Le Temple du Soleil
Modèle:En-tête label Modèle:Voir homonymes Modèle:Infobox Bande dessinée
Le Temple du Soleil est le quatorzième album de la série de bande dessinée Les Aventures de Tintin, créée par le dessinateur belge Hergé. L'histoire constitue la seconde partie d'un diptyque qui commence avec Les Sept Boules de cristal.
Elle fait d'abord l'objet d'une prépublication dans le journal Tintin du Modèle:Date au Modèle:Date, avec pour restriction que les premières pages publiées correspondent à la fin de l'album des Sept Boules de cristal, même si elles le sont sous le titre « Le Temple du Soleil ». De fait, l'histoire proprement dite du Temple du Soleil débute le Modèle:Date-. Il s'agit de la toute première aventure de Tintin à être pré-publiée dans le journal Tintin tout nouvellement créé. Comme pour Les Sept Boules de cristal, sa prépublication connaît des interruptions qui sont liées ici à des épisodes de dépression d'Hergé. Enfin, la publication sous forme d'album en couleurs se fait seulement en 1949 afin de suivre celle des Sept Boules de cristal.
La création du Temple du Soleil a lieu dans un contexte de post-libération de la Belgique. Pour avoir travaillé dans un journal sous direction de collaborateurs à l'Allemagne nazie, Hergé se retrouve au sortir de la Seconde Guerre mondiale sous le coup d'une interdiction de publier. Ceci le conduit à ne pouvoir faire paraître son récit que plus de deux ans après sa première partie et cela a des conséquences sur la narration de l'histoire.
Par ailleurs, à cause notamment du départ de son complice, coloriste, décorateur et assistant scénariste Edgar P. Jacobs mais aussi du fait de l'emprisonnement de son ami scénariste Jacques Van Melkebeke, la création du Temple du Soleil est l'occasion de l'arrivée auprès d'Hergé de plusieurs intervenants pour l'assister sur les aspects aussi bien graphiques que scénaristiques de son projet. De fait, l'épisode porte en germe la création des Studios Hergé qui seront constitués moins de cinq ans plus tard, en 1950.
Le Temple du Soleil est une œuvre marquée par un grand nombre de références littéraires plus ou moins cachées : L'Épouse du Soleil de Gaston Leroux, L'Empire du Soleil de Conrad de Meyendorff, au moins deux romans de Jules Verne, Les Enfants du capitaine Grant et L'Île mystérieuse, Les Commentaires royaux sur le Pérou des Incas du chroniqueur amérindien de langue espagnole Inca Garcilaso de la Vega, et même un roman de Marcel Priollet, Le Maître du Soleil, paru en 1944.
L'œuvre est une création marquée également par un grand souci de réalisme, ce qui a amené son auteur à effectuer de multiples recherches dans des documents s'intéressant à la civilisation inca. De fait, Le Temple du Soleil est considéré comme faisant preuve de véracité historique même si ces recherches n'empêchent pas Hergé de commettre quelques erreurs, approximations ou détournements qui lui seront parfois reprochés.
L'histoire
Résumé
L’aventure amorcée dans Les Sept Boules de cristal se poursuit ici. Tintin et le capitaine Haddock se trouvent à Callao au Pérou à la recherche du professeur Tournesol. Ayant pris un hydravion, ils arrivent sur place avant le professeur et ses ravisseurs dont ils pensent qu'ils se trouvent à bord d'un cargo, le Pachacamac<ref group="TdS">Modèle:Harvsp, Modèle:Nobr, case A3.</ref>,<ref>Du nom du dieu péruvien Pachacamac, qui fut par la suite confondu avec le dieu suprême des Incas Viracocha.</ref>.
Malgré deux cas de peste bubonique détectés par le médecin du port interdisant toute inspection du navire par la police<ref group="TdS" name="CB5CWH">Modèle:Harvsp, Modèle:Nobr, case B2.</ref>, Tintin se rend à son bord et y retrouve effectivement le professeur<ref group="TdS">Modèle:Harvsp, Modèle:Nobr, case D3.</ref>. Il apprend que ce dernier a été enlevé pour avoir (dans l'album précédent) porté le bracelet de la momie de Rascar Capac et qu’à cause de ce sacrilège, il doit être mis à mort<ref group="TdS">Modèle:Harvsp, Modèle:Nobr, case B3.</ref>. Mais les ravisseurs parviennent de nouveau à s'enfuir avec le professeur<ref group="TdS">Modèle:Harvsp, Modèle:Nobr, case B1.</ref>. Tintin et le capitaine Haddock se lancent encore à leur poursuite, non sans avoir échappé à un accident de train qui était en fait une tentative de meurtre déguisée<ref group="TdS">Modèle:Harvsp, planches Modèle:Nobr à Modèle:Nobr.</ref>. Ils arrivent dans une petite ville de la cordillère des Andes, Jauga, qui menace d'être une impasse dans leur enquête, la population locale refusant tout à fait de les aider<ref group="TdS">Modèle:Harvsp, planche Modèle:Nobr.</ref>.
Heureusement, un jeune Indien quechua, Zorrino, dont Tintin a pris la défense, se propose de les aider<ref group="TdS">Modèle:Harvsp, Modèle:Nobr.</ref>. Il leur apprend l’existence d'un temple, dernière retraite de la civilisation inca, où l'immolation de Tournesol est censée avoir lieu<ref group="TdS">Modèle:Harvsp, Modèle:Nobr.</ref>. Ils entreprennent donc un périlleux voyage en compagnie de Zorrino à travers les Andes et la forêt amazonienne<ref group="TdS">Modèle:Harvsp, planches Modèle:Nobr à Modèle:Nobr.</ref>. Ils parviennent au temple, mais sont faits à leur tour prisonniers par les Incas<ref group="TdS">Modèle:Harvsp, Modèle:Nobr.</ref>. Zorrino échappe à tout châtiment<ref group="TdS">Modèle:Harvsp, Modèle:Nobr, case B1.</ref>, tandis que Tintin et Haddock sont condamnés à être sacrifiés aux côtés de Tournesol<ref group="TdS">Modèle:Harvsp, Modèle:Nobr, case B4.</ref>. Heureusement pour eux, les trois compagnons sont sauvés grâce à une éclipse de Soleil providentielle, connue de Tintin et qui, surprenant les Incas, fait croire à ces derniers qu'il commande au Soleil<ref group="TdS">Modèle:Harvsp, planches Modèle:Nobr à Modèle:Nobr.</ref>. Ils quittent le temple en promettant de ne jamais en révéler l’existence, après avoir obtenu du chef des Incas qu’il mette fin à la malédiction jetée sur les sept explorateurs dans Les Sept Boules de cristal. Et en effet, ceux-ci sortent un à un de leur léthargie<ref group="TdS">Modèle:Harvsp, planches Modèle:Nobr à Modèle:Nobr.</ref>.
Lieux visités
- Les lieux de l'action
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Carte représentant l'expansion maximale atteinte par l'empire inca.
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Trajet hypothétique de Tintin dans l'histoire du Temple du Soleil<ref>Tracé réalisé notamment à partir des indications de Philippe Goddin dans Modèle:Harvsp.</ref>.
L'histoire en album se déroule entièrement au Pérou<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>,<ref group="Note">Notons que, certes, la partie de l'histoire prépubliée dans le journal de Tintin du 26 septembre au 19 décembre 1946 se déroule en Europe, mais, bien qu'elle porte le titre de « Le Temple du Soleil », elle correspond en fait à la fin des Sept Boules de cristal que la Libération de la Belgique avait interrompue. Le découpage lors de la publication en albums réparera la répartition suivante : aux Sept Boules de cristal, l'Europe et au Temple du Soleil, le Pérou.</ref>. Tintin et le capitaine Haddock commencent leur périple au port de Callao<ref group="TdS">Modèle:Harvsp, Modèle:Nobr, case A1.</ref>,<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref> où ils sont arrivés d'Europe en hydravion dans le but d'y retrouver le professeur Tournesol<ref group="AAdT">Modèle:Ouvrage, Modèle:Nobr.</ref>. Au départ du petit village de Modèle:Lien situé à l'extrémité nord-est des faubourgs de Lima<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>, Tintin et Haddock prennent le train en direction de la ville andine de Jauja. Le trajet est l'occasion d'une scène spectaculaire d'accident ferroviaire, sur la Ferrocarril Central Andino, à l'époque ligne de chemin de fer la plus haute du monde. Cette scène prend place au milieu de paysages de montagne qu'Hergé récupère dans l'ouvrage Pérou et Bolivie de Charles Wiener<ref>Modèle:Harvsp.</ref>, dont l'illustration du tunnel ferroviaire de La Galera et celle d'un pont franchissant le Río Rímac constituent une puissante source d'inspiration<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.
pour la séquence entre Callao et Jauja.
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Tunnel ferroviaire sur la ligne Lima La Oroya. Cette gravure a été une source d'inspiration pour Hergé.
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Gravure de Charles Wiener qu'Hergé reprend quasiment à l'identique, sous son angle de vue spectaculaire.
S'en sortant indemnes, Tintin et Haddock sont pris en charge par une draisine de la compagnie de train et accompagnés à Jauja (Jauga dans l'album)<ref name="WG8QMS">Modèle:Harvsp.</ref>. De là, ils sont guidés à travers la cordillère des Andes par Zorrino vers le Temple du Soleil. Les recherches documentaires montrent que le paysage entourant le temple correspond à celui de Machu Picchu<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>. Philippe Goddin en déduit donc qu'ils franchissent successivement le Río Apurímac, la Cordillère de Vilcabamba et enfin le Río Urubamba pour y parvenir<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Enfin, laissant Zorrino au Temple du Soleil, Tintin et le capitaine Haddock prennent en charge le professeur Tournesol vers la dernière étape de leur périple, la ville de Cuzco<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>.
Personnages
Le capitaine Haddock acquiert dans la précédente aventure de Tintin, Les Sept Boules de cristal, un statut nouveau en ce qu'il supplante Milou comme interlocuteur privilégié de Tintin ; leur mise en concurrence narrative prend donc fin à ce moment-là<ref>Modèle:Citation (Modèle:Citation étrangère) Modèle:Harv.</ref>. Néanmoins, avec Le Temple du Soleil, certains observateurs constatent que la place du capitaine ne semble pas encore tout à fait établie, s'appuyant pour cela sur l'épisode de sa mise au bûcher et notant ainsi qu'il serait Modèle:Citation<ref>Modèle:Citation (Modèle:Citation étrangère) Modèle:Harv.</ref>.
Chiquito apparaît dès Les Sept Boules de cristal. En réalité, cet Indien descendant des Incas s'appelle Rupac Inca Huaco<ref group="AAdT">Modèle:Citation in Modèle:Ouvrage, Modèle:Nobr, case B2.</ref> et appartient au clergé du Temple du Soleil. Son travail, volontiers qualifié de « fanatique », est d'accomplir une vengeance en plaçant sous hypnose les sept explorateurs<ref>Modèle:Citation in page Personnages, Modèle:Lien web.</ref>. Il apparaît à certains moments clefs de l'histoire : lors de l'arrivée au Pérou du navire dans lequel se trouve prisonnier Tournesol et dont il est le geôlier, lors de l'épisode du bûcher et lors du désenvoûtement des sept explorateurs<ref>Modèle:Citation in page Personnages, Modèle:Lien web.</ref>.
Zorrino est un jeune Indien quechua. À ce titre, il est le sujet de moqueries et de harcèlement de la part des descendants des colons espagnols<ref>Modèle:Citation in page Personnages, Modèle:Lien web.</ref>. Bien qu'accomplissant là un geste qui Modèle:Citation<ref group="TdS">Modèle:Harvsp, Modèle:Nobr, case B2.</ref>, Zorrino guide Tintin et le capitaine Haddock vers le Temple du Soleil. Le jeune garçon a donc pour rôle d'établir un lien entre la modernité que Tintin symbolise et la tradition représentée par les Incas cachés dans leur temple<ref>Il s'agit d'Modèle:Citation in page Personnages, Modèle:Lien web.</ref>. Par ailleurs, Zorrino semble être l’alter ego andin de Tintin, qu'Hergé a imprégné de ses valeurs constitutives<ref>Modèle:Citation (Modèle:Citation étrangère) in Modèle:Ouvrage.</ref> Modèle:Incise. Zorrino et Tchang constituent, avec Abdallah, les principales figures d'adolescents ou d'enfants dans les Aventures de Tintin<ref>Modèle:Citation in page Personnages, Modèle:Lien web.</ref>.
Le professeur Tournesol acquiert dans ce diptyque une fonction qu'il ne possédait pas dans les précédents albums, celle de catalyseur de l'aventure<ref group="Note">C'est la seconde aventure de Tintin où apparaît le professeur Tournesol après Le Trésor de Rackham le Rouge. Ce rôle de catalyseur culminera par la suite dans l'album L'Affaire Tournesol.</ref> qu'il remplit en étant la cible de la vengeance inca<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>. Jean-Marie Apostolidès fait observer qu'à travers son enlèvement, le professeur Tournesol subit un Modèle:Citation qui lui permet à terme d'appartenir au cercle familial formé par Tintin, Milou et le capitaine Haddock<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Enfin, le professeur acquiert un rôle de guide<ref>D'où l'identification à Modèle:Citation qu'en fait François Rivière in Modèle:Harvsp.</ref>, presque de boussole pour Tintin et Haddock : en effet, il est celui dont les héros suivent la trace puis vers lequel ils se dirigent ; et, de façon générale, il est celui qui donne une direction avec ce résultat paradoxal que l'on ne peut se perdre avec lui : si l'on applique son antienne à l'extrême, en allant toujours Modèle:Citation, on finit invariablement par revenir à son point de départ<ref>D'après ce qu'en écrit Thomas Sertillanges, à propos du Trésor de Rackham le Rouge mais applicable au présent album : Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>. Néanmoins, son exemple seul ne suffit pas pour retrouver son chemin : ainsi, les Dupondt, voulant retrouver Tintin, Haddock et Tournesol grâce à la radiesthésie, se rendent aux quatre coins du monde en se fiant à un pendule dont ils sont incapables d'interpréter correctement les indications<ref>Modèle:Citation, Thomas Sertillanges, in Modèle:Harvsp.</ref>. Les interprétations du professeur demeurent donc encore indispensables.
Création de l'œuvre
Contexte d'écriture
L'histoire est créée au lendemain de la libération de la Belgique, après une occupation de son territoire de plus de quatre ans par l'Allemagne. Pour avoir collaboré au Soir de Bruxelles<ref group="Note">Le journal Le Soir est surnommé par les résistants « Le Soir volé » car, en violation de la volonté de ses propriétaires, sa publication est poursuivie par des journalistes collaborateurs à partir du 15 juin 1940. D'après l'analyse de Pierre Assouline, Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>, un journal proche de l'occupant allemand, Hergé se trouve à partir de septembre 1944 empêché de toute publication : le haut-commandement allié en Belgique, sous lequel sont placées les troupes belges, ordonne que Modèle:Citation<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>,<ref group="Note">Hergé a publié dans Le Soir les aventures de Tintin suivantes : Le Crabe aux pinces d'or (d'abord dans le supplément Le Soir-Jeunesse), L'Étoile mystérieuse, Le Secret de La Licorne, Le Trésor de Rackham le Rouge et une partie des Sept Boules de cristal.</ref>. Cette interdiction dure deux ans : d'abord en attente d'une décision de justice, favorable en décembre 1945<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>, Hergé doit ensuite attendre une autorisation de publication conditionnée par l'obtention d'un certificat de civisme, ce qui est chose faite fin juillet 1946<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>. La publication de ses histoires peut donc reprendre en septembre 1946, d'autant que le journal Tintin, qu'il fonde notamment avec l'ancien résistant Raymond Leblanc, lui offre le support adéquat<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>.
Mais l'auteur reste sous le coup du ressentiment durable d'un certain nombre de ses concitoyens<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref> : ainsi, dans un article paru dans le journal Front, un professeur d'université regrette que Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp</ref> ; de même, dans un autre journal, l'auteur d'un article crée sciemment une confusion entre Hergé et l'ivrogne Haddock dans le but de le discréditer, et reproche à l'hebdomadaire de vanter ouvertement les bienfaits de l'alcool<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>. Enfin, une attaque notable provient, fin septembre 1946, du journal même qui l'a publié durant la guerre, Le Soir. Même s'il prend soin de ne jamais écrire le nom d'Hergé, le journaliste s'insurge : Modèle:Citation<ref>Le Soir du 29 septembre 1946, cité par Modèle:Harvsp.</ref>. Hergé est sensible à ces attaques, comme le montre une récidive de sa dépression chronique<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>. Plusieurs décennies plus tard, au début des années 1970, il réagit encore ironiquement aux reproches qui lui ont été faits à cette époque quant à une éventuelle proximité de sa part avec les thèses d'extrême-droite : Modèle:Citation<ref name="78K449">Citation d'Hergé in Modèle:Harvsp.</ref> Cette réaction à rebours montre que, longtemps après, les plaies ne sont toujours pas refermées. De fait, même si l'opinion dans sa majorité devient favorable à l'auteur, cela prend des années<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>. Pierre Assouline note le désamour qu'Hergé ressent pour son pays à ce moment-là<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>, ce qui se traduit quelques mois plus tard, courant 1947, par un projet de départ pour l'Amérique du Sud<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>. En attendant, au milieu de l'année 1947, un épisode de dépression particulièrement intense le touche et la publication du Temple du Soleil dans le journal Tintin est interrompue pour plusieurs semaines<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>,<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>. L'achèvement de l'histoire se fait Modèle:Citation pour son auteur<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.
Vers un embryon des Studios Hergé
Le cours de la création du Temple du Soleil est marqué par une succession d'évènements qui conduit à l'installation de scénaristes et de dessinateurs autour d'Hergé, posant ainsi les premières pierres de ce qui deviendra les Studios Hergé.
Le scénario et le dessin de l'œuvre sont signés du seul nom d'Hergé. Selon les observateurs, il connaît la trame voire la chute du Temple du Soleil dès l'écriture des Sept Boules de cristal, première partie du diptyque<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv (Modèle:Heure).</ref>. Les études dans les archives de l'auteur indiquent son cheminement intellectuel pour écrire le scénario. Les chercheurs ont ainsi pu étudier un carnet dans lequel, dix ans auparavant, il consigne des idées<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref> dont certaines deviennent par la suite constitutives du scénario du Temple du Soleil<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>. Il est ainsi possible d'y retrouver une ébauche de la séquence de l'attentat avec le train, notée ainsi :
Pourtant Hergé n'est pas vraiment seul car, dès Les Sept Boules de cristal, Edgar P. Jacobs intervient non seulement en qualité officielle de coloriste et créateur des décors, mais aussi dans le développement du scénario. Comme créateur des décors, celui-ci est largement irremplaçable pour la qualité des détails qu'il met en place<ref>Modèle:Citation, Jacques Martin in Modèle:Harvsp.</ref>. Quant au scénario, une part non négligeable des idées initiales provient de discussions entre Hergé et lui<ref>D'après ce qu'en dit Jacobs lui-même, qui raconte : Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref> : par exemple, complétant l'idée de départ d'Hergé de l'attentat du train, Jacobs aurait lancé celle de la chute du wagon<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>. L'importance de ses apports est si grande que Jacobs demande à Hergé de co-signer avec lui la création du Temple du Soleil et des prochaines histoires, ce qu'Hergé refuse<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>. De fait, les deux se séparent artistiquement courant mai 1947, au moment de la publication des premières planches de l'album<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>,<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>.
Parallèlement, Hergé bénéficie aussi d'interventions de son ami Jacques Van Melkebeke<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>,<ref>Dans une interview, le dessinateur Jacques Martin tient à préciser : Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>, scénariste de bande dessinée dont l'influence est souvent d'origine littéraire : ce serait ainsi lui qui aurait présenté à Hergé L'Épouse du Soleil de Gaston Leroux<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>,<ref group="Note">Dans Tintin et moi, Hergé affirme pourtant le contraire :
- Sadoul : Modèle:Citation
- Hergé : Modèle:Citation
Modèle:Harv.</ref>. L'aide de Van Melkebeke est importante mais il est rattrapé par son passé de collaborateur en cours de production de l'œuvre, et ne peut plus intervenir auprès d'Hergé<ref group="Note">Jacques Van Melkebeke reste ainsi en prison environ deux ans, jusqu'en octobre 1949 : Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>.
Ces deux départs plongent Hergé dans le désarroi<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>, d'autant qu'il souffre d'un nouvel accès de dépression lié aux incertitudes d'après-guerre pour sa collaboration au Soir<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>. C'est alors qu'il fait appel à Bernard Heuvelmans<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>, un scientifique qui l'a déjà conseillé sur L'Étoile mystérieuse<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>. En effet, selon ce dernier, Modèle:Citation et Modèle:Citation, il lui Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Selon son témoignage, il est possible de situer le début de son intervention au moment où Tintin, le capitaine Haddock, Zorrino et Milou pénètrent dans les grottes qui les conduiront au Temple du Soleil<ref group="TdS">Modèle:Harvsp, Modèle:Nobr.</ref>,<ref>Hergé aurait alors demandé de l'aide à Heuvelmans selon ces termes : Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref> Modèle:Incise<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>. En 1995, Heuvelmans revendique l'idée de l'éclipse solaire qui sauve Tintin et ses compagnons de la mort, ce qui permet à Hergé d'achever son histoire<ref name="éclipse Heuvelmans">Modèle:Citation, Heuvelmans s'intéressant alors à l'astronomie, comme l'indique Modèle:Harvsp.</ref>. Nuançant ces propos, certains chercheurs se posent la question de la quantité d'aide fournie<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>, même s'ils reconnaissent que les rétributions que reçoit Heuvelmans de la part d'Hergé se sont considérablement amplifiées, signe d'un travail certain<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>,<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>. Par ailleurs, du point de vue graphique, Hergé se fait aider par de nouveaux collaborateurs : Guy Dessicy et Frans Jageneau pallient l'absence de Jacobs et l'aident dans tout ce qui ne touche pas aux personnages, domaine qu'Hergé se réserve<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>.
Tous ces apports mis bout à bout font donc dire aux observateurs de l'œuvre hergéenne que, Modèle:Citation<ref>Selon la formule de Jacques Martin in Modèle:Harvsp.</ref>, et Modèle:Citation et donc, Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Pourtant, Hergé proclamera toujours que ces différents apports étaient strictement limités et qu'il reste bien le seul auteur des Aventures de Tintin<ref group="Note">C'est ce qu'Hergé affirme dans un courrier daté du 19 avril 1962 à Bernard Heuvelmans qui souhaite obtenir une rémunération plus importante pour ses services, notamment des droits sur les albums Objectif Lune et On a marché sur la Lune alors adaptés en dessins animés : Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>,<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>.
Parution
Prépublication
La prépublication de l'aventure commence le Modèle:Date- au numéro 1 du journal Tintin<ref>Modèle:Citation in page Les Sept Boules de cristal, Modèle:Lien web.</ref> et s'achève le Modèle:Date-<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Néanmoins, si les premières pages de cette publication hebdomadaire portent le titre Le Temple du Soleil, elles correspondent en fait à la fin de l'histoire des Sept Boules de cristal dont la prépublication dans le journal Le Soir n'avait pu s'achever du fait de la libération de la Belgique, le Modèle:Date-. En effet, c'est l'équivalent d'une douzaine de planches qu'il restait à publier<ref name="0K8ALT">Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>. Dès lors, si l'on excepte ces planches finales des Sept Boules de cristal, la prépublication de ce qui constituera l'album du Temple du Soleil proprement dit débute dans le numéro daté du jeudi Modèle:Date-<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv</ref>,<ref group="Note">Une observation des sources primaires suivantes permet également d'arriver à une telle conclusion :
- Modèle:Ouvrage, Modèle:Nobr,
- Modèle:Harvsp (Modèle:Nobr)
- Modèle:Harvsp.</ref>.
Une fois encore, à l'image de celle des Sept Boules de cristal<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>, cette prépublication connaît une interruption de plusieurs semaines du Modèle:Date- au Modèle:Date- du fait du syndrome dépressif qui touche Hergé<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>, dont Pierre Assouline attribue la cause cette fois à la pression qu'il a subie à la Libération devant les accusations de collaboration portées à son encontre<ref>Voir chap. 8 « Les années noires » in Modèle:Harvsp</ref>. La crise est si profonde que l'auteur de Tintin projette un temps de s'exiler en Amérique du Sud afin de s'extraire de l'atmosphère pesante de son pays natal<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>. En attendant, Hergé continue à montrer des signes inquiétants pour l'éditeur du journal Tintin dont la parution pourrait de nouveau s'interrompre. Ainsi, pour alléger le travail d'Hergé, Raymond Leblanc décide que seules deux bandes sur les trois composant la planche hebdomadaire doivent être consacrées à l'aventure de Tintin ; la place restante est dédiée à une chronique historique écrite par Jacques Van Melkebeke et illustrée par Guy Dessicy et intitulée « Qui étaient les Incas ? »<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>. Cet arrangement dure huit semaines entre le jeudi Modèle:Date- et le jeudi Modèle:Date-<ref group="STS">Comme on peut le constater entre les planches visibles in Modèle:Harvsp.</ref>.
La publication dans le Journal Tintin se fait dans un format « à l'italienne » à raison d'une planche par semaine, chaque planche occupant l'espace des deux pages centrales du journal<ref>Modèle:Citation, in Modèle:Harvsp.</ref>. Plusieurs raisons président à un tel choix de présentation : ce support et ce format remplacent avantageusement les supports et formats du journal Le Soir dans lequel avait été pré-publié Les Sept Boules de cristal<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref> ; mais surtout, cette présentation permet à Hergé de ne devoir produire que l'équivalent d'une planche d'album par semaine, tout en laissant au lecteur la satisfaction de lire une aventure de Tintin en double page<ref>Modèle:Citation, in Modèle:Harvsp.</ref>. Une publication ultérieure de l'œuvre sous ce format à l'italienne est proposée en 1988 puis en 2003 par les Éditions Casterman<ref>Modèle:Citation in Modèle:Lien web.</ref>. Une autre publication sous ce format à l'italienne tel qu'il est paru dans Tintin est publiée sous la forme d'un album cartonné le Modèle:Date- sous le titre La Malédiction de Rascar Capac<ref>La Malédiction de Rascar Capac, tome 2 : Les secrets du Temple du soleil, fr.tintin.com</ref> avec pour sous-titre Tome 2 : Les secrets du temple du soleil<ref>Modèle:Citation
Modèle:Citation Modèle:Harv (Modèle:Heure).</ref>.
Parution en album
La publication sous forme d'album en couleurs se fait en 1949. Dès la prépublication s'est posée la question du passage du format « à l'italienne » du journal Tintin au format « portrait » de l'album qui impose à Hergé de procéder à une refonte de son histoire<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>. Mais Hergé est habitué à de telles manipulations puisqu'il a déjà dû refondre Les Sept Boules de cristal en format album à partir d'un format par strips de trois ou quatre cases<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv (Modèle:Heure).</ref>, aussi considère-t-il qu'il n'aura pas de problème pour réaliser cet exercice. Il va néanmoins rencontrer certaines difficultés à le faire<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.
De fait, sur les Modèle:Nobr qui composent son récit de prépublication en format à l'italienne, il est amené à retrancher environ Modèle:Nobr, ce qui représente près de 15 % de l'ensemble<ref>Modèle:Citation Modèle:Harvsp.</ref>. Dans l'opération, certaines séquences doivent être éliminées, comme une scène où le capitaine Haddock s'emplit les poches de pépites d'or natif<ref>Ce métal est si fréquent dans le pays qu'il fait partie de ses plus importantes ressources économiques.</ref> qu'il trouve dans les grottes qui mènent au Temple du Soleil<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>. Philippe Goddin souligne combien cette obligation de retrancher des éléments constitue en fait une bénédiction pour Hergé, tant Haddock fait alors preuve d'une cupidité qui ne lui est pas familière<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>. De plus, ces retraits de séquences le conduisent à devoir créer des cases pour effectuer les raccords entre des séquences qui ne se succédaient pas directement<ref>Modèle:Citation Modèle:Harvsp.</ref>. Autre exemple, lorsque le capitaine souffre du mal des montagnes (soroche, en quechua) au début de leur expédition, Zorrino tend des feuilles de coca. Celles-ci sont mâchées par les indigènes pour supporter les rudes conditions locales et bénéficier de ses vertus stimulantes.
Par ailleurs, à l'inverse des élargissements et des zooms arrière auxquels il avait pu procéder dans Les Sept Boules de cristal<ref group="Note">Ainsi dans Les Sept Boules de cristal, l'intérieur de l'appartement de l'explorateur Marc Charlet fait simultanément l'objet d'un recadrage arrière et d'un élargissement, ce qui fait qu'une case occupe désormais l'équivalent de deux, comme le signale Philippe Goddin : Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>, il est amené à réduire la taille de beaucoup de cases<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>. De fait, contrairement à ses précédents albums, il ne peut insérer qu'une seule<ref group="TdS">Au moment où Tintin et ses compagnons pénètrent dans le Temple du Soleil, au milieu d'une cérémonie Inca, in Modèle:Harvsp, Modèle:Nobr, case A1.</ref> des grandes cases spectaculaires (d'un format d'une demi, voire d'une planche entière) dont il usait précédemment, comme dans Les Sept Boules de cristal<ref>Dans Les Sept Boules de cristal, Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>. De plus, cette case occupe seulement l'espace d'une demi-page, contre une page entière comme dans Le Crabe aux pinces d'or par exemple<ref>Modèle:Ouvrage planches 21, 29, 40 et 49.</ref>.
Références
Références littéraires
Hergé a souvent utilisé nombre d'œuvres littéraires comme sources d'inspiration pour la création de scénarios de Tintin<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>. Le Temple du Soleil ne fait pas exception avec au moins six sources que les recherches ont recensées. Néanmoins, l'auteur ne reconnaît pas volontiers de telles inspirations<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>, ne serait-ce que parce qu'il craint de devoir justifier des références qu'il n'a pas apportées ou même qu'il ne connaît pas<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref> : ainsi, quelques années après la parution de l'album, il refuse la préface d'un livre qui lui est consacrée et pourtant écrite par Roger Nimier au prétexte que, entre autres, le préfacier affirme que Le Temple du Soleil aurait fait appel à l'œuvre de D. H. Lawrence<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>.
La source d'inspiration la plus étudiée et la plus reconnue pour cette histoire est L'Épouse du Soleil, un roman d'aventure écrit par Gaston Leroux et paru sous forme de feuilleton en 1912 puis en livre en 1913<ref>Modèle:Citation, Jacques Langlois, in Modèle:Harvsp</ref>,<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>. Il s'agit de la seule source à laquelle Hergé se réfère explicitement, du moins chez Numa Sadoul : ayant été Modèle:Citation par l'idée de Modèle:Citation, il confirme avoir Modèle:Citation<ref name="78K449" />. Certains épisodes du roman de Leroux se retrouvent donc adaptés : par exemple, la réponse que font invariablement les Indiens aux questions du héros de Leroux (Modèle:Citation étrangère<ref>Modèle:Ouvrage, livre III, chapitre 5.</ref>) devient chez Hergé un gag relevant du comique de répétition lorsque le capitaine Haddock se voit refuser lui aussi toute assistance par la réponse Modèle:Citation étrangère de la part des Indiens Modèle:Incise. Mais l'inspiration va plus loin. En effet, c'est toute une partie de la structure du récit de Gaston Leroux qu'il est possible de retrouver chez Hergé : départ du même port de Callao ; allusion au négoce de guano ; déplacement par le train vers Jauga ; puis équipée à pied à travers la montagne vers le temple du soleil dont les gardiens prévoient le sacrifice sur un bûcher de la compagne du héros<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>. Quant à Huascar, grand-prêtre du Soleil qui a offert la médaille à Tintin, il porte le nom d'un « Indien de Trujillo », jouant un rôle central dans le roman.
Pour nourrir sa réflexion, Hergé puise aussi dans un témoignage, celui de Conrad de Meyendorff, L'Empire du Soleil (1909), qui est le journal de voyage de cet officier de la marine russe de nationalité allemande et de sa femme au cœur de l'Amazonie lors de leur voyage de noces qui dure deux mois en 1903<ref>Modèle:Lien web</ref>. Ainsi, Hergé reprend la trame d'un épisode de ce livre qui relate la mise en quarantaine des passagers du navire en arrivant à Callao, pour cause de peste bubonique<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>. D'ailleurs, Hergé reprend cette même maladie pour justifier la quarantaine imposée aux passagers du Pachacamac, ce qui se révèle un prétexte pour interdire aux autorités toute inspection du navire<ref group="TdS">Modèle:Citation in Modèle:Harvsp, Modèle:Nobr, case B2.</ref>. Une des chroniques « Qui étaient les Incas ? » raconte une anecdote, qui a peut-être inspiré Hergé pour son histoire et qui est racontée dans ce même ouvrage<ref>« Pour cette dernière pérégrination, le canonico Rodrigues déploya tout son réel talent de conteur, afin de nous intéresser aux fouilles possibles. […] D'une voix vibrante, il nous redisait de merveilleux récits, aussi merveilleux qu'improbables. Passant près d'un bloc où restait suspendu un escalier à moitié démoli par la foudre, il s’arrêta et sa voix devint sincère et presque émue : « Là, dit-il, en creusant, je suis persuadé que nous découvririons la fameuse chambre garnie d'or où dona Maria de Esquilval, épouse espagnole d'un des Incas déchus, fut menée les yeux bandés ; son mari voulait qu'elle sût par elle-même qu’il était loin d’être le pauvre diable sans sous ni maille, l’Indien miséreux qu'elle croyait. Après une marche pendant laquelle dona Maria crut avoir passé par d’interminables souterrains et gravi de longs escaliers, elle parvint toute trempée d'humidité dans une vaste pièce où s’alignaient une série d’énormes statues d'or massif, où s’amoncelaient des tas de métaux précieux et des jattes pleines d’émeraudes. Dona Maria revint émerveillée, jurant que c’était là le plus grand trésor du monde. »
Voir ce lien externe</ref>.
ayant pu inspirer Hergé.
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L'intrusion de Tintin à bord du Pachacamac en début d'album évoque cette illustration de 1875 de Jules Férat tirée de L'Île mystérieuse.
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L'enlèvement de Milou par un condor évoque cette illustration d'Édouard Riou de 1868 tirée des Enfants du capitaine Grant.
De plus, Hergé aurait eu pour source d'inspiration des passages de certains ouvrages de Jules Verne dont, le plus assurément, le roman d'aventures Les Enfants du capitaine Grant, paru en 1868 et dont une partie de l'intrigue se déroule en Amérique du Sud. En effet, certains observateurs voient des reprises de ce dernier dans l'épisode où Milou est enlevé par un condor<ref group="TdS">Modèle:Harvsp, Modèle:Nobr, case A1.</ref>, et en particulier au moment où Tintin s'agrippe aux pattes du volatile : cette vignette n'est pas sans évoquer l'illustration que tira Édouard Riou du roman. De même, il est possible de retrouver une similitude entre la vignette où Tintin pénètre à bord du Pachacamac en début d'album<ref group="TdS">Modèle:Harvsp, Modèle:Nobr, case C1.</ref> et l'illustration de Jules Férat représentant un épisode de L'Île mystérieuse paru en 1875<ref>Modèle:Citation in Modèle:Article.</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Ces rapprochements entre des vignettes d'albums de Tintin et des épisodes ou des illustrations de romans de Jules Verne ont toutefois fait l'objet de polémiques<ref>Dont la plus mesurée provient de Benoît Peeters qui note Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>. De fait, il est difficile de mesurer l'influence réelle que peut avoir l'œuvre de Jules Verne sur Le Temple du Soleil, d'autant qu'Hergé a toujours nié avoir jamais lu cet auteur<ref>Modèle:Citation in Modèle:Article.</ref>. Néanmoins, si ce lien existe, il est possible de l'attribuer de nouveau à Jacques Van Melkebeke, parfois qualifié en effet de Modèle:Citation<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.
Par ailleurs, selon toute hypothèse, Hergé se serait également inspiré des Commentaires royaux sur le Pérou des Incas de Inca Garcilaso de la Vega, chroniqueur amérindien de langue espagnole de la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle<ref>Modèle:Ouvrage. La version en espagnol est accessible en ligne sur Bibliotecas virtuales</ref> dont il aurait eu vent grâce à l'ouvrage de Conrad de Meyendorff<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>. Certains indices tendraient à le prouver bien que cela soit très discret<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>. Ainsi, dans la version de prépublication dans Tintin peut-on lire cette demande faite par Tintin à Milou de hurler alors qu'ils se trouvent sur le bûcher préparés par les Incas<ref group="STS">Modèle:Citation in Modèle:Harvsp, case B6.</ref>,<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>. Or cette injonction constituerait un reflet du témoignage de Garcilaso de la Vega qui raconte : Modèle:Citation<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>. Par ailleurs, toujours dans cette scène, le chant des jeunes femmes avant le sacrifice serait tiré du même livre<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref> dont Hergé a recueilli la traduction : Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.
De même, la description de l'usage des lentilles servant à allumer le bûcher des condamnés appartient aux Commentaires royaux, ce qu'aurait également emprunté Hergé<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>, choix qui contredit la description que l'on trouve dans une illustration d'article du National Geographic sur la civilisation inca, réalisée par Herbert M. Herget, selon laquelle les Incas utilisaient une petite coupelle en or au centre de laquelle ils plaçaient l'objet à enflammer<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>. Mais l'indice le plus probant dans l'usage de cet écrit comme source tiendrait dans cette image plusieurs fois répétée par Hergé du lama qui crache sur le visage du capitaine Haddock<ref group="TdS">Modèle:Harvsp, Modèle:Nobr, case D3.</ref>,<ref group="TdS">Modèle:Harvsp, Modèle:Nobr, case A3.</ref>. En effet, il semble que cette idée n'ait jamais été utilisée dans la littérature, à tout le moins ni dans L'Épouse du Soleil de Gaston Leroux, ni dans d'autres récits où ces animaux sont pourtant présents<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>. Or il se trouve qu'il s'agit justement d'une représentation des lamas décrite par Garcilaso de la Vega : Modèle:Citation<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>.
Une autre source d'inspiration possible pourrait être le conte philosophique Candide de Voltaire paru en 1759<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>. En effet, Tintin et ses compagnons quittent le Temple du Soleil avec des lamas chargés d'or et de pierreries<ref group="TdS">Modèle:Harvsp, Modèle:Nobr, case C1.</ref>, ce qui n'est pas sans évoquer la manière dont Candide quitte le pays d'Eldorado<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>. Or, cette référence littéraire a peut-être comme origine le fait que le Zadig du même Voltaire paraît en version dessinée dans les pages du journal Tintin en même temps que Le Temple du Soleil, ce qui a pu amener l'auteur à s'y intéresser ou à se remémorer l'œuvre de l'écrivain<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref> ; une autre hypothèse propose que ce soit Edgar P. Jacobs, dont la culture est plus développée, qui aurait pu glisser cet apport littéraire<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>.
Enfin, en juin 2014, le site d'information en ligne Sept.info<ref>Modèle:Lien web</ref> croit pouvoir affirmer qu'Hergé se serait inspiré d'un roman de 32 pages, Le Maître du Soleil, de Marcel Priollet (écrivant alors sous le nom de plume de René-Marcel de Nizerolles), datant de 1942 et paru en 1944 aux Éditions du livre moderne<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv</ref>. En effet, il est possible d'y trouver des éléments qui constituent une partie de la trame de l'œuvre d'Hergé : la découverte par le héros dans sa cellule d'un journal permettant de prévoir une éclipse de soleil<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv</ref>,<ref group="Note">Néanmoins, l'auteur de l'article reconnaît que la stratégie utilisée par Tintin a déjà été couramment utilisée dans la littérature : Modèle:Citation Modèle:Harv</ref> ; la demande par le héros à son compagnon de le suivre aveuglément<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv</ref> ; des dialogues que le journaliste juge très proches<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv</ref> comme la supplique que chaque héros fait au Soleil pour qu'il s'éteigne<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv</ref> ou comme la demande implorante que fait l'Inca au héros de faire réapparaître le Soleil<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv</ref>. Néanmoins, concernant ce dernier point, il est possible de noter qu'Hergé choisit de prêter un tel langage emphatique à d'autres personnages, tel le prêtre implorant le Soleil alors qu'on met le feu au bûcher (Modèle:Citation<ref group="TdS">Modèle:Harvsp, Modèle:Nobr, case B1.</ref>), que Philippe Goddin ne manque pas de rapprocher de la déclamation notée par Herbert Herget dans le National Geographic (Modèle:Citation<ref>Cité par P. Goddin in Modèle:Harvsp.</ref>), et qui n'est donc pas propre à une seule référence.
Sources de documentation
Souci de réalisme
Pour la création de cette aventure, Hergé fait preuve d'une volonté manifeste de crédibilité en s'appuyant fortement sur une documentation fiable. Ainsi pour la séquence à bord du Pachacamac, il parvient à se procurer les plans d'un cargo, le S.S. Égypte<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>, de même qu'il obtient l'autorisation de parcourir le navire alors ancré à Anvers<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>, ce qui lui permet de faire effectuer à son personnage un trajet précis et cohérent. L’Égypte, navire issu du programme de guerre allemand de conversion de navires de commerce en croiseurs auxiliaires appelé « Modèle:Lien »<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>, est construit en 1946 par les chantiers belges Jos Boel & Fils, qui lui fournissent des photos et un plan détaillé<ref name=bateaux>Modèle:Citation Modèle:Ouvrage.</ref> ; c'est le même navire qui inspire plus tard les dessins du Ramona dans l'album Coke en stock<ref>Modèle:Citation Modèle:Ouvrage.</ref>.
Cette volonté de véracité est identique en ce qui concerne le monde inca. Or la réussite est telle qu'elle fait dire aux observateurs de son œuvre qu'en plus de proposer Modèle:Citation, Hergé Modèle:Citation<ref>Modèle:Article.</ref>.
Les sources bibliographiques sur lesquelles Hergé s'appuie pour écrire Le Temple du Soleil sont plus importantes que pour Les Sept Boules de cristal, le premier volume du diptyque. En effet, le manque de documentation pour écrire ce dernier a été source de frustration pour l'auteur à tel point qu'il s'en était ouvert à Charles Lesne, son correspondant à Casterman, dans un courrier du 26 mars 1946<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>. Aussi étoffe-t-il sa documentation : il s'appuie toujours et en premier lieu sur l'ouvrage de Charles Wiener, Pérou et Bolivie, notamment pour la quantité des gravures qui le composent<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>. Cet ouvrage lui est notamment utile pour représenter les villes que Tintin est amené à traverser<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>.
Il utilise également deux dossiers du National Geographic, datés de 1938 et intitulés « Modèle:Langue » et « Modèle:Langue », intéressants pour leurs descriptions des costumes, de l'habitat et de l'environnement du Pérou<ref>Modèle:Harv.</ref>. En outre, ces dossiers contiennent huit illustrations dessinées par Herbert M. Herget<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref> représentant des Modèle:Citation, dont, notamment, une scène spectaculaire de cérémonie où les participants font circuler un serpent factice : Hergé s'en inspire très fidèlement pour représenter la cérémonie préparatoire à la mise au bûcher de Tintin, Haddock et Tournesol<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>.
Par ailleurs, Hergé se procure La Civilisation aztèque, datant de 1934 et écrit par J. Eric Thomson, conservateur du musée Field à Chicago : ce livre lui est utile pour la description des objets du quotidien dans le Mexique précolombien. Enfin, l'auteur utilise les illustrations contenues dans l'ouvrage de Conrad de Meyendorff, L'Empire du Soleil, Pérou et Bolivie<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv</ref>.
Cette documentation permet de représenter avec un souci du détail quasi ethnographique les populations croisées par les héros. Ainsi, on voit des péruviens coiffés du chapeau melon (bombín), apporté par les Européens au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle et qu'ils adoptèrent depuis, ainsi que des ponchos, dont les motifs indiquent le village d'origine de leur propriétaire. Il en va de même pour les vendeuses de chicha, tirées d'une photo de National Geographic<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.
de sa documentation historique.
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Bas-relief représentant le dieu Viracocha, motif central de la porte du Soleil à Tiahuanaco. Gravure publiée dans le livre de Charles Wiener Pérou et Bolivie.
Hergé ne s'est pas seulement inspiré de sources littéraires. Il a aussi puisé dans le cinéma, avec le long-métrage d'animation des studios Disney sorti en 1942, Saludos Amigos. Plus précisément, la séquence Lac Titicaca, montrant Donald chevauchant un lama, dont le couvre-chef inspirera celui que porte Tintin quand, vêtu d'un poncho, il retrouve le capitaine, parti à sa recherche avec les Dupondt<ref group="STS">In Modèle:Harv</ref>.
Les escapades autour du monde des Dupondt, cherchant désespérément leurs amis grâce à leurs pendules, donne l'occasion pour Hergé de montrer des paysages du monde entier. La première donne l'occasion de montrer une nouvelle fois la France dans les aventures de Tintin, lorsqu'ils grimpent les escaliers du pilier Est de la Tour Eiffel<ref>La case reprend une photo prise par Hergé de sa future femme Germaine lors de leur voyage à Paris, en 1931. Modèle:Harv On y reconnait des bâtiments longeant le Champ-de-Mars, tel que celui coiffé d'un dôme, sur l'Allée Adrienne-Lecouvreur.</ref>. Une autre les montre à Gizeh, devant le Sphinx, ainsi que les grandes pyramides, qu'Hergé avait déjà représentées dans Les Cigares du pharaon.
Inexactitudes et approximations
Malgré toutes les précautions dont il a pu s'entourer afin d'éviter le maximum d'erreurs<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>, Hergé commet certaines inexactitudes qui émaillent son récit.
La première raison en est la faible documentation iconographique dont dispose l'auteur<ref>Philippe Goddin remarquant ainsi que Modèle:Citation, il énumère quelques-unes de ces approximations, in Modèle:Harvsp.</ref>, ce qui l'oblige à jouer avec la réalité<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>. Ce genre d'erreurs plus ou moins volontaires apparaît par exemple dès la une du premier numéro du journal Tintin<ref>Couverture visible ici</ref>, montrant au lecteur une effrayante statue géante. Composée par Jacobs, elle mêle un personnage sculpté sur le dos d'un miroir à main<ref>Qu'il pensait provenir d'Ica.</ref>, auquel a été attribué une massue d'un vase céramique de Chimbote d'un guerrier à tête de chouette et les perles de la coiffe d'un dieu Soleil figuré en crabe. Arborant enfin une peinture faciale, reprise d'un livre représentant des dessins de différentes peintures faciales péruviennes <ref group="STS">Modèle:Harv</ref>.
Ces erreurs reviennent dans les premières cases de l'album puisqu'en faisant déambuler Tintin et le capitaine Haddock dans les rues de Lima proche de Callao, ce sont en fait celles correspondant à la ville de Cusco qu'ils traversent<ref>« [Hergé] s'inspire de photos prise, pour la plupart, à Cuzco lorsqu'il s'efforce de reconstituer la ville de Lima. [...] Le portail qu'on distingue derrière Tintin et Haddock, lorsqu’ils sortent du commissariat, appartient en effet au monastère Santo Domingo, de Cuzco, qui fut construit sur les ruines du Qoricancha ou « temple du Soleil », l'édifice sacré des Incas qui fut détruit par les conquistadores. » Modèle:Harv.</ref>. Cette transposition de Cusco à Callao se remarque aussi avec la "chola", vêtue d'une Modèle:Lien, qui se promène dans les rues, portant un enfant sur son dos et filant la laine, inspirée de deux autres photographiées dans cette première ville<ref group="STS">« Hergé l'a dessinée à partir de deux documents distincts : un cliché extrait du National Geographic Magazine de février 1938, et un des tirages d'amateur qu'un ecclésiastique de ses connaissances, rentré du Pérou, avait mis à sa disposition. », Modèle:Harv.</ref>.
De même, quelques planches plus loin, les illustrations des rues de la ville de Jauja que Tintin arpente correspondent en fait à des peintures<ref>Réalisées par le peintre Himona, qui accompagna les Meyendorff Modèle:Harv</ref> de la ville de Puno située à près de Modèle:Unité de là à vol d'oiseau<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>,<ref group="Note">Distance calculée à vol d'oiseau, étant de Modèle:Unité par la route, in Modèle:Lien web. On peut utiliser ce calculateur de distances pour les autres lieux cités dans cette partie.</ref>. Le nom même de cette cité, Jauga dans l'album, est l'objet d'une erreur puisqu'elle se nomme Jauja, erreur dont l'origine est une faute d'orthographe de la part d'Edgar P. Jacobs qu'Hergé a recopiée<ref>Modèle:Citation, in Modèle:Harvsp.</ref>. Dans cette ville, le héros passe devant un mur fait d'un appareil de blocs en granit à angles droits sans mortier<ref name="p19_D3" group="TdS" />, que l'on retrouve plutôt à Cusco. Toutefois, celui devant lequel il passe dans la case suivante est fait de blocs de schistes reliés entre eux par des couches de mortier, comme on retrouve à Jauja.
Similairement, les héros passent la première nuit de leur expédition avec Zorrino dans un chulpa, qu'il présente comme étant un vieux tombeau inca. Il s'agit en fait de tour funéraire dans certaines civilisations pré-incas, que l'on trouve au sud du pays. De plus, la taille de celui de l'album est exagérée puisque la chambre mortuaire permet à plusieurs personnes de s'y allonger à l'aise, tandis que dans la réalité, celle-ci est petite.
De la même manière, en fin d'histoire, si la vignette où Tintin et Haddock sont amenés à leur bûcher<ref group="TdS">Modèle:Harvsp, Modèle:Nobr, case B2.</ref> correspond à un cliché de la cité du Machu Picchu issu du National Geographic, l'appareil du mur sur la bande suivante correspond à un dessin représentant les murailles de la citadelle de Saqsaywaman située à Cusco<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>. Enfin, lorsque Hergé représente cette même ville de Cusco en fin d'histoire, le décor de la rue visible en vignette correspondrait plutôt à la ville de La Paz, capitale administrative de la Bolivie, puisqu'il s'inspire d'un cliché pris par Conrad de Meyendorff de cette dernière<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>.
La seconde raison de ces erreurs provient du fait que les sources dont Hergé dispose sont elles-mêmes sujettes à caution. Ainsi, il est démontré que les dessins effectués par Herbert Herget dans le National Geographic constituent souvent une interprétation de sa part de la réalité historique<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>. Par exemple, Herget attribue des vases à la culture moche : cette dernière est certes sud-américaine mais elle n'est pas inca<ref>Les héros découvrent Modèle:Citation, Patrice Lecoq Modèle:Harv. Des erreurs, Michel Daubert précise qu'elles sont dues aux Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>, lui étant antérieure de plusieurs siècles<ref group="Note">La civilisation inca s'est développée au Pérou à partir du début du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle ap. J.-C. alors que la culture Moche s'est développée sur la même aire géographique puis en a disparu beaucoup plus tôt et selon les dates suivantes : Modèle:Citation. Modèle:Harv.</ref>. Bien que certains costumes représentés par Hergé semblent créés de toutes pièces, il se base sur des éléments réels. Ainsi, le couvre-chef, qu'Hergé a réutilisé pour en coiffer le professeur Tournesol, ne représente pas un perroquet, comme d'aucuns l'ont cru, mais plutôt une tête de batracien. Ces animaux symbolisent l'eau et commandent la pluie, selon des mythes d'Amérique du sud<ref>Modèle:Harv</ref>.
On retrouve ce mélange de différentes cultures andines dans le tombeau, en partie écroulé à la suite d'un des nombreux séismes que connaît le pays, que les héros découvrent avant leur contact avec les Incas. On note ainsi ce vase-portrait au regard sévère, que Tintin confond avec la tête d'une personne et qui est représentatif des céramiques mochicas. Quant aux momies, si marquantes que l'auteur décide de les réutiliser pour la couverture de l'album, elles proviennent de la culture Chancay. Plus précisément, l'auteur s'est inspiré de la coupe d'une tombe Huaca d'Ancon et d'un dessin de tête mise au jour à Chancay. Ce sont des exemples parmi les nombreux objets d'arts disséminés dans la tombe<ref group="STS">On remarque aussi un vase découvert à Chavín de Huántar (culture de Chavín), une massue en bois de chonta provenant de Paramonga, une flûte taillée dans un tibia trouvée à Cajamarca, une flûte de pan... Modèle:Harv</ref>.
Le Temple du Soleil lui-même est représentatif de cette volonté de représenter des éléments incas, tout en prenant la liberté d'y incorporer des éléments d'autres cultures, comme précisé plus haut. Ainsi, la porte trapézoïdale par laquelle les héros déboulent en pleine cérémonie est courante dans l'architecture inca. Toutefois, le dessin surmontant l'autel a été recopié à partir d'une figure représentant Viracocha, ornant la porte du Soleil à Tiwanaku, site archéologique bolivien représentatif de la culture du même nom. Quant aux dessins sur le trône de l'Inca, ils sont sans doute issus de peintures découvertes sur le site de Pachacamac. Ce qui n'empêche pas que la chambre dans laquelle logent Tintin et Haddock soit entourée de tentures qui, en plus de garantir une isolation thermique dans ce site en altitude, offre au regard des motifs incas<ref>Modèle:Harv</ref>.
Après avoir été délivrés de leur bûcher, Tintin et ses amis sont emmenés dans un sanctuaire à la demande du journaliste, pour que soit levée la malédiction de Rascar Capac. Notons au passage que le couloir qui y mène reprend une grotte contenant une nef, dessinée par Wiener et qui se trouve aux alentours de Cusco (non localisée précisément). Puis, ils transitent par un autre couloir vers la salle du trésor, dont l'accès se fait par une porte reprenant le motif d'une pierre sculptée de la culture Pashas, exposée à Cabana. Cette salle entrepose le trésor des Incas, dans lequel Hergé place des statues, dont une reprend celle figurant à la une du premier numéro du journal Tintin<ref>Modèle:Harv</ref>.
Enfin, un épisode renvoie à un événement astronomique sur lequel beaucoup de commentaires ont été émis : l'éclipse solaire. Comme elle se produit lors de l'épisode final du bûcher qui constitue un évènement central au sein de l'histoire, l'éclipse marque la résolution de l'aventure ; l'idée semble en avoir été apportée par Bernard Heuvelmans<ref name="éclipse Heuvelmans" />. La première erreur d'Hergé est historique lorsqu'il prétend que les Incas ne connaissent pas un tel phénomène, alors qu'il leur était familier même s'ils ne savaient pas prévoir les éclipses<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>. Par ailleurs, la seconde erreur, scientifique, concerne le bord à partir duquel le Soleil est occulté par la Lune. De fait, quelque temps après la publication de la version album du Temple du Soleil, Hergé reçoit un abondant courrier l’informant qu’il a commis une erreur lors de la scène en la faisant démarrer par la droite du Soleil<ref group="TdS">Modèle:Harvsp, Modèle:Nobr, case C3.</ref>. Or les personnages se trouvant dans l’hémisphère sud et non dans l’hémisphère nord, l’éclipse aurait dû se dérouler dans le sens inverse de sa description<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>. L'erreur est d'autant plus fâcheuse que la version de prépublication propose une version réaliste de la scène, où la Lune occulte le Soleil par la gauche<ref group="STS">Modèle:Harvsp, case B3.</ref>,<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>. C'est ainsi que, plusieurs années plus tard, cette scène est remise en question par Hergé qui, simultanément, regrette l'erreur et considère le procédé comme un cliché scénaristique : Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.
L'introduction des lamas dans les rues de Callao est hasardeuse, ces animaux des hauts plateaux suporteraient mal de vivre sur le littoral, manquant notamment de fraîcheur. Cette liberté permet néanmoins d'introduire dès le début le running gag des lamas et du capitaine.
Ces erreurs mises bout à bout, et notamment celles concernant la civilisation inca, font qu'un certain nombre de critiques seront dirigées à l'encontre du Temple du Soleil par les spécialistes de l'Amérique pré-colombienne<ref>Modèle:Citation, Philippe Goddin, in Modèle:Harvsp.</ref>. Néanmoins, Hergé, en créant Le Temple du Soleil, n'a pas pour objectif de faire œuvre d'exactitude historique mais simplement de réalisme et de crédibilité<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv (4 min 40 s).</ref>. Par ailleurs, les observateurs tintinologues font remarquer que l'œuvre appartient au domaine de l'art et que l'important demeure que Modèle:Citation dans le récit et le monde qu'il décrit<ref>Modèle:Citation, Philippe Goddin in Modèle:Harvsp.</ref>. Enfin, l'amoncellement d'éléments hétéroclites venant de tout le Pérou est l'occasion pour les lecteurs de découvrir la diversité des arts des différentes civilisations andines et, plus largement, celle qu'offre ce pays.
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Masque de momie qu'Hergé situe dans la tombe inca attenante au Temple du Soleil<ref group="TdS">Modèle:Harvsp, Modèle:Nobr, case C3.</ref> alors qu'elle appartient à la culture Chancay<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.
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Hergé place ce mur dans la ville de Jauja<ref name="p19_D3" group="TdS">Modèle:Harvsp, Modèle:Nobr, case D3.</ref> alors qu'il est plutôt typique de la ville de Cusco<ref name="WG8QMS" />.
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Contrairement à ce que dessine Hergé<ref group="TdS">Modèle:Harvsp, Modèle:Nobr, case 13.</ref>, les Incas portaient leurs pendants d'oreilles perpendiculairement aux tempes<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.
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Cet ours noir, Ursus americanus, ne vit qu'en Amérique du Nord<ref>Modèle:Harvsp.</ref> et ne peut donc se trouver dans les montagnes andines pour y effrayer le capitaine Haddock<ref group="TdS">Modèle:Harvsp, Modèle:Nobr, case B1.</ref>.
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Pierre sculptée de la culture Pashas, exposée à Cabana (Région d'Ancash). Figurant un soleil entouré de quatre animaux fabuleux, elle fut reprise pour orner la porte menant à la salle du trésor.
Analyse
Un album reflet de la vie de son auteur
Certains observateurs notent que Le Temple du Soleil marque un virage dans l'état d'esprit avec lequel travaille Hergé. En effet, il est alors la cible d'attaques pour sa collaboration au journal Le Soir durant la Seconde Guerre mondiale. Cet état d'esprit se ressentirait ainsi sur son récit qui deviendrait à partir de là moins léger : c'est ce qui fait dire à Assouline que Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Ainsi, ce même observateur veut voir dans la vignette où le capitaine Haddock est effondré dans un fauteuil en attente de nouvelles de Tournesol<ref group="STS">Modèle:Harvsp, case B2.</ref>,<ref group="Note">Cette vignette parue sous le titre du Temple du Soleil dans le journal Tintin appartient en fait à l'histoire des Sept Boules de Cristal.</ref> le reflet d'une grave crise de la dépression subie par Hergé. De la même façon, certains épisodes du récit appartenant tout à fait au Temple du Soleil constitueraient autant de clins d'œil ironiques de la part de l'auteur sur sa propre vie personnelle, comme cette exclamation du capitaine Modèle:Citation : un des Dupondt l'interroge alors, Modèle:Citation, ce à quoi répond le capitaine Modèle:Citation<ref group="TdS">Modèle:Harvsp, Modèle:Nobr, cases A1 et A2.</ref>. Or cet échange ne serait pas sans évoquer à la fois le fait qu'Hergé fête alors ses quarante ans et le fait qu'il est touché par un fort syndrome dépressif<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.
Par ailleurs, l'album fait intervenir Zorrino, un personnage dont la création pourrait elle aussi entrer en résonance avec la vie d'Hergé, tout comme le thème qu'il convoque, celui de l'adoption. En effet, l'écrivain et critique littéraire britannique Tom McCarthy relève combien cette figure d'Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp.</ref>, qui donc semble être un orphelin<ref>Modèle:Citation in Modèle:Ouvrage</ref>, renvoie à d'autres figures identiques dans l'œuvre d'Hergé : Tchang dans Le Lotus bleu ou, plus tard, Miarka dans Les Bijoux de la Castafiore. Dans les albums de la série, Tintin apparaît aussi comme Modèle:Citation<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Or il se trouve que Zorrino, comme ces autres personnages, finit par bénéficier de ce qui pourrait peu ou prou se rapprocher d'une adoption : Modèle:Citation<ref>Modèle:Citation étrangère Modèle:Harv.</ref>. McCarthy ne fait pas explicitement un lien entre ce thème et un hypothétique désir d'adoption de la part d'Hergé mais d'une part, ce dernier n'a alors pas d'enfant (et n'en aura jamais) et d'autre part, Pierre Assouline dans son ouvrage, Hergé, pense pouvoir révéler que le dessinateur et sa femme d'alors, Germaine Kieckens, auraient entamé une démarche d'adoption à la fin des années 1940<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>. Néanmoins, cette information, qu'Assouline affirme tenir de Germaine avant qu'elle ne décède en 1995, est mise en doute dès 2002 par un autre biographe d'Hergé, Benoît Peeters dans son ouvrage Hergé, fils de Tintin<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>, voire niée de façon tranchée par les héritiers d'Hergé, ainsi que par le même Benoît Peeters qui en 2009 signe un communiqué commun avec Philippe Goddin en la qualifiant de Modèle:Citation<ref>Modèle:Citation in Modèle:Lien web</ref>. De façon plus avérée, il apparaît qu'Hergé est stérile, ce qui conduit Pierre Assouline à regretter ne pas posséder plus d'information concernant ce sujet, car Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.
Malgré cette pesanteur, des accès de spontanéité et de fraîcheur demeurent tout de même en cours de récit. Ainsi Numa Sadoul, qui Modèle:Citation la scène de l'éclipse solaire, se satisfait tout de même du fait qu'elle soit littéralement Modèle:Citation par Modèle:Citation<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>.
Place de l'album au sein de la série
Bien qu'appartenant à un diptyque formé avec Les Sept Boules de cristal, Le Temple du Soleil a sa spécificité visuelle et narrative propre. L'album est qualifié par Philippe Goddin de Modèle:Citation<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv (16 min 30 s).</ref>, ne serait-ce que parce qu'il paraît d'emblée en couleurs, ce qui n'avait pas été le cas pour Les Sept Boules de cristal<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv (16 min 50 s).</ref>.
Les premières planches de la version de prépublication du Temple du Soleil constituent de façon narrative une source d'interrogation pour Hergé : quelle transition efficace et réaliste offrir avec Les Sept Boules de cristal ? En effet, l'auteur fait face à deux écueils : cette dernière histoire a brusquement été interrompue avant sa fin<ref name="0K8ALT" /> ; et deux ans se sont écoulés depuis cette interruption. C'est ainsi que, dans la version de publication dans le journal Tintin, Hergé propose un résumé de l'aventure précédente par une coupure de presse que lit Tintin en se rendant à Moulinsart<ref group="STS">Modèle:Harvsp.</ref>,<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>. Néanmoins, cette présentation est absente de l'album puisque toute la partie de cette histoire se déroulant en Europe se retrouve dans l'album des Sept Boules de cristal.
Plus largement, Le Temple du Soleil s'inscrit dans une continuité au sein de la série des Aventures de Tintin et cela apparaît d'abord au niveau de la construction du récit. Ainsi, selon Pierre Masson, professeur émérite de littérature française à l'Université de Nantes, Le Temple du Soleil comprend deux étapes rituelles qui constituent ensemble une véritable initiation<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>, laquelle permet à Tintin de résoudre la quête dont il s'est saisi : d'abord, le héros subit un Modèle:Citation qui consiste en sa mort symbolique suivie d'un baptême ; ensuite, il est invité à une Modèle:Citation, terme qu'il faut entendre dans son sens religieux, où l'impétrant ne subit plus le rituel mais en est l'acteur<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>. Or il apparaît que ce dispositif scénaristique est déjà établi dans les Aventures de Tintin, notamment à partir de Tintin en Amérique, inscrivant tout à fait Le Temple du Soleil dans la continuité de la série<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>.
Le chercheur situe la première étape de l'initiation au moment où Tintin est victime d'un attentat dans un train : le héros se lance du haut d'un viaduc, dans le vide, marquant là sa mort symbolique. Or cette chute s'achève en véritable plongeon dans une rivière<ref group="TdS" name="CB5CWH" /> Modèle:Incise. Un tel cheminement est, de façon tout à fait caractéristique, déjà visible dans l'album des Cigares du pharaon dans lequel Tintin, après avoir été enfermé dans un cercueil, est jeté à la mer par les membres d'équipage d'un navire<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>,<ref group="AAdT">Modèle:Ouvrage, Modèle:Nobr.</ref>.
Dès lors, se met en place la seconde étape du rituel d'initiation, la confirmation, lors de laquelle Tintin est cette fois actif : celle-ci est visible lorsque le jeune héros traverse la cascade<ref group="TdS">Modèle:Harvsp, Modèle:Nobr.</ref> qui, tel un rideau, barre l'entrée du Temple du Soleil<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>. Or cette seconde étape se retrouve déjà dans Le Lotus bleu par exemple où, se jetant à l'eau de façon tout à fait volontaire, Tintin tombe sur un enfant (Tchang) qui lui indique le bon chemin<ref group="AAdT">Modèle:Ouvrage, Modèle:Nobr, case D3.</ref>,<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>.
Un second point permettant d'insérer Le Temple du Soleil au sein d'une continuité apparaît à travers le choix de thèmes qui deviennent récurrents.
Un premier thème notable, selon Tom McCarthy, est constitué par celui du trésor, et en particulier des bijoux. Il s'agit d'un thème qui fait écho aux précédents albums<ref>Modèle:Citation (Modèle:Citation étrangère)Modèle:Harv.</ref>. En effet, Le Temple du Soleil s'achève sur le don fait aux héros par les Incas d'un véritable trésor<ref group="TdS">Modèle:Citation dans Modèle:Harvsp, Modèle:Nobr, case B1.</ref>. Cela rappelle ainsi celui que découvrent Tintin et le capitaine Haddock à la fin du Trésor de Rackham le Rouge<ref group="AAdT">Modèle:Ouvrage, Modèle:Nobr, case B1.</ref> et qui est l'objet de la quête des personnages ; de même, l'histoire de L'Oreille cassée tourne autour d'un diamant caché dans une statuette<ref group="AAdT">Modèle:Ouvrage, Modèle:Nobr, case D1.</ref> ; enfin, dans Tintin au Congo, c'est le contrôle de la production de diamants qui anime le récit<ref group="AAdT">Modèle:Citation dans Modèle:Ouvrage, Modèle:Nobr, case A1.</ref>. Or, selon Tom McCarthy, le bijou symboliserait le secret : de fait, si le bijou achète le silence des héros quant à l'existence du Temple du Soleil<ref>Modèle:Citation (Modèle:Citation étrangère)Modèle:Harv.</ref>, il est celui qui emporte le secret dans la tombe pour ceux qui l'ont volé dans Le Trésor de Rackham le Rouge et L'Oreille cassée<ref>Modèle:Citation (Modèle:Citation étrangère)Modèle:Harv.</ref>. De même, il est possible de considérer le bijou, à partir du Trésor de Rackham le Rouge et du Temple du Soleil, sous un aspect purement symbolique : celui-ci ne constitue que l'Modèle:Citation permettant de matérialiser une quête purement spirituelle, à savoir, pour Tintin, constituer ou préserver un cercle familial au sein duquel il se situe : dans le cas du Temple du Soleil, sauver le professeur Tournesol ou même Zorrino de la mort<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>.
Un autre thème qu'il est possible de repérer est celui de la voix, considérée comme source de pouvoir et d'autorité<ref>Modèle:Citation (Modèle:Citation étrangère)Modèle:Harv.</ref>. Cette voix qui ordonne apparaît dans l'album lorsque Tintin invoque le dieu Soleil dont il demande la disparition alors qu'il se trouve sur le bûcher en compagnie du capitaine Haddock et du professeur Tournesol<ref group="TdS">Modèle:Citation in Modèle:Harvsp, Modèle:Nobr, case B3.</ref>. Le procédé évoque le stratagème déjà utilisé par Tintin pour se faire obéir du professeur Philippulus dans L'Étoile mystérieuse, le héros se saisissant d'un porte-voix grâce auquel il se fait passer pour Dieu auprès du malheureux professeur devenu un fou mystique<ref group="AAdT">Modèle:Citation in Modèle:Ouvrage, Modèle:Nobr, case A4</ref> ; de même, dans L'Oreille cassée, la voix est celle qui permet de manipuler les membres de la tribu Bibaros, ennemis des Arumbayas, lorsque l'explorateur Ridgewell, également ventriloque, fait parler leur fétiche dans le but de les effrayer<ref>Modèle:Citation Modèle:Harv.</ref>,<ref group="AAdT">Modèle:Ouvrage, Modèle:Nobr, case C1.</ref>. Tom McCarthy décrit alors le procédé comme une véritable insertion Modèle:Citation entre la divinité et la personne à Modèle:Citation<ref>Modèle:Citation (Modèle:Citation étrangère) Modèle:Harv.</ref>.
Bien plus, ce thème s'élargit au bruit en général qui, dans les albums d'Hergé, représente la menace. Cet aspect dangereux apparaît ainsi tout à fait dans Le Temple du Soleil lorsqu'un simple éternuement suffit à provoquer une avalanche sur les héros<ref group="TdS">Modèle:Harvsp, Modèle:Nobr, cases D3 et D4.</ref>,<ref>Modèle:Citation (Modèle:Citation étrangère)Modèle:Harv.</ref>. Or Hergé évoque volontiers ce caractère dangereux dans ses albums, comme dans Le Sceptre d'Ottokar, où Tintin se console, Modèle:Citation alors que Bianca Castafiore entame son célèbre Air des bijoux dans la voiture qui les conduit à Klow<ref group="AAdT">Modèle:Ouvrage, Modèle:Nobr, case B2.</ref>,<ref>Modèle:Citation (Modèle:Citation étrangère)Modèle:Harv.</ref> ou bien comme, plus tard, dans L'Affaire Tournesol où l'invention de Tournesol d'une arme utilisant les ultrasons attire la convoitise d'une nation belliciste<ref group="AAdT">Modèle:Ouvrage, Modèle:Nobr.</ref>,<ref>Modèle:Citation (Modèle:Citation étrangère)Modèle:Harv.</ref>.
Adaptations
En Modèle:Date-, une adaptation radiophonique d'albums de Tintin est proposée à l'écoute sur la station France II-Régional<ref group="Note">Chaîne de radio dont la fusion avec France I entre octobre et décembre 1963 aboutit à la création de la station France Inter.</ref>. Le 26 novembre, après Les Sept Boules de cristal, c'est au tour du Temple du Soleil d'être adapté par Nicole Strauss et Jacques Langeais sous la forme d'un feuilleton radiophonique en 15 épisodes réalisé par Jean-Jacques Vierne, sur une musique de Vincent Vial et faisant intervenir Maurice Sarfati (Tintin), Jacques Hilling (le capitaine Haddock), Laurence Badie (Zorrino), Jacques Dufilho (le professeur Tournesol), Henri Virlogeux (Nestor et Huaco), Jean Carmet (Dupont), Jean Bellanger (Dupond), Yves Peneau (Chiquito), Maurice Nasil (Huascar), Gaëtan Jor (un marin Péruvien) et Jean Daguerre (un indien)<ref group="Note">En revanche, on ne connaît pas le nom de l'acteur ayant « joué » le rôle de Milou, comme le signale Philippe Garbit dans son introduction à la diffusion de l'aventure sur France Culture.</ref>. Cette adaptation a été ensuite distribuée sous la forme d'un disque 33 tours aux éditions Pathé Marconi<ref>Lire la présentation sur Modèle:Lien web.</ref> puis rediffusée en Modèle:Date- sur France Culture<ref>dont la présentation est disponible sur Modèle:Lien web.</ref>.
Il existe plusieurs adaptations animées de l'album. Ainsi, un long métrage d'animation des studios Belvision sorti en 1969, Tintin et le Temple du Soleil, reprend la trame du diptyque auquel il appartient. Puis il est adapté dans une série animée en 1992.
À partir de 1995, le producteur Claude Berri et le réalisateur Alain Berberian, tout juste sorti du succès de La Cité de la peur, montent une superproduction française, validée par les ayants droit, adaptée du diptyque Les Sept Boules de cristal / Le Temple du Soleil, avec un large budget de Modèle:Nombre (environ Modèle:Nombre en Modèle:PREVIOUSYEARModèle:Inflation-info), destiné à rivaliser avec le cinéma américain<ref name="AdaptationsLive">Modèle:Lien web.</ref>. Jean Reno est prévu en capitaine Haddock, Darry Cowl en professeur Tournesol et Sami Frey en roi des Incas<ref name="AdaptationsLive"/>. Le projet finit par être abandonné car Berri et Berberian sont en désaccord sur leur choix de Tintin, le premier réclamant une vedette trentenaire tandis que le second désire un jeune inconnu entre dix-sept et vingt ans, qu'ils n'ont de toute façon pas trouvé malgré de très nombreuses auditions<ref name="AdaptationsLive"/>,Modèle:Note.
Après Les Aventures de Tintin : Le Secret de La Licorne (2011) de Steven Spielberg, le deuxième film de la « trilogie Tintin », probablement réalisé par Peter Jackson et sans doute adapté des Sept Boules de cristal et de cet album, Modèle:Citation<ref>Modèle:Citation Modèle:Lien web.</ref>, une date depuis maintes fois repoussée. Cependant, fin 2018, si le deuxième film est bien confirmé, Peter Jackson affirme finalement vouloir partir sur d'autres albums, comme Le Sceptre d'Ottokar et L'Affaire Tournesol, ou bien le diptyque lunaire, comme le suggère Benoit Mouchart, directeur éditorial de Casterman<ref>Modèle:Lien web</ref>.
En fonction de 1975 à 1980, une attraction dénommée Le Temple du Soleil dans le parc belge Walibi reconstituait le récit par le moyen d'une barque scénique pour les visiteurs<ref name="photo">Modèle:Lien web</ref>,<ref name="promener">Modèle:Article.</ref>,<ref>Modèle:Article.</ref>,<ref name="Walibi1">Modèle:Ouvrage</ref>.
Par ailleurs, l'album fait l'objet en 1996 d'une adaptation en jeu vidéo sous le titre Tintin : Le Temple du Soleil. Le jeu est édité par Infogrammes et jouable sur Windows, Game Boy, Super Nintendo et Game Boy Color<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Le scénario suit les trames des Sept Boules de cristal puis du Temple du Soleil, les deux albums étant considérés comme un ensemble<ref>Modèle:Citation Modèle:Lien web.</ref>. Il s'agit d'un jeu de plates-formes puisque le joueur déplace Tintin au sein de différents tableaux correspondant à certains épisodes de l'album. Ces phases sont entrecoupées de séquences animées permettant au joueur de se situer au sein du scénario<ref>Modèle:Citation Modèle:Lien web.</ref>. Le jeu fait l'objet d'une critique assez positive de la part de la presse spécialisée<ref>Modèle:Citation in Modèle:Lien web et Modèle:Citation in Modèle:Lien web.</ref>.
Enfin, en 2001, Les Sept Boules de cristal et Le Temple du Soleil font l'objet d'une adaptation sous forme d'une comédie musicale, Tintin : Le Temple du Soleil, qui est présentée en Belgique. Le spectacle qui devait être ensuite proposé en France est finalement annulé<ref>Voir sur Modèle:Article.</ref>.
Du 22 au Modèle:Date, France Culture fête les Modèle:Unité de Tintin en diffusant Le Temple du Soleil sous la forme de cinq feuilletons radiophoniques<ref>Modèle:Lien web.</ref>,<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Notes et références
Notes
<references group="Note" />
Références
Renvois aux albums d'Hergé
- Version de prépublication du Temple du Soleil.
- Version en album du Temple du Soleil.
- Autres albums de Tintin.
Bibliographie
Œuvres d'Hergé
Ouvrages sur Le Temple du Soleil
Ouvrages sur l'œuvre d'Hergé
- Modèle:Ouvrage.
- Modèle:Article | Modèle:Plume.
- Modèle:Article
- Modèle:Ouvrage Modèle:Plume.
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- Modèle:Ouvrage
- Modèle:Article.
- Modèle:Article Modèle:Plume.
Ouvrages sur Hergé
Autres supports de documentation
- Modèle:Ouvrage
- Modèle:AncreModèle:Interview
- Modèle:AncreModèle:Interview Modèle:Plume.
- Modèle:Article.
- Modèle:Chapitre
- Modèle:Lien web.
- Modèle:Article Modèle:Plume.
Voir aussi
Articles connexes
- Modèle:Page h
- Tintin : Le Temple du Soleil, jeu vidéo sorti en 1997 ;
- Tintin : Le Temple du Soleil, comédie musicale créée en 2001.
Liens externes
- Les planches originales parues dans le Journal de Tintin à partir de 1946
- Les planches originales au sein des numéros du Journal de Tintin
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Wikidata}}/{{#if:||reference}} {{#if:||Modèle:Titre sans précision}} sur l’Modèle:Lang : informations relatives au film d'animation de 1969