Service du travail obligatoire (France)
Modèle:Voir homonymes Modèle:Sources à lier
Le Service du travail obligatoire (STO) fut, durant l’occupation de la France par l’Allemagne nazie, la réquisition et le transfert vers l’Allemagne de centaines de milliers de travailleurs français contre leur gré, afin de participer à l’effort de guerre allemand que les revers militaires contraignaient à être sans cesse grandissant (usines, agriculture, chemins de ferModèle:Etc). Les personnes réquisitionnées dans le cadre du Modèle:Abréviation discrète étaient hébergées, accueillies dans des camps de travailleurs localisés sur le sol allemand. Il fut instauré par la loi du Modèle:Date-, faisant suite au relatif échec des politiques de volontariat et du système dit de Relève, qui aboutit à la présence en 1942, de Modèle:Unité venus de France en Allemagne, très en deçà des exigences de l'occupant<ref>Modèle:Lien web</ref>.
L’Allemagne nazie imposa au gouvernement de Vichy la mise en place du Modèle:Abréviation discrète, pour essayer de compenser le manque de main-d'œuvre dû à l’envoi d'un grand nombre de soldats allemands sur le front de l'Est, où la situation ne cessait de se dégrader. De fait, les travailleurs français sont les seuls d’Europe à avoir été requis par les lois de leur propre État et non par une ordonnance allemande. C'est une conséquence indirecte de la plus grande autonomie négociée par le gouvernement de Vichy comparativement aux autres pays occupés, qui ne disposaient plus de gouvernement propre.
L'exploitation de la main-d'œuvre française par le Troisième Reich a concerné des travailleurs obligatoires (les requis du Modèle:Abréviation discrète), des travailleurs volontaires attirés par la rémunération ou « prélevés » dans les entreprises dans le cadre de la Relève ainsi que les prisonniers de guerre. Un total de Modèle:Unité français fut acheminé vers l'Allemagne entre Modèle:Date- et Modèle:Date- auquel s'ajoutait la partie des soldats prisonniers retenus de force dans le pays, dont le nombre initial s'élevait à Modèle:Unité. Les travaux de recherche citent le chiffre de Modèle:Unité Modèle:Incise qui auraient travaillé en Allemagne entre 1942 et 1945<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. La France fut le troisième fournisseur de main-d'œuvre forcée du Reich après l'Union des républiques socialistes soviétiques (URSS) et la Pologne et fut le pays qui lui donna le plus d'ouvriers qualifiés.
Les requis ont fait partie jusque dans les années 1970 des « oubliés » de la Seconde Guerre mondiale, concurrencés sur le plan mémoriel par d'autres victimes de guerre, qui avaient été plus héroïques ou plus victimes qu'eux, notamment les prisonniers de guerre français, les déportés politiques et les victimes de la Shoah. Les premiers travaux de recherche sur la réquisition pour le travail ne sont lancés au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) que dans les années 1970 et ne se développeront que dans les années 1990. Les Modèle:Abréviation discrète ont parfois dû faire face au reproche de n'avoir pas désobéi et d'être partis renforcer le potentiel de la main-d'œuvre du Troisième Reich.
Au moment de leur rapatriement en France, les requis tiennent à être considérés comme des déportés du travail mais la concurrence mémorielle explique qu'ils se voient interdire l'utilisation de cette dénomination. Après une longue bataille parlementaire et judiciaire, les associations d'anciens « requis du travail obligatoire » obtiennent, par décret du Modèle:Date-, la dénomination officielle de « victimes du travail forcé en Allemagne nazie » mais celle de « déportés du travail » leur est refusée le Modèle:Date- par la Cour de Cassation<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.
Historique
Modèle:Article détaillé Dès l'automne 1940, des volontaires, au début majoritairement d'origine étrangère (notamment Russes, Polonais, Italiens) partent travailler en Allemagne. C'est aussi à Modèle:Nobr que l'occupant procède à des rafles arbitraires de main-d'œuvre dans les départements du Nord et du Pas-de-Calais, rattachés à Bruxelles.
La « Relève » (début 1942)
Modèle:Article détaillé Fritz Sauckel, surnommé le « négrier de l'Europe », est chargé le Modèle:Date- d'amener de la main-d'œuvre de toute l'Europe par tous les moyens. Il s'intéresse particulièrement à la France. Sa nomination est à peu près concomitante du retour au pouvoir de Pierre Laval. Jusqu'alors, moins de Modèle:Unité français volontaires sont partis travailler en Allemagne<ref name="Cointet378">Jean-Paul Cointet, Pierre Laval, Fayard, 1993 Modèle:ISBN, p. 378-380.</ref>. Le refus d'envoyer Modèle:Unité qualifiés a été l'une des causes de la chute de Darlan<ref name="Fred383">Fred Kupferman, Pierre Laval, Balland, 1987, Modèle:2e Tallandier, 2006, p. 383-388.</ref>. Au cours des Modèle:Nobr et 1943, Sauckel use d'intimidation et de menaces pour remplir ces objectifs. Face à lui, Laval, tour à tour négocie, temporise et obtempère, si bien que les relations entre les deux hommes sont tumultueuses, Sauckel louant Laval pour sa coopération ou le condamnant pour son obstruction<ref name="Kedward">H. Roderick Kedward, STO et Maquis, dans La France des années noires, tome 2, Seuil, 1993, p. 271-294.</ref>. On appelle « actions Sauckel » les exigences de main-d'œuvre formulées par Sauckel entre le Modèle:Nobr et le Modèle:Nobr.
Le travail obligatoire est institué en Europe de l'Ouest par un Anordnung de Sauckel du Modèle:Date-<ref name="Paxton421">Robert Paxton, La France de Vichy, éditions du Seuil, collection de poche, 1997, p. 421-25, Modèle:1re française en 1972.</ref>. Sauckel demande Modèle:Unité supplémentaires avant la fin du mois de juillet. Face à cette exigence, Laval recourt à sa méthode favorite qui consiste à négocier, gagner du temps et chercher des moyens d'échanges. C'est ainsi qu'il en vient à proposer le système de la Relève consistant à libérer un prisonnier de guerre pour trois départs en Allemagne de travailleurs libres ; cette relève est instituée et annoncée dans un discours du Modèle:Date-. Dans le même discours, Laval proclame : Modèle:Citation<ref name="Cointet378"/>. Dans une lettre envoyée le même jour au ministre allemand des Affaires étrangères, Ribbentrop, Laval place cette politique de la relève dans le cadre d'une participation de la France à l’effort de guerre allemand contre le bolchevisme, au travers de l’envoi de travailleurs<ref name="Fred383"/>. En tout, Modèle:Unité travailleurs, dont Modèle:Unité vont travailler pour le Troisième Reich.
La conscription obligatoire (automne 1942)
Le manque de succès de cette mesure (Modèle:Unité seulement à fin août) sonne le glas du volontariat. Le Modèle:Date-, une directive de Sauckel précise qu'il faut désormais recourir au recrutement forcé<ref name="Durand356">Pierre Durand, Histoire de la Deuxième Guerre mondiale, éditions complexes, 1997, p. 356-360 Comme Paxton, Durand se réfère généralement à Edward L. Homze, Foreign Labour in Nazi Germany, Princeton, 1967.</ref>. Du point de vue de Sauckel, la Relève a été un échec puisque moins de Modèle:Unité français sont partis en Allemagne à la fin du mois d'août. Il menace alors de recourir à une ordonnance pour réquisitionner la main-d'œuvre masculine et féminine, ordonnance qui ne peut s'appliquer qu'en zone occupée. Laval négocie l'abandon de l'ordonnance allemande au profit d'une loi française concernant les deux zones<ref name="Cointet393">Cointet, p. 393-394.</ref>. Ceci conduit à la loi française du Modèle:Date- qui introduit la conscription obligatoire pour tous les hommes de Modèle:Nobr et pour les femmes célibataires âgées de Modèle:Nobr<ref name="Kedward"/>. Cette loi de coercition est évidemment impopulaire et, au sein même du gouvernement, quatre ministres auraient manifesté leur opposition<ref>Robert Aron, Histoire de Vichy, 1940-1944, Fayard, 1954, p. 535.</ref>. En Modèle:Date-, l'objectif de Modèle:Unité de la première action Sauckel est atteint<ref name="Azema210">Jean-Pierre Azéma, De Munich à la Libération, 1938-1944, éditions du Seuil, 1979, p. 210-213.</ref>.
Toutefois, la réquisition forcée d'ouvriers, gardés par des gendarmes jusqu'à leur embarquement en train, suscite de nombreuses réactions hostiles. Le Modèle:Date- éclate une grève aux ateliers Modèle:Abréviation discrète d'Oullins, dans la banlieue lyonnaise, qui va s’étendre jusqu'au 17 dans le Rhône, à Saint-Étienne et Chambéry<ref>Modèle:Ouvrage</ref>,<ref>Modèle:Lien web</ref>. On écrit sur les trains « Laval assassin ! »<ref name="Fred413">Kupferman, p. 413-416.</ref>.
A la suite de ces événements, le gouvernement est forcé de reculer en zone sud, si bien qu'au Modèle:Date-, seuls Modèle:Unité requis ont en tout et pour tout quitté la zone sud<ref name="Spina">Raphaël Spina, Impacts du STO sur le travail des entreprises dans Actes du colloque Travailler dans les entreprises sous l'occupation, Christian Chevandier et Jean-Claude Daumas, Presses universitaires de Franche-Comté, 2007.</ref>.
Le service du travail obligatoire (1943-1944)
Après qu'Hitler eut ordonné, le Modèle:Date-, le versement dans l'armée de Modèle:Unité allemands, Sauckel exige, le Modèle:Date-, qu'en plus des Modèle:Unité déjà partis en Allemagne, un nouveau contingent de Modèle:Unité soit expédié d'ici la mi-mars<ref name="Kedward"/>. Pour satisfaire cette deuxième « action Sauckel », le Modèle:Date- Pierre Laval, après avoir vainement négocié<ref name="Wieviorka255">Jean-Pierre Azéma et Olivier Wieviorka, Vichy, 1940-1944, Tempus Perrin, 2004, pp. 255-257, Modèle:1re 1997.</ref>, instaure le Service obligatoire du travail (SOT) qui mobilise pour deux ans les jeunes gens Modèle:Citation et en fait de l'économie allemande<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. L'abréviation maladroite SOT suscitant les railleries, elle est remplacée au bout d'une semaine par STO. Les précédentes réquisitions, sous le régime de la Relève, ne concernaient théoriquement que des ouvriers. Avec la mise en place du Modèle:Abréviation discrète, le recrutement, de catégoriel, se fait désormais par classes d'âge entières. Les jeunes gens nés entre 1920 et 1922, c'est-à-dire ceux des classes « 1940 », « 1941 » et « 1942 » ont l'obligation de partir travailler en Allemagne (ou en France), s'agissant d'un substitut au service militaire. La jeunesse, dans son ensemble, devient la cible du Modèle:Abréviation discrète<ref name="Kedward"/>. La classe « 1942 » est la plus touchée et les exemptions ou sursis initialement promis aux agriculteurs ou aux étudiants disparaissent dès juin. Modèle:Refnec. Parmi les requis de la deuxième « action Sauckel », on compte Modèle:Unité des chantiers de jeunesse, du dernier contingent de la classe « 1942 »<ref name="Wieviorka255"/>. Il est à noter que des résistants communistes autrichiens exilés en France ont utilisé ce dispositif pour retourner résister dans leur pays sous de fausses identités françaises ce qui entraînera une forte répression au cours du premier semestre 1944<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.
Le Modèle:Date-, au cours d'une réunion de prières réunissant Modèle:Unité, à Roubaix, église Saint-Martin, le cardinal Liénart, évêque de Lille, exhorte les jeunes à y aller (le Journal de Roubaix titre : Modèle:Citation) ; une semaine plus tard, le cardinal expose sa pensée en trois points : l'occupant outrepasse ses droits, on peut donc désobéir sans péché mais le devoir de charité Modèle:Incise peut inciter à partir<ref>Jacques Duquesne, Les Catholiques français sous l'occupation, Fayard, 1986, Modèle:P.276-278, Modèle:1re 1966.</ref>.
Au total, Modèle:Unité partent entre Modèle:Date- et Modèle:Date-<ref name="Cointet433">Cointet, p. 433-434.</ref>. Laval aura mis l’inspection du travail, la police et la gendarmerie au service des prélèvements forcés de main-d’œuvre et de la traque des réfractaires au Service du travail obligatoire<ref name="Spina"/>. À la seconde action Sauckel succède une troisième : le Modèle:Date-, les Allemands présentent de nouvelles demandes, il leur faut Modèle:Unité en mai et Modèle:Unité en juin. Le Modèle:Date-, ils en exigent Modèle:Unité<ref name="Helga68">Helga Elisabeth Bories-Sawala, Dans la gueule du loup : Les Français requis du travail en Allemagne, Presses univ. Septentrion, 2010, p. 68-70.</ref>. Ces objectifs ne sont jamais atteints car des réfractaires de plus en plus nombreux échappent aux réquisitions et, finalement, ce sont les Allemands eux-mêmes qui mettent un terme, de fait, aux demandes de Sauckel. Le Modèle:Date-, le ministre de l'Armement du Reich Albert Speer conclut un accord avec le ministre du Gouvernement Laval, Jean Bichelonne, soustrayant de nombreuses entreprises travaillant pour l'Allemagne à la réquisition de Sauckel. Les hommes sont protégés mais l'économie française dans son ensemble est intégrée à celle de l'Allemagne<ref name="Cointet433"/>. De façon formelle, à côté de la nouvelle politique de Speer, Sauckel tente tant bien que mal de continuer la sienne de prélèvement de main-d'œuvre vers l'Allemagne. Ainsi, une quatrième action Sauckel lancée en 1944 s'avère être un fiasco complet<ref>Alan Milward, New Order and the French Economy, Oxford University Press, 1970, p. 160-165.</ref>.
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Arrêté interdisant dans le cadre du STO les licenciements sauf autorisation administrative.
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Coupure de presse rappelant les dispositions concrètes du STO.
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Note du secrétaire général à la main-d'œuvre relative à l'organisation du travail féminin dans l'entreprise, Modèle:Date-.
Avec le tarissement des ressources humaines à prélever, le développement des maquis explique aussi la chute des départs à partir de Modèle:Nobr, induisant le demi-succès de la troisième action Sauckel (de juin à Modèle:Date-) puis le fiasco de la quatrième en 1944. Ainsi, le Modèle:Abréviation discrète provoque le départ dans la clandestinité de près de Modèle:Unité, dont environ un quart gagne les maquis en pleine formation. Le Modèle:Abréviation discrète accentue la rupture de l'opinion avec le régime de Vichy et constitue un apport considérable pour la Résistance mais il place aussi cette dernière devant une tâche inédite, d'une ampleur considérable : résoudre le manque d'argent, de vivres, d'armesModèle:Etc pour des milliers de maquisards qui ont soudain afflué<ref name="Kedward"/>. Les réfractaires au Modèle:Abréviation discrète forment également une part significative mais difficilement quantifiable des quelque Modèle:Unité de France qui gagnent l'Espagne puis l'Afrique du Nord et s'engagent dans la France libre ou dans l'armée française de la Libération. Robert Belot évalue à 51,6% la part des jeunes de 20 à 23 ans dans la population des évadés par l'Espagne en 1943 et ajoute que ce chiffre Modèle:CitationModèle:Sfn. [[Fichier:P1120656 Paris VII place de Fontenoy plaque commémorative rwk.JPG|vignette|upright=0.8|Plaque commémorant l'action d'un groupe de résistants menés par Léo Hamon en 1944, place de Fontenoy ([[7e arrondissement de Paris|Paris Modèle:7e]]).]]
La Résistance vole ou détruit de nombreux registres d'état-civil, listes de recensement et fichiers du Modèle:Abréviation discrète. Le Modèle:Date-, un commando du Comité d'action contre la déportation dirigé par Léo Hamon, incendie 200 000 fiches dans les locaux parisiens du Commissariat général au Modèle:Abréviation discrète<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.
Faute de filière, de place dans le maquis ou de désir de se battre, de nombreux réfractaires se limitent toutefois à se cacher à domicile ou à se faire embaucher dans des fermes isolées où ils servent de main-d'œuvre à des paysans complices. Après l'automne 1943, ils sont aussi nombreux à rejoindre un vaste secteur industriel protégé mis en place par l'occupant et travaillant exclusivement pour son propre compte. Enfin, une part non négligeable des jeunes Français concernés par le Modèle:Abréviation discrète réussissent à passer à travers les mailles du filet en refusant le Modèle:Abréviation discrète mais sans pour autant entrer dans la clandestinité ; ces derniers ont la chance d'être progressivement oubliés par l'administration de l'occupant.
Probablement sans connexion avec la politique du Modèle:Abréviation discrète mais simplement parce qu'il est un dignitaire nazi circulant en voiture dans Paris, le délégué de Fritz Sauckel en France, le SS-Standartenführer (colonel) Julius Ritter, est abattu le Modèle:Date- par une équipe des Francs-tireurs et partisans - Main-d'œuvre immigrée (FTP-MOI]<ref>Une équipe des FTP-MOI (Marcel Rayman, Leo Kneler, Spartaco Fontano et Celestino Alfonso.</ref> du groupe Manouchian<ref name="Azema255">Jean-Pierre Azéma, De Munich à la Libération, 1938-1944, éditions du Seuil, 1979, p. 255.</ref>. Il est remplacé par le SS-Brigadeführer (général) Modèle:Lien.
Récapitulation du nombre des travailleurs français en Allemagne
À la fin de 1944, alors que la France est presque entièrement libérée par les Alliés, environ deux millions de Français se trouvent encore en Allemagne et la plupart travaillent plus ou moins pour le Reich. Parmi eux, on dénombre un million de prisonniers de guerre. Une seconde catégorie de Modèle:Unité est formée des anciens prisonniers de guerre qui ont choisi le statut de « travailleur libre », soumis aux lois nazies. Ils ne sont alors plus protégés par les conventions internationales. La convention de Genève de 1929 prévoit à l'article 27 que les prisonniers de guerre, militaires du rang de Modèle:2e classe à caporal-chef peuvent être mis au travail par la puissance détentrice<ref>https://www.icrc.org/applic/ihl/dih.nsf/Article.xsp?action=openDocument&documentId=ABB26BEE5860761DC12563BD002BCF6E.</ref>. Par ailleurs, Modèle:Unité du Modèle:Abréviation discrète forment la troisième catégorie. Quant aux travailleurs partis plus ou moins volontairement<ref>Modèle:Lien web</ref>, ils sont environ Modèle:Unité. À cela, s'ajoute une autre catégorie de « travailleurs » pour l'Allemagne : les Alsaciens ou Mosellans, enrôlés sous l'uniforme allemand dans le cadre du Reichsarbeitsdienst ou Service national du travail obligatoire pour les garçons et les filles entre 17 et 25 ans. À l'issue du service au RAD les garçons ont été, après août 1942, mobilisés dans l'armée allemande.
Prêtres-ouvriers et action catholique clandestine dans le Reich
Le Saint-Siège demande au maréchal Pétain, par l'intermédiaire de Léon Bérard, ambassadeur de France au Vatican, que les séminaristes français soient exemptés du Modèle:Abréviation discrète or, ceci n'est pas souhaité par les évêques français, qui entendent de la sorte ne pas déserter le terrain de la reconquête du monde ouvrier et ce monde ouvrier se trouve pour partie non négligeable en Allemagne. Ainsi, Modèle:Unité partent en Allemagne dans le cadre du Modèle:Abréviation discrète.
D'autre part, à compter de fin 1942, des négociations sont menées entre l'épiscopat français représenté par le cardinal Suhard et le Modèle:Refnec pour officialiser la présence d'aumôniers parmi les déportés du Modèle:Abréviation discrète. À la fin du mois de Modèle:Date-, le Modèle:Dr oppose un refus définitif à la demande des évêques français mais ceux-ci ont déjà envisagé d'envoyer des prêtres en Allemagne, non pas avec le statut d'aumônier, mais avec celui d'ouvrier. Il s'agit là de la naissance du mouvement des prêtres ouvriers. Pionnier, l'abbé Adrien Bousquet arrive à Berlin le Modèle:Date-.
À la suite du père Bousquet, Modèle:Unité sélectionnés par le père Jean Rodhain, aumônier national des prisonniers de guerre et futur fondateur du Secours catholique, sont envoyés clandestinement dans le Reich. En plus de ces clandestins organisés, d'autres prêtres sont requis sans que leur qualité de religieux soit détectée. Certains partent de leur propre initiative, parfois contre l'avis de leur évêque. Il y a également Modèle:Unité prisonniers de guerre, transformés en « travailleurs libres ». Avec les Modèle:Unité et les militants de l'Action catholique partis, contraints ou volontaires, cela représente au total un ensemble de quelque Modèle:Unité.
Pour les autorités allemandes, les travailleurs étrangers sont autorisés à assister aux offices allemands. Ils ne voient pas d'objection à ce que des ecclésiastiques étrangers soient employés comme travailleurs, à condition qu'ils s'abstiennent de toute activité spirituelle ou ecclésiastique. Cependant l'étau se resserre progressivement, toute activité religieuse auprès des travailleurs forcés devenant dangereuse pour les participants.
Le Modèle:Date-, Ernst Kaltenbrunner, chef de la sécurité du Reich, adresse une note à tous les fonctionnaires de la Gestapo. Il leur donne la consigne de rechercher tous les prêtres et séminaristes dissimulés sous le statut de laïcs, de les expulser ou de les emprisonner en cas de faute grave. Les responsables régionaux des groupes clandestins de Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC), seule organisation clandestine de soutien spirituel présente sur le territoire allemand, sont arrêtés et déportés. Les militants catholiques, encore actifs, doivent cesser toute activité catholique sous peine d'emprisonnement (voir à ce sujet Résistances chrétiennes dans l'Allemagne nazie, Fernand Morin, compagnon de cellule de Marcel Callo, D. Morin, éd. Karthala, 2014). L'un d'eux, Marcel Callo, fut béatifié par Jean-Paul II en 1987. Sur les Modèle:Unité clandestins envoyés en Allemagne, douze sont envoyés en camp de concentration, généralement à Dachau.
Les groupes de la Modèle:Abréviation discrète continuent néanmoins leur action malgré la répression. Un millier de groupes répartis dans Modèle:Unité allemandes sont répartis en Modèle:Unité. Des clans scouts se forment. Jacques Duquesne, en parlant d'eux, évoque une version moderne de l'« église des catacombes » : Modèle:Citation.
Dispositions statutaires
Admise en Belgique, bien que le Parlement français ne se soit jamais prononcé définitivement sur la qualification à donner aux requis du Modèle:Abréviation discrète, la dénomination officielle de « déporté du travail » est interdite aux associations de victimes du Modèle:Abréviation discrète par la justice française en 1992, pour éviter la confusion avec la déportation vers la mort qui a été le sort réservé aux résistants et aux Juifs, principalement.
Selon la Fédération nationale des déportés et internés politiques (FNDIP), fondée en 1945 et devenue en 1946 la Fédération nationale des déportés et internés résistants et patriotes (FNDIRP), Modèle:Unité seraient morts en Allemagne et Modèle:Unité été fusillés, pendus ou décapités pour « actes de résistance ». Les historiens jugent aujourd'hui ces chiffres excessifs et estiment qu'entre Modèle:Unité et Modèle:Unité ont perdu la vie en Allemagne<ref name="Spina2">Modèle:Harv</ref>. La majorité sont morts en raison de leur emploi dans des usines d'armement bombardées, souvent dans de mauvaises conditions et sous la surveillance fréquente de la Gestapo, ce qui a occasionné un taux de mortalité supérieur à celui des prisonniers de guerre. De 5 à Modèle:Unité d'entre eux sont morts dans des camps de concentration, victimes de la répression de la Gestapo. Au moins un millier est mort dans des camps d'éducation par le travail. Un certain nombre d'entre eux, mis à la disposition d'artisans, de la Reichsbahn, de la Poste ou de l'administration, ou, plus rarement, de fermes, sont morts de maladies mal soignées ou d'accidents de travail.
Entreprises allemandes ayant utilisé de la main-d’œuvre du Modèle:Abréviation discrète
Liste non exhaustive (par ordre alphabétique)
- Allgemeine Elektricitäts-Gesellschaft (AEG)
- Arado (constructions aéronautiques)
- Auto Union
- BASF
- BMW
- Daimler-Benz
- Deutsche Dunlop (Hanau)
- Fieseler (Kassel)
- Focke-Wulf
- Modèle:Lien (Berlin Treptow)
- Hermann Göring Werke, complexe sidérurgique principalement en Basse-Saxe près de Brunswick, employant Modèle:Unité sur Modèle:Unité, doté de Modèle:Unité fourneaux. Cette RWHG Modèle:Incise possède Modèle:Unité sidérurgiques dans le Reich, et cela en fait la plus importante société d’État industrielle du monde.
- IG Farben
- Lithopon Fabrikation (dans la petite ville de Wünschendorf-sur-Elster)
- Matra-Werke (Francfort-sur-le-Main)
- Messerschmitt
- Rautal-Werke (Wernigerode)
- Rodenstock
- Siemens
- Telefunken
- Volkswagen (à Wolfsbourg)
- Zeiss (Iéna, Dresde)
Exemples de conditions de travail
Constructions aéronautiques à Česká Kamenice
En 1943, après sa destruction par les Alliés à Berlin, une unité de construction aéronautique est déplacée à Česká Kamenice (République tchèque) dans les Sudètes (région annexée en 1938, précédemment tchécoslovaque).
Avec la complicité du gouvernement de Vichy, des jeunes gens, techniciens, tourneurs, sont interpellés dans leur propre famille ou sur leur lieu de travail, sinon convoqués, notamment chez Air-Équipement à Bois-Colombes (France) le Modèle:Date- ; avant leur départ pour Berlin, ou d'autres destinations comme Iéna, Leipzig, ils sont consignés à la caserne Mortier à Paris<ref group="note">Située 141, boulevard Mortier, dans le [[20e arrondissement de Paris|Modèle:20e arrondissement]].</ref>. Les familles sont éventuellement informées par courrier dans le but de leur apporter des affaires pour y passer la nuit : tout dépend en fait de la bonne volonté du gendarme qui a procédé à l'interpellation.
Près de Ceskà Kamenice, les nazis ont aménagé le site des mines et fait construire le camp de Rabstein par des déportés venant de plusieurs des Modèle:Unité dépendant du camp de concentration, à Modèle:Unité, de Flossenbürg en Allemagne (lui-même à environ Modèle:Unité à l'est de Nuremberg).
Le camp de Rabstein est situé dans un creux de vallon et les baraquements où logent les prisonniers sont souvent inondés. Les hommes insuffisamment vêtus souffrent de la faim, du froid et sont sujets à des rhumatismes.
Dans les caves humides et mal éclairées, les conditions de travail des ouvriers sont particulièrement pénibles avec Modèle:Unité de présence quotidienne obligatoire.
Usine de peinture à Wünschendorf-sur-Elster
Douze heures de présence quotidienne sont également exigées dans l'entreprise allemande de peinture dirigée par Modèle:M. à Wünschendorf-sur-Elster, près d'Erfurt ; le climat y est continental et les températures vont de Modèle:Nobr en hiver à Modèle:Nobr en été. Les conditions de travail y sont déplorables notamment pour les « disciplinaires »<ref group="note">Ceux qui ont été considérés « réfractaires », à leur départ de France.</ref>, les logements dans des baraquements sont malsains et la sous-alimentation est chronique. Il ne faut pas être surpris en train de se nourrir clandestinement sous peine de brimades ; néanmoins les ouvriers, pour survivre, doivent s'organiser et parviennent à voler des céréales et légumes dans les champs.
Les prisonniers de Wünschendorf, entre autres, ont également été contraints de travailler pour les entreprises de Weida, et de procéder à la reconstruction de la gare de Leipzig, détruite par un bombardement allié le Modèle:Date-.
Personnalités françaises ex-Modèle:Abréviation discrète
Liste non exhaustive (par ordre alphabétique)
- André Bergeron
- Antoine Blondin
- Joan Bodon
- Auguste Boncors
- Georges Brassens
- José Cabanis
- Marcel Callo, un requis du STO, déporté et mort à Mauthausen pour action catholique clandestine, a été béatifié Modèle:Nobr.
- François Cavanna, qui l’évoque dans son roman Les Russkoffs.
- Arthur Conte
- Raymond Devos
- Michel Galabru
- Marcel Hordenneau
- Stéphane Just
- Boby Lapointe
- Félix Marten
- Jacques Martin, auteur de bandes dessinées.
- Claude Ollier
- Léon Ozenne, ancien président du Groupement national de réfractaires.
- Jean-Louis Quéreillahc qui l'évoque dans son livre J'étais STO.
- Roger Rémondon
- Alain Robbe-Grillet
Cas de Georges Marchais
Modèle:Section à sourcer Une controverse a entouré le passé de Georges Marchais, secrétaire général du Parti communiste français (PCF) de 1970 à 1994, accusé d'avoir été volontaire en Allemagne chez Messerschmitt ; en effet, il n'a pas été requis par le Modèle:Abréviation discrète, contrairement à ses déclarations. Selon son biographe Thomas Hofnung<ref>Thomas Hofnung, Georges Marchais, l’inconnu du Parti communiste français.</ref>, Marchais n'a jamais été ni volontaire ni requis du Modèle:Abréviation discrète mais, en fait, aurait été muté en Allemagne par l'entreprise d'aviation qui l'employait en France en 1940. Cette entreprise (Voisin) fut tenue, après l'invasion allemande en Modèle:Date-, de travailler pour les autorités d'occupation, après avoir été réquisitionnée. Elle devint alors une quasi-filiale de Messerschmitt et assurait notamment l'entretien d'avions allemands qui lui étaient confiés pour réparation. En Modèle:Date-, Georges Marchais fut transféré en Allemagne, dans une usine du groupe Messerschmitt, près d'Augsbourg.
Selon Roger Codou<ref name="Codou">Cf. Modèle:Article</ref>, c'est plutôt chez AGO Flugzeugwerke, filiale aéronautique d'AEG, que le futur secrétaire général du Modèle:Abréviation discrète aurait été affecté. Modèle:Ref nec.
Notes et références
Notes
Références
Bibliographie
Mémoires
- Jean Couasse, Les Dix. Dans la galère du S.T.O., Châteaudun, 1997.
- Jean Pasquiers, Jeannot chez les nazis. Journal d'un Déporté du Travail 1943-45, bibliothèque d'Alexandrie Online.
- Michel Laurain, Souvenirs 1922-1945, archives départementales de l'Aude130 J 100
Études historiques
- Patrice Arnaud, Les Travailleurs civils français en Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale : travail, vie quotidienne, accommodement, résistance et répression, thèse de doctorat, Université de Paris-I, 2006, 1 942 p.
- Patrice Arnaud, Les STO. Histoire des Français requis en Allemagne nazie, Paris, CNRS Éditions, 2010, 592Modèle:Nb p. Réédition, collection Biblis. Paris, 2014. 797 p.
- Modèle:Ouvrage
- Helga Elisabeth Bories-Sawala, Dans la gueule du loup. Les Français requis du travail en Allemagne, Presses universitaires du Septentrion, avril 2010, 388Modèle:Nb p., accompagné de documents et illustrations sur CD.
- Jacques Evrard, La Déportation des travailleurs français dans le {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | IIIe{{#if:| }} }} Reich, Fayard, collection « Les grandes études contemporaines », Paris, 1972.
- Modèle:Ouvrage.
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- Dominique Morin, Résistances chrétiennes dans l'Allemagne nazie, Fernand Morin, compagnon de cellule de Marcel Callo, éd. Karthala, 2014.
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Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Fédération nationale des victimes et rescapés des camps nazis du travail forcé.
- Octobre lyonnais en 1942 : « Pas un homme en Allemagne ! »
- Inventaire du fonds d'affiches numérisées (104 affiches) relatif au travail en Allemagne entre 1940 et 1944 et notamment sur le Service du travail obligatoire. Ce fonds d'affiches est conservé à La contemporaine (Nanterre).