Sa mère, Anna Bereśniak, née le Modèle:Date- à Chodorów alors en Galicieaustro-hongroise (aujourd'hui Khodoriv en Ukraine, oblast de Lviv), est issue d'une famille juive non pratiquante bien que cultivant la langue hébraïque et l'éducation ashkénaze par l'étude des lettres et de la musique, investie dans l'édition<ref name=":15" />. Victime de pogroms<ref name=":16" />,<ref name=":0" group="N">Anne Goscinny : Modèle:Citation. Lire en ligne</ref>, Lazare Abraham Beresniak (1855-1944), le grand-père maternel de René Goscinny s'établit avec son épouse, Freiga Garbel, à Paris en 1905<ref name=":15" /> ou 1912, au 12 de la rue Lagrange, où il tient une imprimerie à son nom<ref name=":13">Modèle:Lien web</ref>. À l'époque, l'imprimerie Beresniak s'occupe notamment de l'édition de plusieurs des principaux journaux yiddishophones et russophones en cyrillique de Paris<ref name=":22">Modèle:Lien web</ref>. L'entreprise est plus tard reprise par les fils Beresniak qui emploieront une centaine de personnes dans les années 1930<ref name="actuabd">Modèle:Lien web.</ref>. Abraham rédige le premier et seul dictionnaire existant hébreu-yiddish, publié en France en 1939. Certains des membres de la famille Beresniak choisissent de partir à l'étranger à temps (en Argentine et aux États-Unis) alors que l'imprimerie parisienne fait imprimer de faux papiers pour le reste de la famille et son entourage, ce qui permet de gagner la province pour s'y cacher. Sous l'Occupation, l'imprimerie Beresniak n'échappe pas à la spoliation des biens juifs par les Nazis. À la Libération, le seul oncle rescapé de René Goscinny, Serge Beresniak, récupère l'entreprise qui s'installe en 1959, au 18-20 de la rue du Faubourg du Temple, et imprimera en 1973, la première version russe de L'Archipel du goulag de Soljenitsyne<ref name=":17">Modèle:Lien web</ref>,<ref name=":13" />,<ref name=":22" />.
Stanislas Goscinny et Anna Beresniak se rencontrent à Paris et se marient en 1919<ref name=":15" />,<ref group="N">Décédé en 2002 (Goscinny et moi, Flammarion, 2007).</ref>.
René Goscinny a un frère aîné, Claude, né en 1920 ; il est le cousin germain du philosophe Daniel Béresniak et apparenté au médecin suisse Ariel Beresniak<ref>La mère de René Goscinny, Anna née Bereśniak, est la fille d'Abraham Lazare Beresniak, grand-père paternel pour Daniel Béresniak et grand-père maternel pour René Goscinny : Didier Pasamonik, Alexandre Soljenitsyne et René Goscinny, ActuaBD, 7 août 2008. Lire en ligne</ref>.
Enfance en Argentine
Après la naissance de son fils aîné Claude, dès 1923, le père de René Goscinny tente une expérience dans la production agricole au Nicaragua<ref name=":15" />. Il revient en France, où il est, avec son épouse naturalisé français en août 1926<ref>Doan Bui et Isabelle Monnin Ils sont devenus français. Dans le secret des archives. Jean-Claude-Lattès, 2010, Modèle:P.</ref>,<ref name=":15" />, quelques jours avant la naissance de René. L'année suivante en 1927, Stanislas Goscinny est employé par la Jewish Colonization Association (JCA), destinée à aider et favoriser l'émigration des Juifs d'Europe ou d'Asie, notamment sur le continent américain, afin d'échapper notamment aux statuts iniques de l'Empire russe<ref name=":15" />. C'est à ce titre que les Goscinny (avec René âgé d'un an) partent pour Buenos Aires, en Argentine, où Stanislas est employé comme ingénieur chimiste<ref name="Graphiline" />. Une partie de la famille l'y rejoint en 1928<ref name=":15" />. Ces terres accueillent un monde d'immigrés juifs, marquées par Modèle:Citation, terreau fertile pour attiser la curiosité, la culture, l'esprit pionnier et la créativité du futur père d'Astérix, qui baigne alors dans le cosmopolitisme et le multilinguisme où l'on parle yiddish, français et espagnol<ref name=":15" />.
René Goscinny étudie au lycée français de Buenos Aires où sa culture se nourrit du pur classicisme de la tradition française<ref name=":15" />,<ref name=":18">Modèle:Lien web</ref>. Il passe ses grandes vacances en Uruguay où il monte à cheval dans la pampa avec les gauchos. Il a l’habitude de faire rire ses camarades de classe, probablement pour compenser une timidité naturelle<ref name=":14">du Panthéon à Buenos Aires, Chroniques illustrées, IMAV éditions, octobre 2007.</ref>,<ref name=":15" />. Il commence à dessiner très tôt, inspiré par les histoires illustrées des aventures de Patoruzù, un Indien patagon, héros populaire des historietas argentines créé par le dessinateur Dante Quinterno<ref name=":15" />, et également celles comme Zig et Puce, Superman, Tarzan et surtout Les Pieds Nickelés dont il recopie scrupuleusement l'album qu'il ramène de Paris<ref name="Goscinny p30">Goscinny, Modèle:P..</ref>. À cette époque, la famille Goscinny s'embarque fréquemment sur des transatlantiques, pour visiter les grands-parents et cousins de France<ref name=":15" /> ; pour René Goscinny, la France Modèle:Citation<ref group="a">Modèle:P..</ref>,<ref name=":15" />.
Il se passionne très tôt pour le cinéma, son acteur préféré étant Stan Laurel<ref group="a" name="a16">Modèle:P..</ref>.
Durant la Seconde guerre mondiale
René a 13 ans quand, en Europe, la Seconde Guerre mondiale commence. Si sa famille directe est à l’abri en Argentine, une partie de celle restée en Europe est victime de la Shoah. Des lettres de sa famille restée en France sous l’Occupation racontent les brimades quotidiennes, le port de l’étoile jaune…<ref name=":16" />. Trois de ses oncles maternels, arrêtés après une dénonciation pour avoir imprimé des tracts antiallemands<ref>Doan Bui et Isabelle Monnin Ils sont devenus français. Dans le secret des archives. Jean-Claude-Lattès, 2010, p. 71 : Modèle:Citation</ref>, meurent en déportation dans les camps de Pithiviers et d’Auschwitz<ref>Nicolas Rouvière, Astérix ou la parodie des identités, Champs/Flammarion, 2008.</ref>,<ref name=":13" />. La famille Goscinny rescapée ne le découvre qu’à la Libération, ce qui traumatisera durablement le futur scénariste<ref name=":13" />.
De l’autre côté de l’Atlantique, Stanislas rejoint le « Comité de Gaulle » dès août 1940. Mais le Modèle:Date-, peu après l’obtention de son bac à dix-sept ans, le jeune René Goscinny perd son père, des suites d’une hémorragie cérébrale, ce qui fait basculer la famille dans la précarité<ref name="Graphiline" />. René se voit obligé de rechercher un travail, et est notamment dessinateur dans une agence de publicité<ref name="Goscinny p35">Goscinny, Modèle:P..</ref>,<ref group="N">Modèle:Citation (Marie-Ange Guillaume, Goscinny, Le Club des Stars Seghers, 1987, page 19).</ref>. Parallèlement, il publie ses premiers textes et dessins dans Quartier latin et Notre Voix, bulletin interne du collège français de Buenos Aires<ref name="Goscinny p36">Goscinny, Modèle:P..</ref>.
Dans l'armée française
René Goscinny, accompagné de sa mère, quitte l'Argentine pour New York en 1945. Alors qu'il aurait pu rejoindre l'armée américaine et obtenir la nationalité américaine, Goscinny rejoint l’armée française en 1946. Il sert à Aubagne, dans le [[141e régiment d'infanterie|Modèle:141e]] d’infanterie alpine<ref name="Goscinny p38">Goscinny, Modèle:P..</ref>. Promu caporal, puis très rapidement caporal-chef, Goscinny devient l’illustrateur officiel du régiment et réalise des menus et des affiches. Le général de Lattre de Tassigny, amusé par ses dessins, le nomme sergent<ref name="Goscinny p39">Goscinny, Modèle:P..</ref> Modèle:Incise. Dès la fin de son service militaire, Goscinny décide de repartir à New York<ref name="Goscinny p40">Goscinny, Modèle:P..</ref>.
Premiers travaux
Rentré à New York où il espérait rencontrer Walt Disney<ref name="LM"/>,<ref name=":19">Modèle:Lien web</ref>, Goscinny veut trouver un métier en rapport avec ce qu'il aime le plus : faire rire les autres<ref name="Goscinny p40"/>. Il frappe aux portes des éditeurs, agences de presse et studios de création avec ses quelques travaux publicitaires réalisés en Argentine et des dessins humoristiques personnels et des caricatures réussies de personnes connues (Hitler, Gable, Cagney, Tracy, Karloff…)<ref name=":19" />, mais il n'essuie que des refus. Goscinny traverse alors la période la plus difficile de sa vie. Il reste un an et demi sans emploi, déprimé et vivant aux crochets de sa mère<ref name="Goscinny p41">Goscinny, Modèle:P..</ref>.
Fin 1948, il trouve, par l'intermédiaire d'un ami français, un travail dans une agence de publicité. Il y rencontre Harvey Kurtzman, futur fondateur du magazine Mad. Ce dernier travaille alors surtout pour Timely Comics, mais possède aussi un studio de dessinateurs, nommé Charles William Harvey qu'il gère avec Bill Elder et Charles Stern. Pour gagner un peu d'argent, Kurtzman sous-loue le studio à d'autres auteurs de comics comme John SeverinModèle:Sfn.
En 1949, Goscinny collabore avec Kurtzman et publie son premier livre intitulé Playtime Stories aux éditions Kunen PublishersModèle:Sfn,<ref name=":13" />. Il s'agit d'un livre animé pour enfants de douze pages où il signe trois histoires : Robin Hood, Pinocchio et Aladin. Par la suite, il signe deux autres livres du même genre qui racontent l'amitié d'un Amérindien et d'un Blanc dans le premier et avec un cow-boy dans le second<ref name="Goscinny p42">Goscinny, Modèle:P..</ref>.
Avec l'argent gagné, il part en vacances à Paris. Sur le bateau du retour, il rencontre un Français, exportateur de fromages, nommé Jean Monmarson, qui lui apprend qu'un auteur belge de bande dessinée, Jijé, s'est installé dans le Connecticut<ref name="Goscinny p43">Goscinny, Modèle:P..</ref>. C'est par l'intermédiaire de Jijé qu'il rencontre Morris, élève de ce dernier et auteur de la série Lucky Luke. Morris et Goscinny deviennent très vite amis et partent à New York.
À l'été 1949, Goscinny travaille pour une société d'édition de cartes postales peintes à la main, mais il se rend souvent dans le Connecticut pour y voir Jijé, qu'il juge aussi bon en bande dessinée que les Américains<ref name="Goscinny p48">Goscinny, Modèle:P..</ref>. Il y apprend sa méthode pour dessiner, d'abord l'œil, puis la main. Goscinny n'a pas le même talent au dessin que les précédents élèves de Jijé, Morris ou André Franquin, mais Jijé s'intéresse à son sens du gag et des mots, qualité qui manque beaucoup aux auteurs de bande dessinée européens. Goscinny sort quatre nouveaux livres pour les enfants intitulés : The Little Red Car, Jolly Jungle, Hello Jimmy, Round the World, qui lui donnent l'occasion de dessiner des objets compliqués<ref name="Goscinny p49">Goscinny, Modèle:P..</ref>.
Retour à Paris
Par l'intermédiaire de Jijé, Goscinny rencontre Georges Troisfontaines, directeur de Modèle:Lang, qui travaille en étroite collaboration avec les éditions Dupuis<ref name="LM"/>. À son contact ainsi qu'à celui de Jijé et Morris, Goscinny pense de plus en plus à rentrer définitivement en Europe.
En attendant, il essaye de créer seul une bande dessinée qui a pour titre Dick Dicks, qui met en scène un détective de police new-yorkais<ref name="Goscinny p53">Goscinny, Modèle:P..</ref>. Si le dessin est médiocre, mettant en scène notamment des rues de New York vides de passants et de voitures, le scénario compte déjà plusieurs clés de lecture. Après le refus de la BD par tous les journaux et agences de New York, il décide d'envoyer ses planches à Jijé, rentré en Europe, pour qu'il les présente à Charles Dupuis. Mais une erreur d'envoi (les planches arrivent à Juan-les-Pins alors que Jijé est en Belgique, et, qui plus est, elles arrivent dans un mauvais état) fait qu'elles ne seront jamais présentées. Goscinny reste fâché pendant une année contre Jijé après cet épisode<ref>Une page Internet consacrée à Goscinny dessinateur : http://www.lambiek.net/artists/g/goscinny.htm.</ref>.
World Press
Modèle:Article détaillé
Lors d'une visite à New York, Georges Troisfontaines lui dit de passer le voir à Bruxelles. Goscinny le prend au mot et après le renvoi de ses planches par Jijé, il prend le bateau pour l'Europe. Il est reçu dans l'agence par Jean-Michel Charlier, alors directeur artistique<ref name="Goscinny p54">Goscinny, Modèle:P..</ref>, qui bien qu'il n'ait pas de travail pour lui, consulte quand même les planches de Dick Dicks. Enthousiasmé par le scénario (moins par le dessin), il convainc Georges Troisfontaines de l'engager<ref name="Goscinny p55">Goscinny, Modèle:P..</ref>. Celui-ci l'envoie chez son associé et beau-frère, Yvan Chéron, qui fait publier Dick Dicks dans le supplément du magazine La Wallonie<ref name="Goscinny p58">Goscinny, Modèle:P..</ref> et divers quotidiens belges.
Durant l'hiver 1951, la World Press ouvre un bureau sur les Champs-Élysées à Paris. Goscinny y est envoyé pour travailler sur sa série. Il y rencontre Albert Uderzo, employé lui aussi par la World Press et qui dessine la série Belloy sur un scénario de Jean-Michel Charlier<ref name="Goscinny p61">Goscinny, Modèle:P..</ref>,<ref name=":15" />. Les deux hommes se lient d'une profonde amitié. Très vite, ils décident de travailler ensemble, d'abord pour l'hebdomadaire belge Bonnes Soirées, où ils publient une chronique humoristique illustrée intitulée Sa Majesté mon mari<ref name="Goscinny p63">Goscinny, Modèle:P..</ref>. Goscinny y signe Modèle:Citation, qui connaîtra deux cents épisodes. Puis ils s'occupent de la rubrique savoir-vivre du même hebdomadaire, sous le pseudonyme de Liliane d'Orsay (réutilisé une dizaine d'années plus tard par Pierre Desproges, dans le même magazine, pour la rubrique « courrier du cœur »).
Recevant régulièrement du courrier de femmes chics qui le félicitent pour ses bonnes manières, il répond un jour grossièrement (plus ou moins, selon les versions) à l'une d'elles et se voit renvoyé de l'hebdomadaire<ref name="Goscinny p64">Goscinny, Modèle:P..</ref>.
Avec Uderzo, il met en chantier plusieurs bandes dessinées, telles que Benjamin et Benjamine, Jehan Pistolet (qui est renommé Jehan Soupolet en 1953 lorsqu'il passera de La Libre Junior à Pistolin), Luc Junior, Bill Blanchart<ref name=":1" group="N">Le troisième volume de la monumentale Intégrale Uderzo (Hors-Collection, 424 p.), un travail de bénédictins mené par Philippe Cauvin et Alain Duchêne, qui couvre les années 1953 à 1955, durant lesquelles Goscinny écrit de nombreux scénarios pour Uderzo (Jehan Pistolet, Bill Blanchart…).</ref>. Avec le dessinateur Martial, il fait les premiers scénarios de Sylvie ainsi qu'Alain et Christine.
En 1952, Troisfontaines l'envoie à New York, avec pour mission de lancer TV Family, un magazine télévisé que Dupuis souhaite implanter outre-Atlantique. Quatorze numéros sont publiés. Au bout d'un an et Modèle:Nombre de perte, Dupuis arrête les frais<ref name=":0" />. René Goscinny y gagne le statut de directeur artistique, qui le conduit à devenir scénariste<ref name="LM" />. Quelques mois plus tard, il retourne à nouveau aux États-Unis comme correspondant étranger de Dupuis.
De retour à Paris, il écrit des textes, nouvelles policières et des articles qui sont publiées notamment dans Le Moustique. Goscinny est également scénariste et dessinateur du Capitaine Bibobu, série parue en 1955 dans l’éphémère hebdomadaire en couleurs au format journal Risque-Tout<ref>1951 - 1959 Un travail de romain sur le site de la Librairie Goscinny.</ref>. Après cette dernière tentative, il abandonne le dessin pour se consacrer exclusivement à l'écriture.
Il travaille avec d'autres dessinateurs. Cependant ses scénarios, fournis par l'intermédiaire de Georges Troisfontaines, sont rarement acceptés par les éditions Dupuis. À l'exception notable de Lucky Luke, ils se limitent à trois Belles Histoires de l'Oncle Paul (avec Eddy Paape), et à des collaborations avec Raymond Macherot (Pantoufle) et Jijé (un épisode de Jerry Spring).
Le dessinateur Morris, qu'il a rencontré en 1948 aux États-Unis par l'intermédiaire de Jijé, le sollicite pour écrire le scénario de Lucky Luke. Des rails sur la prairie, la première aventure scénarisée par Goscinny, paraît dans Spirou en 1955. Après un dernier épisode réalisé par Morris sur un scénario de son frère, Louis De Bevere (Alerte aux Pieds-Bleus)<ref>Modèle:Lien web</ref>, René Goscinny reprend définitivement le scénario à partir de Lucky Luke contre Joss Jamon. Morris a créé son personnage en 1947. Il s'agit, au départ, d'un véritable cow-boy, qui se transforme rapidement en défenseur de la veuve et de l'orphelin<ref>Modèle:Article</ref>. Il tire juste et vite, au point de devenir Modèle:Citation. Après quelques années, Morris considère qu'un sang neuf ferait du bien à Lucky Luke. De plus, il apprécie de pouvoir se concentrer exclusivement sur le dessin.
De 1957 à 1977, Goscinny écrit les scénarios de 36 aventures de Lucky Luke, qui rencontrent un succès croissant auprès des lecteurs. Son nom n'apparaît sur les albums qu'à partir de la dix-neuvième aventure : Les Rivaux de Painful Gulch. Les albums précédents étaient signés Modèle:Citation. Ce n'est qu'en 1996 que les éditions Dupuis rétablissent la vérité. Goscinny apprécie particulièrement la collaboration avec Morris, avec qui il partage le goût de l'histoire du Far West et ses héros truculents. Les deux hommes créeront également, pour Le Hérisson, un personnage contemporain nommé Fred le savant, dont les aventures ne dureront qu'une quinzaine de planches.
Lucky Luke passera de Spirou à Pilote et des éditions Dupuis à Dargaud en 1968. En 1974, un magazine mensuel portant son nom verra le jour pour quelques mois. Il fait l'objet de plusieurs dessins animés et de films au cours des décennies suivantes.
En 1953, Goscinny rencontre Jean-Jacques Sempé dans les bureaux parisiens de la World Press. Sempé réalise des dessins humoristiques qui sont publiés dans Le Moustique. À la demande du journal, il a créé un personnage d'enfant nommé Nicolas. Quelques mois plus tard, les responsables du Moustique lui demandent d'en faire une bande dessinée, ce qui ne l'enchante pas. Il sollicite son Modèle:Citation Goscinny pour lui écrire des scénarios. Plusieurs planches du Petit Nicolas paraissent, signées Sempé et Agostini. Après l'éviction de Goscinny, Charlier et Uderzo de la World Press, Sempé rompt son contrat avec Le Moustique. En 1958, Henri Amouroux, directeur de la rédaction du quotidien Sud Ouest, contacte Sempé et lui propose de dessiner Modèle:Citation. Sempé pense immédiatement au Petit Nicolas et à Goscinny. Celui-ci écrit Le Noël du Petit Nicolas, qu'illustre Sempé<ref name=":4" />. Le succès est au rendez-vous et le tandem fait paraître Nicolas toutes les semaines pendant des années.
Le Petit Nicolas est une œuvre à part dans la carrière de Goscinny. Il met en scène un jeune garçon commentant Modèle:Citation<ref name=":0" /> les multiples péripéties de son existence. Sempé explique : Modèle:Citation<ref name=":2" />.
En 1959, Goscinny rapatrie Le Petit Nicolas dans Pilote. Les recueils, publiés chez Denoël à partir de 1960, connaissent un succès grandissant et sont régulièrement réédités. À partir de 2004, Anne Goscinny et Sempé feront paraître trois recueils supplémentaires d'histoires inédites. Ces ouvrages rencontreront un immense succès.
Sur la fin de Nicolas en 1965, les auteurs ont chacun leur version. Sempé explique qu'il veut se consacrer à ses albums de dessins humoristiques et que Goscinny a été très déçu, car il tenait énormément à ce personnage. Goscinny dit qu'il était lui-même Modèle:Citation. En 1977, Sempé lui propose de reprendre leur collaboration en prenant pour cadre une école mixte. Ce projet ne pourra voir le jour<ref name=":4" />.
ÉdiFrance et Pistolin
Modèle:Article détaillé
En 1956<ref name=":8">Modèle:Harvsp.</ref>, Goscinny, Jean-Michel Charlier et Uderzo tentent de monter Modèle:Citation. Selon Jean-Michel Charlier, l'objectif est d'Modèle:Citation<ref name=":5">Modèle:Ouvrage</ref>. Une réunion de dessinateurs se tient, le 10 janvier 1956, dans un café bruxellois, à l'issue de laquelle les participants signent tous Modèle:Citation. L'objectif est de remettre en cause le principe du copyright appliqué à la World Press, selon lequel l'ensemble des œuvres et des séries produites sous son égide lui appartient. Les auteurs sont ainsi dépossédés du fruit de leur travail. Le soir même, deux dessinateurs dénoncent les trois hommes à leurs éditeurs comme de dangereux meneurs. Goscinny, suspecté d’avoir fomenté ce mouvement, est licencié par Georges Troisfontaines<ref name=":7">Modèle:Harvsp.</ref>. Charlier et Uderzo démissionnent par solidarité et se trouvent placés comme lui sur la liste noire des éditeurs.
Jean Hébrard, ex-chef de publicité à la World Press, leur propose de créer une double agence dédiée à la publicité et à la fourniture de rédactionnel pour les journaux : ÉdiPresse/ÉdiFrance. Bientôt rejoints par les dessinateurs Sempé et Jean-René Le Moing, les quatre associés se lancent dans de nombreuses activités : publicité, graphisme, relations publiques. Modèle:Citation, expliquera plus tard Uderzo<ref name=":4">Modèle:Ouvrage</ref>. Ainsi Charlier obtient pour ÉdiPresse le budget relations publiques du Syndicat de la margarinerie française et organise les séjours en France de dignitaires africains. Goscinny, Sempé et Uderzo sont sollicités pour accueillir les invités à leur descente d'avion et poser avec eux sur des photos.
L'équipe d'ÉdiFrance a le projet d'un magazine de bandes dessinées destiné à être encarté comme supplément hebdomadaire dans de grands quotidiens. Ce magazine est intitulé Le Supplément illustré. Un numéro zéro est préparé, auquel travaillent notamment Franquin, Jijé, Peyo, Morris et Will. Ce projet ne verra jamais le jour. Cependant, lors de leur départ de la World Press, Goscinny, Charlier, Hébrard et Uderzo ont négocié avec Troisfontaines la reprise du budget publicitaire du chocolat Pupier, qui publie le fascicule publicitaire bimensuel Pistolin. Goscinny en assure la rédaction en chef avec Jean-Michel Charlier. Plusieurs dessinateurs collaborent au journal, dont certains passeront à Pilote, dont Martial et Victor Hubinon. Au rythme de deux publications mensuelles, Pistolin voit son premier numéro sortir en février 1955. Goscinny crée à cette occasion le personnage de Pistolin, dessiné par Victor Hubinon (ce dernier signe la série du pseudonyme Victor Hugues). En janvier 1958, le no 72 annonce un passage au format de poche et devient mensuel. En avril 1958, paraît en double numérotation le volume 73/74. Après six numéros de cette nouvelle formule, le « journal » disparaît définitivement avec le no 83/84. René Goscinny considérait que le journal Pistolin était le précurseur du journal Pilote<ref>Les archives Goscinny, Les aventures de Pistolin 1955-1956, Vent d'Ouest, texte de Louis Cance.</ref>.
La présence de Goscinny au sein de Tintin s'accentue au cours des années suivantes. Il fournit un grand nombre de scénarios de récits courts à plusieurs dessinateurs : Rol, Coutant, Jo-El Azara, Raymond Macherot. Il s'implique davantage dans Prudence Petitpas de Maurice Maréchal. Mais c'est avec Dino Attanasio et Berck (Arthur Berckmans) qu'il développe les collaborations les plus fructueuses sur le Signor Spaghetti (16 épisodes d'histoires à suivre) et Strapontin (9 épisodes).
En 1957, Goscinny présente Uderzo à André Fernez. Uderzo commence par illustrer une série publicitaire, La Famille Cokalane, et une série de gags en une planche, Poussin et Poussif. Très vite, Fernez leur propose une série à suivre. Goscinny et Uderzo décident de ressortir un personnage de peau-rouge qu'ils avaient créé pour la World en 1951 : Oumpah-Pah. Il s'agit d'un Indien quittant sa réserve et ses traditions pour se mêler à la vie normale et moderne des Américains. Ils réalisent six planches, dont Harvey Kurtzman traduit les dialogues en anglais et que Goscinny tente sans succès de placer aux États-Unis lors de son séjour pour TV Family. Les deux auteurs le présentent également à Spirou, par l'intermédiaire d'Yvan Chéron, et essuient un refus.
Sept ans plus tard, pour Tintin, Uderzo et Goscinny modifient leur personnage. Ses aventures ne se passent plus à l'époque moderne, mais pendant la période historique de la colonisation de l'Amérique. Ils introduisent auprès de l'athlétique peau-rouge Oumpah Pah, de la tribu des Shavashava, le personnage d'Hubert de la Pâte Feuilletée, jeune gentilhomme français perruqué et poudré. Cinq épisodes paraissent de 1958 à 1962, au cours desquels Goscinny prend parfois des libertés avec l'Histoire, notamment en introduisant des Prussiens venus coloniser le territoire américain et combattre les Français.
Oumpah Pah est une étape importante dans la collaboration entre Uderzo et Goscinny<ref name=":8" />. Les deux amis ont une grande liberté dans la réalisation de la série. Le dessin d'Uderzo évolue, devient moins réaliste et plus humoristique. Les gags se multiplient. Cette série les amuse bien, mais n'est pas très bien placée au référendum. En 1962, Uderzo et Goscinny prennent prétexte de ce mauvais résultat et abandonnent Oumpah Pah. En fait, Uderzo est déjà absorbé par les deux séries qu'il dessine dans Pilote, pour lesquelles il réalise trois ou quatre planches par semaine.
En parallèle, Goscinny participe au magazine Paris-Flirt. Parallèlement, il rédige pour Jours de France le scénario et les gags des Aventures du docteur Gaudéamus, dessinées par Coq. Cette série destinée à des adultes lui permet de brocarder avec humour le snobisme parisien. Ce personnage créé par Coq est un savant qui ingurgite un élixir de sa fabrication lui permettant de redevenir un bébé. Goscinny rédige pour Gaudéamus 450 pages de scénario entre 1960 et 1967. Les deux hommes créent ensuite La Fée Aveline, héroïne sexy inspirée des Contes de Perrault, qui évolue alternativement dans le Paris des années soixante et dans le pays des légendes. Quatre épisodes sont publiés entre 1967 et 1969. Goscinny scénarise et donne des textes à L'Os à moelle, La Vie française et Pariscope.
Modèle:Citation, déclare plus tard Goscinny<ref name=":0" />. Absorbé par les séries qu'il écrit dans Pilote, il abandonne progressivement sa coopération avec Tintin.
En 1959, Raymond Joly, chef du service de presse de Radio Luxembourg, contacte ÉdiFrance. La station souhaite lancer un magazine pour les jeunes. Des éditeurs d'un quotidien de Montluçon souhaitent investir dans cette opération. C'est ainsi que se crée Pilote, dont Charlier, Uderzo, Goscinny, Joly et le publicitaire François Cleauteaux forment l'équipe de base. Goscinny en est le secrétaire de rédaction. Il devient un des écrivains les plus productifs pour le magazine. Dans la première édition, il lance, avec Albert Uderzo, son compagnon de Modèle:Citation<ref>Citation de René Goscinny lors d'un entretien télévisé avec Albert Uderzo ; https://www.youtube.com/watch?v=2aosSPVX7Sc.</ref>, sa plus fameuse création, Astérix.
Cependant l’origine du nom d'Obélix provient peut-être de l’obélisque, colonne de pierre célébrant le soleil chez les Égyptiens. Dans une histoire courte parue en 1963 dans Pilote, Goscinny et Uderzo mettent en scène un descendant d'Obélix qui leur explique : Modèle:CitationModèle:Sfn.
Autres activités
Goscinny reprend également l’écriture du Petit Nicolas et de Jehan Pistolet, maintenant appelé Jehan Soupolet<ref name=":1" group="N" />.
Pilote, en difficulté financière, est racheté par Georges Dargaud en 1960. Après une dérive vers le style yéyé liée aux idées d'un éphémère rédacteur en chef, les ventes chutent. Dargaud fait appel à Charlier et Goscinny pour redresser le magazine.
Charlier et Goscinny sont nommés co-rédacteurs en chef de Pilote en septembre 1963 et font de Pilote un magazine pour adolescents, publiant des bandes dessinées plus inventives et libérées que celles de la presse pour enfants. Ils revalorisent les salaires des dessinateurs. Jean Tabary raconte : Modèle:Citation<ref name=":7" />.
Dargaud avait déjà « testé » le duo Charlier-Goscinny en leur confiant la responsabilité éditoriale du mensuel Record l'année précédente. Ce périodique, publié en association avec les éditeurs catholiques de La Maison de la Bonne Presse, a pris en 1962 la succession de l'hebdomadaire pour la jeunesse Bayard<ref name=":5" />. Goscinny y a créé avec Jean Tabary la série Iznogoud, sous le titre Les Aventures du calife Haroun-el-Poussah.
Cette série trouve son origine dans Les Vacances du Petit Nicolas : le moniteur de la colonie de vacances où se trouve Nicolas raconte aux enfants l'histoire d'un méchant vizir qui veut devenir calife à la place du calife. Modèle:Citation<ref name=":0" />. L'auteur en profite pour s'abandonner à son goût du calembour. Tabary précise : Modèle:Citation. La série paraîtra dans Record et simultanément dans Pilote à partir de 1968.
Iznogoud est, avec Lucky Luke et Astérix, l'un des trois personnages sur lesquels Goscinny se concentrera jusqu'à sa mort. De son vivant, ses albums n'obtiendront pas le même succès que ses deux autres héros, atteignant malgré tout des tirages de Modèle:Nombre. Une série de dessins animés diffusés à partir de 1995, puis le film de Patrick Braoudé en 2005 lui apporteront un surcroît de visibilité.
Au départ, Goscinny et Uderzo pensent faire pour Pilote une série fondée sur Le Roman de Renart. Comme un dessinateur vient de travailler sur ce sujet, ils doivent renoncer et cherchent une autre idée. Ils passent en revue l'Histoire de France et s'arrêtent rapidement à la Modèle:Citation. Goscinny pousse ses recherches, trouve des patronymes en « ix » : Modèle:Citation<ref name=":9" />. Les deux auteurs arrêtent leur choix sur un personnage unique. Uderzo dessine tout d'abord un personnage grand et fort, comme Oumpah Pah. Il explique : Modèle:Citation<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Le 19 septembre 1966, le magazine L'Express consacre sa couverture et plusieurs pages au Modèle:Citation, la Modèle:Citation. On y apprend que le New York Times vient de lui consacrer une étude très sérieuse et que le feuilleton radiophonique Astérix le Gaulois, diffusé sur France Inter depuis le 18 juillet, rencontre un grand succès d'audience.
L'expression Modèle:Citation devient un signe de reconnaissance. Pour Goscinny et Uderzo, c'est la consécration. Ils sont invités à la radio et à la télévision. Au cours d'un dîner, le ministre de la Jeunesse et des Sports François Missoffe leur apprend que le général de Gaulle a, lors d'un récent Conseil des ministres, affublé chaque participant du nom d'un des personnages d'Astérix<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.
Parallèlement à ce succès éditorial et médiatique, Astérix devient un support publicitaire particulièrement demandé. Skip, Amora, Tonimalt, Bel, L'Alsacienne, Staedtler et de nombreuses autres marques l'utilisent dans leur communication. À la mi-68, le Gaulois est utilisé pour la promotion de quatre-vingt-trois produits pour un investissement publicitaire global de cinquante millions de francs<ref name=":4" />.
Avec le succès d'Astérix, René Goscinny a réussi à faire reconnaître le métier de scénariste de bande dessinée et il en était fier :
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Mai 68 et ses conséquences
En 1966, après la seconde interdiction d'Hara-Kiri, Goscinny accueille à Pilote les dessinateurs Gébé et Reiser, qui faisaient partie de la rédaction. En mai 1968, un événement le marque profondément. Alors que la parution de Pilote est suspendue en raison des grèves, il est convoqué à une réunion par des syndicalistes et des dessinateurs, parmi lesquels Mandryka, Giraud et Mézières. Il se retrouve seul face à Modèle:Citation. Lors de ce Modèle:Citation<ref name="Figa2015">La Révolution Pilote est en marche, lefigaro.fr, 3 avril 2015.</ref>, certains participants le traitent de Modèle:Citation<ref name="Médioni">C'était la bande à Pilote, Gilles Médioni, lexpress.fr, 14 mars 1996.</ref>. Mandryka, qui regrette ces événements, écrira plus tard qu'il y a vu Modèle:Citation<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Goscinny est Modèle:Citation par le comportement de ces jeunes dessinateurs qu'il avait pourtant contribué à lancer dans le métier<ref>Benoît Mouchart, La bande dessinée, Le Cavalier Bleu, Modèle:P..</ref>, au point qu'il songe à abandonner la bande dessinée<ref name=":0">Modèle:Article</ref>. Cet épisode lui aurait inspiré l'album d'Astérix La Zizanie<ref name="Médioni" />.
Peu après cet incident, Goscinny change la formule de Pilote en introduisant les « pages d'actualité », rédigées et dessinées par des collaborateurs dont les idées ont été retenues lors des réunions de rédaction hebdomadaires. Pilote souhaite s'adresser à un lectorat plus âgé<ref name=":3">Patrick Gaumer, Les Années Pilote, Dargaud, 1996, p. 168-172.</ref> tout en continuant de publier des bandes dessinées traditionnelles. À cette occasion, Serge de Beketch, journaliste à Minute, fait son entrée dans le magazine.
Polémiques et départs
En septembre 1971, l'hebdomadaire est pris à partie par un journaliste nommé Noël-Jean Bergeroux dans Le Monde. Dans un article intitulé « M. Pompidou épaule Astérix »<ref>Modèle:Article</ref>, il reproche à Pilote plusieurs portraits du président Georges Pompidou réalisés à l'occasion de la Saint-Georges et l'accuse de récupération commerciale. Il s'en prend en particulier à Michel TanguyModèle:Citation<ref name=":3" />. Bergeroux oppose Pilote à Hara-Kiri hebdo, devenu Charlie-HebdoModèle:Citation. Goscinny prend l'article comme une attaque personnelle<ref name=":4" />. Il dira de Bergeroux qu'il est Modèle:Citation<ref name=":0" />. François Cavanna renchérit sur l'article du Monde dans Charlie Hebdo en appuyant Bergeroux et conclut ainsi sa violente diatribe : Modèle:Citation. Il somme Gébé, Cabu et Reiser de cesser leur collaboration à l'hebdomadaire et de se consacrer en exclusivité à Charlie-Hebdo. Les trois hommes obtempèrent et quittent Pilote.
Un autre épisode vient perturber le journal en 1972 : Mandryka, Gotlib et Claire Brétécher fondent leur propre journal : L'Écho des savanes. Goscinny vit très mal ce qu'il considère comme des désertions.
En 1974, René Goscinny supervise Lucky Luke, le nouveau magazine mensuel lancé par Dargaud, qui connaîtra 12 numéros. Cependant, un mauvais climat s'est installé à la rédaction de l'hebdomadaire, en raison notamment d'une violente dispute entre Giraud et Goscinny<ref name=":3" />. Modèle:Citation, explique-t-il<ref name=":0" />. En 1974, il quitte la rédaction en chef du magazine<ref name="Médioni" /> auquel il continuera de collaborer de temps à autre.
Bilan de Pilote et d'Astérix
Quand il prend, avec Jean-Michel Charlier, les rênes de Pilote, en 1963, René Goscinny développe une politique d'expérimentation. Il intègre de jeunes auteurs et des séries qui tranchent avec la bande dessinée des années cinquante. L'éditeur Georges Dargaud lui laisse les mains libres tant qu'Astérix continue à vendre deux millions d'exemplaires par an. Modèle:Citation, estime le documentariste Guillaume Podrovnik<ref name=":11">Modèle:Lien web</ref>. Comme l'explique Patrick Gaumer, Modèle:Citation<ref name=":12">Modèle:Article</ref>.
En 1981, André Franquin, dessinateur de Spirou et créateur de Gaston Lagaffe, résume le rôle essentiel de Goscinny dans l'évolution de la BD française, à travers le journal Pilote et le personnage d'Astérix :
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Tout au long de sa carrière, Goscinny s'attache à découvrir de nouveaux talents et à faire évoluer son statut et celui de ses pairs<ref>Jacques Lob : Modèle:Citation (Les Archives Goscinny, Modèle:Nobr, Modèle:Nobr, Vents d’Ouest, 1998).</ref>. Il fait inscrire le nom du scénariste de bande dessinée aux côtés de celui du dessinateur en tête des planches, ce qui figure le premier pas d’une reconnaissance du métier, puis sur la couverture des albums et parvient aussi à le faire figurer dans les contrats, ce qui octroie au moins au scénariste des droits d’auteur<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Sur le socle de l'obélisque érigé devant la gare d'Angoulême, une citation est notamment gravée pour rappeler le rôle décisif que René Goscinny a joué pour la reconnaissance du métier de scénariste<ref name=":26">Modèle:Lien web</ref> :
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En 2021, la ville d'Angoulême dédie une grande fresque murale à René Goscinny, sise dans la rue qui porte son nom<ref name=":23">Modèle:Lien web</ref>,<ref name=":24">Modèle:Lien web</ref>. Parmi les 24 fresques qu'affichent les murs de la ville, c'est la première qui met à l'honneur toute une profession – scénariste de BD – à travers la figure de Goscinny<ref name=":24" />.
Le Feu de camp du dimanche matin
Fin 1969, Goscinny est sollicité par la radio Europe 1 pour animer Modèle:Citation la tranche horaire du dimanche de Modèle:Heure à 13 heures, précédemment occupée par Francis Blanche. L'équipe qu'il constitue avec Fred, Gébé et Gotlib s'amuse beaucoup à préparer des sujets et enregistrer des sketches pour cette émission qu'ils intitulent Le Feu de camp du dimanche matin. Mais l'écoute n'est pas au rendez-vous et Lucien Morisse, directeur des programmes, interrompt brutalement l'émission après treize semaines<ref name=":2">Modèle:Ouvrage</ref>.
Relations avec Georges Dargaud
Trois éditeurs dominent la réalisation et la diffusion des Modèle:Citation dans l'Europe d'après-guerre. Charles Dupuis assure la direction artistique de Spirou depuis sa création en 1938. Raymond Leblanc a lancé avec Hergé le journal Tintin en 1946. Georges Dargaud assure l'édition française de Tintin depuis 1948.
Goscinny n'a pas eu de relation directe avec Dupuis. Selon Uderzo, toutes les propositions faites par les deux auteurs furent refusées par l'éditeur<ref>Modèle:Article</ref>. Les rares collaborations avec Spirou se sont faites par l'intermédiaire de Georges Troisfontaines et de Morris. Selon Morris, Modèle:Citation<ref name=":4" />. L'affaire de la « charte » des dessinateurs a affolé Dupuis, qui en voulait à Goscinny depuis l'échec de TV Family.
Uderzo et Goscinny n'ont jamais eu de sympathie particulière pour Raymond Leblanc<ref name=":4" />. Leurs rapports avec Georges Dargaud, qui a repris Pilote en 1960, ont souvent été difficiles. Uderzo considère que celui-ci, dès le début, les Modèle:Citation<ref name=":4" /> et qu'il ne croyait pas au succès d'Astérix<ref>Modèle:Lien web</ref>. Il avait fallu le Modèle:Citation pour qu'il accepte d'augmenter les tirages.
Cependant peu avant sa mort, Goscinny entre en conflit avec Dargaud à propos d'un nouveau contrat pour Lucky Luke. Claude Goscinny travaille chez Dargaud et a déjà alerté son frère René sur des procédés anormaux lésant les intérêts des auteurs. Goscinny et Uderzo ont cependant accepté de renouveler leur contrat sur Astérix en 1975. Selon Uderzo, Goscinny souhaite que le contrat portant sur Lucky Luke soit transposé aux mêmes dates<ref name=":6">Modèle:Ouvrage</ref>. Il refuse le contrat proposé par Dargaud, mais il rédige le scénario du Fil qui chante et le fait parvenir à Morris. Quelques semaines plus tard, il apprend que Dargaud a convaincu Morris de signer seul le contrat et que l'album a été imprimé.
Goscinny est meurtri par la trahison de son ami et fou de rage contre Dargaud. Modèle:Citation<ref name=":2" />. Il engage un référé, fait placer des scellés sur les albums et dénonce son contrat avec Dargaud le Modèle:Date-, tout en demandant à Uderzo d'arrêter de réaliser les planches de l'épisode en cours Astérix chez les Belges. Après la mort de Goscinny, Dargaud contraint Uderzo par voie de justice à lui remettre devant huissier les sept planches manquantes, sous peine de dix millions de francs de dommages et intérêts. Gilberte Goscinny, qui s'oppose à la diffusion du Fil qui chante, est assignée en justice par Morris et perdra le procès.
Ce conflit débouche, en 1990, sur un procès intenté contre les éditions Dargaud par Gilberte Goscinny et Albert Uderzo. Une expertise est demandée sur les conditions d'exploitation des albums d’Astérix en langue étrangère. Le rapport est déposé en juillet 1992. La cour d'appel de Paris tranche le litige en 1998 en faveur des plaignants et Dargaud se voit retirer l'exploitation de tous les albums parus avant 1977.
Entre-temps, Uderzo a fondé les Éditions Albert René vouées aux nouvelles aventures d'Astérix<ref name=":4" />. Les rééditions des premiers albums sont attribuées à Hachette.
Goscinny et le cinéma
Influences
Dans sa jeunesse, Goscinny va régulièrement au cinéma avec son père. Ils vont voir les films burlesques de Charlie Chaplin, Buster Keaton, les Marx Brothers, Laurel et Hardy. Le duo comique fascinera longtemps Goscinny. Il s'imprègne également de la culture du western, qu'il parodiera plus tard dans Lucky Luke. Son cinéaste préféré est John Ford, dont les films lui inspireront plusieurs albums.
Mais le fondement principal de l'inspiration de Goscinny est Walt Disney dont les dessins animés se diffusent dans le monde entier à partir des années 1920<ref name=":19" />. Pour Jean-Pierre Mercier, commissaire de l'exposition « Goscinny et le cinéma » à la Cinémathèque, le dessin animé est un Modèle:Citation pour tous les acteurs de la bande dessinée européennes des années 1950-60. Comme l'explique Albert Uderzo : Modèle:Citation<ref name=":1">Modèle:Ouvrage</ref>.
L'année suivante, Goscinny imagine avec Uderzo le scénario du téléfilm Deux Romains en Gaule, réalisé par Pierre Tchernia<ref name=":19" />. Les héros sont deux légionnaires romains incarnés par Roger Pierre et Jean-Marc Thibault. Au travers d'une suite de sketches comiques, ils se laissent prendre peu à peu par la douceur de vivre en pays occupé<ref>Modèle:Article</ref>. Le téléfilm reconstitue le petit monde d'Astérix, son atmosphère, ses gags, ses bons mots, ses anachronismes. Astérix et Obélix apparaissent brièvement comme personnages dessinés. Goscinny et Uderzo ainsi que de nombreux comédiens et journalistes connus y font des apparitions : Jean Yanne, Maurice Biraud, Pierre Dac, Roger Couderc, Lino Ventura, Max Favalleli.
Productions Belvision
La même année, le dessin animé Astérix le Gaulois, adapté de l'album du même nom, sort sur les écrans. Il s'agit d'une production des studios belges Belvision qui s'est montée à l'initiative de l'éditeur Dargaud, à l'insu de Goscinny et Uderzo. Ceux-ci sont peu enthousiastes sur la qualité du film, qui obtient néanmoins un grand succès public avec Modèle:Nombre d'entrées en France. Les deux auteurs s'opposent cependant à la diffusion d'une autre adaptation par Belvision des aventures d'Astérix : La Serpe d'or, dont ils font détruire le négatif. Ils obtiennent de Belvision que le dessin animé en cours de réalisation Astérix et Cléopâtre, qui leur semble de meilleure qualité, sorte dès l'année suivante<ref name=":0" />,<ref name=":19" />. Ils ont fait appel à Tchernia pour la supervision de plusieurs scènes complémentaires non présentes dans l'album. C'est également un succès avec près de Modèle:Nombre d'entrées.
Goscinny obtient de plus gros moyens pour Daisy Town, dessin animé mettant en scène le personnage de Lucky Luke, pour lequel il a écrit un scénario original et dont il assure la réalisation. Le film sort en 1971 et obtient un énorme succès, en France (Modèle:10e au box-office avec Modèle:Nombre d'entrées) et en Europe.
Le Viager et Les Gaspards
La même année, Goscinny propose à Pierre Tchernia l'idée du film Le Viager. Ils réalisent le film ensemble, Goscinny ayant écrit le scénario et participant au tournage. Il s'agit d'une comédie mettant en scène Louis Martinet, un retraité à la santé fragile (Michel Serrault), qui se voit proposer par Léon Galipeau, son médecin malintentionné (Michel Galabru), de mettre sa maison de Saint-Tropez en viager au profit du frère et de la belle-sœur de ce dernier (Jean-Pierre Darras et Rosy Varte). Les années passent, la santé du retraité s'améliore et il déjoue sans le savoir les tentatives désespérées des Galipeau de le faire passer de vie à trépas. Le film obtient un grand succès, se classant Modèle:12e du box-office avec près de Modèle:Nombre d'entrées.
En revanche, le succès n'est pas au rendez-vous pour Les Gaspards, le second film de Pierre Tchernia qui sort en 1974. Goscinny s'est moins investi sur ce film, bâti sur une idée du seul Tchernia. Cette fable surréaliste met en scène une communauté qui lutte souterrainement contre les innombrables chantiers qui envahissent Paris. En dépit d'une distribution prestigieuse (Philippe Noiret, Michel Serrault, Michel Galabru, Gérard Depardieu…), le film rencontre l'incompréhension de la critique et du public.
Goscinny produit lui-même Les 12 travaux d'Astérix, ayant créé avec Uderzo et l'éditeur Georges Dargaud les Studios Idéfix qui réunissent à Paris des spécialistes de l'animation. Les deux auteurs, peu satisfaits des précédents dessins animés mettant en scène leurs héros, préfèrent superviser la totalité de la réalisation du film.
Après deux ans de travail, le film sort sur les écrans et se place à la Modèle:10e place du box-office de 1976 avec Modèle:Nombre d'entrées. Le projet suivant est un Lucky Luke : La Ballade des Dalton, qui sortira sur les écrans après le décès de René Goscinny. Les Studios Idéfix ne survivront pas à la mort de leur créateur et cesseront leur activité en 1978.
Le Modèle:Date-, la veille de sa mort, Goscinny participe à une séance de travail aux studios Idéfix sur le projet de film La Ballade des Dalton. Examinant des suites d'épreuves et de dessins, il donne son avis sur tel ou tel point à revoir, comme le menton d'Averell Dalton ou la selle de Jolly Jumper. Cette dernière séance, faisant l'objet d'un enregistrement audio pour les besoins des retouches à prévoir, est le dernier témoignage enregistré de la vie de Goscinny<ref group="a">Modèle:P..</ref>,<ref name=":27">Modèle:Lien web</ref>. Pour la première fois, le public a pu écouter l'intégralité de cet enregistrement lors de l'exposition Goscinny et le cinéma à la Cinémathèque française en 2017-2018<ref name=":19" />.
Trafalgar et Minichroniques
Modèle:Article détaillé
Après son départ de Pilote, Goscinny écrit le livret d'un opéra bouffe farfelu, Trafalgar, mis en scène et en musique par son ami Gérard Calvi. Le spectacle, qui conte la rivalité amoureuse de deux yachtmen millionnaires naviguant sous pavillon de complaisance, est créé au théâtre Romain-Rolland de Villejuif courant 1976. Il fait l'objet d'une adaptation télévisée en décors naturels et est diffusé sur TF1 pendant les fêtes de fin d'année 1976.
Goscinny élabore ensuite le scénario et les dialogues d'une série intitulée : les Minichroniques<ref name=":28">Modèle:Lien web</ref>. Il s'agit d'épisodes de 13 minutes au cours desquels l'auteur jette un regard satirique sur la vie quotidienne du Français moyen (appelé Bouchard) et épingle Modèle:Citation<ref name=":1" />. Pierre Desproges fait partie de la distribution. Une première saison est diffusée fin 1976 ; la deuxième est diffusée l'année suivante, après le décès de Goscinny<ref name=":28" />.
Projets non aboutis
Après Les Gaspards, Goscinny et Pierre Tchernia écrivent un scénario très élaboré, sur la base des albums d'Iznogoud. Ils pensent que le projet intéressera Louis de Funès qui est proche du personnage, et lui envoient le scénario ainsi que plusieurs albums. Son agent refuse et le projet est abandonné.
Goscinny avait également rédigé le synopsis d'un film sur les croisières intitulé L'Escale, sur lequel Pierre Tchernia travailla un peu, mais qui n'intéressa pas les producteurs<ref name=":4" />.
En 1975, Goscinny envoie le scénario du Maître du Monde à Blake Edwards, qui travaille régulièrement avec Peter Sellers, en lui demandant si ce dernier serait intéressé par le rôle principal. Goscinny ne reçoit aucune réponse mais il constate, l’année suivante, que Quand la panthère rose s'emmêle, film de Blake Edwards avec Peter Sellers, s’inspire directement de son histoire. Une plainte pour plagiat est déposée, mais la mort du scénariste éteindra la procédure<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Selon Claude Goscinny, frère de René, un arrangement avait cependant été trouvé avec les producteurs<ref name=":4" />.
Attaques contre René Goscinny
Au plus fort du succès d'Astérix, Goscinny doit subir diverses critiques et accusations le visant au travers de son héros. Numa Sadoul les évoque au cours de l'entretien qu'il a avec lui en 1973 pour le magazine Schtroumpf. Goscinny est accusé d'être le chantre du Français moyen, d'exalter un nationalisme forcené et xénophobe et de faire preuve de misogynie.
Astérix est également vu par certains critiques comme une référence au gaullisme. Enfin, la réussite financière de Goscinny et Uderzo en fait la cible de certains milieux de la bande dessinée et des fanzines. En mai 68, plusieurs dessinateurs l'accusent avec violence d'être, avec Jean-Michel Charlier, les Modèle:Citation.
Goscinny réagit le plus souvent avec humour, parfois avec indignation ou amertume.
Chauvinisme et xénophobie
Goscinny riposte en mettant en avant ses origines juives et les origines italiennes d'Uderzo<ref name=":25" />. Il explique en particulier : Modèle:Citation<ref name=":0" />.
Il récuse l'accusation de chauvinisme en soulignant la moquerie permanente dont fait précisément l'objet le chauvinisme dans ses albums. Selon le chercheur Nicolas Rouvière, l’une des figures de ce recentrage sur soi est Obélix, pour qui toutes les personnes différentes de lui sont des fous : Modèle:Citation. Mais les deux héros sortent régulièrement du village, partent à la découverte des voisins européens et intègrent quelque chose de cette différence, de cette altérité<ref name=":20" />.
Le succès d'Astérix à l'étranger réfute également cette critique.
Dans Le Cadeau de César, le personnage Agecanonix avoue : Modèle:Citation<ref name=":17" />. Si les aventures d'Astérix peuvent se lire comme une raillerie permanente des peuples, des nationalités et de leurs travers (Goths, Grands-Bretons, Romains), les Gaulois ne sont jamais épargnés<ref name=":17" />. Modèle:Citation, écrit Goscinny<ref name=":17" />.
Ce thème de l'étranger se retrouve au cœur de l'humour de Lucky Luke que des villes de l'Ouest accueillent ainsi : Modèle:Citation. Cette perception de la Modèle:Citation fait dire à Jul que Modèle:Citation<ref name=":17" />.
L'accusation de misogynie a pour origine la place relativement limitée accordée aux femmes dans Astérix, ainsi que leur représentation quasi exclusive en matrones ridicules ou revêches. Goscinny répond que ses héros sont des guerriers gaulois opposés à des légionnaires romains ; la place des femmes y est logiquement secondaire.
Quant aux personnages de mégères ou de femmes terrifiant leurs maris, il invoque les précédents de Shakespeare et Molière et souligne que les personnages masculins de ses albums ne sont pas très beaux ni toujours exemplaires, eux non plus<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Astérix gaulliste
Le magazine L'Express fait, en 1966, une lecture gaullienne du phénomène Astérix. Ce dernier est apparu dans les pages de Pilote en 1959, un an après le retour au pouvoir du général De Gaulle. La France réactive alors sa fibre résistancialiste. La création d'un peuple d'irréductibles Gaulois qui luttent contre l'envahisseur romain ne peut pas, dans cette perspective, relever du hasard. Les deux héros viennent en aide aux peuples opprimés par Rome l'impérialiste au moment où la France se retire de l'OTAN, engage une diplomatie hostile à la Modèle:Citation, noue le dialogue avec l'URSS et la Chine et porte une attention appuyée au non-alignement. Cette coïncidence achèvera de donner aux chroniqueurs de l'époque le sentiment d'une bande dessinée gaullienne, voire gaulliste<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Goscinny ironise sur cette interprétation en persiflant que le général de Gaulle n'a pas besoin d'Astérix. Il se moque de ceux qui voient dans la potion magique la représentation de l'homme providentiel : Modèle:Citation<ref name=":0" />.
Astérix milliardaire
En mai 1968, la revue L'Entreprise publie un article consacré au phénomène économique d’Astérix. Titré « Astérix presque milliardaire », il révèle qu'à cette date, le héros gaulois a rapporté plus de six millions de francs en droits d'auteur à Goscinny et Uderzo<ref name=":4" />.
Cette réussite va susciter bien des jalousies. Selon Claire Bretécher, Modèle:Citation<ref name=":8" />. Goscinny devient la cible préférée des fanzines, fascicules confidentiels consacrés à la bande dessinée, nés au début des années soixante-dix. Vitriol, Falatoff, BD 70, Mormoil l'attaquent régulièrement, au travers de critiques virulentes de Pilote et d’Astérix.
Par ailleurs, un certain snobisme, qui au début des années 1960 a contribué au succès d’Astérix, s'est ensuite retourné contre lui. Il est devenu de bon ton de dénigrer les aventures du guerrier gaulois. Gotlib explique : Modèle:Citation. Il cite Les chefs-d'œuvre de la bande dessinée<ref>Modèle:Ouvrage</ref>, gros ouvrage paru en 1967 et dont Goscinny a pourtant rédigé la préface. On y trouve un Modèle:Citation sous le titre « Astérix - le diplodocus de l'idée fixe » : Modèle:Citation<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.
Dans le numéro de Schtroumpf qui est consacré à Goscinny figure une critique lapidaire d'Yves Frémion qui s'inscrit dans l'air du temps : Modèle:Citation.
Goscinny supporte mal ces attaques. Dans l'introduction qu'il rédige pour son interview à Schtroumpf, il l'explique clairement :
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Goscinny était assez complexé par son physique : Modèle:Citation, disait-il à sa femme Gilberte<ref group="a" name="a07">Modèle:P..</ref>. Il avait les cheveux crépus et, enfant, rêvait de les gominer… en vain<ref name="a18" group="a">Modèle:P..</ref>.
Comme Greg le dessinait petit dans Achille Talon alors qu'il était en réalité de taille moyenne, tout le monde le trouvait grand<ref group="a" name="a07" />.
Asthmatique quand il était enfant, il n'a jamais aimé le sport : Modèle:Citation<ref group="a" name="a16" />.
En toutes circonstances, il était habillé d'un costume trois pièces, même en pleine période hippie et même à la maison, devant sa machine à écrire, toujours vêtu Modèle:Citation, rappelle sa fille<ref name=":17" />.
Il fumait beaucoup, tirant ses cigarettes de marque Pall Mall d'un étui en argent<ref group="a" name="a07" />.
Portrait moral
Judéité
Goscinny reçoit des courriers antisémites et entend longtemps des réflexions antisémites notamment dans l’univers de la BD belge<ref name=":17" />. Un jour, l’un de ses amis lui lance : Modèle:Citation ; et Goscinny de répliquer : Modèle:Citation<ref name=":16" />.
Pudique, s'il ne fait pas état de sa judéité ni des persécutions qu'ont connues les membres de sa famille<ref name=":16" />,<ref name=":15" />,<ref name=":17" />,<ref name=":0" group="N" /> — il n'y a pas une seule allusion à ses origines dans les milliers de pages qu'il a écrites —<ref name=":17" />, Goscinny garde Modèle:Citation<ref name=":16" />. Quand il rencontre Gilberte, sa future épouse, l’une de ses premières phrases qu'il prononce mal à l'aise : Modèle:Citation<ref name=":16" />.
Il ne se rend qu'une seule fois en Israël, en août 1977, où il va se recueillir devant le mur des Lamentations à Jérusalem, en portant une kippa<ref name=":16" />,<ref name=":17" />.
Goscinny est proche du dessinateur Gotlib dont le père était mort dans un camp d'extermination. Partant, Gotlib a un rapport presque filial à Goscinny ; il conserve toujours sur lui une lettre de son père et une autre de Goscinny<ref name=":17" />.
Après la mort de Goscinny, son ami Uderzo fait le voyage à Jérusalem avec sa veuve<ref>Uderzo confie à propos de cet album : "Pour l'album "L'Odyssée d'Astérix", je suis parti à Jérusalem avec ma femme et Gilberte, la veuve de René (l'album est d'ailleurs dédié à ce dernier). Dans un musée se trouvait une maquette représentant la ville de Jérusalem dans sa version antique. J'ai bombardé la maquette de photographies, ce qui m'a permis plus tard de reproduire la ville sur le papier, à tête reposée. L'album est pétri de ce type de références, sur la base de photos rapportées du voyage, comme la Porte aux Lions, par exemple, qui existe vraiment." Olivier Andrieu, Le livre d'Astérix le Gaulois, Les Éditions Albert René, 1999, Modèle:P. 112-113</ref>, puis conçoit seul le scénario et les dessins de L'Odyssée d'Astérix (1981), dans lequel le petit Gaulois ose enfin fouler la Terre sainte. Goscinny y est caricaturé en commis juif nommé Saül Péhyé (jeu de mots sur un sketch de Fernand Raynaud : « Ça eut payé »)<ref>Modèle:Article</ref>,<ref name=":17" />,<ref>L'encyclopedix : Péhyé Saül.</ref>.
En 2016, les dessinateurs Jul et Achdé se font les auteurs d'un album de Lucky Luke intitulé La Terre promise, truffé de caricatures bienveillantes, jeux de mots et clins d'œil de multiples niveaux de lecture, dans lequel le cow-boy croise pour la première fois des Juifs venus d’un shtetl d’Europe de l’Est<ref name=":17" />,<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Quand en 2017, il s'agit de commémorer le quarantième anniversaire de sa mort, sa fille Anne Goscinny préfère que l'exposition soit accueillie dans les locaux du Musée d'art et d'histoire du judaïsme plutôt que d'une autre institution, afin de rendre hommage à son père et à son histoire<ref name=":15" />,<ref name=":16" />,<ref>Modèle:Lien web</ref> :
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Comme ce n'est qu'après sa mort que l'on rend hommage aux racines juives du scénariste, Jul considère que Goscinny est un Modèle:Citation<ref name=":17" />.
Caractère
Les personnes ayant travaillé à ses côtés à Pilote racontent que certains jours, Goscinny arrivait à la rédaction la mine réjouie, Modèle:Citation, car il venait d'observer une scène totalement anodine qui allait lui permettre d'inventer un gag. Il y avait aussi les Modèle:Citation où, tournant le dos à ses collègues, il frémissait de colère et de rancœur car il venait de lire dans la presse une critique négative, parfois minime, le visant, lui ou son œuvre<ref group="a">Modèle:P..</ref>. Il reconnaissait :
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D'autres observateurs considèrent que dans la mesure où chez les Goscinny-Beresniak, on parle cinq langues en maniant trois alphabets, Modèle:Citation<ref name=":17" />.
Goscinny adore faire rire son entourage : Modèle:Citation, explique-t-il à Schtroumpf en 1973<ref name=":0" />, en invoquant Modèle:Citation<ref name=":14" />. Le dessinateur Tibet témoigne : Modèle:Citation<ref name=":4" />. Selon Uderzo, Modèle:Citation<ref name=":6" />.
Dans le travail, il conserve malgré tout une certaine distance avec ses collègues de la rédaction et ne pratique pas le tutoiement, sauf avec Charlier, Martial et Tabary<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Ainsi, l'appelle-t-on « Monsieur », on le vouvoie, et lui-même vouvoie-t-il les gens<ref name=":27" />. Les seuls signes de familiarité qu'il manifeste sont à l'égard de son complice Albert Uderzo.
Parallèlement, iI est décrit comme extrêmement bienveillant, gentil, courtois et généreux<ref name=":27" />.
Contrairement à Uderzo, il déteste la campagne et préfère la vie citadine. Quand son ami dessinateur fait l'acquisition de sa maison du Tartre-Gaudran, il lui achète un passage clouté qui est installé au travers d'une allée. Aux dires d'Uderzo, Modèle:Citation<ref group="a" name="a10">Modèle:P..</ref>.
Autre passion que les deux hommes ne partagent pas : les voitures de course. Quand Uderzo fait des tours de circuit en Ferrari à Modèle:Unité, Goscinny l'attend à l'arrivée et lui dit : Modèle:Citation<ref group="a" name="a18" />.
Goscinny était fier d'avoir fait fortune avec le métier de scénariste de bande dessinée, qui n'existait pas avant lui. Claire Bretécher confirme : Modèle:Citation<ref group="a" name="a10" />.
Méthode de travail
Connaissances
Issu d'une famille d'imprimeurs, familier de la mise en page esthétique d'un ouvrage, de la recherche du plus joli lettrage, du découpage efficace d'une phrase, Goscinny n'a pu faire l'économie de cette connaissance<ref name=":15" />,<ref name=":22" />,<ref name=":27" /> :
Modèle:Citation bloc
Pendant plusieurs années, il a travaillé dans la même pièce que Charlier, le désordre du bureau de ce dernier contrastant avec le bureau de Goscinny qui, lui, était propre et entièrement vide<ref name="a07" group="a" />, à l'exception de sa machine à écrire. Les dessinateurs ayant travaillé avec lui mettent l'accent sur son côté organisé, ordonné et méticuleux.
Cette méthode est mise en œuvre avec l'ensemble des dessinateurs travaillant avec Goscinny. Morris explique par exemple : Modèle:Citation<ref name=":4" />. Greg renchérit :
Modèle:Citation bloc
René Goscinny explique avoir connu une période de Modèle:Citation et de Modèle:Citation aux États-Unis entre 1946 et 1948. Il habite alors à New York avec sa mère, qui le nourrit et l'encourage. Quand il rentre en France, il habite une petite chambre avenue de Versailles à Paris. L'époque est matériellement difficile, mais les collaborateurs de la World Press passent cependant de bons moments ensemble. Georges Troisfontaines aime vivre la nuit et fréquenter les restaurants et les boîtes de nuit. Il entraîne son équipe qui découvre ainsi la vie nocturne de la capitale et les établissements à la mode. Goscinny évoquera plus tard ces soirées dans l'un de ses Interludes.
Progressivement, à force de travail, la situation financière de Goscinny s'améliore. Il fera venir sa mère quelques années plus tard et ils s'installeront dans un appartement de la rue Alfred-Bruneau dans le [[16e arrondissement de Paris|Modèle:16e arrondissement]]. En 1967, Goscinny emménage non loin de là dans un appartement avec terrasse au 56, rue de Boulainvilliers<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Passionné de croisières, Goscinny rencontre, lors de l'une d'elles, en 1965, Gilberte Pollaro-Millo<ref name=":21">Modèle:Lien web</ref> (1942-1994), une jeune Niçoise de 24 ans. Ils se marient le Modèle:Date- dans le [[16e arrondissement de Paris|Modèle:16e arrondissement de Paris]]. Le Modèle:Date- naît sa fille Anne, devenue par la suite écrivain.
Distractions
Passionné de paquebots et de croisières depuis son enfance, il ne voyageait à l'étranger que par bateau.
Selon Albert Uderzo, le cardiologue a adressé Goscinny à une clinique de la rue de Choiseul pour effectuer l'épreuve un samedi matin, en présence d'un seul manipulateur. Il ne s'y trouvait ni médecin ni service de réanimation. Le décès de Goscinny a servi d'exemple : lors d'un congrès de cardiologie ultérieur, il fut décidé que, dorénavant, les épreuves d'effort se feraient en présence d'un cardiologue et d'un service de réanimation<ref name=":6" />.
Après la mort de Goscinny, Uderzo continue seul Astérix tout en signant, par respect pour sa mémoire, les albums de leurs deux noms. Les aventures d’Astérix réalisées par Uderzo seul ne font pas l'unanimité, divers critiques jugeant que la série a beaucoup souffert, sur le plan qualitatif, de la disparition de Goscinny<ref>Modèle:Lien web.</ref>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Le succès populaire et commercial de la série, ainsi que le marketing qui l'accompagne, ne faiblissent cependant pas, au contraire : Modèle:Citation<ref name=":18" />.
Traduit en cent sept langues et dialectes, les textes et dialogues d'Astérix font de Goscinny l'un des écrivains les plus lus et traduits au monde Modèle:Sfn.
En Modèle:Date-, sa fille Anne Goscinny annonce avoir découvert l'ébauche du scénario d'un album que son père écrivait avant sa mort. Le titre de cette ébauche est Astérix au cirque<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Institut René Goscinny
Fondé en 2015, l'Institut René Goscinny a pour vocation de faire vivre la mémoire de l’auteur, en partenariat avec les institutions et collectivités publiques. Il conserve les Archives Goscinny mises à la disposition des étudiants et chercheurs<ref>Modèle:Lien web</ref>. Sa bibliothèque regroupe ses œuvres dans toutes les éditions originales et courantes en langue française ainsi que toutes les traductions en langues étrangères, de 1944 à nos jours<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Cannes abrite deux écoles René-Goscinny (écoles René-Modèle:Nobr et Modèle:II) et une maternelle René-Goscinny.
Le Prix René-Goscinny, créé en 1988 par sa veuve Gilberte Goscinny et l'éditeur Guy Vidal, s'inscrit dans l'esprit et le prolongement de l'action menée par René Goscinny : il a pour vocation de mettre en lumière et récompenser le travail d’un(e) scénariste de bande dessinée<ref name="actuabd122016">Modèle:Lien web.</ref>.
Le lycée français de Varsovie, ville où une partie de la famille de Goscinny a été arrêtée et seul établissement scolaire français de Pologne, a été baptisé lycée René-Goscinny, en 1992, en raison des origines polonaises du scénariste<ref name=":17" />. Le 25 septembre 2013, devant les élèves rassemblés, un buste de René Goscinny, œuvre du sculpteur polonais Jacek Kowalski, y a été inauguré<ref>Une statue de René Goscinny à Varsovie.</ref>, en présence de sa fille, Anne Goscinny, de Pierre Buhler, ambassadeur de France en Pologne, de Henryk Woźniakowski, président de la maison d'édition polonaise Znak, et d'Aymar du Chatenet, directeur d'IMAV Éditions. Il s'agit de la première statue de René Goscinny au monde.
La ville de Bruxelles en Belgique montre une fresque située au 33 rue de la Buanderie, réalisée en 2005 par Art Mural a.s.b.l., représentant les personnages de la bande dessinée tirés de l'album Astérix en Corse.
En 2006, la rue René-Goscinny est ouverte à la circulation dans le [[13e arrondissement de Paris|Modèle:13e arrondissement de Paris]].
La promotion 2006-2007 de l'IRA de Bastia porte le nom de René Goscinny.
En octobre 2007, l’école du centre-ville de Divion dans le Pas-de-Calais est renommée « école René-Goscinny ». Ce nom est choisi par les enfants eux-mêmes et le baptême se déroule en présence d'Anne Goscinny, fille du scénariste.
L'exposition-rétrospective « René Goscinny, au-delà du rire » lui est consacrée en 2017-2018 au musée d'Art et d'Histoire du judaïsme (MAHJ) à Paris, pour le quarantième anniversaire de sa disparition<ref>Modèle:Article</ref>,<ref name=":15" />,<ref name=":18" />,<ref name=":25">Modèle:Lien web</ref>,<ref name=":17" />.
En 2017, une exposition de la Cinémathèque évoque sa passion pour le 7Modèle:È art et retrace le lien intime entre Modèle:Citation, dans Modèle:Citation : « Goscinny et le cinéma : Astérix, Lucky Luke et Cie »<ref name=":19" />,<ref name=":17" />.
À Paris, près de son dernier domicile, à l'angle de la rue de Boulainvilliers et de la rue Singer, une statue à son effigie Modèle:Incise est inaugurée en janvier 2020 par la maire Anne Hidalgo, en présence de Jean-Jacques Sempé et de Jul, nouveau dessinateur de Lucky Luke<ref name="express">Modèle:Lien web.</ref>. Il s'agit de la première statue à Paris d'un créateur de bandes dessinées<ref name="express" />.
En 2018, le journal Le Monde publie dans un Hors-série « Les trésors retrouvés de René Goscinny », qui présente à travers des dizaines de planches retrouvées ou inédites, l’immense carrière de scénariste de René Goscinny<ref>Modèle:Lien web</ref>.
En 2021, la ville d'Angoulême dédie une grande fresque murale de 196 m2 au scénariste René Goscinny, sise dans la rue éponyme où l'auteure Catel et l’artiste muraliste Moon ont déployé leurs talents<ref name=":23" />,<ref name=":24" />.
Modèle:ColonnesNota : les films suivants s’inspirent de l’œuvre de René Goscinny mais n’ont pas été écrits par lui, ou ont été réalisés sans la permission de l'auteur.
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Guillaume Podrovnik, René Goscinny, notre oncle d'Armorique, Arte, 8 octobre 2017
Émissions de radio
Paule et Jean-Pierre Pagliano, « René Goscinny », Profils perdus, France Culture, 13 et 20 décembre 1990 (58 min et 60 min). Avec la participation de Claire Bretécher, Cabu, Philippe Druillet, Fred, Gilberte Goscinny, Marcel Gotlib, Pronto, Albert Uderzo, Pierre Tchernia et Guy Vidal.
Romain Weber, « René Goscinny (1926-1977), auteur majeur pour art mineur », Toute une vie, France Culture, Modèle:1er février 2020, 58 min