Jacques Charles Dupont de l'Eure

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Modèle:Voir homonymes Modèle:Infobox Personnalité politique

Jacques Charles Dupont dit Dupont de l'Eure est un homme d'État français né le Modèle:Date de naissance au Neubourg et mort le Modèle:Date de décès à Rouge-Perriers. Figure de la République, il fut le témoin et l'acteur de trois révolutions : 1789, 1830 et 1848.

Biographie

Issu d'une famille de petite bourgeoisie, fils de Pierre-Nicolas Dupont, marchand de bestiaux au Neubourg, et de Marthe Anson, Jacques Dupont étudie le droit sous la direction du célèbre avocat Férey, ami de ses parents, et est reçu en 1789 avocat au parlement de Normandie.

Une belle carrière judiciaire sous la Révolution et l'Empire

Après la création du département de l'Eure le Modèle:Date, il se fait appeler Dupont de l'Eure pour se distinguer de Dupont de Nemours, et entame une carrière judiciaire et politique : le jour anniversaire de ses 25 ans, ses concitoyens l'élisent officier municipal du Neubourg (Modèle:Date). Administrateur du district de Louviers (Modèle:Date - 30 brumaire an II), juge au tribunal civil de cette ville (Modèle:Date - 28 nivôse an II), il est nommé en l'an V substitut du commissaire du Directoire exécutif près le tribunal de l'Eure puis, en l'an VI, accusateur public près le tribunal criminel de l'Eure.

Le Modèle:Date (25 germinal an VI), il est élu député de l'Eure au Conseil des Cinq-Cents<ref>306 voix sur 374 votants</ref>. Il ne joue dans cette assemblée qu'un rôle effacé, se montre favorable au coup d'État du 18 Brumaire et est nommé, sous le Consulat, conseiller au tribunal d'appel de Rouen puis, peu après, président du tribunal criminel de l'Eure et chevalier de la Légion d'honneur le Modèle:Date (25 prairial an XII). Il montre dans ses fonctions de magistrat une courageuse indépendance vis-à-vis des exigences du gouvernement impérial, notamment dans le procès intenté à une famille noble qu'on voulait impliquer dans la chouannerie et qu'il innocente (Modèle:Date).

Malgré cette indépendance, [[Napoléon Ier|Napoléon {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | Ier{{#if:|  }} }}]] le crée chevalier de l'Empire (Modèle:Date) et, lors de la réorganisation des tribunaux, le nomme conseiller à la cour impériale de Rouen (1811), puis président de chambre à cette même cour (1812).

Deux fois élu candidat au Corps législatif par le collège départemental de l'Eure, il n'y est admis par le suffrage du Sénat conservateur<ref>Depuis la constitution consulaire du 22 frimaire an VIII, c'est le Sénat conservateur qui désigne les membres du Corps législatif sur les listes présentées par les collèges électoraux.</ref> que le Modèle:Date.

Un opposant actif à la Restauration

Fichier:Dupont député de l'Eure élu en 1816.jpg
Dupont, député de l'Eure élu en 1816.

Lors de la Première Restauration, vice-président de la chambre, il fait substituer aux formules de serment plus ou moins féodales de l'Ancien Régime le serment de « fidélité au roi et à la Charte ».

Sous les Cent-Jours, il est élu représentant le Modèle:Date par le collège de département de l'Eure<ref>87 voix sur 91 votants</ref>. Il est élu second vice-président de la chambre et se met à la tête de ceux qui s'opposent à un retour possible de [[Napoléon Ier|Napoléon {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | Ier{{#if:|  }} }}]] à l'absolutisme. Après Waterloo, il fait insérer dans la déclaration du Modèle:Date que « la France ne reconnaîtra d'autre gouvernement que celui qui lui garantira, par des institutions librement consenties, l'égalité devant la loi, la liberté individuelle, la liberté de la presse et des cultes, le jury,, l'inviolabilité des domaines nationaux, et tous les grands résultats de la Révolution ». Le lendemain, il demande qu'une députation de la Chambre aille porter cette déclaration aux souverains alliés. La motion est adoptée et il est désigné pour faire partie de cette délégation, à qui les événements ne permettent cependant pas d'accomplir sa mission.

Cette attitude ne l'empêche pas d'être élu député dans la « Chambre introuvable » de 1815. Après la dissolution de celle-ci, il se porte candidat dans l'Eure, mais le gouvernement le fait exclure du conseil général de ce département. Le collège de département ne peut se constituer en nombre suffisant, et il n'est élu député de l'Eure que l'année suivante (Modèle:Date)<ref>601 voix sur 968 votants et 2 073 inscrits</ref>. Il prend place dans l'opposition constitutionnelle, dénonce l'arbitraire des ministres, défend la cause des membres de la Légion d'honneur, réclame une rigoureuse économie dans les finances, demande la réduction des gros traitements, à commencer par ceux des membres du gouvernement, soutient la loi sur le recrutement, réclame le jugement par jury des délits de presse, proteste contre l'inégalité de solde entre les Suisses de la garde du roi et le reste de l'armée, et combat la motion Barthélemy de modification de la loi électorale.

En 1818, le ministère omet son nom dans les nouveaux cadres de la magistrature, ce qui revient à le destituer de ses fonctions de président de chambre à la cour royale de Rouen. Béranger le venge de cette mesure par sa chanson Le Trembleur<ref>« Héritier de la gloire antique, / Admiré de tous les Français, / Le front ceint du rameau civique, / Sous le chaume vivez en paix. / À votre renom j'ai beau croire, / Je pense comme nos ventrus : / On ne vit pas de pain sec et de gloire. / Mon cher Dupont, je ne vous connais plus. / Dupont, Dupont, je ne vous connais plus. »</ref>. Pour lui permettre de payer le cens d'éligibilité, ses compatriotes organisent une souscription grâce à laquelle ils lui offrent en 1824 le domaine du Hom, près de Beaumont-le-Roger (Eure).

Pendant la session de 1820, Dupont de l'Eure participe à la discussion des modifications à apporter à l'article 361 du code d'instruction criminelle sur le jury et combat énergiquement le projet de loi relatif à la censure des journaux. Il est constamment député sous la Restauration : le Modèle:Date dans le Modèle:2e électoral de l'Eure (Pont-Audemer)<ref>301 voix sur 540 votants et 734 inscrits</ref>. Perdant son siège le Modèle:Date au profit de M. Chrestien de Fumechon le Modèle:Date, il est élu le 2 août suivant dans le Modèle:1er de Paris, en remplacement du général Foy qui avait opté pour Vervins<ref>622 voix sur 1 215 votants contre 553 voix à M. Lebrun et 22 au vicomte Delalot. Il avait échoué le 25 février précédent à Pont-Audemer avec 127 voix contre 254 à M. Lizot.</ref> ; le Modèle:Date dans le Modèle:1er de Paris<ref>1 094 voix sur Modèle:Nombre contre 173 voix à M. Lebrun, candidat ministériel</ref> et, le même jour, dans l'Eure, dans le Modèle:2e (Pont-Audemer)<ref>321 voix sur 434 votants et 538 inscrits contre 96 voix à M. Le Pésant de Bois-Guilbert</ref> et dans le Modèle:3e (Bernay)<ref>228 voix sur 348 votants et 398 inscrits contre 96 à M. Auguste Le Prévost</ref>.

Durant ces différentes législatures, Dupont de l'Eure est constamment aux premiers rangs de l'opposition libérale. Il signe l'adresse des 221 contre le ministère Polignac.

Une hostilité grandissante à la monarchie de Juillet

Fichier:Dupont de l'Eure.jpg
Dupont de l'Eure, lithographie de Nicolas-Eustache Maurin, 1842.

Réélu le Modèle:Date à Bernay<ref>236 voix sur 330 votants et 372 inscrits contre 87 à M. Mallard de La Varende</ref>, il se trouve à Rouge-Perriers, près du Neubourg, au moment où sont promulguées les ordonnances de Saint-Cloud (Modèle:Date). Il accourt à Paris et hésite un moment entre la République et la branche cadette, mais il finit par suivre La Fayette, qui veut bien reconnaître dans la monarchie de Juillet « la meilleure des républiques », et le banquier libéral Jacques Laffitte, qui devient le premier président du Conseil du nouveau règne.

Nommé ministre de la Justice dans le ministère nommé par la commission municipale de Paris le 31 juillet, puis dans le [[Ministère provisoire du 1er août 1830|ministère provisoire du Modèle:1er août 1830]], Dupont de l'Eure reçoit, en cette qualité, le serment de [[Louis-Philippe Ier|Louis-Philippe {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | Ier{{#if:|  }} }}]] comme roi des Français le 9 août. Il conserve son portefeuille dans le [[Premier ministère du règne de Louis-Philippe Ier|premier ministère du règne de Louis-Philippe {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | Ier{{#if:|  }} }}]], formé le 11 août, puis dans le ministère Laffitte qui lui succède le 2 novembre.

Il ne tarde pas à entrer en conflit avec le roi, qui n'aime guère sa rugosité, son franc-parler et son langage fleuri. Il profite de la retraite forcée de La Fayette, à la fin de l'année 1830, pour démissionner du gouvernement (Modèle:Date) et entrer, dès lors, dans une opposition à la monarchie parlementaire renforcée par l'avènement du parti de la Résistance en 1831, puis par l'arrivée au pouvoir de Guizot et des doctrinaires en 1840.

Il est réélu le Modèle:Date<ref>198 voix sur 246 votants et 428 inscrits contre 23 à M. Prétavoine</ref>. La mort tragique du jeune François-Charles Dulong<ref>François-Charles Dulong (1792-1834), député de l'Eure, fut tué dans un duel avec le général Bugeaud, qu'il avait offensé à la Chambre (Modèle:Date).</ref>, son parent et, dit-on, son fils naturel, le plonge dans une telle douleur qu'il ne paraît plus à la Chambre et démissionne de son mandat de député. Mais les électeurs du Modèle:7e de l'Eure (Brionne) l'élisent le Modèle:Date<ref>165 voix sur 285 votants et 414 inscrits contre 118 voix à M. Bioche</ref> et Dupont de l'Eure reprend son siège à l'extrême-gauche de la Chambre. Il est réélu le Modèle:Date<ref>283 voix sur 336 votants et 506 inscrits</ref>, le Modèle:Date<ref>354 voix sur 365 votants</ref>, le Modèle:Date<ref>260 voix sur 516 votants et 649 inscrits contre 232 voix à Narcisse-Achille de Salvandy. Le même jour, il échoue dans le Modèle:6e (Pont-Audemer) avec 228 voix contre 336 à Michel Hébert, élu.</ref>, le Modèle:Date<ref>299 voix sur 325 votants et 628 inscrits contre 20 voix à M. Lefebvre-Duruflé. Le même jour, il échoue dans le Modèle:1er avec 232 voix contre 339 à Narcisse-Achille de Salvandy, élu, et dans le Modèle:6e avec 172 voix contre 421 à Michel Hébert, élu.</ref>.

En 1847, il prend une part active à la campagne des banquets et préside, le 12 décembre, au Neubourg, un banquet qui fait du bruit.

Une consécration tardive sous la Deuxième République

Fichier:Les membres du Gouvernement provisoire - dédié aux gardes nationales de France.jpg
Dupont de l'Eure, doyen des membres du Gouvernement provisoire de 1848.

Modèle:Citation, avance Benoît Yvert<ref>Benoît Yvert, in : Benoît Yvert (dir.), Premiers ministres et présidents du Conseil depuis 1815. Histoire et dictionnaire raisonné, p. 139.</ref>.

À la séance de la Chambre du Modèle:Date, après l'envahissement de l'assemblée, Dupont de l'Eure est porté au fauteuil et préside à la proclamation de la Deuxième République. Modèle:Citation, selon Alphonse de Lamartine<ref name="Yvert_139">cité in : Benoît Yvert (dir.), Op. cit., p. 139</ref>, il est alors âgé de 81 ans. « À chaque pas », raconte Lamartine, « on était obligé de soulever Dupont de l'Eure pour franchir les cadavres d'hommes et de chevaux, les tronçons d'armes, les plaques de sang qui jonchaient les abords de l'Hôtel de Ville. »<ref name="Yvert_139"/>

Le même jour, sous la pression populaire, Dupont de l'Eure est nommé membre du gouvernement provisoire, puis président provisoire du Conseil des ministres, devenant le président du gouvernement provisoire<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Il est le premier dirigeant de la République française à avoir porté le titre de Président, bien que l'inauguration de la fonction de Président de la République française revienne à Louis-Napoléon Bonaparte. Sa fonction est essentiellement symbolique : il évite à la coalition hétéroclite qui a renversé la monarchie de Juillet d'avoir à s'entendre sur un chef. Sa popularité permet en outre de tenir en respect le peuple de Paris, qui semble pencher beaucoup plus à gauche que la plupart de ses dirigeants : « Son nom et son âge », note Lamartine, l'un des hommes forts du nouveau gouvernement, Modèle:Citation. Dupont de l'Eure, pour sa part, est aux anges : Modèle:Citation. Il s'installe au Petit Luxembourg où il peut jouir d'un éphémère état de grâce, déléguant de facto la totalité de ses pouvoirs à Lamartine.

Fichier:Dupont de l'Eure, Jacques - 1.jpg
Dupont de l'Eure.

Le Modèle:Date, il est élu à l'Assemblée constituante par le département de l'Eure<ref>Modèle:1er sur 11 par Modèle:Nombre sur Modèle:Nombre</ref> et par le département de la Seine<ref>Modèle:2e sur 34 par Modèle:Nombre sur Modèle:Nombre et Modèle:Unité</ref>, et opte pour l'Eure. Le 4 mai, il remet à l'Assemblée les pouvoirs du gouvernement provisoire et refuse de faire partie de la Commission exécutive. Son grand âge le tient fréquemment éloigné des séances. Il vote cependant pour le bannissement de la famille d'Orléans, pour le décret sur les clubs, contre les poursuites contre Louis Blanc et Marc Caussidière, pour l'abolition de la peine de mort, contre la proposition Grévy, contre le droit au travail, pour la réduction de l'impôt du sel, contre la proposition Rateau, contre le renvoi des accusés du 15 mai devant la Haute Cour, etc. Lors du conflit entre Louis-Napoléon Bonaparte et le général Cavaignac, il prend ouvertement parti pour le second et c'est à son initiative qu'est voté, en Modèle:Date-, l'ordre du jour déclarant « que le général Cavaignac avait bien mérité de la patrie ».

Il n'est pas élu à l'Assemblée législative le Modèle:Date. De même, il échoue le 8 juillet dans une élection partielle dans les Bouches-du-Rhône, destinée à pourvoir au remplacement du général Changarnier qui avait opté pour la Somme<ref>Modèle:Nombre contre 35 623 au général Rullière, élu</ref>, dans une autre dans le Calvados, ouverte par la mort d'Armand Deslongrais<ref>Modèle:Nombre contre 33 676 à Pierre Leroy-Beaulieu, élu</ref>, et dans la Charente-Inférieure, où deux représentants devaient être remplacés<ref>Modèle:Nombre sur Modèle:Nombre</ref>. Il quitte alors la vie publique et meurt à 88 ans.

Famille et descendance

Les Dupont (de l'Eure) sont une famille de bourgeois ruraux. Ils exercent depuis plusieurs générations des métiers propres à leur terroir, liés au commerce de la viande (les troupeaux étant acheminés depuis le Pays d'Auge vers Paris via Le Neubourg). Devenu un marchand opulent, l'arrière-grand-père de Jacques-Charles, le marchand de bœufs Jean Dupont, épousa une des filles du procureur fiscal du Neubourg. Jacques-Charles Dupont de l'Eure épousa Elisabeth Pauline Mordret, fille d'un avocat, bailli d'Igoville et procureur du district de Louviers. Le couple eut deux enfants : Pauline Dupont de l'Eure (1819-1893), sans alliance ni postérité, et Charles Dupont de l'Eure (1822-1872), qui fut polytechnicien et élu député.

Distinctions

Hommages et postérité

Fichier:Eglise et statue Dupont de l'Eure Neubourg.jpg
La statue le représentant au Neubourg.
  • Le Modèle:Date, la ville du Neubourg a inauguré la statue de Dupont de l'Eure, élevée par souscription nationale, et due au ciseau de Louis-Émile Décorchemont, d'Évreux.
  • La rue Dupont-de-l'Eure à Paris dans le [[20e arrondissement de Paris|Modèle:20e]], porte son nom depuis 1893.
  • Le Dictionnaire Bouillet indique que dans les différents postes qu'il occupa, Dupont de l'Eure se signala constamment par son intégrité et son patriotisme : aussi était-il respecté de tous les partis.
  • La place Dupont-de-l'Eure à Évreux porte son nom.

Résidences

  • On peut voir à Claville, village proche du Neubourg, rue Dupont-de-l'Eure, une maison où il a vécu (aujourd'hui habitation privée).
  • Sa dernière demeure fut le petit château de Rouge-Perriers. Aujourd'hui, cette maison bourgeoise est une habitation privée.

Pour approfondir

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Bibliographie

  • Modèle:DicoParlement
  • Modèle:Bouillet note
  • Yvert Benoît (dir.), Premiers ministres et présidents du Conseil. Histoire et dictionnaire raisonné des chefs du gouvernement en France (1815-2007), Paris, Perrin, 2007, 916 p.

Liens externes

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Notes et références

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