Succube

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Un succube (le nom est masculin) est un démon judéo-chrétien féminin qui séduit les hommes et abuse d'eux durant leur sommeil et leurs rêves. Les succubes servent Lilith. Leur pendant masculin est l'incube.

Des légendes racontent que le succube prendrait l'apparence d'une femme défunte, faisant croire à sa résurrection pour abuser d'eux. Une autre dit que les succubes punissent les hommes pour leur traîtrise en les séduisant puis en les abandonnant.

Le succube est de nature ambivalente, puisqu'il est à la fois redouté et désiré. Modèle:Citation

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Étymologie

Le terme succube vient du mot latin succuba qui signifie « concubine ». Il ne désigne le démon femelle qu'à partir du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, par rapprochement avec le terme « incube »<ref name="Collée">Michel Collée, Coche-mare, dans la Revue de la Société Internationale d'Histoire de la Psychiatrie et de la Psychanalyse – Frénésie n° 3, 1987.</ref>.

Une autre étymologie le fait dériver du latin classique sub, « sous », et cubare, « coucher » : « qui couche sous » ou « être couché sous ». C'est un mot masculin<ref>Trésor de la langue française informatisé</ref>, parfois employé au féminin.

Une figure universelle

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Sculpture de succube sur un encorbellement en bois d'une auberge anglaise, suggérant que le lieu a peut-être servi de lupanar.
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La Succube, sculpture d'Auguste Rodin (musée Soumaya, Mexico).

En Hongrie, Modèle:Citation<ref>G. Roheim la panique des dieux, cité dans Jacques Bril Lilith ou la mère obscure Payot 1984 Modèle:ISBN</ref>.

Dans la mythologie antillaise, le succube porte le nom de dorlisse, dorlis ou encore dorliis. Aussi appelé « l'homme au bâton », il serait plutôt un incube.

Dans la littérature arabe ancienne, le succube est connu comme « un démon femelle qui dérange les hommes pendant leur sommeil et les accompagne dans leur lit »<ref name="Collée"/>. Au Maghreb, on les appelle al Djinns al 'achiq, ce qui signifie « le djinn ou le démon amoureux qui habite le corps d'une personne », ils sont mariés dans le monde des rêves avec la personne possédée. Dans les Aurès, les ajenni s'attaquent aux femmes et la tajennit aux hommes : chaque succube et incube étant attaché à une seule personne, l'ethnologue Germaine Tillion parle de « conjoint invisible »<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

En Côte d'Ivoire, il existe une croyance en des femmes de nuit ou maris de nuit, esprits qui prendraient l'apparence de l'être aimé ou désiré pour s'accoupler avec une personne pendant son sommeil. Cela peut aller jusqu'à empêcher la victime d'éprouver le moindre intérêt pour des personnes de chair et d'os. La croyance peut notamment être employée dans un couple pour justifier la perte d'intérêt d'un des conjoints pour l'autre<ref>Pierre Trichet. Ton conjoint de l’au-delà peut t’envoyer bien des malheurs. Histoire et missions chrétiennes, 2007/3 n°3, pp. 137-146. Éditions Karthala.</ref>.

Les principaux attributs du succube sont la séduction, le vol et la chevauchée nocturne, son rapport à la mort et à la dévoration (de la chair notamment). Ces thèmes, considérés comme néfastes et démoniaques en règle générale, n'en sont pas moins des formes à caractères initiatiques dans les sociétés traditionnelles.

Ainsi la croyance entourant ce démon semble avoir une racine commune avec des démons ou créatures comme les harpies, les sirènes, la Lilītu mésopotamienne, la goule mésopotamienne et arabe, les lamies, les stryges.

Le vampirisme, dans sa version féminine, présente à certains égards une thématique commune à celle du succube, notamment ceux de la séduction, de la dévoration et de la mort.

Les créatures féminines au caractère bénéfique, comme les dryades et les nymphes peuvent également être rattachées au succube, du fait de l'ambivalence de sa nature, et, comme il sera vu plus bas, du fait de leurs parentés à certaines traditions chamaniques.

Des créatures divines partageant ce statut de « femme fatale », à la fois séduisante, protectrice et dangereuse, se retrouvent dans la mythologie égyptienne, avec la troublante déesse-vache Hathor. En effet, on retrouve dans les deux l'allégorie de la féminité et de la séduction, mais également de la cruauté<ref>Modèle:Lien web</ref>.

Sur les traces de la Grande Déesse

Généralités

La croyance qu'il existe des unions entre des déesses ou des divinités et des hommes n'est pas nouvelle. Pour n'en citer que quelques-unes :

L'union sexuelle avec un succube a ceci de spécifique qu'elle est nocturne, pendant la période des rêves (ceci découle très probablement du fait que les hommes ont régulièrement des érections durant les périodes de sommeil paradoxal).

L'áyami et la fille de l'esprit de la forêt

Mircea Eliade, dans son ouvrage Le Chamanisme<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>, cite le témoignage d'un chaman Gold, qui parle de son áyami, c’est-à-dire de son esprit protecteur : Modèle:Citation bloc

Il cite également Sliepzova, concernant les Iakoutes de Sibérie : Modèle:Citation bloc

Roberte Hamayon, dans La chasse à l'âme : esquisse d'une théorie du chamanisme sibérien (1990)<ref>Roberte Hamayon, La chasse à l'âme : esquisse d'une théorie du chamanisme sibérien, Société d'ethnologie, 1990. Modèle:ISBN.</ref>, dit à peu près la même chose concernant « la fille de l'esprit de la forêt ». Dans le chamanisme des Bouriates de Sibérie, l'esprit de la forêt est représenté par le Grand Cerf. C'est lui qui donne la chance à la chasse, c’est-à-dire que c'est lui qui pourvoit les chasseurs en gibiers. La forêt est en effet Bajan Xangaj, « Riche-Rassasieur » ; elle est généreuse mais aussi impitoyable, témoin de son ambivalence. Or les Chamans ou les chasseurs n'ont qu'exceptionnellement affaire à lui. La plupart du temps ils sont engagés avec sa ou ses filles. Celle-ci est une coureuse de chasseurs. Elle leur apparaît la nuit en rêve ou à la chasse en imagination. Modèle:Citation bloc

Pour le chaman, il existe une véritable union maritale avec elle, un mariage surnaturel, conjointement à son union terrestre. Elle peut apporter le gibier pour le chasseur et l'enseignement pour le chaman. Mais elle apporte aussi la folie et la mort pour le chasseur qui se laisse trop envahir par elle, et la mort pour le chaman s'il refuse de s'unir à elle.

Bien que les relations sexuelles avec l'esprit féminin de la sur-nature pendant les rêves soient une constante dans le chamanisme sibérien, l'élément important est celui de l'initiation du chaman par celle-ci. C'est elle qui, esprit protecteur principal, choisissant le chaman, donnera à celui-ci les esprits auxiliaires qui lui obéiront et l'assisteront.

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La Lilith primitive.

Lilith

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Jean Markale, dans Mélusine<ref>Modèle:Lien web</ref> décrit Lilith comme un succube de la plus belle espèce. C'est une vierge inassouvie, une dévoreuse (d'enfants, de sperme). Elle engloutit, rôde la nuit.

Cependant, le qualificatif de succube est rejeté par certains<ref>Mireille Dottin-Orsini, « Lilith » dans Pierre Brunel dir., Dictionnaire des mythes féminins, Éditions du Rocher, Paris, 2002. Modèle:ISBN, p 1156.</ref>, car elle refuse d’être en position d’infériorité, et vole le sperme qui tombe à terre (les succubes ne recueillent pas le sperme issu de la masturbation).

Béatrice de Dante

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Les fées

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Dante et Béatrice, Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle.

Les fées ne sont pas étrangères à cette conception du succube. Suivant la définition de Modèle:Vague, la fée est un « personnage féminin imaginaire, doté de pouvoirs magiques, et censé influer sur le monde des vivants ».

Contrairement à la croyance qui veut que la fée soit bonne par nature, la fée incarne en fait, comme son homologue chamanique, une nature ambivalente, qui la fait sorcière dans son versant maléfique (dans le sens « Qui apporte la maladie ou la mort »). Il existe bien une Fée Carabosse, ainsi qu'une fée Morgane. Son ambivalence est bien attestée au travers de la Befana.

Points de vue contemporains

Julius Evola

Julius Evola, dans Métaphysique du sexe (1959)<ref>Julius Evola Métaphysique du sexe, Payot, 1959.</ref>, son chapitre sur les succubes cite la femme surnaturelle des légendes et des mythes héroïques, la femme dispensatrice de vie, de la science, d'une force sacrée, de l'immortalité parfois. Elle est représentée parfois par l'Arbre de vie<ref>Tu es l'arbre de la vie à propos des rites de puberté concernant les femmes chez les Sioux. Cela fait référence aussi à l'Arbre biblique et à Ève. Mais aussi à la Vierge Divine.</ref>. Pour Evola : Modèle:Citation bloc

Et il cite également des exemples analogues dans le cadre du cycle méditerrannéo-oriental, mais aussi concernant le Zohar III,51 a,50 b (« Tous les pouvoirs du Roi sont confiés à la Matrone »). Ceci n'est pas étranger au concept de la prostitution sacrée pour laquelle Evola arbore le fait que les modernes n'ont pas trouvé d'autres mots que « se prostituer ».

Dans l'amour chevaleresque médiéval, Evola pense que « La Dame » est plus une femme de « l'esprit » qu'une femme réelle. Le chevalier s'y consacrait et la servait jusqu'à sa mort. Parfois sa cruauté était acceptée voire exaltée. Cette femme inaccessible est la Béatrice de Dante, celle que les textes hermétiques appelaient « notre Ève occulte », ou celle qui entrainait la mors osculi du kabbalisme médiéval<ref>La mort donnée par le baiser, les « yeux assassins » du langage populaire.</ref>. Cette « destruction » par l'amour est à rapprocher de la dévoration du corps du chamane par les esprits auxiliaires au cours de la maladie-initiation de celui-ci<ref>Voir aussi Dante, Vie Nouvelle IV & V 2.</ref>.

Psychanalyse

Ernest Jones

Pour Ernest Jones, l'incube et le succube se manifestent dans les cauchemars et traduisent l'effroi devant des désirs sexuels refoulés, notamment des désirs incestueux. La croyance aux incubes et aux succubes serait une forme de sauvegarde de la conscience, permettant notamment de transférer sur autrui, à savoir un démon, l'origine des désirs sexuels. Ainsi la culpabilité générée par les conflits inconscients serait épargnée au sujet, de même que la peur excessive liée aux jugements<ref>Kaltenbeck, Franz. « Extension du domaine du cauchemar », Savoirs et clinique, vol. 12, no. 1, 2010, pp. 196-206. https://www.cairn.info/revue-savoirs-et-cliniques-2010-1-page-196.htm</ref>.

Georges Devereux

Pour Georges Devereux, en parlant plus particulièrement des rapports entre déesses et humains<ref>Pour Devereux, les parents sont les équivalents des divinités</ref>, les amours surnaturels sont liés à des fantasmes d'inceste mère-fils, forme plus rare mais bien plus forte que celui entre père et fille. La déesse est substituée à la mère ce qui rend le fantasme plus tolérable et en permet une meilleure élaborationModèle:Refnec.

Le drame des amours surnaturels vient du drame de la dégénérescence des Dieux par le biais de ces unions, façon de dire le franchissement des frontières généalogiques liés à l'incesteModèle:Refnec.

Pour le mortel, les malheurs proviennent de la crainte d'être foudroyé par Zeus (peur de la castration par le père), mais aussi de la crainte de l'impuissance liée au coït avec la déesse<ref>Pour Devereux, « la cohabitation entre une femme mûre et un homme bien plus jeune tend à infantiliser l'homme » et à le déviriliser</ref>. Le mortel n'est pas au bout de ses peines, qu'il soit infidèle à la déesse, ou qu'il refuse ses avances, son sort n'est guère enviable : « les amants (…) mortels s'en trouvent physiquement amoindris, d'une façon qui rappelle la castration » : impotence, sénilité, paralysie, claudication, cécité, etcModèle:Refnec.

L'amant mortel est en plein complexe d'Œdipe. Pour Devereux, il est plus couramment admis et moins dangereux pour une femme de réaliser ses désirs œdipiens en se liant à un homme plus âgé qu'elle : son épanouissement sexuel n'en est pas en danger pour autantModèle:Refnec.

Concernant la grande beauté des déesses, avec laquelle aucune femme mortelle ne peut rivaliser, elle génère ainos, la terreur, la mort. C’est-à-dire que cette beauté a un caractère intolérable. D'un point de vue psychanalytique, Devereux lie cette notion à celle de l'imago infantile de la mèreModèle:Refnec.

Michel Collée

Pour Michel Collée, psychanalyste français, le succube (et l'incube) sont des figures qui posent la question des rapports sexuels avec les endormi(e)s, « de l'abolition de la volonté, de l'irresponsabilité, et de la conscience du sujet »<ref name="Collée"/>. Elles sont des fantasmes et des projections<ref>Modèle:Lien web</ref>.

Qarinah

C'est un terme arabe (masculin : al quarin) attribué à un démon qui accompagne l'être humain durant toute sa vie pour lui insuffler du mal et ne le quittant jamais, les sorciers ayant vendu leur âme à leur quarin(ah) lui parlent pour connaître les secrets de la personne en face et lui faire démonstration de pouvoirsModèle:Refnec.

En effet, ce démon pourrait harceler sexuellement son compagnon souvent en rêve mais aussi parfois éveillé selon les Maghrebins, s'il lui ouvre la voie (chanter aux toilettes, fantasmer sur un miroir, dormir nu, etc.)Modèle:Refnec.

Dans la culture populaire

Littérature

Musique

  • La chanson L'Appel de la succube (au féminin) d'Amélie Nothomb, écrit pour la chanteuse RoBERT dans son album Princesse de rien (2000).

Cinéma

Télévision

  • Dans la série télévisée South Park, troisième épisode de la saison 3, un succube séduit Chef.
  • Dans X-Files : Aux frontières du réel, épisode 21 (« La Visite ») de la saison 3, où le succube hante les nuits de Skinner.
  • Dans la série Hex : La Malédiction, des succubes sont présents dans la saison deux (épisodes 11 et 12), où Malachi, le fils d'Azzazel et d'une mortelle, veut se débarrasser de son ennemie Ella et régner sur le monde.
  • Dans Lost Girl, le personnage principal est un jeune succube.
  • Dans The Gates, le fils du personnage principal tombe amoureux d'un jeune succube.
  • Dans Charmed, épisode 5 de la saison 2.
  • Dans Sleepy Hollow, saison 2 épisode 8, un succube est invoqué pour collecter l'énergie nécessaire à l'élévation sur Terre de Moloch.
  • Dans Midnight, Texas, saison 1 épisode 4, un succube se régale de quelques mauvais garçons.
  • Dans Sabrina l’apprenti sorcière, la série adaptée par Netflix, on retrouve un succube.
  • Dans la série égyptienne Paranormal sur Netflix, un succube est l'antagoniste principal.

Bande dessinée et manga

Jeux vidéo

Les succubes et les incubes sont des personnages pittoresques que l'on croise dans certains jeux, tels que Nethack, World of Warcraft, Disgaea, ou encore dans des jeux de type Donjons et Dragons, comme Neverwinter Nights.

Des monstres nommés « Succubus » font une apparition fréquente dans les épisodes modernes de la série Castlevania, avec notamment une confrontation entre Alucard et un succube envoyé contre lui par son père Dracula dans l'épisode Castlevania - Symphony Of The Night, ou encore un combat de boss entre un succube et Simon Belmont dans Castlevania: Lords of Shadow - Mirror of Fate.

On peut également voir un monstre appelé Succubus qui a la forme d'une boule de feu dans les différents Final Fantasy. Ces succubes seraient leur représentation démoniaque.

  • Dans la série Darkstalkers, deux succubes sont respectivement nommées Morrigan Aensland (Darkstalkers 1, 2 et 3) et Lilith Aensland (apparition dans Darkstalkers 3).
  • Dans Catherine (2012), un succube séduit les hommes confrontés à l'absence de désir de reproduction, avant de disparaître.
  • Dans Overlord: Raising Hell, les succubes sont responsables de la maladie qui sévit au pic du paradis, transformant les habitants en zombies.
  • Dans The Witcher 2, le joueur a le choix de tuer les succubes ou de le laisser vivre. Il est possible d'en rencontrer deux autres au cours des quêtes secondaires de The Witcher 3, et le même choix s'offre alors à lui.
  • Dans World of Warcraft, les personnages de classe démoniste peuvent invoquer et contrôler un succube.
  • Dans Spelunky, la Succube est un des ennemis de l'Enfer, se déguisant en damoiselle - censée aider le joueur - pour le tromper.
  • Dans Summoners War: Sky Arena.
  • Dans Yandere Simulator, deux étudiantes se disent être des succubes et incubes.
  • Dans Hearthstone, « Succube » est le nom d'une carte serviteur de la classe Démoniste.
  • Dans The Binding of Isaac, Lilith est l'un des personnages sélectionnable par le joueur. De plus, le succube y est un objet passif.
  • Dans Heroes of Might and Magic V, les succubes sont une des unités de la faction Chaos. De plus, Biara, un des personnages principaux, est un succube.
  • Dans Battle Breakers, l'apparence de la héroïne Jillcifer la Fourbe est basée sur la Succube. Elle a la particularité de rendre les ennemis confus.
  • Dans League of Legends, la championne Evelynn est un succube par son apparence et sa personnalité.
  • Dans Diablo 3, les succubes sont des ennemis que l’on rencontre dans l’Acte 3 et 4.

Notes et références

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Voir aussi

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Articles connexes

Liens externes

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