Claude de Forbin

{{#ifeq:||Un article de Ziki, l'encyclopédie libre.|Une page de Ziki, l'encyclopédie libre.}}

Modèle:Voir homonymes Modèle:Voir famille Modèle:Infobox Personnalité militaire

Claude de Forbin, chevalier puis comte de Gardanne, né le Modèle:Date à Gardanne, mort à Marseille le Modèle:Date, est un officier de marine et mémorialiste français du Grand Siècle.

Né dans une famille de la noblesse provençale, il perd son père étant encore jeune et sert dans les galères. Sous les ordres de son oncle le commandeur de Gardanne, il prend part à la campagne de Sicile à la fin de la guerre de Hollande. La paix revenue, il intègre la Marine royale, mais il se bat en duel, tue son adversaire et doit partir se cacher pour échapper à la condamnation à mort qui frappait alors les duellistes. Gracié par la faveur de son oncle, le cardinal de Janson, il participe aux campagnes contre les pirates barbaresques menées en Méditerranée par le comte d'Estrées et Duquesne. En 1685, il sert dans la flotte chargée d'emmener un ambassadeur et plusieurs jésuites auprès de Narai, le roi de Siam. Sur place pendant trois ans, il est nommé amiral et général du roi de Siam, avant de regagner Pondichéry puis la France.

En 1689, il est placé sous les ordres de Jean Bart à Dunkerque avec qui il s'adonne à la guerre de course. Promu capitaine de vaisseau, il est chargé Modèle:Incise d'escorter des navires marchands lorsque les deux hommes sont attaqués par une flotte anglaise plus puissante et faits prisonniers. Envoyés à Plymouth, ils parviennent malgré leurs blessures à s'échapper et à regagner la France à la rame. Pendant la guerre de la Ligue d'Augsbourg de Forbin sert sous les ordres de Tourville au cap Béveziers (en 1690), à la défaite de la Hougue (en 1692) et lors de la prise du convoi de Smyrne au large de Lagos (en 1693). Dans les années qui suivent, il capture encore plusieurs navires avant d'être fait chevalier de Saint-Louis en 1699. Il reprend du service pendant la guerre de Succession d'Espagne, en Méditerranée, en mer du Nord et dans la Baltique. Il est alors élevé au grade de chef d'escadre. Entretenant de mauvaises relations avec le Secrétaire d'État à la Marine Pontchartrain il demande à quitter le service en 1710 et se retire sur ses terres au château de Saint-Marcel, à Marseille, où il meurt le Modèle:Date.

Biographie

Origines et jeunesse

Claude, comte de Forbin, chef d'escadre, chevalier de l'ordre Royal et Militaire de St Louis, né en 1656 ; mort en 1733 Année de publication : 1700.
Claude, comte de Forbin, chef d'escadre, chevalier de l'ordre Royal et Militaire de St Louis, né en 1656 ; mort en 1733, 1700<ref>Les frères de La Coste, Flibustiers et CorsairesModèle:P..</ref>.

Claude de Forbin naît le Modèle:Date dans une ancienne famille de la noblesse provençale. Il est le cinquième fils de Pierre de Forbin, seigneur de Gardanne (mort en 1663) et de sa femme Anne de Mérignon (morte en 1679), fille d'Antoine de Mérignon, premier consul de Grasse.

Ayant perdu son père à l'âge de sept ans, il révèle dans son enfance un caractère difficile<ref group="Note">« L'absence de tout respect pour ses parents, une ténacité souvent brutale, une vanité sans bornes, une improbité qui allait jusqu'au larcin, une violente passion du jeu, des goûts de spadassin que signalèrent tout d'abord des querelles à coups de poing, puis des duels incessants, voilà ce qu'on trouve dans le tableau que Forbin lui-même a tracé de ses premières années dans ses Mémoires. » Modèle:Harv.</ref>. Il est destiné par sa mère au service de l'Église. Son oncle, commandeur de Gardanne et capitaine de galère, la convainc de le laisser s'engager dans la marine, sous le comte d'Estrées en Amérique.

Forbin sert d'abord sur les galères où il est garde de l'étendard. Il fait partie, en cette qualité, de l'escadre de Valbelle, qui allait participer, avec une intrépidité devenue légendaire, à la campagne de Messine en 1675. Les gardes de l'étendard ayant été réformés, il prend du service dans l’armée de terre et entre dans une compagnie de mousquetaires, commandée par un autre de ses oncles, le bailli de Forbin. Il fait ainsi la campagne de Flandre en 1676, pendant la guerre de Hollande. L'année suivante il rentre dans la marine royale et est nommé enseigne de vaisseau au département de Brest.

Carrière dans la marine royale

Duel et condamnation à mort

En 1678, la France est en paix. Mais le bouillant Forbin s'accommode mal de la discipline. Ayant voulu faire un tour en Provence avant de se rendre à sa destination<ref>Il rend visite à l'Abbé du Luc, son parent et futur archevêque d'Aix-en-Provence, qui lui vient matériellement en aide.</ref> il se bat en duel et tue le chevalier de Gourdon et est lui-même blessé. La cause même du duel reste obscure. Dans ses Mémoires, Forbin raconte un événement ayant eu lieu alors que tous deux se trouvaient à l'Académie militaire, en compagnie du chevalier de Saint-Pol :

Modèle:Citation bloc

Ennuyé de ne pas être payé, Forbin se saisit de l'épée en argent que le chevalier de Gourdon avait posée à ses côtés et lui dit qu'il la lui rendrait quand ce dernier l'aurait remboursé. Deux ans plus tard, se souvenant de cet affront et ayant l'intention de se venger, le chevalier de Gourdon provoque Forbin en duel.

Modèle:Citation bloc

Mais, à son arrivée à Brest, il apprend qu'il est activement poursuivi pour ce fait et, afin d'échapper à l'édit du roi qui condamnait sévèrement les duellistes, il ne trouve, dit-il dans ses Mémoires, d'autre moyen que de se faire condamner par le parlement d'Aix comme meurtrier. Condamné à avoir la tête tranchée, il court à Aix-en-Provence avec des lettres de grâce obtenues par l'intervention du cardinal de Janson, un autre oncle, et l'affaire se termine après quelques heures de prison. Néanmoins il a perdu son emploi et doit user d'un subterfuge pour le retrouver, avec la complicité de sa famille. En effet, un de ses frères était enseigne de marine et voulait quitter le service pour des raisons de santé. Aussi, il prend sa place à la faveur de leur âge proche et de la ressemblance entre eux deux, sans attirer l'attention.

Campagnes aux Amériques et en Méditerranée (1680-1685)

Forbin est alors employé à entraîner les troupes de marine, il le fait si bien qu'il obtient des témoignages publics de satisfaction de ses chefs. En 1680, il suit le vice-amiral d'Estrées dans une campagne pacifique aux Antilles. La flotte mouille au Petit-Goave sur l'île Saint-Domingue, où l'on trouve une troupe de flibustiers, et à leur tête le chevalier de Grammont, qui revenaient de piller Maracaïbo et plusieurs autres villes de la Nouvelle-Espagne<ref name="Guérin377">Modèle:Harvsp.</ref>.

Il prend part aux expéditions et bombardements d'Alger en 1682 et 1683, sous les ordres du grand Duquesne, et y montre « beaucoup de hardiesse et de sang-froid »<ref name="Guérin377"/>. Au retour de la seconde de ces expéditions, il est récompensé par le grade de lieutenant de vaisseau, et sert en cette qualité sur un bâtiment commandé par le marquis de Villette-Mursay, chargé de conduire une ambassade extraordinaire en Portugal.

Expédition au royaume de Siam (1685-1688)

Fichier:Lopburi King Narai plate.jpg
Narai recevant des ambassadeurs français (plaque commémorative à Lopburi).

Constance Phaulcon, Grec devenu ministre principal du roi de Siam Narai, eut l'idée d'envoyer des ambassadeurs à Louis XIV de la part de son maître, dans le but de solliciter son alliance comme garantie contre l'ambition des Hollandais, désireux alors de soumettre toutes les Indes orientales à leur commerce. Louis XIV décide, à son tour, de se faire représenter extraordinairement auprès du roi de Siam, dans le but de prendre possession des ports et des établissements qui lui sont offerts en échange de son aide mais également pour répandre la religion chrétienne dans ces pays<ref name="Guérin378">Modèle:Harvsp.</ref>.

Forbin obtient d'être nommé major de l'ambassade dont le chevalier de Chaumont, capitaine de vaisseau, est le chef<ref name="Guérin378"/>. Il est chargé de l'armement à Brest du vaisseau L'Oiseau et de la frégate La Maligne, qui doivent transporter l'ambassadeur et sa suite, composée de six pères jésuites, embarqués comme mathématiciens, de quatre missionnaires, de l'abbé de Choisy, et de plusieurs gentilshommes. Partis de France le Modèle:Date, les navires parviennent le 23 septembre à la Barre de Siam, un grand banc de vase formé par le dégorgement du Ménam, à l'embouchure de ce fleuve sur lequel est située Voudra, l'ancienne capitale du royaume de Siam<ref name="Guérin378"/>.

Forbin est déçu par ce qu'il y voit<ref group="Note">« Forbin ne fut que fort peu enchanté de ce royaume dont on lui avait conté tant de merveilles, et qui ne lui présentait, à son entrée, que de petites maisons de cannes couvertes de feuilles de palmes, des individus assis à terre, n'ayant sur tout le corps qu'un morceau de toile, et ruminant comme des bœufs » Modèle:Harv.</ref>. Au bout de six jours, deux envoyés du roi de Siam, avec Louis Laneau, l'évêque de Métellopolis et l'abbé de Lionne montent à bord de L'Oiseau ; et, après quinze jours de préparatifs, l'ambassade française fait son entrée solennelle dans Voudra, ancienne capitale du royaume de Siam, où le palais du monarque contraste par sa splendeur avec le reste de la ville.

Modèle:Citation bloc

Fichier:Forbin in Siamese uniform.jpg
Claude de Forbin en uniforme siamois, avec notamment un lomphok sur sa tête.

Le roi de Siam remarque Forbin qui, en qualité de major, participe à de nombreux pourparlers, et souhaite qu'il reste auprès de lui en plus de l'ambassadeur. Quelques jours plus tard, Forbin est nommé amiral et général des armées du roi de Siam et reçoit le sabre et la veste, marques de sa nouvelle dignité<ref name="Guerin379"/>. Peu après, le chevalier de Chaumont retourne en France, accompagné du jésuite Taschard qui, ayant convaincu le père Lachaise, confesseur de Louis XIV, réussit à obtenir l'armement de six vaisseaux à Brest, destinés à conduire une nouvelle ambassade au royaume de Siam. Pendant ce temps, Forbin, qui n'apprécie toujours pas l'endroit, doit rester sur place<ref group="Note">« Malgré tout l'amour du faste et de la parade qui était dans son caractère méridional, (il) ne prenait que fort peu de goût aux éminentes dignités siamoises dont on l'avait honoré, et les chasses royales à l'éléphant, pour si curieuses qu'elles fussent, ne l'avaient pas même distrait du souvenir de Versailles et de la France. » Modèle:Harv.</ref> Il se rend à Bangkok, sur le Ménam, au-dessous de Voudra, pour surveiller la construction d'un fort qui doit être offert aux soldats français accompagnant la nouvelle ambassade. Peu après, le roi de Siam élève Forbin à la dignité d'Opra sac di son craam, ce qui signifie « une divinité qui a toutes les lumières et toute l'expérience pour la guerre »<ref name="Guerin379"/>. Par les soins de ce lieutenant de vaisseau transformé en généralissime, les troupes siamoises sont assez convenablement entraînées à la discipline militaire européenne. Forbin fait quelques expéditions contre les Macassars, pirates de la mer des Indes ; trois cents d'entre eux, ayant bénéficié de l'hospitalité du roi de Siam alors qu'ils tentaient d'échapper aux Hollandais, sèment en effet le trouble dans le royaume.

Fatigué par le genre de vie qu'il mène et de ses démêlés avec le ministre Constance Phaulcon, Forbin n'attend pas l'arrivée de la nouvelle ambassade française, pour quitter le royaume de Siam. Prétextant de sa santé, il obtient son congé et s'embarque sur un bâtiment de la Compagnie des Indes venu de Pondichéry et devant y retourner. Dans ses Mémoires, il écrit : « Je m'estimais si heureux de quitter ce mauvais pays que j'oubliai dans le moment tout ce que j'avais eu à y souffrir ». Il arrive dans l'établissement français où il est parfaitement accueilli par le représentant de la compagnie française, nommé François Martin<ref group="Note">« M. Martin, pour lors directeur de ce comptoir, m'accueillit le plus gracieusement du monde et ne cessa de me combler de politesses pendant tout le temps que je demeurai dans le pays » Modèle:Harv.</ref>. À Pondichéry, il étudie les mœurs, les coutumes et la religion des Hindous, ainsi que la nature même du pays.

Un vaisseau du roi, commandé par le capitaine Duquesne-Guitton, neveu du grand Duquesne, le ramène en France à la fin Modèle:Date, environ trois ans et demi après son départ avec le chevalier de Chaumont. Forbin, reçu par le Secrétaire d'État à la marine Seignelay et Louis XIV lui-même, pour rendre compte de ce qu'il avait vu, parle du royaume de Siam d'une manière peu favorable. Il contredit ainsi les rapports des missionnaires qui avaient dressé un tableau par trop idyllique de ce pays. Finalement, la France tira peu de profit de cette expédition.

Retour en France et promotion

De retour en France, Forbin ne mâche pas ses mots devant Louis XIV : « Sire, le royaume de Siam ne produit rien, et ne consomme rien<ref>Modèle:Harvsp.</ref> », et quant aux chances de convertir le roi Naraï au catholicisme, « Sire, ce prince n'y a jamais pensé, et aucun mortel ne serait assez hardi pour lui en faire la proposition<ref>Modèle:Harvsp.</ref> », propos qu'il réitère devant le père Lachaise et devant le marquis de Seignelay, ministre de la Marine.

Lorsqu'il rentre la Paix de Nimègue a été rompue et la France est de nouveau en guerre. Forbin, redevenu lieutenant de vaisseau, se voit confier le commandement d'une frégate de seize canons, avec ordre de croiser dans la Manche, et s'empare rapidement de quatre navires marchands qu'il conduit à Dunkerque<ref name="Guerin380">Modèle:Harvsp.</ref>. Quelques jours après il part, en compagnie de Jean Bart, pour escorter des convois, et fait avec l'illustre corsaire la campagne qui les conduit en prison à Plymouth, dont ils s'évadent bientôt. De retour en France, il s'empresse d'aller à la Cour de Versailles, ce que Jean Bart<ref group="Note">Forbin se vante dans ses Mémoires que ce fut à son insistance pour que son compagnon de gloire et d'infortune fût compris dans les mêmes faveurs, que Jean Bart dut aussi le grade de capitaine. Mais Forbin est un homme qui aime tant à faire croire à son importance et à trancher du protecteur, que l'on est fondé à mettre en doute ce qu'il écrit à cet égard, comme en général tout ce qu'il a dit à propos de Jean Bart.</ref> — plus modeste et moins ami des grandeurs — se refuse à faire, pour demander la justice qui lui est due. Seignelay le fait capitaine de vaisseau et lui octroie une gratification de Modèle:Unité.

La guerre de course et la captivité en Angleterre (1689)

Fichier:Jean Bart mg 9487.jpg
Jean Bart, avec qui Forbin est emmené prisonnier à Plymouth en 1689.
Fichier:Jean Bart et Forbin s echappant d Angleterre en 1689.jpg
Jean Bart et Forbin s'échappant d'Angleterre en 1689.

Forbin, après avoir servi quelques mois comme capitaine en second sous les ordres de son frère, arme pour la course la flûte La Marseillaise. Il part de Brest, et au bout de deux jours attaque un bâtiment anglais. Un coup de fusil qu'il reçoit au visage l'empêche de poursuivre mais il prendra, le lendemain, un autre bâtiment anglais. Assailli par une tempête qui le jette dans le canal de Bristol, il ne doit son salut et celui de son bâtiment qu'à ses qualités manœuvrières. En revenant à Brest, il prend un navire flessinguois qu'il ramène au port.

En 1689, Jean Bart quitte Dunkerque en compagnie de Claude de Forbin pour escorter des convois, le premier avec une petite frégate La Raillause de vingt-quatre canons, le second avec une plus petite encore baptisée Les Jeux. Au cours d'un premier combat, ils se rendent maîtres Modèle:— après un sanglant abordage — d'un corsaire hollandais venu en reconnaissance, et le conduisent à Brest avec les bâtiments qu'il escortait. Mais une seconde affaire, quoique non moins brillante, ne leur réussit pas aussi bien. Ils convoyaient vingt bâtiments, quand, au large de l'île de Wight, ils sont pris en chasse par deux vaisseaux anglais, dont le Nonsuch de cinquante canons chacun. Refusant la capture des navires marchands qu'ils escortaient, les deux officiers décident d'engager le combat, mais ne pouvant lutter contre la supériorité des forces anglaises, ils sont battus, faits prisonniers et envoyés à Plymouth<ref group="Note">Modèle:Harvsp, avec le lyrisme caractéristique des biographes du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle fait un récit de ce combat : Modèle:Citation bloc.</ref>.

Le marquis de Dangeau consigne une trace de cet événement dans son journal : Modèle:Citation bloc

Seignelay entreprend alors de les faire libérer au cours du prochain transfert de prisonniers avec l'Angleterre<ref name="Joriaud71"/>. Mais très rapidement, ils parviennent néanmoins à s'échapper et c'est sur une chaloupe, avec un chirurgien et deux mousses, qu'ils accomplissent une rocambolesque évasion et traversent la Manche, regagnant Erquy après trois jours de rame<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Modèle:Citation bloc

Claude Carrère (1934) résume l'issue heureuse de cette évasion : Modèle:Citation bloc

Guerre de la Ligue d'Augsbourg et escortes en Méditerranée

Fichier:Battle of Beachy Head 10, July 1690.jpg
Bataille du cap Bévésiers.
Gravure de Théodore Gudin.

Modèle:Article détaillé L'année suivante, 1690, au commandement du Fidèle, il sert sous les ordres de Tourville<ref name="Guérin381">Modèle:Harvsp.</ref>. Il est à la bataille du cap Béveziers. Il poursuit un vice-amiral hollandais sur un vaisseau à trois ponts, qu'il est même sur le point de brûler. Peu après, il fait partie de l'escadre détachée pour aller croiser dans le Nord sous les ordres du brave Ferdinand de Relingue, et revint ensuite désarmer à Dunkerque. En 1691, il est placé sous les ordres de Jean Bart, bien qu'étant du même grade, et fait avec lui la célèbre campagne qui commence par la sortie de Dunkerque à travers la flotte ennemie, atteignant au cœur le commerce de l'Angleterre et de la Hollande. La flotte française mène une descente sur les côtes d'Écosse au cours de laquelle Forbin se signale particulièrement. À la suite de ce coup de main, Forbin, qui se trouve un moment séparé du reste de l'escadre, incendie quatre bâtiments anglais, puis se rend dans un port de Norvège, désigné comme lieu de rendez-vous pour la flotte française où il retrouve Jean Bart. Après quoi, les deux marins reviennent ensemble à Dunkerque à la fin de l'année 1691<ref name="Guérin381"/>.

Fichier:Paton, Battle of Barfleur.jpg
Bataille de Barfleur par Richard Paton.

C'est à cette époque que Forbin se vante d'avoir introduit Jean Bart à la Cour<ref group="Note">Léon Guérin écrit : « insolence gratuite qui témoigne seulement de la jalousie de son auteur et du dépit qu'il éprouvait de l'avoir eu dernièrement pour chef et de ne le point égaler en réputation. ».</ref>. Forbin se retrouve, en 1692, sous les ordres de Tourville, lors du désastre de la Hougue au cours duquel il est grièvement blessé<ref name="Guérin381"/>. Son vaisseau La Perle, est criblé de coups de canons, et abordé par un brûlot dont il se défait à grand-peine. Toutefois, contrairement à bien d'autres officiers français il parvient à rallier Saint-Malo. Rétabli, il reçoit l'ordre d'aller croiser en Manche avec deux autres capitaines. Il attaque, en leur compagnie, une flotte marchande hollandaise, escortée par deux vaisseaux de guerre, aborde le plus imposant et le prend, tandis que ses deux compagnons se rendent maîtres de l'autre. Il prend encore trois des bâtiments marchands avant la fin de l'année 1692.

Fichier:Lagos 1693.jpg
Bataille de Lagos.
Huile sur toile de Théodore Gudin.

En 1693, il est au combat de Lagos, au cours duquel Tourville disperse et capture un convoi en provenance de Smyrne et son escorte. Forbin, toujours sur La Perle, incendie trois des bâtiments marchands, et en prend un quatrième. Mais, la blessure qu'il avait reçue au genou à La Hougue le force au repos. Le commandement de la marine à Bayonne lui est confié et il est chargé de s'opposer aux descentes perpétrées par l'ennemi du côté de Saint-Jean-de-Luz. En 1695, il commande le vaisseau Le Marquis, et est adjoint au capitaine Pallas pour donner la chasse aux Flessinguois et les empêcher de troubler le commerce de la France<ref name="Guérin382">Modèle:Harvsp.</ref>. Préalablement, les deux capitaines avaient reçu l'ordre de convoyer une flotte marchande en Méditerranée. Après avoir mouillé à Malte, ils attaquent, à la hauteur de l'île Cérigo, un vaisseau hollandais alors que six autres bâtiments ennemis se rapprochaient à son secours. Forbin risque néanmoins un abordage et le capture. Le vaisseau hollandais, de 68 canons et 260 hommes d'équipage, avait une cargaison d'une valeur de Modèle:Unité. Les deux capitaines français reviennent ensuite à Malte où les attendent vingt navires marchands qu'ils doivent escorter. Sur le chemin du retour ils capturent deux navires corsaires de Flessingue<ref name="Guérin382"/>.

Revenu à Toulon, Forbin reçoit l'ordre d'armer deux vaisseaux en Méditerranée, pour protéger les navires de commerce, et donner la chasse aux corsaires ennemis. Il se rend devant Alger, pour forcer les Barbaresques à observer la paix. À hauteur de Majorque, il s'empare d'un bâtiment anglais qu'il envoie à Toulon. Après quelques pourparlers avec les Algériens, il met les voiles en direction de Céphalonie, d'où il revient bientôt pour aller croiser devant le phare de Messine. Alors qu'il était sur les côtes de Calabre, il force deux corsaires majorquins à s'échouer ; il fait sauter en outre un petit bâtiment napolitain armé en course.

Il convoie avec tant de succès une flotte marchande jusqu'à Marseille, que la chambre de commerce de cette ville lui offre Modèle:Unité<ref name="Guérin382"/>. En 1697, il suit le vice-amiral d'Estrées dans son expédition sur les côtes de Catalogne et il est au siège de Barcelone. En 1699, il est fait chevalier de Saint-Louis<ref name="Guérin383">Modèle:Harvsp.</ref>. L'année suivante, il fait partie d'une escadre chargée de protéger les navires de commerce français contre les corsaires barbaresques.

Guerre de Succession d'Espagne (1701-1714)

Modèle:Article détaillé Quand la guerre est déclarée, Forbin est envoyé avec deux frégates, de seize et huit canons, intercepter les renforts envoyés d'Allemagne, à l'armée du prince Eugène en Italie. Ayant remarqué que la République de Venise manquait à ses obligations de neutralité, il profite du renfort deux petites frégates, de dix et huit canons, pour fouiller tous les bâtiments entrant dans la Cité des Doges. Il arrête quatre-vingts navires vénitiens qui se rendaient à Trieste, et les aurait brûlés s'il n'avait pas reçu un ordre contraire de l'ambassadeur de France. Forbin part alors bloquer le port de Trieste, pour empêcher un convoi d'en partir ; mais un nouvel avis de l'ambassadeur français l'oblige à quitter sa position, et des renforts parvinrent de Trieste à l'armée impériale, bien que la République de Venise se soit engagée à les arrêter elle-même. L'ambassadeur, sentant qu'il avait été abusé, ordonne aussitôt à Forbin de rentrer dans le golfe, et d'y faire tout le mal qu'il pourrait aux Vénitiens, et d'y brûler un vaisseau anglais de cinquante canons. Forbin s'exécute<ref name="Guérin383"/>.

Après cette mission, il retourne devant Trieste, et réduit une partie de la ville en cendres. Il préparait le même sort à Tunis, quand le gouverneur de la ville lui offrit Modèle:Unité ; mais le lendemain, avant qu'il n'ait reçu la somme promise, des secours puissants arrivent et forcent l'escadre française à partir. Rentré à Toulon, cette croisière victorieuse lui aurait valu un grade d'officier-général si sa conduite privée et son caractère difficile n'avaient pas nui à son avancement<ref name="Guerin380"/>. Il reçoit seulement Modèle:Unité de gratification et beaucoup de compliments.

Fichier:Marine Ozane PU5206.jpg
Attaque d'une Escadre Angloise dans la Manche. 1707, gravure par Nicolas Ozanne.

De 1703 à 1705, Forbin protège avec succès les flottes de navire de commerce français en Méditerranée. Fin 1705, il reçoit le commandement d'une escadre de Dunkerque, composée de huit vaisseaux<ref name="Guérin384">Modèle:Harvsp.</ref>. Il prend la mer au printemps 1706, et deux jours après, à la hauteur d'Ostende, il tombe sur une flotte anglaise de quarante bâtiments marchands escortés vaisseau de guerre et de deux frégates. Il met l'escorte en fuite et capture dix des navires les plus richement chargés qu'il envoie à Dunkerque. Ayant appris qu'une flotte de commerce anglaise allait partir pour la Russie, il croise au large des côte anglaises, contraignant la flotte à rester au port. La même année, il brûle cinquante navires de pêche, gagne les côtes de Norvège pour y épier le passage des flottilles hollandaises, évite une escadre de quinze vaisseaux ennemis qui étaient à sa recherche, fait le tour de l'Écosse et de l'Irlande, capture un navire hollandais avec une cargaison estimée à Modèle:Unité et fait encore deux autres prises avant de rentrer victorieusement à Brest<ref name="Guérin384"/>.

En 1707, il combat une flotte marchande anglaise escortée par trois vaisseaux de guerre, il aborde le vaisseau commandant de l'escorte et s'en rend maître, ainsi que de vingt-deux des navires marchands<ref name="Guérin384"/>. À son retour il est élevé au grade de chef d'escadre - dont il remplissait déjà les fonctions-, et est fait comte. Il reprend la mer et fait route pour la mer Blanche. Dès les premiers jours, il incendie huit bâtiments ennemis. Il rencontre au large de l'île Kildine, près des côtes de la Laponie russe, une vingtaine de navires anglais qui allaient en Moscovie (Russie), les prit tous, mais, ralenti il brûle quinze navires, et n'en conserve que cinq. Peu après, à l'île Wardéhuns, près des côtes de la Laponie norvégienne, il capture vingt-cinq navires hollandais qui avaient été abandonnés par leur escorte<ref name="Guérin384"/>. Le butin pris est immense et tous les équipages français s'enrichissent. Forbin revint de cette brillante campagne après avoir fait plusieurs autres captures encore, et pour déjouer les plans des ennemis qui l'attendaient, il se rend à Brest au lieu de se rendre à Dunkerque où il était attendu. La même année, il joint son escadre à celle de Duguay-Trouin, qui sert sous ses ordres dans cette occasion. C'est alors qu'ils firent ensemble une campagne au large du cap Lizard, restée célèbre<ref name="Guérin385">Modèle:Harvsp.</ref>.

Fichier:BatailleCaplizard.jpg
Bataille du cap Lizard.
Huile sur toile par Théodore Gudin.

En 1708, il est chargé de conduire en Écosse le chevalier de Saint-Georges, fils de Jacques II, avec un corps de troupes, sous les ordres du comte de Gacé, futur maréchal de Matignon<ref name="Guérin385"/>. Pendant la traversée, Forbin évite les flottes anglaises et hollandaises ; mais lorsqu'il arrive au golfe d'Édimbourg et qu'il fait les signaux convenus, il est surpris de voir que les Écossais n'y répondaient pas. Jugeant que le coup était manqué, il remet les voiles et fait prudemment route vers le nord. L'armée ennemie le poursuit mais il parvient lui échapper et à reprendre pendant la nuit la route des côtes de France, il arrive heureusement à Dunkerque<ref name="Guérin385"/>.

En 1710, mécontent qu'on ne l'élève pas au rang de lieutenant général des armées navales, n'ayant rien à espérer du secrétaire d'État de la Marine Pontchartrain avec qui ses relations étaient mauvaises<ref group="Note">« D'ailleurs, toujours en hostilité ouverte avec les ministres, cassant, opiniâtre et vain au dernier point de sa naissance, dont il pensait les écraser, il fallut toute la patiente douceur, l'imperturbable égalité d'ame, ou plutôt l'indifférence méprisante de M. de Pontchartrain aux folies de Forbin, pour qu'il ne le perdît pas cent fois et sans retour. » Modèle:Harv.</ref>, il allègue ses longues fatigues pour demander un congé absolu. Il l'obtint, et se retire<ref group="Note">« Là, rendu à lui-même, il dépouilla le vieil homme, donnant l'exemple de la conduite la plus religieuse, rigide pour lui-même, indulgent pour les autres ; il ne parut plus avoir souci des richesses qu'il avait amassées que pour les distribuer aux pauvres. » Modèle:Harv.</ref>, après quarante ans de service, au château de Saint-Marcel, à Marseille, où il meurt le Modèle:Date, à l'âge de 77 ans.

Il s'occupe aussi de rassembler ses Mémoires, et d'en confier la rédaction à Simon Reboulet. Ses Mémoires sont publiés à Amsterdam en 1730. Le Voyage du comte de Forbin à Siam en est extrait.

Modèle:Citation bloc

Jugement de ses contemporains et de ses biographes

Fichier:Claude de Forbin (1656-1733).jpg
Claude de Forbin (1656-1733), gravure de 1789 tirée de Portraits des grands hommes, femmes illustres, et sujets mémorables de France.

Dans son Journal de voyage au Siam, l'abbé de Choisy — qui a accompagné Forbin à Siam — décrit Forbin : Modèle:Citation bloc

On a dit de lui qu'il avait « la tête d'un général et la main d'un soldat<ref name="Guérin385"/>,<ref>Modèle:Harvsp.</ref> ».

Eugène Sue, l'historien de la marine du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, nous fournit une description de son physique et de ses principaux traits de caractère qui tend à confirmer celle de l'abbé Choisy, tout en soulignant son côté hautain et méprisant : Modèle:Citation bloc

Cette description est reprise par Paul de Joriaud dans Jean Bart et la guerre de course sous Louis XIV (2008): Modèle:Citation bloc

À l'entendre : Modèle:Citation bloc

Hommages et postérité

Le Forbin
Le bâtiment portant actuellement le nom de Forbin.

Six navires de la Marine nationale ont porté le nom de Forbin. Le dernier en date est la frégate de Modèle:Classe, Modèle:Navire. Les autres bâtiments sont <ref>voir Netmarine.</ref>:

Notes et références

Notes

Modèle:Références

Références

Fichier:Forbin.jpg
Buste de Claude de Forbin-Gardanne
par Louis Petitot

Modèle:Références

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

Liens externes

Modèle:Autres projets

Modèle:Portail