Henri-Irénée Marrou
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Henri-Irénée Marrou, né à Marseille le Modèle:Date de naissance et mort à Bourg-la-Reine le Modèle:Date de décès, est un universitaire et historien antiquisant français, spécialiste du christianisme primitif et de philosophie de l'histoire. Il est aussi connu, notamment comme musicologue, sous le pseudonyme de Henri Davenson<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Biographie
Jeunesse et formation
Henri-Irénée Marrou naît dans une famille originaire de Haute-Provence, du typographe Louis Marrou et de la brodeuse Alphonsine Brochier. Son père est agnostique et sa mère catholique pratiquante. Elle veille à ce qu'il reçoive une éducation religieuse soignée. Il fait de brillantes études au lycée Thiers de Marseille<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.
En 1925, il est reçu premier au concours d'entrée à l'École normale supérieure. Il obtient en 1929 l'agrégation d'histoire, classé deuxième derrière Alphonse Dupront<ref>Modèle:Lien web</ref>. Admis comme membre de la prestigieuse École française de Rome, il s'installe dans cette ville où il demeure de 1930 à 1932<ref>Modèle:Lien web</ref>. C'est là que le jeune historien de l'Antiquité définit son sujet de thèse de doctorat : Saint Augustin et la fin du monde antique. Il devient aussi expert en archéologie paléochrétienne, à Rome même, et lors d'excursions archéologiques en Sicile et dans le Maghreb. Il obtient ensuite son détachement à l'Institut français de Naples de 1932 à 1936<ref>Modèle:Article.</ref>.
Carrière universitaire
En 1937-1938, Henri Marrou obtient son détachement à l'Université du Caire. Il fait imprimer ses deux thèses et les soutient à la Sorbonne en février 1937 : la thèse principale, Saint Augustin et la fin de la culture antique, et la seconde (en archéologie), Scènes de la vie intellectuelle figurant sur les monuments funéraires romains. En 1938-1939, il est maître de conférences d'histoire ancienne à la faculté des Lettres de Nancy<ref name=":1">Modèle:Article.</ref>,<ref name=":2" />.
La guerre ayant été déclarée le 9 septembre 1939, il est mobilisé dans sa ville natale, Marseille, comme officier du service de santé. Démobilisé en septembre 1940 en tant que père de trois enfants, Henri Marrou est chargé d'enseignement d'histoire ancienne à la Faculté des Lettres de Montpellier de 1940 à 1941, puis il est nommé professeur dans la même matière à la Faculté des Lettres Lyon, de 1941 à 1945<ref name=":2" />. Il est cofondateur (ou parmi les premiers collaborateurs) de deux grandes entreprises savantes : la Revue du Moyen Âge latin et la collection « Sources chrétiennes »<ref>Modèle:Article.</ref>.
De 1945 à 1975, il occupe la chaire d'histoire du christianisme à la Sorbonne<ref>Chaire inaugurée et occupée par Charles Guignebert de 1919 à 1937.</ref>. Il est également membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, de l'Académie royale néerlandaise des arts et des sciences, de l'Académie bavaroise des sciences et de la Société des antiquaires de France<ref name=":2">Modèle:Lien web.</ref>.
Prises de position et travaux
Henri Marrou milite pour le développement de la culture et pour l'approfondissement de la foi chrétienne. Il le fait dans la revue Politique de 1929 à 1934, +dans la revue Esprit à partir 1933 (date de sa première rencontre avec Emmanuel Mounier), ainsi que dans son premier livre au titre révélateur, Fondements d'une culture chrétienne (1933), publié sous le pseudonyme d'Henri Davenson<ref name=":0">Modèle:Article.</ref>.
Dès l'armistice, son attitude politique est d'être un « résistant à l'état pur » comme il l'écrit dans ses Carnets posthumes<ref>Carnet XI, p. 467.</ref>. Il entre immédiatement dans la Résistance après s'être investi dans « L'Amitié chrétienne » qui s'est donné pour mission le sauvetage des Juifs : il en héberge provisoirement certains, en « parraine » d'autres sur de faux certificats de baptême, use avec succès de sa qualité de savant chrétien pour influencer en leur faveur le cardinal Gerlier. Il publie dans la presse clandestine (Cahiers du témoignage chrétien, auprès de jésuites comme de Lubac, de dominicains comme Chenu)<ref>Modèle:Article.</ref>,<ref>Modèle:Article.</ref>.
Deux livres d'Henri Marrou sont écrits pendant ces années : son Traité de la musique selon l'esprit de saint Augustin et Le Livre des chansons, introduction à la connaissance de la chanson populaire française, suivi de 109 belles chansons anciennes choisies et commentées par Henri Davenson<ref name=":0" />.
Plusieurs grands livres sont publiés par Henri Marrou durant ces années, ainsi que des centaines d'articles et de comptes rendus d'érudition. En 1948 paraît son Histoire de l'éducation dans l'Antiquité, en 1952 son édition de l’Épître à Diognète, en 1954 De la connaissance historique, en 1955 Saint Augustin et l'augustinisme, en 1960 son édition du Pédagogue de Clément d'Alexandrie, en 1961 Les Troubadours, en 1963 sa large contribution à la Nouvelle Histoire de l'Église (303–604), et en 1968 Théologie de l'Histoire<ref name=":0" />.
Pendant la guerre d'Algérie, il est favorable à l'indépendance. En 1956, il est la première personnalité à dénoncer la torture pratiquée en Algérie dans un article paru le 5 avril sur la « une » du Monde, intitulé « France, ma patrie »<ref>Modèle:Article, suivi d’un article intitulé « France, prends garde de perdre ton âme », paru dans Témoignage chrétien en novembre 1956.</ref>. Les pouvoirs publics le traitent ironiquement de « cher professeur » et une perquisition sera diligentée jusque dans son bureau de Châtenay-Malabry.
Henri Marrou ne se manifeste pas lors des événements de Mai 68. Il s'efforce d'assurer au mieux, dans les pires conditions, ses enseignements et les soutenances de thèse. En 1973, il démissionne du SGEN, syndicat de gauche devenu « gauchiste », en même temps que son fondateur Paul Vignaux et son secrétaire Charles Pietri. La même année, il obtient son détachement au Centre national de la recherche scientifique, pour les deux dernières années de sa carrière. Pendant cette période, deux grandes entreprises collectives voient le jour sous son impulsion : la Prosopographie chrétienne du Bas-Empire (pour le monde ecclésiastique) et le Recueil des inscriptions chrétiennes de la Gaule<ref name=":0" />.
En 1975, les amis et disciples d'Henri Marrou lui font l'hommage des mélanges (recueil d'articles) Patristique et Humanisme, volume composé largement sous ses conseils et avec sa collaboration pour le choix des articles reproduits et pour la bibliographie<ref name=":3">Modèle:Article.</ref>.
Deux livres posthumes d'Henri Marrou paraissent en 1978 : Christiana tempora. Mélanges d'histoire, d'archéologie, d'épigraphie et de patristique, et Crise de notre temps et réflexion chrétienne (de 1930 à 1975), avec une introduction de Jean-Marie Mayeur, une préface de Charles Piétri, et le complément de nombreux témoignages<ref name=":3" />.
Un troisième livre, ses Carnets posthumes, paraît en 2006, édité par Françoise Marrou-Flamant, préfacé par le cardinal Jean-Marie Lustiger, analysé par Mgr Claude Dagens et présenté par Jacques Prévotat<ref>Modèle:Article.</ref>.
Décès
Il meurt le 11 avril 1977, après avoir reçu le sacrement des malades de l'abbé Jean-Marie Lustiger, devenu quelques années auparavant son directeur de conscience<ref name=":0" />.
Vie privée
Henri-Irénée Marrou était marié à Jeanne Bouchet-Fouillet<ref>Modèle:Lien web.</ref> (1905-1976).
Publications
- Fondements d'une culture chrétienne, Paris, Bloud & Gay, 1934.
- Saint Augustin et la Fin de la culture antique, Paris, de Boccard, 1938 ; rééd. 1949<ref>Modèle:Article</ref> (thèse principale).
- ΜΟΥΣΙΚΟΣ ANHP : étude sur les scènes de la vie intellectuelle figurant sur les monuments funéraires romains, Grenoble, Didier & Richard, (thèse secondaire), 1938.
- Traité de la musique selon l'esprit de saint Augustin, Paris, Le Seuil, 1942.
- Modèle:Ouvrage Modèle:3e éd. 1946 ; nouvelle édition mise à jour, Club des Libraires de France, 1958 Modèle:OCLC ; Modèle:4e éd. revue et augmentée 1977, La Baconnière Modèle:BNF ; Modèle:5e éd. 1982 La Baconnière/Le Seuil 1982 Modèle:BNF
- Histoire de l'éducation dans l'Antiquité, Paris, Le Seuil, 1948<ref>Modèle:Article</ref>.
- L'Ambivalence du temps de l'histoire chez saint Augustin, Paris, Vrin, 1950<ref>Modèle:Article</ref>.
- « Philosophie critique de l'histoire et "sens de l'histoire" », dans L'homme et l'histoire. Actes du {{#ifeq:congrès | s | Modèle:Siècle | VIe{{#if:congrès| congrès }} }} des sociétés de philosophie de langue française, Paris, PUF, 1952, Modèle:P..
- Préface à Élisabeth de Miribel, Edith Stein par une moniale française, Paris, Le Seuil, 1954.
- De la connaissance historique, Paris, Le Seuil, 1954<ref>Modèle:Article</ref> ; rééd. poche, Paris, Le Seuil, Modèle:Coll., 1975.
- Saint Augustin et l'Augustinisme, Paris, Le Seuil, collections Microcosme « Maîtres spirituels », 1955.
- Les Troubadours, Paris, Le Seuil, 1961.
- Nouvelle Histoire de l'Église. Tome I, Modèle:2e : De la persécution de Dioclétien à la mort de Grégoire le Grand, Paris, Le Seuil, 1963 ; réédition séparée, L'Église de l'Antiquité tardive 303-604, Paris, Le Seuil, Modèle:Coll., 1985.
- Théologie de l'histoire, Paris, Le Seuil, 1968 ; réédition, Paris, Le Cerf, 2006.
- Patristique et Humanisme, Paris, Le Seuil, 1976.
- Décadence romaine ou Antiquité tardive ?, Paris, Le Seuil, Modèle:Coll., 1977<ref>Modèle:Article</ref>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>
- Christiana tempora : mélanges d'histoire, d'archéologie, d'épigraphie et de patristique, Rome, École française de Rome, collection de l'École française de Rome", 1978,
- Crise de notre temps et Réflexion chrétienne (1930-1975), Paris, Beauchesne, 1978.
- Carnets posthumes, éd. par Françoise Marrou-Flamant, Paris, Le Cerf, Collection "Intimité du christianisme", 2006<ref>Modèle:Article</ref>.
Distinctions
Décorations
Récompenses
- Docteur honoris causa de l'Université de Fribourg<ref name=":0" />.
- Docteur honoris causa de l'Université Laval<ref name=":0" />.
- Docteur honoris causa de l'Université catholique de Louvain<ref name=":0" />.
Notes et références
Voir aussi
Bibliographie
- De Renan à Marrou : l'histoire du christianisme et les progrès de la méthode historique (1863–1968), éd. par Yves-Marie Hilaire, Villeneuve-d'Ascq, Presses universitaires du Septentrion, collection « Histoire et civilisation », 1999
- Pierre Riché (préface de René Rémond), Henri Irénée Marrou, historien engagé, Paris, Éd. du Cerf, collection « Histoire Biographie », 2003
- Henri Irénée Marrou, La source occitane - Lou libre de jouventu (1920-1931) - Philippe Gardy, éd. Carrefour Ventadour, 2023
Par ailleurs, la Société des amis d'Henri-Irénée Marrou publie depuis 2008 des Cahiers Marrou.
Articles connexes
Liens externes
- Ancien site : henrimarrou.org
- Site consacré à Henri-Irénée Marrou, CaritasPatrum
- Historiographie du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle
- Henri Marrou : « France, ma patrie », publié comme Libre opinion dans Le Monde du 5 avril 1956, LDH Toulon
- Henri-Irénée Marrou sur le site de la revue Esprit
- Henri Irénée Marrou aux Éditions du Cerf