Alfred Cortot

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Modèle:Voir homonymes Modèle:Infobox Biographie2

Fichier:Cortot Harcourt 1934.jpg
Alfred Cortot en 1934 (photo studio Harcourt)

Alfred Cortot, né le Modèle:Date de naissance à Nyon (Suisse) et mort le Modèle:Date de décès à Lausanne, est un pianiste français. Il est considéré comme l'un des grands interprètes du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Pédagogue renommé, il est un des fondateurs de l'École normale de musique de Paris. Son rôle dans le gouvernement de Vichy et son attitude pendant l'Occupation sont sujets de controverses.

Biographie

Origines familiales et enfance en Suisse

Alfred Cortot naît dans une famille modeste installée à Nyon, Modèle:Citation<ref group=li>Modèle:Harvsp</ref>. Sa mère vient du pays d'Ajoie, Modèle:Citation<ref group=li name=p26>Modèle:Harvsp</ref> ; son père, français, est originaire du Villars, près de Tournus en Bourgogne<ref group=w name=p14>Modèle:Harvsp</ref>. Bien que qualifié de Modèle:Citation par son biographe Bernard Gavoty<ref group=li name=p26/> et malgré son attachement à son pays de naissance, il n'a jamais eu que la nationalité française<ref group=w name=p14/>.

Il est le quatrième enfant d'une fratrie composée d'un frère et de deux sœurs beaucoup plus âgés<ref group=w name=p14/>. Très tôt, sa mère décide de faire de son benjamin un grand pianiste<ref group=w name=p15>Modèle:Harvsp</ref> alors que, selon lui, il n'a Modèle:Citation pour le piano<ref group=li>Modèle:Harvsp</ref>. En 1882, la famille emménage à Genève afin d'offrir à l'enfant un environnement artistiquement stimulant<ref group=li name=p31>Modèle:Harvsp</ref>. Alors qu'il n'a que cinq ans, ses deux sœurs apprennent le piano et le solfège au Conservatoire de cette ville pour transmettre cet enseignement à leur frère<ref group=w name=p15/>. Léa, l'aînée, se charge de l'instrument et Annette, sa cadette, de la théorie musicale<ref group=li name=p31/>. Bien que leur niveau musical soit très rudimentaire, Cortot est profondément marqué par cet apprentissage improvisé. Il dira beaucoup plus tard à propos de ses sœurs :

Modèle:Citation bloc

Alfred n'est pas un enfant prodige, mais travaille avec beaucoup de soin et de discipline. Toute la famille se sacrifie pour son éducation. Comme le résume Bernard Gavoty : Modèle:Citation

Le Conservatoire de Paris

En 1886, la famille déménage à Paris avec l'objectif de le voir entrer au Conservatoire national de musique et de déclamation. Sa formation étant insuffisante, il échoue, mais l'un des professeurs, Émile Decombes, accepte de le prendre dans son cours comme auditeur libre et il réussit le concours l'année suivante<ref group=w name=p15/>.

Decombes et Diémer

Dans la classe de Decombes, il rencontre des gens qui ont été élèves de Frédéric Chopin, comme Georges Mathias (1826-1910) ; il en est marqué pour toute la vie, se trouvant ainsi en relation immédiate avec l'époque du romantisme qui a toujours été son paradis perdu<ref group=w>Modèle:Harvsp</ref>. Decombes lui-même avait reçu à plusieurs reprises des conseils de Chopin<ref group=li>Modèle:Harvsp</ref>.

Les études du jeune Cortot sont laborieuses même si ses professeurs le décrivent comme très appliqué : il ne réussit à passer dans la classe supérieure de Louis Diémer qu'après six années. Il n'a pas de grandes affinités avec Diémer qui privilégie la technique au détriment de l'expression. Cependant celui-ci lui présente Anton Rubinstein, élève de Franz Liszt et le plus fameux pianiste de l'époque. Cortot joue devant lui la Sonate « Appassionata » de Ludwig van Beethoven. Rubinstein lui déclare à la fin de leur rencontre : Modèle:Citation

Cortot échoue encore à trois reprises au concours de fin d'année. Mais, en 1896, alors qu'il a presque dix-neuf ans, il joue la Quatrième Ballade de Chopin devant le jury et remporte brillamment le premier prix, à l'unanimité du jury, seul nommé<ref group=w>Modèle:Harvsp</ref>.

Risler

Dans la classe de Diémer, Cortot rencontre Édouard Risler de quatre ans son aîné et premier prix en 1889, qui eut une immense influence sur lui. Diémer avait étudié en Allemagne avec Eugen d'Albert, le disciple préféré de Franz Liszt : il enseigne à Cortot une approche du piano beaucoup plus orchestrale et expressive<ref group=w name=p19>Modèle:Harvsp</ref>. Mais c'est Risler qui initie Cortot à Chopin et en particulier à ses Études qui l'accompagnèrent toute sa vie. Bernard Gavoty rapporte ce que ressentit Cortot lors d'une séance de travail : Modèle:Citation bloc

Cette formation joua un rôle décisif qui explique son premier prix en 1896. Cortot dit de Risler : Modèle:Citation

Débuts professionnels

Bayreuth

La maison Pleyel offrant un cadeau aux lauréats du premier prix du conservatoire, Cortot demande qu'on lui offre un voyage à Bayreuth. Il rejoint là-bas Risler qui lui présente Cosima, la fille de Franz Liszt et épouse de Richard Wagner<ref group=w name=p19/>. La découverte de la musique de Wagner est un tel choc qu'il décide de devenir chef d'orchestre<ref group=art name=p24>Modèle:Harvsp</ref>. Risler l'introduit aussi dans le cercle des musiciens français qui font le « pèlerinage » à Bayreuth : ces rencontres vont lui ouvrir de nombreuses portes dans son pays<ref group=w name=p21>Modèle:Harvsp</ref>. De retour en France, il est un musicien reconnu et joue de la musique de chambre dans les salons parisiens et convainc la comtesse Greffulhe de financer la première exécution du Crépuscule des Dieux en France qu'il dirige lui-même le Modèle:Date et qui est un triomphe<ref group=art name="p24"/>. Il est répétiteur à Bayreuth en 1901<ref group=art name=p51>Modèle:Harvsp</ref>.

Chef d'orchestre

En 1903, il crée son propre orchestre, ce qui lui permet de diriger ainsi les premières en France du Requiem allemand de Brahms et de la Missa solemnis de Beethoven<ref group=art name="p24"/>. Comme il est de coutume à cette époque, il coproduit les concerts qu'il dirige. Malheureusement, après le retrait progressif de ses mécènes et un associé douteux sur le plan de la gestion, sa carrière de chef d'orchestre se révèle un désastre financier, et il reprend sa carrière de pianiste en 1905.

Rencontres

Par son mariage en 1902 avec Clotilde Bréal, fille du philologue Michel Bréal<ref group=art name=p51/> et meilleure amie de la femme de Léon Blum, Cortot fréquente assidûment le milieu de la bourgeoisie intellectuelle. Ainsi, dans le salon de Modèle:Mme Ménard-Dorian, il rencontre Clemenceau, Aristide Briand et les grandes figures de la gauche radicale ou socialiste<ref group=w name=p23>Modèle:Harvsp</ref>. Cortot se déclare durant cette période « passionnément dreyfusard ». Il considère Léon Blum comme « son meilleur ami »<ref group="art" name="p51"/>.

Musique en trio

En 1905, il fonda avec Pablo Casals et Jacques Thibaud un trio de musique de chambre dont la réputation devint rapidement internationale<ref group=art name="p24"/>. Le trio eut un succès considérable qui fit sortir ce genre musical des salons pour l'imposer sur les scènes de concert<ref group=art name="p24"/>. Mais le trio s'arrêtera dans les années 1930 pour des raisons politiques, Casals reprochant à ses partenaires de ne pas s'engager dans sa lutte antifasciste lors de la Guerre d'Espagne : Modèle:Citation<ref group=w name=p29>Modèle:Harvsp</ref>,<ref group=art name=p25>Modèle:Harvsp</ref>.

Il rencontre Gabriel Fauré, dont il devient très proche, et crée ses Nocturnes nº 7 et nº 9<ref group=art name="p24"/>.

Pédagogue

À côté de ses activités d'interprète, Alfred Cortot mène une carrière d'enseignant. Il est nommé professeur de la classe féminine de piano au Conservatoire national de musique et de déclamation en 1907<ref group=art name="p24"/>. Il a comme premières étudiantes Yvonne Lefébure, Magda Tagliaferro et Clara Haskil<ref group=art name="p24"/>. Toute sa vie durant, il fera alterner concerts et enseignement.

La Première Guerre mondiale

En 1914, Cortot interrompt sa carrière pianistique pour se consacrer entièrement à des actions patriotiques. Il organise des spectacles pour le public du front et de « l'arrière »<ref group=art name="p24"/>. Précisément, il organise des Matinées Nationales qui se dérouleront jusqu'en 1918 en Sorbonne, à Paris<ref group=w name=p26>Modèle:Harvsp</ref>. Il participe également au rayonnement de la musique au sein des spectacles du Théâtre aux Armées, destinés aux combattants des tranchées<ref group=w name="p26"/>. Appelé par Albert Dalimier, sous-secrétaire d’État aux Beaux-Arts qui le repère dès 1916<ref group=w name="p26"/>, Cortot se voit confier en 1916 un « service de propagande artistique ». Il organise de nombreuses manifestations, expositions, représentations théâtrales, concerts dans les pays alliés ou neutres<ref group=w name=p27>Modèle:Harvsp</ref>.

L'entre-deux-guerres

L'apogée de sa carrière

La période entre les deux Guerres mondiales est l'apogée de la carrière artistique de Cortot<ref group=li name="p176"/>.

C'est pendant cette période qu'il rédige la plupart de ses ouvrages<ref group=li name="p176">Modèle:Harvsp</ref> : des écrits pédagogiques (Méthodes de piano, Éditions commentées), des écrits littéraires (La Musique française de piano, Préfaces, etc.).

Le nombre de concerts et de conférences relève du prodige<ref group=li>Modèle:Harvsp</ref>. Il enregistre 150 disques et dirige comme chef d'orchestre l'orchestre de l'école Normale<ref group=art name="p25"/>. On parle du « miracle Cortot » : c'est l'expression utilisée par Louis Barthou, le ministre des Affaires étrangères, qui l'élève à la dignité de Commandeur de la Légion d'honneur le Modèle:Date-<ref group=li>Modèle:Harvsp</ref>.

En effet, Cortot est un symbole du rayonnement culturel de la France et n'hésite pas à soutenir la politique extérieure de la Troisième République. Par exemple, il donne de nombreux concerts en Roumanie, Tchécoslovaquie et Yougoslavie pour soutenir la « Petite Entente », il joue en Allemagne à partir de 1927 après le rapprochement franco-allemand à la suite des accords de Locarno et en URSS au printemps 1936 au moment de la signature d'un accord franco-soviétique<ref group=w name=p28>Modèle:Harvsp</ref>. Ceci explique que c'est au titre des Affaires étrangères et non des Beaux-Arts qu'il devient Commandeur de la Légion d'honneur<ref group=w name=p28/>.

Son livre La Musique française de piano est en fait un recueil d'articles sur l'œuvre pianistique de Franck, de Debussy, de Ravel ou du Groupe des six<ref group=art name="p25"/>. Cortot s'attache tout particulièrement à mettre en valeur la musique française de son temps<ref group=li>Modèle:Harvsp</ref>.

Cortot est devenu l'un des musiciens les plus importants de la vie musicale internationale. Le pays où il a le plus de succès est celui où il a vraiment commencé sa carrière : l'Allemagne. Les Allemands le considèrent dès la fin des années 1920 comme « le plus grand pianiste de son temps » et « le traducteur le plus autorisé de Schumann<ref group=li name="p185">Modèle:Harvsp</ref>,<ref group=w name=p125>Modèle:Harvsp</ref> ». Pour Cortot, qui considère l'Allemagne comme la patrie des musiciens<ref group=li name="p185"/>, c'est la consécration.

L'École normale de musique

Fichier:Plaque Alfred Cortot, 114 bis boulevard de Malesherbes, Paris 17.jpg
Plaque apposée sur la façade de l'École normale de musique de Paris.

Après une tournée aux États-Unis en 1918, il fonde en 1919 avec Auguste Mangeot, directeur de la revue Le Monde musical, l'École normale de musique de Paris qui porte désormais son nom<ref group=w name=p31>Modèle:Harvsp</ref>. L'école normale de musique est conçue avant tout comme un centre de rayonnement international puisqu'elle est destinée à accueillir avant tout des élèves étrangers<ref group=art name="p25"/>. Cortot veut que l'École comporte un cursus complet, avec l'étude approfondie d'un instrument, le solfège, l'écriture, l'histoire de la musique, la pratique du répertoire et de la pédagogie. Cortot estime aussi qu'un enseignement musical complet comporte toutes les disciplines liées à l'expression artistique : la gymnastique rythmique, l'histoire de l'art en correspondance avec la musique et les langues vivantes. Les meilleurs professeurs rejoignent Cortot : Lazare-Lévy (« cours supérieur ») et son ancienne élève Yvonne Lefébure pour le piano, Marcel Dupré pour l'orgue, Wanda Landowska pour le clavecin, Jacques Thibaud pour le violon, Pablo Casals et André Navarra pour le violoncelle, Claire Croiza, Charles Panzéra et Pierre Bernac pour le chant, Georges Enesco, Paul Dukas et Arthur Honegger pour la composition, Nadia Boulanger pour l'harmonie et le contrepoint.

La Seconde Guerre mondiale

Le rôle d’Alfred Cortot et son niveau d'implication dans le régime de Vichy ont fait l'objet de nombreuses polémiques. Pour François Anselmini, c'est « le sujet qui fâche » et qui va ternir durablement sa réputation<ref group=art name=p25/>.

Le début de la guerre et la débâcle

Le Modèle:Date-, le jour de la déclaration de guerre de la France à l'Allemagne, Cortot annule comme en 1914 tous ses engagements<ref group=li name="p187">Modèle:Harvsp</ref>. Il prend lui-même l'initiative de rédiger un projet pour coordonner toutes les activités culturelles afin d'apporter distraction et réconfort aux soldats français<ref group=w name=p119>Modèle:Harvsp</ref>,<ref group=art name=p36>Modèle:Harvsp</ref>. Cortot se voit alors proposer par Georges Huisman, directeur des Beaux-Arts, le poste de délégué général aux Arts et loisirs aux Armées<ref group=li name="p188">Modèle:Harvsp</ref>. Pendant la « drôle de guerre », il organise donc de nombreux concerts où il joue parfois lui-même<ref group=li name="p188"/>.

Pendant la débâcle, il est avec l'administration des Beaux-Arts au château de Chaumont-sur-Loire le Modèle:Date-. Le Modèle:Date-, Huisman et lui partent en voiture à Bordeaux<ref group=li name="p188"/>. Après l'armistice du Modèle:Date-, alors que Huisman s'est embarqué sur le Massilia, Cortot se rend à Vichy où le nouveau gouvernement s'installe en juillet<ref group=art name=p36/>,<ref group=li name="p189">Modèle:Harvsp</ref>.

Cortot occupe pendant un temps très court (celui du ministère d'Albert Rivaud<ref group=art name=p36/>) le poste de Huisman avant d'être remplacé par Louis Hautecœur, personne que Cortot apprécie et avec qui il partage de nombreuses opinions sur ce qui doit être fait sur le plan artistique<ref group="li" name="p188"/>. Il se voit alors relégué au poste de directeur artistique des services de la jeunesse<ref group=li name="p190">Modèle:Harvsp</ref>.

Comme en 1939, il prend l'initiative de rédiger plusieurs rapports, pendant l'été 1940<ref group=art name=p37>Modèle:Harvsp</ref>. Ces rapports concernent la réorganisation de la vie musicale où il développe les projets de réformes qu'il voulait réaliser depuis longtemps<ref group=w name=p135>Modèle:Harvsp</ref>. Mais la part la plus importante concerne la propagande culturelle à l'étranger<ref group=art name=p37/>. Comme pendant la période 1916-18 durant laquelle il dirigeait le « service de propagande artistique », Cortot pense que le redressement du pays passe par le développement du prestige culturel de la France<ref group=w name=p121>Modèle:Harvsp</ref>. C'est aussi l'opinion de Hautecœur qui déclare en Modèle:Date- : Modèle:Citation. Cortot comme Hautecœur veulent développer la musique contemporaine mais aussi encourager la pratique de chants traditionnels et folkloriques et l'usage des chants populaires<ref group=w name=p121/>.

Modèle:Citation

Le fait que Cortot ait adhéré ou non à la Révolution nationale du maréchal Pétain dans sa totalité fait l'objet de débats entre historiens encore à l'heure actuelle<ref>Voir les articles de Myriam Chimènes et de Limore Yagil complètement contradictoires sur ce point.</ref>. En effet, à l'exception notable de sa signature pour un « appel contre le terrorisme » (c'est-à-dire contre la Résistance) en 1941<ref group=w name=p37>Modèle:Harvsp</ref>, toutes ses actions et tous ses écrits concernent uniquement la musique et la culture et pas directement la politique. En revanche, dans le domaine de la musique, son engagement est total. Il écrit en effet en Modèle:Date- : Modèle:Citation Ou encore en 1943 : Modèle:Citation

Dans une lettre adressée aux « garçons de France » dont il a la charge, Cortot écrit ces phrases qui résument bien son état d'esprit durant cette période :

Modèle:Citation bloc

Les postes occupés pendant la période de Vichy

Les propositions de Cortot soutenues par Hautecœur intéressent beaucoup le nouveau régime de Vichy qui le nomme en Modèle:Date- à la tête du Service d'initiative artistique<ref group=w name=p121/>,<ref group=art name=p37/>. En novembre, Cortot est chargé de lire les discours à la jeunesse du maréchal Pétain sur Radio-Jeunesse et inaugure une série d'émissions consacrées aux chansons folkloriques<ref group=art name=p37/>.

Il est aussi nommé membre de la commission d'étude des questions de la jeunesse du Conseil national de Vichy en 1941 où il siégera en Modèle:Date- et en Modèle:Date-<ref group=w name=p122>Modèle:Harvsp</ref>,<ref group=li name="p191">Modèle:Harvsp</ref>,<ref group=art name=p39>Modèle:Harvsp</ref>. En Modèle:Date-, un rapport suggère de créer trois directions au sein du ministère : l'une pour les arts plastiques, l'autre pour la littérature et le théâtre et la dernière pour la musique. C'est Cortot qui est choisi pour la musique et qui devient ainsi le Modèle:Date- « chargé de mission au Secrétariat général des Beaux-Arts pour l'étude des questions relatives à l'enseignement musical, aux orchestres symphoniques et aux sociétés musicales en France<ref group=art name=p38>Modèle:Harvsp</ref> ».

Il est aussi nommé membre du Conseil supérieur de l'enseignement du Conservatoire en Modèle:Date- et préside le jury des auditions pour l'orchestre de la Radio nationale en Modèle:Date-. Il est aussi consulté à propos de la nomination du directeur de l'opéra comique en automne 1941 et nommé membre du Comité national du folklore le Modèle:Date-. Le Modèle:Date-, il entre dans le cabinet d'Abel Bonnard<ref>Ancien membre de l'Action française, un des piliers du Groupe Collaboration, Abel Bonnard a une ligne politique très clairement collaborationniste. Il s'enfuit en Espagne à la libération.</ref>, ministre secrétaire d'État à l'Éducation nationale dans le gouvernement de Pierre Laval : il est chargé de mission en tant que conseiller technique pour l'étude des questions d'ordre professionnel et corporatif susceptibles d'assurer le développement du goût musical en France et nommé le lendemain président du Comité d'organisation professionnelle de la musique<ref group=art name=p39/>. Ce dernier poste va l'occuper jusqu'à la fin de la guerre et l'amener à faire créer un Comité professionnel de l'art musical de l'enseignement libre de la musique, couramment appelé le « comité Cortot<ref group=art name=p41>Modèle:Harvsp</ref> », qu'il préside entouré des principaux musiciens français de l'époque<ref group=w name=p124>Modèle:Harvsp</ref>,<ref group="art" name="p41"/>.

Ces différents postes ne comportent que peu de pouvoir décisionnel : il est avant tout un expert chargé des questions pédagogiques et musicales<ref group=w name=p35>Modèle:Harvsp</ref>. Mais son action est appréciée par le régime qui lui décerne la Francisque<ref group=w name=p35/> et ses conseils sont souvent suivis par ses ministères de tutelle<ref group=w name=p35/>.

Entre fin 1942 et la libération et alors que toute la France est occupée, Cortot est obnubilé et accaparé par sa réforme du monde musical<ref group=art name=p26>Modèle:Harvsp</ref> qui conduit à la création d'un « Ordre des musiciens<ref>Précisément le 14 octobre 1943 par décret.</ref>,<ref>Myriam Chimènes (Modèle:P.) comme Yannick Simon (Modèle:P.) qui cite Chimènes, disent que l'ordre est Modèle:Citation. Limore Yagil déclare (Modèle:P.) que si Modèle:Citation. François Anselmini souligne que, dans la même lettre, Cortot précise que « toute autre disposition ne pourra satisfaire comme il convient les besoins et les aspirations de la corporation musicale française ». Anselmini conclut cette note par : "L’organisation concrète du « Comité Cortot » est de fait très proche de celle de l’instance allemande." (La musique à Paris sous l'Occupation, p.177)</ref> » pour réglementer la profession. Son activité est très importante durant cette période : recensement des musiciens sur le plan professionnel, création d'un centre de documentation, constitution d'une bibliothèque et d'une discothèque, constitution d'un « fonds » destiné à assurer la retraite des vieux musiciens, etc.<ref group=li name="p196">Modèle:Harvsp</ref>. Ces projets lui tiennent tant à cœur qu'il avance beaucoup d'argent personnel<ref group=li name="p203">Modèle:Harvsp</ref>,<ref group="w" name="p124"/>. Non seulement, son action sera en grande partie reprise par les directeurs ou inspecteurs généraux qui lui succéderont<ref group="li" name="p191"/> (Amable Massis et Marcel Landowski), mais certaines des idées qu'il n'a pas eu le temps d'appliquer seront développées par la suite : les « Maisons de Jeunes » qui ne sont vraiment mises en œuvre qu'en 1945 ou la création d'orchestres et de conservatoires régionaux mis en place par André Malraux et Marcel Landowski dans les années 1960<ref group=w name=p36>Modèle:Harvsp</ref>. Ainsi, indépendamment du contexte politique, l'action de Cortot va avoir une portée importante et durable sur la vie musicale française.

De fait, Cortot joue un rôle central dans la vie culturelle française durant l'occupation. En plus de ses nombreuses fonctions, il reprend partiellement ses concerts surtout après son départ de Vichy pour Paris en Modèle:Date-<ref group=art name=p45>Modèle:Harvsp</ref>,<ref group=li name="p192">Modèle:Harvsp</ref>. Il donne alors de nombreux concerts et participe à des réceptions parfois en présence des membres du gouvernement de Vichy et de l'occupant. C'est le cas, par exemple, durant la semaine Mozart en Modèle:Date- ou dans le cadre de l'exposition du sculpteur préféré d'Hitler, Arno Breker<ref>Arno Breker a sculpté un buste de Cortot durant cette période.</ref>, durant l'été 1942<ref group=w name=p37/>,<ref group=art name=p45/>. Il joue aussi avec des orchestres allemands en tournées en France et souvent sur l'antenne de Radio-Paris, que contrôle la Propagandastaffel, avec le « Grand Orchestre » qui rassemble les meilleurs instrumentistes français<ref group=w name=p37/>.

Les concerts en Allemagne en 1942

En 1942, son ami le chef d'orchestre Wilhelm Furtwängler qu'il connaît depuis les années 1920 l'invite pour donner des concerts en Allemagne. Cortot pose comme seules conditions de donner son premier concert, entièrement gratuit, au Foyer français de Berlin et de jouer, toujours gratuitement, pour les prisonniers français détenus dans les stalags et les oflags<ref group="li" name="p192"/>. Ces conditions sont acceptées et Cortot joue bien dans des camps de prisonniers français comme ceux de Lichterfelde et d'Allach où il fait aussi un discours<ref group=li name="p192"/>.

L'invitation de Furtwängler et les concerts en Allemagne n'avaient aucun contenu politique explicite<ref>Furtwängler est resté en Allemagne pendant la période nazie mais s'est toujours considéré comme un musicien apolitique : voir Wilhelm Furtwängler et ses relations avec le régime nazi.</ref> mais Cortot, comme Furtwängler, est « totalement inconscient<ref group="w" name="p125"/> » de l'immense portée symbolique de l'événement : Cortot devient ainsi le premier musicien français à jouer en Allemagne depuis l'armistice et pour tous ceux, officiels nazis ou collaborationnistes français, qui souhaitent une forte collaboration entre les deux pays, ces tournées sont du pain bénit<ref group=art name=p45/>,<ref>Furtwängler a, quant à lui, soigneusement évité de venir en France pendant l'occupation. Il a ainsi refusé l'invitation que Charles Munch lui avait envoyée. Munch avait, en fait, été obligé d'écrire cette lettre par Goebbels. En effet, Furtwängler avait dit à Goebbels qu'il n'irait en France que si les Français l'invitaient (les nazis étaient aussi empressés à faire venir Furtwängler en France que Cortot en Allemagne). Mais Charles Munch fit comprendre subtilement la situation à Furtwängler dans sa lettre et Furtwängler ne tomba pas dans le piège. Voir Wilhelm Furtwängler et ses relations avec le régime nazi.</ref>. Le fait que les officiels allemands étaient prêts à tout pour l'envoyer jouer en Allemagne est prouvé par le fait que Cortot réussit à obtenir d'Otto Abetz, l'ambassadeur de l'Allemagne à Paris, en échange de ses concerts, la libération de trente musiciens d'orchestre et même l'« aryanisation d'honneur » de musiciens juifs français<ref group=li name="p194">Modèle:Harvsp</ref>.

Cortot fait donc deux tournées en Allemagne en juin et Modèle:Date-. Il joue à Berlin (3 et Modèle:Date-, Modèle:Date- : concerts Schumann où il joue le concerto du compositeur avec Furtwängler), à Hambourg (Modèle:Date-), à Leipzig (Modèle:Date-), à Munich (Modèle:Date-), à Stuttgart (Modèle:Date-) et à Francfort (Modèle:Date-<ref group=li name="p193">Modèle:Harvsp</ref>). Ces concerts seront toujours très vivement reprochés à Cortot.

Les officiels nazis lui font un triomphe ainsi que les collaborationnistes français à son retour à Paris<ref group=art name=p46>Modèle:Harvsp</ref>. Le Modèle:Date-, le Groupe Collaboration donne, en effet, une réception pour fêter le retour de Cortot. Son président pour la section musicale, Max d'Ollone lui déclare : Modèle:Citation Cortot répond dans un sens qui semble confirmer qu'il ne réalise pas la signification politique réelle de son acte. En effet, il n'utilise le terme de collaboration que dans un sens artistique : Modèle:Citation

Par la suite, il semble avoir mieux compris la portée politique de ses concerts car, fortement sollicité à nouveau en 1943 (pas par Furtwängler mais par le gouvernement de Vichy), il refuse cette fois-ci l'invitation<ref group=w name=p126>Modèle:Harvsp</ref>.

L'attitude de Cortot

Le comportement de Cortot vis-à-vis des Juifs durant la guerre fait lui aussi débat parmi les historiens. On ne trouve aucune trace d'une condamnation par Cortot des lois raciales qui s'abattent sur toute la France et affectent tout dans le pays jusqu'à sa propre école normale<ref group=w name=p38>Modèle:Harvsp</ref>,<ref group="art" name="p26"/>,<ref>À titre comparatif, son ami Wilhelm Furtwängler s'est opposé deux fois publiquement aux mesures discriminatoires des nazis en 1933 et 1934 : voir Wilhelm Furtwängler et ses relations avec le régime nazi.</ref>,<ref>Le pianiste Pierre Réach rapporte en 2013 sur le blog du médiateur du journal Le Monde (voir : Modèle:Lien web) à la suite d'un article de Marie-Aude Roux à l'occasion des cinquante ans de la mort de Cortot (voir : Modèle:Lien web) qu'Yvonne Lefébure dont il avait été l'élève au Conservatoire de Paris lui avait rapporté que Cortot avait renvoyé les musiciens juifs de son école et qu'elle avait démissionné en signe de protestation (elle est revenue enseigner à l'école Cortot après la guerre jusqu'à sa nomination au Conservatoire en 1952. Voir : Modèle:Lien web). Le fait que Cortot ait joué un rôle actif dans le renvoi des musiciens juifs de son école ne se trouve pas dans les ouvrages des historiens (voir la bibliographie). Anselmini déclare seulement que Cortot a racheté en 1943 les actions de l'École normale que possédaient certains « non-aryens ». D'autre part Anselmini déclare que Cortot n'a joué aucun rôle dans l'éviction des musiciens juifs de l'Orchestre national contrairement à des « rumeurs persistantes » . Voir : Modèle:Lien web.</ref>. De la même façon, les historiens n'ont trouvé aucun écrit de Cortot à caractère antisémite<ref group=art name=p26/>. Il s'est vu très souvent reprocher de n'avoir rien fait pour aider Clara Haskil et Vlado Perlemuter, deux de ses anciens élèves et deux des plus grands pianistes du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle<ref group=art name=p26/>. Le pianiste Lazare-Lévy, parmi d'autres dans des situations similaires<ref name="Canetti">Jacques Canetti : On recherche jeune homme aimant la musique, Calmann-Levy, 1978 ; il y narre le comportement froid et insensible de Cortot aux demandes d'aides que lui présentent Françoise Rosay et Canetti lui-même, non sans danger puisque ce dernier était juif.</ref>, a reproché à Cortot d'être resté froid et indifférent lorsqu'il lui a demandé de l'aide pour sauver son fils qui venait d'être arrêté par la Gestapo<ref group=art name=p26/>,<ref>Limore Yagil (Modèle:P.) considère comme une « mission impossible » ce que Lazare-Lévy demandait à Cortot. En plus d'être juif, son fils s'était engagé dans la résistance et venait d'être arrêté par la gestapo.</ref>.

A contrario, le chef d'orchestre Manuel Rosenthal a témoigné de l'amitié de Cortot qui lui a été d'un grand réconfort moral durant la période 1941-42<ref group=w name=p129>Modèle:Harvsp</ref>. Il est, d'autre part, bien documenté (les personnes concernées sont souvent venues témoigner aux procès de Cortot dans ce sens), que Cortot a aidé et souvent sauvé de nombreuses personnes surtout juives. On peut citer par exemple le pianiste Léon Kartun<ref group=w name=p127>Modèle:Harvsp</ref>, le violoniste Dany Brunschwig<ref group=w name=p127/>, le flûtiste Marcel Moyse<ref group=w name=p127/>, le musicien Reynaldo Hahn<ref group=w name=p128>Modèle:Harvsp</ref>, la soprano Marya Freund<ref group=w name=p128/>, le pianiste François Lang<ref group=w name=p129/> (Cortot est intervenu sans succès dans ce cas), le pianiste Henri Etlin<ref group=w name=p130>Modèle:Harvsp</ref>Modèle:Etc.

D'autre part, Cortot a fait exempter de Service du travail obligatoire (STO) de nombreux musiciens et a protégé ceux qui agissaient en ce sens dans la clandestinité comme Claude Delvincourt, directeur du Conservatoire national de musique et d'art dramatique, qui avait créé un « Orchestre des Cadets » pour soustraire ses élèves à cette obligation et qui fut menacé de révocation, les autorités s'étant rendu compte du subterfuge<ref group=w name=p131>Modèle:Harvsp</ref>.

Le comportement de Cortot pendant la guerre et la germanophilie qu'il a développée depuis son premier séjour à Bayreuth ont souvent été rapprochés. Son ami et biographe, Bernard Gavoty, avance, en effet : Modèle:Citation Mais, d'une part, sa germanophilie date de bien avant l'arrivée au pouvoir des nazis et ne l'a pas empêché de s'engager fortement dans la guerre contre l'Allemagne en 1914 et 1939 et, d'autre part, Gavoty explique que Cortot a une vision complètement idéalisée et apolitique de l'Allemagne : Modèle:Citation C'est ce que confirme Limore Yagil : Modèle:Citation

D'autre part, sa vision idéalisée et apolitique de l'Allemagne a été renforcée par sa relation privilégiée avec Wilhelm Furtwängler qui fut son interlocuteur professionnel principal en Allemagne<ref>Cortot apparaît à plusieurs reprises dans la liste des concerts de Furtwängler pendant l'entre-deux-guerres disponible sur le site de la Société française Wilhelm Furtwängler.</ref>. Furtwängler était depuis son accession à la direction de l'Orchestre philharmonique de Berlin en 1919, le symbole vivant de la grande tradition musicale allemande. L'historien Fred K. Prieberg écrit en conclusion de son livre sur Furtwängler que ce dernier se considérait comme l'héritier de l'Allemagne de Beethoven, Goethe et Schiller et considérait les nazis comme des usurpateurs sans se rendre compte que l'Allemagne de Beethoven, Goethe et Schiller ne signifiait plus rien pour l'immense majorité des Allemands de son temps<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}}Fred K. Prieberg, Trial of strength, Wilhelm Furtwängler and the Third Reich, Quartet Books, 1991, chapitres I et VII, Modèle:P..</ref>. Furtwängler, qui était considéré de son vivant comme le plus grand interprète des classiques allemands en particulier Beethoven, Brahms, Schubert, Schumann et Wagner que Cortot adorait, correspondait exactement à l'image que ce dernier voulait se faire des Allemands sans réaliser le décalage complet par rapport à la réalité de son temps. Cette capacité à s'illusionner était d'autant plus efficace que le chef d'orchestre refusait aussi de voir pleinement la nature de ce qui s'était emparé de la majorité des Allemands en s'enfermant dans sa notion de la « vraie Allemagne » dont il se voulait le représentant.

Il n'est donc pas étonnant d'apprendre que c'est Furtwängler qui invita Cortot à plusieurs reprises en Allemagne comme en 1930, en 1934<ref>En 1933, Furtwängler a invité de nombreux musiciens surtout des Juifs pour essayer de contrecarrer la politique culturelle nazie. Tous ont refusé sauf Cortot.</ref> à l'arrivée au pouvoir des nazis ou en 1938 et en 1942 et que Cortot ait accepté ses invitations dans un contexte qu'ils concevaient tous les deux comme apolitique<ref>Il existe entre les deux musiciens des différences importantes néanmoins. Entre autres, Furtwängler a démissionné de toutes ses fonctions en 1934 et n'a eu aucune fonction officielle par la suite alors que Cortot les a multipliées au contraire sous le régime de Vichy. Cette différence s'explique en partie par le fait que Furtwängler n'a jamais eu le moindre intérêt pour l'organisation de la vie musicale contrairement à Cortot. D'autre part, Furtwängler avait conscience d'être utilisé contre son gré à des fins de propagande. C'est pourquoi, il a cherché par tous les moyens à éviter les représentations officielles ce qui n'est pas le cas de Cortot.</ref>.

Le décalage de Cortot par rapport à la réalité politique de son temps se révèle clairement par son comportement à la fin de la guerre. Alors qu'Abel Bonnard, son ministre de tutelle, s'enfuit en Espagne, Cortot assiste à la libération de la France sans inquiétude par rapport à son implication dans le régime de Vichy et surtout dans le gouvernement Laval : il reste à Paris en dépit des conseils de plusieurs amis<ref group="li" name="p200"/>. D'après Gavoty, la réalité politique rattrape enfin Cortot et de façon très violente le jour où il apprend l'existence des camps d'extermination nazis. Alors que Paris vient d'être libéré, il organise un repas avec Bernard Gavoty et des amis anglais et américains (rencontrés durant des tournées par le passé<ref group=li name="p200"/>). Ces derniers évoquent l'existence de ces camps : Cortot déclare que « c'est impossible ». Puis devant l'évidence (on lui montre des photos Modèle:Citation avant la libération des camps), il reste cloué sur sa chaise incapable de prononcer un mot jusqu'à la fin du repas. Quand les hôtes prennent congé, il ne peut dire que « c'est affreux » en embrassant Renée sa compagne<ref group=li name="p200"/>. Gavoty le rencontre un peu plus tard : Cortot lui dit qu'il a réalisé qu'il s'était trompé<ref>Gavoty raconte : Modèle:Citation</ref> et qu'il va très probablement devoir rendre des comptes à la justice<ref group=li name="p201">Modèle:Harvsp</ref>.

Le samedi Modèle:Date-, il est arrêté par trois FFI accompagnés d'un agent de la police judiciaire<ref group=li name="p201"/>.

Les procès

Cortot passe trois jours en prison<ref group=li name="p202">Modèle:Harvsp</ref>. Il fait ensuite l'objet de plusieurs interrogatoires<ref group=w name=p40>Modèle:Harvsp</ref>. Le procès n'ayant pas été préparé, le juge ne dispose que de très peu d'éléments à charge : des plaintes mais anonymes et une note de Madame Cortot accusant son mari d'antisémitisme<ref group=li name="p204">Modèle:Harvsp</ref>. Madame Cortot était juive. Cortot a pu obtenir pendant la guerre un pseudo-certificat de baptême célébré à Londres et ainsi pu soutenir la thèse qu'elle était protestante<ref group=li name="p198">Modèle:Harvsp</ref>. Cortot l'a quittée en 1931 pour Renée Chaine une femme beaucoup plus jeune mais les Cortot n'ont jamais divorcé et Cortot n'a épousé Renée Chaine qu'après le décès de sa première femme, fin 1946<ref group=li name="p182">Modèle:Harvsp</ref>. Ne sachant pas quelle charge retenir contre Cortot, le juge le libère le 7 concluant à une Modèle:Citation.

Cortot étant à la fois administrateur et pianiste<ref group=art name=p47>Modèle:Harvsp</ref>, va faire l'objet de deux procès devant des comités d'épuration : une première fois en sa qualité de professeur honoraire au Conservatoire et de président du Comité professionnel de l'art musical et de l'enseignement libre de la musique devant le « Comité national d'épuration des professions d'artistes dramatiques, lyriques et de musiciens exécutants » et une deuxième fois en tant qu'artiste devant le « Conseil d'enquête de l'administration des Beaux-Arts<ref group=w name=p40/>,<ref group=w name=p117>Modèle:Harvsp</ref>,<ref group=art name=p47/> ».

Cortot comparaît devant le premier comité le Modèle:Date-<ref group=art name=p47/>. Les charges d'accusations sont les suivantes :

- ce qu'on lui reproche le plus<ref group=w name=p38/> ce sont ses deux tournées de concerts en Allemagne en 1942 même si la commission reconnaît qu'il a joué pour des prisonniers français et surtout que Cortot a versé l'intégralité des bénéfices de ses concerts pendant l'occupation à de multiples œuvres sociales, tel le pécule des musiciens prisonniers<ref group=li name="p208">Modèle:Harvsp</ref>, alors que les prisonniers étaient, toutefois, “l’une des cibles favorites de la propaganda vichyste” selon François Anselmini<ref>“Notre national et international Cortot” in Chimènes et Simon, La Musique à Paris sous l’Occupation, 2013, p.179)</ref>.

- le comité lui reproche aussi son rôle sous Vichy : Modèle:Citation selon les paroles de l'accusation<ref group=art name=p47/>.

Pour la défense, de nombreuses personnes viennent témoigner en sa faveur. Il s'avère en premier lieu qu'il est intervenu pour améliorer le sort de prisonniers français ou pour en obtenir la libération (vingt-six libérés selon le rapport de la commission)<ref group=li name="p207">Modèle:Harvsp</ref>, en deuxième lieu qu'il est intervenu pour éviter le départ de français pour l'Allemagne pour le Service du travail obligatoire<ref group=li name="p207"/>, en troisième lieu qu'il a aidé de nombreux artistes d'origine juive comme Marya Freund, Denise Soriano, Reynaldo Hahn, Léon Kartun, Dany Brunschwig, Marcel Moyse, etc.<ref group=li name="p208"/> et en quatrième lieu qu'il a protégé des membres de la Résistance identifiés par les troupes d'occupation comme Robert Quilnault, maître de ballet à l'Opéra comique, Jacques Bastard, chanteur, Jean Lamy, etc.<ref group=li name="p208"/>

Le premier conseil statue le Modèle:Date- que son action sous Vichy et ses concerts en Allemagne sont compensés par ses actions en faveur de nombreuses personnes<ref group=art name=p48>Modèle:Harvsp</ref>. Le dossier va être transmis au deuxième comité<ref group=art name=p48/>. Le premier comité considère cependant qu'il mérite des sanctions administratives et émet le vœu, à l'unanimité, que Cortot soit révoqué de ses fonctions de président du Comité professionnel de l'art musical<ref group=art name=p48/> (en fait il a déjà démissionné de ce poste à l'automne 1944<ref group="li" name="p204"/>) et que sa retraite de professeur au Conservatoire soit supprimée<ref group=art name=p48/>. Ce dernier point ne sera pas appliqué<ref group=art name=p49>Modèle:Harvsp</ref>.

Le dossier est transmis par le ministre de l'Éducation nationale pour avis au directeur du Conservatoire, Claude Delvincourt qui plaide fortement l'indulgence<ref group=art name=p48/>. En effet, ce dernier explique que Cortot l'a défendu auprès d'Abel Bonnard lorsqu'il était rentré dans la clandestinité et qu'il lui avait évité la révocation<ref group=art name=p48/>. Il déplore de ne pas avoir été convoqué par le premier comité<ref group=art name=p48/>. Le deuxième comité réexamine son dossier et condamne finalement Cortot le Modèle:Date- à une peine légère mais symbolique : la suspension de son activité professionnelle durant une année<ref group=art name=p49/>,<ref group=li name="p208"/>. Comme la peine est rétroactive, il peut reprendre son travail dès le Modèle:Date-<ref group=art name=p49/>,<ref group=li name="p208"/>.

Cortot a déclaré devant le comité pour expliquer son comportement pendant la guerre :

Modèle:Citation bloc

L'après-guerre

Le Modèle:Date, Alfred Cortot donne son concert de rentrée à Tours. Il joue ensuite à Deauville, Biarritz, Lyon, Reims, Saint-Étienne, Grenoble et réalise des tournées en Suisse, en Angleterre et en Italie<ref group="li" name="p208"/>. Après la mort, le Modèle:Date-, de sa première femme, il épouse Renée Chaine (1903-1965) et s'installe avec elle à Lausanne où il a décidé de finir ses jours<ref group=li name="p209">Modèle:Harvsp</ref>. Tous ses concerts rencontrent un grand succès<ref group=li name="p208"/>. Mais dans la France de la libération avec le retour du général de Gaulle, où l'identité française se reconstruit par opposition systématique au régime de Vichy, Cortot est devenu, pour certains, le symbole du « musicien collaborateur<ref group=art name=p35>Modèle:Harvsp</ref> », étiquette qui va lui rester durablement. Ainsi, une partie du milieu musical parisien va lui infliger, à l'occasion de sa rentrée parisienne, une « sanction » bien plus grave pour lui que celle de la justice.

Claude Delvincourt, directeur du Conservatoire national de musique et d'art dramatique veut absolument avoir la primeur de cette rentrée. Il organise trois concerts avec l'Orchestre de la Société des concerts dirigé par André Cluytens les Modèle:Date- (matinée et après-midi) et 19 (après-midi) au Théâtre des Champs-Élysées<ref group=li name="p209"/>. Mais le syndicat des artistes musiciens de Paris et la région parisienne a voté l'interdiction à ses adhérents de l'accompagner Modèle:Citation<ref group="art" name="p49"/>,<ref group=li name="p210">Modèle:Harvsp</ref>. La règle est très stricte : tout musicien jouant avec Cortot sera radié immédiatement<ref group=li name="p210"/>. Ainsi, aucun musicien parisien ne veut, ni ne peut plus jouer avec Cortot. Le comité de l'orchestre prévient Cortot qui accepte un compromis : au lieu de jouer le Concerto de Schumann avec l'orchestre, il jouera seul des œuvres de Chopin entre des pièces symphoniques de Bach ([[Suites pour orchestre de Bach|Modèle:1re]]) et de Debussy (La Mer) par l'orchestre<ref group=li name="p210"/>.

Les concerts vont tourner à l'émeute. Le 18, les partisans de Cortot sifflent l'orchestre et exigent le concerto comme prévu lorsqu'on leur explique le changement de programme<ref group=li name="p211">Modèle:Harvsp</ref>. Les opposants de Cortot le sifflent à son tour et l'insultent en insinuant sa proximité avec les nazis<ref group=w name=p41>Modèle:Harvsp</ref>. L'après-midi, les partisans des deux « camps » s'étant mobilisés, la situation empire nettement : les auditeurs envahissent l'orchestre et on se bat dans la salle. Cortot reste impassible et joue son programme en soliste : il est rappelé sept fois et joue deux « bis »<ref group=li name="p211"/>. Le lendemain, la situation est bien pire encore : entre les bagarres dans la salle et les sifflets à roulette, le concert s'arrête dans un vacarme indescriptible<ref group=li name="p212">Modèle:Harvsp</ref>.

Cortot laisse entendre à Gavoty qu'il n'est pas affecté émotionnellement mais il annule provisoirement tous ses concerts en France<ref group=li name="p213">Modèle:Harvsp</ref>. Il engage un procès contre le syndicat des artistes musiciens. Le jugement en première instance donne raison à Cortot en 1948 mais la cour d'appel déboute Cortot de sa demande. Cortot se pourvoit en cassation, la décision de la cour d'appel est cassée et les parties renvoyées devant la cour de renvoi d'Orléans qui donne finalement raison à Cortot en 1954 après sept ans de procédure<ref group=li name="p214">Modèle:Harvsp</ref>.

Durant la période 1947-1948, Cortot donne un très grand nombre de concerts à l'étranger<ref group=li name="p215">Modèle:Harvsp</ref>. Le pianiste, qui est désormais âgé, a des problèmes de cataracte qui vont affecter sa vue. Ses problèmes de santé vont se multiplier. Sa technique va, en conséquence, décliner fortement dans les années qui suivent donnant la naissance à la légende d'un Cortot à la technique approximative. Plus grave pour lui, sa deuxième femme souffre continuellement de graves problèmes de santé<ref group=li name="p215"/>. Ce dernier point et des problèmes financiers vont expliquer que Cortot va se réfugier dans une activité de concertiste frénétique dans toute la dernière partie de sa vie malgré sa baisse de niveau continuelle<ref group=li name="p216">Modèle:Harvsp</ref>. Il travaille énormément aussi pour son école normale.

Cortot va tenir sa revanche sur les concerts de Modèle:Date- : pour le centième anniversaire de la mort de Chopin, le Modèle:Date-, il donne un récital à la salle Pleyel avec toutes ses œuvres préférées du compositeur auquel il s'identifie depuis toujours. Les places sont prises d'assaut très longtemps à l'avance et son entourage a très peur jusqu'à la fin du concert qu'un nouveau scandale n'éclate<ref group=li name="p217">Modèle:Harvsp</ref>. Il commence par la Fantaisie en fa mineur, une Valse, la Berceuse, dont il possède l'esquisse autographe, les 24 préludes bien sûr, la Sonate funèbre et enfin la Polonaise héroïque<ref group=li name="p218">Modèle:Harvsp</ref>. Le public très ému lui fait un triomphe<ref group=li name="p219">Modèle:Harvsp</ref>. Cortot n'exulte pas : il envoie simplement une lettre à sa femme pour lui dire à quel point il aurait aimé qu'elle fût là<ref group=li name="p219"/>.

Les années 1949-1956 ressemblent de plus en plus à une fuite en avant. Alors que Cortot avait promis depuis longtemps de prendre sa retraite à 65 ans qu'il a déjà bien dépassés, il multiplie les concerts en France et à l'étranger même une grande tournée au Japon<ref group=li name="p229">Modèle:Harvsp</ref>. S'il obtient encore des triomphes, c'est plus pour le mythe Cortot car tout le monde a conscience que ses yeux et ses doigts lui font de plus en plus défaut : en 1956 dans son École normale il donne un récital Chopin-Schumann qui tourne au désastre (il y a une note sur trois)<ref group=li name="p222">Modèle:Harvsp</ref>.

Le point limite est atteint en 1957. Cortot qui vient de gagner enfin son procès contre le syndicat des musiciens, veut consacrer sa victoire au même endroit, le Théâtre des Champs-Élysées, et avec le même orchestre, celui de la Société des concerts du Conservatoire, que lors des concerts de Modèle:Date-. Il veut jouer, avec l'orchestre au bénéfice de la caisse de retraite des musiciens, deux de ses plus grands succès : le concerto de Schumann et les Variations symphoniques de César Franck<ref group=li name="p226">Modèle:Harvsp</ref>. Mais devant la salle pleine à craquer, tout le monde prit conscience que Cortot ne maîtrise plus ces deux œuvres qui lui ont assuré les plus grands triomphes dans le monde entier. Gavoty est obligé d'écrire un article sur le concert. Cortot ne dit rien mais note dans son agenda : Modèle:Citation

Sa femme est désormais persuadée qu'il veut mourir sur scène. Il lui a asséné sans réplique : Modèle:Citation. Son ami, le critique musical Émile Vuillermoz lui écrit une lettre pour le supplier d'arrêter à la demande de Renée Cortot<ref group=li name="p224">Modèle:Harvsp</ref>. Cortot finit par simplement évoquer ses quatre-vingts ans pour sa retraite mais parle toujours de tournées aux États-Unis<ref group=li name="p225">Modèle:Harvsp</ref>. Cortot cherche à aplanir les différends avant de mourir : il rend même visite en 1958 à Marguerite Long qui était la principale instigatrice de la cabale lors des concerts de Paris en Modèle:Date-. Ils se réconcilient<ref group=li name="p232">Modèle:Harvsp</ref>. Mais la vraie sérénité, Cortot va l'obtenir auprès de son ami Pablo Casals.

Casals s'était déjà brouillé avec Cortot car il lui reprochait de rester indifférent aux événements politiques pendant la Guerre d'Espagne et de continuer de jouer dans l'Allemagne nazie qui soutenait Franco (Cortot y a joué en 1934 et 1938 en réponse à l'invitation de Furtwängler). Évidemment, la participation de Cortot au régime de Vichy n'a pas amélioré leur relation. Les deux amis s'étaient retrouvés pour le jubilé de Casals à la Sorbonne en 1956<ref group=li name="p223"/>. La veille, Cortot l'a accueilli à l'École normale où il lui a dit : Modèle:Citation Casals lui a répondu le plus affectueusement du monde<ref group=li name="p223"/>, n'omettant cependant pas de parler « d'événements » de « choses » du passé concluant : Modèle:Citation.

L'ultime pardon qu'il attend arrive enfin en 1958 : Casals l'invite à son célèbre Festival. L'invitation est symbolique à plus d'un titre. Le festival n'est pas seulement un haut lieu de la musique c'est aussi un haut lieu de rencontre des artistes anti-fascistes dont Casals fut toujours l'un des fers de lance. Le concert a lieu le Modèle:Date- : la Sonate en la et des Variations de Beethoven sur La Flûte enchantée<ref group=li name="p231">Modèle:Harvsp</ref>. Casals lui dit pendant les répétitions : Modèle:Citation Le jour du concert, la salle est comble. Le miracle se produit : Cortot retrouve sa technique et la musique est superbe. À la fin, Pablo quitte son pupitre et vient embrasser Cortot. Ils saluent se tenant la main devant le public sous les applaudissements interminables<ref group="li" name="p232"/>. Est-ce ce qu'il avait cherché depuis des années ? Toujours est-il que Cortot arrête enfin toute activité. C'est l'ultime concert de sa vie<ref group=li name="p231"/>.

Il passe ses quatre dernières années à Lausanne. On lui trouve en 1962 un double cancer des poumons et une poly-sclérose artérielle. Dans la clinique, il est semi-inconscient et délire. Sa dernière parole à sa femme est restée célèbre : Modèle:Citation Alors qu'il entre dans le coma, et que sa femme le tient par la main gauche, il joue du piano avec la main droite sur le drap de son lit. Sa femme reconnaît qu'il répète à plusieurs reprises un trait difficile d'une des Études de Chopin qu'il jouait très souvent<ref group=li name="p235"/>. Il meurt deux jours plus tard, le Modèle:Date-, dans l'inconscience. Le Modèle:Date- a lieu une cérémonie religieuse à l'Église Saint-Roch à Paris. Un grand nombre de gens font le déplacement, mais aucun officiel du monde musical français, auquel il a consacré sa vie<ref group=li name="p236">Modèle:Harvsp</ref>. Il est inhumé le 19 au Villars avec ses parents, son frère et ses deux sœurs, selon son souhait.

Le pianiste

Alfred Cortot a eu une grande influence sur l'interprétation pianistique tant en France qu'à l'étranger. Et particulièrement en Union soviétique, où ses concerts, donnés pendant les années 1920 à Moscou et à Saint-Pétersbourg, ont été à l'origine d'une scission dans le monde pianistique local. À l'opposé de certains pianistes plus académiques, les progressistes emmenés par Heinrich Neuhaus et Samuil Feinberg se déclarèrent impressionnés par le pianiste français au point de repenser leur technique.

Style

La caractéristique principale de son style d'interprétation et ce qui révolutionna à son époque l'interprétation des œuvres pour piano est ce qu'il appelait Modèle:Citation. Il déclara l'avoir acquis très tôt grâce à ses deux sœurs aînées qui lui enseignèrent la musique pendant son enfance<ref group=art name=p22>Modèle:Harvsp</ref>. C'est ce que résuma le pianiste Murray Perahia en 2012 : Modèle:Citation

Très tôt, il s'opposa donc à la tradition de son maître Louis Diémer qui dominait en France à l'époque et qui privilégiait, au contraire, la perfection digitale aux dépens de l'expression<ref group=art name="p22"/>. Il déclara en de nombreuses occasions que son secret était qu'il Modèle:Citation. Il fallait comprendre qu'il se considérait comme un poète et que le piano n'était pour lui qu'un moyen<ref group=w name=bellamy>Modèle:Harvsp</ref>. Il fut donc Modèle:Citation.

Son approche du piano fut critiquée (par exemple par Alexandre Goldenweiser) pour les nombreuses libertés qu'il prenait par rapport à la partition (en particulier une utilisation systématique du rubato<ref group=art name=p27>Modèle:Harvsp</ref>) et par ses petites approximations techniques qui s'accentuèrent fortement à l'extrême fin de sa carrière<ref group=art name=p27/>,<ref group=w name=breton>Modèle:HarvspModèle:Citation</ref>.

Mais, comme le chef d'orchestre Wilhelm Furtwängler auquel il fut souvent comparé<ref group="w">Modèle:Citation<ref group=w name=bellamy/></ref>, Cortot ne cherchait pas la perfection dans les détails. Il privilégiait une approche unitaire de l'œuvre où le phrasé avait plus d'importance que la mesure. Cortot a été le premier à envisager les Préludes de Chopin comme un tout organique dont chaque pièce ne serait qu'un moment privilégié, et le miracle vient de là : l'unité vient de la diversité<ref group=art name=p259>Modèle:Harvsp</ref>. Yvonne Lefébure le résuma en 1939 :

Modèle:Citation bloc

Chaque interprétation était conçue comme une recréation laissant place à l'improvisation. André Tubeuf l'expliqua :

Modèle:Citation bloc

Son enregistrement de 1934 des Études de Chopin est particulièrement représentatif de son approche de l'interprétation : Modèle:Citation L'œuvre a, en effet, un fort caractère technique et permet d'exercer les doigts mais Cortot transcende l’aspect technique pour laisser place à l'imagination poétique. C'est ce qu'explique Rémi Jacobs : Modèle:Citation Et comme l'explique Tubeuf : Modèle:Citation

Mais ce qui le caractérise le plus est la richesse sonore, la couleur qu'il obtenait du piano. Dans la Berceuse de Chopin, selon le guide Diapason dans le jeu de Cortot : Modèle:Citation<ref group=art name=p251>Modèle:Harvsp</ref>, Modèle:Citation<ref group=w name=bellamy/>. Cette richesse sonore a souvent été associée à son expérience de chef d'orchestre et à sa fascination pour la richesse de l'orchestration wagnérienne : Modèle:Citation. Son expérience de musique de chambre avec Jacques Thibaud et Pablo Casals a joué aussi un rôle important car il déclara que c'est en accompagnant les cordes qu'il a appris à faire « chanter » son instrument<ref group=art name="p24"/>.

Pour Cortot, la façon de toucher le clavier ou d'appuyer sur les pédales pouvait fournir une infinité de nuances qui pouvaient être exploitées pour les adapter au discours musical. Ceci explique que la méthode de travail qu'il décrivit dans Les Principes rationnels de la technique pianistique se focalisa sur le lien subtil entre la subjectivité et le travail des doigts, des poignets et des bras<ref group="w" name="pianobleu"/>. Particulièrement significatif à ce sujet était son utilisation des pédales qui ouvrait Modèle:Citation. D'après l'explication de Lefébure :

Modèle:Citation bloc

Il est également l'auteur d'éditions de travail d'œuvres de Chopin, Schumann, Franz Schubert, Felix Mendelssohn, Johannes Brahms, Carl Maria von Weber et Franz Liszt. Il écrivit pour les Éditions Rieder La musique française de piano (deux volumes).

Enregistrements du trio Cortot-Thibaud-Casals

Parmi leurs enregistrements, on notera surtout le Trio « Archiduc » de Beethoven de 1928. Selon le guide Diapason, dans cet enregistrement, Modèle:Citation Les Trio nº 1 de Mendelssohn et Trio pour piano et cordes nº 3 de Schumann restent aussi des références majeures<ref group=art name=p533>Modèle:Harvsp</ref>,<ref group=art name=p745>Modèle:Harvsp</ref>.

Répertoire

Alfred Cortot se concentra surtout sur le répertoire du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, il déclara d'ailleurs : Modèle:Citation, regrettant toujours d'Modèle:Citation.

Cortot a laissé un legs discographique très important dont la partie la plus représentative est l'ensemble des enregistrements de l'entre-deux-guerres<ref group=art name="p29">Modèle:Ouvrage.</ref>. Encore aujourd'hui, son nom reste d'abord associé à Frédéric Chopin. Stefan Zweig déclara à ce propos :

Modèle:Citation bloc

Cortot fut l'interprète privilégié des 24 Préludes et des 24 Études, ses interprétations de ces œuvres étant encore des références de premier plan<ref group=art name=p259/>,<ref group=art name=p253/>. Vladimir Horowitz déclara, après avoir assisté à un concert de Cortot où il joua ces deux séries, que ce dernier en avait donné une interprétation « insurpassable »<ref group=li>Modèle:Harvsp</ref>. Ses enregistrements de la célèbre Berceuse de Chopin illustrent particulièrement clairement la « couleur » du jeu pianistique de Cortot<ref group="art" name="p251"/>.

Alfred Cortot a enregistré de nombreux disques, spécialement de Chopin, Schumann et Liszt. Il a publié le premier enregistrement mondial intégral de la Sonate en si mineur de Liszt, des Kreisleriana de Schumann et du Premier livre des Préludes de Debussy. Modèle:Qui lui reprochent souvent ses fausses notes. Néanmoins l'usage de l'époque était que les enregistrements réalisés par Cortot l'étaient en une seule prise par face, sans montage<ref>Voir sur ledevoir.com.</ref>. Vladimir Horowitz, ayant entendu Cortot jouer l'étude en forme de valse de Saint-Saens, vint le voir à Paris pour prendre quelques leçons avec lui<ref>Dans son livre "Horowitz" Glen Paskin écrit : Modèle:Citation</ref>. Son enregistrement du [[Concertos brandebourgeois#Concerto V (ré majeur) BWV 1050|Modèle:5e Concerto brandebourgeois]] de J. S. Bach permet aussi de constater son éblouissante technique<ref>Conférence de Guthrie Luke : « Au piano avec Cortot », page 50.</ref>.

Avec plus de 6 000 récitals donnés sur quatre continents<ref group=w name=p13>Modèle:Harvsp</ref>, comme soliste, chambriste ou chef d'orchestre, de nombreuses conférences-concerts, la création de l'École normale de musique de Paris, de multiples classes de Maître données à Paris, Lausanne ou encore à l'Académie Chigiana de Sienne, la publication des premières éditions urtext du répertoire pianistique, source de documentation précieuse encore d'actualité, l'héritage musical et pédagogique de Cortot est exceptionnel et ne connaît pas d'équivalent au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle.

Une certaine vision de l'enseignement musical

Réputé pour sa pédagogie, il eut bon nombre d'élèves qui furent d'excellents pianistes, comme Jean-Claude Englebert, Clara Haskil, Denise Bidal, Dinu Lipatti, Hélène Liamine, Jacques Dupont, Samson François, Setrak, Gina Bachauer, Yvonne Lefébure, Marcelle Meyer, Vlado Perlemuter, Magda Tagliaferro, Reine Gianoli, Hélène Boschi, Florence Delaage, Jerome Lowenthal, Jean Micault, Pnina Salzman, Rodica Soutzo, Thierry de Brunhoff ou bien encore Marguerite Monnot qui, avant de devenir la compositrice attitrée d'Édith Piaf, fut une concertiste talentueuse. D'autres élèves, au Québec, Yvonne Hubert et André Mathieu (le jeune compositeur appelé le Mozart québécois<ref>Modèle:Lien web</ref> au destin tragique), Claudine Perretti à Lausanne et Boulogne-Billancourt, et Blanche Bascourret de Guéraldi à l'École normale de musique de Paris, pour n'en citer que deux, sont devenus des pédagogues très renommés<ref>Modèle:Ouvrage.Modèle:Citation étrangère</ref>.

Attitude pendant la guerre

L'attitude d’Alfred Cortot sous l'Occupation est marquée par une proximité avec le régime de Vichy. On lui reprochera également ses tournées en Allemagne nazie. Son attitude à l'égard des musiciens juifs fait l'objet de témoignages contradictoires. Des historiens nuancent aujourd'hui la Modèle:Citation qui s'est créée à son encontre et relativisent son rôle dans le régime de Vichy.

Une motivation patriotique

En 1939, il a soixante-deux ans et est un artiste internationalement reconnu, une vedette aux yeux d'un large public. Ses engagements publics sont importants, mais comme le souligne François Anselmini, Cortot n'attend pas l'arrivée au pouvoir du Maréchal Pétain pour être un artiste engagé, et dans ce domaine également les Romantiques lui servent de modèle. Il décide de servir un Gouvernement qui est encore celui de la République et dès Modèle:Date- il replonge dans l'action politique et administrative. Reproduisant son attitude de 1914, il suspend toute activité musicale et retourne à l'administration des Beaux-Arts qu'il a fréquentée lors du premier conflit<ref group=w name=p34>Modèle:Harvsp</ref>.

En 1940, selon Anselmini Modèle:Citation<ref group=w name="p34"/>. Il prend donc part à la Révolution nationale promue par le maréchal Pétain, en espérant représenter une musique fondée sur des valeurs traditionnelles.

Une attitude critiquable

Pour Jacques Canetti, il n'est d'aucun secours aux différents artistes que la guerre a plongés dans l'aventure et dont certains l'avaient pourtant aidé jadis<ref name="Canetti"/>. Il semble qu'il ait été indifférent au sort de certains de ses anciens élèves, juifs, comme Clara Haskil et Vlado Perlemuter, ou condisciples comme Lazare-Lévy venus lui demander de l'aide. Dans son livre Je suis un violoniste raté (1973, Julliard), le critique musical Antoine Goléa brosse un tableau très dur de l'attitude de Cortot durant la Seconde Guerre mondiale ; il en est de même pour Jérôme Spickett dans sa biographie de Clara Haskil<ref>Jérôme Spycket Clara Haskil, éditions Payot</ref>. Il aurait cependant aidé Marya Freund et Manuel RosenthalModèle:Refnec.

En Modèle:Date-, puis en novembre de la même année, Cortot donne, à l'invitation de Wilhelm Furtwängler, une série de concerts publics en Allemagne et en particulier au Foyer français de Berlin. Il profite de cette occasion pour jouer devant de nombreux prisonniers français détenus dans les stalags et les camps de travailleurs proches de Berlin<ref group=w name="p117"/>. Cortot sera sollicité une seconde fois en 1943 par l'Ambassadeur de Vichy en territoire occupé, Fernand de Brinon, pour jouer à nouveau en Allemagne. Cortot refuse alors, conscient que sa présence en Allemagne sert avant tous les intérêts de la propagande nazie. Modèle:Citation<ref group="w" name="p117"/>

Débats autour d'une « légende noire »

Après la guerre, l'attitude de Cortot sera fortement stigmatisée et donnera lieu à une Modèle:Citation qui poursuivra le musicien jusqu'après sa mort.

Les travaux récents de l'historienne israélienne Limore Yagil apportent aujourd'hui des éléments nouveaux qui tempèrent cette image d'un musicien collaborateur. Ainsi, elle affirme que Modèle:Citation<ref group="w" name="p117"/> Elle détaille également les démarches entreprises par Cortot auprès des autorités de Vichy et des Nazis<ref group="w" name="p117"/>, et elle apporte un contrepoids et des éléments nouveaux qui rompent avec la vision couramment admise dans l'historiographie relative à Cortot. Il faut néanmoins relever le fait que les travaux de Limore Yagil ne font pas l'unanimité. Il faudra attendre la publication de la thèse de François Anselmini pour que la lumière soit faite. Celui-ci note dans un article que "c’est donc [surtout] par ses activités musicales que Cortot, à la fois gloire nationale et artiste parmi les plus engagés de la période, se comporte en champion de la Révolution nationale et de la Collaboratiion ('Notre national et international Cortot' in Chimènes et Simon, La Musique à Paris sous l’Occupation, 2013, p.179)

Pour Marie-Aude Roux, journaliste au Monde, Modèle:Citation bloc

Postérité

Au Japon, une île côtière porte le nom de Cortot (Cortoshima), témoignage de l'admiration que suscite le pianiste français dans l'archipel nippon<ref group=li>Modèle:Harvsp</ref>.

Les quelque 10 000 ouvrages et partitions annotés de sa main que comprenait sa bibliothèque musicale furent rachetés et sont conservés à la Médiathèque musicale Mahler de Paris<ref group=w>Modèle:Harvsp</ref>. Mais une partie des manuscrits dont Alfred Cortot s'était porté acquéreur ont été dispersés dans quelques-unes des plus grandes bibliothèques publiques du monde entier. La radio télévision suisse conserve les archives des entretiens avec Bernard Gavoty enregistrés en 1953<ref group=w>Modèle:Harvsp</ref>.

Annexes

Iconographie

Illustrations sonores

Robert Schumann (1810-1856)
Concerto pour piano op. 54 en la mineur
Alfred Cortot, Orchestre philharmonique de Londres, Landon Ronald (Direction)
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2° (Partie 1)
 
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3° (Partie 2)
 
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Modèle:Langue (Partie 4)

Discographie

Compositeur Œuvre Orchestre Solistes Circonstance Lieu Label Date Commentaires
Chopin Berceuse Londres EMI 1949 André Tubeuf
Chopin Études EMI 1934
Chopin Préludes Londres EMI 1933 et 1934 André Tubeuf
Franck Prélude, Choral et Fugue Londres Dante 1932
Franck Prélude, Aria et Finale Londres Dante 1929
Franck Variations symphoniques Orchestre symphonique de Londres Direction Landon Ronald Londres Dante 1934

Publications

  • Modèle:Ouvrage. Il existe également une édition antérieure de cet ouvrage, publiée par Les Éditions Rieder (Paris), le premier volume sans date de parution, le second avec la date : M.CM.XXXII, soit 1932. Ces essais avaient déjà paru dans La Revue Musicale.
  • Modèle:Ouvrage
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  • Alfred Cortot : Principes rationnels de la technique pianistique - Editions Salabert (SLB4096)
  • Alfred Cortot : Editions de travail des œuvres de Chopin :
    • Etudes opus 10, 25 (ISMN 979-00480600498) - Editions Salabert (SLB00589800)
    • Scherzos opus 20, 31, 39, 54 (ISMN 979-0048041332) - Editions Salabert (SLB3836)
    • Ballades opus 23, 38, 47, 52 (ISMN 979-0048005136) - Editions Salabert (SLB00383400)
    • Préludes opus 28 (ISMN 979-0048005020) - Editions Salabert (SLB381700)
    • Sonate opus 35 - Editions Salabert (SLB00592100)
    • Sonate opus 58 - Editions Salabert (SLB3853)
    • Nocturnes opus 9, 15, 27, 32, 37, 48, 55, 62 (ISMN 979-0048060333) - Editions Salabert (SLB5921)
    • Valses (ISMN 979-0048041325) - Editions Salabert (SLB00383100)
    • Impromptus opus 29, 36, 51 et Fantaisie-Impromptu opus 66 (ISMN 979-0048041318) - Editions Salabert (SLB0038300)
    • Mazurkas opus 59, 63, 67, 68 (ISMN 979-0048041394) - Editions Salabert (SLB00384600)
    • Polonaises (ISMN 979-0048003682) - Editions Salabert (SLB3828)
    • Fantaisie opus 49, Barcarolle opus 60, Tarentelle opus 43, Berceuse opus 57 - Editions Salabert (SLB5415)
  • Alfred Cortot : Editions de travail des œuvres de Schumann :
    • Variations sur le nom « Abegg » opus 1 - Editions Salabert (SLB3910)
    • Papillons opus 2 - Editions Salabert (SLB3911)
    • Carnaval opus 9 - Editions Salabert (SLB3912)
    • Humoresque opus 20 (ISMN 979-0048004290) - Editions Salabert (SLB00389000)
    • Scènes d'enfants opus 15 (ISMN 979-0048004825) - Editions Salabert (SLB00391400)

Notes et références

Notes

Modèle:Références nombreuses

Références

Livres

Modèle:Références nombreuses

Articles

Modèle:Références

Pages web

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Voir aussi

Bibliographie

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Livres

Articles ou publications collectives

Webographie

Article connexe

Liens externes

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