Évangile selon Thomas
L’évangile selon Thomas est un évangile qui ne comporte que des paroles attribuées à Jésus. Il a probablement été écrit en grec et contient des logia peut-être antérieurs à l'écriture des plus anciens évangiles canoniques. Il a par la suite été déclaré apocryphe par la Grande Église au point de totalement disparaître. Contrairement aux autres apocryphes rejetés pour l'absence de message spirituel de leurs anecdotes, il ne contient guère d'anecdotes ni de récit et consiste presque exclusivement en messages spirituels.
Découvert en Modèle:Date- à Nag Hammadi, en Haute-Égypte, associé dans le même codex à d’autres textes également rédigés en copte, le manuscrit, désormais conservé au musée copte du Caire, date du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle mais a probablement été rédigé sur base d'un original grec dont on a retrouvé des traces dans des papyrus d'Oxyrhynque<ref group="N">Oxyrhynque 1, 654 et 655.</ref> datés du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle<ref>Jean-Daniel Dubois, Jésus apocryphe, éd. Mame, 2011, Modèle:P..</ref>.
Ce « cinquième évangile » pourrait provenir d'un milieu syriaque ou palestinien, et avoir été rédigé par une série de rédacteurs entre les {{#switch: et
| e | er | = Modèle:S mini-{{#ifeq: II|-| – | II }}Modèle:S mini- siècle
| Modèle:S mini-{{#ifeq: et|-| – | et }}Modèle:S mini- siècles
}}. Certains chercheurs y détectent des éléments pré-synoptiques. Toutefois, ce point de vue ne fait pas consensus.
Il s'agit d'un recueil de sentences — des logia — qui, selon l’incipit du texte, auraient été prononcées par Jésus et transcrites par Modèle:Citation, c'est-à-dire l'apôtre Thomas. Au nombre de 114, les logia sont ainsi le plus souvent précédés de la mention « Jésus a dit ». Bon nombre ont leur parallèle dans les évangiles selon Matthieu et selon Luc ainsi que, dans une moindre mesure, dans l’Évangile selon Marc. Ces parallèles ont souvent une rédaction et une conclusion différentes de ce qu'on trouve dans les synoptiques. Les fragments qu'on a retrouvés en grec datant du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle présentent eux-mêmes des différences avec la version copte.
Découverte
La version complète en langue copte de l’évangile de Thomas a été découverte en 1945 dans une jarre de plus d'un mètre de haut, cachée dans un cimetière païen de Nag Hammadi (Égypte) ou dans une grotte<ref name="Arnaud_47">Bernadette Arnaud, « Les trésors oubliés du désert égyptien », dans Sciences et Avenir, no 791, janvier 2013, Modèle:P..</ref>. Les paysans qui ont découvert ces manuscrits ont donné plusieurs versions, de sorte que si on est sûr de la localisation de Nag-Hammadi, l’environnement précis de la découverte de cette jarre n'est pas connu<ref group="N">Un des paysans a même reconnu avoir brûlé quelques-uns des manuscrits pour se réchauffer. Bernadette Arnaud, « Les trésors oubliés du désert égyptien », dans Sciences et Avenir, no 791, janvier 2013, Modèle:P..</ref>. Aux côtés du codex sur lequel figurait cet évangile, se trouvaient onze autres codex en papyrus datant du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle et rassemblant cinquante-deux écrits<ref name="Arnaud_47"/>. Comme les couvertures de certains des écrits étaient formées de papyrus documentaires dont certains étaient datés, il a été possible de déterminer précisément après quelle date ces manuscrits ont été cachés<ref name="Golb">Modèle:Ouvrage.</ref>. Les textes retrouvés dans cette amphore figuraient sur la liste d'un décret de l’évêque Athanase d'Alexandrie (Modèle:S mini) qui ordonnait leur destruction<ref name="Golb"/>.
Avant cette découverte, on ne connaissait que moins de dix logia de ce texte grâce à des fragments en grec datant de la fin du {{#switch: ou du début du
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}}, notamment ceux retrouvés dans des fouilles à Oxyrhynque<ref group="N">Pour le texte des logia retrouvé à Oxyrhynque, voir France Quéré, Évangiles apocryphes, éd. du Seuil, Paris, 1983.</ref>,<ref group="N">Jean-Daniel Dubois opte pour une datation tardive des papyri d'Oxyrhynque au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle ; Modèle:Cf. Jean-Daniel Dubois, Jésus apocryphe, éd. Mame, 2011, Modèle:P..</ref>.
L’évangile de Thomas retrouvé à Nag-Hammadi figurait dans le même codex — Modèle:Nobr — que d'autres textes chrétiens eux aussi dans leur version copte<ref group="N">Le Livre secret de Jean, l’Évangile selon Thomas, l’Évangile selon Philippe, l’Modèle:Lien, un traité sans titre souvent appelé Modèle:Lien, l’Exégèse de l’âme, le Livre de Thomas l’Athlète.</ref>.
Contenu
C’est un recueil de logia (terme grec signifiant « paroles »<ref group="N">Outre le sens de « parole » qui est son sens principal, logion est la transcription du mot grec λογιον, qui signifie aussi « réponse d’oracle ».</ref>), c’est-à-dire d'expressions de Jésus, au nombre de cent quatorze, qui se suivent sans ordre apparent et sont le plus souvent précédés de la mention « Jésus a dit ». Ces paroles relèvent de plusieurs types littéraires : Modèle:Citation.
Bien que de nombreuses sentences soient propres à cet évangile et que certaines même proposent une vision de la foi différente de celle des évangiles canoniques, soixante-dix-neuf de ces logia trouvent leurs parallèles dans la littérature synoptique, pour l'essentiel dans les évangiles selon Matthieu et selon Luc et, dans une moindre mesure, dans l’évangile selon Marc<ref>Raymond E. Brown, Que sait-on du Nouveau Testament ? , éd. Bayard, 2011, Modèle:P..</ref>. Cela peut signifier une influence des synoptiques sur Thomas, ou l’inverse. Cela peut aussi être le signe que Thomas et les synoptiques avaient une source commune<ref>Modèle:Chapitre.</ref>,<ref group="N">Selon Jean Doresse, qui a fait la première publication des textes de Nag Hammadi, il s’agit d’« un apocryphe où ce qui correspond aux évangiles a toutes chances d’avoir été tiré d’eux, et non de leur source première, tandis que ce que Thomas offre d’inédit, même si cela mérite la qualification de logia, risque d’avoir été l’objet non seulement d’approximations mais aussi de retouches. » Modèle:Cf. Jean Doresse, L’Évangile selon Thomas, Modèle:2e éd. 1988.</ref>.
Il n’y est pas fait mention de la naissance de Jésus, de sa mort ou de sa résurrection. Dans le logion no 12, les disciples interrogent simplement Jésus, pour savoir quel chef « se fera grand sur eux » lorsqu'il les « quittera ». Jésus désigne alors Jacques le Juste.
Le genre littéraire de recueil de paroles de Jésus est attesté par des fragments retrouvés en Égypte et notamment des fragments d'un évangile attribué à Matthieu, différent de celui que l'on connaît<ref>Voir à ce sujet France Quéré, Évangiles apocryphes, éd. du Seuil, Paris, 1983.</ref>Modèle:Référence non conforme, et par les écrits de Pères de l'Église comme Papias d'Hiérapolis qui mentionne un recueil de paroles de Jésus écrit en langue hébraïque par Matthieu, Modèle:Citation C'est à ce genre littéraire qu'appartient aussi l’hypothétique source Q, qui, selon la « théorie des deux sources », serait avec une version de l’Évangile selon Marc<ref group="N">Cette version de l’évangile selon Marc serait antérieure à celle que l'on connaît.</ref> le matériel sur lequel se seraient fondés les rédacteurs des évangiles selon Matthieu et Luc. Certains auteurs reconnaissent dans l’évangile selon Thomas des éléments pré-synoptiques<ref name="Blanchetière_226">François Blanchetière, Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien, Modèle:P..</ref>, mais cette position ne fait pas consensus. Il est possible que ce genre littéraire ait précédé la rédaction des évangiles canoniques.
Titre
Le titre original du texte est non pas l’Évangile de Thomas Modèle:Incise mais, suivant l'incipit, Les paroles secrètes de Jésus écrites par Thomas. Suivant cet incipit, certains auteurs ont insisté sur l'aspect ésotérique du texte<ref name="Ménard_76">Jacques E. Ménard, L'évangile selon Thomas : [traduction et commentaire], Leiden, éd. Brill, 1975, Modèle:P..</ref>, et de sa théologie, mais celui-ci est néanmoins à relativiser : le terme « secret » ou « caché » renvoie davantage au caractère mystérieux des paroles de Jésus qu'à une transmission entre initiés. Au-delà de leur sens manifeste, les paroles de Jésus ont un sens plus profond qui ne se révèle qu'au prix d'un effort d'interprétation dont, dans le logion no 1 qui suit l'incipit, Jésus semble donner la clef herméneutique<ref>Hermeneia en grec signifie « interprétation ».</ref> et inviter à cette interprétation : « Celui qui trouvera l'interprétation de ces paroles ne goûtera pas la mort ». La suite du texte insiste sur la nécessité d'approfondir certaines paroles, en répétant à plusieurs reprises « Que celui qui a des oreilles (pour entendre) entende »<ref>Modèle:Chapitre</ref> (une phrase que l'on retrouve souvent dans les évangiles canoniques ainsi que dans l'Apocalypse de saint Jean entre autres). Il est à remarquer que dans les évangiles canoniques, tout comme dans l'évangile selon Thomas, Jésus affirme Modèle:Citation.
Datation
La datation est débattue car la nature même du texte le rend difficile à dater avec précision : constitué d'un assemblage de citations, son corpus est évidemment plus malléable que les évangiles canoniques les plus connus et, par conséquent, la genèse de sa formation doit être abordée de manière singulière : ainsi se pose davantage la question de savoir quand la compilation a débuté, comment elle s'est poursuivie et quand elle s'est fixée, si ce fut le cas<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Stephen J. Patterson, « Understanding the Gospel of Thomas Today », dans Stephen J. Patterson, Hans-Gebhard Bethge et James M. Robinson, The Fifth Gospel. The Gospel of Thomas Comes of Age, éd. T&T Clark, 2011, p. 33–34</ref>. Les chercheurs sont partagés entre des datations situées, d'un côté, vers 50 de l'ère commune — au moins pour le noyau de l'évangile — et de l’autre, à la fin du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, une large majorité de chercheurs penchant pour une rédaction au deuxième siècle et plus particulièrement pour une date comprise entre 135 et 200<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.
Des indices semblent témoigner de l’existence de certaines versions de l’évangile de Thomas dès le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle<ref name="Patterson 2011, p.36">{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Stephen J. Patterson, op. cit., Modèle:P..</ref> : la collection de citations est une forme littéraire qui appartient à la première période de l’activité littéraire chrétienne, à rapprocher de la source Q, une collection de proverbes et paraboles utilisées pour la composition des évangiles selon Matthieu et Luc<ref name="Patterson 2011, p.34">{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Stephen J. Patterson, op. cit., Modèle:P..</ref>. Le fait que le nom de Jésus Modèle:Incise ne soit accompagné d'aucun des titres christologiques dont l’apparition est plus tardive est également à considérer<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Stephen J. Patterson, op. cit., Modèle:P..</ref>. L’existence de ces versions de la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle ne signifie pas pour autant que l’évangile aujourd'hui connu remonte à cette période haute, car le texte témoigne de nombreux ajouts, modifications et innovations<ref name="Patterson 2011, p.36"/>.
Avec la Grande Révolte juive de 66-74, la collecte de paroles comme forme d'évangile semble Modèle:Incise passer de mode, notamment au profit d'un genre narratif, qui se présentent comme des « biographies » de Jésus. C'est alors qu'apparaît également une nouvelle forme d'évangiles dans lesquels le Jésus ressuscité délivre une connaissance ésotérique ; ce genre reprend et développe de plus anciennes citations attribuées à Jésus<ref name="Patterson 2011, p.34"/>. Ces traces de réécritures gnosticisantes du texte portent à ne pas dater la version connue actuellement avant le milieu du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle<ref name="Amsler 2006, p.20">Frédéric Amsler, L’Évangile inconnu : la source des paroles de Jésus (Q), éd. Labor & Fides, 2006, Modèle:P..</ref>. Ainsi, depuis les dernières décennies du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, lorsque la collecte et la fixation des paroles de Jésus étaient toujours en cours et en débat, la compilation de l’évangile de Thomas a pu se poursuivre au cours du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, permettant au corpus de grandir et d'évoluer jusqu'à la version copte trouvée à Nag-Hammadi, vraisemblablement copiée au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle par un moine de Haute-Égypte<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Stephen J. Patterson, op. cit., Modèle:P..</ref>. Dans l’exégèse de ce texte, il faut ainsi prendre en compte la possibilité de datations différentes pour chacun des logia qui le composent<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Stephen J. Patterson, op. cit., Modèle:P..</ref>.
Dans les débats modernes sur la datation, la littérature ésotérisante a également voulu y voir un texte antérieur aux écrits néotestamentaires<ref name="Amsler 2006, p.20"/>.
Diffusion
Si l’on compare le nombre d’exemplaires préservés de l'Évangile selon Thomas en grec (3 ex.), aux {{#switch: III
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}}, il se situe dans la moyenne des autres textes chrétiens en grec<ref name="Poirier 1">Paul-Hubert Poirier, Quelques perspectives récentes sur l’Évangile selon Thomas, § 2. À propos de l'article de Larry Hurtado, « The Greek Fragments of the Gospel of Thomas as Artefacts : Papyrological Observations on Papyrus Oxyrhynchus 1, Papyrus Oxyrhynchus 654 and Papyrus Oxyrhynchus 655, dans Jörg Frey, Enno Edzard Popkes, Jens Schröter, éd., Das Thomasevangelium. Entstehung — Rezeption — Theologie, Berlin, New York, Walter de Gruyter (Modèle:Coll., 157), 2008, ix-545 p.</ref>. Ce qui suggère qu'il y avait un lectorat moins important que pour le Livre des Psaumes (16 Modèle:Abréviation) ou le Pasteur d’Hermas (11 ex.), mais plus important que pour l'Évangile selon Marc, les deux Modèle:Page h' ou les deux premières Épîtres de Jean (1 ex. chacun)<ref name="Poirier 1"/>. Pour les trois exemplaires connus, il s’agit de copies destinées à un usage privé, ce qui Modèle:Citation Il semble que ces trois manuscrits ont Modèle:Citation
Auteur
Le texte copte de Nag-Hammadi s'ouvre sur l’incipit suivant : Modèle:Citation bloc
Le texte est ainsi assigné à un certain « Didyme Judas Thomas » ou, dans le texte grec plus ancien que l’on connaît par le [[Papyrus Oxyrhynchus 654|Papyrus Modèle:Nobr]] (Modèle:Nobr), plus simplement à « [Judas, qui est aussi] (appelé) Thomas »<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Stephen J. Patterson, op. cit., Modèle:P..</ref>, tel que le texte est en général reconstitué, la partie entre crochets étant manquante<ref>The Gospel of Thomas: Papyrus Oxyrhynchus 654.</ref>.
Ensemble de citations compilées, avec des matériaux ajoutés, adaptés ou supprimés au fil du temps et des circonstances, il est admissible que l’évangile de Thomas ait été composé par une série de rédacteurs variant dans le temps et dans l’espace. Il n'est donc pas nécessaire d'attacher trop d'importance historique à la mention de cet incipit très probablement pseudonyme<ref name="Patterson 2011, p.31">{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Stephen J. Patterson, op. cit., Modèle:P..</ref>. Celui-ci n'en atteste pas moins de certaines traditions.
Lien avec l'apôtre Thomas
Si le nom de Judas est bien attesté comme tel, les noms « didyme » et « thoma » sont eux simplement des mots utilisés respectivement en grec et en araméen pour désigner un « jumeau ». Ainsi, le document a été originellement attribué à « Judas le Jumeau » puis, ultérieurement, un rédacteur a ajouté le terme grec pour éclairer les lecteurs ne comprenant pas la racine sémitique thoma<ref name="Patterson 2011, p.30">{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Stephen J. Patterson, op. cit., Modèle:P..</ref>.
La figure apostolique de Judas Thomas est intimement liée au christianisme de Syrie ainsi que l'atteste une abondante littérature : les Actes de Thomas, le Livre de Thomas l’Athlète, la Doctrine d'Addaï… On la retrouve également dans des récits aussi légendaires que les évangiles canoniques, qui racontent comment il a favorisé l’évangélisation du royaume d'Édesse en y envoyant Modèle:Incise l’apôtre Thaddée pour répondre à une promesse de Jésus à « Abgar le Noir », voire Modèle:Incise en s'y rendant lui-même. Ces récits, qualifiés de « légendaires » par la Grande Église depuis une date inconnue remontant à quelques siècles, sont toutefois considérés comme ayant pour base des faits réels par des historiens comme Robert Eisenman ou Ilaria Ramelli. Les Actes de Thomas le voient poursuivre son œuvre évangélique jusqu'en Inde où il est martyrisé avant que ses restes soient retournés « vers l’ouest », probablement à Édesse où effectivement une partie de ses restes ont été remmenés à la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle et qui devient un lieu de pèlerinage à sa mémoire. Ainsi, les chrétiens orientaux de Syrie considèrent Judas Thomas comme l’apôtre fondateur de leur Église<ref name="Patterson 2011, p.30"/>.
Milieu d'origine de la composition de cet évangile
Le nom de l’apôtre « Judas Thomas » ou « Didymos Judas Thomas » se retrouve dans les premiers textes chrétiens liés à la Syrie et aux traditions syriaques. Judas Thomas est quant à lui bien attesté comme apôtre de Syrie et plus particulièrement de la ville d'Édesse, alors capitale du petit royaume d'Osrhoène<ref name="Blanchetière_226"/> (actuelle Urfa dans l’est de la Turquie) ce qui peut laisser penser que cette région est le bassin rédactionnel de l’évangile de Thomas, ce qui est communément admis par nombre de chercheurs depuis les travaux d'Émile Puech<ref>cf. Stephen J. Patterson, The Gospel of Thomas and Jesus, éd. Polebridge Press, 1993, Modèle:P..</ref>. Selon la Tradition locale dont il existe de nombreux textes antiques et même des inscriptions lithiques à Éphèse et dans la ville de Philippes en Macédoine, Abgar V, Modèle:Citation Modèle:Citation ou Thaddée d'Édesse, venu de Banyas en Palestine<ref name="Ramelli_pt_2">{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Illaria Ramelli, Possible Historical Traces in the Doctrina Addai, point n° 2.</ref> (vers 37).
Selon François Blanchetière, Édesse jouait alors un rôle de plaque tournante dans l'expansion du christianisme judaïque<ref name="Blanchetière_226"/> vers l'espace parthe, l'Adiabène et le sud de l'Arménie. Modèle:Citation parce que les deux langues, syriaque et grec, Modèle:Citation Le christianisme de cette région était Modèle:Citation des églises de Rome ou de la province romaine d'Asie, ainsi que de la prédication de Paul de Tarse. François Blanchetière lui préfère le nom de nazaréisme. Modèle:Citation
Néanmoins, les attestations de Judas Thomas dans la littérature syriaque traditionnelle sont postérieures à l’évangile de Thomas d'au moins un siècle, sinon plus. Ainsi, se fondant sur l’autorité conférée à Jacques le Juste Modèle:Incise dans le logion 12 de l’évangile de Thomas et sur la version d'Eusèbe de Césarée de la Légende d'Abgar, qui fait de Thomas une autorité non à Édesse mais en Palestine, certains chercheurs penchent pour une rédaction dans les cercles proches de la communauté hiérosolymitaine, qui se serait ultérieurement diffusée en Syrie<ref name="Patterson 2011, p.32">{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Stephen J. Patterson, op. cit., Modèle:P..</ref>. Toutefois, les traditions disent bien que cette initiative de Thomas intervient juste après la crucifixion de Jésus et donc probablement avant que les apôtres partent évangéliser chacun une région du monde, ce qui expliquerait que cela se déroule apparemment en Palestine. D'autres écrits datant du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle attribuent à Jacques le Juste l'initiative d'avoir envoyé Judas Thaddée au roi [[Abgar V|Abgar Modèle:V]].
L'hypothèse d'un écrit gnosticisant
Dans les premières années après sa découverte, l’évangile de Thomas a été classé dans les écrits gnostiques Modèle:Incise caractérisés alors par le refus gnostique du monde<ref>Jean-Daniel Dubois, « Soyez passant, ou l’interprétation du Modèle:Nobr de l’Évangile selon Thomas », in Louis Painchaud et Paul-Hubert Poirier (éds.), Colloque international « l’Évangile selon Thomas et les textes de Nag Hammadi », éd. Presses de l’Université de Laval, 2007, Modèle:P. Modèle:Lire en ligne.</ref>. Certains chercheurs y ont ainsi vu une relecture gnostique des évangiles canoniques. Le deuxième logion de cet évangile, réputé comme résumant la démarche gnostique et invitant à la recherche et au doute, se trouvait aussi dans l’évangile des Hébreux, totalement perdu<ref>Jacques É Ménard, L’Évangile selon Thomas, éd. E. J. Brill, Leiden, 1975, Modèle:P. Modèle:Lire en ligne.</ref>, ou un évangile appelé « Traditions de Matthias »<ref name="J-Y Leloup_61">Jean-Yves Leloup, L’Évangile de Thomas, éd. Albin Michel, Paris, 1986, Modèle:P..</ref>, d'après les citations qu'en donnent les Pères de l'Église comme Clément d'Alexandrie (Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle)<ref>Jean-Yves Leloup, L’Évangile de Thomas, éd. Albin Michel, Paris, 1986, Modèle:P..</ref>.
Plusieurs chercheurs envisagent le texte comme issu d'une tradition indépendante, et la tendance actuelle de la recherche est d'envisager le document indépendamment du problème de ses sources<ref>François Bovon, « Les sentences propres à Luc dans l’Évangile selon Thomas », in Louis Painchaud et Paul-Hubert Poirier, op. cit., Modèle:P. Modèle:Lire en ligne.</ref>.
Suivant Claudio Gianotto, la rédaction de l’évangile de Thomas prend place dans un groupe judéo-chrétien qui, s'il reconnaît l’autorité de Jacques le Juste, est porteur d'un certain radicalisme propre au mouvement de Jésus de Nazareth de son vivant. À la différence des communautés judéo-chrétiennes perpétuant les pratiques juives dont il dénie la valeur salvifique, l’auteur de l’évangile de Thomas propose une « ascèse abstentionniste radicale » qui affirme puiser ses origines dans un enseignement ésotérique de Jésus<ref>Claudio Gianotto, « La polémique anti-juive dans l’Évangile selon Thomas », in Louis Painchaud et Paul-Hubert Poirier, op. cit., Modèle:P. Modèle:Lire en ligne.</ref>.
Quoi qu'il en soit, le caractère gnostique du texte est désormais à relativiser : la définition du gnosticisme ne fait pas consensus et des critères de qualification dans ce sens font débat. April De Conick explique ainsi que le gnosticisme et l’évangile de Thomas partagent un riche héritage judaïco-hermétique dont ce dernier adopte certains schémas sotériologiques<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} April De Conick, Seek to see him : ascent and vision mysticism in the Gospel of Thomas, éd. Brill, 1996 Modèle:Lire en ligne.</ref>Modèle:Référence non conforme. Mais la chercheuse considère pour sa part qu'au-delà de ses influences judéo-chrétiennes, hermétiques, et encratites, le texte est marqué par le mysticisme juif qui explique son aspect ésotérique bien mieux qu'une influence gnostique<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} April De Conick, op. cit., Modèle:P..</ref>. Elle argue également qu'un « usage » gnostique n'implique pas une « origine » gnostique : l’étude de l’influence de l’évangile de Thomas sur les systèmes gnostiques du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle reste à faire.
Dans le mythe qui sous-tend l'évangile de Thomas, indique John Paul Meier, tous les esprits qui étaient de substance divine demeuraient initialement chez le premier principe qui est le royaume de lumière du Père. À la suite d'un cataclysme, certains esprits chutèrent en s'incarnèrent. Ils ont alors oublié leur royaume de lumière d'origine. Jésus, le Fils éternel, qui ne s'est pas incarné, et qui n'a donc connu ni mort ni résurrection, est venu dans le monde pour réveiller les esprits et les libérer de l'illusion que leur demeure serait le monde matériel, et leur faire savoir que le royaume spirituel est en eux. Le monde matériel étant mauvais, la sexualité est un mal, le rôle maternel de la femme est condamné, et les adeptes du Fils sont appelés à l'ascétisme<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.
Extraits
Le texte commence par : Modèle:Citation bloc
Le logion no 1 : Modèle:Citation bloc
Le logion no 2 : Modèle:Citation bloc Le [[Papyrus Oxyrhynchus 654|papyrus Modèle:Nobr]] ainsi qu'une citation de Clément d'Alexandrie et l’évangile des Hébreux donnent une autre version : « et ayant été troublé, il régnera ; et ayant régné il atteindra le repos ».
Le logion no 7 : Modèle:Citation bloc
Dans les deux cas, le lion deviendra homme. Selon Claudio Gianotto, « le lion, dans la tradition gnostique, est le symbole du démiurge ou des passions. » « Cette parole de Jésus veut simplement souligner l’impossibilité, dans un contexte gnostique, d’une totale absorption de l’élément spirituel par l’élément matériel et passionnel<ref>Écrits apocryphes chrétiens, Modèle:Vol., Bibliothèque de la Pléiade, Éditions Gallimard, 1997, Modèle:P. (introduction par Claudio Gianotto), Modèle:P. (traduction du copte).</ref>. »
Le logion no 29 : Modèle:Citation bloc
Le logion no 80 : Modèle:Citation bloc
Le logion no 82 : Modèle:Citation bloc Il est cité par Origène qui s'interrogeait à son sujet dans son Homélie sur Jérémie<ref group="S">Homélie sur Jérémie, III, 3</ref>,<ref group="N">Est-ce le feu de Modèle:BFR3 ou de Modèle:BFR49 ?</ref>.
Le logion no 94 : Modèle:Citation bloc
Le logion no 95 : Modèle:Citation bloc
Le logion no 105 : Modèle:Citation bloc Mais une autre traduction propose : « l’appellera-t-on fils d'une prostituée<ref group="N">Selon la traduction de Jean Doresse, L’Évangile selon Thomas, Modèle:2e éd. 1988. La phrase ne comporte pas de pronom ou d'adverbe interrogatif. En copte, l’interrogation peut être indiquée par le ton de la voix, d'après le contexte, mais la caractéristique de ces logia est justement de ne pas avoir de contexte.</ref> ? »
Le dernier logion no 114 : Modèle:Citation bloc
Cette idée se retrouve ailleurs dans la littérature gnostique<ref group="S">Extraits de Théodote, 21,3 ; Héracléon, fragment 5/5, in Origène, In Iohannem, VI, 20 sq.</ref>.
Le logion 42 est le plus court et ne fait que deux phrases : Modèle:Citation bloc
Notes et références
Notes
Sources antiques
Références
Bibliographie
Recherche et éditions critiques
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Stephen J. Patterson, Hans-Gebhard Bethge et James M. Robinson, The Fifth Gospel. The Gospel of Thomas Comes of Age, éd. T&T Clark, 2011.
- L’Évangile de Thomas, traduit et commenté par Jean-Yves Leloup, éditions Albin Michel, Modèle:Date-, aperçu Google livres.
- Louis Painchaud et Paul-Hubert Poirier (éds.), Colloque international « L’Évangile selon Thomas et les textes de Nag Hammadi », éd. Presses de l’Université Laval, 2007.
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Uwe-Karsten Plisch, Das Thomasevangelium. Originaltext mit Kommentar, Stuttgart, éd. Deutsche Bibelgesellschaft, 2007 Modèle:ISBN.
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Bertrand Bouvier, The Critical Edition of Q : Synopsis Including the Gospels of Matthew and Luke, Mark and Thomas with English, German, and French translations of Q and Thomas, [avec James Mac Conkey Robinson et Frédéric Amsler], Louvain, Éditions Peeters, 2000.
- Écrits apocryphes chrétiens, Modèle:Vol., Bibliothèque de la Pléiade, Éditions Gallimard, 1997, Modèle:P. (introduction (p. 23-31) et traduction du copte (Modèle:P.) par Claudio Gianotto).
- Jean Doresse, L’Évangile selon Thomas, Éditions du Rocher, Modèle:Nobr, 1988
- Modèle:Ouvrage
- Jacques E. Ménard, L'Évangile selon Thomas : [traduction et commentaire], Leiden, éd. Éditions Brill, 1975 — Aperçu Google livres
- John P. Meier, Un certain juif, Jésus. Les données de l'histoire, tome 1 Les sources, les origines, les dates, Paris, Éditions du Cerf, 2005, Modèle:P..
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Francesco Tigani, L'eresia della luce. Gnosi e materia spirituale nel Vangelo di Tommaso, Roma, Aracne 2015 Modèle:ISBN.
Ésotérisme
- Émile Gillabert, L’Évangile selon Thomas, éd. Dervy Poche, 2009 (Modèle:3e éd.).
Voir aussi
Articles connexes
- Actes de Thomas
- Apocryphes bibliques
- Évangile de l'enfance selon Thomas
- Évangiles
- Exégèse biblique
- Gnosticisme
- Jésus de Nazareth
- Livre de Thomas l’Athlète
- Nag Hammadi
- Thomas (apôtre)
Liens externes
- Évangile selon Thomas
- Levanjil Toma a nan lang angle, kreyòl ayisyen ak franse — Évangile selon Thomas en anglais, créole haïtien et français.
- Texte copte et lexique analytique Modèle:Pdf
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Texte copte et traduction juxtalinéaire en anglais sur le site, Grondin's Interlinear Coptic/English translation of The Gospel of Thomas.
- Évangile selon Thomas, bibliographie