Milton Erickson

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Modèle:En-tête label Modèle:Voir homonymes Modèle:Infobox Personnalité des sciences humaines et sociales

Milton Hyland Erickson, né le Modèle:Date à Aurum (Nevada) et mort le Modèle:Date à Phoenix (Arizona), est un psychiatre et psychologue américain qui a joué un rôle important dans le renouvellement de l'hypnose clinique et a consacré de nombreux travaux à l'hypnose thérapeutique. Son approche innovante en psychothérapie repose sur la conviction que le patient possède en lui les ressources pour répondre de manière appropriée aux situations qu'il rencontre : il s'agit par conséquent d'utiliser ses compétences et ses possibilités d'adaptation personnelles. Atteint de poliomyélite à l'âge de dix-sept ans, Erickson a été une figure emblématique du « guérisseur blessé », expérimentant sur lui-même, lors de sa réadaptation, certains phénomènes qu'il met ensuite en application dans l'hypnose thérapeutique<ref name=CPT1156>Modèle:Ouvrage, Modèle:P.156.</ref>.

Au cours de sa carrière, Erickson a collaboré notamment avec Margaret Mead, Gregory Bateson, Lawrence Kubie, Aldous Huxley, John Weakland, Jay Haley et Ernest Rossi. Il est considéré comme le père des thérapies brèves<ref name="UTHDC13">Modèle:Ouvrage, Modèle:P..</ref>. Ses travaux ont inspiré plusieurs approches thérapeutiques, dont l'hypnose ericksonienne, la thérapie brève de Palo Alto<ref name=ALREP>Modèle:Ouvrage</ref> qui s'est largement inspirée des tâches qu'il donnait à faire à ses patients, la programmation neuro-linguistique et diverses autres techniques de traitement<ref name="MGA14">Modèle:Ouvrage, Modèle:P..</ref>. Parmi ses élèves les plus connus figurent Stephen Gilligan, Modèle:Lien et Modèle:Lien.

Biographie

La jeunesse

Milton Erickson naît le Modèle:Date à Aurum, une petite ville minière du Nevada aujourd'hui disparue. Son père, Charles, originaire de Chicago et descendant d'immigrés scandinaves, et sa mère, Clara, se sont mariés dans le Wisconsin en 1881<ref name="CLR37">Modèle:Ouvrage, Modèle:P.</ref>. Milton est atteint de troubles sensoriels et perceptifs congénitaux : il est daltonien et amusique. Sa perception du monde modifiée lui fait prendre conscience dès son plus jeune âge du caractère relatif des cadres de références des êtres humains<ref name=CPT1ix>Modèle:Ouvrage, p. ix</ref>. Lorsque Milton et sa sœur aînée atteignent l'âge de la scolarité, leurs parents s'installent à Lowell, dans le Wisconsin, après y avoir acheté une ferme<ref name=I37>Modèle:Ouvrage, Modèle:P.</ref>. Milton, ses sept sœurs et son frère, participent tous aux travaux de la ferme<ref name="ALREP202">Modèle:Ouvrage, Modèle:P..</ref>. Avec la scolarisation, on se rend compte que le jeune Milton n'est pas seulement incapable de reconnaître les rythmes et les sonorités musicales, mais qu'il est aussi atteint de dyslexie sévère<ref name="CLR37" />.

En 1919, à l'âge de 17 ans<ref name="EE">Modèle:Ouvrage</ref>, Erickson contracte une forme grave de poliomyélite<ref name="CPT1ix" />. Un soir, alors qu'il est au plus mal, alité dans sa chambre, il entend un médecin dire à sa mère dans la pièce voisine que son fils sera mort le lendemain matin. Erickson raconte comment il demande à sa mère de déplacer son lit de manière à pouvoir voir le coucher de soleil une dernière fois avant de mourir. Il vit alors ce qu'il appelle une expérience d'autohypnose, au cours de laquelle il ne voit que le coucher de soleil, faisant abstraction de l'arbre et de la barrière qui entravent sa vue par la fenêtre<ref>Milton H. Erickson & Ernest Rossi, « Les expériences d'autohypnose de Milton H. Erickson », The American journal of clinical hypnosis, juillet 1977, 20, Modèle:P.</ref>. Il sort totalement paralysé d’un coma de trois jours, seulement capable de parler et de bouger les yeux<ref name="EE" />. Ne pouvant bouger, il meuble son ennui par des jeux d'observation, par lesquels il développe une capacité à percevoir les signes non verbaux émis à la limite du seuil de perception. Il observe, en voyant ses sœurs discuter entre elles, que souvent le langage verbal dit une chose alors que le langage du corps en dit une autre<ref name="CLR38">Modèle:Ouvrage, Modèle:P.</ref>. Modèle:Citation<ref name="MVTA47">Modèle:Ouvrage, Modèle:P.</ref>. Ses efforts pour se rééduquer l'amènent à redécouvrir par lui-même beaucoup des phénomènes classiques de l'hypnose et la manière de les utiliser à des fins thérapeutiques<ref name="CPT1ix" />. Erickson raconte : Modèle:Citation<ref name="ATHT2">Modèle:Ouvrage, p.2</ref>. Il passe aussi des heures entières à observer sa plus jeune sœur apprendre à marcher.

Erickson garde de nombreuses et douloureuses séquelles physiques de la polio. Conscient qu'il ne pourra pas devenir fermier, il décide de devenir médecin. En 1921, après onze mois d'entraînement, Erickson est capable de marcher avec des béquilles et s'inscrit parallèlement en médecine et en psychologie à l'université du Wisconsin. Le Modèle:Date, avec seulement cinq dollars en poche, Erickson entreprend un périple solitaire de 1 200 miles en canoë à travers les quatre lacs de la région de Madison dans le Wisconsin<ref name="MGA37">Modèle:Ouvrage, Modèle:P..</ref>. Il revient de son aventure capable de marcher sans béquilles et de porter son canoë sur son dos, ses cinq dollars toujours en poche. En 1923, Erickson se marie pour la première fois.

Premières expériences avec l'hypnose

Fichier:Joseph Jastrow.jpg
Le psychologue Joseph Jastrow (1863-1944) a apporté son soutien à Milton Erickson dans ses travaux sur l'hypnose.

En 1923 et 1924, Erickson, alors étudiant en troisième année de médecine, participe au séminaire sur l'hypnose organisé à l'université du Wisconsin par Clark L. Hull, un des pères fondateurs avec Jean Leguirec de la psychologie expérimentale et des théories de l'apprentissage aux États-Unis<ref name=CPT15>Modèle:Ouvrage, Modèle:P.</ref>. C'est avec Hull que prend naissance l'application de la méthode expérimentale à l'hypnose<ref name=RDLH97>Modèle:Ouvrage, Modèle:P.</ref>. Hull cherche à appliquer au domaine de l'hypnose une méthodologie stricte et reprend le fameux débat entre suggestion (École de Nancy) et état modifié de conscience (École de la Salpêtrière)<ref name=RDLH98>Modèle:Ouvrage, Modèle:P.</ref>. La plupart des expériences de Hull se concentrent sur la question de la suggestibilité. Prenant parti en faveur de l'École de Nancy, il ne mentionne jamais aucune base physiologique pour cet état particulier que serait l'hypnose.

Au printemps de 1923, Hull manifeste de l'intérêt pour le travail expérimental d'Erickson sur l'hypnose<ref name=CPT1172>Modèle:Ouvrage, Modèle:P.</ref> et lui propose de poursuivre ses recherches pendant l'été et d'en faire le compte rendu en septembre devant le séminaire de troisième cycle sur l'hypnose que doit organiser le département de psychologie<ref>Selon Erickson, il s'agit probablement du premier cours officiel de troisième cycle sur l'hypnose organisé aux États-Unis.</ref>.

Erickson met vite en doute la conviction de Hull selon laquelle l'opérateur, à travers ce qu'il dit et fait au sujet, est beaucoup plus important que les processus comportementaux internes du sujet sous hypnose<ref name=CPT16>Modèle:Ouvrage, Modèle:P.</ref>. Il critique également Modèle:Citation<ref name="CPT16" /> sans tenir compte des différences individuelles entre les sujets. En Modèle:Date-, Erickson décide de mener ses propres recherches et commence à développer diverses techniques d'induction hypnotique permissive et indirecte<ref name=CPT119>Modèle:Ouvrage, Modèle:P.</ref>. Les expériences menées par Erickson déplaisent à Hull, qui a l'impression qu'il ne tient pas assez compte de l'importance des suggestions et de la suggestibilité<ref name="CPT119" />. De son côté, Erickson s'oppose à Hull pour qui un sujet hypnotisé perçoit et ressent la réalité qui l'entoure de la même manière que lorsqu'il n'est pas hypnotisé<ref name=CPT147>Modèle:Ouvrage, Modèle:P.</ref>. Alors qu'Erickson s'éloigne de Hull, il obtient le soutien d'autres professeurs, parmi lesquels le psychologue Joseph Jastrow et le neurologue Hans Rees, qui avait beaucoup utilisé l'hypnose dans l'armée allemande durant la Première Guerre mondiale<ref name=CPT149>Modèle:Ouvrage, Modèle:P.</ref>.

En 1928, Erickson obtient son doctorat en médecine en même temps que sa maîtrise de psychologie au Colorado general hospital<ref name="UTHDC16">Modèle:Ouvrage, Modèle:P..</ref>. Il est ensuite stagiaire en psychiatrie au Colorado psychopathic hospital, où on lui interdit de mentionner l'hypnose, puis médecin assistant au State Hospital for Mental Diseases à Howard (Rhode Island).

Premiers articles sur l'hypnose

D'avril 1930 à 1934, il est médecin-adjoint puis médecin-chef du service de recherche à l'hôpital d'État de Worcester dans le Massachusetts. C'est à cette époque qu'il est autorisé officiellement à reprendre ses recherches en hypnose<ref name="CPT119" /> et qu'il publie son premier article sur le sujet<ref>« À propos d'éventuels effets préjudiciables de l'hypnose expérimentale », The American Journal of Abnormal and Social Psychology, 1932, Modèle:P.</ref>. En 1933, après dix ans de vie commune, Erickson se sépare de sa femme et obtient la garde de leurs trois enfants, Lance, Bert et Carol. En 1934 il devient directeur de la recherche psychiatrique à l'hôpital psychiatrique Eloise, aussi appelé Wayne County Hospital, dans le Michigan. Cette même année, lors d'une réunion scientifique, il rencontre Elisabeth Moore, « Betty », alors étudiante en psychologie à l'université du Comté de Wayne, qui devient son assistante de recherche durant l'été 1935<ref name="MGA6">Modèle:Ouvrage, Modèle:P..</ref>. En 1936, Elisabeth devient psychologue et se marie avec Erickson<ref name="MGA7">Modèle:Ouvrage, Modèle:P..</ref>. Ils ont ensemble cinq enfants (Betty Alice, Allan, Bobby, Roxie et Kristina). Elisabeth fait elle-même une carrière de psychologue et reste sa compagne et sa collaboratrice jusqu'à la fin de sa vie. Betty Erickson est connue pour avoir développé l'induction « spirale des sens » en autohypnose.

C'est dans le Michigan qu'Erickson réalise la plupart de ses expériences sur l'hypnose, notamment celles concernant la surdité hypnotique et le daltonisme hypnotique<ref name="CLR43">Modèle:Ouvrage, Modèle:P.</ref>. C'est également à cette époque que le psychothérapeute et neurologue Lawrence Kubie commence à s'intéresser aux travaux d'Erickson et qu'ils publient ensemble plusieurs articles dans la revue Psychoanalytic quarterly.

La Seconde Guerre mondiale et la cybernétique

Fichier:Margaret Mead NYWTS.jpg
L'anthropologue Margaret Mead (1901-1978) fut une collaboratrice et une amie de Milton Erickson.

De 1939 à 1948, Erickson est directeur de la recherche et de la formation psychiatrique au sein de l'hôpital psychiatrique Eloise. À partir de 1940, il travaille pour le gouvernement des États-Unis dans le cadre de l'effort de guerre à une recherche sur la structure de personnalité japonaise et les effets de la propagande nazie<ref name="CLR43" />. C'est dans ce contexte qu'il rencontre le couple d'anthropologues Gregory Bateson et Margaret Mead. Ces derniers le consultent à propos des processus de transe qu'ils ont pu observer dans leur travail de terrain à Bali<ref name="UTHDC13" />. Pendant la guerre, il est également chargé d'évaluer les recrues, devant décider en quelques minutes de leur aptitude psychique à rejoindre l'armée<ref name="MGA41">Modèle:Ouvrage, Modèle:P..</ref>.

Le Modèle:Date, Kubie invite Erickson à la première conférence Macy, organisée pendant deux jours à l'hôtel Beekman de New York sur le thème de l'« inhibition cérébrale »<ref name="TCG14">Modèle:Ouvrage, Modèle:P..</ref>. La conférence, organisée par le directeur médical de la fondation Macy, Frank Fremont-Smith, est principalement consacrée à l'hypnose et aux réflexes conditionnés. Parmi les participants figurent le neuropsychiatre et mathématicien Warren McCulloch, le neurophysiologiste Arturo Rosenblueth, Gregory Bateson et Margaret Mead. Les discussions sont principalement menées par Erickson et par le béhavioriste Howard Liddell, spécialiste du conditionnement des mammifères<ref name="TCG14" />. Cette conférence est à l'origine de l'émergence du mouvement cybernétique.

La Seconde Guerre mondiale contribue en outre à relancer la question de l'hypnose, et en particulier son utilisation souvent efficace dans les névroses de combat<ref name=RDLH99>Modèle:Ouvrage, Modèle:P.</ref>.

Au début de l'automne 1947, il se blesse, notamment au visage, lors d'un accident de vélo dû à une collision avec un chien. En raison de ses nombreuses allergies, il décide de se faire administrer un traitement anti-tétanos par piqûres et dix jours plus tard, il tombe sévèrement malade (maladie sérique). Finalement, au printemps 1948, il est hospitalisé à l'hôpital universitaire du Michigan, à Ann Arbor<ref name="EE" />.

Le sage de Phoenix

Fichier:Tucson Azizona Street July 1939 Church and Richfield.jpg
Une rue de Phoenix, Arizona à la fin des années 1930.

En 1948, suivant le conseil de ses médecins d'aller vivre dans un endroit désertique en raison de ses nombreuses allergies, Erickson s'installe à Phoenix, en Arizona<ref name="ALREP205">Modèle:Ouvrage, Modèle:P..</ref>. Après avoir travaillé un an au sein de l'Arizona State Hospital, dirigé par son vieil ami le psychiatre John Larson<ref name="EE" />, il ouvre un cabinet de consultations privées<ref name=I37 /> à son domicile de Cypress Street, une modeste maison de briques. Son cabinet est une petite pièce contiguë à la salle à manger et son salon fait office de salle d'attente<ref name="UTHDC14">Modèle:Ouvrage, Modèle:P..</ref>. Étant toujours féru d'enseignement, Erickson commence alors à animer les Seminars on Hypnosis, des ateliers de formation à l'hypnose qu'il donne à travers tous les États-Unis<ref name="MGA8">Modèle:Ouvrage, Modèle:P..</ref>. En 1949, avec l'obstétricien William Kroger et le psychologue André Weitzenhoffer, il contribue à la création de la Society for Clinical and Experimental Hypnosis. Pendant presque un an, au début des années cinquante, Erickson et Aldous Huxley consacrent beaucoup de temps à préparer une étude commune sur les différents états de conscience. Leur projet prend fin lorsqu'un incendie de broussailles détruit la maison de Huxley à Los Angeles et leurs carnets respectifs pour cette étude<ref>Milton H. Erickson, « À propos de la nature et des caractéristiques de différents états de conscience : une étude avec Aldous Huxley », The American journal of clinical hypnosis, Juillet 1965, 8, Modèle:P..</ref>.

En 1950, une jeune psychiatre, Linn Fenimore Cooper, propose à Erickson de mener avec elle une expérience sur la distorsion du temps en hypnose, partiellement financée par le NACA (qui devient la NASA en 1958). Ils publient ensemble les résultats de cette expérience en 1954<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

C'est à cette époque, alors qu'il est âgé de 51 ans, qu'Erickson est une seconde fois victime de la polio sans qu'il soit possible a posteriori d'établir s'il s'agit d'une aggravation brusque d'un syndrome post-polio (caractérisé par des douleurs et faiblesses musculaires causées par l'usage systématique de muscles partiellement paralysés<ref name="CPT1ix" />,<ref name="EE" />), ou d'une authentique deuxième infection par une souche du virus de la polio différente de celle ayant causé la maladie contractée en 1919<ref>Modèle:Ouvrage, introduction.</ref>.

Cette seconde attaque le laisse encore plus handicapé qu'auparavant, mais ayant déjà traversé une épreuve similaire, il applique à cette occasion les stratégies qu'il a mises au point pour retrouver sa force musculaire. N'ayant récupéré que partiellement, il est par la suite contraint de se déplacer en fauteuil roulant et souffre de douleurs chroniques qu'il combat par l'autohypnose :

Modèle:Citation (Modèle:Citation étrangère.)

Fichier:Olneya tesota in flower.jpg
Olneya tesota, le bois de fer du désert de Sonora au Mexique.
Fichier:Seri carving Aurora Astorga.JPG
Une sculpture d'animal en bois de fer (Olneya tesota) des Indiens Seri

Passionné de botanique, Milton Erickson possède une riche collection de cactées, dont il est particulièrement fier<ref name="MGA10">Modèle:Ouvrage, Modèle:P..</ref>. En raison de son daltonisme, il n'est capable de reconnaître qu'une seule couleur, le pourpre. Il possède donc de nombreux vêtements et objets de cette couleur. Il collectionne aussi les sculptures en bois de fer (le palo fierro, Olneya tesota) des Amérindiens Seri du désert de Sonora, au Mexique<ref name="MGA198">Modèle:Ouvrage, Modèle:P..</ref>.

En 1953, Erickson organise un séminaire de week-end sur l'hypnose à San Francisco. Jay Haley, qui participe à un programme de recherche sur l'étude de la communication dirigé par l'anthropologue Gregory Bateson, manifeste son désir d'y participer et Bateson organise la rencontre<ref name="UTHDC13" />. Le Modèle:Date, Bateson écrit la lettre suivante à Erickson : Modèle:Citation<ref name="HDPDB">Modèle:Ouvrage</ref>. Erickson se montre intéressé par le projet et, de 1955 à 1960, Haley et John Weakland lui rendent souvent visite à Phoenix, où ils passent de longues heures à discuter avec lui de la nature de l'hypnose et à l'observer lorsqu'il travaille avec ses patients<ref name="UTHDC14" />. Au cours de cette période, Erickson se rend régulièrement à Palo Alto pour rencontrer les autres membres du projet, Bateson et le psychiatre Donald D. Jackson<ref name="HDPDB" />.

En 1957, Erickson fonde l'American Society of Clinical Hypnosis<ref name="MVTA19">Modèle:Ouvrage, Modèle:P.19.</ref> avec William Kroger en vue de proposer une alternative à l'hypnose « de laboratoire », focalisée sur les généralités plutôt que sur les spécificités de la transe et de son induction. Pendant dix ans, il est le directeur du journal de l'association, The American journal of clinical hypnosis<ref name="MGA15">Modèle:Ouvrage, Modèle:P.15.</ref>.

En 1970, Erickson quitte Cypress Street pour s'installer à Hayward Avenue. C'est en 1973, à la suite de la publication par Jay Haley de Uncommon therapy, que le nom d'Erickson devient connu du grand public. L'année suivante, Erickson met fin à sa pratique de psychothérapeute<ref name="EE" /> et rencontre, par l'intermédiaire de Gregory Bateson, les fondateurs de la PNL, Richard Bandler, John Grinder ainsi que Robert Dilts et Stephen Gilligan. Au cours des six dernières années de sa vie, Erickson accueille chez lui de nombreux psychothérapeutes venus du monde entier pour discuter avec eux d'hypnose, de thérapie et de la vie en général, au cours de séances quotidiennes de quatre à cinq heures<ref name="MVTA20">Modèle:Ouvrage, Modèle:P.20.</ref>.

En décembre 1980, à Phoenix, a lieu le premier congrès international consacré à Erickson ; cependant celui-ci meurt le Modèle:Date d'un choc septique, lié à une infection qui se manifeste sous la forme d'une péritonite<ref name="MVTA17">Modèle:Ouvrage, Modèle:P.17.</ref>, six mois avant la tenue de cette manifestation. Le corps d'Erickson est incinéré, et ses cendres sont dispersées sur le mont Squaw Peak (aujourd'hui appelé Piestewa Peak), où il envoyait souvent ses patients et ses élèves effectuer des tâches thérapeutiques<ref name="MGA33">Modèle:Ouvrage, Modèle:P.33.</ref>.

Fichier:Piestewa Peak.jpg
Le Squaw peak, près de Phoenix, Arizona, où les cendres de Milton Erickson ont été dispersées après sa mort.

Principaux apports en psychothérapie

Méfiance à l'égard des théories psychologiques

Erickson était convaincu qu'aucune théorie psychologique ne pouvait rendre compte de l'infinie diversité des êtres humains. C'est pourquoi il considérait que la manière d'aider une personne à résoudre ses problèmes devait toujours être développée sur mesure, pour pouvoir répondre à ses besoins uniques. Pour lui, les théories sur les manières de penser et de se comporter risquent le plus souvent de nous enfermer dans des perceptions et des attitudes inadéquates<ref name="MGA4">Modèle:Ouvrage, Modèle:P..</ref>. C'est pourquoi, dans son approche radicalement empirique, il évitait d'utiliser les principes généraux issus de modèles « scientifiques » de psychothérapie et d'hypnose, qui mettent l'accent sur une standardisation de l'approche diagnostique et du mode d'intervention<ref name="MGA14" />. En d'autres termes, pour lui, il n'y a de thérapie que si le thérapeute réussit à découvrir ce qui convient à cette personne particulière en ce moment particulier<ref name="I38">Modèle:Ouvrage, Modèle:P..</ref>. Son amie, l'anthropologue Margaret Mead, déclare : Modèle:Citation<ref name="LFTF4">Modèle:Ouvrage, Modèle:P.</ref>. Elle souligne que c'est aussi ce qui constituait une barrière pour la transmission de ce qu'il connaissait<ref name="LFTF5">Modèle:Ouvrage, Modèle:P.</ref>.

Un art de l'observation

Dans son enseignement en psychothérapie, Erickson apprenait à ses élèves à bien observer le patient sans avoir d'idées préconçues sur lui. Il considérait en outre que l'apprentissage de l'hypnose et de l'autohypnose était un excellent moyen pour le thérapeute de développer ses capacités d'observation. Il soulignait qu'il était lui-même le plus souvent en transe lorsqu'il menait des séances de thérapie. Dans un article publié avec Ernest Rossi en 1977, il déclare : Modèle:Citation<ref name=CPT1146>Modèle:Ouvrage, Modèle:P.</ref>. Pour lui, la transe du thérapeute lui permet notamment d'être plus conscient des nombreux messages subliminaux non verbaux que les patients émettent inconsciemment<ref name="MGA40">Modèle:Ouvrage, Modèle:P..</ref>. Erickson ne voulait pas être considéré comme un gourou ou un magicien. Il insistait sur le fait que tout ce qu'il faisait était le résultat de l'observation attentive de la personne et de la réponse aux communications de cette dernière<ref name="MGA6" />.

Une conception nouvelle de l'inconscient

Un des apports fondamentaux d'Erickson en psychothérapie est l'idée que l'inconscient de la personne est une partie bénigne et utile pour elle<ref name="MGA4" />. Erickson a une position réaliste, au sens philosophique du terme, en ce qui concerne l'inconscient : il croit en son existence réelle<ref name="CLR290">Modèle:Ouvrage, Modèle:P.</ref>. Selon sa conception, l'inconscient n'est pas la menace pulsionnelle qui, selon la théorie psychanalytique, vient perturber la vie consciente et a donc contraint au refoulement. Bien au contraire, pour Erickson, l'inconscient est la source des énergies nouvelles que le patient ignore et auxquelles il devra apprendre à faire une place de plus en plus grande<ref name="I52">Modèle:Ouvrage, Modèle:P..</ref>. Le souci principal du thérapeute doit être de découvrir ou, mieux encore, de faire découvrir les ressources, ignorées du patient, qui vont lui permettre d'opérer en lui une modification<ref name="I39">Modèle:Ouvrage, Modèle:P..</ref>. Erickson voit l'inconscient soit comme un sujet agissant, doté de caractéristiques différentes du moi conscient de la personne, soit comme un stock d'apprentissages, véritable réservoir de ressources pour la personne<ref name="CLR410">Modèle:Ouvrage, Modèle:P.</ref>. Cette conception de l'inconscient est liée à sa compréhension de l'hypnose, qu'il définit comme Modèle:Citation<ref name="MVTA28">Modèle:Ouvrage, Modèle:P.28</ref>.

Pour Erickson, chacun a en lui les ressources, la capacité de soulager ses propres souffrances et de résoudre ses problèmes d'une manière qui ne doit pas nécessairement être comprise au niveau cognitif<ref name="MGA5">Modèle:Ouvrage, Modèle:P..</ref>. Pour lui, il n'est pas important que qui que ce soit, même la personne elle-même, comprenne comment les changements se produisent. Il est seulement important qu'ils se produisent. L'inconscient accomplit des faits dont la conscience est incapable, et qu'elle ne conçoit souvent même pas. Mais c'est à condition que la conscience se borne à demander son secours à l'inconscient, sans préjuger ni de la manière, ni du moment qu'il choisira pour agir, et qu'elle s'abstienne entièrement d'interférer avec son action<ref name="ESTS247">Modèle:Ouvrage, Modèle:P.</ref>.

En outre, cela vaut aussi pour le thérapeute. Ainsi, Erickson déclare: Modèle:Citation<ref name=CPT1150>Modèle:Ouvrage, Modèle:P.</ref>.

L'approche utilisationnelle

Dans ses supervisions, Erickson insistait sur l'importance d'établir le contact avec le patient sur son propre terrain et de créer des situations dans lesquelles le patient peut prendre conscience de ses propres capacités à modifier sa manière de penser<ref name="ALREP" />. En d'autres termes, pour Erickson, Modèle:Citation<ref name="EE149">Modèle:Ouvrage, Modèle:P.</ref>. De manière plus générale, comme le souligne Weakland dès 1956, Modèle:Citation<ref name="HDPDB" />.

Certains des services dans lesquels il travaille sont profondément hostiles à l’hypnose et lui interdisent donc de la pratiquer. À chaque fois, il "accepte" de se soumettre, mais à sa manière : en développant notamment des techniques d'hypnose conversationnelle. Il fait de l'hypnose, sans que cela ne ressemble à de l'hypnose. D'après Erickson, pour hypnotiser un individu, le praticien commence par accepter tout le comportement de celui-ci, quel que soit ce comportement, et ensuite, parce qu’il se sent reconnu, celui-ci rentre en transe.

Voici un exemple qui permet d'illustrer à merveille l'approche utilisationnelle prônée par Milton Erickson.

Un paranoïaque en plein délire calfeutrait sa fenêtre pour éviter l’intrusion de ses ennemis. Erickson rentre dans la chambre et observe immédiatement que le calfeutrage est incomplet : il décide alors de collaborer avec le sujet, et l'aide à calfeutrer sa chambre pour que celle-ci soit 100% sécurisée. ll demande ensuite au patient de vérifier la qualité de la fermeture de la porte et d'inspecter les murs puis engage la discussion : il glisse alors tout un tas de suggestions comme quoi les murs du service sont une protection contre "les ennemis", que les murs de l'établissement sont une autre "couche de protection", plus puissante encore, sans compter la protection la police municipale, de la police fédérale et du gouvernement. Le paranoïaque n’avait jamais perçu la situation de cette manière, et pourtant, cela rentre parfaitement dans son système de pensée, dans sa carte du monde. Dès lors, rien d’étonnant à ce que celui-ci se soit porté mieux. Erickson a accepté et utilisé son comportement d'une manière extrêmement élégante et appliqué le principe du "pacing and leading" : le suivre et guider.

Controverses

Le psychiatre Don Jackson, qui étudia et admira le travail de Milton Erickson, n'en est pas moins prudent, voire méfiant, questionnant les motivations d'Erickson et se demandant si les changements qu'il obtenait avec ses patients étaient durables. Ainsi, il déclare: Modèle:Citation<ref name="HDPDB" />.

Un autre ami et collaborateur d'Erickson, le chercheur André Weitzenhoffer, a fait état de nombreuses fois de ses craintes concernant la nature de l'héritage d'Erickson, étant donné la grande hétérogénéité des praticiens se réclamant de son travail. Il a en particulier critiqué la vision proposée par Richard Bandler et John Grinder, qu'il juge Modèle:Citation<ref name="TPOH">Modèle:Ouvrage</ref>. Il est rejoint en cela en France par le Dr Jean Godin dont il préface d’ailleurs le livre. Jean Godin importe néanmoins en France les thèses d’Erickson avec la création du premier Institut Milton Erickson de France en 1982, puis l’Association Française de Nouvelle Hypnose en 1992.

Bernard Sensfelder, psychologue et hypnothérapeute travaillant dans la lignée de François Roustang, tout en reconnaissant à Erickson le génie de créer une thérapie différente pour chaque individu, émet plusieurs réserves<ref name=":0">Modèle:Lien web</ref>.

  • L'approche ericksonienne suppose qu'il faut répondre à la demande du patient. Or, pour Sensfelder, rien ne dit que le changement de comportement demandé par le patient aille dans le sens de l'émergence de sa quiddité.
  • « Pour Milton Erickson, tous les moyens sont bons si l'objectif est respectable. » Sensfelder plaide pour un cadre éthique rigoureux et estime qu'Erickson recourt à la manipulation. Sur ce point, Roustang dit quant à lui que « Erickson manipule de façon honteuse des gens. C'est certain ! Et pourtant c'est la seule manière pour lui de respecter la liberté [du patient]<ref>Modèle:Lien web</ref>. »
  • Enfin, il estime qu'Erickson, Américain Modèle:Incise, est trop dans l'optique de faire. De ce point de vue, il juge que l'approche de François Roustang, qui consiste à « ne rien faire pour que quelque chose se fasse », à l'exact opposé de celle de Milton Erickson, est préférable. Elle permettrait à Modèle:Citation<ref name=":0" />.

Ouvrages

Livres

Articles

Chronologie

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 from:1930 till:1934 color:gray   $right  text:"1930 – 1934: Médecin-adjoint puis médecin-chef du service de recherche à l'hôpital d'État de Worcester dans le Massachusetts."
 from:1939 till:1948 color:gray   $right  text:"1939 – 1948: Directeur de la recherche et de la formation psychiatrique au sein de l'hôpital psychiatrique Eloise."
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