Stefan Zweig

{{#ifeq:||Un article de Ziki, l'encyclopédie libre.|Une page de Ziki, l'encyclopédie libre.}}
  1. redirect Modèle:Voir homonymes

Modèle:Infobox Écrivain

Stefan Zweig (Modèle:MSAPI<ref>Prononciation en allemand retranscrite selon la norme API.</ref>), né le Modèle:Date de naissance à Vienne en Autriche-Hongrie et mort le Modèle:Date de décès<ref>Modèle:Ouvrage.</ref> à Petrópolis au Brésil, est un écrivain, dramaturge, journaliste et biographe autrichien.

Ami de Sigmund Freud, Arthur Schnitzler, Romain Rolland, Richard Strauss, Émile Verhaeren, Stefan Zweig a fait partie de l'intelligentsia viennoise. Il quitte son pays natal en 1934, en raison de la montée du nazisme et de ses origines juives pour se réfugier à Londres, puis au Brésil où il se suicidera. Son œuvre est constituée essentiellement de biographies (Joseph Fouché, Marie-Antoinette, Marie Stuart), mais aussi de romans et de nouvelles (Amok, La Pitié dangereuse, La Confusion des sentiments, Le Joueur d'échecs). Dans son livre testament, Le Monde d'hier. Souvenirs d'un Européen, Zweig se fait chroniqueur de cet « âge d'or » de l'Europe et analyse ce qu'il considère comme l'échec d'une civilisation.

Biographie

La lente maturation d'un écrivain (1881-1904)

Stefan Zweig est le fils de Moritz Zweig, né en 1845, qui appartenait à une famille juive originaire de la Moravie, et avait d'abord été marchand avant de fonder, à l'âge de trente ans, une petite tisseranderie, dans le Nord de la Bohême, et de devenir fortuné comme fabricant de tissus ; Moritz Zweig épouse Ida Brettauer, née en 1854, fille d'un banquier récemment installé à Vienne après avoir fait ses débuts à Ancône. Stefan Zweig naît le Modèle:Date à Vienne. Avec son frère aîné, Alfred, il complète une famille qui Modèle:Citation. À l'exemple de ses parents, il ne parle pas le yiddish, ne fréquente pas la synagogue, ne pratique pas ses traditions culturelles, et l'auteur n'aime pas s'entendre rappeler qu'il est juif<ref>Dominique Bona : Stefan Zweig, Modèle:P..</ref>.

Zweig est élevé à Vienne, sur le Ring, dans une atmosphère bourgeoise et conformiste, caractéristique du règne de l'empereur François-Joseph. Inscrit en 1887 au Maximilian Gymnasium (actuel Modèle:Lien), il y subit un enseignement scolaire extrêmement rigide et autoritaire, Modèle:Citation. Il réussit à obtenir son baccalauréat en Modèle:Date<ref>Modèle:Lien web.</ref>, avec mentions en allemand, physique et histoire. À l'université de Vienne, il s'inscrit en philosophie et en histoire de la littérature, étudie la romanistique et la germanistique. À Vienne, il va être associé au mouvement d'avant-garde Jeune Vienne<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Fichier:Stefan Zweig 1900 cropped.jpg
Stefan Zweig à Vienne, vers 1900.

À dix-neuf ans il quitte le foyer familial pour une chambre d'étudiant. Il s'intéresse aux poètes, en particulier Rainer Maria Rilke et Hugo von Hofmannsthal, déjà adulés en dépit de leur jeune âge. Zweig s'essaie lui-même à l'écriture, qui l'attire de plus en plus. Il compose plusieurs poèmes, dont une cinquantaine vont être réunis dans un recueil, Les Cordes d'argent, publié en 1901. Même s'il reniera ensuite cette première publication, elle lui attire un succès d'estime, mais outre ces poèmes, Zweig écrit également de courts récits, dont Dans la neige (Modèle:Langue), qui paraîtra également en 1901 dans le journal viennois sioniste Modèle:Lien.

Fichier:Stefan Zweig 1900.jpg
Stefan Zweig (debout) et son frère Alfred, vers 1900.

Modèle:Citation. Ses premiers essais, sous forme de feuilleton au « rez-de-chaussée », sont publiés dans « Modèle:Langue », dont le rédacteur littéraire est Theodor Herzl : toutefois, Zweig ne sera pas attiré par le sionisme<ref group="N">Modèle:Citation. Le monde d'hier, Stefan Zweig.</ref> ; ce n'est que tardivement qu'il rendra hommage à cet homme engagé. Une publication qui incitera ses parents à accepter sa carrière d'écrivain.

Encouragé par ces premiers succès, mais doutant encore de son talent, Zweig séjourne à Berlin. Il y découvre une autre avant-garde : les romans de Fiodor Dostoïevski et la peinture d'Edvard Munch. Il fréquente de nombreux cercles, rencontre Rudolph Steiner<ref group="N">Modèle:Citation. Le monde d'hier, Stefan Zweig.</ref> ; en Belgique il voit Charles Van der Stappen, Émile Verhaeren, Ellen Key, avant de rencontrer Modèle:Lien en Italie et de se lier d'amitié avec Johan Bojer. À son retour à Vienne, il défend sa thèse sur Hippolyte Taine, philosophe et historien français (Modèle:Date), ce qui lui confère le titre de docteur en philosophie.

Avant la Première Guerre mondiale, porté par sa curiosité, il fait de nombreux voyages (Modèle:Langue) : il parcourt l'Europe, effectue de longs séjours à Berlin, Paris, Bruxelles<ref group="N">Modèle:Citation. Le Monde d'hier, Stefan Zweig.</ref> et Londres, et en 1910, sur un conseil de Walther Rathenau, se rend en Inde<ref group="N">Frappé par la séparation des classes qu'il entrevoit dès le trajet en bateau, Zweig écrit : Modèle:Citation.</ref>, puis aux États-Unis et au Canada en 1911. Plusieurs chroniques publiées dans le Frankfurter Zeitung en témoignent, dont une, intitulée « Chez les Français du Canada » et qui relate un passage méconnu de Stefan Zweig au Québec<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Dans son journal, il se plaint de cette Modèle:Citation qui ne le laisse jamais en paix et justifie son goût des départs. Zweig voyage autant pour connaître et apprendre que pour se fuir lui-même, dans le mirage des changements d'horizons<ref>Dominique Bona : Stefan Zweig, Modèle:P..</ref>.

Les rencontres décisives (1904-1933)

1904-1914 : période d'écriture

Fichier:Romain Rolland-1914.jpg
Romain Rolland en 1914.

Ses nombreux voyages ne l'empêchent pas de poursuivre ses activités d'écrivain (un recueil de nouvelles est publié en 1904), et de traduction, notamment de Verlaine, qu'il admire passionnément. Il traduit également le poète Émile Verhaeren, qu'il a rencontré à Bruxelles et dont la vitalité, à l'opposé de l'atmosphère engoncée de Vienne, influencera durablement le jeune Zweig.

Après une tentative dans le domaine du théâtre, avec sa pièce Thersite, sorte d'antihéros de la guerre de Troie, Zweig rencontre en Modèle:Date l'écrivain français Romain Rolland, dont il partage les idéaux paneuropéens et l'esprit de tolérance, à l'opposé des visions nationalistes étriquées et revanchardes. Zweig et Rolland deviendront des amis proches, unis par leurs intuitions sur l'Europe et la culture. Le jeune Stefan Zweig a d'emblée été conquis par l'œuvre de Romain Rolland et plus encore par l'homme. Il a été séduit par sa connaissance de la culture allemande, mais aussi son humanisme, son pacifisme, qui lui semblent représenter une synthèse entre leurs deux cultures. Ils s'écrivent beaucoup : on a retrouvé Modèle:Nobr de Stefan Zweig à Romain Rolland et Modèle:Nobr de Romain Rolland à Stefan Zweig.

Le Modèle:Date, quand Romain Rolland fait paraître Jean-Christophe, Stefan Zweig publie un article dans le Modèle:Langue : Modèle:Citation.

Entre ces deux hommes, c'est l'histoire d'une grande amitié, qui commence par une relation de maître à disciple. Stefan Zweig fait connaître Romain Rolland en Allemagne, travaillant inlassablement à sa renommée. Il fait représenter son Théâtre de la Révolution et Romain Rolland lui dédie la pièce qu'il termine en 1924 intitulée Le jeu de l'amour et de la mort avec ces mots : Modèle:Citation. Durant cette période, ils se voient souvent, chaque fois qu'ils en ont l'occasion : en 1922, Stefan Zweig est à Paris et l'année suivante, c'est Romain Rolland qui passe deux semaines à Salzbourg, au Kapuzinerberg ; en 1924, ils sont à Vienne pour le soixantième anniversaire de Richard Strauss : le Modèle:Date, Stefan Zweig présente son ami à Sigmund Freud, qu'il désirait rencontrer depuis longtemps ; en 1925, ils se retrouvent à Halle pour le festival Haendel, puis ils partent pour Weimar, visiter la maison de Goethe et consulter les archives de Nietzsche. En 1926, pour les soixante ans de Romain Rolland, paraît son livre jubilaire, conçu en grande partie par Stefan Zweig, qui va donner dans toute l'Allemagne de nombreuses conférences sur l'œuvre de son ami à propos de qui il a cette phrase magnifique : Modèle:Citation. En 1927, ils célèbrent ensemble à Vienne le centenaire de la mort de Beethoven, et c'est à l'initiative de Stefan Zweig que Romain Rolland fait partie des personnalités invitées aux festivités et que ses articles et son hommage à Beethoven paraissent dans nombre de journaux.

À trente ans, Zweig connaît une première idylle, en la personne de Friderike Maria Burger (1882-1971), déjà mariée et mère de deux filles. Durant les années qui vont suivre, les deux amants se voient régulièrement, et coulent des jours paisibles. Zweig poursuit ses voyages et entame un ouvrage sur Dostoïevski.

En 1920, il se marie avec Friderike et son bonheur semble parfait.

Le Modèle:Date 1914, l'assassinat de François-Ferdinand plonge l'Europe dans la guerre. Zweig revient à Vienne et cède durant une brève période à un élan patriotique. Il rédige des articles dans lesquels il prend parti pour l'esprit allemand, avant de retrouver bientôt la voie de ses idéaux de fraternité et d'universalité. Romain Rolland et Stefan Zweig sont atterrés par la guerre qui commence, et le Modèle:Date, Romain Rolland écrit : Modèle:Citation. Mais contrairement à Stefan ZweigModèle:Référence nécessaire, il se reprend vite, et publie en 1915 Au-dessus de la mêlée. C'est l'opiniâtreté de Romain Rolland dans sa lutte contre la guerre qui sauve Stefan Zweig de la dépression et fait qu'il admire de plus en plus celui qu'il considère comme son maître.

1914-1916 : Zweig pendant la guerre

Jugé inapte au front, Zweig est enrôlé dans les services des archives militaires<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Il y apprend les nouvelles du front, les morts par milliers et les villages anéantis. Quelques rares voix s'élèvent pour appeler à la raison et au dépôt des armes. Elles sont mal reçues. Plusieurs de ses anciens amis, dont Zweig est maintenant coupé, entretiennent le feu. Même Émile Verhaeren, que Zweig admirait tant, publie des textes remplis de haine et de vengeance.

Envoyé sur le front polonais pour collecter des documents d'archives<ref>Modèle:Ouvrage</ref>, Zweig a l'occasion de constater concrètement ce que la guerre entraîne de souffrance et de ruine. Les scènes déchirantes dont il est témoin renforcent sa conviction que la défaite et la paix vaudraient mieux que la poursuite de ce conflit insensé. Il prend également conscience du sort que subissent nombre de Juifs, confinés dans des ghettos<ref>Modèle:Harvsp</ref>.

À cette période, encouragé par son ami Léon Bazalgette, son style perd en ésotérisme, pour gagner en réalisme<ref group="N">Modèle:Citation. Le monde d'hier, Stefan Zweig.</ref>.

1916-1933 : le succès

De retour en Autriche, Zweig quitte Vienne et s'installe en compagnie de Friderike à Kalksburg. Plus éloigné des rumeurs de la guerre, Zweig est en mesure de terminer sa pièce de théâtre Jérémie (1916), où il laisse entrevoir la possibilité d'une défaite de l'Autriche. L'ouvrage lui donne l'occasion d'aller en Suisse en 1917, pour assister aux répétitions lors de sa création à Zurich. Il en profite pour rencontrer nombre de pacifistes, en particulier son ami Romain Rolland à Genève. Ils somment les intellectuels du monde entier de se joindre à eux dans un pacifisme actif — qui fut décisif dans l'attribution du prix Nobel de littérature à Romain Rolland. Zweig restera pacifiste toute sa vie et préconise l'unification de l'Europe.

L'armistice est signé en 1918. En Modèle:Date, Zweig, en compagnie de Friderike et de ses filles, peut enfin revenir en Autriche et s'installe à Salzbourg, déterminé à Modèle:Citation et à laisser derrière lui les regrets inutiles.

Les années 1920 voient effectivement Zweig se consacrer à une production abondante : ce seront Trois Maîtres (Balzac, Dickens, Dostoïevski), Le Combat avec le démon (sur Kleist, Hölderlin et Nietzsche), et enfin Trois poètes de leur vie (essais sur Stendhal, Casanova et Tolstoï) ; viendra plus tard La Guérison par l'esprit (sur Freud, — à qui il fait lire ses nouvelles avant parution, et dont il rédigera en 1939 l'oraison funèbre —, Franz-Anton Mesmer et Mary Baker Eddy). Polyglotte accompli, Zweig traduit de nombreuses œuvres : de Charles Baudelaire, Arthur Rimbaud, Paul Verlaine, John Keats… Il nourrit toute sa vie une grande passion pour les autographes et les portraits d'écrivains, qu'il collectionne.

Fichier:Stefan Zweig 1927.jpg
Carte postale expédiée de Salzbourg par Stefan Zweig (1927).

Zweig parcourt l'Europe, donne de multiples conférences, rencontre des écrivains, des artistes, et tous ses vieux amis dont la guerre l'avait séparé. Fidèle à ses idéaux pacifistes, il invite les pays à fraterniser entre eux plutôt que de nourrir les antagonismes et les conflits. Il prêche pour une Europe unie, conviction qu'il défendra jusqu'à la fin de sa vie.

Ces activités apportent à Zweig la célébrité, qui commence avec sa nouvelle Amok, publiée en 1922. Dès lors, tous ses ouvrages sont des succès de librairie. Sa notoriété grandit et le met à l'abri des soucis financiers dans les difficiles années d'après-guerre. En contrepartie, la notoriété, nourrie par les traductions en plusieurs langues, entraîne son lot de sollicitations et d'engagements. Zweig s'épuise dans d'interminables tournées. Il ne trouve le repos que dans l'isolement de sa villa à Salzbourg, auprès de Friderike. Là, il reçoit ses amis, écrivains, musiciens et penseurs, d'où qu'ils viennent. Il tisse des liens avec de jeunes auteurs qui lui seront reconnaissants de l'aide et des encouragements qu'il leur a apportés.

En 1925, Zweig remanie la pièce Volpone de Ben Jonson. Cette pièce, traduite dans plusieurs langues, reçoit un accueil enthousiaste et contribue encore à sa renommée.

Zweig ne délaisse pas pour autant ses biographies. Il consacre un ouvrage à l'homme politique français Joseph Fouché en 1929, qui, en son temps, préfigurait déjà les jeux de coulisse que Zweig pressent dans les États européens. Les biographies, pour Zweig, sont l'occasion d'éclairer le présent à la lueur des agissements passés. Elles mettent en lumière toute l'incapacité apparente des hommes à apprendre de leurs erreurs, particulièrement en cette époque où apparaissent déjà les premiers signes avant-coureurs des nouvelles catastrophes à venir.

Zweig reconnaît sa dette envers Freud et lui exprime sa gratitude, notamment dans une lettre datée du Modèle:Date. Il lui confie que la psychologie est « la grande affaire de [sa] vie », et que l'influence du psychanalyste a été fondamentale car il a appris Modèle:Citation à des écrivains tels que Proust, D.H. Lawrence, James Joyce en levant leurs inhibitions : Modèle:Citation lui dit-il, Modèle:Citation. Il ajoute que l'autobiographie en particulier a gagné en clarté et en audace<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Parallèlement à sa carrière d'écrivain, Zweig consacre une grande part de son temps et de ses revenus à sa collection de manuscrits, de partitions et d'autographes. Elle constitue un véritable trésor, assemblée comme une œuvre d'art, où on retrouve notamment une page des Carnets de Léonard de Vinci, un manuscrit de Nietzsche, le dernier poème manuscrit de Goethe, des partitions de Brahms et de Beethoven. Cette collection inestimable sera confisquée par les nazis, dispersée et en grande partie détruite. Elle lui aura toutefois inspiré quelques textes, dont La Collection invisible.

À l'aube de la cinquantaine, Zweig subit l'usure du couple avec Friderike. Il entreprend un ouvrage sur Marie-Antoinette d'Autriche, où il explore le thème des êtres frappés par la tragédie, qui savent trouver dans le malheur une forme de rédemption et de dignité. L'ouvrage connaîtra un grand succès, tout juste avant la prise du pouvoir par les nazis en 1933.

Les années d'exil (1933-1942)

Montée du nazisme

Fichier:Stefan Zweig, Fundo Correio da Manhã - 3.tif
Photographie de Stefan Zweig dans le Correio da Manhã.

L'arrivée au pouvoir d'Adolf Hitler vient bouleverser la vie de Zweig, qui a très tôt une conscience claire du terrible danger que représente le dictateur pour les Juifs, pour l'Autriche et pour toute l'Europe. Cette année charnière voit l'exil forcé d'un grand nombre des amis allemands de Zweig. Lui-même juif, il suit avec effarement les troubles qui agitent le pays voisin. Il hésite à prendre position, voulant comme toujours se situer en dehors des choix politiques qui conduisent trop souvent à l'affrontement. Il est soutenu par le compositeur Richard Strauss, qui lui commande un livret et qui refuse de retirer le nom de Zweig de l'affiche pour la première, à Dresde, de son opéra Modèle:Langue (La Femme silencieuse). Mais finalement Zweig se sent mal à l'aise avec Strauss, qui ne prend pas ouvertement position contre le régime. L'opéra ne sera d'ailleurs présenté que trois fois, jugé comme une Modèle:Citation<ref>R. Strauss, S. Zweig, Modèle:Langue, W. Schuh (éd.), Frankfurt a. M., S. Fischer Verlag, 1957. Trad. fr. : Correspondance 1931-1936, B. Banoun (trad. et éd.) et N. Casanova (trad.), Paris, Flammarion, coll. Harmoniques, 1994. B. Banoun, L'opéra selon Richard Strauss : un théâtre et son temps, Paris, Fayard, 2000.</ref>. Zweig suscite également la colère des nazis lorsque l'une de ses nouvelles (Brûlant secret, en allemand Brennendes Geheimnis, publiée en 1911), est adaptée au cinéma en 1933 par Robert Siodmak, sous le titre Modèle:Langue. Un autodafé a lieu à Berlin et ses œuvres en sont aussi victimes.

De son côté, Zweig s'intéresse ensuite à Érasme, en qui il voit un modèle humaniste proche de ses conceptions. La neutralité de Zweig est cependant bientôt mise à mal, lorsque l'Autriche, à son tour, succombe à la répression politique. Des partisans de la Ligue républicaine sont mitraillés dans les banlieues ouvrières. Zweig lui-même est l'objet d'une perquisition de la police du régime austrofasciste, qui a raison de toutes ses hésitations. Il fait aussitôt ses valises et décide de quitter le pays, en Modèle:Date. Il laisse tout derrière lui, persuadé, à juste titre et contre l'avis des siens, que le bruit des bottes n'ira qu'en augmentant. Ses rêves de paix s'évanouissent. Zweig quitte donc l'Autriche sans grand espoir d'y revenir.

Départ pour Londres

Réfugié à Londres, Zweig entreprend une biographie de Marie Stuart. Le personnage l'intéresse, au même titre que Marie-Antoinette, dans la mesure où leurs deux destins illustrent le côté impitoyable de la politique, que Zweig a en aversion. Il entame également une liaison avec Lotte (Charlotte Elisabeth Altmann) (1908-1942), sa secrétaire, tandis que Friderike refuse de le rejoindre à Londres, jugeant non fondées les appréhensions de son époux. Elle et bien des amis, aveugles aux nuages toujours plus sombres qui s'accumulent au-dessus de l'Europe, lui reprochent d'agir en prophète de malheur.

Mais Zweig persiste dans ses craintes et ses intuitions. Il refuse de choisir son camp, comme Érasme en son temps, privilégiant la neutralité et la conscience individuelle à l'alignement sur un courant politique. Cette attitude prudente éloigne ses vieux amis, dont l'écrivain Joseph Roth et Romain Rolland, qui a épousé la cause du marxisme-léninisme.

Fichier:Stefan Zweig and Friderike Zweig with unidentified others in the home of Henry and Grete Joske; Vence, France (3507968158).jpg
Stefan et Friderike Zweig chez Henry et Grete Joske, à Vence, en 1937.

En 1936 éclate la guerre d'Espagne. Zweig accepte alors l'invitation de se rendre au Brésil, laissant derrière lui une Europe divisée et troublée. Précédé par sa célébrité, Zweig est accueilli avec tous les honneurs. Lui-même est subjugué par la beauté de Rio de Janeiro et loge un temps au Copacabana Palace<ref>Modèle:Article.</ref>.

Il y entreprend la rédaction d'une nouvelle biographie. Elle est consacrée à l'explorateur Magellan, en qui Zweig voit un héros obscur, comme il les affectionne, demeuré fidèle à lui-même en dépit des embûches. Il termine l'ouvrage tant bien que mal, en proie à des tourments qui présentent tous les aspects d'une dépression.

Naturalisation britannique

De retour à Londres, Zweig suit l'actualité autrichienne de près. Ce qu'il appréhende depuis des années finit par se réaliser. Le Modèle:Date, Adolf Hitler traverse la frontière et proclame l'annexion de l'Autriche. Zweig se voit ainsi dépossédé de sa nationalité autrichienne et devient un réfugié politique comme les autres. Désireux d'échapper aux brimades réservées aux expatriés et considéré comme ennemi quand la guerre éclate, Zweig demande, puis reçoit enfin son certificat de naturalisation britannique. Entre-temps, il a rompu avec Friderike et a épousé Lotte. C'est avec elle qu'il quitte l'Angleterre durant l'Modèle:Date, juste avant le début des bombardements allemands sur Londres. Zweig cède de plus en plus au désespoir.

Comme pour compenser sa condition d'expatrié, il se plonge dans le travail. Avant de partir, il laisse un roman La Pitié dangereuse, paru en 1939. Il abandonne d'ailleurs derrière lui notes et manuscrits inachevés. Sa première escale est à New York, où sa condition d'Allemand lui attirera de l'hostilité. Il part pour le Brésil, pays qui lui avait fait une forte impression, et où il avait été bien reçu. Il est toujours accompagné de Lotte, dont la santé fragile commence à peser sur le couple.

Installation au Brésil et voyages en Amérique

Fichier:Casa Stefan Zweig in Petropolis.jpg
La maison de Stefan Zweig à Petrópolis.

Installé à Rio de Janeiro, Zweig parcourt le continent. Il se rend en Argentine et en Uruguay, pour une série de conférences, revient ensuite à New York en Modèle:Date, pour la dernière fois. Il y revoit Friderike, qui a réussi à émigrer aux États-Unis. Zweig demeure quelques mois là-bas, et fréquente ses vieux amis, expatriés comme lui. Le Modèle:Date, il prononcera sa dernière conférence. Désespéré et honteux du tort que cause l'Allemagne, il réitère néanmoins sa confiance en l'homme, mais on le sent alors très désabusé. De retour au Brésil durant l'été, il entreprend la rédaction de ses mémoires. Ce texte, dont il expédiera le manuscrit à son éditeur la veille de son suicide<ref>Le Monde d'hier. Souvenirs d'un Européen, quatrième de couverture Modèle:Isbn.</ref>, sera publié deux ans après sa mort sous le titre Le Monde d'hier. Souvenirs d'un Européen, et constitue un véritable hymne à la culture européenne que Zweig considérait alors comme perdue. Il revient sur les principales étapes de son existence, marquant de son témoignage un monde en destruction, comme s'il souhaitait qu'une trace de ce monde d'hier qu'il chérissait fût conservée. Il déménage ensuite à Petrópolis, où il fêtera le Modèle:Date, loin de ses amis et des honneurs, son soixantième anniversaire.

Modèle:Citation bloc

Fichier:Stefan Zweig suicide letter.jpg
Lettre d'adieu de Stefan Zweig, Petrópolis, Modèle:Date-<ref group="N">Modèle:Citation</ref>.

Suicide

Avec l'entrée en guerre des États-Unis en Modèle:Date, Zweig perd de plus en plus espoir. Il n'en continue pas moins son œuvre, dont Le Joueur d'échecs, bref roman qui sera publié à titre posthume, et qui met précisément en scène un exilé autrichien que les méthodes d'enfermement et d'interrogatoire pratiquées par les nazis avaient poussé au bord de la folie. Au mois de février, en plein carnaval à Rio, il apprend la chute de Singapour, principale base militaire britannique en Extrême-Orient.

Hanté par l'inéluctabilité de la vieillesse, ne supportant plus l'asthme sévère de Lotte, et moralement détruit par la guerre mondiale en cours, il décide qu'il ne peut plus continuer à assister ainsi, sans recours, à l'agonie du monde<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Il se rend à Barbacena, rend visite à l'écrivain Georges Bernanos, qui tente en vain de lui faire reprendre espoir<ref>Lapaque S, « Stefan Zweig : le mystère de sa fin tragique », Le Figaro, Modèle:Date-.</ref>.

Le Modèle:Date, après avoir fait ses adieux<ref>Modèle:Lien web.</ref> et laissé ses affaires en ordre (il laissera un mot concernant son chien, qu'il confie à des amis<ref>Modèle:Lien web.</ref>), Stefan Zweig met fin à ses jours en s'empoisonnant au Véronal (un barbiturique), en compagnie de Lotte qui refusa de survivre à son compagnon.

Traduction de la lettre par Laurence BaïdemirModèle:Qui : Modèle:Début citationAvant de quitter la vie de ma propre volonté et avec ma lucidité, j’éprouve le besoin de remplir un dernier devoir : adresser de profonds remerciements au Brésil, ce merveilleux pays qui m’a procuré, ainsi qu’à mon travail, un repos si amical et si hospitalier. De jour en jour, j’ai appris à l’aimer davantage et nulle part ailleurs je n’aurais préféré édifier une nouvelle existence, maintenant que le monde de mon langage a disparu pour moi et que ma patrie spirituelle, l’Europe, s’est détruite elle-même.

Mais à soixante ans passés il faudrait avoir des forces particulières pour recommencer sa vie de fond en comble. Et les miennes sont épuisées par les longues années d’errance. Aussi, je pense qu’il vaut mieux mettre fin à temps, et la tête haute, à une existence où le travail intellectuel a toujours été la joie la plus pure et la liberté individuelle le bien suprême de ce monde.

Je salue tous mes amis. Puissent-ils voir encore l’aurore après la longue nuit ! Moi je suis trop impatient, je pars avant eux.Modèle:Fin citation

Contrairement à ses vœux, il aura droit à des funérailles nationales lors de son enterrement à Petrópolis<ref>Selon Dominique Bona, dans sa biographie Stefan Zweig, 2011, réédition de 1997, éd. Perrin, Modèle:P..</ref>.

Adaptations biographiques à l'écran

photographie en couleurs d'un homme tenant un micro, vu en légère contreplongée
Josef Hader, interprète de Stefan Zweig dans le film de Maria Schrader Stefan Zweig, adieu l'Europe, photographié en 2016, année de sortie du film.

Œuvres

Fichier:LePetitParisien-26fev1942-Zweig.jpeg
Entrefilet du journal collaborateur Le Petit Parisien, où Stefan Zweig est présenté comme un « écrivain juif ». Sur la même page, figure un article reprenant un discours d'Adolf Hitler expliquant que « Les juifs seront exterminés », 26 février 1942.

Son œuvre, particulièrement éclectique, comporte quelques recueils de poésies, quelques pièces de théâtre (Thersite 1907, Volpone 1927…).

Mais Zweig est surtout connu pour ses nouvelles (Amok publiée en 1922, La Confusion des sentiments paru en 1926, Vingt-quatre Heures de la vie d'une femme publié en 1927), histoires de passion intense pouvant aller parfois jusqu’à la folie. Le Joueur d'échecs a été publié à titre posthume.

Il a écrit de nombreuses biographies (Fouché, Marie Stuart, Magellan, Marie-Antoinette…) d’une grande acuité psychologique et qui comportent une réflexion sur les problèmes de son temps (Érasme 1935). Il travaille durant plus de vingt ans à son recueil de nouvelles Les Très Riches Heures de l'humanité qui retracent les douze événements de l’histoire mondiale les plus marquants à ses yeux. Finalement, Zweig aura écrit quarante-trois récits ou nouvelles et deux romans, dont l'un est resté inachevé<ref>Stefan Zweig, La confusion des sentiments et autres récits, Robert Laffont, collection Bouquins, Paris, 2013, citant Klemens Renoldner, directeur de la société Zweig à Salzbourg.</ref>.

Il doit également le succès de ses ouvrages à sa maison d'édition allemande Insel fondée en 1901 à Leipzig par Alfred Walter Heymel. Elle a été dirigée de 1905 à 1950 par Anton Kippenberg.

Stefan Zweig dans son livre témoignage " Le Monde D'hier " paru en 1941 écrit ceci :

" Mais ce qui fut plus important pour moi ... la maison d’édition qui, trente ans durant, a gardé et fait réussir toute mon œuvre. Un tel choix est décisif dans la vie d’un auteur et je n’en aurais pu faire de plus heureux."

Fichier:Stolperstein Salzburg, Stefan Zweig (Kapuzinerberg 5).jpg
Stolperstein de Stefan Zweig au 5 Kapuzinerberg à Salzbourg (Autriche).

Livrets d'opéra

Poésies

  • Cordes d’argent, Berlin, 1901 (Modèle:Langue).
  • Les Couronnes précoces<ref>Stefan Zweig, 1 Romans et Nouvelles, La Pochotèque, Paris, 2000 (le livre fait référence à ce recueil mais ne contient que deux poèmes).</ref>, 1906 (Modèle:Langue).
  • La Vie d'un poète : Poèmes et écrits sur la poésie, inédit en français, traduction complète des poèmes et écrits sur la poésie de Zweig, édition bilingue, traduit de l'all. par Marie-Thérèse Kieffer, préface de Gérard Pfister, Éditions Arfuyen, Paris, 2021, 186 pages, Modèle:ISBN.

Romans et nouvelles

Théâtre

  • Thersite. Tragédie en trois actes (Modèle:Langue, 1907)<ref group="N">« Je n'ai pas besoin de dire ce que je pense aujourd'hui de ce morceau, qui ne vaut que par la forme, quand on saura que je ne l'ai jamais réédité, - comme d'ailleurs presque tous mes livres antérieurs à ma trente-deuxième année ». Le monde d'hier.</ref>.
  • La Maison au bord de la mer (Modèle:Langue, 1911).
  • Le Comédien métamorphosé. Un divertissement du Rococo allemand (Modèle:Langue, 1913).
  • Jérémie. Drame en neuf tableaux (Modèle:Langue, 1916, tr. fr. 2014).
  • Légende d’une vie, (Modèle:Langue, 1919, tr. fr. 2011).
  • Volpone (Modèle:Langue, 1925, adaptation fr. de Jules Romains 1927, tr. de l'éd. orig. 2014).
  • L’Agneau du pauvre. Tragicomédie en trois actes (tr. fr. 1930), aussi connu sous le titre Un caprice de Bonaparte. Pièce en trois actes (tr. fr. de Alzir Hella 1952) (Modèle:Langue, écrite 1929, créée 1930).
  • Adam Lux, trad. fr. Michel Tremousa, Publications de l'Université de Rouen, 84 p., 1995 Modèle:ISBN ; trad. fr. Olivier Mannoni, préf. Antoine de Baecque, Adam Lux : Dix tableaux de la vie d'un révolutionnaire allemand, Payot, coll. Petite Bibliothèque Payot Classiques, 208 p., 2021 Modèle:Isbn

Essais et biographies

Correspondance

Fichier:Tagebuch von Stefan Zweig.jpg
Journal de Stefan Zweig aujourd'hui passé dans la littérature.
  • Joseph Roth-Stefan Zweig, Correspondance 1927-1938 (préface, notes et traduction de Pierre Deshusses), Paris, Rivages, 2013 Modèle:ISBN.
  • Sigmund Freud-Stefan Zweig, Correspondance, Paris, Rivages, 1991.
  • Arthur Schnitzler-Stefan Zweig, Correspondance, Paris, Rivages, 1994.
  • Richard Strauss-Stefan Zweig, Correspondance 1931-1936, Paris, Flammarion, 1994.
  • Friderike Zweig-Stefan Zweig, L’Amour inquiet, Correspondance 1912-1942, Paris, Des Femmes, 1987 ; rééd. Les Belles Lettres, coll. "Domaine étranger", Paris, 450 p., 2022 Modèle:ISBN
  • Romain Rolland-Stefan Zweig, Rencontre 1911.
  • Amélie Breton-Stefan Zweig, Lettres 1922.
  • Émile Verhaeren-Stefan Zweig, Genève, Labor, 1996.
  • Stefan Zweig, Correspondance 1897-1919 (préface, notes et traduction de l’allemand par Isabelle Kalinowski), Paris, Le Livre de Poche, coll. « Biblio » no 3414, 2005 Modèle:ISBN.
  • Stefan Zweig, Correspondance 1920-1931 (préface, notes et traduction de l’allemand par Isabelle Kalinowski), Paris, Le Livre de Poche. coll. « Biblio » no 3415, 2005 Modèle:ISBN.
  • Stefan et Lotte Zweig, Lettres d'Amérique : New York, Argentine, Brésil, 1940-1942 (préface et notes par Darién J. Davis et Oliver Marshall), Paris, Grasset, 2012 Modèle:ISBN.
  • Stefan Zweig-Klaus Mann, Correspondance 1925-1941, Paris, Phébus, 2014.
  • Modèle:Ouvrage.
  • Modèle:Ouvrage.
  • Modèle:Ouvrage.

Adaptations de ses œuvres

Au cinéma ou à la télévision

Plusieurs œuvres de Zweig ont été adaptées à l'écran : Modèle:Catégorie détaillée

Par ailleurs, le film The Grand Budapest Hotel de Wes Anderson sorti en 2014 revendique l'œuvre de Zweig comme source d'inspiration, dans le générique de fin.

En 2016, un film, Adieu l'Europe, retrace les dernières années de l'écrivain, en Amérique.

Au théâtre

Des romans ou nouvelles de Zweig ont aussi été adaptés en pièces de théâtre : Modèle:Catégorie détaillée

Notes et références

Notes

Modèle:Références

Références

Modèle:Références

Annexes

Modèle:Autres projets

Bibliographie

Articles connexes

Modèle:Colonnes

Liens externes

Bases de données et dictionnaires

Modèle:Liens

Modèle:Portail