Ludwig von Mises
Modèle:Voir homonymes Modèle:Infobox Biographie2
Ludwig von Mises (prononciation allemande : {{#ifeq:1|0|ˈluːt.vɪç fɔn ˈmiː.zəs|[[Alphabet phonétique international|Modèle:Nobr]]}}) (Modèle:Date - Modèle:Date) est un économiste austro-américain qui a eu une influence importante sur le mouvement libéral et libertarien moderne. Il enseigne d'abord à Vienne puis à Genève jusqu'en 1940. Fils d'une famille juive du royaume de Galicie et de Lodomérie et inscrit sur la liste noire des nazis, il fuit aux États-Unis où il enseigne à l'université de New York de 1945 à 1969. Naturalisé américain en 1946, il meurt à New York en 1973.
Auteur majeur de l'école autrichienne d'économie qui défend le capitalisme et le libéralisme classique, il est particulièrement connu pour son magnum opus, L'Action humaine, traité d'économie publié pour la première fois en anglais en 1949. Il y expose en particulier les positions épistémologiques et méthodologiques qui caractérisent l'école autrichienne : conception subjective de la valeur, individualisme méthodologique et praxéologie.
Son nom reste également attaché à la critique du socialisme, que Mises considère voué irrémédiablement à l'échec en raison de l'absence des mécanismes de fixation des prix par le marché. Friedrich Hayek, Murray Rothbard et Israel Kirzner comptent parmi ses élèves les plus éminents.
Biographie
Jeunesse et formation
Ludwig Heinrich Edler von Mises nait à Lemberg en Autriche-Hongrie (aujourd'hui, Lviv) le Modèle:Date. Il voit le jour dans une famille de marchands juifs germanophones, anoblie la même année et résidant depuis des siècles en Galicie, dans l'actuelle Ukraine. Son père, Arthur von Mises est ingénieur en travaux publics et sa mère Adèle l'élève avec son frère Richard, né en 1883 et qui deviendra mathématicien. Ils ont un troisième frère, Karl, qui meurt pendant l'enfance. Ils déménagent à Vienne dans les années 1890. L'empire austro-hongrois est alors le deuxième plus grand empire d'Europe et est constitué d'une mosaïque de peuples et de cultures.
En 1892, il entre à l'Akademisches Gymnasium de Vienne, où il étudie avec Hans Kelsen. De 1900 à 1906<ref>Pendant un an entre 1902 et 1903 il remplit ses obligations militaires</ref>, il étudie à l'université de Vienne, d'où il sort docteur en droit canon et romain, l'économie n'étant alors enseignée qu'à l'université de droit<ref name="Abr">Ludwig von Mises & Gérard Dréan, Abrégé de l'action humaine, traité d'économie, Les Belles Lettres, 2004, Modèle:P.</ref>.
L'enseignement qu'il suit à l'université de Vienne est dominé par l'historicisme, en particulier dans les cours de Carl Grünberg. Si Mises rejette rapidement cette école, il est dans ses premières années d'université partisan de l'interventionnisme étatique. Il écrivit ainsi : Modèle:Citation<ref>Ludwig von Mises, The historical setting of the Austrian school of economics, 1984</ref>. C'est à partir de 1903-1904 qu'il se rapproche des théoriciens de l'école autrichienne d'économie comme Carl Menger, dont il lit durant ces années les Principes d'économie, et Eugen von Böhm-Bawerk, dont il suit le séminaire privé entre 1904 et 1914<ref>Murray Rothbard, Ludwig von Mises: Scholar, Creator, Hero, 1988, chap. 1 : the young scholar</ref>. Mises déclara que c'est de la lecture des Principes de Menger que naquit sa vocation d'économiste<ref>Jörg Guido Hülsmann, The last knight of liberalism, 2007, Mises Institute, Modèle:ISBN, Modèle:P.</ref>.
Vienne (1906 - 1934)
En 1907, il devient conseiller officiel du gouvernement autrichien<ref name="Abr"/>, tout en remplissant quelques postes d'enseignement ou en travaillant dans un cabinet d'avocats. À partir de 1909 ou 1911<ref>Hülsmann parle de 1909, Rothbard de 1911</ref>, il devient conseiller économique de la chambre de commerce de Vienne. Il décide alors de s'attaquer à la question soulevée par l'économiste Karl Helferrich, qui avait pointé l'absence de théorie de l'école autrichienne d'économie sur la monnaie<ref name="Rothbard">Murray Rothbard, Ludwig von Mises: Scholar, Creator, Hero, 1988, chap. 2 : The Theory of Money and Credit</ref>. Il fera de ses travaux sur la question sa thèse d'Habilitation<ref>Jörg Guido Hülsmann, ibid, Modèle:P.</ref>. Il en sort en 1912 la Théorie de la monnaie et du crédit, dans laquelle il soutient que l'étalon-or est le seul système monétaire viable.
À la suite de la publication de son ouvrage, il obtient en 1913 un premier poste d'enseignement non rémunéré à l'université de Vienne; il devient privatdozent. À l'exception de la période de guerre, il y enseigne sans discontinuer jusqu'en 1934, toujours sans être payé. Pour Earlene Craver, professeur à l'Université de Los Angeles, ce refus de l'université de Vienne de le nommer à l'une des trois chaires rémunérées est dû à trois raisons : Mises était libéral dans un monde où l'interventionnisme socialiste et fasciste montait en puissance, juif dans une ville de plus en plus antisémite, et il refusait de céder sur ses principes<ref name="Trois">Murray Rothbard, Ludwig von Mises: Scholar, Creator, Hero, 1988, chap. 3 : The Reception of Mises and of Money and Credit</ref>. Dans le même temps, il reste conseiller économique de la Chambre de Commerce de Vienne; c'est de ce poste qu'il tire ses revenus<ref name="Rothbard"/>. Ses idées et plus globalement celles du courant autrichien restent en effet minoritaires dans les universités face à, principalement, l'historicisme. Modèle:Citation bloc
Lors de la Première Guerre mondiale, il est mobilisé comme capitaine d'artillerie dans l'armée autrichienne, sur le front de l'Est. Atteint par la typhoïde en 1917, il doit rentrer à Vienne et est affecté au quartier général, où il travaille comme conseiller économique jusqu'à la fin de la guerre<ref>Margit von Mises, My years with Ludwig von Mises, Arlington House publishers, New York, 1976, Modèle:ISBN, Modèle:P.</ref>. Il s'occupe de la politique monétaire ukrainienne à la fin de l'année 1918. Il finit la guerre avec plusieurs médailles<ref>Hülsmann, ibid, p. 268</ref>.
Dans la foulée il dirige la délégation autrichienne à la commission des réparations de la Société des Nations. En 1919 il réintègre l'université de Vienne comme « professeur extraordinaire »<ref name="Abr"/>. Il publie la même année Nation, Staat und Wirtschaft (Nation, État et économie), où il rend responsable de la Première Guerre mondiale l'adoration générale des États-nations et défend une plus grande liberté pour les minorités ethniques et culturelles.
Dans l'entre-deux guerres, il continue à conseiller le gouvernement autrichien; il est ainsi nommé par ce dernier pour des négociations commerciales avec le gouvernement communiste hongrois de Béla Kun. Dans l'immédiat après-guerre, il défend étonnamment l'émission de papier-monnaie, considérant que c'est le seul moyen de sauver le gouvernement<ref>Par exemple dans Der Wiedereintritt Deutsch-Österreichs in das Deutsche Reich und die Währungsfrage en 1919</ref>.
Il lance également une campagne anti-inflation, en particulier dans le journal Neues Wiener Tagblatt où il publie des chroniques. Peu après, il est chargé avec Wilhelm Rosenberg de combattre l'inflation généralisée de l'après-guerre, en particulier avec les problèmes de reconversion de l'économie autrichienne. Il n'est que partiellement et temporairement vainqueur : si la couronne autrichienne est stabilisée en 1922, cela n'empêcha pas la crise du système bancaire en 1931<ref name="Quatre">Murray Rothbard, Ludwig von Mises: Scholar, Creator, Hero, 1988, chap. 4 : Mises in the 1920s: Economic Adviser to the Government</ref>.
De plus en plus reconnu, il organise un premier séminaire privé, bimensuel, qui dure de 1920 à 1934. Il y a comme « élèves » Friedrich Hayek, Fritz Machlup, Alfred Schütz, Gottfried Haberler et bien d'autres. Ses idées restent cependant minoritaires au sein de l'université autrichienne.
C'est quelques années seulement après la révolution d'Octobre qu'il développe sa thèse selon laquelle le socialisme est voué à l'échec et irrationnel car ne disposant pas de l'indicateur des prix fixés par l'offre et la demande sur le marché. Après plusieurs articles, dont Die Wirtschaftsrechnung im sozialistischen Gemeinwesen (Le calcul économique en régime collectiviste), il écrit en 1922 Die Gemeinwirtschaft (Socialisme) où il approfondit cette thèse. Il rencontre alors un écho certain chez plusieurs jeunes auteurs comme Friedrich Hayek et Wilhelm Röpke en Allemagne ou Lionel Robbins en Angleterre<ref>On peut se référer au discours de Friedrich Hayek lors du banquet tenu en l'honneur de Mises à New York en 1956, reproduit dans My life with Ludwig von Mises par Margit von Mises, pages 189 et suivantes</ref>.
À l'automne 1925, il rencontre pour la première fois celle qui va devenir sa femme, Margit Sereny<ref>Margit von Mises, ibid., Modèle:P.</ref>. Il effectue en 1926 une tournée des universités américaines. En Modèle:Date-, il fonde l'Institut Autrichien de la conjoncture (Österreichische Konjunkturinstitut). Friedrich Hayek, le plus connu de ses élèves, et qui obtint le Prix Nobel d'économie en 1974, le dirigea jusqu'en 1931. En 1929, il publie Kritik des Interventionismus (Critique de l'interventionnisme) où il réfute l'interventionnisme étatique, qui, pour Mises, échoue à résoudre les problèmes auxquels il tente de répondre et en crée de nouveaux en ajoutant de l'instabilité.
Mises jouit alors d'une solide réputation parmi les économistes en Europe, en particulier à cause de sa Théorie de la monnaie et du crédit (1912), du Calcul économique en économie socialiste (1920), de Socialisme (1922) et de Libéralisme (1927).
Genève (1934-1940)
En 1934, il reçoit une offre de William Rappard pour occuper la chaire de relations économiques internationales à l'Institut Universitaire des Hautes Études Internationales de Genève. Hitler est depuis un an au pouvoir en Allemagne et, acceptant la proposition de Rappard, Mises part s'installer à Genève le Modèle:Date rejoindre Louis Rougier, Hans Kelsen, Wilhelm Röpke ou Paul Mantoux dans le corps professoral de l'école<ref>Margit von Mises, ibid, Modèle:P.</ref>,<ref name="Sept">Murray Rothbard, Ludwig von Mises: Scholar, Creator, Hero, 1988, chap. 7 : Exile and the New World</ref>. Il enseigne alors en français.
Pendant l'Anschluss, il est à Genève mais, la nuit même où les nazis pénètrent à Vienne, son appartement est vidé par les soldats allemands car ses écrits sont jugés subversifs. Ses documents, ses écrits et sa bibliothèque sont saisis et évacués en 38 valises<ref>Ces documents ont été retrouvés en 1993 dans les archives soviétiques à Moscou, comme le relate Hülsmann dans The last knight of liberalism</ref>. Inscrit sur la liste noire des nazis comme de l'URSS<ref>Margit von Mises, ibid, Modèle:P.</ref>, il est dépossédé de ses biens. Il est considéré comme un ennemi politique du nazisme pour ses origines juives, et du socialisme pour ses écrits opposés à toute forme d'étatisme<ref>Hülsmann, ibid, p. xi</ref>. À la suite de l'application du nouveau code du Modèle:Date mis en place par les nazis, on lui retire le Modèle:Date son poste de conseiller économique de la chambre du commerce de Vienne<ref>Margit von Mises, ibid, Modèle:P.</ref>.
Il reste à Genève où le rejoint la même année sa future femme, Margit Sereny. Ils se marient le Modèle:Date à Genève, avec, comme témoins de mariage, Hans Kelsen et Gottfried Haberler.
Mises rencontre régulièrement Hans Kelsen, professeur de droit qu'il avait fréquenté à de nombreuses reprises lors de ses études, Wilhelm Röpke, le théoricien allemand de l'ordolibéralisme, ou Louis Rougier, le philosophe français à l'origine du Colloque Walter Lippmann en 1938. A son invitation, il se rend à ce colloque organisé à l'occasion de la parution en français de La Cité libre de Lippmann. Mises se trouve en désaccord avec Lippmann sur de nombreux points mais prend finalement part à la création du Centre international pour la rénovation du libéralisme. L'existence de ce dernier sera éphémère ; il disparaît en 1940 avec l'occupation allemande.
En 1940, il achève à Genève la rédaction de Nationalökonomie, ouvrage dans lequel il aborde les grands thèmes développés plus tard dans L'action humaine. Le livre est écrit dans une période de guerre, en allemand, sans même pouvoir toucher le public allemand. Le livre ne suscite alors que très peu de réactions<ref name="Sept"/>. Alors que l'interventionnisme prend de plus en plus d'ampleur à la faveur de la Grande Dépression et des besoins de l'économie de guerre, Mises continue à défendre ses principes, en s'appuyant sur la devise de Virgile qu'il avait choisie : Modèle:Citation (Ne cède pas au mal mais affronte-le avec courage).
L'invasion par l'Allemagne des Pays-Bas, de la Belgique et de la France convainc Mises de la nécessité de fuir le continent européen et, le Modèle:Date, sa femme et lui fuient de Genève vers Lisbonne en autocar. Ils y attendent un bateau pour effectuer la liaison transatlantique, pendant plusieurs semaines, au cours desquelles Mises rencontre régulièrement Bensabat Amzalak, le ministre portugais des finances<ref>Margit von Mises, ibid, Modèle:P.</ref>.
États-Unis (1940-1973)
Il arrive à New York le Modèle:Date. Il y est accueilli par Alfred Schütz, qui avait participé au séminaire de Ludwig von Mises à Vienne<ref>Margit von Mises, ibid, Modèle:P.</ref>. La reconnaissance qu'on lui accordait en Europe n'est cependant pas aussi forte aux États-Unis et sa théorie de la monnaie et du crédit n'avait ainsi été traduite qu'en 1934 sous l'impulsion de Lionel Robbins. Les débuts de sa nouvelle vie sont difficiles, même si la langue n'est pas un obstacle majeur, Mises étant à l'époque quasiment trilingue allemand-français-anglais.
Même s'il n'a pas encore de poste d'enseignement, il participe à la vie intellectuelle et fréquente par exemple Henry Hazlitt dont il est très proche et qui l'aide à être publié par la Yale University Press. Il rencontre l'économiste Joseph Schumpeter, avec les idées duquel il est cependant souvent en désaccord<ref>Margit von Mises, ibid, Modèle:P.</ref>. Il retrouve également Louis Rougier qui a dû lui aussi fuir l'Europe avec sa femme à l'arrivée de la Wehrmacht. Il est invité en 1942 pour deux mois de conférence à l'Université de Mexico au Mexique.
La situation financière de Mises s'améliore à partir de 1941 quand il reçoit une bourse du National Bureau of Economic Research. Il y travaille jusqu'en 1945. L'année suivante, en Modèle:Date-, il est naturalisé américain, comme sa femme.
En 1942-1943, il écrit une série de neuf articles dans The New York Times dans lesquels il peut développer sa pensée et se faire connaître dans le pays. Ses articles traitent alors des problèmes monétaires (« Inflation and money supply », « A New World Currency »), de la reconstruction future (« The Problems of a Post-War Union of the Democratic Unions », « British Post-War Problems ») ou de la guerre (« Hitler's Achilles Heel », « The Nazis under Blockade »). À la suite de ces articles, de 1943 à 1954, il collabore avec la National Association of Manufacturers (NAM), dans la commission économique de l'association.
Il commence à être reconnu aux États-Unis et donne plusieurs conférences, en particulier le Modèle:Date, sur The Aspects of American Foreign Trade Policy au Faculty Club de la New York University. Mises y déclare<ref>Margit von Mises, ibid, Modèle:P.</ref>: Modèle:Citation bloc
La même année, il finit d'écrire Omnipotent Government (Le gouvernement omnipotent), son premier ouvrage en anglais, publié en 1944 par la Yale University Press avec Bureaucracy (Bureaucratie).
En 1945, il obtient un poste de Visiting professor à l'Université de New York, université dans laquelle il reste jusqu'en 1969, année de ses 88 ans. L'année suivante, Leonard Read fonde la Foundation for Economic Education (FEE) dont il devient président et à laquelle il associe Ludwig von Mises. Il y anime un séminaire pendant de nombreuses années.
Entre 1948 et 1969, Mises organise à la Graduate School de l'université le séminaire privé qu'il a mis en place à l'Université de Vienne. Pendant ces 21 ans, il compte parmi ses « élèves » Murray Rothbard ou Israel Kirzner (qui fera sa thèse de doctorat sous la direction de Mises). Des jeunes encore lycéens comme George Reisman (qui a alors 15 ans) ou Ralph Raico participent également à ce séminaire hebdomadaire, où Mises invite entre autres Hazlitt ou Ayn Rand. Il est financé par le Volker Fund jusqu'en 1962, année où le fonds disparait<ref>Margit von Mises, ibid, chap. 9</ref>. Plusieurs donateurs proches du mouvement libertarien américain financèrent le séminaire jusqu'à la retraite de Mises en 1969<ref name="Sept"/>.
De 1947 à 1965, il assiste aux réunions de la Société du Mont Pèlerin, une association de penseurs libéraux, dont il a été l'un des quarante « pères fondateurs » de l'organisation à sa création à Vevey en 1947, de même qu'il a participé neuf ans plus tôt au colloque Walter Lippmann.
En 1949, il met la touche finale à la rédaction de son magnum opus, L'action humaine, sur lequel il travaille depuis 1942. Il s'agit d'une version anglaise, révisée et largement adaptée de son précédent livre Nationalökonomie de 1934. L'ouvrage connait un grand succès et six tirages en sont faits.
Il publie encore quelques essais importants par la suite, comme Profit and Loss (Profit et perte), sur le rôle de l'entrepreneur et le marché. En 1957, il publie Theory and History (Théorie et histoire) dans lequel il développe les relations entre praxéologie et histoire de l'humanité. Il s'y livre par ailleurs à une critique virulente du marxisme, de l'historicisme et du scientisme.
À la fin des années 1960, il réduit progressivement ses activités. Son dernier ouvrage important, The Ultimate foundation of economic science (Les fondements ultimes de la science économique), est publié en 1962. Il y développe sur un ton très polémique ses idées sur la nature et les méthodes de la science économique. Il abandonne son séminaire en 1969, à l'âge de 88 ans. Il meurt quatre ans plus tard au St. Vincent's Hospital de New York, le Modèle:Date, âgé de 92 ans.
Pensée
Présentation générale
Sa théorie économique a un fondement réaliste ; partant de prémisses empiriques générales, elle procède d'une analyse de la nature humaine et du concept d'action humaine qui en découle.
Aux antipodes de la macroéconomie, qui analyse des grandeurs statistiques, des agrégats et des moyennes, Mises souligne le rôle prépondérant de la subjectivité en économie. Il insiste sur l'importance des opinions subjectives des individus dans la formation des phénomènes sociaux, sur les déséquilibres qui en découlent, et sur le rôle central de l'entreprise.
En accord avec la théorie de l'utilité marginale décroissante, il définit la valeur comme le degré d'importance attribué par un sujet à une quantité donnée d'un bien, dans les circonstances du moment (Paradoxe de l'eau et du diamant : un verre d'eau dans le désert n'a pas la même valeur que le même verre d'eau dans une région où l'eau est abondante - mais le deuxième et le troisième verres auront sans doute moins de valeur que le premier). Il écrivit par exemple que : Modèle:Citation bloc
Selon Mises, le marché, non entravé par des interventions étatiques, produit un ordre spontané optimal qu'aucune organisation ou planification ne saurait atteindre. La « planification individuelle » est supérieure à toute planification collective.
Son œuvre théorique réfute le collectivisme et l'étatisme sous toutes leurs formes, tant modérées comme le keynésianisme, qu'anti-capitalistes comme le socialisme et le communisme, ou encore le nazisme. Les principes élémentaires, que sont la propriété privée, la division du travail et la liberté des échanges, sont pour Mises le fondement même de la civilisation. Ce sont eux qui ont permis, pour Mises, la prospérité de nos sociétés : Modèle:Citation bloc
Mises est un partisan de l'étalon-or, parce qu'il soustrait la monnaie au contrôle de la politique et aux tendances inflationnistes de tous les gouvernements.
Théorie sur la monnaie
En 1912, il publie sa Théorie sur la monnaie et le crédit, l'une de ses principales contributions à la pensée économique qui assied sa réputation en Europe. Il s'attache dans ce texte à unifier l'économie comme analyse de l'agir humain, luttant contre la division entre macro et microéconomie<ref name="Rothbard"/>. Réfutant les conclusions de Karl Helferrich, il réintègre dans ce texte la monnaie dans la théorie marginaliste en montrant qu'il s'agit d'un produit comme un autre et non d'un simple « voile » comme dans la théorie ricardienne.
Il y approfondit l'analyse de la monnaie, en soulignant tout d'abord que toutes ses fonctions « ne sont que des aspects particuliers de sa fonction primaire et unique, celle de moyen d'échange<ref>L'Action Humaine, ch. XVII, 3</ref> »<ref>« Bien qu'il soit habituel de parler de la monnaie comme instrument de mesure de la valeur et des prix, cette notion est totalement fausse. » (Théorie de la monnaie et du crédit, ch. 2, § 1)</ref>. Il propose également une typologie des « monnaies », en distinguant la monnaie au sens strict et au sens large. Il montre également que l'augmentation de la masse monétaire ne se contente pas d'augmenter uniformément l'échelle des prix mais introduit des distorsions. Il explique que la loi de l'offre et de la demande s'applique aussi à la monnaie, et lui confère son « prix », qui est son pouvoir d'achat. Dès lors, établir une équation de la monnaie est impossible. Il insiste enfin sur l'origine spontanée et non étatique de la monnaie.
Il y met en garde contre les processus inflationnistes, sources de redistribution et non de création de richesses. Il souligne également le danger de la manipulation catastrophique de la masse monétaire, qui conduisit par la suite au krach de 1929Modèle:Refnec. Il soutient que l'étalon-or est le seul système monétaire viable, que l'inflation est la cause du déficit de la balance des paiements, et non l'inverse, et que les crédits bancaires ne devaient pas être ajustés en fonction de cette variation du commerce.
Il développe enfin une analyse du système de création monétaire par réserves fractionnaires et propose une théorie du cycle économique.
Le calcul économique et l'économie socialiste
En 1920 dans un article, Le calcul économique en régime collectiviste, puis en 1922 dans son livre Socialisme, il prédit quelques années après la révolution d'Octobre la chute du communisme, et explique pourquoi selon lui tout système de planification centrale est non seulement moins efficace que le libre-marché, mais doit nécessairement finir par s'écrouler, une économie ne pouvant pas fonctionner sans prix de marché qui transmette l'information aux acteurs. Il écrit ainsi que : Modèle:Citation bloc
Sans marché, pas de calcul économique et donc pas d'« économie ».
Dans Socialisme, il souligne également que dans un système capitaliste, les propriétaires des moyens de production ne sont pas uniquement les propriétaires légaux mais également l'ensemble des consommateurs. Le capital accumulé leur bénéficie directement. Pour Mises, le système socialiste ne peut assurer le même bien-être aux individus, toujours en raison de l'absence de calcul économique.
Dans la seconde partie de l'ouvrage, il insiste sur l'aspect militaire de la planification, système dans lequel l'individu est privé de sa liberté et doit obéir aux ordres des planificateurs centraux. Il écrit ainsi<ref>Ludwig von Mises, Socialism, Modèle:P.</ref>: Modèle:Citation bloc
Élargissant les travaux de David Ricardo, il écrit que, grâce aux bienfaits de la division du travail, les hommes ont intérêt à s'associer. L'échange libre et non entravé par l'État entre les différents acteurs économiques permet selon Mises une économie efficace et surtout est source de paix<ref>Ludwig von Mises, Socialism, Modèle:P.</ref> : Modèle:Citation
L'Action humaine
En 1949, Ludwig von Mises publie la première édition de ce qui restera comme son ouvrage majeur, L'Action humaine. À travers plus de mille pages, il entend couvrir l'ensemble des questions liées à l'action humaine, en présentant une analyse originale de l'économie et de toutes ses questions fondamentales. Comme il l'écrivit lors de la publication de l'ouvrage : Modèle:Citation bloc
Dans l'Action humaine, il précise en particulier sa conception de l'économie, qui doit s'intéresser avant tout à l'action humaine, comme l'illustre le titre de son ouvrage. Mises écrit ainsi : Modèle:Citation. En particulier, il refuse toute mathématisation de l'économie, à l'opposé de l'école néoclassique : Modèle:Citation C'est donc le « dualisme méthodologique » qui doit prévaloir : la méthode de raisonnement applicable à l’économie est de partir de notre connaissance de nous-mêmes en tant qu'êtres humains agissants pour en dériver, par simple déduction logique, les lois qui régissent les phénomènes. Cette méthode « a priori », soutenue par la logique, est semblable à celle des mathématiques. Elle s’oppose à la méthode expérimentale ou hypothético-déductive des sciences physiques.
Il expose en détail les concepts qui deviendront fondamentaux dans la pensée autrichienne : la praxéologie ou analyse de l'action humaine, la catallactique, la conception subjective de la valeur, le rôle des prix et l'importance du marché.
Philosophie
Bien que principalement économiste, Ludwig von Mises a fait œuvre de philosophe, en particulier dans le champ de la philosophie politique, mais aussi en épistémologie<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Conception du totalitarisme
On reproche quelquefois à Ludwig von Mises d'avoir rendu hommage en 1927 au coup d'État fasciste de Mussolini, qui avait évité le danger communiste et sauvé la civilisation<ref>Domenico Losurdo, Staline. Histoire et critique d'une légende noire, Aden, 2009, Modèle:P.</ref>. Dans son ouvrage Liberalismus de la même année, à la fin de la section consacrée au sujet, après avoir présenté comme l'« idée fondamentale » des fascistes la volonté de « se servir dans le combat contre la IIIe Internationale des mêmes moyens dont la IIIe Internationale se servait sans scrupules contre ses ennemis », il écrit plus précisément<ref>Modèle:Ouvrage</ref> :
En 1956, dans Planned chaos, il écrit dans le chapitre 7 consacré au fascisme :
Influence
Modèle:... L'école autrichienne d'économie dont Mises fut en son temps le plus célèbre représentant est une école de pensée hétérodoxe. À ce titre, l'influence directe de Mises a été bien moindre que celle de, par exemple, Milton Friedman quelques années plus tard. Cependant Mises a influencé de nombreux étudiants, organismes ou écoles économique comme, plus généralement, le mouvement libéral et libertarien moderne.
Le Ludwig von Mises Institute fut créé en 1982 aux États-Unis. Dès le Modèle:Date, Mises avait exprimé dans une lettre à Leonard Read sa conviction qu'il fallait d'abord mener le combat sur le terrain des idées et en direction des intellectuels : Modèle:Citation. Antony Fisher qui fonda plusieurs think tanks libertariens écrivit ainsi dans une lettre à sa femme : Modèle:Citation
Il a influencé l'école autrichienne d'économie de façon générale et en particulier une partie de la pensée de Friedrich Hayek ou de Murray Rothbard, son élève le plus proche. Pascal Salin s'en revendique également dans Libéralisme.
Reconnaissance internationale
En 1956, il reçoit le William Volker Distinguished Service Award<ref>Margit von Mises, ibid, Modèle:P.</ref>. Trois ans plus tard, le magazine américain Fortune dit de lui que Modèle:Citation, en faisant référence à ses écrits de 1922 sur le calcul en économie socialiste. En 1962, il reçut la Médaille d'honneur autrichienne des arts et des sciences (Österreichisches Ehrenzeichen für Wissenschaft und Kunst) pour Modèle:Citation<ref>Margit von Mises, ibid, Modèle:P.</ref>. En 1963, il est fait docteur honoris causa de l'Université de New York, pour son Modèle:Citation. L'année suivante, il est également fait Doctor rerum politicarum (docteur en sciences politiques) de l'Université de Fribourg-en-Brisgau<ref name="Abr"/>. Le Modèle:Date, Winston Duke publie un article à son sujet dans la revue de la Harvard University Business School, intitulé The Man who should have received the Nobel Prize in Economics (L'homme qui aurait dû recevoir le Prix Nobel d'économie)<ref>Margit von Mises, ibid, Modèle:P.</ref>. La même année, il est fait Distinguished fellow de l'American Economic Association<ref>Margit von Mises, ibid, Modèle:P.</ref>.
Œuvres
- Theorie des Geldes und der Umlaufsmittel, 1912 (The Theory of Money and Credit, « Théorie de la monnaie et du crédit »), Modèle:Lire en ligne
- Die Gemeinwirtschaft, 1922 (Socialism, Le socialisme : analyse économique et sociologique), Modèle:Lire en ligne
- Liberalismus, 1927 (Liberalism), Modèle:Lire en ligne
- Grundprobleme der Nationalökonomie, 1933 (Epistemological problems of Economics, Les problèmes fondamentaux de l'économie politique), Modèle:Lire en ligne
- Nationalökonomie, 1940
- Omnipotent Government, 1944 (Le gouvernement omnipotent : état totalitaire et guerre totale), Modèle:Lire en ligne
- Bureaucracy, 1944 (La Bureaucratie), Modèle:Lire en ligne
- Planned Chaos, 1947 (Le Chaos du planisme), Modèle:Lire en ligne
- Human Action a Treatise on Economics, 1949, L'Action humaine, traité d'économie, 1985), Modèle:Lire en ligne
- Planning for Freedom, and Other essays, 1952 (« Planifier la liberté et autres essais »), Modèle:Lire en ligne
- The Anti-capitalistic Mentality, 1956 (« La mentalité anti-capitaliste »), Modèle:Lire en ligne
- Theory and History, 1957 (Théorie et histoire : une interprétation de l'évolution économique et sociale), Modèle:Lire en ligne
- The Ultimate Foundation of Economic Science, 1962 (« Le Fondement ultime de la science économique »), Modèle:Lire en ligne
Traductions en français
- Modèle:Ouvrage
- Modèle:Ouvrage
- Modèle:Ouvrage
- Modèle:Ouvrage
- Modèle:Ouvrage
- Modèle:Ouvrage
- Modèle:Ouvrage
Articles
Bibliographie
Livres
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Collectif, Toward Liberty: Essays in Honor of Ludwig von Mises on the Occasion of his 90th Birthday, 1971
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Margit von Mises, My life with Ludwig von Mises, 1976, Arlington House publishers, New York, Modèle:ISBN
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Murray Rothbard, Ludwig von Mises: Scholar, Creator, Hero, 1988, Mises Institute, Modèle:Lire en ligne
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Stéphane Longuet, Hayek et l'école autrichienne, Nathan, coll. Circa, 1998, 192 p, Modèle:ISBN
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Thierry Aimar, Les apports de l'école autrichienne d'économie : Subjectivisme, ignorance et coordination, Vuibert, 2005, 315 p, Modèle:ISBN
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Jörg Guido Hülsmann, The last knight of liberalism, 2007, Mises Institute, Modèle:ISBN, Modèle:Lire en ligne
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Robert Leroux, Ludwig von Mises, vie, œuvres, concepts, Ellipses, 2009.
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Renaud Fillieule, L'école autrichienne d'économie. Une autre hétérodoxie, Septentrion, 2010, 239 p, Modèle:ISBN
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Ouvrage
- Modèle:Ouvrage
Articles
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Article
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Article
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Article
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Lien web
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Article
Notes et références
Annexes
Articles connexes
- Institut Mises
- École autrichienne d'économie
- Liste des économistes célèbres
- Richard von Mises - Mécanicien, son frère
Liens externes
Modèle:Autres projets Modèle:Autres projets
- Modèle:Autorité
- Modèle:Dictionnaires
- Modèle:Bases
- Notice dans la Deutsche Biographie
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Mises Institute
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Textes de Ludwig von Mises traduits par Hervé de Quengo