Affaire Malik Oussekine

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Modèle:Infobox Événement

L'affaire Malik Oussekine est la conséquence de violence policière française ayant provoqué la mort de Malik Oussekine, dans la nuit du Modèle:Date au Modèle:Date à Paris, dans le cadre de contestations étudiantes contre le projet de réforme universitaire Devaquet.

Dès le lendemain de la mort du jeune homme, les étudiants sont reçus au ministère de l'Intérieur et organisent une marche silencieuse, tandis que le ministre délégué Alain Devaquet présente sa démission.

Deux jours après, le projet de loi Devaquet est retiré. Quatre jours après, le mercredi Modèle:Date-, d'autres marches silencieuses ont lieu partout en France, les syndicats de salariés appelant à s'y rendre et amenant leurs services d'ordre.

Deux des trois policiers qui ont frappé mortellement Malik Oussekine sont ensuite jugés et condamnés, mais sans peine de prison ferme, et sanctionnés professionnellement.

La victime

Modèle:Infobox Biographie2 Né le Modèle:Date-<ref>Selon sa sépulture et Modèle:Ouvrage.</ref>, Malik Oussekine, étudiant à l'École supérieure des professions immobilières (ESPI), a Modèle:Nombre à sa mort.

Sa sœur Sarah ainsi que le prêtre jésuite Bertrand Desjobert, aumônier des étudiants dans le dix-septième arrondissement avec qui Malik était en contact dans le cadre de sa vocation religieuse, révèlent plus tard les démarches réalisées par Malik Oussekine, qui « avait toujours sa Bible sur lui », pour devenir prêtre catholique<ref>Modèle:Lien web.</ref>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Sarah Oussekine travaille dans le tourisme<ref name="figmag">Modèle:Lien web.</ref> et s'investit dans la Maison des Femmes de Paris avant de fonder en 1995 une association féministe dans sa commune de résidence, à Saint-Denis, Voix d'elles rebelles<ref name="figmag" />.

En 1978, Malik Oussekine perd son père, Miloud Oussekine, combattant dans les troupes françaises durant la Seconde Guerre mondiale retourné en Algérie pour s'y marier puis revenir en France y travailler. Sa femme Aïcha le rejoint en Lorraine en 1953. La famille s'installe ensuite à Meudon-la-ForêtModèle:Sfn.

Dernier-né, Malik Oussekine, possesseur d'une carte de l'association sportive de l'Université de Dauphine, surmonte ses problèmes de santé en pratiquant de nombreux sports. Sous dialyse en Modèle:Date-, il s'entraîne trois fois par semaine au basket-ball à Boulogne-BillancourtModèle:Sfn.

Malik Oussekine est enterré au cimetière du Père-Lachaise à Paris (division 75) le Modèle:Date-.

Le contexte

Le service d'ordre étudiant en difficulté

Les points faibles détectés par la commission d'enquête parlementaire

La commission d'enquête parlementaire sur les événements de novembre et Modèle:Date- a souligné les incidents qui ont entaché la fin de la dernière manifestation organisée avant le décès de Malik Oussekine, le Modèle:Date-<ref name="comm">Commission d'enquête parlementaire sur la préparation, l'organisation, le déroulement et la présentation des événements de novembre et décembre 1986 [1]</ref> sur l'esplanade des Invalides et dénoncé le retard des télévisions à les identifier et les signaler. À Modèle:Heure cependant, une dépêche de l'Agence France-Presse signale que Modèle:Citation<ref name=comm/>. Une autre, de l'Associated Press, à Modèle:Heure rapporte que Modèle:Citation mais cite des membres du service d'ordre des étudiants selon lesquels Modèle:Citation, témoignant d'une sous-estimation du danger<ref name=comm/>.

Le service d'ordre étudiant, dirigé par Alain Bauer, alors étudiant, en corrélation étroite avec les forces policières déployées (échanges téléphoniques constants, prêt de matériel de transmission, propositions d'entraide) qui a déployé trois cordons cumulés pour isoler les CRS des manifestants du côté du pont Alexandre-III<ref name=comm/>, paraît ainsi débordé du côté du quai d'Orsay, ou même noyauté par des éléments violents<ref name=Senat> RAPPORT du SENAT fait au nom de la commission d'enquête créée en vertu d'une résolution adoptée par le Sénat le 17 décembre 1986, chargée de recueillir des éléments d'information sur la préparation, l'organisation, le déroulement et la présentation des événements de novembre et décembre 1986.Par M. Paul MASSON, Senateur. page 331 /lire en ligne et pdf </ref>.

Le stress causé par les assauts du Gud des Modèle:Date- et Modèle:Date-

Le service d'ordre étudiant a dû élargir son recrutement pendant la semaine précédant la manifestation du Modèle:Date-. Dès le Modèle:Date-, une trentaine de militants d'extrême droite du Groupe union défense (GUD), avaient attaqué une assemblée générale à Jussieu qui préparait la manifestation étudiante du lendemain contre le projet de loi Devaquet<ref name=brigrg>"Histoire secrète des RG" par Brigitte Henri, Éditions Flammarion</ref>. Elle est visée, boulevard Saint-Germain<ref>1986-2016, les Modèle:Nombre du mouvement Devaquet, par le Germe [2]</ref>, par une nouvelle attaque d'une centaine de militants du GUD, vers Modèle:Heure<ref name="rats">Les rats maudits - Histoire des étudiants nationalistes, 1965-1995 ouvrage collectif [3]</ref>, armés de barres de fer et casqués, à coups de cocktails Molotov<ref name=brigrg/>.

La veille de la manifestation du Modèle:Date-, le GUD attaque cette fois la Sorbonne<ref name=rats/>.

En réaction, un service d'ordre étudiant réunit plusieurs centaines de « T-shirts blancs »<ref>Journal de 20 heures du 4 décembre [4]</ref>, eux aussi armés de battes de baseball, qui se veut mobile et intègre aussi des éléments violents qui leur échappent en fin de manifestation<ref>Entretien de 2 activistes d'ultra-gauche en 2013 [5]</ref>.

Les tensions sur l'Esplanade des Invalides

Dans l'édition du Modèle:Date--Modèle:Date- du quotidien Le Matin, Philippe Broussard et Jean-Marie Anciant citent un membre du service d'ordre affirmant qu'il Modèle:Citation chez les policiers, ainsi qu'un commandant de CRS dénonçant Modèle:Citation, en particulier le fait de s'être interposés « trop tard »<ref>Le Matin du 5 décembre 1986 [6]</ref>.

L'UNEF-ID avait installé une énorme sono avec un podium, accréditant la rumeur d'un prochain concert de Renaud et Bernard Lavilliers, reprise par Antenne 2<ref name=comm/>, mais qui n'aura jamais lieu. Dès Modèle:Heure, le journal de France Inter diffusé en direct sur la sono fait état de pavés lancés sur les CRS<ref name=comm/>, mais le président de l'UNEF-ID, Philippe Darriulat, juché sur un podium<ref name=comm/>, sous-estime l'incident, demandant aux manifestants de ne pas Modèle:Citation<ref name=comm/> et d'attendre le retour de la délégation de la coordination étudiante reçue par René Monory. À Modèle:Heure, son porte-parole David Assouline dénonce au micro l'échec de la rencontre, qui n'a duré qu'une demi-heure, après avoir boudé la conférence de presse prévue au ministère. À Modèle:Heure, on entend du podium les premiers tirs de bombes lacrymogènes. Modèle:Citation hurle la sono <ref>Libération du 5 décembre 1986 [7].</ref>.

Les polémiques sur les non-grévistes et Dauphine

Au cours de la semaine qui a précédé le décès de Malik Oussekine, les polémiques ne concernent plus le projet de loi Devaquet mais la légitimité du mouvement. Le bureau dont la coordination nationale s'est dotée pour la première fois le Modèle:Date- est accusé d'extrémisme par la presse de droite.

Le journal de 20 heures de TF1 du Modèle:Date- fait état de conflits entre grévistes et non grévistes à la Sorbonne et à Paris XII en raison de piquets de grève<ref name=comm/>. Le Modèle:Date- sur A 2, un reportage souligne ces mêmes conflits et évoque la difficulté à faire le décompte entre étudiants grévistes et non grévistes dans chaque université<ref name=comm/>. Un vote à bulletins secrets vient justement de commencer à Dauphine, l'une des universités parisiennes épargnées par la grève, comme l'ont souligné de nombreux médias qui en font l'éloge<ref>Dès le 26 novembre, le 13 h de TF1 a souligné qu'Assas et Dauphine sont les seules facultés non grévistes à Paris [8].</ref>. Les résultats sont donnés dans le Soir 3 du Modèle:Date- par Brigitte Berlioz-Houin, administratrice provisoire de l'université, qui avait organisé les jours précédent un cours de droit comparé des lois Faure (1968), Savary (1984) et Devaquet (1986) devant un millier d'étudiants<ref name = daufa/> et conclu : Modèle:Citation car Dauphine en effet sélectionne ses étudiants après le bac<ref name = daufa/>.

Le 20 heures d'Antenne 2 du Modèle:Date- relate aussi ce vote, qui a mobilisé 46 % des Modèle:Nombre inscrits<ref name = daufa>"Dauphine sauve la face", dans Le Monde du 4 décembre 1986</ref> sur deux questions : « êtes-vous favorable ou défavorable au projet de loi Devaquet ? » (53,2 % ont répondu « défavorable ») et « êtes-vous pour ou contre la grève ? » (60,8 % ont répondu « contre »<ref name = daufa/>), la première des deux réponses désarmant le gouvernement qui présentait Dauphine comme le soutenant.

L'affluence aux manifestations et la dégradation du climat

Le climat entre étudiants et gouvernement se dégrade encore plus quand la polémique sur l'affluence aux manifestations culmine lors de celle du Modèle:Date-, qui défile jusqu'à Modèle:Heure aux Invalides, après Modèle:Unité d'un parcours sinueux commencé depuis une place de la Bastille encore bondée un peu avant Modèle:Heure. Laurent Joffrin, éditorialiste de Libération voit dans la différence entre les chiffres officiels et ceux des organisateurs l'une des causes essentielles de Modèle:Citation du Modèle:Date-<ref name=comm/>. Modèle:Citation a Modèle:Citation car Modèle:Citation, écrit-il<ref name=comm/>.

Les organisateurs revendiquent Modèle:Unité à Paris le Modèle:Date-, soit cinq fois plus que les 92 000 de la police<ref name=comm/>. Les chiffres officiels montent à 192 000 le Modèle:Date- contre un million pour les organisateurs, Le Monde comptant 500 000, tandis que Libération titre Modèle:Citation<ref name=comm/>. Invitée par les Renseignements généraux, la presse a rendu compte dans l'ensemble avec précision des méthodes de comptage des 18 fonctionnaires, placés à trois endroits différents du cortège<ref name=comm/>, mais souvent pour relativiser leur efficacité. Modèle:Citation, constate Libération<ref name=comm/>.

La dispersion du 4 décembre et la journée du Modèle:Date-

François Cornet, en direct de l'Esplanade des Invalides pour France 3 indique à Modèle:Heure qu'elle a été vidée<ref name=comm/>, les forces de l'ordre ayant chargé vers Modèle:Heure<ref name=comm/>, après l'avoir arrosée de grenades lacrymogènes. Il y a une cinquantaine de policiers blessés, et trois graves chez les étudiants: l'un a une main arrachée, un autre subit une fracture du crâne, un troisieme perd un œil<ref name=comm/>. Des voitures flambent<ref name=comm/>. Les derniers irréductibles se replient aux cris de Modèle:Citation<ref name=comm/> à la recherche d'une aire de refuge. Les manifestants fuient vers l'avenue de Breteuil, puis Montparnasse et Denfert-Rochereau<ref name=comm/>. Le mot d'ordre de se rassembler à la Sorbonne est donné dans la nuit par des étudiants réunis à Jussieu, au retour des Invalides, puis colporté<ref name=comm/>.

Le lendemain, de Modèle:Heure du matin à Modèle:Heure, de nombreuses assemblées générales se tiennent dans les universités et les lycées, note Libération du Modèle:Date-<ref name=comm/>, pour qui Modèle:Citation du bureau de la coordination Modèle:Citation<ref name=comm/>. Une partie du bureau se retrouve à la faculté de Tolbiac où devait se tenir une nouvelle coordination mais qui n'a Modèle:Citation. Elle se réunit finalement à Modèle:Heure à Jussieu. Philippe Darriulat propose, sans succès, la désignation d'un « médiateur » pour sortir de la crise<ref name=comm/>. L'organisation du service d'ordre la veille fait l'objet de nombreuses critiques<ref name=comm/>. À Jussieu, on lui reproche d'avoir été Modèle:Citation et il est reconstitué Modèle:Citation<ref name=comm/>. À Tolbiac, c'est la coordination et les syndicats qui sont pris à partie<ref name=comm/>. L'AFP note que Modèle:Citation de salariés Modèle:Citation<ref name=comm/>. La FEN annonce son intention de lancer une pétition<ref name=comm/> tandis que la Fédération des conseils de parents d'élèves écrit à René Monory pour l'adjurer de Modèle:Citation en soulignant que son refus Modèle:Citation<ref name=comm/>.

Entre-temps, à la mi-journée, une manifestation sauvage, sans organisateurs, a quitté la Sorbonne pour un court périple sur la rive droite avant d'y revenir dans l'après-midi sans incidents<ref name=comm/>. Des orateurs invitent par mégaphone à un sit-in, puis les portes de la Sorbonne sont enfoncées : une partie des Modèle:Nombre y pénètrent<ref name=comm/>. L'amphithéâtre Richelieu est occupé puis peu à peu vidé<ref name=comm/>. Vers Modèle:Heure, il n'y reste que moins de Modèle:Nombre<ref name=comm/>. Le recteur échoue au dialogue avec elles car les interlocuteurs changent sans cesse<ref name=comm/>. Vers 22 heures 30, le recteur se dit prêt à signer la réquisition. Une CRS se tient en position d'attente aux alentours de la Sorbonne<ref name=comm/>.

Les faits, dans la nuit du Modèle:Date- au Modèle:Date-

Intervention des voltigeurs après l'évacuation de la Sorbonne

Dans la nuit du Modèle:Date- au Modèle:Date-, les CRS reçoivent vers une heure du matinModèle:Sfn l'ordre d'évacuer les groupes d'étudiants qui dort à l'intérieur de la Sorbonne. La CRS la libére après Modèle:Nombre sans aucune résistance ; quelques occupants sortent même en levant les bras. Mais vers minuitModèle:Sfn, un autre ordre demande aux voltigeurs motocyclistes de faire des rondes pour rechercher de prétendus « casseurs » au Quartier latin<ref>Peloton de voltigeurs motoportés (PVM), créée en 1977.</ref>.

Les voltigeurs sont remis en service par Robert Pandraud, ministre délégué à la Sécurité auprès du ministre de l'Intérieur, Charles Pasqua. Ce sont des policiers montés à deux sur une moto tout-terrain ; l'un conduit, l'autre est armé d'un « bidule », grande matraque de bois dur destinée à faire le vide au passage de la moto<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Ils ont pour mission de « nettoyer » les rues après les manifestations en pourchassant les « casseurs »<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Cette unité de police est dissoute à la suite de cette affaire.

Les coups portés à la victime, selon les témoins oculaires

Vers minuitModèle:Sfn, trois voltigeurs prennent en chasse Malik Oussekine, qui vient de sortir du club de jazz<ref name=halis/> dont il était un habitué, rue Monsieur-le-Prince. Il croise Paul Bayzelon, Modèle:Nombre, fonctionnaire au ministère des Finances, qui rentre chez lui, au numéro 20. Paul Bayzelon lui ouvre la porte du hall. Tous deux viennent d'entrer quand un des policiers parvient à se glisser à l'intérieur lui aussi et ouvre à ses deux collègues. Selon le témoignage de Paul Bayzelon, les trois CRS rouent de coups de pied et de matraque, dans le ventre et dans le dos, Malik Oussekine, tombé à terre, qui leur dit pourtant qu'il n'a rien fait<ref name=atlas/>,<ref>Modèle:Article.</ref>.

Paul Bayzelon essaie de venir en aide au jeune mais il reçoit, lui aussi, des coups de matraque<ref name="atlas">Malik Oussekine, Modèle:Nombre après par Nadir Dendoune, le 6 décembre 2016 [9]</ref>. Il déclare dès le week-end à la télévision que les policiers Modèle:Citation.

Un autre témoin Modèle:Citation, tandis que le patron de l'hôtel Stella fait part de CRS Modèle:Citation<ref name=sauv/>. Selon Christopher Hawkins, qui a tout vu depuis sa chambre de l'hôtel Saint-Paul, les CRS Modèle:Citation.

Dix minutes plus tard<ref name="sauv">Les sauvages témoignages sur la traque de Malik Oussekine par Gilles Smadja dans L'Humanité du 6 décembre, 2006 [10]</ref>, le SAMU, arrive et apporte les premiers soins, puis transporte Malik Oussekine en réanimation aux urgences chirurgie à l'hôpital Cochin, où il est déclaré officiellement décédé à Modèle:Heure.

La victime est en réalité décédée dès minuit dans le hall de l'immeuble, révèle Modèle:Nombre plus tard le rapport du médecin régulateur du SAMU. Le jeune homme est malgré tout transporté à l'hôpital pour éviter tout incidentModèle:Sfn. Cette information sera divulguée par l'avocat de la famille de Malik Oussékine, Georges Kiejman, le Modèle:Date-, à la veille de l'annonce de la deuxième vague de marches silencieuses<ref>Archives du journal télévisé, time code Modèle:30e minute Modèle:48e seconde [11]</ref>.

Selon les médecins, l'étudiant souffrait d'une insuffisance rénale<ref>Modèle:Ouvrage.</ref> qui induisait une certaine faiblesse physique, ce qu'annonce à la presse le procureur de la République de Paris, Michel Jeol. Le seul document trouvé sur lui par le SAMU est une carte de l'Association sportive de l'Université de Dauphine, près de laquelle il louait une petite chambre et qui mentionne son âge.

Les conséquences immédiates

L'audition au ministère et la marche silencieuse du lendemain

Fichier:Marche silencieuse à Paris suite mort de Malik Oussekine frappé par la police.jpg
Marche silencieuse à Paris à la suite de la mort de Malik Oussekine frappé par la police.

Dès le lendemain, en début d'après-midi le samedi, une marche silencieuse et pacifique traverse Paris, organisée par le « comité de grève de Dauphine », en mémoire de Malik Oussekine<ref name=univers/>,<ref name=colombani>Modèle:Article.</ref>. Parmi les plusieurs milliers de personnes manifestant silencieusement, une jeune fille tient une pancarte en carton disant « Modèle:Nombre dont 6 grièvement, il vous fallait un mort, Pasqua-Monory assassins », le nom de Devaquet ayant déjà disparu<ref name=halis/>. La télévision couvre la marche et l'un des témoins oculaires du meurtre, celui qui avait ouvert sa porte à la victime, est interrogé au journal télévisé dès le week-end. La marche part de la Sorbonne et va jusqu'à l'hôpital Cochin, dans le [[14e arrondissement de Paris|Modèle:14e]] de Paris, puis jusqu'à la place d'Italie<ref name=univers/>, sans banderoles ni incidents, mais avec des bouquets de fleurs blanches.

Après la dispersion, de sérieux affrontements ont lieu pendant une partie de la nuit entre les forces de l'ordre et des groupes incontrôlés, Modèle:Unité plus loin au Quartier latin : voitures renversées, barricades enflammées et vitrines vandalisées sur la Place Saint-Michel devant le pont tenu par les forces de l'ordre<ref>document INA actualités télévisées, de min 13.45 à min 15.25 </ref>,<ref name="univers">Universalis [12]</ref>.

Tout le week-end, les bouquets de fleurs s'amoncellent devant le hall d'immeuble où le jeune homme a été frappé à mort vendredi soir<ref name=atlas/>.

Le samedi matin, Jean-Louis Bianco, secrétaire général de l'Élysée, avait réussi à joindre Jean-Christophe Cambadélis, ex-président de l'UNEF ID<ref name=jcc/>, qui a tenté de réunir le bureau national de l'UNEF-ID<ref name=jcc/> puis Modèle:Citation<ref name=jcc/> pour leur signaler que la victime étudiait à Dauphine. Il est décidé qu'il appartient à ces derniers de réagir. Ils organisent une marche silencieuse et pacifique<ref>"SOS génération: histoire de l'intérieur du mouvement des jeunes de novembre-décembre 1986", par Julien Dray, Éditions Ramsay, 1987 </ref> pour l'après-midi même<ref name=colombani/>.

À la fin de cette même matinée du samedi, trois personnes sont reçues par Robert Pandraud, place Beauvau <ref name=Senat /> : Harlem Désir, président de SOS-Racisme, Philippe Darriulat, président de l'UNEF-ID et Emmanuel Faux, l'un des militants du comité de grève de Dauphine. Le ministre prend un engagement qui sera tenu : il n'y aura aucun policier visible lors de la manifestation du jour<ref name=comm/>. Dans une dépêche AFP de 12H56, Harlem Désir déclare Modèle:Citation et qui Modèle:Citation<ref name=comm/>.

Ce même samedi Modèle:Date-, Alain Devaquet, choqué par la violence policière, démissionne<ref name="jcc">Le Chuchotement de la vérité, par Jean-Christophe Cambadélis [13]</ref>,<ref name=colombani/>. Il explique plus tard dans un livre avoir écrit sa lettre de démission la veille, René Monory ayant déjà repris le dossier la veille<ref name=comm/>. Devaquet s'en va. Son projet reste (...) les étudiants auraient sans doute préféré le contraire, observera la Commission d'enquête<ref name=comm/>.

Dans l'après-midi, Robert Pandraud, déclare au journal Le Monde, qui paraîtra en début de semaine suivante que Modèle:Citation<ref name=":0" />, ce qui déclenche dès le lundi suivant une avalanche de réactions de colère.

Le premier ministre Jacques Chirac était annoncé de retour de Londres, pour la célébration de la « fête » des dix ans du RPR<ref name=colombani/>, dans la journée de dimanche à La Défense<ref name=univers/>, mais il rentre précipitamment plus tôt pour un entretien avec François Mitterrand, qui déclare le dimanche que Modèle:Citation. Modèle:Citation<ref name=univers/> souligne le président de la République. Jacques Chirac se déclare ouvert à toute forme de dialogue<ref name=univers/>.

Le dimanche au petit matin, la Coordination nationale étudiante, réunie à l'université de Jussieu, s'est mise d'accord pour une journée de deuil le lundi et une grève générale le mercredi Modèle:Date-<ref name=univers/>. La CGT se joint à cet appel le dimanche à la mi-journée<ref name=univers/>. La FEN et la CFDT font de même peu après.

Lundi Modèle:Date- : la démission de Devaquet acceptée, le projet de loi retiré

Le lundi Modèle:Date-, des manifestations s'improvisent dans plusieurs villes de France. À Tours, à l’appel de la CGT, à Modèle:Heure, des fleurs sont déposées par plus d’un millier de personnes devant les grilles de la préfecture, principalement des salariés accompagnés d’une délégation de lycéens et d’étudiants<ref>« Sélection à l’Université, un mort » : le mouvement contre la loi Devaquet à Tours, par La Rotative, le 9 février 2018 [14]</ref>.

Le Premier ministre Jacques Chirac annonce qu'il accepte la démission présentée le samedi par son ministre des universités Alain Devaquet et confirme le retrait du projet de loi Devaquet. De son côté, René Monory annonce l’abandon des réformes concernant les lycées<ref name=univers/>.

Le mardi Modèle:Date-, devant les groupes RPR et UDF de l'Assemblée nationale, Jacques Chirac annonce renoncer à la session extraordinaire du Parlement prévue en janvier<ref name=univers/>. Des textes importants comme la réforme du code de nationalité ou la création de prisons privées sont ainsi renvoyés à la session d'avril<ref name=univers/>. En fin d'après-midi, François Mitterrand, invité de l'émission Découvertes sur Europe 1<ref name=univers/>, s'en félicite et apporte son soutien aux manifestations étudiantes en ajoutant que le retrait du projet de loi Devaquet a été un Modèle:Citation<ref name=univers/>.

Les autres marches silencieuses, le Modèle:Date-

D'autres marches silencieuses ont lieu le mercredi Modèle:Date-, de Denfert-Rochereau à la Nation pour Paris, et dans 36 villes de France. Le service d'ordre étudiant est renforcé par celui des syndicats de salariés et par un regroupement de médecins, avocats, magistrats portant des casques blancs, venus pour témoigner<ref name=univers/>.

Avant le décès de Malik Oussekine, la date du Modèle:Date- était déjà prévue par la coordination nationale des étudiants pour une journée de manifestation et de grève. Mais le Modèle:Date-, devant les caméras de télévision, son porte-parole David Assouline annonce que Modèle:Citation et que s'il l'a fait, Modèle:Citation<ref>Archives du journal télévisé, time code Modèle:29e minute Modèle:27e seconde [15].</ref>.

Et Modèle:Citation, même après le retrait du projet de loi Devaquet, explique alors le journaliste de France 2, avec à l'appui une interview du président de la FEN Jacques Pommatau<ref>Archives du journal télévisé, time code Modèle:30e minute Modèle:8e seconde [16]</ref>.

L'hésitation des syndicats de salariés

Les syndicats de salariés avaient entre-temps appelé aussi à manifester puis retiré cet appel, concernant la FEN et la CFDT, après le retrait du projet de loi, avant de le réitérer mardi soir lorsque le slogan pacifiste est affiché par la coordination nationale.

Tous les syndicats de salariés participent aux marches silencieuses, qui sont finalement organisées à la mémoire de Malik Oussekine mais aussi d'Abdel Benyahia, un Algérien de Modèle:Nombre tué par un policier ivre dans un café le Modèle:Date-.

Fichier:Mort d'Abdel Benyahiadel - Manifestation a Paris contre les violences policières décembre 1986.jpg
Manifestation à Paris contre les violences policières à la suite de la mort de Malik Oussekine et d'Abdel Benyahiadel

À Paris, la manifestation rassemble Modèle:Unité selon les organisateurs et Modèle:Unité selon le ministère de l'Intérieur<ref>Modèle:Ina.</ref>. Des manifestations silencieuses sont organisées dans 36 villes de France, rassemblant Modèle:Unité selon l'AFP<ref>Modèle:Ina.</ref>.

Sur le passage des manifestants, un tag est écrit sur un mur en deux mots : « Trop tard »<ref name="halis">« Le syndrome Malik Oussekine existe-t-il encore ? » par Ismaël Halissat dans Libération du 5 décembre 2016 [17]</ref>.

Malik Oussekine est enterré au cimetière du Père-Lachaise, ce même jour du Modèle:Date.

Peu après, le bataillon des voltigeurs motocyclistes de la police est dissous.

Fichier:Manifestation contre la loi Devaquet 01.JPG
Manifestation du Modèle:Date-.

Controverses

Le ministre de l’Intérieur Charles Pasqua et le ministre délégué chargé de la Sécurité Robert Pandraud suscitent alors une controverse en ne condamnant pas l’action de la police. Dans un entretien au journal Le Monde, Robert Pandraud déclare : Modèle:Citation<ref name=":0">Modèle:Article.</ref>.

L'enquête de la justice et la condamnation

Le brigadier-chef Jean Schmitt (Modèle:Nombre) et le gardien de la paix Christophe Garcia (Modèle:Nombre), les deux voltigeurs directement impliqués dans sa mort, sont jugés aux Assises pour Modèle:Citation.

Alors que l'avocat général demandait cinq ans de prison dont trois fermes, ils sont condamnés le Modèle:Date à une peine symbolique : respectivement cinq et deux ans de prison avec sursis<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Les deux policiers échappent donc à la prison, alors même qu'ils étaient restés libres durant les trois années qui avaient précédé le procès<ref>Modèle:Lien web</ref>. Le journal belge Le Soir écrit : Modèle:Citation<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Modèle:Citation, déclare bien plus tard la sœur de la victime<ref>« Sarah Oussekine / La voie rebelle » par Benoît Lagarrigue, dans le JSD, 5 novembre 2017 [18]</ref>.

Hommages

Les noms d'amphithéâtres et de rues

Des amphithéâtres (de l'université de Rennes 2<ref>Université Rennes 2 Campus Villejean, Amphi A1, Bat A, plan</ref>, de l'université de Nice Sophia-Antipolis<ref>Modèle:Lien web.</ref> et de l'université Pierre-et-Marie-Curie à Jussieu<ref>Modèle:Lien web.</ref>) portent le nom de Malik Oussekine.

Plusieurs rues et artères portent son nom :

La plaque commémorative contestée

Le Modèle:Date, une plaque commémorative est posée sur les lieux du drame, en présence de Sarah Nassera, la sœur de Malik Oussekine, du président de SOS Racisme Dominique Sopo et du maire de Paris, Bertrand Delanoë : Modèle:Citation bloc Le philosophe et sociologue Geoffroy de Lagasnerie<ref>Geoffroy de Lagasnerie, intervention dans « Malik Oussekine, fauché dans la nuit », émission Affaires sensibles du Modèle:1er mars 2017 sur France Inter, 53 min 15 s</ref> déplore un texte ne précisant pas que le décès a été causé par deux policiers<ref name=LCI>Modèle:Lien web.</ref>, qui ont été condamnés en justice pour leurs actes.

Le texte est par ailleurs erroné. Aucune manifestation ne se déroulait lors des faits, le Modèle:Date- avant minuit. La précédente manifestation remontait au Modèle:Date- et pas au Modèle:Date-.

Dominique Sopo et Sarah Nassera rappellent qu'il est « un peu étrange » que la plaque Modèle:Citation<ref name=LCI/>. David Assouline et Sandrine Mazetier, élus de Paris, prétendent que Modèle:Citation de l'avoir au sol<ref name=LCI/>. Pour l'apposer dans la façade de l'immeuble, Modèle:Citation de la copropriété, explique cette dernière, questionnée par LCI<ref name=LCI/>.

La cérémonie de la pose de la plaque apparaît dans le documentaire Quand la France s'embrase (2008) de Christophe Bouquet et David Dufresne<ref>Quand la France s'embrase - Enquête sur le maintien de l'ordre - 2007</ref>.

Les artistes évoquant le décès de Malik Oussekine

Dans les arts

L'artiste Noël Dolla peint trois grands portraits abstraits de Malik Oussekine à la peinture à l'huile le lendemain de sa mort et les date du Modèle:Date-.

Dans la musique

Barbara rend hommage aux manifestations qui suivent dans sa chanson Les Enfants de Novembre : Modèle:Citation<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Puppa Leslie, dans son introduction de la chanson Tout tout tout, rend hommage à Malik Oussekine<ref>Chanson de Puppa Leslie sortie en 87, peu de temps après les événements de 86 (l'attentat de la rue des rosiers et la mort de Malik Oussekine abattu par la police lors d'une manifestation </ref> et aussi dans le titre plus jamais ça.

Renaud évoque la mort de Malik Oussekine dans la chanson Petite issue de l'album Putain de camion en 1988, ainsi que celles d'Abdel Benyahia<ref>Modèle:Lien web.</ref> et William Normand<ref>Modèle:Lien web.</ref>, tous victimes de brutalités policières en 1986.

Le groupe de rock alternatif Raymonde et les Blancs-Becs rend hommage à Malik Oussekine dans un passage de son morceau Attention la tension, sur son deuxième album, Tout le monde à l'usine, sorti en 1994.

Le groupe de rap Assassin lui a rendu hommage dans sa contribution à la bande originale du film La Haine (La Haine, musiques inspirées du film) avec la chanson L’État assassine (Modèle:Date-).

Le rappeur Kery James parle de son décès dans son morceau Hardcore<ref>Modèle:Lien web.</ref> (Modèle:Date-).

En 2000, le groupe Les Tit' Nassels enregistre une chanson intitulée Un homme est mort ce matin, issue de l'album Et hep !.

Le groupe de punk Bérurier noir (Même pas mort) rappelle sa mort dans la chanson En pensant (Modèle:Date-).

Le chanteur kabyle Akli D lui a rendu hommage, dans le morceau Malik tiré de l'album Ma Yela<ref>Modèle:Article.</ref> (2006).

Le chanteur Abd al Malik lui rend aussi hommage, dans le morceau qu'il lui dédie Lorsqu'ils essayèrent, sur son album Dante<ref>Modèle:Article.</ref> (Modèle:Date-).

Le groupe Mickey 3D mentionne également l'affaire dans la chanson 1988 sur l'album La Grande Évasion (Modèle:Date-).

Le rappeur Dooz Kawa mentionne Malik Oussekine dans sa chanson Palimpseste<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Le chanteur français Damien Saez évoque Malik Oussekine dans le morceau humaniste Mandela, sur l’album Le Manifeste 2016-2019 : Ni dieu ni maître en 2019.

Le rappeur Lacraps évoque aussi Malik Oussekine dans son morceau Poignée de punchline 2.0, sur son album Les preuves du temps (2016).

Le chanteur français Romain Humeau évoque Malik Oussekine dans le morceau Paris, sur l’album Mousquetaire #1 en 2016.

Dans les œuvres audiovisuelles

Le film parodique Derrick contre Superman de Michel Hazanavicius fait référence à Malik Oussekine comme raison pour laquelle Hutch se désiste et démissionne de la police<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Dans le film La Haine de Mathieu Kassovitz, Vinz fait allusion à Malik Oussekine lors de sa dispute avec Hubert dans les toilettes. Le générique de début fait également référence à cette affaire à travers le choix des images d'archives utilisées. Toutefois, le scénario s'inspire plutôt de l'affaire Makomé M'Bowolé.

Annoncée en février 2021 par Disney+<ref>Modèle:Lien web</ref>, la mini-série Oussekine évoquant l'affaire, réalisée par Antoine Chevrollier (Le Bureau des légendes, Baron noir), est diffusée en mai 2022<ref>Modèle:Lien web</ref>,<ref>Modèle:Lien web</ref>.

En 2021 est annoncée la production d'un film intitulé Nos frangins réalisé par Rachid Bouchareb, co-produit par France 2 Cinéma pour une sortie en 2022<ref>Modèle:Lien web</ref>. Il est projeté au Festival de Cannes 2022<ref>Nos Frangins : premières images avec Reda Kateb et Lyna Khoudri, sur premiere.fr, consulté le 23 mai 2022</ref>.

Dans la littérature

Le roman de Didier Castino, œuvre de fiction, intitulé Rue Monsieur-le-Prince paru en 2017 aux Éditions Liana Levi met en scène la période de manifestations et le décès de Malik Oussekine.

Dans sa nouvelle, Les Voltigeurs, extrait de Nouvelles du temps présent Modèle:ISBN paru en 2012 aux éditions Edilivre-Aparis, Renaud de Montlibert retrace dans sa fiction la manifestation du Modèle:Date- ainsi que la mort de Malik OussekineModèle:Référence nécessaire.

Sur un scénario de Laurent-Frédéric Bollée, Jeanne Puchol illustre Contrecoups - Malik Oussekine (Casterman, coll. Écritures, 2016) qui narre la mort de Malik Oussekine<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Dans son roman Dernière Sommation<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>, paru en 2019 aux éditions Grasset, David Dufresne revient à de multiples reprises sur la mort de Malik Oussekine<ref>Modèle:Lien web</ref>.

Notes et références

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Bibliographie

Filmographie

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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