rencontres inaugurales du Musée du quai Branly, Modèle:Date-, Arles, Actes Sud ; Paris, Musée du quai Branly, « Babel », 2007 Modèle:ISBN.
- avec Vincent Antonin Lépinay, L'Économie, science des intérêts passionnés. Introduction à l'anthropologie économique de Gabriel Tarde, Paris, La Découverte, 2008 Modèle:ISBN.
- présentation de Le Public fantôme de Walter Lippmann, Demopolis essai, 2008 Modèle:ISBN.
- avec Isabelle Stengers, présentation de Les Différents Modes d'existence suivi de De l'œuvre à faire d'Etienne Souriau, Paris, PUF, « Métaphysiques », 2009 Modèle:ISBN.
- Cogitamus : Six lettres sur les humanités scientifiques, Paris, La Découverte, 2010 Modèle:ISBN.
- Modèle:Ouvrage.
- Modèle:Ouvrage.
- Modèle:Ouvrage (voir des recensions dans Philosophie Magazine et dans Lectures).
- Modèle:Ouvrage.
- Modèle:Ouvrage.
- Modèle:Ouvrage.
- avec Nikolaj Schultz, Mémo sur la nouvelle classe écologique, La Découverte (coll. Les empêcheurs de penser en rond), 2022, 95 p. Modèle:ISBN.
- avec Frédérique Aït-Touati, Modèle:Ouvrage.
Contributions à des ouvrages collectifs
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} « Modèle:Lang », in Pickering, Andrew, Modèle:Lang, Chicago, Illinois: Modèle:Lang, Modèle:P. Modèle:ISBN.
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} « Modèle:Lang », in Bijker, Wiebe E.; Law, John, Modèle:Lang, Cambridge, Massachusetts: Modèle:Lang, 1992, Modèle:P. Modèle:ISBN.
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} « Modèle:Lang », in Robertson-von Trotha, Caroline Y., Modèle:Lang/Modèle:Lang, Modèle:Vol.), Baden-Baden: Nomos, 1992 Modèle:ISBN.
- « Les vues de l'esprit. une introduction à l'anthropologie des sciences et des techniques », in Emmanuel Alloa (dir.), Penser l'image Modèle:II. Anthropologies du visuel, Dijon, Les presses du réel, 2015, Modèle:P. Modèle:ISBN.
- Modèle:Ouvrage.
- « La technique, c’est la civilisation elle-même », échange avec Olivier de France et François-Bernard Huyghe, La Revue internationale et stratégique, n° 110, IRIS Éditions – Armand Colin, été 2018, p. 163-171.
- « Inventer une géopolitique de la nature : Les questions écologiques font éclater la notion d’espace », échange avec Bastien Alex, Olivier de France et Marc Verzeroli, La Revue internationale et stratégique, n° 124, IRIS Éditions – Armand Colin, hiver 2021, p. 89-102.
Archives
Depuis le Modèle:Date-, les archives scientifiques de Bruno Latour sont conservées aux Archives municipales de Beaune<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
Théâtre
- 2010 : Cosmocolosse de Bruno Latour, Chloé Latour et Frédérique Aït-Touati<ref name="gaia-global-circus" />
- 2013 : Gaia Global Circus de Pierre Daubigny (dans le cadre de et à partir des travaux du projet Gaia Global Circus, cofondé par Bruno Latour)<ref name="gaia-global-circus" />, mise en scène de Frédérique Aït-Touati et Chloé Latour
- 2015 : Le Théâtre des Négociations/Make it Work (avec Frédérique Aït-Touati et Philippe Quesne)
- 2016 : Inside, conférence-performance de Bruno Latour, mise en scène Frédérique Aït-Touati (création au Théâtre Nanterre-Amandiers. Tournée : Künsterhaus Mousonturm, Frankfurt ; Théâtre National de la Criée, Marseille ; Signature Theatre, New York ; Kaaitheatre, Bruxelles ; Berliner Festpiele, Berlin)
- 2019 : Moving Earths, conférence-performance de Bruno Latour, mise en scène Frédérique Aït-Touati (création au Théâtre Nanterre-Amandiers. Tournée : Odéon-Théâtre de l'Europe ; Théâtre National de la Criée, Marseille ; Théâtre de l'Hexagone, Meylan ; Festival Bocca, Lisbonne)
Récompenses et distinctions
Prix
Honneurs
Titres honorifiques
Décorations
- Modèle:Déco
- Modèle:Décoration (Modèle:Date-)<ref>Modèle:Article.</ref>.
- Modèle:Décoration (promu officier par décret du Modèle:Date)<ref>Modèle:Légifrance.</ref>.
Notes et références
Voir aussi
Bibliographie
- Modèle:Ouvrage.
- Modèle:Article (article payant).
- Dossier « Bruno Latour ou la pluralité des mondes » dans la revue Critique, Modèle:Date-, no 786, lire en ligne.
- Modèle:Ouvrage.
- Frédérique Aït-Touati et Emanuele Coccia, Le cri de Gaïa. Penser la Terre avec Bruno Latour, La Découverte, 2021 Modèle:Isbn.
Articles connexes
- Sociologie des techniques
- Théorie de l'acteur-réseau
- Risques d'effondrements environnementaux et sociétaux
Liens externes
- Site officiel de la direction scientifique de Sciences-Po
- Une présentation de Paris, ville invisible par Élie During (www.airsdeparis.centrepompidou.fr)
- Version virtuelle de Bruno Latour et Émilie Hermant, Paris, ville invisible
- Le cintre, extrait de cours de Bruno Latour à Sciences-PoModèle:Vidéo
- Intervention de Bruno LatourModèle:Vidéo Où s'orienter en politique ? Modèle:Date-
- Intervention de Bruno Latour lors de la séance inaugurale Sciences PoModèle:Vidéo rentrée 2019
- Entretiens avec Bruno Latour Arte, questionné par Nicolas Truong, 2022