Fugue

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Modèle:Voir homonymes

Fichier:Ricercare a 6 from The Musical Offering.jpg
Le début du ricercare a 6, extrait de L'Offrande musicale (manuscrit autographe de Jean-Sébastien Bach). Cette fugue à six voix représente un sommet de complexité contrapuntique.

Une fugue est une forme d'écriture musicale, née au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, du nom de Modèle:Citation étrangère (du Modèle:Lang-la, « fuir ») une composition entièrement fondée sur ce procédé : Modèle:Citation, parce que l'auditeur a l'impression que le thème ou sujet de la fugue fuit d'une voix à l'autre. C’est une forme de composition parmi les plus exigeantes, exploitant les ressources du contrepoint et le principe de l'imitation.

La fugue est caractérisée en son début, le plus souvent, par l'entrée successive des voix requises, par l'alternance régulière du sujet et de sa réponse, dans une section appelée exposition. Le sujet (parfois déjà organisme complexe et constitué d'une tête, d'un corps et d'une terminaison) est la base intime de la construction qu'il engendre. Selon sa nature (diatonique, chromatique, conjoint, disjoint, bref ou long), le résultat peut être très différent (simple, virtuose, dramatique, solennel…) ; propice ou non à des effets (strettes, renversements, diminutions, augmentations, à reculons). Il peut apparaître également un second élément thématique appelé contre-sujet et bien plus rarement encore, plusieurs sujets ou contre-sujets (double ou triple fugue). Une fugue peut avoir de deux à une multitude de voix, mais en général trois ou quatre. Six voix paraissant être la limite de l'écriture au clavier, comme dans L'Offrande musicale. Le nombre de voix est constant jusqu'à la fin, mais certaines voix peuvent être muettes pendant plusieurs mesures. Au long de la fugue alternent des sections en contrepoint strict (exposition, réexposition), avec des sections en contrepoints libres, appelés divertissements ou épisodes. Le nom des fugues expose la tonalité et le nombre de voix : « Fugue en la mineur, à quatre voix ».

Une fughetta (terme apparu dans la première moitié du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle), est une fugue de petite dimension, courte ou simple. Chez les compositeurs français elle est nommée fuguette et fughette chez les allemands. Voir par exemple, la Modèle:24e variation des Variations Diabelli de Beethoven.

Distinct, le fugato est une section d'écriture fuguée qui utilise plus ou moins rigoureusement le procédé d'écriture de la fugue. Il se rencontre dans d'autres formes à l'écriture harmonique, notamment dans le développement de la forme sonate (sonate, symphoniesModèle:Etc). Le terme équivalent est « style fugué ». Le second mouvement de la Sonate op. 33 d'Alkan, est un fugato comportant exceptionnellement six voixModèle:Sfn.

La pratique de la fugue nécessite une maîtrise solide des techniques d'écriture musicale et en particulier du contrepoint. Musiciens et musicologues considèrent généralement que les nombreuses fugues écrites par Jean-Sébastien Bach en sont le modèle insurpassable. Néanmoins, de nombreux compositeurs, y compris les grands romantiques, ont pratiqué avec succès la fugue.

Naissance et histoire

Procédé spontané : l'imitation

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Giovanni Pierluigi da Palestrina.

Modèle:Article détaillé

L'imitation, comme le contrepoint, a une origine médiévale et vocale. L'imitation est un procédé utilisé spontanément par les chanteurs improvisant en groupe, comme on peut encore aujourd'hui l'observer, par exemple, dans les negro spirituals où le chœur répète le refrain des dernières notes du chanteur.

En tant que procédé d'écriture, c'est la répétition par une voix d'un fragment mélodique exécuté préalablement par une autre voix. Le fragment exécuté en premier est dit « antécédent », sa reproduction (imitation) le « conséquent ». L'imitation est dite « régulière » lorsque le conséquent est identique à l'antécédent. Le conséquent peut être transposé, resserré (« strette », lorsque l'imitation commence avant que l'exécution de l'antécédent ne soit terminée), diminué, augmentéModèle:Etc

Les messes de Palestrina, l'un des grands maîtres du contrepoint vocal, nous donnent les exemples les plus riches et les plus savants d'écriture en imitation.

Le canon

Modèle:Article détaillé

Le canon est inextricablement lié à l'histoire de la fugueModèle:Sfn. Le canon est une imitation qui suit l'antécédent en le chevauchant, c'est une forme aboutie de la strette. Le plus simple et le plus connu étant le canon à l'octave du type « Frère Jacques ». Le canon s'est pratiqué de tout temps depuis la fin du Moyen Âge, d'abord à l'unisson ou à l'octave, puis avec Francesco Landini et Johannes Ciconia à la quinte, ce qui nécessite un contrôle subtil des hauteursModèle:Sfn.

Le Deo Gratias d'Ockeghem, à trente-six voix, est l'un des plus ambitieux canons de tous les temps, Modèle:Citation<ref>Marie-Claide Le Moigne-Mussa, « Ockeghem, Johannes », dans Modèle:Ouvrage.</ref>. Bach en donne des exemples très savants dans L'Art de la fugue (Modèle:Lang). Au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, le compositeur de jazz américain Louis Hardin (dit « Moondog »), est l'auteur d'un nombre impressionnant de canons à trois, quatre voix ou plus, dans lesquels il fait preuve d'une grande science d'écriture et d'une grande invention rythmique.

Le canon nécessite la maîtrise d'une technique fort difficile, le « contrepoint renversable », indispensable à la composition de fugues. On appelle contrepoint renversable une mélodie dont l'accompagnement peut être écrit, sans inconvénient ni incorrection, indifféremment au-dessous ou au-dessus de cette mélodie, c'est-à-dire pour une fugue, en inversant la disposition des voix. C'est ce procédé qui permet la réalisation des contre-sujets de fugue. Il existe des contrepoints renversables à deux, trois et quatre voix, la difficulté croissant avec le nombre de voix. On ne peut utiliser que trois types d'accord, l'accord parfait sans quinte, l'accord de sixte sans quinte et l'accord de tritonModèle:Référence souhaitée. Mozart, dans le Finale de sa symphonie « Jupiter », propose un exemple particulièrement acrobatique de contrepoint renversable à cinq voix.

Historiquement, le processus canonique prend plusieurs noms : dès le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle avec le Rondellus (échange des voix) ou la Rota (l'entrée des voix est simplement différente), puis caccia en Italie, chasse en France au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, puis le catch et le Round anglais à partir du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècleModèle:Sfn. Dès le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, la Chace tombe en désuétude et le mot fugue désigne alors toute la pièce, comme les fugues de Oswald von WolkensteinModèle:Sfn. Au même moment cependant, le terme recouvre d'autres acceptations, ne désignant pas la pièce, mais les voix canoniques, c'est-à-dire désigne le procédé de composition lui-même, comme Johannes Tinctoris dans son dictionnaire de termes musicaux écrit vers 1472 : le musicien a su à rendre la qualité les parties vocales identiques. Ce que met en œuvre Josquin des Prés dans sa Missa ad fugam, littéralement « messe au moyen de la fugue »Modèle:Sfn et entièrement basées sur des canons (le superius et le tenor marchent en canon à la quinte d'un bout à l'autre) et publiée par Petrucci dans le troisième volume des messes de Josquin en 1514. Un autre exemple se trouve chez son confrère Marbrianus de Orto, à laquelle celle de Josquin semble rattachée.

Vers la fugue proprement dite : motet, ricercare, canzone, fantaisie

Deux formes fuguées provenant de l'imitation de modèles vocaux, Modèle:Citation. Il s'agit du ricercare et de la canzone ; le premier hérité du motet latin et l’autre de la chanson françaiseModèle:Sfn.

L'ancêtre réel de la fugue est la canzona (souvent au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle synonyme de fugue), dont on voit de nombreux exemples sous la plume de Palestrina, Frescobaldi et Battiferri.

La fugue peut être considérée comme naissant avec « l'instrumentalisation » du ricercare (Sweelinck, Girolamo Frescobaldi et Samuel Scheidt dans son Tabulatura Nova, 1624 en sont les meilleurs exemples)<ref>Modèle:Chapitre.</ref>, du motet, des chansons (canzoni) ou madrigaux ; les transcriptions pour instruments à clavier de ces pièces vocales (messes, des cantatesModèle:Etc.) ont ainsi été l'un des éléments de maturation de la fugue<ref>Jacques Chailley, « Ricercare », dans Modèle:Ouvrage</ref>. La fugue devient à partir du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle une véritable forme musicale — au même titre que la sonate — si bien que vers le milieu du siècle, l'essentiel des caractéristiques de la fugue classique, telle que nous la connaissons aujourd'hui, sont en place et s'intègrent dans tous les genres musicaux et toutes les régions d'EuropeModèle:Sfn.

En France, si la fugue comme procédé d'écriture n'est pas ignorée des compositeurs de cette époque, les pièces désignées comme « fugue » — parfois comme « fugue grave » —— n'atteignent ni la durée ni l'élaboration de celles composées en Allemagne par leurs contemporains. Elles sont présentes surtout dans les livres publiés par plusieurs organistes du siècle de Louis XIV : Jean-Henri d'Anglebert, Guillaume-Gabriel Nivers, Nicolas Lebègue, Jacques Boyvin, Gilles Jullien, André RaisonModèle:Etc. ainsi que dans l'œuvre, restée manuscrite, de Louis Couperin. Toutefois, au clavecin, peu d'entre eux la désignent comme telle, avec quelques exceptions, tels François Roberday (« Fugues et caprices » en 1660, également destinées à l'orgue) ou Pierre Février, bien plus tard (1734).

Situé entre ses prédécesseurs et le Bach du Clavier bien tempéré, Dietrich Buxtehude (1637-1707), le « Maître de Lübeck », dont certaines fugues ont été attribuées par erreur à Bach est un auteur charnière et parmi les plus importants<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Ce grand virtuose, pour l'écoute duquel on traversait l'Allemagne<ref>Jean-Luc Macia, « Buxtehude », dans Modèle:Ouvrage.</ref> (comme Bach le fit, avec pour conséquence de manquer trop longtemps à certaines de ses charges<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>, mais également Haendel et son ami Mattheson), a précédé celui-ci dans la fantaisie, l'audace harmonique, l'aisance et la créativité improvisatrice. Néanmoins, la forme de ses fugues présente encore certains archaïsmes alors qu'il est encore sous l'influence de Sweelinck et Froberger : la fugue étant confondue avec la Canzone (BuxWV 175, 176 et 225) et présenté par le titre de PræludiumModèle:Sfn ou ses dérivés (præambulum, preludio), désignant des Modèle:Citation (trois épisodes contrastés — BuxWV 137 — quatre — BuxWV 152, 153 et 158 à deux fugatos — ou neuf œuvres à cinq, dont le BuxWV 136 qui s'achève sur la seconde fugue)Modèle:Sfn ; mais son évolution estompe ces marques dans les dernières années de maturité (BuxWV 145, 157) et épure son style et Modèle:CitationModèle:Sfn, outre l'usage d'un tempérament plus égal à l'orgue après 1683 (BuxWV 146 en Modèle:Dièse mineur, à deux fugatos ; BuxWV 149)Modèle:Sfn. Mais seul Bach donne plus tard à la fugue son caractère d'œuvre en soi et son développement : un épisode fugué chez Buxtehude ne durant que quelques dizaines de secondes, pour sept à huit minutes chez BachModèle:Sfn.

La fugue dans sa forme conventionnelle actuelle, c'est-à-dire telle que l'a léguée Bach, est en soi la résolution d'un problème de structure et de cohérence non résolu par les formes préexistantes. Le ricercare, le motet et d'autres formes anciennes souffraient d'un manque d'unité que la fugue, au sens moderne du mot, résout par une architecture aboutie, dont Bach est considéré comme ayant définitivement fixé le cadre<ref name="Dermoncourt416">Stéphan Vincent-Lacrin, « Fugue », dans Modèle:Harvsp.</ref>.

Âge d'or : le début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle

Fichier:Young Bach2.jpg
Jean-Sébastien Bach est considéré comme un maître de la fugue.

En 1739, Johann Mattheson donne cette définition de la fugue : Modèle:Citation bloc

Jean-Sébastien Bach a utilisé la fugue dans une part importante de ses œuvres. Le Clavier bien tempéré offre des modèles accomplis de la fugue pour instrument à clavier, tout comme ses fugues pour l'orgue<ref name="AH4113"/>. Ses fugues de dimensions monumentales, comme le Kyrie de Messe en si<ref name="Dermoncourt416"/>, ou le Finale du Concerto Brandebourgeois n° 5 sont des modèles qu'aucun romantique n'ignoraModèle:Sfn. Les fugues ou fugatos sont par ailleurs très nombreux dans l'immense catalogue des Cantates (Ich hatte viel Bekümmernis, BWV 21…). Ses œuvres savantes, sorte de mise en pratique de la théorie naissante, L'Offrande musicale et L'Art de la fugue, fournissent une base solide à qui entreprend l'étude approfondie de la science du contrepoint.

Jacques Chailley résume d'une phrase ce qu'apporte Bach<ref>Jacques Chailley, « Fugue » dans : Modèle:Ouvrage</ref> : Modèle:Citation Exemple de cette prédominance : l'article « Fugue » du Dictionnaire de la musique, de Marc Honegger<ref>Arne Mellnäns, Modèle:Chapitre</ref>, comporte huit exemples, tous empruntés à Bach. Modèle:Citation<ref name="AH4113">Modèle:Harvsp.</ref>. Enfin dans le traité de Charles Koechlin mentionné plus haut, l'auteur ne puise pas moins de 236 exemples dans les deux cahiers du Clavier bien tempéré, pour les commenter.

Fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle

Les fugues de Bach — au moins celles du Clavier bien tempéré — n'ont cessé d'inspirer ses successeurs, au premier rang desquels Mozart, littéralement confronté à une crise créatrice majeure, consécutive à sa découverte du maître de Leipzig (notamment les Motets) alors que le cantor était tombé dans un relatif oubli<ref name="Massin">Modèle:Ouvrage</ref>. En témoignent d'ailleurs certaines de ses compositions en hommage au « vieux Bach » (comme on disait alors avec affection pour le distinguer de ses fils, également compositeurs, et alors plus connus que lui, notamment Carl Philipp Emanuel, contemporain et ami de Mozart), et qui se présentent explicitement comme de véritables « exercices d'imitation » ou de réécriture du maître : par exemple les Adagios et Fugues pour trio à cordes, sous-titrés « après fugues de Jean-Sébastien Bach » K.404a, lesquels sont parfois aussi titrés Arrangements de six préludes et fugues de Johann Sebastian Bach et Wilhelm Friedemann Bach, ou encore l’Adagio et fugue en do mineur pour quatuor à cordes K.546. De même, bien que Mozart fût déjà en pleine possession de son génie, le savoir du grand maître transparaît dans ses œuvres ultérieuresModèle:Sfn, comme le Requiem ou la Symphonie Jupiter (le finale est une fugue en contrepoint renversable).

Beethoven nʼignorait rien du Clavier bien tempéré<ref>Modèle:Ouvrage</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>,<ref>Modèle:Harvsp : Modèle:Citation</ref>,Modèle:Note, et parvient même, parfois, à dépasser Bach en complexité : le deuxième mouvement de la neuvième symphonie n'est qu'une vaste fugue aux dimensions titanesques, tout comme celle qui intervient après le chœur Modèle:Citation étrangère dans le quatrième mouvement (la célèbre interprétation électronique de Wendy Carlos, réalisée en 1971 pour le film Orange mécanique, permet de percevoir avec une grande précision tout le contrepoint de ce sommet de la fugue orchestrale). La double fugue de la Marche funèbre de la Troisième Symphonie « Héroïque » est le sommet de ce mouvement : terrifiante, inexorable, exprimant un désespoir profond. La Grande Fugue Modèle:Op., pour quatuor à cordes, illustre brillamment la forme. La fugue a été également pratiquée par Beethoven avec maîtrise dans plusieurs de ses sonates (le finale de la sonate Hammerklavier, Modèle:Op. est une magistrale fugue à trois voix et l'opus 110).

Romantisme

Modèle:Infobox Liste de fichiers Mendelssohn sera l'un des plus ardents thuriféraires de Bach, dont il aura le privilège de contribuer à refaire connaître et vivre l'œuvre. Certaines de ses propres pages en sont imprégnées, comme les chorals de Paulus (1836) plongeant à la perfection leurs racines dans l’œuvre du maître<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Schubert pratique souvent la variation fuguée des thèmes principaux de ses œuvres<ref>Modèle:Note discographique</ref>, remarquable par son intensité dramatique<ref>Modèle:Note discographique</ref>, par exemple dans sa célèbre Fantaisie en fa mineur D.940 pour piano à quatre mains ou la Fantaisie Wanderer.

Les plus grands romantiques allemands, notamment Brahms (Requiem allemand) et Wagner, pratiqueront la fugue comme un savoir indispensable à la liberté d'écriture et à la maîtrise du contrepoint. Le jeune Wagner, pour rendre hommage à la Modèle:41e de Mozart, termina son unique symphonie par une fugue. Plus tard dans ses opéras (notamment les Maîtres-chanteurs (Meistersinger) et Parsifal), Wagner prouvera que le contrepoint n'avait pas de secret pour lui. Anton Bruckner conclut sa cinquième symphonie par une fugue monumentale à plusieurs sujets et en avait largement esquissé une autre pour le final de la neuvième symphonie, restée inachevée.

Gustav Mahler avait une admiration sans bornes pour le maître de Leipzig : Modèle:Citation. Il prouva de façon spectaculaire qu'il maîtrisait l'art de la fugue : le « Veni Creator Spiritus », premier mouvement de la gigantesque Huitième Symphonie « des Mille », comporte dans la dernière partie du développement Modèle:Incise une monumentale double fugue chantée par trois chœurs et orchestre renforcé ; citons enfin le finale de la Cinquième Symphonie et surtout le Rondo-Burleske, troisième mouvement de la Neuvième Symphonie qui est un fugato perpétuel à mouvement rapide (Allegro assai). Mahler fait ici à la fois une fugue magistrale et une parodie de celle-ci.

Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle

La fugue entre dans le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle par la grande porte avec un successeur moderne de Bach, Max Reger<ref>Modèle:Ouvrage.Modèle:Citation bloc</ref>,<ref>Modèle:Harvsp, cite les opus principaux de Reger : 46, 54, 57, 81, 96, 99, 100, 109, 127, 131, 132, 141.</ref>, qui jouit d'un prestige considérable en Europe centrale, où son œuvre très abondante a eu une forte influence sur ses contemporains, dont Schönberg<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Richard Strauss s'en sert dans le final de sa Sinfonia Domestica (1902).

Heinrich Kaminski (1886–1946), qui jouissait lui aussi à son époque d'une très grande réputation<ref>Modèle:Lien web.</ref>, conclut son quintette à deux altos par une fugue dont les développements en variations et les dimensions présentent beaucoup de similitudes avec la Grande Fugue de Beethoven.

Bien qu'il la maîtrisât parfaitement dans sa jeunesse encore tonale (les chœurs à la fin des monumentaux Gurre-Lieder en sont la preuve), Arnold Schönberg voulut libérer la fugue de ses contraintes tonales<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>,<ref>Adorno consacre deux paragraphes au sujet du contrepoint dodécaphonique et sa fonction : Modèle:Harvsp.</ref>, ce qui peut être considéré avec une certaine réticence, comme le relève le musicologue Charles Rosen<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. En effet, sans les règles qui en font un exercice où la « liberté ne s'acquiert que dans la servitude », sans pivots harmoniques, sans accords, sans intervalles contrôlés, le terme de fugue peut perdre en partie son sens. Ernest Ansermet évoque précisément cette perte du sens dans un de ses essais. Après avoir cité un passage d'un essai du compositeur<ref>« La composition avec douze sons » (1941) publié dans « Le style et l'idée », Buchet-Chastel, 1986, Modèle:P.</ref>, il dit (parlant de Schönberg)<ref>Modèle:Ouvrage.</ref> : Modèle:Citation Ce que ne dément pas Henry Barraud lorsqu'il écrit<ref>Modèle:Ouvrage.</ref> : Modèle:Citation

Autre compositeur préoccupé par la filiation avec le langage naturel de Bach, Paul Hindemith, qui écrit en 1942, Ludus Tonalis pour piano, où douze fugues sont reliées par des interludes qu'encadrent au début un prélude et un postlude final.

Béla Bartók, dans le premier mouvement de sa Musique pour cordes, percussion et célesta propose une véritable fugue pour cordes, dont les entrées sont clairement perceptibles, ainsi qu'un vrai développement, alors même que les fonctions tonales y sont très fortement élargies. Le compositeur a su exploiter le caractère répétitif de la fugue, qui permet ici à l'auditeur de mémoriser un sujet relativement complexe par son extrême chromatisme. Béla Bartók composa également une fugue comme deuxième mouvement de sa sonate pour violon seul. Le final de son Divertimento pour cordes comprend également des passages fugués.

Modèle:Centrer

Exemple : le sujet de la fugue du premier mouvement de la Musique pour cordes, percussion et célesta de Béla Bartók, énoncé aux altos avec sourdine.

Bien qu'Henri Dutilleux rapporte que, lorsqu'un compositeur attaque une fugue en cours de développement Modèle:CitationModèle:Sfn, la fugue se pratique encore vers de nouvelles directionsModèle:Sfn dans le Scherzo de la Sonate de Paul Dukas, Le Tombeau de Couperin de Maurice Ravel, le Finale du Concerto pour deux pianos de Stravinsky.

À la suite des commémorations, à Leipzig, du Modèle:200e de la mort de Bach, en hommage au maître, Chostakovitch composa les Vingt-quatre préludes et fugues, avec pour dédicataire Tatiana Nikolaïeva, connue pour ses interprétations de Bach (et lauréate du concours). Deux ans après le procès contre le formalisme des plus grands musiciens russes, Chostakovitch — renvoyé de son poste de professeur « pour incompétence »<ref>Modèle:Ouvrage.</ref> compose son œuvre la plus exigeante de cette époque tourmentéeModèle:Sfn. Modèle:Citation

À la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, l'atonalité a réinvesti le contrepoint, mais Modèle:CitationModèle:Sfn, corollaire de la mélodie, cette ancienne discipline n'ayant jamais, comme la fugue, cessé d'être considérée à l'école comme un exercice indispensable à la maîtrise du matériau sonore. Néanmoins, il existe dans le répertoire contemporain quelques exemples de fugue, évoluée voire repensée (fugue rythmique, fugue où la réponse n'est plus à la quinte, etc.), comme dans la pièce d'Olivier Messiaen : Par lui tout a été fait, extraite des Vingt Regards sur l'Enfant-Jésus, certains passages du quatrième mouvement de la Seconde sonate pour piano de Pierre Boulez, ou encore Conlon Nancarrow (Sarabande et Scherzo pour hautbois, basson et piano ; Three Canons for Ursula & Studies) et György Ligeti (Omaggio a Frescobaldi, pour orgue, 1953 ; Requiem, 1965…).

Hors du domaine classique, le principe fugué se retrouve de manière ponctuelle dans différents styles musicaux. Par exemple citons la Fugue For Tinhorns, premier numéro de la comédie musicale Guys and Dolls (1955), Fugueaditty (1946) de Duke Ellington ou la Fuga y Misterio d'Astor Piazzolla. À l'inverse, certains thèmes de musique pop sont utilisés pour des compositions pastichant les fugues anciennes, comme par exemple la Lady Gaga Fugue de Giovanni Dettori<ref>https://www.classicfm.com/discover-music/humour/fugue-lady-gaga/</ref>.

Fugue d'école

La fugue d'école est le nom donné par André Gedalge dans son traité (1901) où il la décrit, pour la distinguer de Modèle:Citation, comme Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Cette fugue d'école est composée de huit éléments clés, énumérés par Gedalge<ref>Modèle:Harvsp.</ref> : (1) le sujet, (2) la réponse, (3) un ou plusieurs contre-sujets, (4) l'exposition, (5) la contre-exposition, (6) développements (ou divertissements), (7) strette et (8) grande pédale<ref name="Grove_FE">Modèle:Chapitre</ref>.

Exemple : la [[Prélude et fugue en sol mineur (BWV 861)|Modèle:16e en sol mineur]], du premier livre du Clavier bien tempéré est très proche de cette forme archétypale détaillée par Gedalge ; c'est cette forme qui est encore aujourd'hui employée à l'école, dont nous allons présenter les éléments de vocabulaire avant d'en décrire le déroulement.

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Une présentation sur la fugue d'école ne saurait passer à côté du constat que font nombre de professeurs à leurs élèves : Modèle:Citation<ref name="LAM95">Modèle:Ouvrage</ref>. Simplement parce que Bach accumule les irrégularités contrapuntiques, formelles, harmoniques... Luc-André Marcel, nous convie à lire les 24 pages du chapitre « libertés de Bach et divers autres », du traité de Charles Koechlin<ref>Modèle:Harvsp surtout.</ref>, où l'auteur montre Modèle:Citation<ref name="LAM95"/>.

De même Ralph KirkpatrickModèle:Sfn : Modèle:Citation

« Sujet » ou Dux

Ainsi que le disent M. Bitsch, J. Bonfils, J-P. Holstein<ref>Modèle:Harvsp.</ref>, Modèle:Citation Qu'est-ce donc que le sujet ? Autre chose qu'un thème puisque le mot a été écarté. Quelle est sa fonction ? Être le matériau de base unique au développement d'un morceau contrapuntique. Comme en son sens commun, le mot sujet dit bien l'individualité qu'il est : unique et singulier. Changer une note — donc changer les intervalles et leurs relations — c'est changer de sujet et l'œuvre ne peut se dérouler à l'identique, parlant d'autre chose.

Le sujet est une brève mélodie ; et la fugue Modèle:Citation<ref>Johannes Nucius, Musices poeticae (Neisse, 1613). Cité par Modèle:Harvsp, qui la considère comme l'une des premières définitions du mot fugue donnée par un théoricien : Modèle:Citation étrangère</ref>,<ref group="n">L'expression Modèle:Citation (qui apparaît déjà chez Michael Prætorius, §4 (i)) est rendue ainsi par Marcel Dupré, dans sa propre définition : Modèle:Citation Modèle:Harvsp.</ref>. Ainsi le sujet (ou Modèle:Lang, c'est-à-dire conducteur) est exposé à nu généralement, puis la « réponse » (ou comes c'est-à-dire accompagnateur), sonne en écho émis par une autre voix proche, à un autre degré.

Un sujet peut être très court. En quatre notes dans la fugue en ut-dièse mineur du Clavier bien tempéré : Modèle:Centrer

Voici deux exemples de sujets de fugue, plus longs, qui mettent en évidence leur axe tonal particulier. Le premier est dit clos, l'autre ouvert. D'autres sujets présentent un schéma en plusieurs temps : tonique → tonique → dominante (le thème est clos puis ouvert) ; tonique → dominante → tonique → tonique (thème ouvert puis clos). Ce qui est important, c'est la perception du sujet en tant qu'entité globale, orientée tonalement et porteuse du devenir de l'œuvre<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

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Exemple : le sujet de la fugue de la Toccata et fugue en ré mineur, BWV 538 (1732) de Bach improprement surnommée « Dorienne »<ref name="GC204">Modèle:Ouvrage</ref>. Sujet clos.

Gilles Cantagrel décrit le sujet : Modèle:Citation<ref name="GC204"/>.

Modèle:Centrer

Exemple : le sujet de la fugue de la Toccata, adagio et fugue en ut mineur, BWV 564 (1730) de Bach. Sujet ouvert.

« Réponse » ou Comes

Alors que le sujet poursuit sa route en mêlant sa voix devenue « contre-sujet », une autre partie fait une imitation : c'est la réponse. Elle se fait à un autre degré : généralement la dominante, à la quinte supérieure ou quarte inférieure. Il y a deux types de réponses, dépendant de la transposition. Une réponse réelle qui transpose strictement le sujet, conservant les intervalles identiques<ref name="AH410">Modèle:Harvsp.</ref> :

Modèle:Centrer

... ou bien une « réponse tonale » avec de légères modifications<ref name="AH410"/> :

Modèle:Centrer

Cette modification tonale s'appelle mutation. Elle est due à des raisons harmoniques, pour conserver la même tonalité malgré le décalage de degré de la réponse<ref name="AH410"/>. La règle de mutation se formule ainsi : si le « dux » fait mouvement vers la dominante, le « comes » le fait vers la tonique. Une autre règle veut que si le sujet commence sur la quinte du ton principal, le « comes » doit commencer par la tonique<ref name="AH410"/> — comme la fugue en ut mineur du second livre du Clavier bien tempéré :

Modèle:Centrer

Dans quelques cas, la réponse se fait au ton de la sous-dominante (quarte supérieure/quinte inférieure) : on parle alors de réponse plagale. C'est le cas de l'Allegro de la première sonate pour violon seul BWV 1001 de Bach, et de la fugue initiale du Quatuor à cordes no 14 de Beethoven.

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« Contre-sujet »

La seconde voix expose la réponse, qui est une répétition en écho du sujet ; cependant que la première voix, qui poursuit sa route, devient un contrepoint de la réponse : c'est le contre-sujet. Cette matière musicale est subordonnée à l'importance du sujet, mais suit le sujet lorsqu'il apparaît dans une autre voix. Ainsi, sujet et contre-sujet doivent fonctionner ensemble et être composés dans un contrepoint plus ou moins invariable et renversable (pouvant être entendu au-dessus ou en dessous). La matière de cette partie est souvent utilisée pour nourrir les parties libres de la fugue et doit être Modèle:CitationModèle:Sfn.

La partie présentant le sujet et sa réponse s'élargissant à toutes les voix, est appelée exposition. L'ordre des entrées varie : Alto, soprano, basse, ténor ou basse ténor, alto, soprano, ou inversement dans une fugue à quatre voix.

Après l'exposition (chacune des voix a répété en écho le sujet, sa réponse suivie du contre-sujet)Modèle:Sfn il n'y a pas de procédure typée pour le traitement du contre-sujets qui dépend de la volonté du compositeur. En revanche, sa présence est nécessaire dans la fugue d'école<ref>Modèle:GroveOnline</ref>. Si non, dans le développement, la présentation peut être incomplète, excluant une ou plusieurs voix. Chaque développement aboutit généralement à une cadence plus ou moins marquée.

Il existe des fugues sans contre-sujetModèle:Sfn.

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« Développement »

Appelé aussi « divertissements » (en anglais épisodes). Les divertissements s’intercalent entre les présentations du sujet. Ils sont basés sur un ou plusieurs éléments d'imitation de l’exposition (sujet ou contre-sujet) ou sur une autre partie dite « partie ad libitum »Modèle:Sfn,Modèle:Sfn.

Déroulement

L'analyse des grandes fugues fait apparaître certains éléments récurrents qui se sont cristallisés au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle dans une forme de fugue pédagogique<ref name="Grove_FE"/>. Sa maîtrise est un chemin bien venu dans le savoir-faire musical, puisqu'elle permet d'aborder différentes techniques en un seul exercice.

La fugue commence par l'exposition à une voix d'un thème, dit « sujet », suivi de la « réponse », qui est le sujet répété au ton, soit de la dominante, soit plus rarement de la sous-dominante, par une autre voix. Cette réponse est accompagnée par la première, qui expose alors le contre-sujet, qui est un accompagnement du sujet en contrepoint renversable. Cette caractéristique permet que le sujet et le contre-sujet puissent être placés sans incorrection au-dessus ou en dessous l'un de l'autre. Cette exigence entraîne d'épineuses difficultés d'écriture. La répétition du sujet à la dominante présente au moins deux avantages. Le premier est lié à l'écriture : le passage tonique / dominante est naturel en harmonie classique, et son retour dominante / tonique l'est tout autant. Le second est lié à l'interprétation chorale de la fugue puisque les tessitures des voix basse et ténor d'une part et alto et soprano d'autre part sont approximativement à intervalle de quinte.

Exemple : on retrouve les éléments connus : sujet (ou dux), réponse (ou comes) et le contre-sujet. Premières mesures de la fugue en la mineur, BWV 895b de Jean-Sébastien Bach : Modèle:Centrer

Le premier intervalle du sujet est une quinte descendante (mila) alors que ce même intervalle est devenu une quarte descendante (lami) dans la réponse. Cette modification d'intervalle, qui n'altère que fort peu l'impression d'identité entre sujet et réponse, s'appelle une mutation. Cet artifice est parfois nécessaire au maintien de la cohérence tonale, afin de rendre plus surprenante une éventuelle modulation ultérieure.

Lorsque les trois ou quatre voix (voire plus, par exemple sept dans la grande messe en ut mineur de Mozart) ont exposé le thème, survient alors, après des « divertissements » prenant généralement la forme de marches harmoniques (lesquels utilisent le plus souvent des fragments du sujet ou du contre-sujet), ce qu'il est convenu d'appeler le développement. Toutes sortes de procédés d'écriture sont alors mis à contribution pour utiliser, voire déformer, le sujet ou le contre-sujet : variations, mutations, ornements, « minorisation » ou « majoration », etc. Cette partie de la fugue permet une plus grande liberté apparente.

Deux procédés d'écriture sont classiquement utilisés pour annoncer la fin de la fugue : la strette et la grande pédale. La strette, ce qui signifie resserrer, consiste à rapprocher les départs du sujet à deux voix ou plus, dans le style du canon. Le sujet se chevauche alors lui-même, révélant qu'il a été écrit en prévision de cet épisode canonique. La grande pédale est une note tenue sur une grande durée. La grande pédale peut se superposer avec une strette ou avec des divertissements. Elle possède un fort pouvoir attracteur tonal alors que des modulations peuvent intervenir, créant des dissonances intéressantes. Bach termine souvent ses fugues par une cadence plagale et, lorsqu'elles sont écrites dans un ton mineur, par une tierce picarde<ref group="n">On peut par exemple entendre des tierces picardes à la fin de toutes les fugues en mineur du premier livre du Clavier Bien Tempéré, à l'exception de la fugue XVIII en sol-dièse mineur. Certains éditeurs — Fauré pour Durand (1915), Otto von Irmer pour Henle (Urtext, 1974) — ajoutent entre parenthèses l’altération au si qui ne figure pas dans les manuscrits. Rares sont les pianistes qui terminent ainsi, sauf par exemple Pierre-Laurent Aimard et Till Fellner. En revanche à l'inverse, les clavecinistes choisissent plutôt la tierce picarde : par exemple Kenneth Gilbert, Scott Ross, Davitt Moroney, John Butt, Ottavio Dantone et Masaaki Suzuki, mais pas Gustav Leonhardt, Pierre Hantaï et Richard Egarr, qui terminent sur l'accord mineur.</ref>. Modèle:Loupe

Exemple : les dernières mesures de la Fantaisie chromatique et fugue en mineur, BWV 903 de Jean-Sébastien Bach. La dernière des trois pédales — sur la dominante (la) des mesures 155–157 — de la section finale ; alors que le sujet, haut perché, est énoncé pour la dernière fois. À noter que la cadence use encore une fois de la tierce picarde : Modèle:Centrer

En général, un seul thème sous-tend toute la composition, assurant l'unité. L'une des grandes difficultés de la fugue est d'obvier à l'impression de monotonie qui pourrait se dégager de la répétition multiple d'un thème. Tout l'art du compositeur est de doser le retour de celui-ci, en d'autres termes de savoir s'arrêter avant de lasser l'auditeur. Ces difficultés ne sont cependant pas spécifiques à la fugue en soi, mais sont celles de la composition en généralModèle:Référence souhaitée.

Il existe des fugues comportant plus d'un sujet, que l'on appelle doubles ou triples fugues. C'est le cas de la fugue du Kyrie du Requiem de Mozart. Il s'agit cependant d'un artifice, car ces sujets apparemment nouveaux, exposés seuls (nouvelle exposition) après que sujet et contre-sujet ont été largement utilisés et développés, sont, en réalité, des contre-sujets supplémentaires, écrits en contrepoint renversable à trois (ou quatre) voix, qui viennent ensuite s'intégrer dans la polyphonie déjà formée par les sujets et contre-sujets entendus précédemment.

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Exemple : début du Modèle:Lang du Requiem de Mozart : les deux sujets, dont le second est représenté seul à la mesure 33 (dans l'ordre BTAS comme invitation à l'élévation), sont en fait le sujet et le contre-sujet. Le sujet porte les paroles « Modèle:Lang » et sa réponse (ou second sujet) « Modèle:Lang ». Ici Mozart mêle les deux personnes de la Trinité intimement : le thème inflexible du Père (rythme pointé et saut inférieur de septième diminuée) et le legato au faible ambitus du Fils<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Il va sans dire que la maîtrise du contrepoint renversable à plus de deux voix est indispensable à de telles prouesses. Les exemples dont tout compositeur peut tirer profit se trouvent dans L'Art de la fugue, notamment la célèbre fugue dont l'un des contre-sujet-second sujets est B-A-C-H, dans la notation allemande, soit, si♭-la-do-siModèle:Musique :

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L'intérêt des fugues doubles ou triples est la composition de structures plus longues, sans divertissement virtuose, de « remplissage » (fussent-ils géniaux)Modèle:Référence souhaitée comme Buxtehude et Bach en donnent maints exemples dans leurs fugues pour orgue, ornées de vastes passages improvisés. La fugue multiple est ainsi une démonstration de science contrapuntique, le Modèle:Lang (littéralement « pièce de maître ») indispensable de tout compositeurModèle:Référence souhaitée.

Modèle:Citation. Ensuite, l'intérêt d'une pièce est dans les subtilités Modèle:CitationModèle:Sfn.

Organisation rythmique

Ce qui domine dans l'organisation expliquée plus haut est l'évolution tonale de la fugue. Or, elle ne suffit pas à rendre compte de toutes les fugues, par exemple lorsqu'il n'y a ni modulation, ni strette, ni pédale. La proposition qui reste à étudier est l'agencement rythmique.

Autres types de fugues

Outre les double et triple fugues, il existe d'autres types de fugues.

L'une des plus connues est la fugue miroir. Elle consiste à concevoir une fugue capable de subir un renversement des différentes voix ensembles. La présentation portant le nom de rectus et son image inversus. C'est le cas des (quatre) fugues XVI et XVII de L'Art de la fugue, respectivement à quatre et trois voix. Dans la fugue XVI, les voix extrêmes s'échangent ainsi que les deux voix medium. Pour la fugue XVII à trois voix, la voix de soprano passe à la basse. Chaque voix elle-même est en imitation inverse : chaque intervalle montant devient descendant dans le miroir.

Dans la contre-fugue, la réponse inverse les intervalles du sujet. Exemples dans L'Art de la fugue : contrepoints V, VI, VII et XIV.

La fugue tournante consiste en un dux qui ne revient pas à la tonique, mais poursuit sa route tonale de quinte en quinte. L'exemple le plus magistral étant celui du premier motet de l'opus 74 de Brahms, où la fugue commence en mineur, mais se termine en fa-dièse mineur.

La fughetta ou fugette est une fugue de petite dimension.

Un fugato est un passage fugué dans une pièce de plus grande envergure ou une forme d'écriture verticale, comme une symphonie ou une sonate... Le sujet est moins rigoureusement traité et le fugato ne dure que quelques mesures. Outre le finale de la Symphonie Jupiter de Mozart, en comportent également, la Modèle:9e de Beethoven, la Fantaisie wanderer de Schubert, la Modèle:5e de Bruckner et la Modèle:4e de Chostakovitch (point culminant du premier mouvement). Le premier mouvement du Quatuor Modèle:N°, op. 22 (1921) de Paul Hindemith est un fugato.

Instruments utilisés

La fugue peut être exécutée par tout instrument polyphonique, par tout groupe d'instruments monodiques, par tout orchestre et par tout type de chœur. Néanmoins, les fugues les plus connues sont destinées aux instruments à clavier, particulièrement adaptés à l'écriture fuguée, et fournissent un répertoire de choix à l'exécutant, notamment à l'orgue, au clavecin et au piano.

Bach a cependant composé trois fugues pour violon seul, que l'on trouve dans ses Sonates pour violon (BWV 1001, 1003 et 1005), ainsi qu'une fugue pour violoncelle seul dans la seconde partie du prélude de sa cinquième suite pour violoncelle seul. On retrouve ce traitement dans des œuvres pour violoncelle seul de Reger (op. 131) et Benjamin Britten (trois Suites).

Critiques et commentaires

Modèle:… Henri Dutilleux rapporte, comme évoqué plus haut, que, lorsqu'un compositeur attaque une fugue en cours de développement Modèle:CitationModèle:Sfn. Il n'est pas le seul à remettre en perspective la position hiérarchique de la forme fuguée. Hector Berlioz donne à plusieurs reprises des textes ou des partitions très ironiques sur la fugue, mais aux dires de Saint-Saëns, il ne connaissait presque rien de l'œuvre de BachModèle:Sfn qui recèle les plus hautes et plus admirables œuvres fuguées jamais composées, ne se limitant pas à la forme « scolaire » ou aux climax de l'œuvre, comme l'utilisent les romantiques.

Fugues célèbres

Fugues pour orgue

Fugues pour claviers et autres instruments ou formations

Fugato notable

Notes et références

Notes

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Références

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Bibliographie

Traités

Autres ouvrages et articles

Articles connexes

Liens externes

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