Pétrone

{{#ifeq:||Un article de Ziki, l'encyclopédie libre.|Une page de Ziki, l'encyclopédie libre.}}

Modèle:En-tête label Modèle:Voir homonymes Modèle:Infobox Écrivain

Modèle:Terme défini (Petronius Arbiter sur les en-têtes des manuscrits qui nous sont parvenus<ref>Pétrone porte le cognomen d'Arbiter sur les manuscrits qui nous sont parvenus, en particulier le texte copié par Joseph Juste Scaliger au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle et conservé à Leyde (source : Alfred Ernout dans son introduction à sa traduction du Satyricon aux éditions Les Belles Lettres 1970). Ernout souligne cette rencontre « qui n'est sans doute pas fortuite » avec le favori de Néron surnommé Modèle:Langue. Sur le prénom, Ernout constate que les auteurs diffèrent : C=Gaius (selon Tacite) ou Titus (selon Pline et Plutarque).</ref>) est un écrivain romain, auteur du Satyricon. Il est généralement (mais pas unanimement) identifié avec Modèle:Langue, ancien consul, l'un des favoris de Néron, jouant à la cour le rôle d'arbitre du bon goût (Modèle:Langue<ref>Tacite, Annales, livre XVI, chap 18.</ref>) dans les années 60, avant de tomber en disgrâce et de se donner la mort en s'ouvrant les veines après avoir relaté par écrit les turpitudes de Néron (Tacite, Annales, livre Modèle:XVI, 17 à 20). Toutefois, d'autres hypothèses quant à son identité ont été formulées.

Le Satyricon est considéré comme l'un des premiers romans de l'histoire de la littérature. Narrant les aventures singulières et scabreuses de héros assez spéciaux, il constitue une satire sociale, qui est, grâce à la psychologie des personnages et l'observation réaliste, une véritable innovation littéraire. Seuls des extraits nous sont parvenus, dont le fameux festin chez Trimalcion ; manquent en particulier le début et la fin du roman. Pétrone est également l'auteur de poèmes, bien que certains de ceux qui lui furent attribués se soient révélés ne pas être de sa main. On lui attribue également des fragments narratifs, retrouvés au cours des siècles et supposés intégrer le récit du Satyricon.

L'esthétique de Pétrone est essentiellement parodique et satirique : ses écrits interrogent le monde romain par la dérision et le travestissement. Cependant, nombre de spécialistes lui reconnaissent un message social novateur, un style littéraire innovant et une recherche dans l'observation réaliste qui en fait l'un des auteurs précurseurs du roman.

Pétrone a influencé la littérature, le cinéma et la musique. Henryk Sienkiewicz, dans son roman Quo vadis ? (1895), fait de Modèle:Langue un personnage clé de l'intrigue alors que Federico Fellini adapte le Satyricon en 1969. Le compositeur italien Bruno Maderna en a composé un opéra en un acte. Plus généralement, la vie de Pétrone et son esthétique ont inspiré de nombreux auteurs tels que Henry de Montherlant, Laurence Sterne, Tobias Smollett, Henry Fielding ou encore Marcel Schwob.

Identité : éléments biographiques et controverses

La polémique : la « Modèle:Langue »

La « Modèle:Langue », expression italienne désignant la polémique érudite concernant l'identité de Pétrone et son autorité auctoriale sur le Satyricon, a produit nombre d'hypothèses. L'un des premiers traducteurs français de Pétrone à la fin du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, Charles Héguin de Guerle a, par exemple, intitulé le commentaire qu'il lui consacre : « Recherches sceptiques sur le Satyricon et sur son auteur »<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Le débat est lancé par E. Marmorale<ref>E. Marmorale Modèle:Langue, Bari, Laterza, 1948</ref>, qui situe l'auteur du Satyricon à l'époque des Sévères. Selon André Daviault, qui a écarté l'hypothèse de Marmorale, les recherches tendent en majorité à montrer que le Pétrone auteur du Satyricon est bien Modèle:Langue, mentionné par Tacite surtout<ref name="Daviault, 2001,p.327"/>. Cependant, plusieurs éléments remettent en question cette thèse.

Hubert Zehnacker et Jean-Claude Fredouille pointent le fait que Modèle:Citation En outre, à l'époque néronienne, la Modèle:Langue a produit plusieurs personnalités portant ce nom. Le supplément patronymique Arbiter ne permet que limitativement de préciser le personnage car il s'agit d'un gentilicium et d'un cognomen, alors que l'expression « arbitre de l'élégance » est certainement de l'invention de Tacite<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Deux hypothèses majoritaires existent à ce propos : une première situe Pétrone, auteur du Satyricon, sous le règne de Néron, alors que la seconde le localise après cet empereur, soit à l'époque flavienne (69–96), soit pendant celle des Antonins.

Pétrone de l'époque néronienne

Pétrone selon Tacite

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Les Annales de Tacite.

Le portrait littéraire le plus complet de Pétrone est présenté par Tacite (55-120), dans ses Annales, au livre XVI uniquement, dans ses sections 17 à 20. Au fragment 17, Tacite évoque la dénonciation de plusieurs personnes, dont Pétrone :

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Les sections 18 et 19 concernent quant à elles exclusivement la mort de Pétrone :

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Enfin, la section 20 raconte la possible relation qu'entretient Pétrone avec une femme du nom de Silia :

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Buste de l'empereur Néron.

Tacite dépeint Pétrone comme un personnage Modèle:Citation, proche du modèle épicurien<ref name="Rose,p.40">Modèle:Harvsp40.</ref> ; devenu l'ami et le protégé de Néron, il passe à la cour pour un Modèle:Citation, Modèle:Langue en latin. Selon Eugen Cizek, l'épicurien Pétrone paraît avoir fréquenté le cercle littéraire et érudit des Calpurnii, ce cénacle d'admirateurs des classiques grecs et latins<ref name="Cizek,p.402-403"/>. L'auteur du Satyricon a en effet tout d'une personnalité érudite et raffinée, urbaine également<ref name="Rose,p.41">Modèle:Harvsp41.</ref>. Toujours selon Tacite, il semble que, par la suite, Pétrone ait été disgracié auprès de Néron par un rival, le préfet du prétoire Tigellin, jaloux de lui. Ce dernier réussit ainsi à compromettre Pétrone, grâce à la complicité d'un délateur qui le dénonça comme ami du sénateur Flavius Scaevinus, qui avait partie liée avec la conjuration de Pison visant à renverser Néron. Pétrone reçoit par la suite l'ordre de l'empereur de mettre fin à ses jours. Après avoir dicté, lors d'un voyage de Néron en Campanie, ce récit en vers (faciles versus<ref name="Rose,p.40"/>) destiné à ridiculiser Néron, en décrivant les débauches de sa cour, Pétrone semble s'être suicidé à Cumes, en 67, en adoptant une attitude désinvolte et ce fidèlement à sa réputation. Il passe pour s'être ouvert les veines dans son bain, après avoir fait parvenir son récit satirique à Néron<ref name="Quignard,p.149">Modèle:Harvsp.</ref>. Selon Tacite en effet, avant de mourir, Pétrone a composé une description fleurie des débauches de Néron et la lui a envoyée sous pli cacheté. Selon Charles de Saint-Évremond : Modèle:Citation

Plusieurs éléments typiques de l'époque néronienne confortent cette thèse. Ils sont si exemplaires que, pour Kenneth F. C. Rose, le Satyricon n'aurait été écrit que pour le divertissement confidentiel de la cour de Néron, ce qui expliquerait que le récit ait été si peu connu dans l'Antiquité. L'Modèle:Citation, marqué par la dépravation, l'ironie dominante et enfin la peinture fidèle des conditions de la plus basse classe sociale et la critique du milieu aristocratique, les jeux de mots et le personnage de Trimalcion, sorte de double de Néron, sont autant de preuves allant en ce sens<ref name="Rose,42-43">Modèle:Harvsp.</ref>. Pour lui, l'épisode du festin chez Trimalcion apporte le plus de preuves, à travers les descriptions des comportements et des habitudes de vie des convives<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Selon Eugen Cizek, Pétrone semble avoir influencé Néron, notamment dans l'écriture par l'empereur d'une Modèle:Citation au poème de Lucain intitulé Iliacon. Pétrone aurait pu, par le moyen du poème d'Eumolpe sur la guerre de Troie, démontrer à l'empereur les erreurs à ne pas commettre. Pour Cizek, cet élément montre une connexion entre Néron et Pétrone, et renforce la thèse selon laquelle ce dernier est bien le personnage dépeint par Tacite<ref name="Cizek,p.402-403"/>.

Controverses

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L'identité entre ce personnage historique et l'auteur du Satyricon est présentée comme une certitude au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle par Pierre Pithou<ref name="Féray,p.10"/> et reste l'hypothèse défendue par la majorité des spécialistes modernes. Toutefois, l'édition révisée du Gaffiot distingue, dans sa rubrique « Auteurs et ouvrages cités en abrégé », Titus Pétronius, courtisan de Néron et Pétrone Arbiter, auteur du Satyricon<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. En effet, plusieurs personnes de prestige du nom de « Pétrone » existent au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, dans l'Empire romain, époque de rédaction supposée du Satyricon. Il semble toutefois que l'écrivain, qui signe son texte du nom de « Petronius Arbiter », soit très probablement un certain Caius (ou Titus parfois) Petronius Niger (ou encore : Gaïus Petronius selon Jean-Claude Féray<ref name="Féray,p.10">Modèle:Harvsp.</ref>), gouverneur de Bithynie, puis consul suffect en 61 ou 62.

Il y a cependant peu d'allusions à l'époque néronienne dans le Satyricon. Kenneth F. C. Rose les énumère : le suicide de l'auteur (le Satyricon aurait en effet été écrit peu avant que Pétrone ne se donne la mort) n'est pas évoqué dans le roman et le raffinement luxueux n'est pas mis en avant ; par ailleurs le patronyme d'« Arbiter », à l'époque de Néron, ne se rapporte jamais, parmi les occurrences connues, à un artiste ou écrivain<ref name="Rose,42-43"/>. Hubert Zehnacker et Jean-Claude Fredouille considèrent que Pétrone a bien vécu sous les Julio-Claudiens et que le Satyricon a été rédigé à la fin du règne de l'empereur Néron<ref name="Zehnacker, 2005,p.247">Modèle:Harvsp.</ref>. Pierre Grimal soutient lui aussi cette hypothèse : Modèle:Citation Il ajoute que, selon toute vraisemblance, le Satyricon a dû être censuré et qu'il était de fait inaccessible au temps de Tacite. Il pourrait être une satire des mœurs du prince Néron censurée sous son règne<ref name="Grimal,notice">Modèle:Harvsp.</ref>. L'hypothèse de Pierre Grimal est séduisante, mais suppose que la mise à l'index ait survécu à la mort de Néron ce qui peut étonner.

Autres hypothèses sur son identité

Fichier:Statue of Emperor Augustus Capri.jpg
L'action semble se dérouler en Campanie, sous le règne de l'empereur Claude.

Roman de la période flavienne

Le débat sur l'identité de l'auteur est lié à d'autres polémiques, à savoir : celle portant sur la période décrite dans le roman, celle liée à la date de rédaction et de sa publication<ref name="Maurice Sartre p92">Modèle:Harvsp.</ref>. Ses récits, et surtout le Satyricon, en raison du contexte social et politique qu'il présente, sont en effet les seules preuves de son existence. Selon René Martin, le Satyricon pose plus de questions qu'il n'en résout, si bien que le critique littéraire, ainsi que le lecteur, doivent être prudents vis-à-vis de ce texte<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. René Martin émet en 1975 l'hypothèse que la rédaction du récit est issue du contexte Flavien (de 69 à 96), plus précisément de l'époque de Domitien<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. On trouve déjà chez Voltaire des doutes à ce propos<ref name="Féray,p.10"/>. L'écrivain considère en effet que l'édition de François Nodot (1691) a aggravé la confusion faite entre Modèle:Langue, vivant après l'époque de Néron, et Modèle:Langue, proche de ce dernier :

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L'hypothèse de René Martin, qui veut que Pétrone ait existé après l'époque néronienne, se présente comme sérieuse<ref name="Daviault, 2001,p.327">Modèle:Harvsp.</ref>, citant comme arguments que Pétrone n'est cité qu'à partir du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, qu'il imita Silius Italius et Martial et non l'inverse, que le style est plus proche de l'époque flavienne, et que ce n'est pas le Petronius de Tacite, ce dernier ne lui attribuant aucun rôle littéraireModèle:Sfn. René Martin ajoute que le contre-argument le plus utilisé pour les Modèle:Citation serait les parodies de Sénèque, mais le philosophe stoïcien eu une fameuse postérité et n'a pas été obligatoirement parodié de son vivantModèle:Sfn. Cette hypothèse est rejetée par François Ripoll<ref name="Martin, 2006,p.607-608">Modèle:Harvsp.</ref>, car elle se fonde sur les éléments romanesques présents dans le Satyricon. Pour lui, le Satyricon pourrait vraisemblablement être une parodie de Silius Italicus (26–101), auteur des Punica. En étudiant les éléments métriques constituant le poème du Modèle:Langue du Satyricon, Wei-jong Yeh a montré que Pétrone est en effet l'héritier de Silius ; il situe donc le roman à l'époque de Domitien<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Selon Martin toujours, Pétrone aurait vécu sous les Flaviens, et il aurait été un affranchi, ou le fils d'un personnage consulaire, lui-même ancien affranchi<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. René Martin déclare que la datation post-néronienne est de plus en plus défendue dans les publications malgré des controverses, pour le cognomen, il n'exclu pas la coïncidence ou le pseudonymeModèle:Sfn.

Le secrétaire de Pline le Jeune

D'autres hypothèses, plus marginales, existent<ref>La liste des identités prêtées à l'auteur du Satyricon est non exhaustive, voir : Modèle:Harvsp.</ref>. L'une de celles-ci envisage la possibilité qu'il s'agisse d'un de ces affranchis qui servent de Modèle:Langue (« lecteur », « secrétaire » d'un maître) aux personnages importants de Rome. Une hypothèse récente, proposée par René Martin et reprise par l'historien Maurice Sartre, considère ainsi que l'auteur du Satyricon est le secrétaire de Pline le Jeune (environ 61–114), décrit par ce dernier comme une personne à la fois sérieuse et fantaisiste. Le Modèle:Langue de Pline s'appelle en effet, et curieusement, Encolpe, comme le narrateur du Satyricon, nom pour le moins assez rare à cette époque. Il est donc possible que le véritable auteur du Satyricon soit cet Encolpe, affranchi au service de Pline le Jeune<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. En conséquence, selon René Martin, la composition du Satyricon daterait de 110-120 ap. J.-C.<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Un Massaliote

Une autre thèse élaborée par Sidoine Apollinaire, auteur du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, fait de l'auteur un habitant de Marseille, un Massaliote. Modèle:Citation, et le récit semble y prendre cadre. Jean-Claude Féray y voit l'hypothèse la plus plausible quant à l'identité de l'auteur du Satyricon<ref name="Féray,p.11">Modèle:Harvsp.</ref>. Cette thèse est également soutenue par l'un des traducteurs de Pétrone en français, Louis de Langle : à partir du cadre géographique du récit et notamment celui d'un Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Plusieurs auteurs

Louis de Langle va cependant plus loin : le Satyricon, ensemble de fragments que l'histoire a rapprochés, serait l'œuvre de plusieurs auteurs différents. Il identifie au moins trois instances auctoriales, en particulier dans les « aventures d'Encolpe », qui présentent des Modèle:Citation ; les chapitres relatifs au culte de Priape, à l'histoire de Quartilla, et peut-être celle de la prêtresse Œnothéa seraient d'un auteur relativement récent<ref name="Langle,p.20-21">Modèle:Harvsp.</ref>. À partir des thèmes homosexuels présents dans le récit, et de leurs déviations par rapport aux modèles grecs, Jean-Claude Féray considère lui aussi que le Satyricon est un mélange de fragments disparates appartenant à plusieurs auteurs différents<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. René Martin indique que c'est une hypothèse à creuser mais avec prudenceModèle:Sfn.

Pétrone dans la littérature

Fichier:Satyricon tailhade rochegrosse III.jpg
Illustration de la scène du Festin chez Trimalcion par Georges-Antoine Rochegrosse, épisode central du Satyricon.

Pétrone et le roman latin

L'œuvre de Pétrone, le Satyricon, a été considérée comme l'archétype du roman latin. Selon Eugen Cizek, le Satyricon n'est pas seulement la synthèse d'expériences structurales précédentes, il en est aussi le dépassement ; il constitue en ce sens une innovation littéraire de l'Antiquité romaine<ref>Modèle:Article.</ref>. D’après André Daviault, Pétrone pourrait être considéré comme le premier romancier européen<ref name="Le Ber,p.160">Modèle:Harvsp.</ref>. Pétrone a sans doute puisé aux sources grecques et latines le précédant, mais il a forgé une œuvre inédite, remettant en question la poétique traditionnelle. Ce roman est donc bien plus qu’une simple parodie et loin d'être un simple récit de débauches ; il est Modèle:Citation, affirmation cependant à nuancer<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. La parodie du genre narratif est clairement reconnaissable dans le Satyricon, mais la dégradation des modèles de la grande littérature (tragédie et épopée, dans le sens aristotélicien) en est inséparable<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Pour Cizek, le Satyricon témoigne d'une Modèle:Citation

Pétrone et l'histoire littéraire

Le Satyricon, et notamment la scène du festin chez Trimalcion, préfigure, selon Paul Thomas, le roman picaresque<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Récit à l'esthétique du pot-pourri (Modèle:Langue en latin, qui désigne aussi le genre de la satire), la mise en scène de personnages de condition extrêmement modeste et la langue populaire utilisée dans le Satyricon font aussi songer au genre grec du mime tel qu'il apparaît dans les Mimiambes d’Hérondas, aux thèmes d'ailleurs proches de ceux de Pétrone<ref name="Dubuisson,p.5">Modèle:Harvsp.</ref>. Pétrone montre tous les traits de l'auteur qui a su assimiler l'esthétique des genres qui l'ont précédé, à savoir : les Satires Ménippées de Varron et l'Apocoloquintose de Sénèque, la tradition des récits de voyage<ref>Modèle:Harvsp.</ref>, le modèle de la fable milésienne<ref>Modèle:Chapitre.</ref>, et la comédie romaine<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Albert Collignon dans Pétrone en France (1905) montre à quel point l'auteur du Satyricon est admiré par le public littéraire français et notamment après le succès du roman Quo vadis ? d'Henryk Sienkiewicz<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Un modèle du dandy

Fichier:Fayum-48.jpg
Portrait d'un jeune Égyptien du Fayoum (environ 160 ap. J.-C.)

La vie, et la mort surtout, de Pétrone en ont fait un modèle du type littéraire du dandy. Charles de Saint-Évremond, dans ses Œuvres mêlées, est le premier à étudier le caractère de l'Modèle:Citation en expliquant :

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Plus loin, il affirme que Pétrone Modèle:Citation. Alain Montandon a montré que la vision de Saint-Évremond aboutit à présenter Pétrone comme un épicurien galant et dont les enseignements sont supérieurs à ceux de Sénèque et de Plutarque<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Ses qualités intellectuelles sont nombreuses : Modèle:Citation Modèle de l'« urbanité<ref>Modèle:Ouvrage.</ref> », c'est-à-dire du dandysme de la période classique, l'élégance de Pétrone atteint son paroxysme lors de sa mort. Charles de Saint-Évremond la compare à celle de Socrate, mais pour mieux montrer que la fin de Pétrone est esthétique par essence :

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Œuvres

Il n'est pas possible d'apprécier l'étendue de l'œuvre de Pétrone mais l'indication de Macrobe Modèle:Citation (Commentaire au Songe de Scipion, I, 2, 8) laisse supposer que Pétrone avait écrit plusieurs fabulae maintenant perdues<ref>Sylvie Thorel, Splendeurs de la médiocrité: une idée du roman, p. 25</ref>,Modèle:Sfn

Le Satyricon

Modèle:Article détaillé

Le Satyricon est un roman satirique écrit en latin et qui mêle vers et prose. Il est constitué par un récit-cadre (titré généralement les « Aventures d'Encolpe ») et trois récits enchâssés : L'Éphèbe de Pergame, La Matrone d'Éphèse et le Festin chez Trimalcion, autant d'intrigues à la vaste postérité littéraire<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Le récit conte les aventures, dans une Rome décadente (avant la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle) de deux jeunes homosexuels, Encolpe et Ascylte, ainsi que du jeune amant du premier, l'adolescent Giton. Après qu'Encolpe a été frappé d'impuissance par le dieu Priape, lui et ses amis errent de lieu en lieu, jusqu'en Grèce.

Roman fragmentaire

Modèle:Citation selon Eugen Cizek<ref name="Cizek,p.405-406">Modèle:Harvsp.</ref>, le Satyricon est une œuvre monumentale ; il est vraisemblable qu'aujourd'hui nous ne disposons que d'une fraction de l'ensemble. La partie conservée appartient en effet aux livres XIV, XV et XVI actuels : plusieurs passages du roman (par exemple au chapitre CXXXVII) évoquent des passages non conservés et qui permettent, par déduction, d'en deviner l'étendue totale. L'ensemble est donc un assemblage de plusieurs extraits longs, d'un seul extrait considérable et cohérent, la Modèle:Langue, et de nombreux extraits courts (Modèle:Langue) à l'authenticité variable, auxquels on ajoute les fragments attribués par des érudits humanistes au Satyricon. L'information selon laquelle il aurait été composé, selon Tacite, en quelques heures, peu avant le suicide de Pétrone, est peu vraisemblable car sa rédaction a dû prendre au moins quelques années<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Selon André Daviault, le dernier écrit de Pétrone n'est pas le Satyricon mais probablement une clé pour en comprendre les mystères<ref>Modèle:Article.</ref>. Selon Maurice Sartre cependant, la paternité du Satyricon ne peut être attribuée à Pétrone<ref name="Maurice Sartre p92"/>.

Roman satirique

Fichier:Petronius Arbiter.jpg
Première page de l'édition de 1709 du Satyricon

Mélange de prose et de vers, le Satyricon se rattache au genre de la Modèle:Langue romaine, spécifiquement à celui des Satires Ménippées de Varron et de l'Apocoloquintose de Sénèque. Modèle:Citation selon Hubert Zehnacker et Jean-Claude Fredouille. La minutie satirique de son regard se retrouve, par exemple, dans la description de la demeure de Trimalcion, semblable à celles communes à Pompéi, et qui est fidèle à l'esthétique et aux habitudes domestiques de la fin du règne d'Auguste. Au temps de Pétrone, une telle description avait donc vocation à provoquer le ridicule<ref name="Zehnacker, 2005.p.250"/>. Selon Antonio Gonzalès, ce que la satire nous montre dans le Satyricon c'est un condensé des divers pans de la société des affranchis à Rome. Le Satyricon est donc le drame de cette soudaine liberté obtenue à la suite de l'affranchissement<ref name="Gonzalès,p.280">Modèle:Harvsp.</ref>. L'ambition de Pétrone semble en effet de Modèle:Citation

Fragments narratifs attribués à Pétrone

Plusieurs fragments narratifs courts (Modèle:Langue) ont été, au cours des siècles, attribués à Pétrone, dans la continuité du Satyricon, par une tradition manuscrite complexe regroupant : le Codex Bernensis 357 ({{#switch: e

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}}), le Modèle:Langue 8049 (Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle), le Modèle:Langue 6842 D (Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle), et le Modèle:Langue ({{#switch: e

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}}) selon Alfred Ernout<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Charles Héguin de Guerle, dans une section en annexe de sa traduction du Satyricon intitulée « Fragments attribués à Pétrone » en recense 36. Il n'en a traduit qu'un certain nombre, parmi les plus dignes d'intérêt et dit les avoir obtenus du Modèle:Langue, publié par Joseph Scaliger en 1573, traditionnellement joint aux éditions du Satyricon<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Quelque onze anthologies latines et éditions du Satyricon colligent ces fragments, en particulier celle, en langue française, de Désiré Nisard qui a réalisé, en 1842, une édition intitulée Pétrone, Apulée, Aulu-Gelle : œuvres complètes avec la traduction en français dans laquelle il fait suivre le Satyricon de « Pièces de vers détachées » du récit. M. Rat, dans Pétrone le Satyricon, suivi des poésies attribuées à Pétrone et des fragments épars (1934) propose vingt-quatre témoignages et citations (I-III, V-XXI, XXV-XXVIII) et trente-deux fragments (XXIX, XXXI-L, LII-LXI, LXIII).

Ces bribes textuelles sont de deux sortes : les témoignages et citations (Modèle:Langue) et les fragments poétiques incertains (Modèle:Langue). Ils délivrent peu d'informations sur le contexte, mais plusieurs passages évoquent des indices co-textuels permettant de les relier à la diégèse du Satyricon. Ainsi, le fragment XLVII contient des éléments contextuels le reliant à la période de la dynastie julio-claudienne, de manière similaire à ceux présents dans le récit de Pétrone<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. La majorité de ces fragments nous sont parvenus grâce à des auteurs chrétiens tels que Denys d'Alexandrie, Marius Victorinus, Jérôme de Stridon, Sidoine Apollinaire ou Isidore de Séville<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Poésie de Pétrone

Dix-huit poèmes non relatifs au Satyricon sont attribués à Pétrone. Ils sont de versifications très variées et se composent d'hexamètres dactyliques, de distiques élégiaques, d'hendécasyllabes phaléciens et, pour quelques poèmes, de mètres anacréontiques. Dans son anthologie intitulée Douze poèmes d’exil de Sénèque et vingt-quatre poèmes de Pétrone, Léon Herrmann fait de certains Modèle:Langue traditionnellement attribués à Sénèque des écrits de l'Modèle:Citation. Sa démarche ne repose cependant sur aucun argument sérieux, sinon la teneur érotique des poèmes sélectionnés, et semble arbitraire<ref>Modèle:Article.</ref>. Plusieurs poèmes posent cependant problème. Le poème LXII, intitulé l'Etna, par exemple, longtemps attribué à Pétrone par Vincent de Beauvais, au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, comporte cependant des vers appartenant à une œuvre anonyme datée du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle av. ou {{#if:|{{#ifeq:|l|{{#if:|[[| apr. J.-C.]]|apr. J.-C.}}| Modèle:Abréviation discrète}}|Modèle:Abréviation discrète}}<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Les poèmes insérés au sein du Satyricon sont au nombre de trente ; ils constituent des œuvres poétiques à part entière. En plus des courts passages versifiés qui parsèment le roman, le poème dit de la guerre civile (Modèle:Langue, chapitres CXIX-CXXIV) et celui dit de la prise de Troie (Modèle:Langue, chapitres LXXXIX) sont notables. Selon Wei-jong Yeh, l'authenticité de ces fragments versifiés est toutefois douteuse, d'autant plus que leur nombre varie d'une édition à l'autre<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Mis à part ces deux longs poèmes, le récit comporte une importante diversité de formes versifiées : des hexamètres dactyliques, des distiques élégiaques, des hendécasyllabes phaléciens, des choliambes, des sénaires iambiques et trochaïques ou encore des vers sotadéens.

Apocryphes attribués à Pétrone

De nombreux écrits et fragments ont été attribués à Pétrone au cours des siècles. Charles Héguin de Guerle remarque que Scaliger, Daniel et dom Rivet en font l'auteur de l’Eustion, de l’Albutia, et de poèmes nommés Priapées, ainsi que d'épigrammes. Pour Raphaël de Volterre, Pétrone serait l'auteur d’un grand nombre de Fragments poétiques sur la médecine, certainement par confusion avec Petrichius, cité par Pline l'Ancien. Pour La Monnoie, l'épigramme latine de La Boule de neige est l'œuvre de Pétrone<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Des fragments savants ont également été mis sous la paternité de Pétrone. Pour Claude Binet, humaniste du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, Pétrone serait l'auteur de poésies mais aussi de gloses étymologiques jointes aux Modèle:Langue d'Isidore de Séville<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

Poétique et stylistique

Image du lecteur

Fichier:Norman Lindsay Satyricon p116.jpg
Illustration d'une scène du Satyricon, par Norman Lindsay

Pétrone s'adresse à un public cultivé et connaisseur en allusions culturelles et littéraires<ref name="Arciniega,p.288">Modèle:Harvsp.</ref>. La poétique du Satyricon se fonde sur les thèmes typiquement romanesques de l'errance et de la perte de repères. La maison de Trimalcion, qui est assimilée à un labyrinthe<ref name="Grimaud, p.2">Modèle:Harvsp.</ref>, semble par exemple fonctionner dans le roman comme la métaphore de l’œuvre entière, comme le dédale dans lequel Modèle:Citation. Pétrone Modèle:Citation car aucune morale de rechange n'est proposée. Le héros, Encolpe, ne permet pas l'identification minimale du lecteur et tout est fait pour ne proposer aucun accompagnement au lecteur type<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Cette image implicite du supposé Pétrone, G. B. Conte l'appelle l'Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Image de l'auteur

Selon Eugen Cizek, Pétrone ne délivre pas ses opinions directement dans ses écrits. L'auteur ne s'y présente en effet à aucun moment du récit. Sa position ne peut donc être connue que par l'analyse des personnages, en particulier de la figure d'Encolpe, personnage-narrateur du Satyricon<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Tour à tour dépassé par les événements ou, au contraire, intelligemment lucide vis-à-vis d'eux, Encolpe semble bien être le masque fictionnalisé de l'auteur Pétrone. Deux visages de l'auteur se font donc jour selon Paul Veyne : à travers le Modèle:Citation d'une part et à travers la distance ironique de l'auteur d'autre part<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Le réalisme de Pétrone

Le réalisme attribué à l'esthétique de Pétrone, notamment par Erich Auerbach dans Mimésis, la représentation de la réalité dans la littérature occidentale (1946), s'appuie sur plusieurs procédés habilement maniés par l'auteur. Son esthétique, son traitement de la psychologie des personnages, du temps et de l'espace, du mode de narration enfin en font également un modèle de réalisme dans l'Antiquité. Erich Auerbach considère le Satyricon comme Modèle:Citation. Il cite particulièrement l'épisode du festin chez Trimalcion, moment de la littérature antique le plus proche de la représentation moderne de la réalité selon ses mots<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Les personnages d'abord se définissent par une Modèle:Citation selon Cizek. Ils Modèle:Citation<ref name="Cizek,p.405-406"/>. Cette capacité à ménager des différenciations dans les portraits psychologiques des personnages, mais aussi dans leurs façons de s'exprimer (la scène du festin est éloquente sur ce point ; on peut parler d'hétéroglossie car les personnages sont aisément reconnaissables par leurs parlers, qui trahissent les origines sociales et ethniques des locuteurs), est reconnue comme un trait réaliste<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Langues et style

La stylistique de Pétrone procède surtout par contrastes. La critique du style déclamatoire portée par le personnage d'Encolpe (face au professeur de rhétorique qu'est Agamemnon notamment) a pour but de faire ressentir le Modèle:Citation<ref name="Van Mal-Maeder,p.4">Modèle:Harvsp.</ref>. La composante théâtrale occupe une place éminente dans le Satyricon, comme l’a montré Costas Panayotakis ; les termes théâtraux y sont utilisés pour indiquer la fiction et l’illusion<ref>C. Panayotakis, Modèle:Langue, Leiden, 1995, cité in Modèle:Harvsp.</ref>.

Les jeux de mots constituent également une ressource stylistique innovante chez Pétrone. De nombreux mots, existant auparavant dans la langue ou hapax forgés par l'auteur parsèment le Satyricon, tissant un réseau sémantique riche en échos. Par exemple, le terme Modèle:Langue est un mot grec qui ne semble être attesté que chez Pétrone ; le jeu de mots serait peut-être : « celui sur lequel on se couche, qui sert de couche », allusion au succube, et désignant dans l'espace textuel le « débauché », le « mignon ». Par exemple, le terme Modèle:Langue (cinède) signifie « efféminé », « débauché » et renvoie à un univers culturel et social complexe<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Inspiration et dépassement

Fichier:Lucanus, De bello civili ed. Pulmann (Plantin 1592), p. 002-003.jpg
Le poème de Lucain De bello civili, intitulé aussi la Pharsale

En dépit de la dimension largement parodique du Satyricon, il semble que Pétrone ait cependant aussi voulu donner à son roman une tournure sérieuse. Pétrone fait ainsi parvenir un message inédit pour l'Antiquité selon Aldo Setaioli. Le thème qui ne semble pas parodié chez Pétrone est Modèle:Citation. Il en est de même pour les tentatives théâtrales de suicide et pour l'amour homosexuel des personnages principaux, autant d'éléments qui font que Modèle:Citation.

Selon Paul Veyne, l'esthétique littéraire de Pétrone repose sur trois éléments : la liberté revendiquée et laissée à la fantaisie, l'importance du cadre de la tradition classique (Pétrone fait en effet l'éloge des classiques grecs et romains, même s'il en parodie les ressorts) et enfin la condamnation, à travers la Pharsale de Lucain, d'une recherche de la modernité (l'asianisme). Le poème sur la guerre civile chantée par Eumolpe dans le Satyricon est ainsi une attaque directe envers la versification de la Pharsale de Lucain, accusée d'aller contre la doctrine classique. En matière de création poétique, l'opinion de Pétrone est donc en faveur du génie créateur, de l'inspiration<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Intertextualité

Les allusions mythologiques et littéraires sont nombreuses dans les écrits de Pétrone et en particulier dans le Satyricon. Le poème sur la prise de Troie reprend par exemple, en sénaires iambiques, le sujet traité auparavant par Virgile au second livre de l'Énéide. Le second poème, portant sur la guerre civile, fait écho quant à lui à celui du livre I de la Pharsale de Lucain<ref name="Zehnacker, 2005,p.249"/>. Le roman renferme aussi des allusions à la culture sémitique à travers le personnage de Trimalcion, si bien que c'est dans le Satyricon Modèle:Citation latins, explique Michel Dubuisson<ref name="Dubuisson,p.12">Modèle:Harvsp.</ref>. Plusieurs thèmes renvoient à des auteurs romains, ainsi ceux de la corruption et de la vénalité de la justice sont des échos aux textes de Varron, de Juvénal et de Martial<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Pour Olivier Sers, comme pour René Martin, le Satyricon serait une parodie homérique<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Plusieurs épisodes tournent en effet en dérision les péripéties d'Ulysse : celui de la tempête est ainsi, par exemple, une parodie du chant V d'Homère<ref name="Zehnacker, 2005,p.249">Modèle:Harvsp.</ref>.

La philosophie de Pétrone

Fichier:Epikouros BM 1843.jpg
Portrait d'Épicure

La philosophie qui transparaît dans le Satyricon est empreinte de celle de Sénèque surtout. Des passages des Lettres à Lucilius sont en effet repris et parodiés. L'objectif de l'auteur, qui est de porter un regard critique sur la société romaine de son temps, laisse entendre son adhésion à la philosophie stoïcienne, même s'il demeure difficile de comprendre la motivation réelle de Pétrone. En effet, le Satyricon Modèle:Citation, commente Michel Dubuisson<ref name="Dubuisson1993,p.7">Modèle:Harvsp.</ref>. Pour Eugen Cizek, l'influence d'Épicure est réelle<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Pour Kenneth F. C. Rose, l'obédience stoïcienne de Pétrone ne fait aucun doute, en particulier au chapitre CXXXII<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Pétrone, à travers ses personnages (en particulier le poète Eumolpe et le narrateur, Encolpe), dresse une critique de Lucain, introducteur d'une Modèle:Citation, et qu'il présente comme Modèle:Citation. Derrière cette attaque faite à Lucain apparaît, selon Cizek, le ralliement de Pétrone à l'esthétique néronienne mise en doctrine par l'Modèle:Langue (la « cour de Néron »)<ref name="Cizek,p.402-403">Modèle:Harvsp.</ref>. Pourtant, le récit de Pétrone est unique dans son innovation littéraire. Cizek le qualifie de Modèle:Citation, voire de roman joycien avant l'heure<ref name="Cizek,p.405-406"/>.

Postérité

En littérature

Réécritures du Satyricon

L'abbé Marchena est l'auteur d'un pastiche du Satyricon intitulé Modèle:Langue (1800)<ref>Modèle:Harvsp.</ref> et dans lequel il accentue les descriptions pornographiques ainsi que le langage cru des personnages, et insère un chapitre de son invention ; c'est donc un faux littéraire<ref name="Féray,p.19">Modèle:Harvsp.</ref>. Modèle:Langue (1797) de Elizabeth Farren présente une intrigue semblable, faite de péripéties et de fuites. Le texte inspire aussi le roman de Fernand Kolney : Le Salon de Madame Truphot, ou Le moderne satyricon publié en 1927. En littérature américaine contemporaine, le Satyricon a inspiré des écrits tels : Modèle:Langue (1975) de Marvin Colker et Modèle:Langue d'un certain « Petronius »<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Les réécritures sont multiples, en particulier les contes insérés. L'École des veuves de Cocteau (1936) Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Dans son roman Gatsby le Magnifique (1925), F. Scott Fitzgerald caractérise explicitement son personnage principal éponyme sous les traits de Trimalcion (au chapitre VII notamment). L'édition de Cambridge est même sous-titrée : « Modèle:Langue »<ref>Modèle:Article.</ref>.

L'esthétique du Satyricon a influencé nombre d'écrivains tels : Henry de Montherlant<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>, Laurence Sterne (Tristam Shandy, 1760), l'auteur de romans picaresques Tobias Smolett et Henry Fielding<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. La veine littéraire du roman comique du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, certains romans du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle comme Joseph Andrews ou Histoire de Tom Jones, enfant trouvé de Fielding, la satire critique de Jean Barclay, ou encore l'Histoire amoureuse des Gaules (1665) de Roger de Bussy-Rabutin sont les héritiers de l'esthétique du Satyricon<ref name="Daviault, 2001,p.327"/>. Marcel Schwob lui consacre un portrait fictif dans Vies imaginaires (1896). Selon l'écrivain français, Pétrone ne se serait pas suicidé après avoir été victime de la haine de Tigellin, mais il se serait enfui avec son esclave Sylus. Auparavant, et vers sa trentième année, Modèle:Citation : le Satyricon. Enfin, Schwob doit beaucoup à la peinture réaliste de Pétrone<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Fictions mettant en scène Pétrone

Fichier:Henryk Sienkiewicz.PNG
Portrait d'Henryk Sienkiewicz par Casimir Mordasewicz, 1899

L'écrivain polonais, lauréat du prix Nobel de littérature en 1905, Henryk Sienkiewicz, dans son roman Quo vadis ? (1895) fait apparaître Pétrone et lui fait rencontrer les apôtres, Paul et Pierre<ref>Modèle:Chapitre.</ref>. D'abord réticent au christianisme naissant, Pétrone aide son neveu, Vinicius, à conquérir une jeune femme chrétienne. Henryk Sienkiewicz s'adosse à la tradition, qui fait de Pétrone un proche de Néron, qui, désavoué par ce dernier à cause de la malveillance de Tigellin, finit par se suicider. Le traitement qu'il fait du personnage de Pétrone est toutefois la cible de nombreux critiques, qui y voient une complaisance pour les mœurs dépravées. H. Dac, dans un article de L'Univers en date du Modèle:Date condamne l'usage littéraire de Pétrone dans Quo vadis ? : trop Modèle:Citation, le personnage Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Les principales critiques reprochent surtout à Sienkiewicz d'avoir Modèle:Citation l'auteur du Satyricon et, partant, de l'avoir Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

En 2004, le journaliste et écrivain français Pierre Combescot publie Ce soir on soupe chez Pétrone, qui se présente comme des Mémoires romancés de l'auteur du Satyricon, narrés par son disciple inventé : Lysias. Combescot a voulu ce roman comme une Modèle:Citation qui, dans cette fiction, est massaliotte. Combescot présente Pétrone comme un Modèle:Citation qui Modèle:Citation

Au cinéma

Le Satyricon a été adapté à l'écran par Gian Luigi Polidoro en 1968<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Wikidata}}/{{#if:||reference}} {{#if:||Satyricon de Polidoro (1969)}} sur l’Modèle:Lang.</ref>. Le film est beaucoup plus fidèle au texte de Pétrone que celui de Fellini mais il présente une esthétique mélancolique. En dépit de certaines scènes obscènes censurées qui gênent sa distribution, le film réalise des entrées appréciables<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Polidoro a acheté les droits de l'œuvre de Pétrone, ce qui explique que Fellini, qui commence le tournage la même année, a intitulé son film Fellini-Satyricon, non sans avoir entraîné une querelle juridique entre les deux hommes<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Fichier:Federico Fellini.jpg
Federico Fellini

En 1969, Federico Fellini sort sa propre adaptation du Satyricon<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Wikidata}}/{{#if:||reference}} {{#if:||Satyricon de Fellini(1969)}} sur l’Modèle:Lang.</ref>. Ce film révèle les fantasmes du cinéaste (goût du monstrueux et du morbide) plutôt que l'esthétique de Pétrone selon Hubert Zehnacker et Jean-Claude Fredouille<ref name="Zehnacker, 2005.p.250">Modèle:Harvsp.</ref>. Fellini présente une Antiquité dans laquelle toutes les valeurs se sont écroulées et où plus personne ne se comprend. La sexualité y est le seul moteur existentiel, si bien que l'on peut y voir une critique de la société de consommation contemporaine. Le réalisateur a cependant adapté très largement l'histoire originale. Par exemple, il choisit comme cadre Rome et non Naples ou Tarente remplace Agammemnon par Eumolpe lors du festin chez Trimalcion, invente une longue scène chez Habinnas et, même, insère des éléments anachroniques<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Le roman à succès de Henryk Sienkiewicz, Quo vadis ?, a été adapté plusieurs fois au cinéma : par Lucien Nonguet et Ferdinand Zecca en 1902, par Enrico Guazzoni en 1912, par Mervyn LeRoy en 1951 puis par le réalisateur et scénariste polonais Jerzy Kawalerowicz en 2001. Une version pour la télévision de Franco Rossi, diffusée en 1985, en six épisodes a été également produite. Pétrone y est souvent représenté comme un personnage esthète et tourné vers la débauche. Dans l'adaptation de Jerzy Kawalerowicz, Pétrone est joué par Boguslaw Linda, dans un rôle davantage proche du portrait de Pétrone par Pline que de celui de Tacite. Le Pétrone de Kawalerowicz est en effet plus Modèle:Citation et Modèle:Citation<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

En musique

Le Satyricon de Pétrone a également inspiré à Bruno Maderna un opéra en un acte intitulé Satyricon, inachevé, qui a fait l'objet de trois versions : la création originale au Festival de Scheveningen en 1973, la version télévisée et enfin la version radiophonique. Maderna a souhaité respecter scrupuleusement le texte original mais il compose le livret à partir de la scène du festin chez Trimalcion, scène qui détermine l'unité d'action, de lieu et de temps, à laquelle il adjoint cependant des éléments extérieurs ou inventés. Si l'opéra de Maderna ne suit pas la chronologie du roman de Pétrone, il cherche cependant à établir des relations entre différents fragments du texte, analogies qui n'existent pas dans le roman original<ref>Modèle:Chapitre.</ref>.

Le compositeur français Louis Durey (1888-1979) a mis en musique Trois poèmes de Pétrone (Op. 15), textes lyriques présents dans les fragments attribués à l'auteur du Satyricon : « La Boule de neige », « La Métempsychose » et « La Grenade ». Durey les a composés en novembre 1918 à partir de la traduction de Charles Héguin de Guerle. Le baryton François Le Roux et le pianiste Graham Johnson les ont enregistrés en 2002<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

En bande dessinée

La bande dessinée Péplum de Blutch, datant de 1996, est librement inspirée du Satyricon de Pétrone. Plusieurs éléments du texte original (le personnage de Giton et le thème de l'impuissance sexuelle) sont exploités, autour d'une trame différente cependant : l'histoire d'amour entre un homme et une femme prise dans les glaces.

Dans Astérix chez les Helvètes, Uderzo et Goscinny mettent en scène une orgie à la première case de la page 7 qui est une allusion parodique au festin chez Trimalcion<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Dans la série Murena de Philippe Delaby et Jean Dufaux, Pétrone apparaît dans plusieurs albums en tant qu'ami de Lucius Murena mais également aux côtés de Néron.

Notes et références

Modèle:Références

Annexes

Modèle:Autres projets

Bibliographie

Modèle:Légende plume

Œuvres de Pétrone

Éditions complètes
Éditions du Satyricon en français

Œuvres inspirées de Pétrone

Monographies et usuels

Articles

Sur Pétrone
Sur ses écrits
Sur le contexte historique et littéraire

Articles connexes

Liens externes

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