Orgueil et Préjugés
Modèle:Nom protégé Modèle:Sous-titre/Littérature Modèle:En-tête label Modèle:Voir homonymes Modèle:Infobox Livre Orgueil et Préjugés (Modèle:Langue) est un roman de la femme de lettres anglaise Jane Austen paru en 1813. Il est considéré comme l'une de ses œuvres les plus significatives et est aussi la plus connue du grand public.
Rédigé entre 1796 et 1797, le texte, alors dans sa première version (First Impressions), figurait au nombre des grands favoris des lectures en famille que l'on faisait le soir à la veillée dans la famille Austen. Révisé en 1811, il est finalement édité deux ans plus tard, en janvier 1813. Son succès en librairie est immédiat, mais bien que la première édition en soit rapidement épuisée, Jane Austen n'en tire aucune notoriété : le roman est en effet publié sans mention de son nom (« par l'auteur de Sense and Sensibility ») car sa condition de Modèle:Citation lui interdit de revendiquer le statut d'écrivain à part entière.
Drôle et romanesque, le chef-d'œuvre de Jane Austen continue à jouir d'une popularité considérable, par ses personnages bien campés, son intrigue soigneusement construite et prenante, ses rebondissements nombreux, et son humour plein d'imprévu. Derrière les aventures sentimentales des cinq filles Bennet, Jane Austen dépeint fidèlement les rigidités de la [[Représentation de l'Angleterre georgienne chez Jane Austen|société anglaise au tournant des {{#switch: e
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| e | er | = Modèle:S mini-{{#ifeq: et|-| – | et }}Modèle:S mini- siècles
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}}]]. À travers le comportement et les réflexions d'Elizabeth Bennet, son personnage principal, elle soulève les problèmes auxquels sont confrontées les femmes de la petite gentry campagnarde pour s'assurer sécurité économique et statut social. À cette époque et dans ce milieu, la solution passe en effet presque obligatoirement par le mariage : cela explique que les deux thèmes majeurs d'Orgueil et Préjugés soient l'argent et le mariage, lesquels servent de base au développement des thèmes secondaires.
Grand classique de la littérature anglaise, Orgueil et Préjugés est à l'origine du plus grand nombre d'adaptations fondées sur une œuvre austenienne, tant au cinéma qu'à la télévision. Depuis Orgueil et Préjugés de Robert Z. Leonard en 1940, il a inspiré quantité d'œuvres ultérieures : des romans, des films, et même une bande dessinée parue chez Marvel Comics.
Dans son essai de 1954, Ten Novels and Their Authors, William Somerset Maugham le cite en seconde position parmi les dix romans qu'il considére comme les plus grands. En 2013, Le Nouvel Observateur, dans un hors-série consacré à la littérature des {{#switch: e
| e | er | = Modèle:S mini{{#ifeq: et|-| – | et }}Modèle:S mini siècle
| Modèle:S mini{{#ifeq: e|-| – | e }}Modèle:S mini siècleXX
}}, le cite parmi les seize titres retenus pour le Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, le considérant comme Modèle:Citation<ref>Les chefs-d'œuvre de la littérature commentés par les écrivains d'aujourd'hui, Le Nouvel Observateur, hors-série Modèle:N°, juin/juillet 2013, La Bibliothèque idéale (2) : {{#switch: e
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}}</ref>. Modèle:Sommaire
Choix du titre
De First Impressions à Pride and Prejudice
Modèle:Langue n'est pas le titre initial ; le premier jet d'Modèle:Date- (Jane Austen a alors Modèle:Nombre) s'intitule Modèle:Langue (Premières impressions), mais en Modèle:Date- le roman est publié par l'éditeur Egerton sous son nom définitif.
Même si l'expression « Modèle:Langue » apparaît pour la première fois sous la plume d'Edward Gibbon, dans son ouvrage Decline and Fall of the Roman EmpireModèle:Sfn, et est employée assez couramment à l'époque<ref name="Pierre Goubert 14">Pierre Goubert, Préface à l'édition d'Orgueil et Préjugés en Folio classique Modèle:ISBN, Modèle:P.</ref> c'est en hommage à Cecilia de Fanny Burney (publié en 1782) que Jane Austen aurait finalement retenu ce titre : l'expression Modèle:Langue apparaît en effet textuellement dans la conclusion morale du roman de Fanny Burney<ref name="Bradbrook">Modèle:Harvsp</ref> où l'on peut lire : Modèle:Citation bloc
De nombreuses ressemblances existent entre les personnages de Modèle:Langue et ceux de Cecilia : Darcy, sa tante Lady Catherine de Bourgh et Elizabeth Bennet dans le premier roman font penser respectivement à Delvile, son père, et Cecilia Beverley dans le second, dont l'intrigue même offre aussi quelques similitudes avec celle de Modèle:Langue<ref name="Bradbrook"/>.
Comme pour Modèle:Langue (Raison et Sentiments), publié deux ans auparavant, Jane Austen trouve plaisant dans ce titre l'allitération créée par les consonnes initiales communes, qui renforce cette expression dont les deux mots sont, à l'époque, toujours associés et non, comme on pourrait le croire, mis en balance<ref name="Pierre Goubert 14"/>.
Traductions en français
Modèle:Article connexe Les traductions françaises, depuis celle - très incomplète et infidèleModèle:Note - établie par la Bibliothèque britannique de Genève entre juillet et Modèle:Date-<ref name="Todd 170"/> sous le titre Orgueil et Préjugé, nombreuses (plus d'une douzaine à ce jour), prouvent l'intérêt précoce pour Jane Austen en France, et le défi qu'elle représente pour le traducteur<ref>Modèle:Lien web</ref>,<ref>Modèle:Lien web</ref>. D'ailleurs, en dehors des différentes traductions françaises, seule la traduction allemande de 1830, Modèle:Langue (sic), a été effectuée au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, toutes les autres étant plus tardives<ref name="Rogers xxxiii">Modèle:Harvsp</ref>.
Évolution des traductions et de la typographie du titre en français :
- Orgueil et Prévention : par l'auteur de « Raison et Sensibilité », traduit de l'anglais par Modèle:Mlle E…*** (Eloïse Perks<ref>Modèle:Lien web</ref>, « jeune anglaise élevée à Londres »<ref name="Rogers xxxiii"/>) en 1821, chez Pigoreau<ref>Titre Orgueil et Prévention de 1821</ref>. Il s'agit là de la première traduction complète de l'œuvre (celle de 1813 ayant simplement résumé de très nombreux passages<ref name="Todd 171">Modèle:Harvsp</ref>) ;
- Orgueil et Préjugé : par l'auteur de « Raison et sensibilité », Paris, chez J.-J. Paschoud, en 1822 (sans nom de traducteur) ;
- Les Cinq Filles de Mrs Bennet<ref group="N">Ce titre en évoque un autre beaucoup plus célèbre : Les Quatre Filles du docteur March, de Louisa May Alcott.</ref>, à Paris, chez Plon en 1932. Cette traduction de Valentine Leconte et Charlotte Pressoir, élégante mais non intégrale, est régulièrement rééditée en 10/18, mais avec le titre Orgueil et Préjugés<ref>Modèle:Lien web</ref> ;
- Orgueil et préjugés, pour la traduction d'Eugène Rocart en 1945 (Éditions La Boétie, Bruxelles) et celle de Jean Privat en 1946 (aux Éditions des Loisirs, reprise par Archipoche en 2010)<ref>Modèle:Ouvrage, réédité chez Archipoche en 2010 Modèle:ISBN</ref> ;
- Orgueil et Préventions, traduction de R. Shops et A.-V. Séverac en 1946 à Bruxelles (« Le Carrefour ») illustrée par Charles Smets ;
- L'Orgueil et le Préjugé, traduction de Jules Castier, aux éditions Stock, en 1947<ref>Modèle:Ouvrage</ref> ;
- Orgueil et préjugés, traduction pour la jeunesse de Germaine Lalande, avec des illustrations de M. L. Blondi, chez Hazar à Paris, en 1948 ;
- Orgueil et préjugés, traduction de Luce Clarence en 1954, chez Tallandier, à Paris, collection « Les Heures Bleues » ;
- Jean Paul Pichardie, en 2000, reprend le titre Orgueil et préjugé, pour sa traduction dans La Pléiade<ref>Modèle:Ouvrage</ref> comme Béatrice Vierne, en 2004 aux Éditions du Serpent à plumes<ref>Modèle:Ouvrage</ref> (rééditée en 2006 par les Éditions du Rocher dans la série Motifs) ;
- Les traductions plus récentes, celle de Pierre Goubert<ref>Modèle:Lien web</ref> en 2007 pour Folio Classique<ref>Orgueil et préjugés, traduction Pierre Goubert, Gallimard 2007, Collection Folio Classique Modèle:N° Modèle:ISBN</ref>, celle de Laurent Bury en 2010 pour GF-Flammarion<ref>Modèle:Lien web</ref>, et celle de Sophie Chiari en 2011 pour Le Livre de poche<ref>Modèle:Lien web</ref>, reprennent toutes le titre Orgueil et préjugés.
- La traduction de Michel Laporte, pour le Livre de Poche jeunesse (édition condensée, 2011)<ref>Modèle:Lien web</ref>, garde aussi ce titre, mais en remettant une majuscule à Préjugés<ref group="N">Respectant ainsi les règles classiques de typographie, en usage pour les titres constitués de substantifs énumérés ou mis en opposition.</ref>.
Publication et accueil de l'œuvre
Le manuscrit
Écrit entre Modèle:Date- et Modèle:Date-, dans une période d'intenses débats d'idées, First Impressions devient très vite le favori de la famille Austen lors des lectures du soir. Le Modèle:Date-, George Austen, le père de Jane, adresse un courrier à l'éditeur londonien bien connu Thomas Candell, lui proposant de lui envoyer le manuscrit pour publication. Sans doute cependant sa description de l'ouvrage est-elle trop succincte et peu convaincante, puisque sa lettre lui revient avec la mention « refusé par retour du courrier » (declined by Return of Post)<ref name="Le Faye 178">Modèle:Harvsp</ref>.
On continue après ce refus à relire souvent le manuscrit en famille, puis il reste en sommeil pendant une quinzaine d'années jusqu'à la publication et au succès d'estime de Sense and Sensibility (Raisons et Sentiments), en 1811. Jane Austen reprend son roman entre Modèle:Date- et l'automne 1812<ref group="N">Cependant dans Modèle:Ouvrage paru en 1998, Paul Poplawski, à l'article « First Impressions » n'exclut pas la possibilité que Jane Austen ait déjà retravaillé son manuscrit avant 1811.</ref>, et change son titre, First Impressions en Pride and Prejudice, car en 1801 est sorti un roman de Mrs Holford, lui-même intitulé First Impressions<ref name="Le Faye 178"/>.
Comme rien ne subsiste du manuscrit originel, on en est réduit aux conjectures. Le grand nombre de lettres dans le roman définitif fait supposer que First Impressions était un roman épistolaire<ref group="N">Théorie défendue, entre autres, dans « Character and Caricature in Jane Austen » de D.W. Harding in Critical Essays on Jane Austen (Edition B.C. Southam, Londres 1968) et par Brian Southam dans Modèle:Ouvrage (2001)</ref>. La présentation en trois tomes et l'abondance des dialogues et des coups de théâtre évoquent la comédieModèle:Note, et de nombreux passages sont construits comme de vraies scènes de théâtreModèle:Note.
Jane Austen fait simplement remarquer à sa sœur Cassandra, dans la lettre datée du Modèle:Date-, qui contient ses premières réactions sur l'ouvrage imprimé, qu'elle a « si bien réussi à élaguer et tailler » son manuscrit (selon son expression « I have lop't and crop't so successfully »)<ref name="Le Faye 178"/> qu'elle « pense qu'il doit être plutôt plus court que Sense and Sensibility ».
Parution et accueil
Premiers succès
Elle propose le manuscrit à un autre éditeur londonien, Thomas Egerton, de Whitehall. Elle en demandait Modèle:Nombre, il l'accepte pour Modèle:Nombre. Publié anonymement (« par l'auteur de Sense and Sensibility »Modèle:Note, le roman sort à la fin du mois de Modèle:Date-, en trois volumes (Modèle:Langue, roman « à trois-ponts »), pour un prix total de 18 shillings<ref name="Le Faye 179">Modèle:Harvsp</ref>. Jane Austen suit de près la parution de son « cher enfant » dont elle a reçu un exemplaire le Modèle:Date-<ref group="N">Elle en parle dans sa lettre du 29 janvier 1813 à Cassandra, où elle raconte aussi comment elle s'est amusée à mystifier Miss Benn Modèle:Citation en lui lisant le début du roman, sans dire qu'elle en était l'auteur. C'est là aussi que se trouve le jugement qu'elle porte sur son héroïne : Modèle:Citation étrangère (Modèle:Citation)</ref>.
Le succès est plus grand que celui de Modèle:Langue et la première édition de Modèle:Nombre est épuisée au bout de six mois. Une deuxième sort en novembre, en même temps qu'une seconde de Modèle:Langue. Il y en aura une troisième en 1817. Ce succès est cependant relatif : les mille exemplaires de la première édition du roman historique de Walter Scott Waverley sont épuisés en deux jours, et il est réédité quatre fois dans la seule année 1814 et Rob Roy, du même auteur, se vend à dix mille exemplaires en quinze jours en 1817<ref name="Bury 12">Orgueil et préjugés, traduction et présentation par Laurent Bury, GF-Flammarion, Modèle:ISBN Modèle:P.</ref>.
Les amateurs de romans « réalistes » apprécient. En mai, Annabella Milbanke (la future Lady Byron) en fait une critique élogieuse, et conseille le livre à sa mère. Mary Russell Mitford est beaucoup plus réservéeModèle:Note. Un article publié en octobre 1815 dans la Quarterly Review, qui est aussi le premier article à paraître dans cette revue concernant l'œuvre de Jane Austen, loue la profondeur de la connaissance du cœur humain et la « dextérité dans l'exécution »<ref name="Henri Plard">« À propos de Persuasion » par Henri Plard dans Jane Austen, Romans, Tome II, collection Omnibus, 1996, Modèle:P. Modèle:ISBN</ref>, de cet auteur anonyme dont certains se demandent s'il s'agit vraiment d'une femme, compte tenu de ses qualités de style, et malgré sa bonne connaissance de la psychologie féminine<ref name="Bury 12"/>. Sir Walter Scott, fervent admirateur de Jane Austen, dont il louait la faculté d'étudier une réalité banale et d'en faire ressortir la véritable nature, note le Modèle:Date- dans son journal : Modèle:Citation<ref>Modèle:Lien web</ref> ajoutant : Modèle:Citation<ref name="Henri Plard"/>.
La première traduction en français (abrégée et anonyme), Orgueil et Préjugé, paraît à Genève à la Bibliothèque britannique dès Modèle:Date-, suivie en 1822 de celle d'E. Perks, Orgueil et Prévention<ref>Numérisée par la BnF, réf. NUMM 132045.</ref>. La réédition anglaise de 1817, la traduction allemande de 1830 (Modèle:Languel) et la première édition américaine de 1832<ref group="N">Parution en 1832, avec comme titre : ELIZABETH BENNET; OR, PRIDE AND PREJUDICE : A NOVEL IN TWO VOLUMES. BY THE AUTHOR OF "SENSE AND SENSIBILITY" &c. (Modèle:Harvsp)</ref> ne comportent toujours pas de nom d'auteur. Il faut attendre 1833 pour qu'apparaisse le nom de l'auteur en Angleterre, dans l'édition en deux volumes des Standard Novels Series de Richard Bentley. Sa discrétion<ref group="N">Elle aurait, par exemple, refusé de rencontrer Madame de Staël qui souhaitait la voir quand elle était à Londres (durant 1813 et jusqu'au printemps 1814), anecdote citée par Modèle:M. Clément dans un article de 1908 : Le Roman réaliste en Angleterre avec Jane Austen
Voir aussi Modèle:Lien web</ref> et celle de sa famille, ainsi que sa mort prématurée, l'ont desservie, et la période romantique l'a quelque peu méprisée.
L'éclipse romantique
Ainsi Charlotte Brontë ne comprend pas pourquoi George Lewes<ref group="N">George Henry Lewes (1817-1878), philosophe et critique littéraire et théâtral réputé à l'époque, écrit en 1852 Modèle:Citation (cité par B. C. Southam in Jane Austen, the Critical Heritage) et, en 1859, insiste dans le Blackwood's Magazine sur l'intérêt renouvelé pour ses écrits, contrairement à ceux d'autres auteurs, célèbres en leur temps, mais tombés dans l'oubli depuis.</ref> aime tant cet auteur et ce roman. Elle-même n'y a vu que Modèle:Citation. Elle n'aimerait pas trop Modèle:Citation<ref>Lettre du 12 janvier 1848, citée dans Modèle:Lien web</ref>.
La « traversée du désert » continue une partie du siècle : ses détracteurs sont souvent férocesModèle:Sfn. D.H. Lawrence la considère comme une vieille fille mesquine et snob, et Mark Twain écrit le Modèle:Date- : Modèle:Citation ou encore, le Modèle:Date-, que la prose de Jane Austin (sic) est « illisible » Modèle:Sfn. L'écrivain britannique Arthur Machen est aussi sévère, affirmant dans Hieroglyphics: A Note upon Ecstasy in Literature, publié en 1902, que Modèle:Citation<ref>Cité par Laurent Bury dans sa présentation d'Orgueil et préjugés, édition GF Flammarion, 2010, Modèle:P..</ref>.
En 1870 cependant A Memoir of Jane Austen, publié par son neveu James Edward Austen-Leigh, relance l'intérêt pour l'œuvre comme pour l'auteur. La critique française la découvre alors et s'intéresse à son œuvre : Léon Boucher, en 1878, écrit dans la Revue des deux Mondes<ref>Léon Boucher, Le Roman classique en Angleterre - Jane Austen</ref> : Modèle:Citation, et n'hésite pas à la comparer à Flaubert. En 1908, Modèle:M. Clément<ref>Revue philosophique de Bordeaux et du Sud Ouest, janvier-février 1908 : Le Roman réaliste en Angleterre avec Jane Austen</ref> la compare à Anatole France et Modèle:Citation. Il fait une brève analyse de Orgueil et Parti Pris dont Modèle:Citation.
Le succès grandissant
Le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle lui rend finalement justice. William Dean Howells, Henry James et Rudyard Kipling l'admirent beaucoup. Virginia Woolf la compare à Shakespeare. Dans le monde anglo-saxon le chef-d'œuvre de Jane Austen, continue à jouir d'une popularité considérable par son intrigue romanesqueModèle:Sfn aux rebondissements nombreux, soigneusement construite et prenanteModèle:Sfn, mais aussi par la vivacité du style, l'ironie mordante ou malicieuse de l'auteurModèle:Sfn et son humour plein d'imprévuModèle:Sfn, que les traductions peinent à rendre.
Les personnages sont bien campés (Modèle:Langue<ref>Modèle:Ouvrage, Modèle:P.</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage, Modèle:P.</ref>), en particulier Elizabeth dont la force de caractère, la vivacité d'esprit et l'énergie parlent aux lecteurs modernes. D'abord ceux qui, comme elle, ont vécu une période de guerre<ref group="N">Winston Churchill choisit Pride and Prejudice comme livre de chevet en 1943 quand il soignait sa pneumonie au cours du Blitz, pendant la Seconde Guerre mondiale.</ref> puis, plus récemment, ceux qui ont découvert Orgueil et Préjugés à travers ses nombreuses rééditions, ou ses adaptations au cinéma et à la télévisionModèle:Sfn. On ne compte plus les étudesModèle:Sfn sur l'auteur et sur son roman le plus célèbre<ref group="N">Dans Modèle:Ouvrage (Modèle:P.) Paul Poplawski relève et étudie les principales publications relatives à Jane Austen et ses œuvres jusqu'en 1996.</ref>. Aujourd'hui où Modèle:Citation<ref>Claire Tomalin, Jane Austen, passions discrètes, traduction par Ch. Bernard et J. Gouirand-Rousselon de Jane Austen, A Life, Paris, éditions Autrement, Modèle:P.</ref>, la notoriété de son roman le plus connuModèle:Sfn, le plus réédité, le plus traduit (dans 35 langues), le plus souvent adapté, et le mieux aiméModèle:Note, a désormais largement débordé le monde anglo-saxon<ref name="Morrison2"/>.
Résumé
Roman de « développement personnel » (Modèle:Langue), roman didactique (Modèle:Langue), roman psychologique, roman sentimental (Modèle:Langue), il se présente en trois parties, trois actes pourrait-on dire<ref>Walton Litz, Jane Austen, A Study of her Artistic Development (1965), cité par Tony Tanner dans son Introduction de 1972 à Pride and Prejudice, ed. Penguin Classics, reprise en Appendice dans l'édition de 2003 Modèle:ISBN</ref>, correspondant aux trois tomes de l'édition originale, et suivant la trame de la comédie romantique, comme Beaucoup de bruit pour rien, de William Shakespeare<ref name="Universalis">Catherine Bernard, article Orgueil et Préjugés, © Encyclopædia Universalis 2005</ref>.
Tome I (22 chapitres)
À Longbourn, petit bourg du Hertfordshire, sous le règne du roi George III, Mrs Bennet est déterminée à marier ses cinq filles afin d'assurer leur avenir<ref name="Plot Overview">Modèle:Lien web</ref>, compromis par certaines dispositions testamentaires. Lorsqu'un riche jeune homme, Mr Bingley, loue Netherfield, le domaine voisin, elle espère vivement qu'une de ses filles saura lui plaire assez pour qu'il l'épouse. Malheureusement il est accompagné de ses deux sœurs, Caroline et Louisa, plutôt imbues d'elles-mêmes, et d'un ami très proche, Mr Darcy, jeune homme immensément riche, propriétaire d'un grand domaine dans le Derbyshire, mais très dédaigneux et méprisant envers la société locale.
Elizabeth observe avec amusement ce petit monde. Si elle apprécie le charmant Mr Bingley, elle est irritée par le fier Mr Darcy qui à leur première rencontre, au cours du bal organisé dans le bourg voisin de Meryton, a refusé assez impoliment de danser avec elle, même si elle en plaisante en disant : Modèle:Citation (Modèle:LangModèle:Sfn). De là naît le « préjugé » qu'elle nourrit contre lui ; préjugé que le séduisant Wickham, officier récemment arrivé qui connaît Darcy depuis l'enfance, entretient soigneusement par ses fausses confidences.
Ayant donc des motifs personnels pour détester Darcy, elle se montre à la limite de l'insolence lorsque celui-ci, qui apprécie de plus en plus sa vivacité et son intelligence, cherche à mieux la connaître. Elle observe avec plaisir l'évolution des sentiments de sa sœur préférée pour Bingley, et prête une oreille attentive au beau Wickham qui ne la laisse pas indifférente. Il lui faut aussi garder son sang froid devant le ridicule Mr Collins, ce cousin qui héritera de leur propriété de Longbourn à la mort de Mr Bennet, selon le principe de l’entail. Récemment nommé recteur de Hunsford, dans le Kent, il cherche à prendre femme, comme le lui a conseillé Lady Catherine de Bourgh, sa protectrice, et a jeté son dévolu sur Elizabeth, à la grande satisfaction de Mrs Bennet, qui voit déjà ses deux aînées mariées.
Au cours du bal organisé à Netherfield où il invite Elizabeth à danser, Darcy se rend compte que le mariage de Bingley avec Jane Bennet est considéré comme pratiquement acquis par la société locale, et avec l'aide de Miss Bingley qui, comme lui, le considère comme une mésalliance, convainc Charles Bingley de passer l'hiver à Londres. Mrs Bennet voit donc s'écrouler tous ses projets matrimoniaux : Bingley est parti et Mr Collins, refusé par Elizabeth, a demandé la main de sa meilleure amie, Charlotte Lucas.
Tome II (19 chapitres)
Caroline Bingley, dans une lettre à sa « chère Jane » anéantit tout espoir : elle lui confirme qu'ils ne retourneront pas à Netherfield et avoue perfidement son souhait de voir son frère épouser la jeune sœur de Darcy. Wickham dénigre ouvertement Darcy maintenant que ce dernier est parti. Collins épouse Charlotte et l'emmène dans le Kent. Les Gardiner viennent passer Noël chez les Bennet et repartent avec leur nièce Jane à Londres où ils habitent<ref name="Plot Overview"/>. La rancœur d'Elizabeth augmente au cours de l'hiver, car Jane, à Londres, n'a aucune nouvelle de Bingley, et elle est persuadée que Darcy en est responsable. Elle le rencontre sans plaisir à Pâques, chez Lady Catherine de Bourgh (qui se trouve être sa tante), Charlotte l'ayant invitée à passer quelques semaines au presbytère. Aussi, lorsque Darcy Modèle:Incise la demande en mariage (avec hauteur et condescendance, car il a le sentiment de déchoir en s'alliant à une famille de condition si inférieure à la sienne, et il ne s'en cache pas), elle le refuse tout net, lui reprochant son orgueil et sa vanité, affirmant qu'elle n'épousera jamais l'homme qui a empêché le bonheur de Jane et a honteusement traité Wickham.
Darcy choisit alors de se justifier et explique dans une longue lettre les motifs de son ingérence dans l'idylle de Jane et Bingley : il reconnaît qu'il n'a pas hésité à écarter son ami de Miss Bennet et lui a caché qu'elle était à Londres. Il a pris sa réserve pour de l'indifférence, mais l'obstacle essentiel est, à ses yeux, le comportement et les relations de sa famille. Il détaille ensuite longuement les motifs de son attitude à l'égard de Wickham : ce compagnon d'enfance, joueur, fourbe et dépravé, coureur de dot, a failli réussir l'été précédent à persuader sa sœur Georgiana, âgée de quinze ans, de s'enfuir avec lui.
Elizabeth découvre ainsi avec consternation que Jane, pourtant irréprochable elle-même, a fait les frais de la vulgarité de sa mère et de ses jeunes sœurs et qu'elle-même s'est laissé aveugler par sa vanité blessée. À la lumière de ces révélations, elle est forcée de revoir son opinion et ses sentiments pour Darcy. Mais ces confidences, qu'elle ne peut pas entièrement partager avec Jane, pèsent sur son moral ; et elle ne peut pas davantage expliquer à son père pourquoi il lui paraît si peu judicieux que Lydia accompagne le régiment dans ses quartiers d'été à Brighton. Néanmoins elle se réjouit de faire un voyage au cours de l'été avec les Gardiner dans le Derbyshire et se laisse convaincre par sa tante de visiter Pemberley.
Tome III (19 chapitres)
La visite du beau domaine de Pemberley<ref name="Plot Overview"/> l'enchante et lui présente Darcy sous un jour très différent, car il y est connu et aimé comme étant un maître généreux et bienveillant. Au cours d'une rencontre imprévue, il se montre aimable avec les Gardiner et lui présente sa sœur. Mais Elizabeth reçoit des nouvelles alarmantes de Longbourn : Lydia s'est enfuie avec Wickham. Il faut rentrer sans délai. Elle est persuadée que cette dernière épreuve va amener Darcy à définitivement renoncer à son attirance pour elle. Or elle apprend qu'il est intervenu pour sauver Lydia et obliger Wickham à l'épouser, puis découvre qu'il « a permis » à Bingley de renouer avec Jane ; elle accepte alors ses sentiments pour lui et finit par accueillir avec joie le renouvellement de sa demande en mariage.
Le dernier chapitre traite de l'avenir des protagonistes : Lydia et Wickham vivent au jour le jour, toujours endettés, quémandant sans cesse de l'argent à Jane et Elizabeth qui ouvrent leur bourse personnelle ; à Pemberley, les Darcy vivent heureux avec Georgiana ; Darcy pardonne à Lady Catherine le mal qu'elle a dit d'Elizabeth ; les Bingley, pour échapper à Mrs Bennet et aux commérages oppressants de Meryton, achètent un domaine proche du Derbyshire, à la grande joie d'Elizabeth ; Kitty passe le plus clair de son temps chez ses aînées où elle côtoie une société plus distinguée ; Mr Bennet s'invite à l'improviste et les Gardiner sont toujours les bienvenus.
Personnages
Modèle:Boîte déroulante/fin La société décrite par Jane Austen est un microcosme étriqué : cela est inévitable dans la mesure où les relations sociales sont tributaires des difficultés de transport dans l'Angleterre rurale d'alors<ref group="N">Les familles de la gentry campagnarde ne pouvaient guère entretenir de relations régulières qu'avec d'autres familles demeurant à moins d'une journée de trajet en voiture à cheval, et d'un même milieu social.</ref>. La plupart des personnages sont liés à la famille Bennet de Longbourn par des liens familiaux ou de voisinage. La venue des Bingley et de Darcy et la présence de la Milice vont cependant introduire des protagonistes extérieurs à ce milieu ; et l'amitié qui lie Elizabeth Bennet à Charlotte Lucas va élargir le cercle à Lady Catherine de Bourgh, la tante de Darcy, et créer des occasions de nouvelles interférences<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Les personnages principaux
Elizabeth Bennet
Elizabeth, Lizzy pour sa famille, est le personnage principal d'Orgueil et Préjugés, celle dont le point de vue est privilégié, et la seconde des cinq filles. Elle est gracieuse, intelligente, spirituelle et la favorite de son père<ref name="Morris04">Modèle:Lien web</ref>.
Sa mère la considère comme Modèle:Citation<ref name="ReferenceA">Modèle:Harvsp</ref> mais Mr Darcy admire Modèle:CitationModèle:Sfn. Elle se fait aussi remarquer par son énergie et son goût pour les longues promenades solitaires, notamment dans le parc de Rosings. Elle partage avec Jane, son aînée de deux ans, des affinités de caractère qui tissent entre les deux sœurs des liens profonds d'affection et de dévouementModèle:Sfn, et fait preuve, comme elle, d'une distinction qui manque complètement au reste de la famille Bennet.
Elizabeth paraît sûre de son jugement sur les autres et n'est guère intimidée par le rang social des personnes qu'elle rencontre, qu'il s'agisse de la hautaine et prétentieuse Lady Catherine de Bourgh ou de l'orgueilleux et dédaigneux Monsieur Darcy. Elle prend le risque de refuser deux offres de mariage qui assureraient son avenir matériel, car elle attend du mariage non pas la sécurité mais « un vrai et solide bonheur »<ref>Modèle:Lien web</ref>. Elle commence à douter d'elle-même lorsqu'elle découvre combien elle s'est trompée sur Darcy et sur Wickham et ne retrouve tout son entrain et sa joie de vivre que le jour où son père donne son consentement à son mariage avec l'homme qu'elle a appris à aimer et estimer.
Mr Darcy
Voir aussi Donald Greene Modèle:Lien web</ref>.
Le second protagoniste du roman est Fitzwilliam Darcy, que l'on nomme généralement Mr Darcy<ref name="Analysis of Major Characters">Modèle:Lien web</ref>,Modèle:Note. Jeune homme de Modèle:Nombre, fier, voire hautain, peu loquace et cassant, il suscite l'animosité d'Elizabeth dès leur première rencontre à Meryton. Apprendre qu'il aurait lésé George Wickham, découvrir qu'il a éloigné Charles Bingley de Jane, cela ne fait qu'attiser l'hostilité d'Elizabeth, sans la surprendre tant elle est prévenue contre lui.
Monsieur Darcy est le maître du splendide domaine de Pemberley<ref group="N">En 1989, Stephen Derry se demande, dans Modèle:Lien web si le nom Pemberley n'est pas une contraction de Beverley (le nom de famille de Cecilia) et de Pemberton, nom qui se trouve dans le roman de Fanny Burney, et qu'elle a aussi pu emprunter à The Sylph (1779), un roman attribué à Georgiana Cavendish, duchesse du Devonshire.</ref> dans le Derbyshire et le neveu préféré de Lady Catherine de Bourgh, la protectrice de Mr Collins. Il est obligé de revenir peu à peu sur les jugements peu charitables qu'il a portés sur Elizabeth et se sent très attiré par elle ; elle est la seule personne étrangère à son cercle d'amis avec qui il sort de sa réserve<ref name="Casal">Modèle:Lien web</ref> et aborde des sujets sérieux. L'amour grandissant qu'il lui porte l'amène à la demander en mariage malgré toutes les préventions qu'il a contre sa famille et, au lieu d'être découragé par son refus déterminé, à expliquer ses actes, prendre sérieusement en compte ses critiques, au point de réformer son comportement, lutter contre ses préjugés et même prendre le risque d'un second refus<ref>Modèle:Lien web</ref>. C'est le personnage masculin le plus complexe et le plus élaboré de tous les romans de Jane AustenModèle:Sfn.
La famille Bennet
Illustration de Hugh Thomson, 1894.
Mr Bennet
Propriétaire du petit domaine de Longbourn, donc membre de la petite gentry provinciale et gentleman, Mr Bennet<ref group="N">Les prénoms des parents d'Elizabeth ne sont jamais mentionnés. Lorsque Mrs Bennet s'adresse à son mari, elle l'appelle toujours Modèle:Citation, alors qu'il l'appelle en général Modèle:Langue (« ma chère »). Mais il est probable que Mrs Bennet s'appelle Jane, puisqu'on donne d'habitude le prénom de la mère à la fille aînée.</ref> est un pince-sans-rire doté d'un incontestable sens de l'humour, qui ne manque jamais de plaisanter sur la sottise de ses trois plus jeunes filles<ref name="How Not To Father">Modèle:Lien web</ref>. Il souffre de l'inconséquence et de la vulgarité de sa femme, et n'en apprécie que plus les bonnes manières de ses deux aînées et l'esprit affûté de Lizzy. Parfaitement conscient des insuffisances du reste de sa famille, par négligence, indolence ou désir égoïste d'avoir la paix et d'éviter tout conflit avec sa femme, il se dérobe à ses responsabilités paternelles. Ayant épousé une femme apparemment dotée d'une heureuse nature, mais dont il a rapidement découvert l'esprit étroit et le manque de jugement, il a pris l'habitude de se réfugier dans sa bibliothèque, au milieu de ses livres<ref name="ref-1">Modèle:Harvsp</ref>,<ref name="Analysis of Major Characters"/>.
Mrs Bennet
Mère de cinq filles, jolies certes, mais sans aucun héritage à espérer, elle est obsédée par l'impérieuse nécessité de les marier, en leur trouvant de préférence un prétendant fortuné. Elle ne manque d'ailleurs pas d'une certaine habileté pratique pour parvenir à ses fins. Mais sa vulgarité, sa prétention et sa sottise<ref name="Rediscovering the Gardiner Family">Modèle:Lien web</ref> la poussent à se vanter publiquement des mariages avantageux qu'elle espère pour ses filles et à ne pas tenir compte des remarques de bon sens d'Elizabeth… ce qui entraîne le mépris de Darcy, et par voie de conséquence, l'effondrement de ses projets matrimoniaux pour sa fille Jane. Frivole, égoïste, facilement rancunière, elle n'aime pas beaucoup Elizabeth, adore sa benjamine, Lydia, qui lui ressemble beaucoup, au point de tout lui passer, invoque, en cas de difficultés, le prétexte de ses « pauvres nerfs » et parle beaucoup pour ne rien dire<ref name="Analysis of Major Characters"/>.
Jane Bennet
Miss Bennet<ref group="N">Seul(e) l'aîné(e) porte son nom de famille sans indication du prénom. Pour les suivant(e)s, le prénom vient s'intercaler (Miss Elizabeth Bennet, par exemple).</ref> a vingt-deux ans. D'une grande beauté, de manières irréprochables, raisonnable, toujours prête à juger en bien autrui (elle est la seule à ne pas avoir de préjugés), elle assume avec sérieux son rôle d'aînée<ref name="Born to Diverge">Modèle:Lien web</ref>. Elle tombe amoureuse de Charles Bingley, qui semble l'apprécier beaucoup et dont les deux sœurs se montrent très amicales, mais comme elle est discrète et peu expansive, son attachement naissant n'est pas reconnu pour ce qu'il est par Mr Darcy, et Caroline Bingley fait tout pour la décourager. Seule Elizabeth, qui connaît parfaitement sa sœur « très aimée » et partage ses soucis et ses responsabilités<ref name="Born to Diverge" />, a conscience de la profondeur de ses sentiments et de sa souffranceModèle:Note,<ref name="Analysis of Major Characters"/> lorsque le jeune homme s'éloigne d'elle.
Mary Bennet
Bien que l'on ne sache pas son âge, on peut l'estimer entre dix-huit et dix-neuf ans. C'est la troisième des filles de Mr et Mrs Bennet, et la seule à n'être pas jolie. Elle a donc cherché d'autres façons de se faire remarquer. Si elle lit beaucoup, elle n'a guère tiré parti de ses lectures<ref name="How Not To Father"/>, car elle a l'esprit étroit, et aime asséner à ses proches des vérités profondes, qui ne sont souvent que des lieux communs. Elle travaille beaucoup son piano, mais, n'ayant Modèle:Citation, joue comme elle parle, de façon pédante et ampoulée<ref name="ref-2">Modèle:Harvsp</ref>.
Catherine (Kitty) Bennet
Catherine, l'avant-dernière des cinq filles Bennet, a dix-sept ans au début du roman. Elle est frivole, superficielle et ignorante. D'un caractère faible, elle se laisse entraîner par Lydia, sa jeune sœur, dont elle est jalouse, mais dont elle admire l'aisance et l'assurance, sans voir l'impropriété de ses manières. Une fois séparée de Lydia et fréquemment invitée par ses deux aînées après leur mariage, elle évolue favorablement<ref name="Born to Diverge" />.
Lydia Bennet
La benjamine des sœurs Bennet a quinze ans au début du roman. Frivole et superficielle, enjouée, impulsive et déterminée, peu intelligente et égoïste, elle est le parfait portrait de sa mère au même âge ; elle rit facilement aux éclats, ce qui n'est pas un signe de bonne éducation<ref name="Casal"/>. Sa seule préoccupation est de flirter avec les jeunes officiers de la milice (dans l'espoir d'obtenir le statut envié de femme mariée avant ses aînées<ref>Modèle:Citation : Modèle:Harvsp</ref>) et de profiter de tous les plaisirs qu'offrent les bals, les loteries ou les parties de cartes. Elle n'écoute personne, n'a aucun sens des convenances, et s'enfuit avec Wickham, dont elle s'est entichée, persuadée qu'il va l'épouser, sans se soucier des conséquences de son acte, ni pour elle-même ni pour la bonne réputation de ses sœurs. Caricature de l'héroïne romantique, elle a un comportement qui met en danger le reste de sa famille.
Mr et Mrs Gardiner
Edward Gardiner est le frère de Mrs Bennet et Mrs Philips<ref name="Rediscovering the Gardiner Family"/>. Il est cultivé, intelligent, et d'une distinction de manières (« Modèle:Langue »)Modèle:Note qui surprend agréablement Darcy, eu égard à la vulgarité de ses sœurs. Sa femme est fine, élégante, discrète, raisonnable, observatrice, suffisamment jeune pour avoir encore des enfantsModèle:Sfn, et a vécu à Lambton, non loin de Pemberley, avant son mariage. Personnages-clés dans les relations entre Darcy et Elizabeth, dans le schéma actantiel, ce sont des adjuvants.
Les activités professionnelles de Mr Gardiner, qui travaille et habite dans la City, leur procurent des revenus confortables, mais ils habitent un quartier considéré comme infréquentable par les sœurs de Bingley. Ils ont quatre enfants (deux filles de huit et six ans et deux garçons plus jeunes) et sont proches des deux aînées Bennet, qui viennent souvent chez eux à Londres : Jane passe l'hiver chez eux, et ils emmènent Elizabeth dans leur voyage d'agrément dans le Derbyshire.
Mrs Phillips (ou Philips)
Sœur d'Édouard Gardiner et de Mrs Bennet<ref name="Rediscovering the Gardiner Family"/>, elle a épousé l'ancien clerc et successeur de leur père comme avoué à Meryton. Sa situation et son goût immodéré pour les commérages font d'elle une source précieuse d'informations pour ses plus jeunes nièces.
Mr Collins
Ce cousin éloigné de Mr Bennet doit hériter de Longbourn à sa mort, puisque, soumise à l'entail, la propriété n'est pas transmissible aux filles, ce qui lui vaut l'inimitié de Mrs Bennet. Mr Collins est un jeune clergyman peu séduisant, peu intelligent, mais sûr de lui, pompeux et prétentieux. Sommé par sa patronne et protectrice, Lady Catherine de Bourgh, à laquelle il est tout dévoué, de se marier rapidement, il arrive à Longbourn avec l'intention d'épouser l'une de ses cousines, pour, en quelque sorte, atténuer le préjudice qu'il doit leur causer. Il jette d'abord son dévolu sur Jane, puis réoriente son choix sur Elizabeth, qui refuse, mi-irritée, mi-amusée par sa déclaration, et enfin s'imagine amoureux de Charlotte Lucas. Jane Austen en fait un personnage très caricaturalModèle:Note.
Les Bingley
Ces trois personnages, Mr Bingley et ses deux sœurs, Mrs Hurst et Miss Bingley, font partie de l'entourage de Mr Darcy.
Charles Bingley
Fils d'un homme qui a fait fortune dans le commerce mais n'a pas vécu assez longtemps pour investir sa fortune dans une propriété et ainsi monter dans la hiérarchie sociale, Bingley loue Netherfield, en attendant de trouver un domaine à acheter. Bingley étant un nom du Yorkshire<ref group="N">Dans le tome III, lorsque Bingley décide de revenir à Netherfield, ses sœurs quittent Pemberley pour Scarborough, dans le Yorkshire.</ref>, il est à présumer que la fortune familiale s'est faite dans le textile ; soit dans le commerce de la laine, peut-être dans la Maison du tissu (Modèle:Langue) à Leeds<ref name="Le Faye 186">Modèle:Harvsp</ref>, soit dans la florissante industrie du coton<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Grand ami de Darcy, mais plus jeune que luiModèle:Note, il est gai, expansif, toujours de charmante humeur, assez insouciant, modeste, et il tombe facilement amoureux. Il est immédiatement conquis par la beauté et la douceur de Jane Bennet. D'une nature influençable cependant, il fait confiance à son ami, qui réussit à l'en éloigner, persuadé que Jane ne l'aime pas véritablement et surtout qu'il serait déplorable de s'allier aux Bennet. Mais Bingley n'arrive pas à oublier Jane, et lorsqu'il revient à Netherfield, officiellement pour la saison de la chasse, il en profite pour renouer avec elle<ref name="Analysis of Major Characters"/>.
Caroline Bingley
Miss Bingley est la plus jeune des deux sœurs, et probablement la plus jeune de la familleModèle:Note. Élevée, comme sa sœur ainée, dans une pension huppée et prestigieuse de LondresModèle:Note, elle espère se marier dans la bonne société et cherche à faire oublier que la fortune familiale a été acquise dans le commerce, ce qui explique son mépris pour la parenté de Jane Bennet : un oncle avoué à Meryton, un oncle négociant à Londres. Dans le schéma actanciel, elle joue le rôle d'un opposant.
Elle a soif de statut et un caractère intéresséModèle:Sfn : elle aimerait que son frère épouse Georgiana Darcy, ce qui faciliterait le mariage dont elle rêve avec Mr Darcy, et sacrifie volontiers l'amitié condescendante qu'elle éprouve pour Jane, afin d'empêcher son frère de la revoir lorsqu'elle séjourne à Londres. Elle découvre avec étonnement et inquiétude que, malgré la verve moqueuse qu'elle déploie à l'encontre d'Elizabeth, Darcy montre beaucoup d'intérêt pour cette dernière ; sa jalousie la pousse alors à se montrer très impolie avec elle et à la dénigrer systématiquement.
Mais, comme elle ne voulait pas se fermer la porte de Pemberley, elle Modèle:Citation (Modèle:Langue) après son mariage avec Darcy, ironise Jane Austen<ref name="Austen339">Modèle:Harvsp</ref>.
Mrs Hurst
Louisa Hurst, née Bingley, l'aînée de la fratrie, est un personnage assez effacé, dans l'ombre de sa cadette. Bien dotée (Modèle:Nombre), elle a pu épouser un homme de la bonne société. Ce gentleman, peu fortuné mais propriétaire d'une résidence londonienne, a des centres d'intérêt particulièrement limités : les cartes, la chasse, la bonne chère… et les siestes sur le sofaModèle:Sfn, quand aucune des autres activités n'est possible.
Les Lucas
Les Lucas sont une famille relativement nombreuse, ce qui peut expliquer le peu de fortune laissé à CharlotteModèle:Sfn. Jane Austen, outre Charlotte et Maria, cite des sœurs plus jeunes et des garçons dont l'âge et le nombre ne sont pas mentionnés.
Charlotte Lucas
Grande amie d'Elizabeth Bennet, elle est la fille aînée de Sir William Lucas. Charlotte est une fille sensée et intelligente, mais sans charme (« Modèle:Langue »). Âgée de Modèle:Nombre, elle craint de rester vieille fille et de devenir « une charge bien lourde pour ses parents ». Elle se voit sans avenir, et profite habilement du dépit de Mr Collins, vexé du refus d'Elizabeth, pour détourner vers elle son désir de mariage. Elizabeth est stupéfaite de sa décision car elle n'a jamais voulu voir ce côté calculateur et matérialiste de son amieModèle:Sfn. Charlotte a une conception assez cynique du mariage : pragmatique, elle n'en attend que la sécurité financière et une maison confortable ; elle se satisfait de vivre au presbytère de Hunsford, près de Rosings Park, et de s'occuper de son propre foyerModèle:Sfn, en dirigeant adroitement son mari. Mais, fille de commerçant ayant épousé un pasteur assuré d'hériter d'un domaine, elle bénéficie, à un échelon moindre, d'une ascension sociale semblable à celle d'ElizabethModèle:Sfn.
Sir William Lucas
Ayant été élevé à la dignité de chevalier par le roi à l'époque où il était maire de Meryton, cet ancien commerçant a pris des idées de grandeur : il a quitté les affaires et s'est retiré dans une petite propriété près de Longbourn qu'il a pompeusement baptisée Lucas LodgeModèle:Sfn. Il fait allusion chaque fois qu'il le peut à sa réception à la Cour. Il fait partie de la galerie de personnages dont Jane Austen souligne le ridicule, mais il n'est ni méchant ni arrogant.
Maria Lucas
Maria Lucas est une des sœurs cadettes de Charlotte. Elle est décrite au chapitre 27 comme une adolescente de caractère enjoué, mais aussi « écervelée » que son père (Modèle:Langue<ref name="Austen112">Modèle:Harvsp</ref>). Elle accompagne Sir Lucas et Elizabeth lors de la visite qu'ils rendent à Charlotte, récemment mariée, à Hunsford dans le Kent. Durant le voyage, sa conversation, comme celle de son père, se révèle sans intérêt et même Modèle:Citation (Modèle:Citation étrangère<ref name="Austen112"/>). On peut donc faire le parallèle entre le caractère de ce personnage et celui de ses amies Catherine et Lydia Bennet.
Mrs Lucas
L'épouse de Sir William, devenue « Lady Lucas » depuis que son époux est « Sir William », est une brave femme sans prétention, Modèle:Citation (Modèle:Citation étrangère)<ref name="Austen-1853-p=14">Modèle:Harvsp</ref>.
Autres personnages
Les autres personnages ont un lien plus ou moins direct avec Darcy et/ou avec Pemberley.
George Wickham
Modèle:Article détaillé D'un charme indiscutable, auréolé du prestige de l'uniforme, il est prompt à se faire des amis, car, habile menteur et enjôleur, il n'hésite pas à utiliser sa prestance et les atouts que lui donne la bonne éducation qu'il a reçue pour abuser son entourage. Elizabeth est sensible à son charme, dès leur première rencontreModèle:Sfn, et compatit sans réserve à ses malheurs, lorsqu'il lui décrit complaisamment la dureté et l'injustice dont Darcy aurait fait preuve à son égard. La vérité, comme elle l'apprend plus tard, est fort différente : débauché et joueur<ref group="N">Son nom, Wickham, est à rapprocher de Modèle:Langue, malfaisant, méchant.</ref>, il a échoué, l'été précédent, à enlever la riche Georgiana Darcy et, pressé financièrement, il s'est engagé dans la milice, ce qui explique sa venue à Meryton.
L'intrigue développée autour du personnage de George Wickham a été inspirée à Jane Austen par le Tom Jones d'Henry Fielding<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Margaret Anne Doody, « Reading », The Jane Austen companion, Macmillan, 1986 Modèle:ISBN, Modèle:P.</ref>.
Georgiana Darcy
Georgiana<ref>Modèle:Lien web</ref> a onze ou douze ans environ de moins que son frère (Modèle:Citation étrangère, écrit-il)<ref name="Jane Austen 177">Modèle:Harvsp</ref>. Mineure, elle est sous sa responsabilité et celle de son cousin, le colonel Fitzwilliam, depuis le décès de leur père, quelque cinq ans plus tôtModèle:Sfn. Elle a, semble-t-il, perdu sa mère, Lady Anne, depuis un certain temps aussi, puisqu'elle était en pension, puis, à quinze ans, installée à Londres avec une dame de compagnie<ref name="Jane Austen 177"/>. C'est une jeune fille très timide qui joue fort bien du piano et semble bien solitaire ; il n'est pas étonnant qu'elle ait cru aimer Wickham qu'elle connaît depuis l'enfance et qui sait se montrer si charmant. Elle est prête à aimer Elizabeth de tout son cœur, et il est certain que son frère a beaucoup d'affection pour elle, même s'il en fait peu étalage : Modèle:Citation dit Mrs ReynoldsModèle:Sfn,<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Lady Catherine de Bourgh
« Sa Seigneurie » (Modèle:Langue), maîtresse majestueuse de Rosings ParkModèle:Note, est la veuve de Lord Lewis et la mère d'Anne, la fille malingre et souffreteuse qu'elle a l'intention de marier à Darcy, afin d'unir leurs deux fortunes. C'est la sœur de Lady Anne (mère de Darcy et Georgiana) et de Lord***, père du colonel Fitzwilliam. Cette aristocrate habituée à tout régenter d'une voix impérieuse et donnant son avis sur tout d'un ton qui ne supporte pas la contradiction, est un personnage assez caricatural. Elizabeth s'amuse au début de sa « majestueuse impertinence »Modèle:Sfn, mais sait aussi défendre avec beaucoup de courage sa conception du bonheur, quand la grande dame vient, de façon assez insultante, essayer de lui arracher la promesse de ne jamais accepter une demande en mariage de la part de DarcyModèle:Sfn.
Le colonel Fitzwilliam
Fils cadet d'un comte, Lord***Modèle:Note, un peu plus âgé que son cousin Darcy, il tombe sous le charme d'Elizabeth lorsqu'il fait sa connaissance à Rosings Park, pendant le séjour qu'elle fait chez son amie Charlotte, après le mariage de cette dernière. Elizabeth, qui le trouve moins séduisant que Wickham, mais plus cultivéModèle:Sfn, sait bien qu'elle n'a pas assez de fortune pour sérieusement intéresser un cadet de famille.
Mrs Reynolds
L'intendante de Pemberley est une vieille dame respectable qui porte à son jeune maître, qu'elle a vu grandir, une profonde admiration teintée d'affection. Ses affirmations concernant les qualités du propriétaire du domaine et l'opinion qu'en ont ses tenanciers et ses serviteurs ébranlent les convictions d'Elizabeth lorsqu'elle visite Pemberley avec les GardinerModèle:Note.
Structure narrative
Construction
Un souci de vraisemblance
Le soin extrême apporté par Jane Austen pour rendre crédibles ses romans au travers de notations contextuelles précises est connu<ref name="ref-5">Modèle:Harvsp</ref>. Elle précise les distances et même le temps nécessaire pour les parcourir : entre Lucas Lodge et Hunsford, par exemple, il y a Modèle:Citation, ce qui représente Modèle:Citation<ref>Modèle:Citation étrangère, Modèle:Harvsp</ref>, mais il faut presque deux jours pour revenir d'une traite de Lambton à LongbournModèle:Sfn. Elle est attentive aux dates, précise souvent le jour de la semaine où se passe tel ou tel événement majeur, comme le bal de Netherfield, qui a lieu un mardi, le Modèle:Date-Modèle:Sfn, et elle ne décrit que ce dont elle est sûre, ce qui explique qu'elle se contente d'évoquer ce que peuvent faire les messieurs (par exemple chasser, jouer au billard), lorsqu'ils sont entre hommes.
Le roman est parfaitement construitModèle:Sfn : chaque action induit la suivante, même si les personnages en sont souvent inconscients. Si le lecteur sait dès le sixième chapitre que Darcy s'intéresse à Elizabeth, elle ne s'en rend absolument pas compte<ref>Modèle:Harvsp : Modèle:Citation étrangère.</ref>. Il n'est alors pas surprenant qu'elle trouve « bizarre » de le rencontrer « de façon inattendue » dans le parc de Rosings<ref name="Austen159">Modèle:Harvsp</ref>, mais le lecteur a le plaisir de voir l'action rebondir sans temps morts ni digressions.
De même, l'intrigue obéit à une logique interne<ref name="étude psychologique de la romancière">Modèle:Harvsp</ref>, liée au caractère des personnages et non à des événements extérieurs. Ainsi leurs déplacements, leurs rencontres, comme celles d'Elizabeth et Darcy à Netherfield, à Rosings et enfin à Pemberley, sont planifiés et savamment préparés, par une utilisation soignée et maîtrisée de la convention romanesque, même si le lecteur croit assister à un coup de théâtre<ref name="étude psychologique de la romancière"/>.
Dans le même souci de vraisemblance, Jane Austen prend la peine de justifier le changement dans les sentiments d'Elizabeth envers Darcy, qu'elle juge Modèle:CitationModèle:Sfn, ou de préciser les étapes successives du changement de jugement de Darcy envers Elizabeth, depuis l'indifférence hautaine jusqu'à la passion irrépressible<ref>Modèle:Harvsp (« ses traits rendus exceptionnellement intelligents par l'expressivité de ses yeux noirs ») puis Modèle:P. (« ensorcelé »), Modèle:P. (Modèle:Citation) et Modèle:P. (Modèle:Citation).</ref>, parce qu'elle n'écrit pas un de ces romans à la mode si décriés par les moralistes de son temps, mais une histoire qu'elle veut rendre réaliste et crédible<ref name="étude psychologique de la romancière"/>.
Construction en deux parties
La réédition de 1853, en deux tomes, met en lumière la construction en deux parties autour de la première demande en mariage de Darcy<ref name="S.S.S in P&P">Modèle:Lien web</ref>, qui se trouve presque exactement au centre du roman : la déclaration de Darcy, sa lettre explicative, et les réflexions que se fait ensuite Elizabeth sont le pivot autour duquel se reconstruit progressivement leur relation. Dans la première partie, après la désastreuse première rencontre au bal de Meryton<ref name="ref-3"/>, leurs rencontres successives (dont les trois invitations à danser puis les trois rencontres « fortuites » dans les bois de Rosings Park) montrent au lecteur les tentatives d'approche de Darcy, incompréhensibles, déroutantes, parfois humiliantes pour une Elizabeth aveuglée par son préjugé<ref name="S.S.S in P&P"/>. Par la suite, les retrouvailles imprévues à Pemberley, où Darcy se montre Modèle:Citation (Modèle:Citation étrangère)Modèle:Sfn, sont le prélude de visites et de rencontres qui font enfin avancer de façon satisfaisante leurs relations<ref name="S.S.S in P&P"/>.
Avant ce moment essentiel, chacun des deux protagonistes connaissait un ou plusieurs éléments que l'autre ignorait : ainsi, Darcy connaissait le caractère de Wickham, et Elizabeth les sentiments de sa sœur. Mais chacun se méprenait sur les sentiments de l'autre : lui était persuadé qu'elle Modèle:Citation, et elle, contrairement au lecteur, ignorait totalement les sentiments qu'elle lui inspirait. Après ce renversement aristotélicien<ref name="S.S.S in P&P"/>, ils partagent un certain nombre de secrets : la demande en mariage de Darcy en elle-même, et tout ce que révèle sa lettre à Elizabeth. Malgré la sécheresse et la froideur du style, Darcy y montre l'estime qu'il lui porte et sa confiance en sa discrétion en choisissant de dévoiler la teneur de ses relations avec Wickham et de s'expliquer honnêtement. Lorsqu'elle le découvre si chaleureux à Pemberley, elle peut lui retourner cette confiance en lui dévoilant la fugue de Lydia avec Wickham<ref name="S.S.S in P&P"/>, ce qui le pousse à agir pour en annuler les conséquences catastrophiques. Jane Austen montre ainsi comment chacun apprend, grâce à l'autre, à mieux se connaître, et à vaincre son orgueil et ses préjugésModèle:Note.
Saisons et saisons du cœur
Les événements sont clairement inscrits dans le passage des saisons<ref name="Five Seasons of P&P">Modèle:Lien web</ref> et le cycle saisonnier rythme l'action et l'évolution des personnages.
Le roman dure quinze mois<ref>Modèle:Lien web</ref>,<ref>Modèle:Lien web</ref>. Il débute en automne avec successivement l'arrivée de Bingley à la Saint Michel (le Modèle:Date-), celle du régiment qui prend ses quartiers d'hiver à Meryton début octobre, celle de Mr Collins, qui s'annonce d'abord par une lettre, puis arrive en personne le Modèle:Date-, comme WickhamModèle:Sfn. La pluie cause le rhume de Jane, et la venue d'Elizabeth à Netherfield, ce qui donne à l'auteur l'occasion d'éclairer les relations conflictuelles entre Elizabeth et Darcy. Tous les espoirs sont permis à Mrs Bennet, qui voit déjà Mr Bingley épouser Jane et trouve Mr Collins « assez bon » pour ElizabethModèle:Sfn, mais la fin de l'automne voit s'évanouir ces espoirs, ce qu'a en quelque sorte annoncé la pluie persistante qui a précédé le bal de Netherfield<ref name="Five Seasons of P&P"/>.
L'hiver est la saison où tout se fige : Bingley parti, Jane a le cœur briséModèle:Note ; et Collins est fiancé à Charlotte Lucas. Cependant l'arrivée des Gardiner pour Noël permet d'évoquer Pemberley avec Wickham, et le mariage de Charlotte en janvier entraîne l'invitation d'Elizabeth à Hunsford, au printempsModèle:Note.
Le printemps, même s'il voit fleurir l'amour de Darcy pour Elizabeth, n'amène pas d'espoir : Jane, toujours à Londres, est sans nouvelles de Charles Bingley, Elizabeth, à Hunsford, s'ennuie et n'apprécie que le parc, où elle peut échapper à la curiosité de Lady Catherine, mais où elle rencontre trois fois Darcy, de façon totalement inattendue pour elle<ref name="Austen159"/>, ce qui annonce les rencontres de Pemberley<ref group="N">La même expression Modèle:Citation étrangère est utilisée pour décrire le comportement de Darcy quand il rejoint Elizabeth dans le parc de Rosings, et lorsqu'il va à la rencontre des Gardiner dans le parc de Pemberley : il rebrousse chemin et [les/l'] accompagne.</ref>. Avril voit Elizabeth vivement rejeter l'amour de Darcy, mais, sous Modèle:Citation, se plonger dans la lettre qui l'amène à réviser ses « premières impressions ».
L'été est la saison des retournements de situation<ref name="Five Seasons of P&P"/> : Elizabeth a pris conscience des manquements de sa famille, mais ne peut empêcher le départ de Lydia pour Brighton ; elle espérait une excursion dans les splendeurs romantiques du Lake District, elle découvre finalement le charme paisible du Derbyshire et de son Peak District ; alors qu'elle craignait de rencontrer Darcy si elle visitait son domaine, elle découvre sa généreuse hospitalité envers son oncle, qu'il invite à venir pêcher Modèle:Citation, et elle-même, à qui il offre la possibilité de rencontrer sa sœur GeorgianaModèle:Sfn. Mais la fuite de Lydia avec Wickham l'empêche d'approfondir ces découvertes, et l'enfonce dans le silence, la douleur et la solitude à son retour à Longbourn.
L'histoire s'achève dans la même saison qu'elle a commencé, avec un « retour cyclique » des personnages à Meryton en automne, mais ils ont subtilement évolué<ref>Joseph Allen Boone, Tradition Counter Tradition, Chicago, University of Chicago Press, 1987, Modèle:P.</ref>. La scène d'introduction se reproduit quasiment à l'identique dans le tome III<ref group="N">Modèle:Citation et Modèle:Citation Souligné par Joseph Wiesenfarth, « Austen and Apollo », in Jane Austen Today, ed. Joel Weinsheimer, Athènes, The University of Georgia Press, 1975, Modèle:P..</ref>. Wickham revient, mais, marié à Lydia et ayant perdu toute son aura aux yeux des personnages principaux, il s'en va aussitôt avec elle loin dans le Nord ; Collins se manifeste par une lettre, puis par son retour, mais avec Charlotte, Modèle:CitationModèle:Sfn.
Bingley et Darcy reviennent, eux aussi, officiellement pour quelques semaines de chasseModèle:Note. Ce deuxième automne est comme un recommencement : Bingley fait la demande qu'il aurait dû faire un an plus tôt, et Darcy récolte les fruits de son changement d'attitude sur le chemin de Lucas Lodge : Elizabeth et lui rejouent la scène de la demande en mariage, mais dans un tout autre contexte : ils ont tous les deux psychologiquement grandi et leur amour a mûri. La fin d'automne voit des départs sans larmes, et un mouvement important vers le nouveau centre d'intérêt, Pemberley<ref name="Five Seasons of P&P"/>.
Style et ironie
Modèle:Article détaillé Le style de Jane Austen est vif, élégant et sans maniérisme. Les descriptions sont brèves, les passages narratifs réduits, et rares les interventions de l'auteur, qui, en outre, manie avec subtilité la litote : c'est une prose du non-dit, tout en réticence et retenue<ref>Jacques Roubeau, Introduction à Orgueil et Préjugés, édition Christian Bourgeois, 1994</ref>. Virginia Woolf admire ses Modèle:CitationModèle:Note,<ref>Virginia Woolf, The Common Reader, Modèle:P., The Hogarth Press, Londres, 1975, traduction dans Introduction aux romans de Jane Austen, Tome I, collection Omnibus, 1996, p.xi Modèle:ISBN</ref>. Et un lecteur moderne, même s'il est peu au fait des règles et conventions qu'elle critique et dont elle se moque<ref name="Lydia Martin 190">Modèle:Harvsp</ref>, peut goûter la saveur du récit.
Ironie et satire
À ce titre, la première phrase du roman est « universellement connue »<ref group="N">L'aphorisme est non seulement connu, mais souvent parodié (avec plus ou moins de bonheur comme le montre Modèle:Lien web), par exemple, dans le film Le Journal de Bridget Jones : Modèle:Citation étrangère (Modèle:Citation).</ref> : Modèle:Citation étrangère (Modèle:Citation), par la façon incisive et ironique à la fois dont Jane Austen entre immédiatement dans le vif du sujet. Les premiers mots parodient le raisonnement philosophique, mais appliqué à une réalité banale à l'époque : le lecteur est invité à comprendre, par antiphrase, que ce sont les jeunes filles sans fortune qui sont désespérément à la recherche d'un mari fortuné, et doit s'attendre à une satire des conventions sociales. La suite : Modèle:Citation, l'invite en outre à se moquer du conformisme provincial<ref name="auerbach 129">Modèle:Harvsp</ref>. Mais le déroulement et l'épilogue de l'intrigue confirment, ironiquement, la vérité de cette sentence.
Ironie à l'égard des personnages
Jane Austen est impitoyable envers les sots, qui ne peuvent échapper à sa plume acérée : une phrase cinglante les décrit<ref>Virginia Woolf, citée dans l’Introduction aux romans de Jane Austen, tome I, collection Omnibus, 1996, p.vi</ref>. Mrs Bennet est Modèle:CitationModèle:Note ; Mary est d'une vanité qui lui donne Modèle:CitationModèle:Note, Mr Hurst est un Modèle:CitationModèle:Note.
Certains font l'objet d'une caricature plus détaillée, comme Lady Catherine Modèle:CitationModèle:Note, ou Sir William qui Modèle:CitationModèle:Note.
Le personnage de Collins, le clergyman, est traité de façon particulière. L'auteur en fait une marionnette aussi ridicule dans son comportement que dans son langage<ref group="N">Le soir du bal de Netherfield, Elizabeth ne peut lui faire comprendre combien il est inconvenant d'aller, sans lui avoir été présenté, saluer Monsieur Darcy, remarque John McAleer dans Modèle:Lien web, et Norman Page dans Modèle:Langue (Oxford: Basil Blackwell, 1972) Modèle:P. souligne ses impropriétés de langage, comme l'emploi abusif du mot « élégant ».</ref> : Modèle:CitationModèle:Note. Ce plat courtisan vénère jusqu'à l'abjection sa patronne, Modèle:CitationModèle:Note. En outre, il manque complètement de sensibilité, de tact et de délicatesse, voire de charité chrétienne, comme le prouve ce qu'il écrit dans ses lettres concernant Lydia. Si le personnage ne prêtait pas tant à rire, sa solennelle bêtise pourrait inquiéter<ref>Modèle:Ouvrage, Modèle:P. : Mr Collins</ref>.
À travers ces personnages caricaturaux se profile la satire d'une société hypocrite où le rang, la richesse, l'apparence ont plus d'importance que les vraies valeurs morales<ref name="Inside P&P">Modèle:Lien web</ref>. Elizabeth et Darcy se font tous les deux l'écho de cette vision un peu amère du monde ; il lui avoue qu'il ne peut Modèle:Citation (Modèle:Citation étrangère), elle confie à sa sœur : Modèle:Citation (Modèle:Citation étrangère)<ref name="Inside P&P"/>. Mais Darcy se reconnaît d'Modèle:Citation (Modèle:Citation étrangèreModèle:Note), alors qu'Elizabeth, à l'image de sa créatrice, préfère en rire. Car Jane Austen ne se veut pas moraliste et ne cherche pas à réformer le mondeModèle:Sfn : comme le Figaro du Barbier de Séville de Beaumarchais, elle Modèle:CitationModèle:Note.
Les personnages sympathiques n'échappent pas davantage à la verve de Jane Austen, et Elizabeth, qui doit apprendre, dans la tradition du « Conduct Novel »<ref name="Lydia Martin_34">Modèle:Harvsp</ref>, à revoir ses jugements et modérer ses expressions, en fait très souvent les frais<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Marvin Mudrick, Jane Austen: Irony as Defense and Discovery, Princeton, NJ, 1952, Berkeley, Los Angeles et Londres, 1968), Modèle:P., cité par Modèle:Harvsp</ref>. Elle lui fait dire, quand Collins ne veut pas comprendre qu'elle le refuse : Modèle:CitationModèle:Note. C'est loin d'être la seule assertion d'Elizabeth qui prend une couleur ironique quand on connaît la suite des événementsModèle:Note.
Humour des situations
Le comportement des personnages est souvent croqué avec une grande économie, qui pourrait, parfois, s'apparenter à des didascalies de théâtre. Ainsi, trois phrases suffisent à décrire la scène qui se joue à Longbourn, quand les Bingley apportent en personne l'invitation au bal<ref name="JA-76">Modèle:Harvsp</ref>. Modèle:Citation bilingue bloc
Jane Austen s'amuse aussi à réunir ses personnages dans des occasions ratées. Quand Darcy vient déclarer sa flamme à Elizabeth<ref name="Inside P&P"/>, il est persuadé qu'elle attend sa demande, comme il le lui explique plus tard : Modèle:CitationModèle:Note, alors qu'elle le déteste<ref name="Lydia Martin 190"/> et que, venant d'apprendre son rôle dans le départ de Bingley, elle relit les lettres de Jane, Modèle:Citation. On ne saura jamais dans quel but il lui rend visite à l'auberge de Lambton, mais il tombe mal ; Elizabeth est tellement bouleversée par ce qu'elle vient d'apprendre à propos de Lydia, là encore par des lettres de Jane, qu'Modèle:Citation et ne peut contrôler ses émotionsModèle:Sfn.
Style et écriture
Nourrie de préceptes néo-classiques, Jane Austen se méfie du lyrisme et du jargon, recherchant la précision et la concisionModèle:Sfn. Elle est spirituelle et ne perd jamais le sens de l'humour<ref name="Inside P&P"/>, raillant les outrances de ses personnages ridicules ou notant les traits d'esprit parfois amers<ref group="N">Comme à Netherfield où Modèle:Citation.</ref> de sa délicieuse (Modèle:Langue)<ref name="auerbach 129"/> Elizabeth. Elle n'hésite pas à utiliser les figures de style qui relèvent de l'ironie, la montrant Modèle:Citation (Modèle:Langue) envers Darcy, Modèle:Citation (Modèle:Langue) ou affirmant que Modèle:CitationModèle:Note. John Halperin va même jusqu'à penser que Jane Austen possède un Modèle:Citation digne d'Oscar Wilde<ref name="Inside P&P"/>.
Langage des personnages
L'importance et la variété des dialogues, outre qu'elles rappellent le rôle que tenait l'art de la conversation dans les relations sociales et mondaines de la bonne société<ref name="Lydia Martin_34"/>, permettent de donner à chaque personnage un style correspondant à son caractère. Chacun est défini autant par ses manières que par son langage : Elizabeth, qui utilise l'ironie comme une parade contre l'hypocrisie et la bassesse des gens qui l'entourent<ref name="Lydia Martin 191">Modèle:Harvsp</ref>, a la répartie facile mais n'est jamais volontairement blessante, contrairement à Miss Bingley, dont l'esprit est acide et méprisant : Caroline Bingley a un esprit satirique et pratique la raillerie, à la fois pour affirmer sa supériorité et tenter d'influencer les autres, sans avoir l'élégance de s'arrêter quand ses moqueries sont devenues pénibles ou inexcusables<ref name="Casal"/>.
Mr Bennet manie une ironie narquoise, voire cruelle, comme lorsqu'il fait cette réflexion sur Jane à Elizabeth : Modèle:CitationModèle:Note. Cet humour à froid à l'égard des membres de sa famille est, comme sa propension à se retirer dans sa bibliothèque, une manifestation de son détachement, de son refus des responsabilités<ref name="Inside P&P"/>.
Darcy est sérieux et peu bavard, mais parfaitement capable de sous-entendus ironiques, dont Miss Bingley fait les frais. Ainsi, quand elle accuse Elizabeth d'un artifice méprisable (se faire valoir auprès de l'autre sexe en dénigrant le sien), il lui répond : Modèle:CitationModèle:Sfn. Il y a du cynisme dans sa remarque sur la Modèle:Citation parmi ses connaissances<ref name="Inside P&P"/>. Ses joutes verbales avec Elizabeth sont brillantes, en particulier celle, à la limite de la stichomythie, où ils définissent ce dont on peut, ou non, rire<ref name="Lydia Martin 191"/> : sa critique voilée de la propension d'Elizabeth à se moquer, lorsqu'il lui dit que Modèle:CitationModèle:Note, entraîne de la part de cette dernière une vive défense de la satire, où il est possible de voir le point de vue de la narratrice<ref name="Lydia Martin 191"/> : Modèle:CitationModèle:Note.
Les personnages ridicules le sont aussi dans leur langage : Mrs Bennet tient des discours redondants et répétitifs, des bavardages remplis d'absurditésModèle:Sfn. L'évocation de « Saint James » revient comme un leitmotiv chez Sir William, et Mr Collins emploie des clichés usés comme la métaphore de « la branche d'olivier ». Ses discours sont creux (Modèle:Langue) et son style ampoulé. Alors que, souvent, Jane Austen fait alterner avec souplesse récit, discours indirect, indirect libre et discours direct<ref group="N">Comme ici : Modèle:Harvsp. On a une phrase de récit: Modèle:Langue[puis un passage au discours indirect libre] Modèle:Langue.[et enfin le passage au discours direct] « Modèle:Langue [...] » (Mrs Bennett avait beaucoup de griefs à raconter, et beaucoup de plaintes à exhaler. On s'était bien mal conduit avec eux depuis la dernière visite de sa belle-sœur. Deux de ses filles avaient été à la veille de se marier, et finalement cela n'avait rien donné. « Je ne blâme pas Jane » ajouta-t-elle, « elle aurait pris monsieur Bingley si elle avait pu. Mais Lizzy ! »)</ref>, le pompeux discours de Collins, pour sa demande en mariage à Elizabeth, est donné in extenso. Modèle:Citation, il est d'un parfait ridicule, car, à travers lui, l'autrice se moque du langage convenu et passionné des romans sentimentaux<ref name="Lydia Martin 190"/>.
Expression des sentiments
Jane Austen se refuse autant aux épanchements lyriques et sentimentaux qu'elle ironise à l'égard des lieux communs. Modèle:Citation, écrit Virginia Woolf dans Modèle:LangueModèle:Note. Si les mots « passion », ou Modèle:Langue sont employés par ses personnages, ils ne font pas partie de son vocabulaire personnel ; elle préfère Modèle:Langue (sentiments profonds) indiquant sa préférence plus pour la stabilité que pour la violence des sentimentsModèle:Sfn. Elle laisse Collins détailler à Elizabeth ses raisons de se marier, pour mieux le ridiculiser, mais elle ne cite pas le discours similaire qu'il doit faire à Charlotte, elle le résume en une courte phrase : Modèle:Citation étrangère (Modèle:Citation)<ref name="ReferenceB">Modèle:Harvsp</ref>. Elle cite la première phrase de Darcy, à Hunsford, pour montrer son émotion (Modèle:Citation), mais passe ensuite au récit : Modèle:Citation. Elle ne lui redonne directement la parole que quand il demande à Elizabeth d'expliquer son refusModèle:Note. Sa deuxième déclaration est toute en retenue : Modèle:Citation (Modèle:Langue). Il y a là un refus évident du pathos, une grande réserve devant les scènes d'émotionModèle:Sfn. Quand Darcy comprend que les sentiments d'Elizabeth pour lui Modèle:Citation, il exprime son bonheur Modèle:Citation. (Modèle:Langue)Modèle:Note. Mais Jane Austen n'en dit pas plusModèle:Note.
Expression des points de vue
Elizabeth, dont le point de vue est privilégié, est la seule dont la voix intérieure, lorsqu'elle s'exprime en discours indirect libre, peut être confondue avec celle de la voix narratrice. En tant qu'auteur, Jane Austen se manifeste peu ; elle intervient, par exemple, au début du dernier chapitre : Modèle:CitationModèle:Sfn. Elle utilise parfois le point de vue omniscient, par exemple pour éclairer le lecteur sur la place que prend Elizabeth dans les pensées de Darcy, au cours de son séjour à Netherfied, mais présente en général ses personnages en focalisation externe, ou observés (plus ou moins ironiquement en focalisation interne) par ElizabethModèle:Note.
Les personnages expriment aussi leur point de vue à travers leur importante correspondance. Un certain nombre de dames sont amenées à s'écrire : Jane et Elizabeth, Miss Bingley et Jane, Elizabeth et Mrs Gardiner. Mais les messieurs écrivent aussi : Darcy, Mr Gardiner, Mr Collins. Mr Bennet lui-même maintient un lien épistolaire avec Mr Collins, car Modèle:CitationModèle:Note. Alors que Jane Austen s'interdit en général de rapporter les conversations masculines en dehors d'une présence féminine, il y a huit lettres écrites par les personnages masculins, ce qui leur donne plus de relief, car leur style épistolaire correspond parfaitement à leur caractère<ref name="Pen">Modèle:Lien web</ref>. On ne connaît pas la teneur des longues lettres que Darcy écrit à sa sœur, mais la longue lettre qu'il écrit à Elizabeth est étonnante, tant elle dévoile sa personnalité. Il la lui donne discrètement en main propre, preuve d'un comportement respectueux des conventions<ref group="N">La correspondance entre un homme et une femme obéissait à des règles très strictes de convenances (Modèle:Langue). Darcy et Elizabeth n'ayant officiellement aucun lien, la lettre doit rester secrète, puisqu'ils ne peuvent, normalement, s'écrire. De même elle ne peut lui répondre.</ref>, et fait un exposé clair, logique et construit : il veut convaincre, mais on sent sa sincérité, sa confiance absolue dans la discrétion d'Elizabeth et la douleur qu'il ressent à réveiller le passé. Mr Gardiner, dont les lettres ne sont qu'en partie citées, s'y montre homme de bon sens et de cœur, avec les manières directes d'un homme d'action. Collins révèle sa vanité, la faiblesse de son caractère, son égoïsme et son étroitesse d'esprit, tandis que Mr Bennet reste laconique et sarcastique<ref name="Pen"/>.
Thèmes développés dans l'œuvre
De nombreux thèmes se croisent dans les œuvres de Jane Austen, qui donnent un aperçu réaliste de la vie et des préoccupations de la société qu'elle fréquentait, à cette époque charnière où l'aristocratie terrienne et la gentry commencent à perdre de leur influence au profit d'une nouvelle classe enrichie par le commerce, la finance et l'industrie. Pourtant, les bouleversements induits par la Révolution française puis les guerres napoléoniennes ne semblent visiblement toucher l'Angleterre rurale décrite dans Orgueil et Préjugés que par la présence du régiment de l'armée territoriale, cantonné pour l'hiver à MerytonModèle:Note, et pour l'été suivant à BrightonModèle:Note. En effet, comme d'ailleurs dans la plupart des romans de Jane Austen, deux thèmes essentiellement, le mariage et l'argent, s'entrecroisent, car le mariage est alors, pour les femmes de la classe sociale de Jane Austen<ref>Modèle:Lien web</ref>, la façon normale, presque la seule, d'assurer leur situation financière : si une femme n'a pas de fortune personnelle capable d'intéresser un gentleman (éventuellement désargenté), il est impératif pour elle d'épouser un homme ayant des revenus confortables.
Argent et statut social
L'argent est en effet un des thèmes de prédilection de Jane Austen, qui présente de façon satirique les attitudes sociales de son temps devant l'argent, mais soulève aussi les problèmes que peuvent créer certaines situations, comme celle des filles Bennet, en grand danger de déchéance sociale à la mort de leur père<ref name="Flirting with Pride and Prejudice34">Modèle:Harvsp Gold Diggers of 1813</ref>.
Mariage et argent
Pour nombre de personnages d'Orgueil et Préjugés, l'argent est une préoccupation majeure<ref name="Copeland 131">Modèle:Harvsp</ref>. Le célèbre postulat qui introduit le roman montre qu'il est considéré comme normal de vouloir faire un riche mariage. D'ailleurs, les habitants de Meryton ne s'intéressent aux locataires de Netherfield qu'en fonction de leur fortune et de leur célibat : en ironisant sur le revirement de l'opinion à propos de Darcy, qui devient même de la « rancune » chez Mrs Bennet, lorsqu'il est devenu évident que « Monsieur Darcy » n'est pas Modèle:Citation, Jane Austen souligne le côté superficiel des critères de cette assembléeModèle:Sfn. Mrs Bennet recommence à trouver Darcy « charmant », après l'avoir longtemps traité de Modèle:Citation étrangère, quand elle apprend qu'Elizabeth va l'épouser, et ne voit que l'aspect matériel de ce mariage et le luxe qu'il va procurer à sa fille : Modèle:Citation. Pour elle le bonheur se mesure exclusivement en termes financiers.
Dans cette société pragmatique beaucoup d'autres personnages raisonnent comme elle : Mr Collins ne peut comprendre le refus d'Elizabeth<ref name="Martin 64">Modèle:Harvsp</ref>, dont il connaît parfaitement la pitoyable situation financière personnelle : Modèle:Nombre de dot, soit un revenu de Modèle:Nombre par an. Il insiste lourdement sur sa belle situation, ses relations avec les de Bourgh, ajoutant assez grossièrement qu'elle aura du mal à trouver un parti plus intéressant que lui : Modèle:CitationModèle:Sfn. Charlotte ne cache pas qu'elle a pris la mesure de la situation sociale et des revenus de Mr Collins, et sa mère calcule, plutôt crûment, combien de temps peut se passer avant que Longbourn (qui rapporte tout de même Modèle:Nombre chaque année) n'appartienne à son gendre. Wickham s'intéresse brusquement à Miss King dont Modèle:CitationModèle:Sfn. Elizabeth explique à Jane, qui a peine à la croire, que les sœurs de Bingley Modèle:Citation. Et même DarcyModèle:Incise est stupéfait du refus de celle-ci de répondre positivement à l'honneur extraordinaire qu'il lui fait en demandant sa main<ref name="Martin 64"/>, avant d'en comprendre les motifs.
Fortune et situation sociale
À l'époque, la noblesse terrienne (landed gentry) est encore considérée comme au sommet de l'échelle sociale. Il n'est donc pas étonnant que Lady Catherine de Bourgh, si chatouilleuse sur la notion de rang, de relations et de fortune, souhaite unir sa fille et son neveu pour réunir les biens et renforcer les liens ancestraux de leurs deux familles, et que Charles Bingley, dont la fortune est d'origine roturière, envisage d'acheter des terres et de construire un manoir pour achever sa promotion sociale<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Les revenus (Modèle:Langue) que le travail (Modèle:Langue) et les mérites personnels peuvent procurer, comme ceux des Gardiner, sont considérés comme moins respectables que la Modèle:Langue assise sur des biens fonciers ou des rentes d'État. D'ailleurs le niveau des revenus des Gardiner n'est pas estimé. Jane et Elizabeth y font seulement allusion lorsqu'elles se demandent combien le mariage de Lydia va coûter à leur oncleModèle:Sfn qui doit se soucier de l'avenir de ses quatre enfants (et de ceux qui peuvent encore lui naître, ajoute Elizabeth). Sont abondamment évoqués, en revanche, les énormes revenus annuels de Darcy (Modèle:Nombre), ceux très confortables de Bingley (4 000 ou Modèle:Nombre), ceux encore très aisés de Mr Bennet (Modèle:Nombre)<ref name="Copeland 136">Modèle:Harvsp</ref>. Le coût du mariage-replâtrage de Wickham et Lydia est aussi détaillé : paiement des dettes (beaucoup plus que Modèle:Nombre, selon Mrs Gardiner), achat de la charge d'Enseigne dans l'armée régulière (entre 500 et Modèle:Nombre selon les régiments) pour lui<ref name="Flirting with Pride and Prejudice34"/>, un petit pécule pour elle (le tout payé par Darcy) et les Modèle:Nombre annuelles à la charge son père, ce qui est à peine plus que ce qu'elle dépensait déjà à la maison, mais qui écorne sérieusement les Modèle:Nombre du capital réservé aux filles par le contrat de mariageModèle:Sfn.
Si Jane Austen insiste tellement sur l'importance de l'argent, c'est qu'il joue un rôle crucial dans la vie quotidienne de la société qu'elle fréquente et qu'elle décrit : l'existence du droit d'aînesse (seul l'aîné hérite du domaine) oblige les cadets de bonne famille à avoir une autre source de revenus, une profession cléricale ou militaire en général (comme le colonel Fitzwilliam) et à faire un bon mariage, ou rester célibataire<ref group="N">Mais l'obtention d'un revenu clérical dépend d'un protecteur, et une charge militaire s'achète, comme on le voit pour Collins et Wickham. La solution dont a bénéficié Edward Austen, être adopté par un parent riche et sans enfant, n'apparaît pas dans Orgueil et Préjugés, seulement dans Emma.</ref>. Et l'entail fait peser une menace supplémentaire, sur les filles en particulier<ref>Modèle:Lien web</ref> : en cas d'absence d'héritier mâle direct, les biens passent à un cousin plus ou moins éloigné. Cette substitution héréditaire est une terrible menace qui pèse sur la famille Bennet, car son indolence naturelle a empêché Mr Bennet d'anticiper cette éventualité : il espérait toujours la venue d'un fils qui aurait pu l'aider à conserver l'héritage sous Modèle:Langue dans sa propre famille, et négligeait de mettre de l'argent de côté pour augmenter la dot (Modèle:Langue) de ses filles. Il reconnaît lui-même qu'il dépense entièrement ses revenus (Modèle:Langue)Modèle:Sfn : Mrs Bennet n'a aucun goût pour l'épargne, et par insouciance, autant que par faiblesse, son mari la laisse mener grand train. Modèle:Citation. À sa mort, Mr Collins, l'héritier mâle le plus proche, deviendra le propriétaire légitime de Longbourn. Il aura le droit d'en chasser la veuve et les filles, qui, dans le pire des cas, n'auraient plus pour se nourrir et se loger qu'une somme dérisoire : le revenu (à 4 %) des Modèle:Nombre que leur octroie globalement le contrat de mariage, soit Modèle:Nombre pour les cinq. Elles seraient nécessairement tributaires de la charité familialeModèle:Note, celle des Philips ou plus certainement des Gardiner. Ce serait une véritable déchéance sociale<ref name="Flirting with Pride and Prejudice34"/>, perspective qui affole Mrs Bennet, mais dont elle ne veut admettre la réalité, malgré les efforts d'explication de ses deux aînées.
Elizabeth et Jane sont parfaitement conscientes de ces réalités financières. Jane se sait capable de tenir la maison de son mari : Modèle:Citation étrangère (Modèle:Citation) répond-elle à son père qui l'imagine capable de se laisser gruger par les domestiquesModèle:Sfn. Elizabeth a Modèle:Citation<ref name="Austen339"/>. Cette lucidité rend son refus d'accepter la sécurité financière que lui offrent Mr Collins puis Mr Darcy particulièrement courageux et admirable. Lorsqu'elle visite le splendide domaine de Darcy, elle se rend compte qu'Modèle:Citation (Modèle:Langue). Mais elle a clairement prouvé que l'intérêt qu'elle porte au propriétaire ne découle pas de sa situation financière. Certes, elle épouse un homme immensément riche qui va l'introduire dans le Modèle:Citation étrangère pour parler comme Sir William. Mais, ce qui pour elle, comme pour l'auteur, a plus de valeur, c'est qu'il est Modèle:Citation (Modèle:Langue), Modèle:Citation (Modèle:Langue) et Modèle:Citation (Modèle:Langue), ce qui laisse espérer qu'il sera aussi un bon mari<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Le mariage
Le mariage est traditionnellement la seule façon de se libérer de la tutelle parentale, et rester vieille fille est considéré comme un sort peu enviable, tant pour la fille, que pour la famille qui la garde à charge. La pression familiale pour « caser » les filles est donc forte : même si elle est comique, l'insistance de Mrs Bennet pour essayer d'obliger Elizabeth à accepter Mr CollinsModèle:Sfn et sa mauvaise humeur de la voir refuser cette occasion de faire un « bon » mariage, le montrent bien, ce qui dénote chez elle une certaine forme de réalisme.
De la nécessité d'être mariée
À l'époque de Jane Austen, le métier de gouvernante est l'un des deux seuls ouverts en pratique à une jeune fille de bonne famille.
Malgré le développement très progressif de l'instruction pour les filles, il n'y a pas de métiers ouverts à une jeune fille de bonne famille, à deux exceptions près, celui de gouvernante et celui de maîtresse d'école. D'ailleurs, l'idée même qu'une Modèle:Langue puisse avoir une profession, avec le statut et l'indépendance financière qui l'accompagnent, est, à cette époque, impensable<ref group="N">Jane Austen, elle-même célibataire, subit personnellement cette situation et cherche dans la vente de ses romans un moyen de contribuer à gagner sa vie par son travail, mais juge indispensable de rester anonyme.</ref>. Aussi Jane Austen décrit-elle une Mrs Bennet angoissée par l'avenir de ses cinq filles et obsédée par le désir de les voir faire un « bon mariage », fût-ce avec un mauvais mari, puisqu'à la mort de Mr Bennet, le domaine de Longbourn leur échappera.
Les bals, moments privilégiés pour espérer rencontrer un futur conjoint, jouent de ce fait un rôle essentiel<ref name="Dancing to the Altar">Modèle:Lien web</ref>. Aussi ne sont-ils normalement autorisés par les familles qu'aux jeunes filles en âge d'être mariées, ce qui nécessite une réflexion particulière lorsqu'il y a plusieurs filles dans la famille, car si les cadettes « sortent » alors que l'aînée n'est pas encore mariée, elles peuvent attirer un prétendant qu'elle-même aurait pu souhaiter. Il est donc naturel de ne laisser les plus jeunes fréquenter les bals qu'une fois leurs aînées mariées. Qu'il n'en soit pas ainsi chez les Bennet vaut à Elizabeth Bennet une remarque choquée de Lady Catherine, lors de l'interrogatoire qu'elle lui fait subir à RosingsModèle:Sfn. Cela d'autant plus que la femme mariée a préséance sur ses sœurs encore célibataires, ainsi que Lydia ne manque pas de le rappeler avec impertinence à sa sœur aînée après son mariage avec WickhamModèle:Note Mais Mrs Bennet, obsédée par son idée fixe, préfère encombrer « le marché du mariage » à Meryton en laissant ses cinq filles sortir dans le monde en même temps<ref name="Born to Diverge"/>.
Orgueil et Préjugés présente diverses façons, dans le cadre des strictes règles sociales qui régissent la bonne société<ref name="Lydia Martin_34"/>, de faire sa cour à une jeune fille, et comment celle-ci répond aux avances, les sollicite, les rejette ou les ignore, ce qui est une possible source de quiproquo. C'est toujours le prétendant qui demande sa main à la jeune fille qu'il courtise, puisqu'on attend de celle-ci une attitude réservée, avant d'aller demander le consentement des parents, qui est indispensable lorsque l'un des futurs époux n'a pas Modèle:Nombre<ref group="N">Depuis mars 1754, date d'entrée en application du Modèle:Langue (la « loi sur le mariage de Lord Hardwicke »), voté l'année précédente par le Parlement.</ref>. Aussi voit-on les prétendants à la main d'Elizabeth Bennet, qui ne les a pas encore, comme elle l'avoue à Lady Catherine, aller la demander à ses parents, c'est-à-dire à sa mère pour Mr CollinsModèle:Sfn, à son pèreModèle:Sfn pour Darcy. Charles Bingley est aussi allé Modèle:Incise demander la main de Jane, au cours d'Modèle:Citation.
La loi écossaise restant plus tolérante, puisque l'on peut s'y marier sans le consentement des parents dès quatorze ans pour les garçons et douze ans pour les filles<ref>Modèle:Lien web</ref>, c'est à Gretna Green, première ville écossaise rencontrée en venant d'Angleterre, que se rendent les couples trop jeunes désireux de se marier. C'est là que Lydia croit se rendre avec Wickham, comme elle l'écrit à Harriet ForsterModèle:Sfn.
De l'intérêt d'être mariée
L'incipit du roman en forme de maxime (Modèle:Citation) semble annoncer les stratégies mises en place par les familles pour résoudre les difficultés pécuniaires de leurs filles désargentées en leur procurant un beau parti<ref name="Martin 64"/>, mais dans Orgueil et Préjugés le thème du mariage est surtout traité sous l'angle du bonheur et de l'épanouissement personnel, celui de l'héroïne plus spécialement, qui, désireuse de faire « le bon choix »<ref>Modèle:Lien web</ref>, affirme à Lady Catherine : Modèle:CitationModèle:Sfn, montrant l'indépendance d'esprit d'une « créature rationnelle »<ref group="N">Cette expression, qu'elle emploie quand elle refuse Mr Collins, est empruntée à Mary Wollstonecraft : Modèle:Citation (Défense des droits de la femme, 1792).</ref>, décidée à ne pas se laisser mettre à la place où voudrait la reléguer la noble Lady très attachée au concept d'une société endogame et considérant que le statut social est plus important que les mérites personnelsModèle:Sfn : en épousant la fille d'un avoué et la sœur d'un négociant, Mr Bennet a, en quelque sorte, dérogé : Modèle:Citation
Mariages « imprudents »
Jane Austen se méfie du « coup de foudre » et présente les deux mariages fondés sur une « première impression » ou un coup de tête comme voués à l'échecModèle:Note : Monsieur Bennet a épousé Miss Gardiner, Modèle:Citation<ref name="ref-1" />, mais elle s'est avérée disposer d'un esprit étroit et d'un total manque de jugement. Lydia éprouve une passion juvénile pour Wickham, dont elle est « follement éprise », et se fait imprudemment enlever. Son mariage est Modèle:Citation, pour sauvegarder l'honneur de toute la famille, garantir l'ordre et la moralité, et respecter les contraintes sociales<ref>Modèle:Lien web</ref> : elle n'a pas eu, comme Georgiana, un grand frère, ni comme Miss King, un oncle, pour la protéger du séduisant mais dangereux Wickham.
Ces mariages sont fragiles, voire conduisent à la catastropheModèle:Sfn. Mr Bennet, trop indolent pour Modèle:Citation<ref name="ref-1" />, reste fidèle à sa femmeModèle:Note, mais se réfugie dans sa bibliothèque, la laissant se débrouiller avec l'éducation de ses filles. Lydia se console en s'invitant chez ses sœurs, pendant que son mari, dont l'affection s'est muée en indifférence, va s'amuser à Bath ou à Londres, mais Modèle:Citation<ref group="N">Lydia, par fidélité à son mari, ou parce qu'elle a compris que la faute d'une femme est sévèrement sanctionnée alors que celle d'un homme est excusée (à cause du « double standard ») n'a donc plus commis d'imprudences après son mariage.</ref>.
Mariages d'intérêt
La fonction sociale du mariage reste essentielle à l'époque et justifie les « mariages de raison »<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Collins se marie par devoir, car un clergyman doit donner l'exemple, et l'identité de sa future épouse importe peu. Hurst, gentleman sans fortune, a épousé la riche mais très roturière Louise Bingley (20 000 £ de dot)<ref group="N">Selon la législation de l'époque, la femme mariée n'a plus la libre disposition de ses biens, que son époux peut donc dépenser à sa guise, car elle cesse d'avoir une existence légale : pendant toute la durée de son mariage, elle est supposée être représentée par son mari (statut de Modèle:Langue, selon le terme d'ancien français utilisé par la loi anglaise).</ref>. Un certain nombre de mariages possibles sont évoqués : celui dont rêve Caroline Bingley pour assurer l'ascension sociale de son frère, avec Miss Darcy, et ensuite la sienne, en épousant Mr Darcy ; celui qu'a programmé Lady Catherine, entre sa fille et son neveu Darcy pour consolider leur fortune et leur position sociale, « car ils sont destinés l'un à l'autre depuis leur naissance » (le colonel Fitzwilliam, son autre neveu, n'étant pas un héritier, mais seulement un second fils, n'a pas le prestige du propriétaire de Pemberley) ; le colonel, de son côté, fait comprendre à Elizabeth qu'elle lui plaît beaucoup, mais, étant cadet de famille, il ne peut guère se marier selon son choix ; Wickham courtise Miss King lorsqu'elle hérite de Modèle:NombreModèle:Sfn, et Mrs Bennet, enfin, aurait été ravie de voir Elizabeth devenir Mrs Collins, même si le mariage aurait été particulièrement mal assorti et probablement malheureux. Quoique son désir immodéré et caricatural de marier ses filles soit tourné en dérision, il Modèle:CitationModèle:Sfn.
Sous certaines conditions, ces mariages peuvent connaître une réussite relative, comme le montre la situation de Charlotte Lucas. L'intelligente, pragmatique et peu romanesque Charlotte, consciente de son manque de charme, de son âge et de la situation de sa famille, montre, en acceptant d'épouser Mr Collins, les limites du mariage de convention, du moins en ce qui concerne l'épanouissement personnel. Considérant le mariage comme « la seule situation convenable pour une jeune femme distinguée et de fortune modeste », elle reconnaît n'en attendre qu'un foyer confortable et la sécurité financièreModèle:Note. Elle pense que les relations et la situation sociale de Mr Collins lui apporteront des « chances de bonheur que tout le monde ne trouve pas dans le mariage »<ref name="Austen112"/>. Elizabeth en doute, mais voit par elle-même, en lui rendant visite à Hunsford, comment Charlotte se satisfait de son mariageModèle:Note, en « oubliant souvent » son mariModèle:Sfn et en se consacrant à Modèle:CitationModèle:Note. Comme pour Louise Bingley, son mariage est une promotion sociale, et il représente « la voie normale » à l'époque<ref group="N">Modèle:Citation écrit Hannah More dans Modèle:Langue (1799).</ref>.
Mariages réussis
ou Modèle:Citation étrangèreModèle:Note.
Ce sont les mariages fondés sur l'estime, la gratitude, l'affection, le respect mutuel, où les questions de fortune, de rang, de titre passent en second<ref name="Martin 69">Modèle:Harvsp</ref> : Modèle:Citation dit Jane en apprenant que sa sœur s'est fiancée à DarcyModèle:Sfn. Mrs Gardiner les appelle des mariages « judicieux » (Modèle:Langue)Modèle:Note.
On peut ranger dans cette catégorie le mariage des Gardiner. Les qualités personnelles d'Edward Gardiner, sensible, agréable, cultivé, bien élevé (« Modèle:Langue »), et de sa femme, aimable, intelligente et éléganteModèle:Sfn, ainsi que les relations affectueuses qu'ils ont avec leurs nièces, en font un couple heureux, et aussi un modèle pour Jane et Elizabeth, qui voient que le bonheur dans le mariage est non seulement désirable, mais réalisable<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
De même, la sage et sensible Jane Bennet trouve le bonheur en épousant l'aimable Charles Bingley. Elle est consciente que son mariage avec un homme qu'elle aime et qui l'aime est un immense bonheur « qu'[elle] ne mérite pas », et qu'elle répond aussi aux vœux de sa « chère famille » en assurant sa sécurité financière. Mais ce mariage est tout de même terni par le sentiment que la discrétion de Jane et le caractère trop influençable de Bingley ont failli les séparer pour toujours<ref name="Martin 69"/>.
Le mariage d'Elizabeth et Darcy est le plus brillant. Romanesque, et d'apparence peu réaliste, il a des aspects paradoxaux. C'est Modèle:Citation<ref name="Universalis"/>. Le choix d'Elizabeth est un choix libre, un « bon » choix, qui n'est pas « intéressé », dicté par des impératifs économiques (sinon elle aurait accepté d'épouser Darcy dès sa première demande) mais « judicieux »<ref>Modèle:Lien web</ref>, parce qu'elle a appris à chérir un homme digne d'être aimé à cause de ses qualités morales et personnelles. Darcy éprouve pour elle un amour passionné qui le pousse à transcender les barrières sociales et le qu'en-dira-t-on, et à réformer son comportement pour conquérir son affection. En épousant Elizabeth, il rompt avec les règles de la société traditionnelle, puisqu'il s'allie à la société commerçante représentée par les Gardiner, Modèle:CitationModèle:Sfn, et Elizabeth, en l'épousant, transcende son dilemme : elle trouve son épanouissement personnel dans un mariage d'argent extraordinairement avantageuxModèle:Sfn. Ce mariage a quelque chose de subversif, et en même temps de tout à fait conventionnel puisque, en dépit de son indépendance d'esprit, Elizabeth, en fille responsable, se marie au-dessus de sa condition, et assure sa sécurité financière et son ascension sociale<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Vivien Jones, Introduction à Pride and Prejudice, Penguin Classics, 2003, p. xxiii-xxix</ref>.
En montrant sa préférence pour des mariages fondés avant tout sur l'affection mutuelle, Jane Austen affirme que les mariages heureux sont possiblesModèle:Note, mais qu'ils demandent intelligence et maturité émotionnelleModèle:Sfn.
Les bals
Les différentes scènes de bal sont particulièrement développées, car elles jouent un rôle essentiel dans la diégèse : terrain neutre où les personnages se rencontrent, ce décor se prête à de multiples intrigues<ref name="Bury 21">Orgueil et préjugés, traduction et présentation par Laurent Bury, GF-Flammarion, Modèle:P.</ref>.
Bals et vie sociale
On sait, par ses lettres, que Jane Austen adorait danserModèle:Note, et il y a des bals dans tous ses romans. L'intérêt pour les bals est de règle à son époque, où les bals sont une partie essentielle de la vie sociale et jouent un grand rôle dans la vie d'une jeune fille, dans la mesure où la danse participe à l'acte de faire sa courModèle:Sfn : c'est un moment où elle peut échapper à la surveillance de son chaperon (en général sa mère) et engager librement la conversation avec son cavalier, surtout lorsque leur couple est immobile dans la succession des figures imposées<ref>Modèle:Lien web</ref>. Même si les contacts physiques que permettent la contredanse, ou plus tard le quadrille<ref group="N">Le quadrille, apparu en France dès les années 1760, est introduit en Angleterre en 1808.</ref>, sont fort limités, la possibilité d'avoir un partenaire attitré, qui réserve plusieurs danses au cours du bal, est alors un prélude indispensable aux fiançailles. L'adage Modèle:Citation étrangèreModèle:Sfn (Modèle:Citation) peut parfaitement s'appliquer à Charles Bingley qui Modèle:Citation à Meryton, et dont Darcy dit dans sa lettre à Elizabeth Modèle:Citation.
Un gentleman peut inviter la dame de son choix pour deux danses successives et, selon le nombre de couples et la longueur de la salle, l'enchaînement de ces deux danses peut durer une demi-heureModèle:Note. Avec leur code de bonne conduite, les bals peuvent être considérés comme des allégories de la vie sociale<ref name="Function Of Dance">Modèle:Lien web</ref>, et les figures imposées de la danse comme des symboles des relations qui se créent entre les personnages : on voit ainsi au bal de Meryton, Bingley choisir Jane comme cavalière privilégiée dès leur première rencontre ; à celui de Netherfield, Elizabeth regretter l'absence de Wickham avec qui elle espérait danser, et subir comme un véritable supplice les deux danses avec Mr Collins<ref name="Dancing to the Altar"/>.
Fonction symbolique
C'est cependant pour Darcy et Elizabeth que cette fonction symbolique est la plus marquée. Leurs relations sont compliquées et montrent que tous les deux méprisent dans une certaine mesure les codes en usage. La narratrice extradiégétique leur ménage quatre occasions de danser ensemble, toutes dans la première partie d’Orgueil et Préjugés, au cours de trois bals clairement identifiés, plus la surprenante invitation de Darcy à Elizabeth, pendant son séjour à Netherfield. Elles fonctionnent comme une métaphore et un modèle de leur situation relative et de leur devenir : Jane Austen utilise, d'ailleurs, pour parler d'invitation à danser, les mêmes mots que pour une demande en mariage : « demander la main », « engager » une partenaire<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Le premier bal, à Meryton<ref name="ref-3">Modèle:Harvsp</ref>, est l'événement fondateur : Darcy, avec une extrême impolitesse, puisqu'il y a insuffisance de cavaliers, snobe superbement Elizabeth (dont toute l'attitude, par la suite, découle de sa première impression : elle est beaucoup plus vexée qu'elle veut bien se l'avouer), montrant par-là qu'il refuse de s'engager. Il n'est pas, contrairement à l'affirmation de l'incipit, Modèle:Citation.
Il y a ensuite le bal plus ou moins improvisé à Lucas Lodge<ref>Modèle:Harvsp</ref>, où Darcy, bien qu'il ait auparavant affirmé détester danser Modèle:Citation, se laisse entraîner à inviter presque malgré lui Elizabeth<ref name="Function Of Dance"/>, qui a un mouvement de recul et refuse avec beaucoup de détermination, juste après avoir fait remarquer à Charlotte : Modèle:Citation, tandis qu'il admire avec quel doigté elle refuse ses avancesModèle:Note. Elle manifeste ainsi clairement à son tour son refus de se positionner sur le « marché du mariage ».
À NetherfieldModèle:Sfn, pendant que Miss Bingley joue des airs écossais, Darcy s'approche d'Elizabeth, qui feuillette des partitions sur le piano, et lui demande si elle n'a pas envie de danser un Modèle:Langue<ref group="N">Le Modèle:Langue est une danse écossaise très vive et très enlevée (un « branle », en français), qui se danse à un ou deux couples, et a de nettes connotations sexuelles : Modèle:Langue veut dire tournoyer, en anglais.</ref> ; elle ne répond pas, d'abord, puis questionnée à nouveau, explique qu'elle n'a pas envie qu'il se moque d'elle. S'il est surpris par sa réaction, elle est surprise par son amabilité.
Il y a enfin le bal de Netherfield : Darcy a suffisamment dominé son préjugé pour décider de son propre chef de l'inviter<ref name="Function Of Dance"/> et Elizabeth, surprise par son abrupte invitation, ne trouve aucune excuse pour refuser de danser avec lui. Tout le monde, elle la première, est étonné de Modèle:CitationModèle:Sfn. Même s'ils se séparent assez mécontents, le fait qu'Elizabeth ait enfin accepté de danser avec lui autorise la perspective d'une union<ref name="Dancing to the Altar"/>.
Ainsi, après avoir fermement refusé Darcy à Hunsford, Elizabeth a-t-elle des relations beaucoup plus aimables avec lui à Pemberley, et accepte finalement d'épouser celui qu'elle tenait au début en si grand mépris, trouvant désormais Modèle:CitationModèle:Note l'homme qu'elle avait Modèle:Citation, comme le souligne ironiquement la narratriceModèle:Sfn.
Éducation et « talents d'agrément »
L'éducation des garçons est évoquée seulement à propos de Wickham, à qui Mr Darcy père, son parrain, paya les études au collège puis à Cambridge, ce qui lui permit d'acquérir une éducation de gentleman, et de Mr Collins, qui a fréquenté « une des universités », condition nécessaire pour devenir clergyman, mais le roman revient souvent sur la forme et le contenu de l'éducation des filles.
Une éducation féminine
Le mariage étant le destin normal d'une jeune fille de bonne famille, son éducation est censée en faire une épouse « accomplie », qui fait honneur à son mari et tient sa maison : les sœurs Bingley ont fréquenté « un des meilleurs pensionnats de Londres », et Georgiana, à quinze ans, après ses « études », est installée à Londres par ses deux tuteurs avec une dame de compagnie.
Une conversation à Netherfield donne la mesure de ces « arts d'agrément » que doit pratiquer une jeune fille « accomplie »Modèle:Sfn. Pour Charles Bingley, il s'agit seulement de « peindre de petites tables, broder des écrans<ref group="N">Il s'agit d'objets brodés ou peints (comme ceux qu'a faits Elinor dans Sense and Sensibility) avec lesquels les dames protégeaient leur visage de la chaleur du feu, lorsqu'elles étaient assises près d'une cheminée.</ref> et tricoter des bourses ». Caroline, qui loue les talents de Georgiana Darcy, si gracieuse et si bonne pianiste, fait la liste des arts qu'il convient d'étudier : musique, dessin, danse, langues étrangères (essentiellement le français, à l'époque) y ajoutant ce « je ne sais quoi » dans la démarche et les manières qui est la marque de la parfaite élégance. Darcy y ajoute la nécessité de Modèle:Citation. Elizabeth ne peut que rire de ce portrait de « Modèle:Langue », tellement idéal qu'il lui semble impossible qu'une femme réunisse l'ensemble de ces qualités. Elle-même est, au sens littéral du terme, un personnage « extra-ordinaire » qui montre son indépendance, et refuse d'être parfaitement « accomplie » selon les critères en vigueurModèle:Sfn, par exemple en marchant seule trois miles à travers la campagne boueuse, ou en dédaignant de s'exercer au piano.
La notion d’accomplishments est d'ailleurs toute relative. Mary, qui lit les Sermons aux jeunes femmes de James Fordyce, « copie des citations » et aime se produire au piano-forte, est pédante et vaniteuse, mais est considérée comme très « accomplie » par la société locale. Mrs Bennet, qui ne connaît que la société de Meryton d'où elle est issue, se ridiculise en admirant Sir William, « si distingué » et qui Modèle:Citation<ref name="ref-4">Modèle:Harvsp</ref>. Elle ne voit pas la distinction et l'élégance des manières de la classe sociale supérieure où elle rêve de voir entrer Jane, mais seulement ses avantages matériels et financiers<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Dangers d'une éducation négligée
Jane Austen présente, à travers la famille Bennet, les dangers d'une éducation insuffisante ou négligée. Lady Catherine est choquée qu'Elizabeth et ses sœurs n'aient pas eu de gouvernante ou que les plus jeunes ait déjà la liberté de « sortir »Modèle:Sfn. Leur mère ne semble pas leur inculquer des principes d'économie domestique : elle se moque de Charlotte devant aller en cuisine superviser la confection de tartelettesModèle:Sfn. Elle ne leur inculque pas davantage de principes moraux, ne voyant pas le danger qu'il y a à laisser les plus jeunes flirter avec les officiers, se réjouissant sans vergogne d'avoir une fille « bien mariée ». Superficielle, vulgaire et égoïste, effrayée par la menace que l'entail fait peser sur elle, elle cherche à assurer sa sécurité matérielle et sa propre position sociale en mariant ses fillesModèle:Sfn.
Mr Bennet a renoncé à son autorité paternelle et ne s'occupe de ses filles que pour s'en moquer. Seule Elizabeth, parce qu'elle a une tournure d'esprit proche de la sienne, trouve grâce à ses yeux<ref name="Morris04"/>. Il laisse Lydia suivre le régiment pour avoir la paix à la maison, et est soulagé d'avoir eu si peu à faire pour sauver sa réputation. Parfaitement conscient que ce mariage est un replâtrage, Modèle:Citation étrangère comme dit Lady Catherine, il affirme cyniquement Modèle:Citation l'impudence de son gendre, alors que Jane est choquée et Elizabeth écœurée par le comportement du jeune coupleModèle:Sfn.
Les filles Bennet ont été laissées à elles-mêmes<ref name="Paula Bennett 134-9"/>, et ont appris ce qu'elles voulaient, si elles voulaient. Les aînées, soucieuses de l'éducation de leurs jeunes sœurs<ref group="N">Souci constant des moralistes de l'époque, et particulièrement de Mary Wollstonecraft dans Thoughts on the Education of Daughters et A Vindication of the Rights of Woman.</ref>, ont assumé le rôle abandonné par leurs parents, et s'appuient l'une sur l'autre : Modèle:Citation à ne jamais mal juger, Modèle:Citation<ref name="Born to Diverge" />. Elizabeth, consciente des manquements de la famille et assumant le rôle du père, essaie, mais sans grand succès, de contrôler Lydia, et protège son aînée en lui cachant que le comportement de leurs parents et de leurs sœurs est responsable du départ de Bingley<ref name="Born to Diverge" />.
Si les deux aînées sont si bien élevées, c'est grâce aux Gardiner, à Mrs Gardiner en particulier : Modèle:CitationModèle:Sfn. Elle est un modèle, une sage amie dont les avis sont écoutés : elle prévient Elizabeth de l'« imprudence » de s'attacher à Wickham et permet la réconciliation de Darcy et d'Elizabeth en amenant celle-ci à Pemberley<ref>Modèle:Lien web</ref>, tandis que Mr Gardiner se substitue à son beau-frère pour sauver la réputation de Lydia. Les Gardiner représentent des parents de substitution idéaux, et Darcy découvre, avec surprise, dans leur rencontre inattendue à Pemberley, qu'ils sont parfaitement fréquentables (et Elizabeth montre sa bonne éducation en attendant qu'il lui demande de le présenter à ses amis). Ils sont récompensés en étant toujours accueillis Modèle:Citation à Pemberley dans la famille recomposée, autour de Mr et Mrs Darcy<ref name="reconfiguring">Modèle:Lien web</ref>.
Vie sociale et distractions
Modèle:Article connexe Le roman permet d'avoir un aperçu de la vie sociale et des distractions disponibles pour la classe moyenne d'un petit coin de la campagne anglaise.
Longbourn, le village dont les Bennet sont les « principaux habitants »<ref name="ref-3" />, Lucas Lodge, la demeure toute proche des Lucas, la petite ville de Meryton qui n'est qu'à un mile : voilà le cadre étroit dans lequel évolue la famille Bennet, qui, comme le proclame fièrement Mrs Bennet, dîne « avec vingt-quatre familles »<ref name="ref-4" />. Les demoiselles se déplacent à pied, pour aller à la ville voir la boutique de la modiste ou apprendre les derniers potins chez leur tante Philips, qui, en tant qu'épouse d'un attorney (avoué), jouit d'un certain statut social. On organise régulièrement des « assemblées »<ref group="N">Tous les mois (Modèle:Langue) (Modèle:Harvsp), c'est-à-dire aux alentours de la pleine lune, pour pallier l'insuffisance d'éclairage nocturne.</ref>, on s'invite pour des dîners, ou simplement des soirées ; on y joue au loto ou aux cartes (quadrille, commerce, whist)<ref>Modèle:Lien web</ref>, on y bavarde, on y lance un bal improvisé quand Mary accepte de jouer des airs à danser<ref name="ref-2" />. Les demoiselles se visitent pour prendre le thé, pour parler du dernier ou du prochain bal, les gentlemen chassent sur leurs terres, jouent parfois au billard, et le soir, lisent, jouent au piquet ou au trictrac (backgammon).
L'arrivée des nouveaux occupants de Netherfield élargit un peu le cercle, mais ces jeunes gens riches et bien éduqués ne rendent visite qu'aux Bennet et aux Lucas, les seuls qui soient socialement fréquentables pour eux. Leurs distractions ne sont cependant pas très différentes : les messieurs chassent, on se promène dans les allées, le soir on joue aux cartes, et quand on n'y joue pas, certains lisent, font leur correspondance, les dames brodent en participant à la conversation ou jouent du pianoModèle:Sfn. Le bal du Modèle:Date-, qui fait l'objet d'une invitation officielle, apportée en main propre chez les Bennet, est une manifestation exceptionnelle, la plus brillante de la saison.
À Rosings, les distractions sont encore plus rares : s'il y a un billard pour les messieurs, Lady Catherine fait seule la conversation ; les dîners sont très formels, suivis de rituelles parties de cartes. Elizabeth y joue, au moins une fois, du piano. Cela ne surprend donc pas trop Charlotte que Darcy et le colonel Fitzwilliam s'invitent souvent au presbytère, pour profiter de la conversation d'Elizabeth.
Comme on ne sait rien du recteur local, celui qui assure le service du matin, le dimanche où Elizabeth et Jane quittent NetherfieldModèle:Sfn, le clergé est représenté seulement par Mr Collins, qui ne donne pas une image bien reluisante de la profession. Il ne brille pas en société : il danse mal et sa conversation est fastidieuse. Son discours sur les devoirs de l'homme d'Église insiste sur le respect dû à sa protectrice et aux membres de sa famille<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Elizabeth s'étonne de voir Charlotte aussi empressée que lui auprès de Lady Catherine, avant de se faire assez cyniquement la remarque qu'Modèle:Citation (Modèle:Citation étrangère)<ref>Modèle:Harvsp</ref>.
C'est la venue de la Milice pour ses quartiers d'hiver qui crée le plus de mouvements. Le régiment du colonel Forster est une de ces milices privées, levées pour renforcer l'armée régulière devant la menace d'invasion française. Jane Austen ne dit quasiment rien de la présence de la troupeModèle:Note, car seuls les officiers sont susceptibles de fréquenter la bonne société. Ils ont un statut social enviable : Wickham est le moins gradé (il n'est que lieutenant), mais il a des manières aussi distinguées que les autres officiersModèle:Sfn et, comme eux, le prestige de l'uniforme. Ces capitaines sont en général des cadets de bonne famille qui ont acheté leur brevet. Leur présence bouleverse la vie locale : dîners au mess<ref>Modèle:Harvsp</ref>, bals, réceptions, invitations données et reçues, et comme certains sont mariés, thés et visites entre dames augmentent les occasions de sortiesModèle:Note. On peut comprendre que le départ du régiment ait causé un grand vide, et pas seulement pour Kitty et Lydia.
Les lieux
Les endroits où vivent les personnages, ceux d'où ils viennent et où ils vont<ref group="N">À consulter sur Pemberley.com, Modèle:Lien web pour situer tous les lieux réels cités dans le roman. Pour les autres, Modèle:Citation.</ref>, bien qu'ils soient peu décrits, donnent une vision précise du monde de Jane Austen : le temps et l'espace ancrent le récit dans la réalité. Mais les déplacements ont aussi une valeur symbolique. Pemberley est le seul endroit dont la description est relativement détaillée, ce qui pose la question de la fonction symbolique de cette description<ref name="Martin 146">Modèle:Harvsp</ref>.
Lieux réels
Les régions et les villes ne sont pas inventées. Le roman se passe essentiellement dans le Sud-Est de l'Angleterre, que l'auteur connaît bien<ref name="Le Faye 18">Modèle:Harvsp</ref> : le Hertfordshire au nord-ouest de Londres, et surtout le Kent où habitait son frère Edward Knight, au sud-est. Pemberley est situé dans le Derbyshire, dans les Midlands. Bingley vient des régions manufacturières du Nord, probablement Leeds<ref name="Le Faye 186"/>. Les Wickham seront exilés dans le nord minier, à Newcastle.
Les villes
Les villes ont des connotations sociales négatives<ref name="Martin 146" />. Brighton, mise à la mode par le Prince Régent, le futur George IV, où Lydia accompagne la jeune épouse du colonel Forster, et Ramsgate, sur la côte sud du Kent, où Wickham rejoint Georgiana, sont présentées comme des lieux de perdition : loin de leur famille, avec des Modèle:Page h' incompétents ou mal intentionnésModèle:Note, les jeunes filles nouent des liens dissimulés et socialement dangereux.
Londres, souvent simplement appelée Modèle:Langue (« la ville »), est le lieu où riches et pauvres, rentiers et commerçants habitent des quartiers différents et étanches : les Hurst habitent la très huppée Grosvenor Street<ref group="N">À l'ouest, dans la partie la plus élégante du quartier résidentiel de Mayfair, non loin de Hyde Park. La résidence londonienne des Darcy n'est pas localisée.</ref>, et Miss Bingley parle avec dédain du quartier « du côté de Cheapside » où Mr Gardiner a ses entrepôts (Modèle:Langue) et son domicileModèle:Note. C'est pourtant une demeure à l'atmosphère joyeuse et aimable<ref>Modèle:Harvsp</ref>, où Jane passe l'hiver et Elizabeth fait étape en allant dans le Kent et en en revenant.
Sir William a caressé le projet d'avoir une maison en ville, Darcy et les Hurst en ont une dans un quartier résidentiel à la mode, où ils passent la « Saison »<ref>Modèle:Harvsp</ref>, en général de janvier à avril, car Londres est le lieu idéal pour rencontrer les gens élégants et importants, et pour les jeunes filles de la bonne société de faire leur entrée dans le monde. La capitale, cependant, est présentée comme le lieu des confusions, où les personnages se croisent sans se rencontrer<ref name="Martin 146" />, mais aussi comme un lieu de perdition : Lydia et Wickham s'y cachent.
Les paysages
Les paysages ont des connotations symboliques ou esthétiques<ref name="Martin 148">Modèle:Harvsp</ref>.
Voyager était habituel chez la gentry oisive ; on visitait amis ou parents : Jane Austen va voir son frère Edward à Godmersham Park dans le Kent, elle est hébergée chez plusieurs membres de la famille avant de pouvoir se fixer à Chawton, à Modèle:Unité de Londres, sur la route entre Winchester et Londres (la distance exacte qui, dans le roman, sépare Hunsford, dans le Kent, de Lucas Lodge, dans le Hertfordshire).
Mais le tourisme aussi était à la modeModèle:Note. Le goût du pittoresque<ref name="Martin 148"/>, véhiculé par des guides de voyages comme ceux du Révérend William Gilpin<ref name="Gilpin">{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Gilpin, William (1786), Observations, Relative Chiefly to Picturesque Beauty, Made in the Year 1772 on several parts of England, particularly the Mountains, and Lakes of Cumberland & Westmoreland. Pub. R.Blamire, Londres.</ref>, est partagé par Elizabeth, dont Jane Austen souligne avec ironie l'enthousiasme débordant à l'idée de visiter la région des Lacs<ref>Modèle:Harvsp</ref>, de façon plus intelligente toutefois, espère-t-elle, que les touristes ordinaires.
Cependant Jane Austen ne s'attarde pas plus à décrire le Derbyshire qu'elle n'a décrit la région des Lacs, car ce ne sont pas Modèle:Citation qui attirent Mrs Gardiner, mais la minuscule partie (Modèle:Citation étrangère) du Derbyshire où se trouvent Modèle:Citation où elle a vécu avant son mariage, et, par extension, Pemberley, le grand domaine tout proche. Les lieux touristiques traversés ou visités sont tout juste cités, car ils Modèle:CitationModèle:Note. L'auteur reste fidèle à ses principes : le voyage d'Elizabeth dans le Derbyshire ne doit pas devenir un prétexte pour décrire des paysages pittoresques, que d'autres ont assez abondamment détaillés par ailleurs pour que le lecteur puisse les imaginer<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Il a une valeur initiatique : elle doit apprendre à ne pas se contenter d'admirer la surface des choses, leur aspect esthétique, leur pittoresque en un mot. La découverte de Pemberley, un domaine Modèle:Citation étrangère (« sans rien d'artificiel »)<ref>Modèle:Harvsp</ref>, va lui révéler la vraie nature de son propriétaire<ref name="A. Walton Litz-79"/>.
Lieux imaginaires
Parcs et jardins
Modèle:Article détaillé Si Jane Austen reste très sommaire dans la description des lieux que fréquente son héroïne, elle en dit suffisamment pour planter le cadre sans brider l'imagination de son lecteur.
Du Hertfordshire, ne sont cités que la rue principale de Meryton, le bosquet, la pelouse, le petit bois et l'oratoire de Longbourn, les allées plus ou moins larges de Netherfield, et les distances entre ces divers lieux<ref group="N">Il faut ajouter le chemin qui mène de Longbourn à Lucas Lodge, où Elizabeth avoue à Darcy que ses sentiments pour lui ont totalement changé.</ref>. Cela suffit à montrer le goût d'Elizabeth pour les promenades solitaires, et son besoin viscéral de grand air et d'espace.
Cela est confirmé par ses longues promenades dans le parc de Rosings qui l'enchante, et où elle se réfugie souvent pour échapper à l'étouffante Lady Catherine, parc où Darcy la rejoint plusieurs fois - ce qui anticipe leurs rencontres de Pemberley - parc aussi où le colonel Fitzwilliam lui dévoile le rôle de Darcy dans la défection de Bingley, et où elle passe deux heures à décrypter la lettre que ce dernier est venu lui remettre.
Le domaine de Pemberley, en revanche, bénéficie de deux descriptions. La première est la vue, ou plutôt la succession des points de vue qui s'offrent aux visiteurs empruntant la route qui, au terme d'une montée à travers bois, révèle brusquement à une Elizabeth émerveillée (Modèle:Langue) le château dans son écrin de collines boisées<ref>Modèle:Harvsp</ref>,Modèle:Note. L'autre décrit de façon assez détaillée (mais Elizabeth, troublée, regarde sans voir) la promenade selon le circuit permettant d'apprécier la beauté du parc et la variété de ses paysages<ref>Modèle:Harvsp</ref>,Modèle:Note. Pemberley s'inscrit ainsi dans la tradition esthétique préconisée par Lancelot Capability Brown<ref name="Martin 148"/> : de vastes ondulations d'étendues herbeuses, des bosquets, des rideaux d'arbres, des lacs aux contours irréguliers, d'aspect le plus naturel possible, avec des points de vue et des perspectives variéesModèle:Note.
Habitations
Bien que les demeures des personnages soient imaginaires, elles sont localisées de façon précise : Longbourn, Lucas Lodge et Meryton dans le Hertfordshire<ref>Modèle:Lien web [PDF]</ref>, à environ Modèle:Unité de Rosings Park dans le KentModèle:Note.
Ces lieux sont importants dans la mesure où Elizabeth y passe ou y séjourne. À l'exception de Hunsford, le presbytère de Mr Collins, ce sont des demeures de la gentry, avec des pelouses, des bosquets, un parc. Mais il y a une gradation, en fonction de la richesse ou de la position sociale du propriétaire. De Longbourn, le foyer familial, qu'Elizabeth n'a quitté, jusqu'à présent, que pour des séjours chez sa tante à Londres, de Netherfield, le domaine loué par Bingley, où elle passe trois jours, d'Hunsford, que Charlotte rend confortable, le lecteur ne sait que ce qui est nécessaire à l'intrigue. Mais Rosings Park<ref name="Rosings-Jasa">Modèle:Lien web</ref>, qui n'a droit qu'à une ligne de la part de la narratrice extradiégétique (Modèle:Citation) et une réflexion d'Elizabeth (Modèle:Citation), est abondamment loué par Mr Collins, qui fait preuve de son manque de goût par ses descriptions minutieuses et triviales des nombreuses fenêtres<ref group="N">Or, il y avait jusqu'en 1851 un impôt sur les fenêtres.</ref>, de la cheminée monumentaleModèle:Note, ou des divers points de vueModèle:Sfn .
La visite de Pemberley House, dont l'auteur souligne le confort, l'élégance, la beauté sans ostentation, permet à Elizabeth de découvrir « en creux » le véritable caractère de Darcy<ref name="Bury 21"/> : un homme de goût, plein de sollicitude pour sa sœur et de respect filial, au point d'avoir laissé en place une miniature de Wickham que son père aimait beaucoupModèle:Sfn. Il est significatif qu'elle s'intéresse plus à ce que dit l'intendante du caractère du propriétaire que de la valeur du mobilier, et que, dans la galerie remplie de portraits de famille, elle aille regarder le seul qu'elle pût reconnaître. La contemplation du portrait souriantModèle:Note, Modèle:Citation, prépare Elizabeth à rencontrer Darcy en personne dans le cadre naturel et sans artifice du parc<ref>Modèle:Lien web</ref>.
De Longbourn à Pemberley
Modèle:Article détaillé Comme toutes les héroïnes de Jane Austen, à part, dans une certaine mesure, Emma (qui ne quitte pas le Surrey), Elizabeth accomplit un voyage à la fois géographique, sentimental, social et moral<ref name="Morgan">Modèle:Lien web</ref>. Elle a passé toute sa vie à Longbourn. Mais, soumis à l'entail, le domaine de son enfance n'appartient à la famille Bennet que jusqu'à la mort de Mr Bennet, et passera ensuite aux mains de Mr Collins. En attendant de le quitter définitivement, elle entreprend une série de voyages qui lui permettent d'échapper peu à peu aux valeurs superficielles et aux trivialités de Longbourn et Meryton pour découvrir les vraies valeurs dont Pemberley est le symbole et le domaine<ref>Modèle:Harvsp, The Theme of Change</ref>.
La première étape de son ascension sociale commence timidement à Netherfield<ref group="N">Le nom même évoque des terres basses, voire les régions inférieures (Modèle:Langue signifie les Enfers ou le royaume des ténèbres).</ref>, le domaine loué par Bingley, où sa sœur et elle se montrent parfaitement fréquentables par la société élégante, malgré les critiques jalouses de Miss Bingley.
Mais ce sont les deux voyages, dans le Kent puis dans le Derbyshire qui sont essentiels<ref name="Morgan"/>. Pendant son séjour à Hunsford, elle découvre l'aristocratie sous son aspect le plus négatif. Lady Catherine est orgueilleuse et imbue de son importance, et Darcy la demande en mariage avec condescendance : Rosings House est prétentieux comme sa propriétaire, et la demande de Darcy est hautaine et inélégante<ref name="Rosings-Jasa"/>. Cependant, l'évolution de la végétation dans le parc et l'attitude aimable du colonel Fitzwilliam (qui n'est pas influencé par le comportement de la famille « infréquentable » que Darcy a du mal à oublier<ref>Modèle:Harvsp</ref>) durant les quelques semaines de son séjour, préludent à d'autres transformations.
Son voyage dans le Derbyshire avec les Gardiner lui fait découvrir Pemberley<ref group="N">L'importance donnée à cette visite se manifeste par une tournure stylistique particulière ; un paragraphe composé d'une seule phrase isolée, aux sonorités poétiques : un décasyllabe ou plutôt un pentamètre iambique, clôturant le second volume de l'édition originale : Modèle:Langue</ref> et la véritable personnalité de son propriétaire<ref name="Martin 148"/>. Lorsque Jane lui demande quand elle a commencé à aimer Darcy, Elizabeth lui répond : Modèle:Citation. Cette remarque n'est pas mercantile, Elizabeth ayant prouvé, en repoussant Darcy à Hunsford, qu'elle n'est pas éblouie par sa fortune. Simplement, elle est tombée amoureuse de son domaine, au point d'éprouver Modèle:Citation de l'avoir rejeté, lui<ref>Modèle:Harvsp</ref>. En quelque sorte, l'amour qu'elle ressent pour Pemberley lui révèle celui qu'elle ignore porter à son propriétaire. Elle découvre l'accord parfait qui existe entre le maître et son domaine<ref name="Martin 148"/>, et réalise qu'il partage son goût pour une nature Modèle:Citation.
Pemberley est l'étalon à l'aune duquel se mesurent tous les autres espaces<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Pemberley House n'est pas seulement une belle maison richement meublée, mais le nouveau foyer où Elizabeth va trouver le Modèle:Citation, le lieu utopique (le contraire de Longbourn/Meryton) où il sera possible de vivre loin des mesquineries, de la bassesse, de la vanité du monde<ref>Modèle:Lien web</ref>. L'envie qu'elle ressent d'y accueillir son oncle et sa tante et la politesse avec laquelle Darcy se comporte envers son oncle, un homme d'une véritable élégance, anticipent ce qui sera la réalité finale : Pemberley va devenir le nouveau centre où, Modèle:Citation Darcy et elle accueilleront ceux qui seront jugés dignes de faire partie de leur famille, reconstituant autour d'eux une famille de cœur<ref name="reconfiguring"/> : Georgiana s'y épanouira aux côtés d'Elizabeth, Catherine s'y cultivera, Jane et Charles Bingley y seront souvent fraternellement invités (lorsqu'ils auront, eux aussi, quitté le Hertfordshire)<ref name="Sisterhood"/>, Mr Bennet s'y invitera à l'occasion, les Gardiner y seront reçus comme des parents très aimés, et Lady Catherine acceptera d'y revenir. Ainsi, les trois classes sociales du monde de Jane Austen, l'aristocratie, la Modèle:Langue et le commerce se réconcilient à Pemberley<ref>Alistair M. Duckworth : The Improvement of the Estate: A Study of Jane Austen's Novels (1994), Modèle:P., Modèle:ISBN</ref>. Cependant, si Lydia peut parfois y séjourner, Wickham, parce qu'il s'en est montré indigne, et ne s'est pas amendé, a définitivement perdu le droit d'y revenir<ref name="Kaplan05"/>.
Postérité du roman
Avenir des personnages
Les personnages de Pride and Prejudice ont continué à vivre dans l'imagination de Jane Austen, et James Edward Austen-Leigh raconte, dans ses Souvenirs de Jane Austen, qu'elle donnait, si on le lui demandait, des renseignements sur l'avenir de certains personnages. Ainsi, pour les deux sœurs Bennet non mariées, elle envisage un mariage satisfaisant pour Catherine, avec un clergyman installé près de Pemberley, tandis que la pauvre Mary se contente d'épouser un des clercs de son oncle Philips, parfaitement satisfaite d'être un objet d'admiration à MerytonModèle:Note,<ref>Modèle:Lien web</ref>.
En ce qui concerne Jane et Elizabeth, on sait qu'elle s'en faisait une idée très précise, et, dans la lettre du Modèle:Date-<ref name="Lettre 24 mai">Modèle:Lien web</ref>, adressée à sa sœur Cassandra, elle raconte sa visite de l'exposition de peinture de Spring Gardens, où elle a eu le plaisir de voir Modèle:Citation étrangère (Modèle:Citation) : Modèle:Citation bilingue bloc
Modèle:Langue<ref>Modèle:Harvsp</ref> ».
Mais ses espoirs d'en voir un de Mrs Darcy furent déçus. Elle n'en vit pas non plus dans Pall Mall, à l'exposition des œuvres de Sir Joshua Reynolds. Le soir même, elle poursuit sa lettre et revient sur sa déception de ne rien avoir vu qui ressemble à Elizabeth. Modèle:CitationModèle:Note.
C'est le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle qui, à partir de 1938, a donné un visage aux personnages d’Orgueil et Préjugés, à travers de multiples adaptations, au théâtre, au cinéma et surtout à la télévision.
Célébration du bicentenaire
Modèle:Citation étrangère Modèle:Citation, affirme BBC News en Modèle:Date-, en parodiant le célèbre incipit du roman<ref>Modèle:Lien web</ref>. De nombreux événements jalonnent en effet l'année 2013<ref>Modèle:Lien web</ref> en Grande-Bretagne mais aussi ailleurs.
Calendrier des manifestations
- En janvier, une soirée culturelle à Brno, en République tchèque<ref>Modèle:Lien web</ref>, une projection commentée du film de Joe Wright à New York<ref>Modèle:Lien web</ref>.
- En février, une soirée Modèle:Citation étrangère à Rome<ref>Modèle:Lien web</ref>
- Une soirée-débat avec Simon Langton, à Chawton en avril, à Bath en mai
- Mais aussi : des conférences (à Omaha, Halifax, Chawton House, Canberra) ; des expositions (autour de l'œuvre elle-même au Jane Austen's House Museum<ref>Modèle:Lien web</ref>, de costumes Regence à Alton) ; des bals Regence ; des concerts (Adélaïde, Jane Austen's House Museum), des festivals (Canberra, Cambridge, Louisville) ; des ateliers d'écriture (à Chawton) ; des comparaisons de traductions (entre portugais et brésilien)<ref>Modèle:Lien web</ref> ; un colloque interdisciplinaire « Jane Austen: Modèle:Langue » à l'université de Mexico<ref>Modèle:Lien web</ref>.
- Sont organisés des circuits (Bath, Lacock, Luckington Court), des lectures publiques (Modèle:Langue à Bath<ref>Modèle:Lien web</ref>, à Hinton Ampner dans le Hampshire, à Alton) et, tout l'été, des représentations en plein air d'adaptations théâtrales de Modèle:Langue, en Grande-Bretagne et ailleurs (Nouvelle-Zélande).
Divers
- Le Salon du livre de Paris 2013 avait un stand Jane Austen, exclusivement consacré, à défaut de la présence de l'écrivain pour une séance de dédicace, à des réécritures romanesques de son œuvre, et présentait sur écran des projections des adaptations de la BBC qui ont largement contribué à la faire (re)découvrir<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.
- Le numéro de Modèle:Date- de La Revue des deux Mondes, qui a pour titre : Pourquoi Jane Austen est la meilleure<ref>Modèle:Lien web, sommaire.</ref>, présente un article intitulé Chacune cherche son Darcy<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.
- La Jane Austen Society of the Netherlands a présenté le Modèle:Date- une rose anglaise spécialement créée pour le bicentenaire<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Orgueil et Préjugés sur les écrans
Depuis 1938, le roman ne cesse d'être adapté ou transposé, surtout à la télévision, mais aussi au cinéma et même, en 2012-2013, sous forme d'une web-série, chaque adaptation reflétant la sensibilité de l'époque de sa création.
Adaptations au cinéma
Il est possible de classer les nombreuses adaptations en différentes catégories.
« Films d'époque » (Modèle:Langue)
- 1940 : Orgueil et Préjugés de Robert Z. Leonard avec Greer Garson et Laurence Olivier (117 min).
- 2005 : Orgueil et Préjugés (Pride & Prejudice) de Joe Wright, avec Keira Knightley, Matthew Macfadyen, Donald Sutherland, Judi Dench et Rosamund Pike (127 min)Modèle:Note
Transpositions proximisantes
- 2003 : Pride & Prejudice: A Latter Day Comedy de Andrew Black, transposition au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle dans une université américaine de l'Utah.
- 2004 : Coup de foudre à Bollywood (Bride & Prejudice) de Gurinder Chadha, transposition dans l'Inde contemporaine<ref>Modèle:Harvsp</ref>.
- 2011 : A Modern Pride and Prejudice de Bonny Mae<ref>Modèle:Lien web</ref>, tourné dans le Colorado.
- 2018 : Noël à Pemberley (Christmas at Pemberley Manor), téléfilm de Colin Theys<ref>Fiche du film du Cineserie</ref> se déroulant à notre époque.
Adaptations libres
- 2001 : Le Journal de Bridget Jones (Bridget Jones's diary) est tiré du livre à succès d'Helen Fielding, dont la trame principale est un hommage délibéré au roman<ref name="Lydia Martin85">Modèle:Harvsp</ref>. Les personnages de Daniel Cleaver et Mark Darcy sont librement inspirés des personnages de Wickham et Darcy dans la version BBC de Simon Langton d’Orgueil et Préjugés. Le metteur en scène attend donc du spectateur qu'il ait vu la série télévisée, non qu'il ait lu le roman. D'où la présence de Colin Firth dans le rôle de Mark Darcy et le plongeon de Hugh Grant dans un lac. Et la maison d'édition où travaille Bridget s'appelle Pemberley Publishing<ref name="Lydia Martin85"/>.
- 2016 : Orgueil et Préjugés et Zombies, film d'horreur de Burr Steers, adapté du roman parodique Orgueil et Préjugés et Zombies de Seth Grahame-Smith.
Œuvres liées
- 2007 : Becoming Jane de Julian Jarrold, qui imagine, à partir d’Orgueil et Préjugés, les relations de Jane Austen (Anne Hathaway) et Tom Lefroy (James McAvoy)
- 2013 : Austenland de Jerusha Hess où, de nos jours, une jeune femme voyage jusqu'à un parc à thème consacré à Jane Austen dans l'espoir d'y rencontrer son Mr Darcy<ref>Modèle:Lien web</ref>.
À la télévision
Adaptations
On peut considérer que ce sont toutes des Modèle:Langue.
- 1938 : Pride and Prejudice de Michael Barry, première adaptation britannique, de 55 min, en noir et blanc et en direct<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Wikidata}}/{{#if:||reference}} {{#if:||Orgueil et Préjugés}} sur l’Modèle:Lang</ref>
- 1949 : Pride and Prejudice de Fred Coe (Modèle:17e de la première saison de The Philco Television Playhouse).
- 1952 : Pride and Prejudice de Campbell Logan
- 1956 : Pride and Prejudice, épisode de l'Anthologie Matinee Theater, diffusé en direct sur NBC (États-Unis) Modèle:Date-
- 1957 : Orgoglio e pregiudizio, adaptation en italien de Daniele D'Anza avec Virna Lisi et Franco Volpi<ref>En cinq épisodes en noir et blanc, visibles sur YouTube Modèle:Lien web</ref>
- 1958 : Pride and Prejudice de Barbara Burnham
- 1961 : Modèle:Langue (ce qui signifie, en français, « Les Quatre Filles Bennet »), adaptation en néerlandais par Cedric Wallis et Lo van Hensbergen, avec Lies Franken et Ramnes Shaffy<ref>En six épisodes en noir et blanc, visibles sur YouTube Modèle:Lien web</ref>
- 1966 : Orgullo y Prejuicio, adaptation en espagnol de Alberto Gonzalez Vergel
- 1967 : Pride and Prejudice de Joan Craft et Campbell Logan, première adaptation partiellement en couleurs, premières scènes en extérieurs, pour le cent-cinquantenaire de la mort de l'auteur
- 1980 : Orgueil et Préjugés de Cyril Coke et Jonathan Powell. Avec Elizabeth Garvie et David Rintoul (226 min)
- 1995 : Orgueil et Préjugés de Sue Birtwistle et Simon Langton, avec Colin Firth et Jennifer Ehle (301 min)
Œuvres liées
- 1995 : Wishbone, le Jack Russell Terrier, héros de cette série télévisée américaine pour enfants, est Darcy dans l'épisode intitulé Furst Impressions diffusé le Modèle:Date-<ref>Modèle:Lien web</ref>.
- 2008 : Orgueil et Quiproquos (Modèle:Langue) de Dan Zeff avec Jemima Rooper, est une version fantastique, parodique et humoristique du roman et de ses principales adaptations pour grand et petit écran, écrite par Guy Andrews.
- 2013 : La mort s'invite à Pemberley, mini-série de Ben Stephenson, est l'adaptation du roman policier éponyme de P. D. James dans lequel on retrouve Elizabeth et Darcy six ans plus tard, vivant à Pemberley avec leur garçon. Lorsque George et Lydia Wickham s'invitent à Pemberley, un meurtre étrange est commis.
Sur la Toile
The Lizzie Bennet Diaries, Web-série en cent épisodes parue sur YouTube du Modèle:Date- au Modèle:Date-, qui transpose l'intrigue au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, se présente comme le blog vidéo personnel de Lizzie Bennet, étudiante californienne préparant un diplôme en communication de masse. Elle y raconte avec humour ses relations conflictuelles avec sa mère et sa petite sœur Lydia, puis ses rapports compliqués et houleux avec le mystérieux William Darcy, propriétaire d'une entreprise du numérique Pemberley Digital.
Autres transpositions d’Orgueil et Préjugés
Sur scène
Les adaptations pour la scène sont nombreuses et régulièrement montées :
- 1922 Pride and Prejudice : adaptation de Mary Steele MacKaye<ref>Modèle:Ouvrage</ref>
- 1935 Pride and Prejudice : pièce sous-titrée A Sentimental Comedy in Three Acts adaptation de Helen Jerome, créée le Modèle:Date- à Philadelphie<ref>Modèle:Lien web</ref>
- 1949 Wedding at Pemberley : pièce en un acte de Anne et Arthur Russel
- 2008 Adaptation de John Jory
- 2013, pour le bicentenaire : Pride and Prejudice, adaptation de Laura Turner, montée par Chapterhouse Theatre Company, jouée tout l'été en tournée dans des parcs de demeures classées, comme Pentillie Castle (Cornouaille)<ref>Modèle:Lien web</ref> ou Enniskillen Castle (Irlande du Nord)<ref>Modèle:Lien web</ref> ; adaptation de Simon Reade au Regent's Park Open Air Theatre à Londres<ref>Modèle:Lien web</ref> ; adaptation nouvelle d'Amy Whiterod et Joy Hellyer, créée en juin à Wellington, en Nouvelle-Zélande<ref>Modèle:Lien web</ref>,<ref>Modèle:Lien web</ref>, nouvelle adaptation de Wendy Reynolds présentée à Chawton le Modèle:Date-<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Des comédies musicales ont aussi été tirées du roman :
- 1959 First Impressions : Comédie musicale de Broadway, créée le Modèle:Date- à l'Alvin Theater à New York.
- 1995 Pride and Prejudice : comédie musicale de Bernard J. Taylor, créée en 1995 à Peoria, dans l'Illinois, et donnée du 11 au Modèle:Date à l'Elgiva Theatre, à Chesham, Buckinghamshire.
- 2009 Jane Austen’s PRIDE AND PREJUDICE, A Musical, comédie musicale de Lyndsay Warren Backer et Amanda Jacobs<ref>Modèle:Lien web</ref>, plusieurs fois récompensée et rejouée.
- Pour le bi-centenaire, en 2013, Pride & Prejudice - The Musical, de Richard Croxford et Mark Dougherty, joué au Everyman Palace Theatre de Cork du 14 au Modèle:Date- et au Lyric Theatre de Belfast du Modèle:Date- au Modèle:Date-<ref>Modèle:Lien web</ref> ; et Pride & Prejudice: A New Musical, de Sam Balzac et Kathleen Recchia, créée pour Book & Blanket Players Youth Theatre, 10 et Modèle:Date- à New York<ref>Modèle:Lien web</ref>.
En littérature
Une première suite, par Sybil Brinton (Modèle:Langue) est publiée en 1913, une deuxième, par Dorothy Bonavia-Hunt (Modèle:Langue) est publiée en 1949 et rééditée en 1977, une autre par Emma Tennant (Modèle:Langue) en 1993.
En 1928-1930, la femme de lettres japonaise Nogami Yaeko (1885-1985) s'inspire fortement d'Orgueil et Préjugés, qu'elle a découvert en 1907 et admire beaucoup (elle a même aidé son mari à le traduire), pour écrire Machiko, un roman feuilleton contemporain paru dans les journaux Kaizō (Reconstruction), pour les épisodes un à sept, puis Chuō Kōron (Central Review), pour le dernier. L'ensemble est sorti en librairie en 1931<ref>Modèle:Lien web</ref>. Entre Modèle:Date- et Modèle:Date- elle publie, dans Fujin Kōron, une revue féminine, Modèle:Langue (Modèle:Langue) « Fleurs de l'arc-en-ciel », présenté comme une traduction libre de Modèle:Langue, qui condense l'histoire d'« Erizabesu » et de « Daashi »<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Mais c'est le succès de la série télévisée de 1995 qui a vraiment lancé toute une industrie paralittéraire autour de Jane Austen ; de nombreux auteurs de langue anglaise (féminins pour la plupart) imaginent des réécritures de qualités souvent fort inégales<ref>Voir sur le site de The Republic of Pemberley une liste de titres depuis 1996, avec des commentaires : Modèle:Lien web</ref> : préquelles ou pastiches, suites, voire transpositions proximisantes, parfois traduites en français<ref>Modèle:Lien web</ref>, comme :
- En 1996 : Le Journal de Bridget Jones (Bridget Jones's Diary) de Helen Fielding, hommage multiple à Orgueil et Préjugés<ref>Modèle:Harvsp</ref>.
- Dans la série littéraire en forme d'uchronie de Jasper Fforde, Thursday Next, publiée à partir de 2001, Pride and Prejudice est devenu The Bennets, et court le risque de devenir un reality book, support littéraire d'un reality show<ref>Modèle:Lien web</ref>.
- En 2009 : Orgueil et préjugés et zombies (Pride and Prejudice and Zombies), une parodie de Seth Grahame-Smith, dont une version cinématographique est sortie en 2016.
- En 2011 : La mort s'invite à Pemberley (Modèle:Langue) roman policier de P. D. James, dont l'action se situe en 1803, six années après le mariage de Darcy et Elizabeth, dans lequel les personnages se trouvent impliqués dans une intrigue policière.
- À la rentrée 2013 paraît Amour, Orgueil et Préjugés<ref>Modèle:Ouvrage</ref>, qui reprend la trame narrative du roman original, transposée au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle à Limerick, en Irlande. Ce roman de Jess Swann<ref>Modèle:Lien web</ref>, écrit en langue française, a été retenu à la suite d'un « appel à texte » lancé par la maison d'édition suisse Les Roses Bleues.
- En Modèle:Date-, la romancière anglaise Jo Baker publie Longbourn chez l'éditeur Alfred A. Knopf. Le roman se place du point de vue de Sarah, une des domestiques de Longbourn, pour raconter l'histoire des Bennet. Une traduction française est sortie dès 2014 chez Stock<ref>Modèle:Lien web.</ref>, sous le titre Une saison à Longbourn<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Sur le Web, divers sites proposent des textes en ligne, variations sur Orgueil et Préjugés :
- Les Modèle:Langue, textes écrits de 1997 à 2008 sur le site de « The Republic of Pemberley »<ref>Modèle:Lien web</ref>, par allusion à l'expression de Jane Austen elle-même<ref group="N">Jane Austen explique son approche littéraire dans ses lettres (dont une lettre de 1814 à sa nièce Anna Austen) : Modèle:Citation étrangère (« trois ou quatre familles dans un village campagnard, c'est là le petit morceau d'ivoire (cinq centimètres de large) sur lequel je travaille »).</ref> pour décrire son propre travail.
- D'autres sites anglophones continuent à présenter de nouvelles fanfictions, par exemple : Modèle:Lien web, créé en 1997, Modèle:Lien web, Modèle:Lien web ou Modèle:Lien web présentant des textes en anglais essentiellement, mais aussi en d'autre langues.
Manga/Bande-dessinée
- Marvel, l'éditeur de « Comics » américain a lancé une courte série de cinq épisodes, dont premier épisode est sorti en Modèle:Date- sur un scénario de Nancy Hajeski<ref>Modèle:Lien web</ref> et le dernier en août de la même année, avant de l'éditer en un seul volume<ref>Modèle:Lien web</ref>.
- Pride and Prejudice, un manga anglophone des éditions Udon et de la collection Manga Classics, collection adaptant les classiques de la littérature en manga.
- Orgueil & Préjugés, en album BD aux éditions Soleil, et adapté par Aurore. Le premier tome est sorti en Modèle:Date-. Deux autres sont à venir.
Notes et références
Citations en anglais
Notes
Références
Bibliographie
Bibliographie primaire
- Modèle:Ouvrage
- Modèle:Ouvrage, avec vingt-quatre illustrations en couleur de C. E. Brock. (Réédition par BompaCrazy.com, 1981)
- Modèle:Ouvrage
- Modèle:Lien web (recherche personnalisée possible par mots-clés)
Bibliographie secondaire
- Modèle:Ouvrage
- Modèle:Ouvrage
- Modèle:Ouvrage
- Modèle:Ouvrage
- Modèle:Ouvrage
- Modèle:Ouvrage
- Modèle:Ouvrage
- Modèle:Ouvrage* Modèle:Ouvrage
- Modèle:Ouvrage* Modèle:Ouvrage
- Modèle:Ouvrage
- Modèle:Ouvrage
- Modèle:Ouvrage
- Modèle:Ouvrage
- Modèle:Ouvrage
- Modèle:Ouvrage
- Modèle:Ouvrage
- Modèle:Ouvrage (réédition 1986)
- Modèle:Ouvrage
- Modèle:Ouvrage
Annexes
Articles connexes
- Jane Austen
- Représentation de l'Angleterre georgienne chez Jane Austen
- Univers de Jane Austen
- Cecilia, roman de Fanny Burney
Liens externes
- Modèle:Lien web (JASNA)
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- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Lien
- Concordances complètes de Pride and Prejudice
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Wikisource
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Pride and Prejudice
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Orgueil et Prévention (1822)
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Le Roman classique en Angleterre - Jane Austen
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Le Roman réaliste en Angleterre avec Jane Austen
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Jane Austen, par Kate et Paul Rague (1914)
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