Tony Duvert
Modèle:Homonymes Modèle:Infobox Biographie2 Tony Duvert, né le Modèle:Date de naissance à Villeneuve-le-Roi et mort à Thoré-la-Rochette en Modèle:Date de décès, est un écrivain français.
À partir de 1973, ses romans et essais sont remarqués, aussi bien pour leur style (Paysage de fantaisie reçoit le prix Médicis) que pour leurs thèmes (pédophilie, homosexualité, critique de la famille, etc.). Il devient un écrivain d'une certaine renommée malgré son refus de la médiatisation<ref group="n.">Il décline par exemple une invitation chez Bernard Pivot en 1973 pour Paysage de fantaisie.</ref>,<ref name="onfray">Modèle:Ouvrage.</ref>. Homosexuel revendiqué, il est surtout connu pour s'être ouvertement déclaré pédophile et avoir prôné dans son œuvre la sexualité entre adultes et enfants.
Il profite du contexte favorable de l'époque, marqué par l'émergence de débats sur la liberté sexuelle et ses limites, pour faire l'apologie de la pédophilie dans presque tous ses livres. Dans les années 1980, son audience diminue : confronté à l'impossibilité de faire entendre ses idées, il cesse d'écrire après 1989. Vivant en reclus dans le Loir-et-Cher, il passe seul les douze dernières années de sa vie.
Il a essentiellement été publié par les Éditions de Minuit.
Biographie
Enfance et adolescence (1945-1966)
Tony Duvert est le fils de Georges Duvert, receveur d'enregistrement né à Meknès en 1918, et de Ferdinande Maury, née à Worms en 1920Modèle:Sfn. Il a deux frères, Alain et Gilles<ref name="sebhan-21" />. Sa mère est décrite comme Modèle:Citation, elle aime la lecture. Le père, quant à lui, employé d'une compagnie d'assurance-vie, s'intéresse surtout aux émissions sportives de la radio et de la télévision. L'ambiance familiale est lugubre : Modèle:Citation, témoigne Alain, le frère survivant de TonyModèle:Sfn.
Sa petite enfance n'a probablement pas été heureuse : voilà ce qu'il dit de son double littéraire, le personnage de Jonathan : Modèle:Citation bloc
Tony n'entre à l'école qu'à l'âge de 6 ans, sa mère, Modèle:Citation lui ayant déjà appris à lire, écrire et compter<ref name="Lenfant18">L'enfant au masculin, p. 18.</ref>.
Sa vie érotique commence très jeune : Modèle:Citation bloc Alain Duvert a raconté à Gilles Sebhan se souvenir de "jeux très poussés" avec son frère et un jeune cousinModèle:Sfn. Sebhan en déduit que Tony Duvert a connu ses premières expériences sexuelles avec son frère et le cousin en questionModèle:Sfn.
Outre la sexualité, le jeune Tony découvre dans l'enfance deux passions qui l'accompagneront toute sa vie : l'écriture et la musique : Modèle:Citation Il étudie ainsi le piano à la Schola Cantorum de Paris avec Nadia TagrineModèle:Sfn.
À l'adolescence, la situation se complique : Modèle:Citation Ses parents finissent par apprendre son homosexualité quand Tony a 15 ans (Duvert laisse entendre qu'il leur en a parlé lui-même) et décident de l'en « guérir » : il est envoyé chez le psychiatre Marcel Eck, spécialiste du traitement de l'homosexualité, dont il a décrit en 1980 les méthodes comme brutales et humiliantes<ref>L'Enfant au masculin, pages 32-33.</ref>. À la suite de quoi il fait une fugue et une tentative de suicideModèle:Sfn. Ces événements serviront de base à son premier roman Récidive (1967).
En 1961, il intègre à Savigny-sur-Orge le lycée Jean-Baptiste Corot, réputé dans la régionModèle:Sfn. Élève brillant, il rebute par sa morgue et son homosexualité, et a peu d'amis prochesModèle:Sfn avant que son professeur de philosophie ne lui fasse rencontrer à la fin de 1963 Christian Duteil, futur professeur de philosophie et journalisteModèle:Sfn. Tous deux sont primés en 1964 au concours général, Duvert par un accessit, Duteil par une mention spécialeModèle:Sfn. Duvert se rend assez souvent à Paris, où il multiplie les expériences homosexuellesModèle:Sfn. Après le lycée, il hésite sur la voie à suivre : études de médecine, de philosophie, de lettres ? Une carrière de pianiste, ou encore devenir guide de haute montagneModèle:Sfn ? Ce sera finalement la littérature.
Débuts littéraires (1967-1973)
En 1967, Tony Duvert adresse le manuscrit de Récidive à Jérôme Lindon des Éditions de Minuit, dont le catalogue exigeant et le succès critique (il a publié Samuel Beckett et de nombreux auteurs du nouveau roman) paraissent au jeune écrivain un gage de qualité<ref>Pour ce paragraphe : Modèle:Harvsp</ref>. Lindon reconnaît immédiatement le potentiel de Duvert et accepte de publier l'ouvrage. Tony Duvert fait donc ses débuts en littérature à l'âge de 22 ans. Cependant, Lindon, conscient des risques de publier un roman où la pornographie est très présente, fait le choix d'un tirage restreint (712 exemplaires) et d'une sortie discrète : publié sans service de presse, le livre n'est disponible que par souscription, ou dans des librairies sélectionnées qui le vendent discrètement. Cela n'empêche pas Récidive de recevoir des critiques élogieuses dans la presse<ref>Voir sur leseditionsdeminuit.fr.</ref>.
Très productif, Duvert publie dans les années suivantes trois romans : Interdit de séjour et Portrait d'homme-couteau en 1969, Le Voyageur en 1970. Modèle:Citation, ils restent vendus par souscription, ce qui n'empêche pas Interdit de séjour d'être interdit à la vente aux mineurs, à la publicité et à l'exposition par un arrêté du Modèle:Date-Modèle:Sfn.
Dans ces quatre premiers romans, le rejet des conventions du roman classique se fait de plus en plus extrême, plus par volonté subversive que pour suivre la mode<ref name="seb64" /> : style décousu, jeux typographiques, absence ou multiplicité des intrigues, des narrateurs, de la chronologie ou des faits, absence de ponctuation dans Le Voyageur. De plus, ces expérimentations narratives et stylistiques se doublent d'une « dimension politique » des ouvrages, qui critiquent la société bourgeoiseModèle:Sfn au moyen de la pornographie violente, et par ses thèmes scandaleux : fugue, relations sexuelles entre adultes et enfants. Duvert est souvent rattaché au courant du nouveau roman ; il fait d'ailleurs en 1968 l'éloge du romancier Robert Pinget dans un article publié par la revue Critique<ref>Duvert (1968).</ref>. Interrogé sur sa filiation littéraire, il précise cependant éprouver une Modèle:Citation pour les styles d'autres auteurs du nouveau roman comme Alain Robbe-Grillet ou Michel Butor<ref name="nobs-19730205" />.
Si ces caractéristiques commencent à lui assurer un certain succès critique, il vend peuModèle:Sfn. Afin de lui assurer un revenu fixe, Lindon décide de le salarier en lui confiant la direction d'une nouvelle revue littéraire, Minuit, qui publie dès son premier numéro, outre Duvert, Samuel Beckett, Pierre Bourdieu, Robert Pinget et Alain Robbe-Grillet. S'il s'acquitte durant plusieurs années de la tâche avec réussite, son caractère limite toujours l'extension de son réseau, même si la même année il se lie d'amitié avec le dessinateur Michel LonguetModèle:Sfn.
Au début des années 1970, Tony Duvert entre en relation avec une mère de famille qu'il apprécie peu afin de se rapprocher du fils de cette dernière. Apparemment peu attentive à son fils et désirant partir seule en voyage, elle aurait confié durant l'été 1973 le garçon à Tony Duvert, qui aurait alors eu des rapports sexuels avec l'enfantModèle:Sfn. Cet épisode sert de trame à Quand mourut Jonathan, publié cinq ans plus tard. Dans le second ouvrage qu'il a consacré à Tony Duvert, Gilles Sebhan a pu établir que cette histoire a bel et bien eu lieu, que l'enfant s'appelait Jean et qu'il est mort d'une overdose au début des années 1980Modèle:Sfn. Cependant, d'après son ami Michel Longuet, Duvert était plutôt désemparé quand un enfant croise sa route. Michel Longuet raconte ainsi : Modèle:Citation bloc
Reconnaissance critique (1973-1979)
La publication en 1973 de son roman Paysage de fantaisie marque un tournant. Sorte de longue rêverie hallucinée autour d'un bordel de petits garçons, il est accueilli très favorablement par la critique de l'époque qui y voit, selon l'expression du psychanalyste Serge André, Modèle:Citation<ref>Serge André, « La signification de la pédophilie ».</ref>. Ainsi, pour Claude Mauriac, l'ouvrage révèle Modèle:Citation
Grâce à l'appui de Roland Barthes, entré peu avant au jury, Duvert reçoit début novembre le prix Médicis 1973, ce qui constitue une petite surpriseModèle:Sfn. Face aux journalistes qui découvrent son visage pour l'occasion, il apparaît nerveux et mutiqueModèle:Sfn, et son caractère difficile l'amène à se disputer le soir même avec ses soutiens, Barthes compris, lors du repas célébrant le prixModèle:Sfn : une violente querelle éclate entre Duvert et Barthes, au sujet de la pédophilie<ref>« Tombeau pour Tony Duvert », L'Express, 10 avril 2010.</ref>. Invité à l'émission littéraire Ouvrez les guillemets, il laisse son éditeur le représenterModèle:Sfn.
Jusque-là très peu connu au sein des milieux de la culture et des médias, Tony Duvert accorde à l'époque ses premières interviews à la presse écrite<ref name="nobs-19730205" />. Cette visibilité médiatique permet à son premier essai, Le Bon Sexe illustré, prolongation de son article de 1973 « La sexualité chez les crétins », d'être commenté dans la presse à sa parution en 1974. Dans cet ouvrage, il critique violemment les cours d'éducation sexuelle, matière préventive récemment introduite dans les écoles, et qui ne vise selon lui qu'à « châtrer » les possibilités érotiques des enfants afin de leur faire suivre le modèle hétérosexuel conjugal et reproducteur. Duvert affirme, dans Le Bon Sexe illustré : Modèle:Citation bloc
La réception est positive. Le Nouvel Observateur écrit ainsi Modèle:Citation Chacun des chapitres de l'essai est illustré d'une photo représentant un jeune garçon en érection, tirée de l'Encyclopédie de la vie sexuelle (volume destiné aux 10-13 ans) des éditions Hachette, que l'auteur décrit comme Modèle:Citation<ref>Tony Duvert, Le Bon Sexe illustré, éditions de Minuit, 1974, page 7.</ref>.
Début 1974, grâce à l'argent du prix, il quitte Paris qu'il apprécie peuModèle:Sfn et s'installe à Marrakech dans le quartier du GuélizModèle:Sfn. Dans ses premiers mois au Maroc, il couche avec de nombreux adolescents et enfants, et délaisse l'écritureModèle:Sfn. À la fin de l'année, il quitte son logement moderne pour un appartement dans la vieille ville, et se lance dans la rédaction de Journal d'un innocent, transposition espagnole de son expérience marocaine, au style plus classique que celui de ses précédents livresModèle:Sfn. Le livre est publié en 1976.
Pendant cette période, Duvert fait des allers et retour entre la France et le Maroc : ainsi il écrit dans Journal d'un innocent (Modèle:P.) : Modèle:Citation Il s'agit de JeanModèle:Sfn, qui inspira le Serge de Quand mourut Jonathan (1978). Duvert a ainsi probablement hébergé un été ou deux le jeune garçon, entre ses 8 et 10 ans, et eut une relation sexuelle avec lui.
Il rentre en France à la fin de l'année 1975, pensant continuer à vivre entre les deux pays, mais le manque d'argent le pousse à rester<ref>Lettres de Tony Duvert à Michel Guy et Jérôme Lindon, archivées à la BNF, cote : 4-COL-70(100).</ref>. Il s'installe à Tours, à proximité de son frère et de sa mère, fuyant Paris et les milieux littérairesModèle:Sfn.
À la fin de l'année, il se met à écrire Quand mourut Jonathan, transposition romancée de son histoire avec Jean. Durant la même période, il écrit des poèmes en prose, de courtes nouvelles recueillis aux Éditions Fata Morgana en 1978 dans deux ouvrages, District et Les Petits Métiers, des portraits de notre société, le premier sur un mode réaliste et impersonnel, le deuxième jouant sur l'ironie et l'absurde,
À Tours, si la solitude comme toujours constitue son ordinaire, il y fréquente néanmoins le bar Le petit faucheux, « lieu alternatif » à la fois bar, restaurant, salle de spectacle et librairie, où se croisent squatters, immigrés, artistes, pensionnaires de l'hôpital psychiatrique, condamnés en liberté conditionnelle et flics en civil… Il y rencontre notamment le metteur en scène José Manuel Cano Lopez, qui adaptera au théâtre ses Petits métiersModèle:Sfn.
L'estime critique ne permet cependant pas à Duvert d'atteindre le succès qu'il escomptait avec son prix Médicis ; il décide alors d'écrire un roman qui reprendrait ses thèmes de prédilection (observation critique des familles, et des enfants entre eux) tout en évacuant les thématiques pédophiles et en présentant une facture stylistique absolument classique<ref name="seb102">Modèle:Harvsp.</ref> afin de sensibiliser à ses idées un public qu'il espère le plus large possibleModèle:Sfn. Le roman décrit la société d'une sous-préfecture, ses familles de milieux populaires, petit-bourgeois, notables, et les aventures de leurs enfants : une bande de garçons de 7 à 14 ans qui volent pour le plaisir. Paru en Modèle:Date-, L'Île atlantique Modèle:CitationModèle:Sfn de Bertrand Poirot-Delpech, François Nourissier ou Madeleine Chapsal, et le livre se vend effectivement mieux que les précédents, étant réédité en poche à plusieurs reprises (Hachette, 1979 ; Seuil, 1988 ; Minuit, 2005).
En ces années 1979-1982, Duvert s'implique plus que jamais pour défendre ses idées : bien qu'éloigné de la « scène » parisienne, il se lie d'amitié avec le philosophe René Schérer, spécialiste de l'enfance et critique de la notion de majorité sexuelle. Dans la continuité de ses articles polémiques publiés par Libération et Gai Pied, il publie L'Enfant au masculin pour répondre aux premières publications anti-pédophiles, qui proviennent désormais non plus des conservateurs, mais des féministes et des homosexuels.
Le retrait du monde (1981-2008)
Malgré l'intérêt pour son travail, Duvert se renferme de plus en plus. Après L'Île Atlantique, il s'attaque au roman de genre avec Un anneau d'argent à l'oreille, inspiré par le roman policierModèle:Sfn mais toujours très critique envers la société adulte. Persuadé que son éditeur n'aime pas ce livre, Duvert est déçu de l'accueil fait par la presse. Le critique du Figaro Michel Nuridsany y voit pourtant « un tournant » dans l'œuvre de celui Modèle:Citation
Le repli de Duvert s'aggrave. Les rencontres avec ses amis ou les réponses à leurs lettres, même les plus proches comme Michel LonguetModèle:Sfn ou Jean-Pierre Tison<ref>Longuet (2009).</ref>, s'espacent de plus en plus. Il se lance dans un projet autobiographique, La Passion de ThomasModèle:Sfn, qui n'aboutit pas, bien que les éditions de Minuit en aient reçu quelques chapitresModèle:Sfn. En 1988, lorsque L'Île Atlantique est édité en poche au Seuil, François Nourissier regrette dans Le Monde la disparition littéraire de Duvert. En 1989, il sort pourtant un recueil d'aphorismes, Abécédaire malveillant. L'accueil critique est partagé : tandis que Jérôme Garcin, dans L'Événement du jeudi, y voit Modèle:Citation<ref>L'Événement du jeudi, 7-13 décembre 1989.</ref>, Patrick Grainville dans Le Figaro salue son retour : Modèle:Citation bloc
Tony Duvert ne publie plus rien ensuite.
L'écrivain Bernard Duvert, homonyme de Tony Duvert qui avait correspondu avec lui dans les années 80, a raconté à Gilles Sebhan que Duvert lui avait confié avoir tué un garçon de rencontre vers le début de 1990 et avoir ensuite enterré le corps de l'enfant. Il aurait ensuite vécu torturé par le remords et tenté par le suicide. Le retrait du monde de l'écrivain s'expliquerait alors par sa culpabilité. Cette histoire est cependant impossible à vérifier : Sebhan dit n'avoir trouvé aucun indice pour la corroborerModèle:Sfn.
En 1994, malgré l'extrême patience de son propriétaire, il ne peut plus payer le loyer de son appartement, après plusieurs années déjà passées sans chauffage ni téléphone. Il se retire alors auprès de sa mère à Thoré-la-RochetteModèle:Sfn. Leurs relations sont très tendues : dans ses lettres à son frère Alain, il brosse un portrait cauchemardesque de la vieille femme. Celle-ci meurt en 1996Modèle:Sfn.
Il vit désormais seul, ne sortant que le soir ou pour faire ses courses en taxi. Il n'a pas de contacts avec ses voisins et passe pour une sorte de fou qui lit à haute voix des textes qu'il détruit aussitôt<ref>Michel Longuet, L'écritoire 9, 2009.</ref>. Bien qu'oubliée du grand public, son œuvre influence cependant encore à la fin des années 1980 quelques auteurs des Éditions de Minuit, comme Eugène Savitzkaya, Hervé Guibert et Mathieu Lindon<ref>René de Ceccatty, « Eugène Savitzkaya de la nausée au plaisir », dans Le Monde, 7 avril 1989.</ref> ou, plus récemment, Gilles Sebhan.
En 2005, Gérard Mordillat adapte pour Arte L'Île Atlantique, sans que Duvert intervienne d'aucune façon dans le processus, sinon pour donner son aval à l'éditeur, car il a toujours besoin d'argentModèle:Sfn. À la suite de la diffusion du téléfilm en Modèle:Date-, Livres-Hebdo rappelle qu'on voyait en Duvert « un auteur essentiel », potentiellement « le plus grand écrivain de sa génération »<ref>Pierre Drachline et Josyane Savigneau cités par Garcia (2005), Modèle:P..</ref>. Dans la foulée, L'Île Atlantique est réédité en poche chez Minuit, mais Duvert ne réapparaît pas. En Modèle:Date-, Jean-Pierre Tison serait la dernière personne à avoir reçu des nouvelles de l'écrivain<ref name="seb64" />.
Le corps de Tony Duvert est retrouvé à son domicile le Modèle:Date-, plusieurs semaines après son décès<ref>Jean-Noël Pancrazi, « Tony Duvert », dans Le Monde, 24 août 2008, Modèle:P.</ref>. Sa mort remonterait au début de juillet<ref group="n.">Le courrier le plus ancien trouvé dans sa boîte aux lettres était daté du 4 juillet 2008. Modèle:Harvsp.</ref>. On retrouve dans la maison des images pédopornographiques<ref>Modèle:Article.</ref> et on parle de manuscrits inédits mais, selon son frère Alain, Tony Duvert, très démuni, n'a « laissé que des dettes » et pas le moindre écritModèle:Sfn. Peu après l'annonce de sa mort, les nécrologies sont dans leur majorité élogieuses<ref>Jean-Noël Pancrazi, « Tony Duvert », dans Le Monde, 24 août 2008, Modèle:P., « Mort d'un écrivain à Thoré-la-Rochette », blog de Pierre Assouline, 23 août 2008, mais aussi Éric Loret, « Le Corps délivré », dans Libération, 23 août 2008, ou Anne Simonin sur Mediapart.</ref>, formant selon René de Ceccatty « un curieux requiem consensuel<ref>René de Ceccatty, « Une effrayante liberté », dans Le Monde, Le Monde des Livres, 24 octobre 2008, Modèle:P..</ref> ».
Gilles Sebhan lui a consacré un ouvrage publié en 2010 chez Denoël et intitulé Tony Duvert : l'enfant silencieux. Déplorant l'oubli dans lequel est tombée la production de celui qu'il considère comme un grand écrivain, Sebhan déclare : Modèle:Citation bloc
En 2015, Sebhan publie un deuxième ouvrage Retour à Duvert, basé sur les nouveaux témoignages provoqués par la parution du premier livre.
Style
Le style de Duvert, au-delà de la diversité formelle de ses œuvres (de l'expérimental au classique), est caractérisé par la musicalité de son écriture : « pour ce qui est de la littérature je maîtrise mon instrument et j’en fais ce que je veux ; exactement comme un pianiste a le droit de jouer aussi bien du Scarlatti que du Boulez »<ref name="libe">« Non à l'enfant poupée », propos recueillis par Guy Hocquenghem et Marc Voline, Libération, 10 avril 1979</ref>. Il utilise cette même maîtrise du langage et des réactions qu'il provoque chez le lecteur dans ces essais polémiques pour proclamer ses thèses, et attaquer celles de ses adversaires.
Plusieurs de ses ouvrages s'ancrent dans la tradition sadienne d'association de la violence à la sexualité<ref>Gert Hemka, « From Sade to Fassbinder: Aesthetics of Cruelty and Male Love in Homosexual Artists », dans Raymond Corbey et Joep Leerssen, Alterity, identity, image: selves and others in society and scholarship, Amsterdam et New-York : Rodopi, 1991, Modèle:P..</ref>. Néanmoins, si Sade le fascine, c'est avant tout parce qu'il voit dans la démesure de la violence sadienne le révélateur du fonctionnement habituel de notre société, qu'il condamne : Le sadisme s’offre comme la démence de l’État sadien — le capitalisme —, sa dépense effrénée [...] Ainsi, on a tort de ne « retrouver » du sadisme que dans la guerre, la violence, le camp de concentration, la torture — qui sont seulement des crises de la structure sadienne permanente de notre société.<ref>La folie Tristan, ou l’indésirable, in Minuit n°4 (mai 1973)</ref>.
Il est par ailleurs vu à ses débuts comme un « disciple de Genet<ref>« Minuit à minuit », dans Le Nouvel Observateur no 418, Modèle:P., 11 novembre 1972</ref> ». René de Ceccatty le dépeint comme un « excellent portraitiste de la bêtise », dans la tradition flaubertienne<ref>René de Ceccatty, « Je t'aime, je te tue », dans Le Monde, 5 septembre 1997.</ref>. Ses premières fictions poétiques sont rapprochées des publications d'Alain Robbe-Grillet, tandis qu'il s'oriente ensuite vers un réalisme poétique faisant écho aux innovations d'Ian McEwan<ref>John Fletcher Alain Robbe-Grillet, Londres : Routledge, 1983, Modèle:P..</ref>.
Un apologiste de la pédophilie
Connu pour sa pédophilie revendiquée<ref>Philippe Ariño, Dictionnaire des codes homosexuels : partie I à W, Paris : L'Harmattan, 2008, Modèle:P..</ref>, Duvert dit défendre Modèle:Citation<ref>« Mort d'un écrivain à Thoré-la-Rochette », blog de Pierre Assouline, 23 août 2008.</ref>. Il a écrit en 1980 avoir eu des relations sexuelles Modèle:Citation, Modèle:Citation<ref>Tony Duvert, L'Enfant au masculin, éditions de Minuit, 1980, Modèle:P..</ref>. Deux essais en particulier illustrent ses convictions (Le Bon Sexe illustré, publié en 1974, et L'Enfant au masculin en 1980), lesquelles se trouvent également transposées dans plusieurs romans où les jeunes garçons occupent une place prépondérante, tels Quand mourut Jonathan ou Journal d'un innocent. Dans Quand mourut Jonathan, l'enfant est montré comme l'initiateur de sa relation sexuelle avec le protagoniste adulte, qu'il encourage à le sodomiser<ref>Tony Duvert, Quand mourut Jonathan, éditions de Minuit, 1974, pages 204-206.</ref>.
Le Bon Sexe illustré
Dans Le Bon Sexe illustré, Duvert affirme : Modèle:Citation bloc
Dans le même ouvrage, il tourne en dérision une image mettant en garde contre les pédophiles et dénonce la répression infligée à ces derniers, estimant que Modèle:Citation et que l'abuseur sadique ou assassin d'enfants est quelque chose de Modèle:Citation ; pour Tony Duvert, Modèle:Citation Selon lui, les viols d'enfants sont Modèle:Citation
Le caractère provocateur de l'ouvrage est remarqué par Le Nouvel Observateur qui écrit : Modèle:Citation
Les livres de Tony Duvert, cependant, « provoquent le scandale », reconnaissent en 1977 Pascal Bruckner et Alain Finkielkraut dans Le Nouveau Désordre amoureux (Éditions du Seuil, page 266), mais pour le déplorer et inviter leurs lecteurs à s'en inspirer<ref name=onfray/>.
L'Île Atlantique
En 1979, peu après la sortie de L'Île Atlantique, Duvert accorde à Libération une interview dans laquelle il affirme : Modèle:Citation bloc
Dans cette même interview, Tony Duvert s'en prend également aux femmes et à leur droit sur les enfants, qu'il qualifie de Modèle:Citation, souhaitant une Modèle:Citation : il préconise de retirer les enfants aux femmes, ou du moins d'Modèle:Citation
L'Enfant au masculin
En 1980, Tony Duvert publie l'essai L'Enfant au masculin, dans lequel il fait l'éloge de ses propres penchants sexuels, associant l'homosexualité, la pédérastie et la pédophilie ; il affirme notamment que les rapports sexuels d'un homme adulte avec un enfant relèvent de l'homosexualité du mineur et que la répression de la pédophilie fait partie intégrante de la persécution des homosexuels<ref>Tony Duvert, L'Enfant au masculin, éditions de Minuit, 1980, page 178.</ref>. Pour lui, Modèle:Citation […] Modèle:Citation Concernant ses goûts, il écrit : Modèle:Citation bloc
Selon lui, Modèle:Citation Dans le même ouvrage, il dénonce également le Modèle:Citation, l'Modèle:Citation soit le Modèle:Citation que représente selon lui l'hétérosexualité érigée en norme, et la bisexualité qu'il voit comme une nouvelle norme : Modèle:Citation bloc
Œuvres publiées
Romans
Tous publiés aux Éditions de Minuit.
- Récidive, Paris, 1967. Nouvelle version en 1976 Modèle:ISBN
- Interdit de séjour, Paris, 1969. Nouvelle version en 1971 Modèle:ISBN
- Portrait d'homme-couteau, Paris, 1969. Nouvelle version en 1978 Modèle:ISBN
- Le Voyageur, Paris, 1970 Modèle:ISBN
- Paysage de fantaisie, Paris, 1973. Prix Médicis 1973
- Journal d'un innocent, Paris, 1976 Modèle:ISBN
- Quand mourut Jonathan, Paris, 1978 Modèle:ISBN
- L'Île atlantique, Paris, 1979 Modèle:ISBN. Réédition poche 2005 Modèle:ISBN
- Un anneau d'argent à l'oreille, Paris, 1982 Modèle:ISBN
Essais et articles théoriques
- « La Parole et la Fiction : à propos du Libera », dans Critique no 252, Modèle:Date-. Réédition Éditions de Minuit, 1984 Modèle:ISBN. Modèle:Commentaire
- « La Lecture introuvable », dans Minuit no 1, Éditions de Minuit, Modèle:Date-
- « La Sexualité chez les crétins », dans Minuit no 3, Éditions de Minuit, Modèle:Date-, Modèle:P.
- « La Folie Tristan, ou l'Indésirable », dans Minuit no 4, Éditions de Minuit, Modèle:Date-, Modèle:P.
- Le Bon Sexe illustré, Éditions de Minuit, Paris, 1973 Modèle:ISBN
- « Alejandro - le corps du désir », préface au catalogue de l'exposition Ramon Alejandro, Galerie Arta, Genève, Modèle:Date-
- « L'Érotisme des autres », dans Minuit no 19, Éditions de Minuit, Modèle:Date-, Modèle:P.
- L'Enfant au masculin, Éditions de Minuit, Paris, 1980 Modèle:ISBN
- Abécédaire malveillant, Éditions de Minuit, Paris, 1989 Modèle:ISBN
Nouvelles et récits poétiques
- « District », dans Les Cahiers du Chemin no 3, nrf Gallimard, Modèle:Date-. Nouvelle version Fata Morgana, Montpellier, 1978.
- « Des courants d'air gelés », dans Preuves no 209-210, août-Modèle:Date-
- « Ballade des petits métiers », dans Minuit no 24, Éditions de Minuit, Modèle:Date-. Nouvelle version : Les Petits Métiers, Fata Morgana, Montpellier, 1978.
- «Hastaire - La mémoire immédiate », Édition : Cachan, France, impr. Polycolor 6 p. ; 29 ill. en noir hors texte
- « Le Garçon à la tête dure : inspiré des Mille et une Nuits », dans Minuit no 30, Éditions de Minuit, Modèle:Date-
- « L'avare », dans Playboy (édition française) no 72, novembre 1979
- « Sam le héros », conte, dans Libération Sandwich no 4, Modèle:Date-
- « ABC par Tony Duvert», dans Libération no 2015, Modèle:Date-. Collage de textes
Presse
- La fessée, l'amour, le droit in Gai Pied Modèle:N° (Modèle:Date-)
- Non à l'enfant poupée in Libération Modèle:N° (Modèle:Date-), interview par Marc Voline et Guy Hocquenghem.
- Idée sur Narcisse in Masques Modèle:N° (hiver 1979-1980)
- Hastaire : Scènes d’intérieur in Cimaises Modèle:N° (janvier-Modèle:Date-).
- Grilles de mots-croisés, dans les Modèle:N° à 20 de Gai Pied (février à Modèle:Date-).
- Lorsque l’enfant paraît in Libération Modèle:N° et 1902 (28-30/3/1980)
- La casserole au bout de la queue in Gai Pied Modèle:N° (Modèle:Date-)
- Les mules du pape in Gai Pied Modèle:N° (Modèle:Date-)
- Le carnaval sans masques in Gai Pied Modèle:N° (Modèle:Date-)
- Les mauvaises têtes in Gai Pied Modèle:N° (Modèle:Date-)
- L’amour en visite in Gai Pied Modèle:N° (Modèle:Date-) à 37 (Modèle:Date-)
- Bataille contre Genet in Masques Modèle:N° (hiver 1981-1982).
- Les voleurs de vent in Gai Pied Modèle:N° (Modèle:Date-)
- L’inceste ou la prison in Gai Pied Modèle:N° (Modèle:Date-)
Adaptations
- L'Île Atlantique, téléfilm réalisé en 2005 par Gérard Mordillat, adapté du roman éponyme de Tony Duvert.
- Duvert. Portrait de Tony. , pièce de théâtre mise en scène en 2020 par Simon-Elie Galibert, adaptée des romans Récidive et Quand mourut Jonathan de Tony Duvert au Théâtre national de Strasbourg dans le cadre de l’autre saison.
Notes et références
Notes
Références
Voir également
Bibliographie
Ouvrages
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Pasqualina Cirillo, « Tony Duvert : Journal d'un innocent (Quando la pedofilia entra in letteratura) », thèse soutenue à l'université de Naples « L'Orientale », 1995-1996, 152 p.
- Modèle:Ouvrage
- Modèle:Ouvrage
- Liza Steiner, Sade aujourd'hui. Anatomie de la pornocratie, préface de Jean-Christophe Abramovici, Paris, Classiques Garnier, 2019 : étude comparative entre l'oeuvre du Marquis de Sade et un corpus intégrant Tony Duvert.
Articles
- Serge André, « La signification de la pédophilie », conférence prononcée à Lausanne le Modèle:Date-
- Pierre Assouline, « Mort d'un écrivain à Thoré-la-Rochette », blog La république des livres, Modèle:Date-
- Alain Defossé, « Quand mourut Tony », Libération, Modèle:Date-
- Daniel Garcia, « Duvert le scandaleux », dans Livres-Hebdo no 625, Modèle:Date-, Modèle:P.
- Florent Georgesco, « La boîte aux lettres de Tony Duvert », blog des Éditions Léo Scheer, Modèle:Date-
- Marie Jardin, « Hors [syn]thèse, ou l'enfance queer », L'Unebévue Modèle:N°, Inéchangeable et chaosmose II, Modèle:Date-
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Brian Kennelly, « Rewriting, Rereading Récidive » Dalhousie French Studies no 67, 2004, Modèle:P.
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Article connexe
Liens externes
Interviews
- « L'érotisme n'est pas un violon d'Ingres », entretien, dans L'Express no 1124, 22-Modèle:Date-, Modèle:P.
- « Tony Duvert - Non à l'enfant poupée », propos recueillis par Guy Hocquenghem et Marc Voline, dans Libération, 10 et Modèle:Date-