Philippe Pétain

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Modèle:Redirect Modèle:Infobox Personnalité politique

Philippe Pétain, né le Modèle:Date de naissance à Cauchy-à-la-Tour (Pas-de-Calais) et mort en détention le Modèle:Date de décès sur l'île d'Yeu (Vendée), est un militaire, diplomate et homme d'État français. Élevé à la dignité de maréchal de France en 1918, il est frappé d'indignité nationale et déchu de sa distinction militaire en 1945.

Militaire de carrière s'étant démarqué à l'École de guerre de la doctrine dominante de l'offensive à outrance, il est sur le point de terminer sa carrière comme colonel lorsque la Grande Guerre éclate, en 1914. Chef militaire à l'action importante, il est généralement présenté comme le vainqueur de la bataille de Verdun et, avec Georges Clemenceau, comme l'artisan du redressement du moral des troupes après les mutineries de 1917. Remplaçant Nivelle en Modèle:Date-, il reste commandant en chef des forces françaises jusqu'à la fin de la guerre, bien que placé sous les ordres de son rival Ferdinand Foch nommé généralissime des troupes alliées après la rupture du front le Modèle:Date-.

Auréolé d'un immense prestige au lendemain de la guerre, il est le chef de l'armée d'après-guerre. En 1925, il commande personnellement les forces françaises combattant aux côtés de l'Espagne dans la guerre du Rif, remplaçant le maréchal Lyautey. Devenu académicien en 1929, il occupe les fonctions de ministre de la Guerre de Modèle:Date- à Modèle:Date-, puis est nommé ambassadeur en Espagne en 1939, alors que le pays est dirigé par le général Franco.

Rappelé au gouvernement le Modèle:Date-, après le début de l'invasion allemande, il s'oppose à la poursuite d'une guerre qu'il considère comme perdue et dont il impute bientôt la responsabilité au régime républicain. Il devient président du Conseil en remplacement de Paul Reynaud le Modèle:Date- ; le lendemain, il appelle à cesser le combat. Selon la volonté d'Adolf Hitler, il fait signer l’armistice du 22 juin 1940 avec le Troisième Reich, à Rethondes. Investi des pleins pouvoirs constituants par l'Assemblée nationale, le Modèle:Date-, il s'octroie le lendemain le titre de « chef de l'État français », à Modèle:Nobr. Il conserve cette fonction durant les quatre années de l'occupation de la France par l’Allemagne nazie.

Installé en zone libre à Vichy à la tête d'un régime autoritaire, il abolit les institutions républicaines et les libertés fondamentales, dissout les syndicats et les partis politiques, et instaure une législation antisémiteModèle:Note dès août-Modèle:Date-. Il engage le pays dans la révolution nationale et dans la collaboration avec l'Allemagne nazie. Le « régime de Vichy », qu'il dirige jusqu'en Modèle:Date-, est déclaré Modèle:Citation par le général de Gaulle à la Libération.

Emmené contre son gré par les Allemands à Sigmaringen puis en Suisse, où il se rend aux autorités françaises, Philippe Pétain est jugé pour intelligence avec l'ennemi et haute trahison par la Haute Cour de justice en Modèle:Date-. Il est frappé d'indignité nationale, condamné à la confiscation de ses biens et à la peine de mort. Alors que la cour recommande la non-application de cette dernière en raison de son grand âge, sa peine est commuée en emprisonnement à perpétuité par le général de Gaulle. Il meurt sur l’île d'Yeu, où il est inhumé.

Modèle:Sommaire

Biographie

Jeunesse et formation

Henri Philippe Bénoni Omer Pétain naît le Modèle:Date- à Cauchy-à-la-Tour, dans une famille de cultivateurs installée dans la commune depuis le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle<ref name="lottman_13-15">Herbert R. Lottman (trad. Béatrice Vierne), Pétain, Éditions du Seuil, Paris, 1984, 732Modèle:Nb p. Modèle:ISBN, Modèle:P..</ref>. Il est le fils d'Omer-Venant Pétain (1816-1888) et de Clotilde Legrand (1824-1857)<ref name="lottman_13-15"/>. Il a quatre sœurs, Marie-Françoise Clotilde (1852-1950), Adélaïde (1853-1919), Sara (1854-1940) et Joséphine (1857-1862)<ref name="lottman_13-15"/>. Sa mère meurt et son père se remarie avec Marie-Reine Vincent. Trois autres enfants, demi-frère et sœurs, voient le jour : Élisabeth (1860-1952), Antoine (1861-1948)<ref>Dont l'un des fils, Hermant (Modèle:Date-) sera tué devant Douaumont, le Modèle:Date-.</ref>,<ref>SGA Mémoire des Hommes 14-18.</ref> et Laure (1862-1945)<ref name="lottman_13-15"/>.

Bien que son acte de naissance porte les prénoms Henri, Philippe, Bénoni, Omer<ref>Modèle:Lien web.</ref>, c'est Philippe qu'il choisit et, tout au long de sa vie, il prend soin de rectifier<ref name="lottman_13-15"/>.

Sa belle-mère néglige les enfants du premier lit de son mari et Philippe Pétain s'enferme dans le silence, ne parlant pas avant l'âge de trois ans<ref name="Rousso">Henry Rousso, Paule Muxel et Bertrand de Solliers, documentaire « Philippe Pétain » sur Arte, 2010.</ref>. Il est élevé par ses grands-parents maternels ; sa grand-mère lui apprend à lire. En 1867, à l'âge de Modèle:Nobr, il entre au collège Saint-Bertin situé à Saint-Omer, à trente kilomètres de Cauchy, et y montre des qualités en géométrie, grec, et anglais. La famille est marquée par le catholicisme. Philippe sert la messe quotidienne comme enfant de chœur<ref name="enfance mp">« L'enfance et l'adolescence », marechal-petain.com.</ref>. Un membre de la famille est canonisé en 1881 par Modèle:Souverain2 ; un de ses oncles et deux de ses grands-oncles sont abbés<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>,Modèle:Sfn.

Cet environnement influence Philippe Pétain ; marqué à Modèle:Nobr par la défaite de 1870, il décide d’être militaire<ref name="enfance mp" />,<ref>Son grand-oncle lui écrit notamment : Modèle:Citation</ref>. Son oncle paternel, l'abbé Legrand, le présente au châtelain du village de Bomy, Édouard Moullart de Vilmarest, qui souhaitait financer les études d'un jeune villageois se destinant à une carrière militaire. Philippe Pétain prépare, au collège des Dominicains d'Arcueil (1875), l'école de Saint-Cyr, où il entre en 1876.

Fichier:Philippe Pétain jeune officier.jpg
Philippe Pétain jeune officier.

À l’École spéciale militaire de Saint-Cyr, il est de la promotion Plewna, avec le vicomte Charles de Foucauld, futur saint catholique, et Antoine Manca de Vallombrosa, futur aventurier.

Entré parmi les derniers (Modèle:403e 412), il sort en milieu de classement (Modèle:229e 336).

Cinq ans sous-lieutenant, sept ans lieutenant, dix ans capitaine (promu en 1890), il gravit lentement les échelons militaires<ref name="officier mp">« L’officier d'état-major – L'École de guerre », marechal-petain.com.</ref>.

Il est admis en 1888 à l'École supérieure de guerre et en sort breveté d'état-major deux ans plus tard au rang modeste de Modèle:56e.

Plusieurs jeunes femmes de bonne famille (Antoinette Berthelin, Angéline Guillaume, Lucie Delarue, Marie-Louise Regad)<ref>Biographie du Maréchal Philippe Pétain.</ref> refusent ses demandes en mariage, car il n'est encore qu'un officier subalterne.

Sa vie personnelle est celle d'un homme à femmes : célibataire endurci jusqu'à son mariage avec Eugénie Hardon à 60 ans passés, il a de nombreuses maîtresses au cours de sa vie et fréquente souvent les maisons closes<ref name="Rousso" />,<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Opinions personnelles avant la guerre

Élevé dans le catholicisme, mais ayant une vie personnelle « de garnison », confronté à une certaine morgue de ses supérieurs et des « bonnes familles », Pétain reste discret sur ses opinions, dans l'esprit de la « grande muette ». Sa carrière est lente dans l'armée assez aristocratique des Modèle:Lnobr. Lors de l’affaire Dreyfus, le capitaine Pétain n'est pas antidreyfusard ; ultérieurement, il affirme à son chef de cabinet civil Henry du Moulin de Labarthète<ref>Modèle:Ouvrage.</ref> : Modèle:Citation. Il juge cependant que Dreyfus s’était mal défenduModèle:Sfn et que sa condamnation était logique : l'idée que Félix Gustave Saussier et Jean Casimir-Perier aient condamné Dreyfus en le sachant innocent l'aurait tourmentéModèle:NoteModèle:Sfn, voire scandalisé d'après les deux ministres pétainistes, Henri Moysset et Lucien Romier. En tout cas, il ne participe pas à la souscription en vue du Modèle:Citation<ref>Pierre Quillard, Le monument Henry – Liste des souscripteurs classés méthodiquement et selon l'ordre alphabétique, éd. Pierre-Victor Stock, Paris, 1899, Modèle:Chap.« L'Armée », Modèle:Pdf Modèle:Lire en ligne ; Modèle:Nobr publiées par La Libre Parole, entre le Modèle:Date- et le Modèle:Date-.</ref>, ouverte par le journal antisémite La Libre Parole, d'Édouard Drumont, pour la veuve du colonel Henry, responsable par ses faux de la condamnation du capitaine Dreyfus<ref>Henry du Moulin de Labarthète, Le Temps des illusions – Souvenirs (Modèle:Date--Modèle:Date-), éd. La diffusion du livre, 1947, Modèle:P..</ref>,Modèle:Sfn.

Philippe Pétain est promu dans la période de « républicanisation de l'armée » qui suit l'affaire Dreyfus : aide de camp de Joseph Brugère, général républicain nommé gouverneur militaire de Paris par le gouvernement de défense républicaine de Pierre Waldeck-Rousseau pour réduire l'influence antidreyfusarde dans l'arméeModèle:Sfn, Pétain est également un proche du général Percin, officier républicain impliqué dans l'affaire des fichesModèle:Sfn.

Toutefois, le militaire Pétain s'occupe fort peu de la vie politique de l'époque, et reste très discret sur ses opinions personnelles. Au contraire de beaucoup de militaires, il ne s’engage à aucun moment, pas plus lors de l'affaire des fiches en 1904 que lors des débats sur la séparation des Églises et de l'État en 1905.

Cette image d'un militaire républicain d'aucun parti perdurera dans l'entre-deux-guerres. Il ne semble pas avoir eu d'expression antisémite avant 1938 (en 1919, il signe une pétition demandant de Modèle:Citation<ref>Modèle:Ouvrage.</ref> et en 1938, une autre contre les persécutions en Allemagne).

Première carrière

Au début de sa carrière militaire, Philippe Pétain est affecté à différentes garnisons, mais ne participe à aucune des campagnes coloniales.

En 1900, chef de bataillon, il est nommé instructeur à l’École normale de tir du camp de Châlons-sur-Marne<ref>Biographie de Philippé Pétain sur le site Chemins de mémoire du Gouvernement français, cheminsdememoire.gouv.fr.</ref>. Il s’oppose à la doctrine officielle de l'époque qui veut que l'intensité du tir prime la précision et qui privilégie les attaques à la baïonnette pour l'infanterie et la poursuite à outrance pour la cavalerie<ref name="Aron31">Modèle:Article. Modèle:Commentaire biblio.</ref>. Il préconise au contraire l'utilisation des canons pour les préparations et les barrages d'artillerie, afin de permettre la progression de l'infanterie, laquelle doit pouvoir tirer précisément sur des cibles individuelles<ref name="Aron31"/>. Le directeur de l'école signale la Modèle:Citation<ref name="Aron31" /> Modèle:Citation<ref name="Aron31" />.

En 1901, il occupe un poste de professeur adjoint à l’École supérieure de guerre, à Paris, où il se distingue par des idées tactiques originales. Il y est de nouveau de 1904 à 1907, puis de 1908 à 1911 reprenant sans ménagement le poste de titulaire de la chaire de tactique de l’infanterie à Adolphe Guillaumat.

Il s’élève alors violemment contre le dogme de la défensive prescrit par l’instruction de 1867, Modèle:Citation. Mais il critique aussi le code d’instruction militaire de 1901 prônant la charge en grandes unités, baïonnette au canon, tactique en partie responsable des milliers de morts d’[[Première Guerre mondiale#Opérations militaires|août et Modèle:Date-]]. Humiliés par la défaite de 1870, les états-majors se montrent volontiers bravaches et revanchards. À partir de 1911, l'État-major prône l'offensive à outrance<ref group="alpha">Jusqu'au limogeage en 1911 du chef d'État-major le général Michel par le ministre de la guerre Messimy, la doctrine française est défensive (sans être statique) avec pour objectif de tenir face à une attaque allemande en attendant l'intervention des russes et des anglais. Nommé à la tête de l'État-major, le général Joffre, n'ayant jamais mis les pieds à l'École Supérieure de Guerre, adopte la doctrine de l'offensive à outrance théorisée par le colonel de Grandmaison qui est chef du Modèle:3e (chargé des opérations) à l'état-major du ministère de la guerre entre 1908 et 1911 et n'a jamais enseigné à l'École Supérieure de Guerre. La mystique de l'offensive incarnée par Ferdinand Foch directeur de l'École Supérieure de Guerre de 1907 à 1911, est, en 1914, partagée par les armées des autres puissances européennes.</ref>. Pétain, lui, préconise la manœuvre, la puissance matérielle, le mouvement, l’initiative : Modèle:Citation. Ainsi, il déclare à un élève officier : Modèle:Citation Parmi les officiers rangés sous ses ordres, il est le Modèle:Date-, premier chef de corps de Charles de Gaulle, alors sous-lieutenant au Modèle:33e d'infanterie stationnée à Arras.

En Modèle:Date-, devant commenter, devant les officiers réunis, un exercice conçu par le général Gallet, qui, lors de manœuvres, a fait charger à la baïonnette des nids de mitrailleuses, qui naturellement tiraient à blanc, le colonel Pétain répond que le général commandant la [[1re division d'infanterie motorisée (France)|Modèle:1re division d'infanterie]] vient de montrer, afin de frapper les esprits, toutes les erreurs qu'une armée moderne ne doit plus commettre. Après avoir détaillé la puissance de feu des armes allemandes, il conclut par : Modèle:Citation<ref>Aubagnac Gilles, « Du corps à corps au corps franc », Corps, 2014/1 (Modèle:Numéro avec majuscule), Modèle:P.. DOI : 10.3917/corp1.012.0103. URL : https://www.cairn.info/revue-corps-2014-1-page-103.htm.</ref>,Modèle:Sfn.

Franchet d'Esperey est nommé en Modèle:Date- commandant du [[1er corps d'armée (France)|Modèle:1er corps d'armée]] à Lille en remplacement du général anticlérical Henri Crémer. En Modèle:Date-, Franchet d'Esperey nomme le colonel Pétain pour assurer la vacance du général de Préval commandant la Modèle:3e d'infanterie à Arras qui quitte l'armée d'active pour des problèmes de santé.

Le Modèle:Date-, par permutation avec le général DelignyModèle:Note , Philippe Pétain est nommé au commandement de la Modèle:4e d’infanterie qui est composée de deux régiments, le [[8e régiment d'infanterie (France)|Modèle:8e régiment d'infanterie]] en garnison à Saint-Omer, Calais et Boulogne et le 110e régiment d'infanterie en garnison à Dunkerque, Bergues et Gravelines<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Le commandement du Modèle:33e d'infanterie est repris par le lieutenant-colonel Stirn.

Arrivé à Saint-Omer, Philippe Pétain, pourtant excellent cavalier, fait une mauvaise chute de cheval. Le docteur Louis Ménétrel (père de Bernard Ménétrel) interdit l'amputation et sauve la jambe gauche de Pétain<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Adolphe Messimy, qui est redevenu ministre de la Guerre le Modèle:Date- et qui a pris pour chef de cabinet militaire le général Guillaumat, adresse le Modèle:Date- un refus au général Anthoine, venu solliciter la nomination de Pétain au grade de général.

Ses biographes identifient ce manque de reconnaissance comme un des éléments structurant la personnalité de Pétain. À Modèle:Nobr, en Modèle:Date-, le colonel Philippe Pétain s’apprête à prendre sa retraite après une carrière relativement modeste<ref group="alpha">De même, le futur maréchal Fayolle, qui a lui aussi fait évoluer l'enseignement de l'École supérieure de guerre, prend une modeste retraite de général de brigade le Modèle:Date-.</ref>.

Promotion du général de la guerre de 1914-1918

Modèle:Infobox Personnalité militaire

Dès le début de la Première Guerre mondiale, le Modèle:Date, il se distingue à la tête de la Modèle:4e d’infanterie<ref name="Aron 1962-1964 p.32"/> en couvrant la retraite du général Lanrezac en Belgique<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Il fait partie des officiers rapidement promus au début de la guerre pour remplacer ceux qui ont échoué : général de brigade le Modèle:Date-<ref name="Aron 1962-1964 p.32">Modèle:Harvsp. </ref> il commande la [[6e division d'infanterie (France)|Modèle:6e d'infanterie]] à la tête de laquelle il participe à la bataille de la Marne (durant laquelle il conseille l'usage de l'artillerie et de l'aviation).

Fichier:Philippe Pétain circa 1915.jpg
Philippe Pétain vers 1915.

Il devient général de division le Modèle:Date-<ref name="Aron 1962-1964 p.32"/>.

Investi le Modèle:Date de la fonction de général commandant de corps d'armée, il prend le commandement du [[33e corps d'armée (France)|Modèle:33e]]<ref name="Aron 1962-1964 p.32"/>. Affecté sur le secteur du front où il avait grandi, il réalise des actions d’éclat lors de l'offensive en Artois effectuant la seule percée le (Modèle:Date) qu'il juge à raison ne pouvant être exploitée. En Modèle:Date, investi de la fonction de général d'armée, il commande la [[2e armée (France)|{{#ifeq:armée | s | Modèle:Siècle | IIe{{#if:armée| armée }} }}]]<ref name="Aron 1962-1964 p.32"/>. Ayant pourtant désapprouvé ouvertement l'offensive de Joffre en Champagne, il est au commandement d'une des deux armées engagées. Il obtient les meilleurs succès et fait stopper l'offensive quand les pertes deviennent importantes. Son souci d’épargner leurs vies le rend populaire parmi ses hommes.

Bataille de Verdun

Fichier:French 87th Regiment Cote 34 Verdun 1916.jpg
Soldats français à la bataille de Verdun.

Sous les ordres du futur maréchal Joffre et du général de Castelnau, il est l'un des Modèle:Nobr à la bataille de Verdun, en poste du Modèle:Date- au Modèle:Date-. Son sens de l'organisation, soutenu par un réel charisme ne sont pas étrangers à l’issue victorieuse du combat, huit mois plus tardModèle:Refsou, même si la ténacité de ses troupes, comme celle du commandant Raynal au fort de Vaux, en a été le facteur décisif. Sa vision stratégique de la bataille lui fait comprendre que le meilleur soldat du monde, s’il n’est pas ravitaillé, évacué en cas de blessure ou relevé après de durs combats, est finalement vaincu.

Pétain met en place une rotation des combattants. Il envoie au repos les régiments épuisés qu'il fait remplacer par des troupes fraîches. Il organise des norias d’ambulances, de camions de munitions et de ravitaillement sur ce qui devient la « Voie sacrée » (terme de Maurice Barrès). Comprenant la valeur de l’aviation dans les combats, il crée en Modèle:Date la première division de chasse aérienne pour dégager le ciel au-dessus de Verdun. Il réaffirme cette vision dans une instruction de Modèle:Date- : Modèle:Citation<ref>Instructions du Modèle:Date-.</ref>.

Il a tiré de cette période le titre de « vainqueur de Verdun », même si cette appellation a été surtout exploitée plus tard, sous le régime de Vichy. Ce célibataire reçoit plus de Modèle:Unité d'admiratrices durant le premier conflit mondial<ref>Intervention de Marc Ferro dans le documentaire Philippe Pétain, un film de Paule Muxel et Bertrand de Solliers, coécrit avec Henry Rousso en 2010.</ref>.

Toutefois, Joffre, Foch et Clemenceau attribuent la victoire de Verdun à Nivelle et à Mangin. Certains reprochent à Pétain son pessimismeModèle:Sfn,<ref group="alpha">Georges Clemenceau écrit dans ses mémoires : Modèle:Citation</ref>. En fait, comme la réputation de Pétain s'affirme auprès des soldats après les erreurs de Nivelle (en 1917), il existe deux traditions de la victoire de Verdun, comme l'écrit Marc Ferro, biographe de Pétain : Modèle:CitationModèle:Sfn.

Le Modèle:Date-, le général Nivelle, auréolé de la reprise des forts de Vaux et de Douaumont, prend la tête des armées françaises, alors que Joffre, nommé maréchal, est évincé du commandement. Le général Pétain est nommé chef d'état-major général, poste spécialement recréé pour lui. Il s’oppose à Nivelle, peu économe du sang de ses hommes, dont la stratégie d’offensive à outrance contraste avec le pragmatisme de Pétain.

Fichier:Clemenceau et Pétain au Conseil supérieur de guerre (Trianon, novembre 1917 - novembre 1918).jpg
Clemenceau et Pétain au Conseil supérieur de la guerre (Trianon, Modèle:Date- - Modèle:Date-).

Le commandement de Nivelle aboutit à la bataille du Chemin des Dames, à la mi-Modèle:Date : Modèle:Unité sont mis hors de combat du côté français en une semaine. Devant cet échec et le sentiment des soldats qu'ils sont menés à la mort pour rien, le mécontentement gronde, provoquant des mutineries dans de nombreuses unités. Nivelle est renvoyé, et Pétain se trouve en situation de lui succéder, par sa réputation à Verdun et ses prises de position visant à limiter les pertes. Le Modèle:Date, il est nommé commandant en chef des armées françaises<ref>Philippe Pétain (1856-1951) sur cheminsdememoire.gouv.fr.</ref>. Son commandement cherche à redonner confiance aux troupes en améliorant les conditions de vie des soldats, en accordant plus libéralement des permissions, en mettant fin aux offensives mal préparées, et en faisant condamner les mutins, dont seule une minorité de meneurs seront fusillés, malgré les exigences d'une partie des hommes politiques.

Pour ne pas gaspiller la vie des soldats, il lance des offensives plus limitées, et toutes victorieuses. Il reprend aux Allemands lors de la [[bataille de Verdun (1917)|deuxième bataille de Verdun en Modèle:Date-]] tout le terrain perdu en 1916. Il reprend la crête du Chemin des Dames lors de la bataille de la Malmaison, en Modèle:Date.

Fichier:Foch Pershing Petain and Haig.jpg
Le Général Pétain, le Maréchal douglas Haig, le Général Foch, et le Général Pershing, en 1918.

Le Modèle:Date, les Allemands rompent le front britannique en Picardie, menaçant Amiens. Pétain est un candidat possible au titre de généralissime des troupes alliées, mais, avec l'appui des Britanniques, Clemenceau, qui le juge trop porté à la défensive et trop pessimiste, lui préfère Foch, partisan de l'offensiveModèle:Sfn, lors de la conférence de Doullens du Modèle:DateModèle:Sfn. À cette conférence, Douglas Haig, représentant les Britanniques et soutenu par le représentant américain, exige et obtient que Pétain soit exclu de l'état-major inter-alliéModèle:Refnec. Foch, à l’origine de la coordination des troupes alliées, en est désormais le chef suprême. Mais chaque commandant d'une armée nationale conserve le droit de faire appel de toute décision de Foch auprès de son gouvernement. Pétain conserve son rôle de général en chef des armées françaises, mais passe de fait sous les ordres de Foch.

Le Modèle:Date, les Allemands percent le front français au Chemin des Dames, le général Duchêne, qui bénéficie de la protection de Foch, ayant refusé d'appliquer la doctrine défensive prescrite par Pétain consistant à transformer la première position défensive en ligne d’alerte et de désorganisation, afin de reporter la résistance ferme sur la deuxième position quelques kilomètres en arrière<ref>Modèle:Lien web.</ref>. L'armée française est contrainte de rétrograder sur la Marne. Pétain conseille la prudence, là où Foch choisit la contre-offensive, qui s'avèrera en juillet victorieuse. Foch, ne pouvant atteindre directement Pétain, fait limoger son major général, le général Anthoine. Le Modèle:Date-, le Comité de guerre retire à Pétain, qui a refusé de sanctionner Anthoine, son droit d'en appeler au gouvernement en cas de désaccord avec Foch. Le Modèle:Date-, la nomination du général Buat au poste de major général est imposée par Foch et Clemenceau à Buat et Pétain afin de rendre plus souples et plus efficaces les relations entre les états-majors de Foch et de Pétain, dans l'espoir que l'armée française obéisse directement à Foch<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Fichier:The Hundred Days Offensive, August-november 1918 Q9250.jpg
Groupe d'officiers britanniques et français photographiés au QG de la quatrième armée britannique à Flixecourt lors de la visite du roi George V, le 12 août 1918. De gauche à droite, au premier rang - le général Henry Rawlinson ; inconnu ; le général Maxime Weygand (au deuxième rang) ; le maréchal Ferdinand Foch ; le roi George V ; le maréchal Douglas Haig ; le maréchal Philippe Pétain ; inconnu.

En Modèle:Date, la médaille militaire est attribuée à Pétain : Modèle:Citation<ref>Décret du Modèle:Date- attribuant la médaille militaire au général Pétain.</ref>.

En Modèle:Date, il prépare une grande offensive en Lorraine qui aurait mené les troupes franco-américaines jusqu’en Allemagne. Cette grande offensive, prévue à partir du Modèle:Date, n’a pas lieu : contre son avis, Foch et Clemenceau ont accepté de [[Armistice du 11 novembre 1918|signer le Modèle:Date- l’armistice]] demandé par les AllemandsModèle:Sfn.

Fichier:Pétain reçoit son bâton de maréchal à Metz décembre 1918.jpg
En présence de Clemenceau, le président Poincaré remet le bâton de maréchal à Pétain (Metz, Modèle:Date-).

À la demande des officiers du GQG, le maréchal Foch fait, le Modèle:Date-, une démarche auprès du président du conseil Georges Clemenceau. Le Modèle:Date-, le général Pétain apprend à midi par téléphone qu'il va obtenir le bâton de maréchal puis, en début d'après-midi, assiste, impassible sur son cheval blanc suivi du général Buat et de vingt-cinq officiers du GQG, au défilé des troupes de la [[10e armée (France)|Modèle:10e]] entrant officiellement à Metz par la porte Serpenoise sous les vivats d'une foule en liesse<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Pétain est élevé à la dignité de maréchal de France par décret du Modèle:Date- (publié au Journal officiel le 22)<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Il reçoit à Metz son bâton de maréchal, le Modèle:Date.

Il est l'un des très rares acteurs militaires de premier plan de la Grande Guerre à n'avoir jamais voulu publier ses mémoires de guerre. En 2014 est publié un manuscrit inédit de Philippe Pétain qui retrace le conflit tel que Pétain l'avait vécu<ref>« Manuscrit inédit : la Grande Guerre vue par Pétain », La Dépêche, Modèle:Date-.</ref>. Les différents témoignages à son sujet, Modèle:Citation<ref>Lieutenant-colonel Rémy Porte, « Pétain (Philippe) », dans Dictionnaire de la Grande Guerre 1914-1918, Bouquins, Robert Laffont, 2008, Modèle:P..</ref>. L'historien Jean-Louis Crémieux-Brilhac rappelle que Modèle:CitationModèle:Sfn.

Entre-deux-guerres

Populaire, couvert d'honneurs, (le Modèle:Date-, il est élu membre de l’Académie des sciences morales et politiques), marié (le Modèle:Date-, à Modèle:Nobr, avec Eugénie Hardon, Modèle:Nobr<ref group="alpha">Divorcée de François Deherain ; un fils, Pierre, était né de cette union. Pétain l'avait précédemment demandée en mariage en 1901.</ref>,Modèle:Sfn,<ref>« Vente du vendredi Modèle:Date- - Autographes – Lot Modèle:N° », sur le site galileoauction.com, consulté le Modèle:Date-.</ref> sans descendance) Pétain devient progressivement la référence principale pour les anciens combattants pendant l'entre-deux-guerres, profitant de la mise à l'écart et des décès des autres maréchaux.

Il reste jusqu'en 1931 chef de l'armée (écartant Joffre puis Foch auquel il succède à l'Académie française), quelle que soit la majorité politique en place (en 1924, au moment du cartel des gauches il se serait opposé à l'hypothèse d'un coup d'État militaire envisagée par Lyautey qu'il écarte du Maroc en acceptant d'intervenir personnellement lors de la guerre du Rif). Il a une influence majeure sur la réorganisation de l'armée entouré d'un cabinet dont de Gaulle est l’une des plumes.

Toutefois à partir de 1929, son opposition à Maginot l'écarte de la tête des armées au profit de la génération des collaborateurs de Foch (Weygand). Il s'appuie sur sa popularité auprès des ligues pour obtenir, après le [[Crise du 6 février 1934|Modèle:Date-]], le ministère de la Guerre, auquel il ne peut revenir en 1935 ni pendant le Front populaire. Le cabinet Chautemps le choisit comme ambassadeur auprès de Franco après la fin de la guerre d'Espagne jusqu'en Modèle:Date-.

Général en chef de l'armée française et opposant à la ligne Maginot

Fichier:111-SC-38216 - NARA - 55235586 (pétain chaumont).jpg
Philippe Pétain en 1918.
Fichier:Pétain sortant du Conseil supérieur de la guerre, février 1922.jpg
Pétain photographié à la sortie du Conseil supérieur de la guerre, en Modèle:Date-.

Général en chef de l’armée française (il le reste jusqu’au Modèle:Date-), il estime en 1919 à Modèle:Unité le nombre de chars nécessaires à la défense du territoire (Modèle:Unité en régiment de première ligne, Modèle:Unité en réserve à la disposition du commandant en chef et Modèle:Nobr pour le remplacement des unités endommagées).

Il écrit : Modèle:Citation<ref>Guy Pedroncini, Pétain, le soldat, 1914-1940, 1998, Modèle:P.. Voir aussi : Guy Pedroncini, « Remarques sur les grandes décisions stratégiques françaises de 1914 à 1940 », en ligne depuis 2005.</ref>.

De 1919 à 1929, avec la présence d'un ami au poste de chef d'état-major des armées (le général Buat jusqu'en 1923, puis après sa mort le général Debeney), il s'oppose à la construction de fortifications défensives, préconisant au contraire la constitution d'un puissant corps de bataille mécanisé capable de porter le combat le plus loin possible sur le territoire ennemi dès les premiers jours de la guerre. Il parvient à rester l'instigateur principal de la stratégie, obtenant, en Modèle:Date-, la démission du maréchal Joffre de la présidence de la Commission d'étude de l'organisation de la défense du territoire créée quinze jours plus tôt, et s'opposant, lors de la séance du Conseil supérieur de la guerre du Modèle:Date-, à la construction d’une ligne défensive continue. Il y prône des môles défensifs sur les voies d’invasion.

Lors de la séance du Modèle:Date-, et contre l’avis de Foch, qui estime que Pétain donne à tort aux chars une importance capitale, il préconise et obtient l’étude de trois prototypes de chars (léger, moyen et lourd).

Il doit, cependant, finir par s'incliner et accepter la construction de la ligne Maginot, lorsque André Maginot, alors ministre de la Guerre, déclare, lors du débat parlementaire du Modèle:Date- : Modèle:Citation.

Guerre du Rif

Modèle:Article connexe

Fichier:Guerre du Rif - maréchaux Lyautey et Pétain.jpg
Durant la guerre du Rif, le maréchal Lyautey accueille au Maroc le maréchal Pétain à sa descente d'avion
(photographie agence Meurisse, Modèle:Date-).

En 1925 et 1926, Pétain combat la révolte des forces d’Abd el-Krim, chef de la très jeune république du Rif, au Maroc, contre leurs voisins espagnols. Pétain remplace avec peu d'égards le maréchal Lyautey, et commande les troupes françaises en campagne avec l'armée espagnole (Modèle:Unité au total), dans laquelle se trouve Franco. La campagne est victorieuse, en partie grâce à l'emploi par les Espagnols d'armes chimiques sur les populations civiles<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Javier Espinoza, Modèle:Citation étrangère, El Mundo, Modèle:Date-.</ref>,<ref>L’historien britannique Sebastian Balfour dans Étreinte mortelle, Éditions Península, ainsi que Rolf-Dieter Müller dans son livre Giftgas Gegen Abd El Krim: Deutschland, Spanien und der Gaskrieg in Spanisch-marokko, 1922-1927.</ref>. Abd el-Krim se plaignit à la Société des Nations de l'utilisation par l'aviation française de gaz moutarde sur les douars et les villages<ref>Omar Mezoug, Modèle:Citation, « La guerre du Rif, Maroc 1921-1926 », dans La Quinzaine littéraire no 973, Modèle:Date-, Modèle:P..</ref>.

Relations avec de Gaulle

Fichier:Charles de Gaulle vers 1922-1924.jpg
Le capitaine Charles de Gaulle à l'École supérieure de guerre, Modèle:44e (1922-1924).

À partir de l’affectation de Charles de Gaulle au [[33e régiment d'infanterie|Modèle:33e d’infanterie]] commandé par Philippe Pétain, alors colonel, le destin des deux hommes s'est régulièrement croisé. Charles de Gaulle est affecté à ce régiment le Modèle:Date- à sa sortie de Saint-Cyr avec un grade de sous-lieutenant. En 1924, à l'occasion d'une visite à l'École de guerre, Pétain s'étonne de la faiblesse des notes attribuées à de Gaulle. Ses professeurs appréciaient peu l'indépendance de celui-ci, trait de caractère qu'il partageait avec Pétain. L'intervention de Pétain a probablement conduit à une rectification à la hausse desdites notes<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

En 1925, Charles de Gaulle est détaché à l'état-major de Philippe Pétain, vice-président du Conseil supérieur de la Guerre. Pétain briguait l'Académie française et avait pu apprécier la qualité de la plume de De Gaulle en lisant La discorde chez l'ennemi, publié en 1924. Il lui demande de préparer la rédaction d'un ouvrage sur l'histoire du soldat pour l'aider à soutenir sa candidature. De Gaulle prépare le livre, Le Soldat à travers les âges, qui est quasiment fini à la fin de l'année 1927 lorsque de Gaulle tient à l'École de guerre trois conférences remarquées, respectivement intitulées : « L'action de guerre et le chef », « Du caractère » et « Du prestige » en présence du Maréchal. Mais son opinion envers Pétain change en raison de l'attitude du Maréchal vis-à-vis de Lyautey au moment de son éviction. Lorsqu'en Modèle:Date- Pétain veut faire retoucher le livre par un autre de ses collaborateurs, de Gaulle proteste énergiquement<ref>Max Gallo, L'appel du destin, Paris, Pocket, 1998, Modèle:Cf. « Lettre de de Gaulle à Pétain » Modèle:P..</ref>. En 1929, Pétain succède à Foch à l'Académie française sans avoir eu besoin du livre. Pétain demande à de Gaulle d'écrire l'éloge de son prédécesseur sous la coupole, mais n'utilise pas le texte proposé.

En 1931, au retour du Liban, de Gaulle qui souhaitait une chaire d'enseignement à l'École de guerre est affecté contre son vœu au Secrétariat général de la Défense nationale (SGDN) à Paris. Sollicité, Pétain répond à de Gaulle : Modèle:Citation<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. De Gaulle est en décalage stratégique et en conflit littéraire avec son supérieur ; Pétain, lui, considère qu'il a aidé au mieux son subalterne qui fait montre d'un peu trop d'orgueil. En 1932, de Gaulle dédie au maréchal Pétain son ouvrage Le Fil de l'épée : Modèle:Citation. En 1938, de Gaulle réemploie le texte du Soldat à travers les âges pour rédiger son livre La France et son armée. Pétain s'oppose à la publication de l'ouvrage, puis finit par y consentir après une explication de vive voix avec son ancien porte-plume, qui corrige toutefois la dédicace proposée par le maréchal. Celui-ci en garde une rancune tenace contre de Gaulle qu'il tient pour Modèle:Citation

Élection à l'Académie française

Fichier:Philippe Pétain (en civil, autour de 1930).jpg
Philippe Pétain vers 1930.

Le Modèle:Date-, il est élu à l’unanimité membre de l’Académie française, au [[Liste des membres de l'Académie française#Fauteuil 18|Modèle:18e]], où il succède au maréchal Foch.

Le Modèle:Date-, il est reçu à l'Académie française par Paul Valéry, dont le discours de réception, qui retrace sa biographie, rappelle et développe une phrase sur laquelle insistait Pétain, « le feu tue » et comporte des considérations sur la façon dont « la mitrailleuse a modifié durablement les conditions du combat à terre » et les règles de la stratégie. Le discours rappelle aussi les désaccords, dans le respect mutuel, entre Pétain et Joffre. Le discours de réception du maréchal Pétain est un hommage au maréchal Foch auquel il succède<ref>Site de l'Académie française, discours de réception du maréchal Pétain..</ref>.

Selon Jacques Madaule, Philippe Pétain s'opposa à l'élection à l'Académie française de Charles Maurras, qui sera un de ses plus grands défenseurs, et il félicita François Mauriac d'avoir fait campagne contre lui<ref>Centre de documentation juive contemporaine, La France et la question juive. 1940-1944, Paris, Sylvie Messinger, 1981, Modèle:P..</ref>.

Philippe Pétain n'était pas ouvertement antisémite avant d'accéder au pouvoir : ainsi, il critiqua fermement Louis Bertrand, qui avait protesté contre l'élection d'André Maurois, un Juif, à l'Académie française, Maurois lui en fut reconnaissantModèle:Sfn. Néanmoins, dans ses échanges de correspondance privée avec le couple Pardee, voisin américain de sa maison du Var, Philippe Pétain se plaignait des Juifs<ref name="Rousso"/>.

Inspecteur général de la défense aérienne

Le Modèle:Date-, il est remplacé par le général Weygand au poste de vice-président du Conseil supérieur de la guerre (correspondant à la fonction de commandant suprême de l’armée), et nommé inspecteur général de la défense aérienne du territoire.

À ce titre, il écrit le Modèle:Date- à Pierre Laval, alors président du Conseil, pour lui demander la création d’une force aérienne puissante de défense et d’attaque, indépendante de l’armée de terre et de la marine. Il préconise pour cela de prélever Modèle:Nombre de francs sur les crédits alloués à la construction de la ligne Maginot.

Il reste influent dans le monde militaire et politique, est actif dans le mouvement antiparlementaire le Redressement français, qui souhaite un exécutif fort<ref name="Rousso"/>.

Ministre de la Guerre

Fichier:Crise ministérielle-1934.jpg
De gauche à droite, Pierre-Étienne Flandin, Pétain et Adrien Marquet Modèle:Nobr.

Après la crise du [[Crise du 6 février 1934|Modèle:Date-]], le Modèle:Date-, Philippe Pétain est nommé ministre de la Guerre dans le gouvernement Doumergue de tendance radicale, fonction qu’il occupe jusqu’au renversement du cabinet le Modèle:Date-.

Sa présence, populaire parmi les anciens combattants qui avaient défilé, contribue à l'image d'union nationale voulue par Doumergue. Elle est symbolique de la fin du second cartel des gauches : les gouvernements des deux années 1934/36 sont, le plus souvent une alliance des radicaux et des partis de centre-droit. Ils conduisent des politiques sensiblement déflationnistes, visant à réduire les déficits en diminuant les dépenses.

Puis, l'arrivée au pouvoir de Hitler conduit la France à abandonner progressivement sa politique de désarmement, même si simultanément les choix budgétaires contribuent à maintenir une pression à la baisse sur les crédits militaires. Les choix stratégiques défensifs absorbent en outre une forte partie des crédits. La polémique des années 1940 sur les responsables du retard du réarmement français (que Pétain attribuera lors du procès de Riom à Édouard Daladier et Léon Blum, ce dernier dénonçant en réplique que les dépenses militaires ont augmenté sous le Front populaire sans avoir jamais été aussi importantes sous les gouvernements précédents, et que dans le gouvernement Doumergue qui incluait Pétain comme ministre de la guerre, Pétain avait réduit de 20% les crédits militaires quand Hitler affichait ses ambitions guerrières<ref>Blum-Pétain, duel sous l'Occupation, documentaire de Julia Bracher Hugo Hayat, visionner le documentaire</ref>), et celle sur les choix stratégiques qui conduisirent à la défaite, expliquent la diversité des points de vue de l'historiographie évaluant le passage de Pétain au gouvernement.

Fichier:Philippe Pétain, Victor Denain, 1934.jpg
Pétain et Victor Denain Modèle:Nobr.

La date du changement de politique budgétaire militaire est présentée avec des nuances : ainsi pour François Paulhac, entre 1934 et 1935, sous les gouvernements de centre droit, les dépenses d'armement sont réduites de 32 %, tandis que les crédits militaires n'augmentent qu'à partir de 1936, votés sans grande opposition, mis à part celle d'une partie de la droite<ref>Modèle:Cf. François Paulhac, Les Accords de Munich : et les origines de la guerre de 1939, éd. J. Vrin, 1988, Modèle:P., extrait en ligne.</ref>. Pour Robert Frank, elles connaissent Modèle:Incise un Modèle:Citation<ref name="Frank">Robert Frank, « Intervention étatique et réarmement en France 1935-1939 », La Revue économique, Modèle:4e de l'année 1980, Modèle:P. : Modèle:Citation.</ref>. Jean-Luc Marret estime pour sa part que les réductions budgétaires ont cessé en 1934, sans qu'il y ait pour autant cette année-là d'importante augmentation de l'effort de défense. Le gouvernement de Gaston Doumergue Modèle:Incise fait ainsi voter des crédits militaires de trois milliards de francs<ref>[https://books.google.fr/books?id=K5qtflA76D0C&pg=PA132&lpg=PA133#v=onepage&q&f=false La France et le désarmement, Jean-Luc Marret, Éditions L'Harmattan, 1998, Modèle:Nobr : Modèle:Citation.</ref>.

Pour Guy Antonetti, la reprise des dépenses Modèle:Incise est consécutive à l'inflexion de la politique étrangère, plus offensive, d'alliances renouées, entamée sous le gouvernement de Gaston Doumergue (1934) et son ministre des Affaires étrangères Louis Barthou puis sous le gouvernement de Pierre Laval (1935)<ref>Guy Antonetti, Histoire contemporaine, politique et sociale, PUF, 2003, Modèle:P., Modèle:Citation. Modèle:Nobr, il est précisé : Modèle:Citation.</ref>. Un article de Philippe Garraud en 2005 consacré à la question du réarmement<ref name="Garraud 2005">Modèle:Article.</ref>, estime que d'une manière générale, Modèle:Citation et que Modèle:Citation, tout en précisant qu'Modèle:Citation<ref name="Garraud 2005" />. Concernant le réarmement, Jean-Luc Marret en situe les « premiers indices » à l'occasion de la réorientation de la politique étrangère française par Louis Barthou (en 1934) et Pierre Laval (en 1935)<ref>La France et le désarmement, Jean-Luc Marret, Éditions L'Harmattan, 1998, Modèle:P..</ref>.

Pétain limite les travaux de la ligne Maginot, en estimant que les Ardennes sont une barrière naturelle difficilement franchissable par les Allemands. Le Modèle:Date-, il obtient le vote d’un crédit supplémentaire de Modèle:Nobr de francs pour la modernisation de l’armement<ref name="Militaires">Jean Perrier-Cornet, « Le maréchal Pétain, ministre de la Guerre (Modèle:Date--Modèle:Date-) », dans Militaires en République 1870-1962. Les officiers, le pouvoir et la vie, Olivier Forcade, Éric Duhamel et Philippe Vial (dir.), Publications de la Sorbonne, 1999, Modèle:P..</ref>,<ref>L'éniqme de notre manque de divisions blindées, Général Alfred Conquet, Nouvelles éditions latines.</ref>.

Partisan des chars de combat, il décide avant Modèle:Date- de l’adoption du char B1 dont il avait fait faire les prototypes pendant son commandement. La même année, il décide aussi de l’adoption du char D2 et de l’étude d’un char léger<ref name="Militaires"/>. Soucieux de la formation des officiers supérieurs, il ordonne que tous les postulants à l’École supérieure de guerre effectuent des stages préalables dans des unités de chars et d’aviation<ref>Journal officiel du Modèle:Date-.</ref>,<ref name="Militaires"/>.

Le Modèle:Date-, convoqué devant la Commission des finances, il exprime ses vues sur la fortification et renouvelle ses réserves sur l’efficacité de la ligne Maginot. Il explique ce qu’est pour lui la fortification : le béton est un moyen pour économiser les effectifs, mais l’essentiel reste une armée puissante, sans laquelle elle n’est qu’une fausse sécurité. Le but de la fortification est de permettre le regroupement des troupes pour l’offensive ou la contre-offensive. Il aura cette phrase : Modèle:Citation. Il soutient néanmoins le principe de cette ligne. Cependant, selon Robert Aron, les conceptions stratégiques qu'il défend à cette époque sont conformes à son expérience de la Grande Guerre, ainsi : Modèle:Citation bloc

Le Modèle:Date-, il convainc Louis Germain-Martin, ministre des Finances, de signer le « plan Pétain pour 1935 » d'un montant de Modèle:Nombre de francs, qui prévoit notamment la construction de Modèle:Nombre<ref name="Militaires"/>. La chute du Gouvernement, et le remplacement du maréchal Pétain par le général Maurin, partisan de chars lourds et lents, retarderont la mise en œuvre de ce plan de plusieurs mois.

Après son expérience ministérielle, Pétain jouit d’une très grande popularité, à droite mais aussi à gauche. En témoigne en 1935, la célèbre campagne lancée par Gustave Hervé intitulée Modèle:Citation. Le fait de vouloir faire appel en cas de péril au maréchal Pétain n'est pas une spécificité de la droite et le radical-socialiste Pierre Cot déclara dès 1934Modèle:Sfn : Modèle:Citation.

Membre du Conseil supérieur de la guerre

Il participe par la suite au Conseil supérieur de la guerre<ref group=alpha>Les maréchaux de France (Pétain et Franchet d'Espèrey) sont membres par principe du Conseil supérieur de la guerre.</ref>, où il soutient la politique de guerre offensive promue par le colonel de Gaulle, qui fut un temps son « porte-plume », préconisant la concentration de chars dans des divisions blindées.

Il écrit dans la Revue des Deux Mondes du Modèle:Date- : Modèle:Citation. Et lors d'une conférence à l’École de Guerre en Modèle:Date- : Modèle:Citation<ref>Conférence du Modèle:Date- à l’École de Guerre.</ref>. Ainsi que dans la préface d'un ouvrage du général Sikorsky : Modèle:Citation<ref>Préface du livre du général Władysław Sikorski, La Guerre moderne.</ref>.

Le Modèle:Date-, il dit, devant le président Lebrun, dans un discours à l’École supérieure de Guerre : Modèle:Citation. En 1938, il préface le livre du général Louis Chauvineau Une invasion est-elle encore possible, qui prônait l'utilisation de l'infanterie et des fortifications comme moyens de défense, face au « front continu ». Dans cette préface, Pétain considérait que l'utilisation des chars et des avions ne modifiaient pas les données de la guerre<ref>Préface de Pétain au livre Une invasion est-elle encore possible ?, du général Chauvineau (1938).</ref> : Modèle:Citation.

Pétain est recruté à l'École libre des sciences politiques en 1938 pour y donner un cours d'histoire militaire, où il promeut les cuirassés et sa doctrine militaire sur la base de récits de la Première Guerre mondiale<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

À l’instigation des grands chefs militaires (Foch, Joffre), les gouvernements de la fin des Modèle:Lnobr vont affecter d’importants efforts budgétaires à la construction de lignes de défense. Cette stratégie est symbolisée par la coûteuse, et de surcroît incomplète ligne Maginot qui fut arrêtée à la frontière belge. Winston Churchill, dans son ouvrage sur la Seconde Guerre mondiale<ref name="wchurchillT2-78-79">Winston Churchill, The Second World War, Plon, 1948-1954 ; rééd. La Seconde Guerre mondiale, Le Cercle du Bibliophile, 12 Modèle:Vol., 1965-1966, Modèle:T., « L'orage approche – La « Drôle de guerre », 1939-1940 », Modèle:Chap., Modèle:P..</ref>, émet l'avis que la ligne Maginot aurait pu être d'une très grande utilité si elle avait été correctement exploitée et qu'elle paraissait justifiée compte tenu, en particulier, du rapport numérique entre les populations de la France et de l'Allemagne<ref name="wchurchillT2-78-79"/>.

Winston Churchill juge Modèle:Citation<ref name="wchurchillT2-78-79" /> mais indique : Modèle:Citation<ref name="wchurchillT2-78-79" />.

Après le succès de la guerre-éclair menée par les Allemands via les Ardennes, Pétain ne pouvait plus ignorer que la débâcle de 1940 était aussi due aux « grands chefs militaires », dont les autorités gouvernementales n’avaient fait que suivre les orientations stratégiques. Il fit pourtant juger les hommes politiques en charge avant 1940 comme « responsables » exclusifs de la défaite.

Ambassadeur en Espagne

Fichier:José Moscardó, Francisco Franco, Ramón Serrano Súñer (1938).jpg
Le général Franco, entouré par José Moscardó et Ramón Serrano Súñer, en 1938.
Fichier:Pétain et le baron de las Torres à Burgos.jpg
L'ambassadeur Philippe Pétain et le baron de las Torres, interprète de Franco, sortant d'une entrevue avec le Caudillo à Burgos en Modèle:Date-.

La France reconnaît officiellement le nouveau gouvernement franquiste le Modèle:Date-<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Le Modèle:Date-, Pétain est nommé ambassadeur de France en Espagne. Hostile aux nationalistes espagnols, la gauche française proteste au nom de la réputation Modèle:Citation du maréchal. Ainsi, L'Humanité honore ce dernier en regard du Modèle:Citation Franco tandis que dans Le Populaire du Modèle:Date-, Léon Blum décrit alors Pétain comme Modèle:Citation, formule dont les partisans de la réhabilitation de l'ancien « chef de l'État français » sauront tirer largement parti après la Seconde Guerre mondiale<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Pour l'heure, la nomination de Pétain Modèle:Incise vise à améliorer l'image de la République française en atténuant le souvenir du soutien hexagonal aux républicains espagnols pendant la guerre civile<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Le Modèle:Date-, le maréchal présente ses lettres de créance au ministre de l'Intérieur, Serrano Súñer, qui le reçoit très froidement<ref name="Catala p.32">Modèle:Harvsp.</ref>. Selon l'historien Michel Catala, il gardera le souvenir de ce mauvais accueil et ses liens vis-à-vis de Franco resteront très critiques, malgré la propagande ultérieure dépeignant des rapports privilégiés entre le régime de Vichy et la dictature du Caudillo<ref name="Catala p.32"/>. Dans l'immédiat, Pétain a pour mission d'assurer la neutralité de l'Espagne en vue du prochain conflit européen<ref name="Catala p.32"/>. Au nom du rapprochement diplomatique de la France avec l’Espagne, il lui incombe de superviser, dans le cadre des accords Bérard-Jordana, le rapatriement à Madrid des réserves d'or de la Banque d’Espagne, de l'armement républicain<ref>Modèle:Harvsp.</ref> ainsi que des œuvres d'art<ref>Modèle:Ouvrage.</ref> que l’ancienne République espagnole avait transférés à l'abri en France durant la guerre civile. L'ambassadeur de France sait s'entourer d'une équipe de qualité mêlant personnel diplomatique chevronné et officiers militaires dévoués<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. En quelques mois, le maréchal se réconcilie avec l'élite espagnole. Sa présence active dans le pays a pour conséquence un renforcement de l'image de la France, en dépit d'une presse espagnole très francophobe<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Fichier:Pétain ambassadeur en Espagne - Excelsior 26 juillet 1939.jpg
Philippe Pétain, ambassadeur de France à Burgos, est accueilli par une délégation d'anciens combattants à son arrivée au Perthus.
Une du journal Excelsior, Modèle:Date-.

Malgré de nombreuses réticences du côté français, notamment en raison de tensions militaires franco-espagnoles au Maroc en mars-Modèle:Date-, Pétain engage son autorité auprès du président du Conseil Daladier afin de réaliser les accords Bérard-Jordana, condition sine qua non exigée par les autorités franquistes<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. La France finit par céder, sans obtenir de contreparties significatives. La déclaration officielle de neutralité de l'Espagne le Modèle:Date- semble couronner les efforts français, mais résulte davantage du réalisme de Franco tenant compte des faibles capacités militaires espagnoles consécutives à la guerre civile. La Modèle:Citation masque l'échec de la politique de conciliation française visant à obtenir des relations de bon voisinage et un accord militaire entre les deux pays. Si le Caudillo incline prudemment vers une neutralité de fait, il ne desserre pas pour autant ses liens avec le Troisième Reich et l'Italie fasciste<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Conscient de la fragilité de la neutralité espagnole, Pétain affirme que celle-ci Modèle:Citation de l'attitude de la France. Son Modèle:Citation demeure la réconciliation Modèle:Citation, souligne Michel Catala. Du reste, le maréchal exprime depuis Modèle:Date- son souhait d'abandonner sa mission plénipotentiaire<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Le rétablissement partiel des rapports commerciaux et culturels franco-espagnols dans les derniers mois de 1939 et les premiers mois de 1940 ne modifie pas l'ambiguïté de la position franquiste vis-à-vis de l'Axe et de la France<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Tout au plus Pétain peut-il être crédité d'une amorce de normalisation Modèle:Incise des relations franco-espagnoles<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

En dépit de l'insuccès de sa stratégie vis-à-vis de Franco, Modèle:Citation puisqu'il confirme son autorité sur les militaires français et établit son aptitude à imposer ses vues au gouvernement, en sus d'acquérir une réputation de fin diplomate. Or Michel Catala doute que le maréchal ait réalisé le fiasco de sa mission d'ambassadeur, eu égard à sa future politique allemande à Vichy où il fera Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Homme du recours à l'armistice

Pendant la drôle de Guerre : un recours possible

Fichier:Pétain vers 1940.jpg
Philippe Pétain vers 1940.

À la déclaration de guerre, en Modèle:Date-, le maréchal Pétain, depuis Madrid, refuse une proposition du président du Conseil Édouard Daladier d'entrer au gouvernement, et il se tient prudemment à l'écart des sollicitations officielles. Cette proposition avait été inspirée par le président de la Chambre des députés, le radical-socialiste Édouard Herriot, comme condition à son acceptation éventuelle du ministère des Affaires étrangères<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Cependant, Pétain ne fait nullement mystère de son hostilité personnelle à la guerre contre Hitler. Modèle:Citation, souligne l'historien Jean-Louis Crémieux-BrilhacModèle:Sfn.

Chef de file des parlementaires « défaitistes », Pierre Laval songe ainsi précocement à un gouvernement Pétain dont il serait le chef réel, et expose fin Modèle:Date- à l'un de ses interlocuteurs : Modèle:CitationModèle:Sfn.

Le Modèle:Date-, un rapport de l'ambassadeur d'Italie note que Modèle:CitationModèle:Sfn.

Arrivé au pouvoir le Modèle:Date-, la situation militaire se dégradant, le président du Conseil Paul Reynaud songe également à utiliser le prestige du maréchal Pétain auprès des Français et lui propose en vain, début mai, d'entrer au gouvernementModèle:Sfn. Jugeant la situation favorable pour lui, Pétain accepte de revenir à Paris et d'intégrer le gouvernement note l'historien Gérard BoulangerModèle:Refsou.

Au moment de retourner aux responsabilités, le maréchal Modèle:Citation, analyse Jean-Louis Crémieux-BrilhacModèle:Sfn. De surcroît, l'action de Pétain est marquée par une anglophobie et un défaitisme déjà sensibles en 1914-1918Modèle:Sfn.

Vice-président du Conseil pendant l'invasion de 1940

Fichier:Pétain-mai 1940-A.jpg
Pétain, vice-président du Conseil, dans son bureau en Modèle:Date-.
Fichier:Reynaud-Pétain-Weygand-mai1940.jpg
De gauche à droite : Maxime Weygand, Paul Baudouin, Paul Reynaud et Philippe Pétain (Modèle:Date-).

Le Modèle:Date-, une semaine après l'offensive allemande, Pétain, alors âgé de Modèle:Nobr, est nommé vice-président du Conseil dans le gouvernement de Paul Reynaud. Franco lui avait conseillé de ne pas accepter d’apporter sa caution à ce gouvernement. Pour Reynaud, il s'agit de remonter le moral des Français, de resserrer les rangs et de renforcer sa propre image au parlementModèle:Sfn. Cette nomination est bien accueillie dans le pays, au Parlement et dans la presse, quoiqu'elle reçoive moins de publicité que celle de Weygand comme généralissime, ou que celle de Georges Mandel, partisan de la résistance à tout prix, comme ministre de l'IntérieurModèle:Sfn.

Comme la plupart de ses ministres ou des parlementaires, Paul Reynaud sous-estime le vieil homme initialement taciturne et passif qu’est Pétain, et il n’imagine pas qu’il puisse jouer plus qu’un rôle purement symboliqueModèle:Sfn.

Cependant, dès le Modèle:Date, dans une note à Paul Reynaud, Pétain refuse de considérer les chefs militaires comme responsables de la défaite, et rejette la responsabilité du désastre sur Modèle:CitationModèle:Sfn. Cette interprétation moraliste de la défaite n'est pas sans annoncer les appels à la contrition nationale et la politique d'ordre moral qui caractériseront le régime de Vichy.

Le Modèle:Date, il fait preuve d’anglophobie et de pessimisme devant l’ambassadeur américain Bullit. Accusant l'Angleterre de ne pas fournir une aide suffisante à la France en péril, il lui explique qu'en cas de défaite Modèle:CitationModèle:Sfn. Le 6, il ne réagit pas lorsque le général Spears, représentant de Churchill auprès du gouvernement français, l'avertit que si la France s'entendait avec l'Allemagne, Modèle:CitationModèle:Sfn.

À partir du Modèle:Date, alors que la bataille de France est perdue et le gouvernement replié en Touraine, Pétain se fait ouvertement l'un des avocats les plus constants de l’armistice au sein du gouvernement. Ce jour-là, il lit au Conseil des ministres une note dans laquelle il déclare qu’il n’est aucunement question pour lui de quitter la France pour poursuivre la lutteModèle:Sfn.

Le Modèle:Date-, Paris est occupé par l’armée allemande. Le Gouvernement, le président de la République et les Assemblées sont alors réfugiés à Bordeaux. Pétain s'y confirme comme le chef de file des partisans de l’armistice, et met sa démission dans la balance.

Pétain s'oppose au projet de fusion entre les gouvernements britannique et français.

Président du Conseil et armistice

Le Modèle:Date-, se croyant en minorité au sein du Conseil des ministres, à tort semble-t-ilModèle:Sfn,Modèle:Sfn, Paul Reynaud présente la démission du Gouvernement et suggère, suivi en cela par les présidents du Sénat et de la Chambre des députés, de confier la présidence du Conseil au maréchal Pétain, choix aussitôt approuvé par le président de la République Albert Lebrun (voir gouvernement Philippe Pétain)Modèle:Sfn. Il semble avoir espéré qu'un échec de Pétain à obtenir l’armistice lui permette de revenir très vite au pouvoir.

Le Modèle:Date-, suivant le conseil énoncé le Modèle:Date par le général Maxime Weygand, chef d’état-major des armées, Pétain fait demander aux Allemands, par l'intermédiaire du gouvernement espagnol, les conditions d'un armisticeModèle:Sfn.

Fichier:Pétain lisant un discours radiodiffusé.jpg
Pétain lisant un discours radiodiffusé, vers 1940-1944.
Fichier:Pétain - La Petite Gironde - 18 juin 1940.png
Une de La Petite Gironde rapportant le discours de Pétain du Modèle:Date-.

Depuis le lycée Longchamps (aujourd'hui lycée Montesquieu)<ref>Modèle:Lien web.</ref> il enregistre un discours qui est radiodiffusé et où il déclare, alors qu'il n'a fait que demander les conditions d'un armistice et que les négociations n'ont pas commencé : Modèle:CitationModèle:Sfn,<ref>Discours radiodiffusé du maréchal Pétain du Modèle:Date- sur Radio Bordeaux-Lafayette PTT, sur youtube.com.</ref>,<ref>Le discours de Pétain du Modèle:Date- et l'allocution rectificative de Baudouin diffusée le même jour.</ref>. Le discours a un effet désastreux sur le moral des troupes et précipite de fait l’effondrement des armées françaises. Du Modèle:Date- à l’entrée en vigueur de l’armistice le 25, les Allemands font ainsi plus de prisonniers que depuis le début de l’offensive le Modèle:Date<ref>Cf. Yves Durand, Henri Michel, J.P. Azéma.</ref>.

Dans le même discours, Pétain anticipe la création de son propre régime en déclarant qu’il fait Modèle:CitationModèle:Sfn. Le Modèle:Date-, dans un nouveau discours<ref>Texte du discours de Pétain du Modèle:Date-.</ref> rédigé, tout comme le premier, par l'intellectuel de religion juive Emmanuel Berl, il annonce les tractations en vue de l'armistice. Il en détaille les motifs, ainsi que les leçons que, selon lui, il faudra en tirer. Il y fustige Modèle:Citation : Modèle:Citation.

L’armistice est finalement signé le Modèle:Date- dans la clairière de Compiègne, après avoir été approuvé par le Conseil des ministres et le président de la RépubliqueModèle:Sfn.

Le Modèle:Date-, Pétain annonce les conditions « sévères » de l'armistice et décrit les territoires qui seront sous contrôle allemand. La démobilisation fait partie de ces conditions. Il annonce : Modèle:Citation. Les causes de la défaite sont à rechercher selon lui dans l'esprit de relâchement : Modèle:Citation<ref>Modèle:Date- : Pétain annonce aux Français les conditions de l'armistice.</ref>,<ref>Les conditions d'armistice, sur livresdeguerre.net .</ref>,<ref>Texte du traité d'armistice sur le site de l'université de Perpignan et sur Wikisource.</ref>.

Le Modèle:Date-, le Gouvernement s’installe dans la région de Clermont-Ferrand puis, en raison des capacités d’hébergement limitées, déménage à nouveau le Modèle:Date- pour Vichy, en zone non occupée par l’armée allemande<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Cette ville présentait les avantages d’un réseau téléphonique extrêmement performant et de la présence d’une multitude d’hôtels qui furent réquisitionnés pour abriter les différents ministères et les ambassades.

Chef du régime de Vichy

Modèle:Article détaillé

Vote des pleins pouvoirs

Fichier:Pierre Laval - Grand Casino de Vichy - 10 juillet 1940.jpg
Pierre Laval devant l'opéra du Grand Casino de Vichy le jour du vote de la loi constitutionnelle du 10 juillet 1940.
Fichier:Second cabinet of Philippe Pétain, 1940.jpg
Le chef de l'État français et le premier gouvernement du régime de Vichy en Modèle:Date-. De gauche à droite : Pierre Caziot, François Darlan, Paul Baudouin, Raphaël Alibert, Pierre Laval, Adrien Marquet, Yves Bouthillier, Philippe Pétain, Émile Mireaux, Maxime Weygand, Jean Ybarnégaray, Henry Lémery, François Piétri, Louis Colson.

Le Modèle:Date-, une loi, dite « constitutionnelle »<ref>[[s:Loi constitutionnelle du 10 juillet 1940|Loi constitutionnelle du Modèle:Date-]], sur Wikisource.</ref>,<ref>Loi constitutionnelle du Modèle:Date- et l'exposé des motifs, sur livresdeguerre.net.</ref>, votée par les deux Chambres (Modèle:Nobr pour, Modèle:Nobr contre<ref>http://www.charles-de-gaulle.org/pages/l-homme/dossiers-thematiques/1940-1944-la-seconde-guerre-mondiale/l-appel-du-18-juin/reperes/les-80-parlementaires-n-ayant-pas-vote-les-pleins-pouvoirs-le-10-juillet-1940.php.</ref>, Modèle:Nobr, Modèle:Nobr et Modèle:Nobr) réunies en Assemblée nationale au casino de Vichy Modèle:Citation, sans contrôle de l’Assemblée, avec pour mission la promulgation d’une nouvelle Constitution. Celle-ci ne verra jamais le jour<ref>[[s:Projet de constitution du 30 janvier 1944|Projet de constitution du Modèle:Date-]].</ref>.

L'« État français » (nouveau nom officiel de la France, remplaçant la dénomination « République française ») allait donc demeurer un État provisoire.

La constitutionnalité de cette réforme fut contestée pour plusieurs motifs, dont le fait que la Constitution ne peut pas être modifiée sous la menace directe d'un ennemi. Surtout, la confusion de tous les pouvoirs (constituant, législatif, exécutif et judiciaire) entre les mêmes mains était contraire aux fondements même des lois constitutionnelles de 1875, fondées sur une séparation des pouvoirs. Il en résulta un régime anti-démocratique, sans constitution et sans contrôle parlementaire.

Ce régime sera qualifié de Modèle:Citation par Stanley Hoffmann, qui démontre, entre autres, les aspects dictatoriaux dans une publication parue en 1956<ref name="hoffmann_pluralist">Modèle:Ouvrage.</ref>. D'autres auteurs, comme Robert Aron, Robert Paxton et Marc Ferro, évoquent, au sujet de Pétain, des dictateurs<ref>Collectif : Patrick Boman, Bruno Fuligni, Stéphane Mahieu et Pascal Varejka, Le Guide suprême – Petit dictionnaire des dictateurs, Ginkgo éditeur, 2008, Modèle:Nobr Modèle:ISBN, Modèle:P. Modèle:Présentation en ligne.</ref> tels que SalazarModèle:Sfn,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn et son régimeModèle:Sfn, FrancoModèle:Sfn,Modèle:Sfn, voire MussoliniModèle:Sfn. Pour Aron : Modèle:CitationModèle:Sfn.

Selon Paxton, Modèle:CitationModèle:Sfn, tandis que pour Ferro c'est l'exemple de Salazar qui inspire le programme du maréchal, ainsi : Modèle:CitationModèle:Sfn et : Modèle:CitationModèle:Sfn.

Installation du régime

Pouvoir personnel

Modèle:Double image

Dès le Modèle:Date-, par trois « actes constitutionnels », Pétain se proclame chef de l'État français et s'arroge tous les pouvoirs<ref name="mjp1">Modèle:Lien web.</ref>,<ref name="mjp2">Modèle:Lien web.</ref>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Par son acte constitutionnel Modèle:N° du Modèle:Date-<ref name="mjp1"/>, il abroge l'Modèle:Nobr de la [[Lois constitutionnelles de 1875|loi constitutionnelle du Modèle:Date-]], ce qui consiste à détruire le fondement même de la République, sachant que cet article de loi Modèle:Incise est celui qui établissait le régime républicain en France.

Pierre Laval lui dit un jour : Modèle:CitationModèle:Sfn, Pétain répondit : Modèle:Citation<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Aux traditionnels attributs régaliens (droit de grâce, nominations et révocations des ministres et des hauts fonctionnaires), Pétain ajoute en effet des droits tout à fait inédits, même du temps de la monarchie absolue. Il peut ainsi rédiger et promulguer seul une nouvelle Constitution, il peut désigner son successeur (qui est le vice-président du Conseil), il Modèle:Citation<ref name="mjp2"/> et il Modèle:Citation<ref name="mjp2" />. Les lois, adoptées de sa seule autorité, sont promulguées sur la formule : Modèle:Citation. Par prudence, par contre, Pétain évite de s’attribuer le droit de déclarer la guerre seul : il doit pour cela consulter les éventuelles assemblées.

Fichier:Pierre Laval 1940.jpg
Pierre Laval.

Jusqu’en Modèle:Date-, Pétain reste à la fois chef de l’État et chef du gouvernement en titre, Pierre Laval, Pierre-Étienne Flandin et l'amiral François Darlan n’étant que vice-présidents du Conseil. Il gouverne de manière autoritaire.

Ainsi, le Modèle:Date-, il évince brusquement Pierre Laval du pouvoir, non par désaveu de la politique de collaboration avec l’Allemagne nazie menée par ce dernier, mais par irritation devant sa manière trop indépendante de la conduire. Il est remplacé par Flandin. Parallèlement, Pétain signe la révocation de nombreux maires, préfets et hauts fonctionnaires républicains, dont le préfet d'Eure-et-Loir, Jean Moulin, et le président de la Cour des comptes Émile Labeyrie<ref>Le Modèle:Date-, Émile Labeyrie fut en même temps révoqué de la présidence de la Cour des comptes et de sa fonction de maire d'Aire-sur-l'Adour, payant ainsi ses responsabilités à l'époque du Front populaire, cf. Histoire sociale des Landes.</ref>.

Le Maréchal supprime précocement tous les contre-pouvoirs institutionnels à son autorité, et tout ce qui rappelle trop le régime républicain, désormais honni. Le mot même de République disparaît. Les libertés publiques sont suspendues, tout comme les partis politiques, à l’exception de ceux des collaborationnistes parisiens, qui subsistent en zone nord. Les centrales syndicales sont dissoutes, les unions départementales subsistantes unifiées dans une organisation corporatiste du travail. La franc-maçonnerie est mise hors-la-loi.

Toutes les assemblées élues sont mises en sommeil ou supprimées, les Chambres aussi bien que les conseils généraux. Des milliers de municipalités, dont les maires qui n'ont pas voulu signer un serment d'allégeance (non pas à l'État, mais à Pétain lui-même) sont destituées, et remplacées par des « délégations spéciales », nommées par décret du pouvoir central, et dont la présidence revient à des personnalités présentant les garanties exigées du maréchal. Des juridictions d’exception sont mises en place.

Fichier:Le châtiment des responsables - Cour de Riom.jpg
Par ordre de Pétain, les journaux reçoivent la consigne d'annoncer, en gros caractères et sur Modèle:Nobr, Modèle:Citation présumés de la défaite<ref>Modèle:Ouvrage.</ref> (Modèle:Date-).

Le Modèle:Date-, Pétain promulgue la création de la Cour suprême de justice (dite Modèle:Citation), juridiction d'exception chargée de conduire le procès des hommes politiques et du général Maurice Gamelin que le maréchal estime responsables de l'impréparation et de la défaite militaires du pays. Léon Blum, Édouard Daladier et le général Gamelin sont ainsi arrêtés. De surcroît, Pétain envisage de faire condamner Paul Reynaud et Georges Mandel mais ceux-ci, également incarcérés, ne peuvent pas être inclus dans la procédure de Riom<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Censé servir la propagande vichyste en jugeant les ministres du Front populaire et, au-delà, les institutions démocratiques de la Troisième République comme seuls comptables de la débâcle, le procès de Riom tourne à la confusion des accusateurs, devenus à leur tour accusés. Blum et Daladier bousculent les juges par leur connaissance des dossiers relatifs à la défense nationale, rappelant notamment la responsabilité du gouvernement Doumergue, dont Pétain faisait partie en tant que ministre de la Guerre, dans la réduction des crédits militaires en 1934<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Somme toute, le Modèle:Date-, Pétain reporte le procès sine die par un Modèle:Citation<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Les accusés, toujours en instance de jugement, demeurent internés. Fin Modèle:Date-, le régime de Vichy cède devant les exigences des autorités allemandes qui, sous prétexte d'empêcher une tentative de libération américaine, transfèrent les prisonniers sur le territoire du Reich<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Par ailleurs, dès le Modèle:Date-, Vichy fait condamner à mort par contumace Charles de Gaulle (même si Pétain prétend qu'il veillera à ce que la sentence ne soit pas appliquée<ref>Christian Ferrier, Extrait de la revue Grandeur no 101, Modèle:Date-, charlesdegaulle.be, Modèle:Lire en ligne.</ref>,<ref>André Kaspi, Ralph Schor, Nicole Piétri, La Seconde Guerre mondiale - Chronologie commentée, « 1940, fondation du mouvement de libération nationale », Éditions Complexe Modèle:ISBN, Modèle:P., books.google.fr Modèle:Lire en ligne, Éditions Perrin, 1990 Modèle:ISBN.</ref>) puis ses compagnons, qui sont déchus de la nationalité française avec ceux qui les rejoignent. Des procès iniques sont intentés à diverses personnalités républicaines, ainsi à Pierre Mendès France, condamné en Modèle:Date- à Clermont-Ferrand pour une prétendue « désertion » (l'affaire du Massilia, bateau-piège), avec Jean Zay et quelques autres.

À l’automne 1941, grâce à des lois ouvertement antidatées, Vichy envoie à la guillotine plusieurs prisonniers communistes, dont le député Jean Catelas, en représailles à des attentats anti-allemands<ref>Modèle:Chapitre.</ref>.

Culte du chef et popularité
Fichier:Imagerie de la Révolution nationale.jpg
Imagerie de propagande : sous la devise « Travail, Famille, Patrie », le portrait de Pétain en médaillon soutenu par une francisque au-dessus d'une scène représentant la France rurale et industrielle, 1942.
Fichier:Mère de famille et enfants - portrait Pétain.jpg
Une mère de famille avec des enfants tenant le portrait de Pétain.

Jouant le plus possible sur la réputation du « vainqueur de Verdun », le régime exploite le prestige du maréchal et diffuse un culte de la personnalité omniprésent : les photos du maréchal figurent dans les vitrines de tous les magasins, sur les murs des cités, dans toutes les administrations, ainsi qu’aux murs des classes dans tous les locaux scolaires et dans ceux des organisations de jeunesse. On le retrouve jusque sur les calendriers des PTT. Le rôle de Bernard Ménétrel, médecin et secrétaire particulier du maréchal est prédominant dans cette action de communication et de propagande.

Le visage du chef de l’État apparaît aussi sur les timbres<ref>Modèle:Citation, sur le site timbreposte.free.fr, consulté le Modèle:Date-.</ref> et les pièces de monnaie, tandis que les bustes de Marianne sont retirés des mairies. La Saint-Philippe, chaque Modèle:Date, est célébrée à l’instar d’une fête nationale. Un hymne à sa gloire, le célèbre Maréchal, nous voilà !<ref>Modèle:Citation, France Actualités, Modèle:Date-, Archives de l'INA, sur le site ina.fr, consulté le Modèle:Date-.</ref>, est interprété dans de nombreuses cérémonies en lieu et place de la Marseillaise.

À qui douterait, des affiches de propagande proclament : Modèle:Citation ou encore Modèle:Citation.

Pétain exige aussi un serment de fidélité des fonctionnaires d'État à sa propre personne. L'acte constitutionnel no 7 du Modèle:Date- oblige déjà les secrétaires d'État, les hauts dignitaires, et les hauts fonctionnaires à jurer fidélité au chef de l'État<ref>Le texte des actes constitutionnels sur le site de l'Université de Perpignan.</ref>.

Après son discours du Modèle:Date- (discours dit du Modèle:Citation<ref>Voir un extrait du discours sur clioweb.</ref>,<ref>L'intégralité du discours de Pétain du Modèle:Date-, dit « Du vent mauvais ».</ref>, où il déplore les contestations croissantes de son autorité et de son gouvernement), Pétain étend le nombre de fonctionnaires devant lui prêter serment. Les actes constitutionnels no 8 et no 9 du Modèle:Date- concernent respectivement les militaires et les magistrats. Le serment est prêté par tous les juges à l’exception d’un seul, Paul Didier, aussitôt révoqué et interné au camp de Châteaubriant. Puis c'est l’ensemble des fonctionnaires qui doit jurer fidélité au chef de l'État par l’acte constitutionnel no 10 du Modèle:Date-. Il concernera donc les instituteurs jusqu'aux postiers. Néanmoins, en zone occupée, où l'autorité de Vichy est moins assurée, de hauts fonctionnaires nommés avant 1940, éviteront discrètement de prêter serment à Pétain et, après la guerre, pourront ainsi conserver leur poste.

Fichier:Affiche de recrutement de l'Armée de Vichy - 30ème bataillon de chasseurs à pied, La Fierté d'être chasseurs et de servir la France et Le Maréchal.jpg
Affiche de recrutement de l'Armée de Vichy - 30ème bataillon de chasseurs à pied, entre 1940 et 1942.
Fichier:Bon point.jpg
Bon point à l'effigie du Maréchal Pétain distribué par la Légion française des combattants (1940-1944).

Toute une littérature, relayée par la presse sous contrôle et par maints discours officiels ou particuliers, trouve des accents quasi-idolâtres pour exalter le maréchal comme un sauveur messianique, pour célébrer son « sacrifice », pour le comparer à Jeanne d'Arc ou à Vercingétorix, pour vanter l’allant et la robustesse physique du vieillard, ou encore la beauté de ses célèbres yeux bleus. Un chêne pluri-centenaire reçoit son nom en forêt de Tronçais. De nombreuses rues sont débaptisées et prennent son nom sur ordre.

Le serment prêté par les titulaires de la Francisque prévoit : Modèle:Citation Henri Pourrat, salué par le prix Goncourt en 1941 pour son livre Vent de Mars, devient le chantre officiel du nouveau régime et se fait l'hagiographe du chef de l'État français avec la sortie de son livre Le Chef français publié par Robert Laffont en 1942<ref>Christian Faure, Le Projet culturel de Vichy, Folklore et révolution nationale, 1940-1944, Presses Universitaires de Lyon et Éditions du CNRS, 1989, Modèle:Nb p..</ref>.

Fichier:Affiche vichyste - Le don à la patrie juin 1940.jpg
Affiche vichyste - Le don à la patrie juin 1940.

La popularité du maréchal ne repose cependant nullement sur le seul appareil de propagande. L’intéressé sait l’entretenir par de nombreux voyages à travers toute la zone sud, surtout en 1940-1942, où des foules considérables viennent l’acclamer. Il reçoit de nombreux présents de partout ainsi qu'un abondant courrier quotidien, dont des milliers de lettres et de dessins des enfants des écoles. Pétain entretient aussi le contact avec la population par un certain nombre de réceptions à Vichy, ou surtout par ses fréquents discours à la radio. Il sait employer dans ses propos une rhétorique sobre et claire, ainsi qu’une série de formules percutantes, pour faire mieux accepter son autorité absolue et ses idées réactionnaires : Modèle:Citation, Modèle:Citation (Modèle:Date-), Modèle:Citation (Modèle:Date-).

Fichier:Revolution Nationale poster.png
Modèle:Citation : affiche de 1940

Par ailleurs, de nombreux évêques et hommes d’Église mettent leur autorité morale au service d’un culte ardent du maréchal, salué comme l’homme providentiel. Le Modèle:Date-, le primat des Gaules, le cardinal Gerlier, proclame ainsi, à la primatiale Saint-Jean de Lyon, en présence du maréchal : Modèle:Citation<ref>Jean-Louis Clément, Les évêques au temps de Vichy – Loyalisme sans inféodation– Les relations entre l'Église et l'État de 1940 à 1944, Éditions Beauchesne, 1999, Modèle:Nobr Modèle:ISBN, Modèle:Lire en ligne, Modèle:P..</ref>. L’Assemblée des cardinaux et archevêques de France, en 1941, assure le chef de l’État de sa « vénération », dans une résolution sans équivalent au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle. Mais de nombreux Français de tous bords et de toutes croyances communient pareillement dans la confiance au Maréchal. En particulier, le vieux chef monarchiste Charles Maurras salue son arrivée comme une Modèle:Citation<ref>Dans le journal Le Petit Marseillais du Modèle:Date-, voir : Maurice Weyembergh, Charles Maurras et la Révolution française, éd. Vrin, 1992, Modèle:Nobr Modèle:ISBN Modèle:Lire en ligne, Modèle:P..</ref>.

Fichier:La-terre-elle-ne-ment-pas-marechal-petain.jpg
« La terre, elle, ne ment pas. »
Imagerie de propagande du régime de Vichy.

Basés à Paris<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>, les « ultras de la Collaboration<ref>Modèle:Harvsp.</ref> » se montrent généralement hostiles à Vichy et à la révolution nationale, qu’ils jugent trop réactionnaires et pas engagés assez loin dans l’appui à l’Allemagne nazie. Cependant, à la suite de Philippe Burrin et Jean-Pierre Azéma, l’historiographie récente insiste davantage sur les passerelles qui existent entre les hommes de Vichy et ceux de Paris.

Un ultra-collaborationniste comme le futur chef de la Milice française, Joseph Darnand, est ainsi pendant toute l’Occupation un inconditionnel fervent du Maréchal. Le chef fasciste français Jacques Doriot proclame quant à lui jusqu’à fin 1941 qu’il est « un homme du Maréchal ». Son rival Marcel Déat a essayé en 1940 de convertir Pétain à son projet de parti unique et de régime totalitaire, s’attirant de ce dernier une fin de non-recevoir (Modèle:Citation) ; déçu, Déat quitte définitivement Vichy et agonit désormais Pétain d'attaques dans son journal L’Œuvre, à tel point que le maréchal, en 1944, se débrouille pour ne jamais contresigner sa nomination comme ministre. D'autres entourent Pétain de leur vénération sans bornes, tels Gaston Bruneton, chargé de l’action sociale auprès des travailleurs français en Allemagne (volontaires et forcés) en étroite collaboration avec le DAF (Front allemand du travail), ou encore se voient confier des fonctions importantes par Vichy.

Programme de révolution nationale

Choix prioritaire du maréchal Pétain
Fichier:Revolution Nationale propaganda poster.jpg
Projet d'affiche conçu pour promouvoir la révolution nationale et stigmatiser la Troisième République prétendument en proie au capitalisme, au communisme, à l'affairisme, aux juifs et aux francs-maçons. Illustration de R. Vachet, Centre de propagande de la révolution nationale d'Avignon.

Instaurant un régime contre-révolutionnaire et autoritaire, le régime de Vichy veut réaliser une « révolution nationale », à fortes consonances antisémites, qui rompt avec la tradition républicaine et instaure un ordre nouveau fondé sur l’autorité, la hiérarchie, le corporatisme, l’inégalité entre les citoyens. Sa devise « Travail, Famille, Patrie », empruntée aux « Croix-de-Feu », remplace le triptyque « Liberté, Égalité, Fraternité ». Dès l’Modèle:Nobr, un discours du maréchal Pétain prévient que le nouveau régime Modèle:Citation<ref>Modèle:Lien web.</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>,<ref>Modèle:Chapitre.</ref>.

Fichier:Pétain - portrait photographique.jpg
Philippe Pétain. Photographie officielle couleur titrée sur papier, imprimerie Draeger, vers 1941.

La révolution nationale est la priorité de Pétain, dont il fait son affaire personnelle, et qu'il encourage par ses discours et ses interventions en Conseil des ministres. Cependant, dès Modèle:Date-, il avoue à la radio Modèle:Citation ses projets, parmi la masse de la population. À partir du retour au pouvoir de Laval en Modèle:Date-, la révolution nationale n’est plus à l’ordre du jour.

L’historiographie récente, depuis les travaux d'Henri Michel, Robert Paxton ou Jean-Pierre Azéma, tend à montrer que le désir de pouvoir enfin « redresser » la France à sa façon a poussé largement Pétain, en Modèle:Date-, à retirer la France de la guerre par l’armistice. C’est également lui qui le pousse à accepter l’entente avec le vainqueur : la révolution nationale ne peut prospérer que dans une France défaite, car c'est la défaite qui rend caduques les institutions républicaines qui l'ont provoquée et justifie la nécessité d'une telle révolution. Pour les pétainistes, une victoire alliée signifierait de plus le retour des Juifs, des francs-maçons, des républicains et des communistes.

Selon ces historiens, Pétain néglige aussi le péril et la contradiction qu’il y a à entreprendre ses réformes sous le regard de l’occupant. Cette illusion est d’ailleurs dénoncée dès l’époque par la France libre du général de Gaulle, mais également par nombre de résistants, dont certains avaient pu au départ être tentés par le programme de Pétain, mais qui estiment dangereux de se tromper sur les priorités et vain d'entreprendre des réformes, tant que les Allemands ne sont pas chassés du pays.

En Modèle:Date-, François Valentin, le chef de la Légion française des combattants, nommé à ce poste par Pétain lui-même, rejoint Londres, enregistre et fait diffuser à la BBC un message retentissant dans lequel il fait son autocritique et dénonce la faute grave du maréchal et de ses fidèles : Modèle:Citation<ref>Le texte de l'appel de Valentin.</ref>

Mais, si les historiens ont déterminé les intentions de Pétain, ce n'était pas toujours le cas des personnes vivant à l'époque, et, si Pétain conduisit par exemple une politique antisémite, ceux qui l'admiraient n'avaient pas forcément de telles idées. Enfin, les « vichysto-résistants »<ref name="vichysto">Expression utilisée par Jean-Pierre Azéma et Olivier Wieviorka, en 1997, dans Vichy, 1940-1944, éd. Perrin, Paris, 1997 ; rééd. Perrin, coll. « Tempus », 2000 et 2004, Modèle:Nobr Modèle:ISBN, Modèle:P.. Depuis, l'expression a été assez souvent reprise par Azéma et Denis Peschanski, « Les vichysto-résistants », communication au colloque « Guerre, collaboration, résistance : un demi-siècle d’historiographie française », Tel-Aviv, du 17 au Modèle:Date-, par Robert Belot, La Résistance sans de Gaulle, Fayard, 2006, 668Modèle:Nb p. Modèle:ISBN et par Henry Rousso, L'Express no 2871 du Modèle:Date-.</ref>, souvent séduits par la révolution nationale mais hostiles à la collaboration et à l'occupant, furent nombreux.

Réformes, contrôles et exclusions

Modèle:Article connexe

Fichier:Statut des Juifs - page 1.jpg
Texte du statut des Juifs, annoté de la main de Pétain (Modèle:Nobr). Archives Mémorial de la Shoah.
Fichier:'Entreprise juive' affichage obligatoire, Le Matin, 19-10-1940.jpg
Marque obligatoire bilingue allemand-français à afficher sur la devanture des entreprises juives, France, Modèle:Date-.

Les premières mesures sont prises par la loi du Modèle:Date- qui dissout les sociétés secrètes et interdit la franc maçonnerie en France et dans toutes les colonies et territoires sous mandat français.

Par décret pris quelques jours après la loi, les sièges des obédiences sont occupés par la police et les lieux d'exercice (temples maçonniques) sont fermés. En Modèle:Date-, le gouvernement oblige tous les agents publics à faire une déclaration, afin de servir le nouveau régime, certifiant qu'ils ne sont pas francs maçons ; s'ils le sont, ils se retrouvent exclus de la fonction publique ou de l'armée.

Les secondes mesures sont notamment dirigées contre les Juifs dès la loi du Modèle:Date-, bien que le maréchal semble avoir été imperméable à l'antisémitisme avant la guerre : il soutint la candidature d'André Maurois à l'Académie française, fut représenté à l'enterrement d'Edmond de Rothschild en 1934, fut témoin au mariage de l'économiste israélite Jacques Rueff en 1937 et le parrain de sa fille en 1938Modèle:Sfn.

Fichier:Le statut des Juifs est promulgué - Le Matin.jpg
Une du journal Le Matin du Modèle:Date-, annonçant la promulgation du statut des Juifs ainsi que la révocation du franc-maçon Louis Doignon.

Dès la troisième semaine de Modèle:Date-, ainsi, des mesures sont prises pour écarter des fonctionnaires juifs, et une commission est fondée pour réviser et annuler des milliers de naturalisations accordées depuis 1927. En Modèle:Date-, sans aucune demande particulière de la part des Allemands, des lois d’exclusion adoptées à la hâte contre les Juifs sont promulguées<ref>amgot.org, « Loi portant statut des Juifs », Lois sur le statut des Juifs, textes repris du Journal officiel.</ref> (voir l’article : régime de Vichy).

Selon le témoignage du ministre des Affaires étrangères Paul Baudouin<ref>Paul Baudouin, Neuf mois au gouvernement, avril à Modèle:Date-, Éditions La Table Ronde, 1948.</ref>, Pétain a personnellement participé à la rédaction du statut des Juifs et insisté pour qu’ils soient par exemple davantage exclus du milieu médical et de l'enseignement. Le brouillon originel de ce texte, qui est redécouvert en Modèle:Date, annoté de la main du maréchal, prouvant ainsi son implication personnelle<ref name="Libération2010">Modèle:Article.</ref>, confirme bien que Pétain a durci la version première et fait étendre l'exclusion à la totalité des Juifs de France, alors qu'elle ne devait concerner d'abord que les Juifs ou descendants de Juifs naturalisés après 1860<ref>Modèle:Article.</ref>.

Les textes discriminatoires du Modèle:Date- sont durcis le Modèle:Date- : ils excluent ainsi les Français de « race juive » (déterminée par la religion des grands-parents) de la plupart des fonctions et activités publiques. Des quotas sont fixés pour l’admission des Juifs au barreau, dans le monde universitaire ou médical. Lors du statut du Modèle:Date-, la liste des métiers interdits s’allonge démesurément.

Dans le même temps par une loi du Modèle:Date-, promulguée par le maréchal, est créé un Modèle:Citation<ref>Loi du Modèle:Date- créant un Commissariat général aux questions juives, publiée au Journal officiel du Modèle:Date-.</ref>.

Auprès du maréchal se pressent des hommes de tous bords, mêlant de façon baroque, au sein de sa Modèle:Citation<ref name="hoffmann_pluralist"/>, des technocrates modernistes et des révolutionnaires déçus du marxisme aussi bien que des maurrassiens et des réactionnaires. Pétain cependant manifeste personnellement des orientations proches de L’Action française (Modèle:Refnec) et cite surtout en exemple à ses proches les régimes conservateurs et cléricaux de Salazar et de Franco, qu’il connaît personnellement depuis 1939.

Parallèlement au développement d’un pouvoir centralisé, le maréchal se consacre au « relèvement de la France » : rapatriement des réfugiés, démobilisation, ravitaillement, maintien de l’ordre. Mais loin de se limiter à gérer les affaires courantes et à assurer la survie matérielle des populations, son régime est le seul en Europe à développer un programme de réformes intérieures, indépendant des demandes allemandes.

Certaines mesures prises à cette époque ont survécu, comme la création d’un ministère de la Reconstruction, l’unification du permis de construire, la transformation du service géographique des armées en IGN en Modèle:Date-, l’étatisation des polices municipales par une loi en Modèle:Date- en vue de faciliter le contrôle des populations, ou encore une politique familiale, déjà amorcée par la {{#ifeq:République | s | Modèle:Siècle | IIIe{{#if:République| République }} }} finissante et prolongée sous la [[Quatrième République (France)|{{#ifeq:République | s | Modèle:Siècle | IVe{{#if:République| République }} }}]]. D’autres dispositions sont adoptées : campagne contre l’alcoolisme, interdiction de fumer dans les salles de spectacle, inscription de la fête des Mères au calendrier. D’autres encore portent la marque des projets réactionnaires du chef de l’État, comme la pénalisation des relations homosexuelles avec des personnes mineures. De nombreux étrangers supposés Modèle:Citation sont incorporés de force dans des Groupes de travailleurs étrangers (GTE). Les Écoles normales, bastion de l’enseignement laïc et républicain, sont supprimées à la fin de l'année 1940 et le baccalauréat devient alors obligatoire pour pouvoir enseigner dans l'enseignement primaire, le futur instituteur se formant alors « sur le tas » en étant en stages pendant plus d'une année, dans les écoles maternelles ou élémentaires. Les lois des 11 et Modèle:Date- contre l’emploi des femmes en renvoient des milliers au foyer de gré ou de force. Le divorce est rendu nettement plus difficile, et le nombre de poursuites judiciaires et de condamnations pour avortement explose littéralement par rapport à l’entre-deux-guerres<ref>Voir Chronologie du droit relatif à la contraception et de l'avortement en France.</ref>. En Modèle:Date-, apparaît le premier statut général des fonctionnaires civils. Rompant avec l'usage existant depuis près de cinquante ans qui accordait la grâce présidentielle aux femmes condamnées à mort, il la refuse à Élisabeth Lamouly qui est guillotinée en Modèle:Date-, quatre autres femmes seront ainsi châtiées dont l'avorteuse, Marie-Louise Giraud, qui sera guillotinée en Modèle:Date-<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Autre rupture avec la {{#ifeq:République | s | Modèle:Siècle | IIIe{{#if:République| République }} }}, les rapports étroits noués avec les Églises : Pétain, personnellement peu croyant, voit comme Maurras en la religion un facteur d’ordre, et ne manque pas d’assister à chaque messe dominicale à l’église Saint-Louis de Vichy.

Fichier:Chantiers de la jeunesse BNF.jpg
Affiche des Chantiers de la jeunesse française, 1941.

Dans l’optique de la « restauration » de la France, le régime de Vichy crée très tôt, sous la direction de Joseph de La Porte du Theil, un fidèle très proche du maréchal Pétain, des camps de formation qui durent six mois et qui deviendront plus tard les Chantiers de la jeunesse française. L’idée est de réunir toute une classe d’âge (en remplacement du service militaire interdit par les Allemands), et, à travers une vie au grand air, par des méthodes proches du scoutisme, leur inculquer les valeurs morales du nouveau régime (culte de la hiérarchie, rejet de la ville industrielle corruptrice), ainsi que la vénération à l’égard du chef de l’État.

D’autres moyens de contrôle sont également mis en place dans le domaine économique, comme les Comités professionnels d’organisation et de répartition, ayant un pouvoir de juridiction sur leurs membres ou un pouvoir de répartition des matières premières, pouvoir capital en ces temps de restrictions généralisées.

Fichier:Bundesarchiv Bild 183-H26364, Paris, Anwerbung französischer Arbeiter.jpg
À Paris, l'armée d'occupation allemande sélectionne les futurs travailleurs du Service du travail obligatoire.

À destination des ouvriers, Pétain prononce le Modèle:Date- un important discours à Saint-Étienne, où il expose sa volonté de mettre fin à la lutte des classes en prohibant à la fois le capitalisme libéral et la révolution marxiste. Il énonce les principes de la future Charte du travail, promulguée en Modèle:Date-. Celle-ci interdit à la fois les grèves et le lock-out, instaure le système du syndicat unique et le corporatisme, mais met aussi en place des comités sociaux (préfiguration des comités d'entreprise) et prévoit la notion de salaire minimum. La Charte séduit de nombreux syndicalistes et théoriciens de tous bords (René Belin, Hubert Lagardelle). Mais elle peine à entrer en application, et ne tarde pas à se briser sur l’hostilité de la classe ouvrière au régime et à ces idées, l’aggravation des pénuries, l’instauration du Service du travail obligatoire (STO) en Modèle:Date-, et enfin sur la lutte menée contre elle par les syndicats clandestins de la Résistance intérieure française.

Véritables enfants chéris de Vichy, les paysans passent cependant longtemps pour les vrais bénéficiaires du régime de Pétain. Lui-même propriétaire terrien en sa résidence de Villeneuve-Loubet, un vaste domaine agricole qu'il gère lui-même<ref>Échos, par Deck, L'Automobile sur la Côte d'azur, Modèle:Date-, Modèle:P..</ref>, le maréchal affirme que Modèle:Citation, et encourage le retour à la terre — politique soldée sur un échec, moins de Modèle:Unité en quatre ans tentant de suivre ses conseils. La Corporation paysanne est fondée par une loi du Modèle:Date-<ref>sciences-sociales.ens.fr, Julien Kurtz, Matthieu Pujuguet, Jacques-Benoit Rauscher, Les politiques agricoles de 1939 à 1958 : D’une agriculture protégée à une agriculture dirigée, Ens Cachan Modèle:Lire en ligne.</ref>,<ref name="Corpopaysanne">La lettre de la fondation de la Résistance, no 43, Modèle:Date- La Corporation paysanne, sur fmd.asso.fr.</ref>,<ref>pressesdesciencespo.fr, Isabel Boussard-Decaris, Vichy et la Corporation paysanne..</ref>. Une partie des membres se détache du régime fin 1943 et lui font aussi servir de base à la création d'un syndicalisme paysan clandestin fin 1943, la Confédération générale de l'agriculture (CGA)<ref name="Corpopaysanne"/> qui voit le jour officiellement le Modèle:Date-, lors de la dissolution de la Corporation paysanne par les autorités et qui se prolongera sous la forme de la FNSEA en 1946<ref>sciences-sociales.ens.fr, Julien Kurtz, Matthieu Pujuguet, Jacques-Benoit Rauscher, Les politiques agricoles de 1939 à 1958 : D’une agriculture protégée à une agriculture dirigée, Ens Cachan Modèle:Lire en ligne Modèle:Commentaire biblio</ref>.

Développant fréquemment et complaisamment la vision doloriste d’une France « décadente » qui expie maintenant ses « fautes » antérieures, Pétain entretient les Français dans une mentalité de vaincu : Modèle:Citation (à une délégation, Modèle:Date-), et manifeste un souci particulier pour les soldats prisonniers, images mêmes de la défaite et de la souffrance : Modèle:Citation, (Noël 1941). Selon son chef de cabinet, Henry du Moulin de Labarthète, le tiers du temps de travail quotidien du maréchal était consacré aux prisonniers. De ces derniers, Vichy rêvait de faire les propagateurs de la révolution nationale à leur retour.

De la Légion à la Milice
Fichier:Joseph Darnand c1940.jpg
Joseph Darnand, secrétaire général de la Milice.
Fichier:Bundesarchiv Bild 146-1989-107-24, Frankreich, Einsatz gegen die Resistance.jpg
Arrestation de résistants par la Milice, Modèle:Date-.

La période consécutive à l’armistice voit aussi la création de la « Légion française des combattants » (LFC), à laquelle sont ensuite agrégés les « Amis de la Légion » et les « Cadets de la Légion ». Fondée par le très antisémite Xavier Vallat le Modèle:Date-, elle est présidée par le maréchal Pétain en personne. Pour Vichy, elle doit servir de fer de lance de la révolution nationale et du régime. À côté des parades, des cérémonies et de la propagande, les Légionnaires actifs doivent surveiller la population, et dénoncer les déviants et les fautifs de « mauvais esprit ».

Au sein de cette légion se constitue un Service d’ordre légionnaire (SOL) qui s’engage immédiatement dans la voie du collaborationnisme. Cet organisme est commandé par Joseph Darnand, héros de la Première Guerre mondiale et de la campagne de 1940, et fervent partisan de Pétain (sollicité en 1941 de joindre la Résistance, il refuse, selon le témoignage de Claude Bourdet, parce que « le Maréchal » ne comprendrait pas). Ce même organisme devient en Modèle:Date- la « Milice française ». À la fin de la guerre, alors que Vichy est devenu un régime fantoche aux ordres des Allemands, la Milice qui compte au maximum Modèle:Unité, dont beaucoup d’aventuriers et de droit-communs, participe activement à la lutte contre la Résistance, avec les encouragements publics du maréchal Pétain comme de Pierre Laval, son président officiel. Haïe de la population, la Milice perpètre régulièrement délations, tortures, rafles, exécutions sommaires, qui se mêlent à d’innombrables vols, viols, voies de faits sur la voie publique ou contre des fonctionnaires.

Pétain attend le Modèle:Date- pour les désavouer dans une note à Darnand, trop tardivement pour que ce dernier soit dupe. Modèle:Citation, rappellera Darnand dans sa réponse caustique au maréchal, Modèle:Citation.

Collaboration d’État

Fichier:Arthur Szyk - Le maréchal Pétain écoutant la voix de son maître.jpg
Le maréchal Pétain écoutant la voix de son maître.
Parodiant un célèbre logo canin, la caricature est signée Arthur Szyk, New York, 1941<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Sur le plan de la politique extérieure, Pétain a retiré d’emblée le pays du conflit mondial en cours, et affecte de croire que ce dernier ne concerne plus du tout la France. S’il refuse jusqu’au bout toute rentrée dans la guerre aux côtés d’un des deux camps, il ne refuse pourtant pas le combat contre les Alliés chaque fois qu'il en a l'occasion et annonce dès Modèle:Date-, son intention de reprendre par la force les territoires sous autorité de la France libre<ref name="clioonline">« Pétain, Philippe : Message du Modèle:Date- », Themenportal Europäische Geschichte, sur le site europa.clio-online.de, consulté le Modèle:Date-.</ref>. Il pratique donc une « neutralité dissymétrique » qui profite aux Allemands. Il choisit en effet de s’entendre avec le vainqueur et imagine que la France, avec son empire colonial, sa flotte et sa bonne volonté à coopérer, peut obtenir une bonne place dans une Europe durablement allemande. Ceci peut être perçu comme une certaine naïveté de la part de Pétain : dans l’idéologie nazie, la France était en effet l’ennemie irréductible de l’Allemagne, elle devait être écrasée et ne pouvait en aucun cas bénéficier d’une quelconque place privilégiée à ses côtés.

Il est bien établi, depuis les travaux d'Eberhard Jäckel<ref>Eberhard Jäckel, Frankreich in Hitlers Europa – Die deutsche Frankreichpolitik im Zweiten Weltkrieg, Deutsche Verlag-Anstalg GmbH, Stuttgart, 1966 ; traduction : La France dans l'Europe de Hitler (préface de Alfred Grosser, traduction de Denise Meunier), éd. Fayard, coll. « Les grandes études contemporaines », 1968, Modèle:Nobr ; cité par Stanley Hoffmann dans sa préface à La France de Vichy, Modèle:Harvsp.</ref> et surtout de Robert Paxton, que Pétain a activement recherché et poursuivi cette collaboration avec l’Allemagne nazie. Elle ne lui a pas été imposée. Moins intéressé par la politique extérieure que par la révolution nationale, sa vraie priorité, Pétain laisse Darlan et Laval mettre en œuvre les volets concrets de la collaboration d’État. Mais l’une est en réalité le revers de l’autre, selon les constats concordants de l’historiographie contemporaine : les réformes vichystes n’ont pu se mettre en place qu’en profitant du retrait de la France de la guerre, et elles ne sauraient survivre à une victoire alliée. Par ailleurs, le « mythe Pétain »Modèle:Sfn est indispensable pour faire accepter à bien des Français la collaboration. Le prestige du vainqueur de Verdun, son pouvoir légal sinon légitime, brouillent en effet dans les consciences en désarroi la perception des devoirs et des priorités.

Rencontre de Montoire
Fichier:Bundesarchiv Bild 183-H25217, Henry Philippe Petain und Adolf Hitler.jpg
Pétain et Hitler à Montoire, le Modèle:Date-.

Modèle:Début d'illustration Modèle:Fin d'illustration

Après avoir affecté pendant trois mois de rester neutre dans le conflit en cours entre l’Axe et le Royaume-Uni, Pétain engage personnellement et officiellement, par son discours radiodiffusé du Modèle:Date-, le régime de Vichy dans la collaboration<ref>Il déclare notamment : Modèle:Citation.</ref>,<ref name="clioonline"/>, à la suite de l’entrevue de Montoire du Modèle:Date-, durant laquelle il rencontra Hitler<ref>Cette entrevue ne fit l'objet d'aucun compte rendu officiel, mais on sait que seul le principe de la collaboration fut établi sans qu'aucun engagement ne soit pris d'aucune part. Il est d'ailleurs important de souligner que cette entrevue intervint en même temps que les débats de la commission d'armistice entre la France et l'Allemagne, tout en étant totalement distincte. Modèle:Cf. : Marc Ferro, Questions sur la Seconde Guerre mondiale, Éditions Complexe, 2007, Modèle:P..</ref>. Cette « poignée de main de Montoire », sera par la suite largement diffusée aux actualités cinématographiques, et exploitée par la propagande allemande.

Certes, l’armistice avait permis, en un premier temps, de limiter l’occupation allemande à la moitié nord et ouest du territoire. Mais l’autonomie de la zone sud est toute relative, car Pétain, avec ou sans discussion préliminaire, plie le plus souvent devant les exigences des autorités allemandes, quand son gouvernement ne va pas spontanément au-devant de celles-ci.

Cette collaboration d’État entraîne plusieurs conséquences. Le maréchal, alors que son prestige reste immense, s’interdit de protester, au moins publiquement, contre les exactions de l’occupant et de ses auxiliaires français ou contre l’annexion de fait, contraire à la convention d’armistice, de l’Alsace et de la Moselle. Aux parlementaires des trois départements, qu’il reçoit le Modèle:Date- alors que commence l’incorporation massive et illégale des Français d'Alsace et de Lorraine, dits les malgré-nous dans la Wehrmacht, il ne conseille que la résignation. La veille, il avait fait remettre par Laval une protestation officielle, qui restera sans suite.

En 1941, le régime de Pétain est de facto allié avec les forces militaires allemandes lors de la guerre de Syrie contre les Alliés.

Fichier:Göring mit Petain und Darlan 1941.jpg
le Reichsmarschall Göring s'entretient à Saint-Florentin-Vergigny en France avec le chef du gouvernement français, le maréchal Pétain, à gauche l'amiral François Darlan.

Le général Weygand, connu pour son hostilité à la collaboration, ayant été limogé en Modèle:Date-, Pétain obtient une entrevue avec Göring à Saint-Florentin le Modèle:Date-<ref>André Kaspi, Ralph Schor, « La Seconde Guerre mondiale : chronologie commentée », Éditions Complexe, 1995 Modèle:Isbn, Modèle:P..</ref>. Mais c'est un échec, les Allemands refusant de céder à ses demandes : extension de la souveraineté de Vichy à toute la France sauf l'Alsace-Lorraine, réduction des frais d'occupation et du nombre de prisonniers de guerre et renforcement des moyens militaires de l'Empire<ref>André Béziat, Franklin Roosevelt et la France (1939-1945), L'Harmattan, 1997 Modèle:Isbn, Modèle:P..</ref>.

En Modèle:Date-, sous la pression allemande, mais aussi parce qu’il est déçu des maigres résultats de Darlan, Pétain accepte le retour au pouvoir de Pierre Laval, désormais doté du titre de « chef du gouvernement ».

Il n’y a pas de différence en politique extérieure entre un « Vichy de Pétain » et un « Vichy de Laval », comme l’ont suggéré André Siegfried, Robert AronModèle:Référence souhaitée ou Jacques Isorni. S’il n’a aucune affection personnelle pour Laval, Pétain couvre sa politique de son autorité et de son charisme, approuve ses orientations en Conseil des ministres, et même parfois les mots de ses discours. Ainsi celui du Modèle:Date- où Laval prononce ces mots retentissants : Modèle:Citation : Charles Rochat a témoigné par écrit pour la Haute Cour de justice que Pétain les avait avalisés, en faisant même changer un « Je crois » initial en un « Je souhaite » encore plus critique<ref>Procès du maréchal Pétain devant la Haute Cour de justice, 1945 (Musée Criminocorpus, Modèle:P.).</ref>.

En Modèle:Date-, devant une délégation de visiteurs à Vichy, Pétain assure qu’il agit Modèle:Citation avec Laval, que les ordres de ce dernier sont Modèle:Citation et que tous lui doivent obéissance Modèle:Citation. Lors du procès de Pétain, Laval déclarera sans ambiguïté qu’il n’agissait qu’après en avoir déféré à l'avis du maréchal : tous ses actes avaient été approuvés préalablement par le chef de l’État.

Rafle du billet vert par la police française en 1941

Modèle:Article connexe Sur la base des recensements effectués, Modèle:Nombre étrangers, des Polonais pour la plupart, des hommes de 18 à Modèle:Nobr habitant en région parisienne, reçoivent une convocation pour « examen de situation » (le billet vert), les sommant de se rendre, accompagnés d'un proche, dans divers lieux de rassemblement le Modèle:Date-. Plus de la moitié (3 747) obéissent et sont aussitôt arrêtés pendant que la personne qui les accompagne est invitée à aller leur chercher des affaires et des vivres. Ils sont transférés en autobus à la gare d'Austerlitz et déportés le jour même par quatre trains spéciaux vers les camps d'internement du Loiret (à peu près 1 700 à Pithiviers et 2 000 à Beaune-la-Rolande)

Dans leur très grande majorité, les victimes de cette opération sont déportées lors des premiers convois de juin et Modèle:Date- et assassinées à Auschwitz-Birkenau.

En Modèle:Date-, les Allemands exécutent Modèle:Nobr en représailles après la mort de Karl Hotz, Feldkommandant des troupes d'occupation du département de Loire-Inférieure. À la suite de ces représailles qui soulèvent l’indignation générale, Pétain a des velléités secrètes de se constituer lui-même comme otage à la ligne de démarcation, mais son ministre Pierre Pucheu l’en dissuade vite au nom de la politique de collaboration, et le maréchal ne fait finalement de discours que pour blâmer les auteurs d’attentats et appeler les Français à les dénoncer.

Au Modèle:Nobr encore, Pétain ne condamne jamais les déportations, les rafles et les massacres quasi-quotidiens, se taisant par exemple sur le massacre d'Ascq, où Modèle:Nobr sont massacrés par les Waffen SS dans le Nord, près de LilleModèle:Refnec.

Par contre, il ne manque pas de dénoncer « les crimes terroristes » de la Résistance ou les bombardements alliés sur les objectifs civils. Il encourage les membres de la Légion des volontaires français (LVF) qui combattent en URSS sous uniforme allemand, leur garantissant dans un message public qu’ils détiennent Modèle:Citation.

Rafle du Vel' d'Hiv' Modèle:Article connexe

Lorsque fin Modèle:Date-, Laval informe le Conseil des ministres de la prochaine mise en œuvre de la rafle du Vélodrome d'Hiver, le procès-verbal témoigne que Pétain agrée comme « juste » la livraison de milliers de Juifs aux nazis. Puis le Modèle:Date-, la zone sud devint le seul territoire de toute l’Europe d’où des Juifs, souvent internés par Vichy depuis 1940 dans les très durs camps de Gurs, Noé, Rivesaltes, furent envoyés à la mort alors même qu’aucun soldat allemand n’était présent.

Maintenant antisémite, Pétain s’est opposé en Modèle:Date- à l'introduction en zone sud du port obligatoire de l’étoile jaune, mais il n’a pas protesté contre son introduction en zone nord, et en zone sud son gouvernement fait apposer le tampon « Juif » sur les papiers d’identité à partir de fin 1942. En Modèle:Date-, comme les Allemands pressent Vichy de retirer en bloc la nationalité française aux Juifs, ce qui aurait favorisé leur déportation, le nonce le fait prévenir discrètement que Modèle:Citation, ce qui impressionne le vieil homme et contribue à l’échec du projet<ref>Jacques Duquesne, Les Catholiques sous l’Occupation, Points-Seuil, 1996.</ref>. En tout, Modèle:Unité parmi lesquels Modèle:Unité, non réclamés au départ par les Allemands, ont été déportés de France sous l’Occupation, dont 80 % ont été arrêtés par la police française. Un tiers avait la nationalité française. Seuls 3 % survivront aux déportations dans les camps de concentration.

À ce sujet, l'historien André Kaspi écrit : Modèle:Citation<ref>L'Histoire, no 148, Modèle:Date-, Modèle:P..</ref>. Pour l'avocat Serge Klarsfeld cet Modèle:Citation lorsque l'on constate l'implication personnelle de Pétain dans la politique antisémite dès Modèle:Date-<ref name="Libération2010"/>.

En Modèle:Date-, un télégramme signé Pétain félicite Hitler d’avoir fait échec à la tentative de débarquement allié à Dieppe.

Le Modèle:Date-, Pétain promulgue la première loi fondant le Service du travail obligatoire, complétée par celle du Modèle:Date-. Le STO organise en une dizaine de mois le départ forcé de plus de Modèle:Unité français, qui vont renforcer malgré eux l'Allemagne nazie.

Après le tournant de Modèle:Date-

Lorsque les Alliés débarquent en Afrique du Nord le Modèle:Date-, au Maroc, à Oran et dans le port d'Alger, Pétain donne officiellement l’ordre de les combattre, en déclarant : Modèle:Citation L'existence même de Vichy est alors en cause : si les forces de Vichy ne résistent pas à l'invasion alliée, les Allemands envahiront inéluctablement la France non occupée et le reste de l'Afrique du Nord<ref>Robert Paxton, « De l'Occupation à la Libération », dans La France des années noires, Modèle:T., Éd. du Seuil, 1993, Modèle:P..</ref>. Pendant quelques jours, les Alliés doivent donc faire face à une authentique résistance de la part de l'Armée de Vichy, obéissant aux ordres de ses chefsModèle:Sfn.

En réaction à ce débarquement, le Modèle:Date, violant la convention d’armistice, les Allemands envahissent la zone sud. Pétain refuse l'idée de gagner l'Afrique du Nord, d'ordonner à la flotte de Toulon d’appareiller, de replacer la France dans le camp des Alliés. Pour justifier sa décision, il va en privé jusqu'à invoquer que son médecin lui a déconseillé de prendre l’avion… Il veut surtout pouvoir continuer à Modèle:Citation. Il proteste contre cette invasion par une déclaration plusieurs fois diffusée sur les ondes. En fait, soulignent Robert Paxton et R. Franck, il reste fidèle à son choix de 1940, associant étroitement retrait de la guerre, collaboration et révolution nationaleModèle:Référence souhaitée.

Sa décision déçoit d'innombrables Français qui croyaient encore en un hypothétique « double jeu » secret du maréchal et s'imaginaient qu'il souhaitait en secret préparer la reprise de la lutte et la revanche contre l'ennemi. Nombre d’entre eux se détachent du régime de Vichy tout en conservant généralement leur respect pour la personne du maréchal Pétain et vont parfois gonfler les rangs clandestins des Modèle:Citation<ref name="vichysto"/> inspirés notamment par les généraux Giraud et de Lattre de Tassigny. Le surnom de Modèle:Citation<ref>Louis Aragon popularisera l’expression en la reprenant dans son poème J’écris dans un pays dévasté par la peste lorsqu’il décrit Modèle:Citation</ref>,<ref>http://www.cndp.fr/poetes-en-resistance/poetes/louis-aragon/jecris-dans-un-pays-devaste-par-la-peste/pistes-pedagogiques.html.</ref>, dont certains l’avaient affublé, se répand.

La dissidence de la plus grande partie de l'Empire, la fin de la « zone libre », le sabordage de la flotte française à Toulon, le Modèle:Date-, la dissolution de l’armée d'armistice font perdre à Vichy ses derniers atouts face aux Allemands. En maintenant sa politique de collaboration, Pétain perd beaucoup de la popularité dont il jouissait depuis 1940, et la Résistance s’intensifie malgré le durcissement de la répression.

Fichier:Marshal Petain and Pierre Laval c1942.jpg
Pétain et Pierre Laval dans le parc du pavillon Sévigné à Vichy, vers 1942.

Pétain fait officiellement déchoir de la nationalité française et condamner à mort ses anciens fidèles François Darlan et Henri Giraud, qui sont passés au camp allié en Afrique du Nord. Il ne proteste à aucun moment lorsque fin 1942, puis à nouveau à l’automne 1943, une vague d'arrestations frappe son propre entourage et écarte de lui un nombre important de conseillers et de fidèles dont Maxime Weygand, Lucien Romier ou Joseph de La Porte du Theil, interné en Allemagne. Il consent des délégations croissantes de pouvoirs à Pierre Laval, redevenu son dauphin, qui place ses fidèles à tous les postes-clés et qui obtient de lui, à partir du Modèle:Date-, de signer seuls les lois et les décrets.

Fin 1943, voyant le sort de l’Axe scellé, Pétain tente de jouer en France le rôle du maréchal Badoglio en Italie, lequel en Modèle:Date-, après avoir longtemps servi le fascisme, a fait passer le pays du côté allié. Pétain espère ainsi qu’un nouveau gouvernement moins compromis aux yeux des Américains, doté d’une nouvelle constitution pourra, au « jour J », écarter le général de Gaulle du jeu et négocier avec les libérateurs l’impunité de Vichy et la ratification de ses actesModèle:Référence souhaitée.

Le Modèle:Date-, alors que Pétain s'apprête à prononcer le lendemain un discours radiodiffusé par lequel il annoncerait à la nation une révision constitutionnelle selon laquelle il reviendrait à l'Assemblée nationale de désigner son successeur, ce qui aurait remis en cause le statut officiel de dauphin de Laval, les Allemands, par l'intermédiaire du consul général Krug von Nidda, bloquent ce projetModèle:Sfn,<ref>Afin d'en référer à son gouvernement, le consul général allemand Krug von Nidda, mis au courant, bloque le projet. Il aurait été averti par le ministre des Affaires étrangères Ribbentrop qu'un délai était nécessaire pour étudier le texte. La nouvelle du refus définitif fut ensuite apportée à l'hôtel du Parc par le représentant allemand à Vichy.</ref>,<ref>Pierre Nicolle, Cinquante mois d'armistice, Éditions André Bonne, Modèle:P..</ref>.

Fichier:Les FTPF font don de leur p.jpg
Les FTPF font don de leur p.... Un membre des Francs-tireurs et partisans expédie Pétain, à coup de pied dans le derrière, vers l'autre rive du Rhin. Un milicien minuscule s'agrippe à la canne du maréchal. Carte postale éditée par les Francs-tireurs et partisans français, vers 1944.

Après six semaines de « grève du pouvoir », Pétain se soumet. Le projet de constitution républicaine est finalisé et approuvé par Pétain le Modèle:Date- ([[:wikisource:fr:Projet de constitution du 30 janvier 1944|Projet de constitution du Modèle:Date-]]) mais il ne fut jamais promulgué. Pétain accroît encore les pouvoirs de Laval tout en acceptant la fascisation progressive de son régime par l’entrée au gouvernement de Joseph Darnand, Philippe Henriot et Marcel Déat (Modèle:Date-, Modèle:Date- et Modèle:Date-).

Dans les derniers mois de l’Occupation, Pétain affecte désormais d’être un simple « prisonnier » des Allemands, tout en continuant à couvrir en fait de son autorité et de son silence la collaboration qui se poursuit jusqu’au bout, ainsi que les atrocités de l’ennemi et de la Milice française. En Modèle:Date-, il tente de déléguer l’amiral Auphan auprès de De Gaulle pour lui transmettre régulièrement le pouvoir sous réserve que le nouveau gouvernement reconnaisse la légitimité de Vichy et de sauvegarder « le principe de légitimité que j’incarne »<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Modèle:Citation<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Sigmaringen

Fichier:95, Schloß Sigmaringen - panoramio.jpg
Vue extérieure du château de Sigmaringen.

Le Modèle:Date-, les Allemands, en la personne de Cecil von Renthe-Fink, « délégué spécial diplomatique du Führer auprès du chef de l'État français », demandent à Pétain de se laisser transférer en zone nordModèle:Sfn. Celui-ci refuse et demande une formulation écrite de cette demandeModèle:Sfn. Von Renthe-Fink renouvelle sa requête par deux fois le 18, puis revient le 19, à Modèle:Nobr, accompagné du général von Neubroon qui lui indique qu'il a des Modèle:CitationModèle:Sfn. Le texte écrit est soumis à Pétain : Modèle:CitationModèle:Sfn. Devant le refus renouvelé du maréchal, les Allemands menacent de faire intervenir la Wehrmacht pour bombarder VichyModèle:Sfn. Après avoir pris à témoin l'ambassadeur de Suisse, Walter Stucki, du chantage dont il est l’objet, Pétain se soumet, et Modèle:CitationModèle:Sfn. Le lendemain, Modèle:Date-, il est emmené contre son gré par l’armée allemande à Belfort puis, le Modèle:Date, à Sigmaringen dans le sud-ouest de l'AllemagneModèle:Sfn, où s’étaient réfugiés les dignitaires de son régime.

À Sigmaringen, Pétain refuse d’exercer encore ses fonctions et de participer aux activités de la Commission gouvernementale présidée par Fernand de Brinon. Il se cloître dans ses appartements, tout en préparant sa défense après avoir appris que la Haute Cour de justice française se dispose à le mettre en accusation par contumace<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Arrestation et retour en France

Modèle:Article détaillé Le Modèle:Date-, après avoir obtenu des Allemands qu'ils le conduisent en Suisse, et des Suisses qu'ils l'acceptent sur leur territoire, Pétain demande à regagner la France. Par l'intermédiaire du diplomate Carl Burckhardt, le gouvernement suisse transmet cette requête au général de Gaulle. Le gouvernement provisoire de la République décide de ne pas s'y opposer. Le Modèle:Date, les autorités suisses lui font rejoindre la frontière puis il est remis aux autorités françaises le Modèle:Date. Le général Kœnig est chargé de le prendre en charge à Vallorbe. Le maréchal est ensuite interné au fort de Montrouge<ref>Charles de Gaulle, Mémoires de guerre, Le salut : 1944-1946, Éd. Plon, 1959 Modèle:ISBN ; nouvelle édition : Pocket, Paris, chapitre : « L'ordre », Modèle:P..</ref>.

Procès et condamnation

Fichier:Procès Pétain.jpg
Philippe Pétain durant son procès, Modèle:Date-.
Fichier:Pétain au poteau.jpg
« Pétain au poteau ! »,
tract de l'Union de la jeunesse républicaine de France, vers 1945.

Le procès du maréchal Pétain<ref>Le procès du maréchal Pétain, texte intégral du Journal officiel, trois volumes, Éditions du Trident.</ref>,<ref>Léon Werth, Impression d'audience : Le procès Pétain, Viviane Hamy, 2011.</ref> débute le Modèle:Date- devant la Haute Cour de justice créée le Modèle:Date-. Après que six autres magistrats se sont récusés, le tribunal est présidé par Paul Mongibeaux, promu à cette occasion par le gouvernement provisoire du général de Gaulle, premier président de la Cour de cassation, assisté du président de la chambre criminelle à la Cour de cassation Donat-Guigne, et Picard, premier président de la Cour d'appel. Tous trois avaient prêté serment de fidélité au maréchal<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Le ministère public est représenté par le procureur général André Mornet, président honoraire de la Cour de cassation. L’instruction est assurée par Pierre Bouchardon, président de la commission de la Haute Cour, choisi personnellement par de Gaulle. Le jury de vingt-quatre personnes est constitué de douze parlementaires (et quatre suppléants) et de douze non-parlementaires issus de la Résistance (et quatre suppléants)<ref name="Aron 1962-1964 p.52">Modèle:Harvsp. </ref>. Ce jury est choisi dans deux listes, la première étant celle de cinquante parlementaires n'ayant pas voté les pleins pouvoirs à Pétain, la deuxième étant composée de personnalités de la Résistance ou proches d'elle<ref>Quid 2006, Modèle:P..</ref>. La défense use de son droit de récusation pour quelques noms sortant du tirage au sort<ref name="Aron 1962-1964 p.52"/>, notamment Robert Pimienta et Lucie Aubrac<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Après récusations de la défense, les jurés sont<ref>Modèle:Ouvrage.</ref> :

Défendu par Jacques Isorni, Jean Lemaire et le bâtonnier Fernand PayenModèle:Sfn, Philippe Pétain déclare le premier jour qu’il avait toujours été un allié caché du général de Gaulle et qu’il n’était responsable que devant la France et les Français qui l’avaient désigné et non devant la Haute Cour de justice. Dans ces conditions, il ne répondra pas aux questions qui lui seront posées. Viennent déposer de nombreuses personnalités en tant que témoins soit à charge : Édouard Daladier, Paul Reynaud, Léon Blum, Pierre Laval, soit à décharge : le général Weygand, le pasteur Marc Boegner, ou encore l’aumônier des prisonniers de guerre Jean Rodhain, seul homme d'Église à témoigner à décharge<ref name="vie chari">« Leur foi guidait leur combat », La Vie, no 2602, Modèle:Date-.</ref>.

Le procès s’achève le Modèle:Date- à quatre heures et demie du matin. Suivant les réquisitions du procureur général André Mornet<ref>Procès du maréchal Pétain devant la Haute Cour de justice, Réquisitoire du procureur général, 1945 (Musée Criminocorpus, Modèle:P.).</ref>, la cour déclare Philippe Pétain coupable d’intelligence avec l’ennemi et de haute trahison. Elle le condamne à mort, à l'indignité nationale, et à la confiscation de ses biens, assortissant toutefois ces condamnations du vœu de non-exécution de la sentence de mort, en raison de son grand âgeModèle:Sfn.

Le verdict de la Haute Cour de justice<ref>guerre-mondiale.org, La Seconde Guerre mondiale, « La condamnation du maréchal Pétain »..</ref> reconnaît Philippe Pétain coupable d'indignité nationale et le condamne à la dégradation nationaleModèle:Sfn ; cette décision emporte « la destitution de toutes fonctions, emplois, offices publics et corps constitués / la perte de tous grades dans l'armée »<ref>Journal officiel du Modèle:Date-, Modèle:P..</ref>,<ref>Modèle:Lien web</ref>. À la fin du procès, il se dépouille de son uniforme<ref>questions.fr/proces%20et%20affaire/proces%20petain%20verdict.html histoire-en-questions.fr, Un moment d'Histoire, « Le verdict ».</ref> avant d'être incarcéré, mais c’est avec ce même uniforme qu’il fut inhumé en 1951.

Accomplissant le vœu de la Haute Cour de justice, le général de Gaulle, chef du Gouvernement provisoire de la République, commue la sentence de mort en peine de réclusion à perpétuité le Modèle:Date-Modèle:Sfn. Compte tenu de la peine de dégradation nationale (article 21 de l'[[ordonnances du Gouvernement provisoire de la République française relatives à l'épuration|ordonnance du Modèle:Date-]]), Philippe Pétain est exclu automatiquement de l'Académie française<ref name="nracine">Collectif - Fondation Charles de Gaulle, De Gaulle et la Libération, Éditions Complexes, Paris, 2004, Modèle:Nobr Modèle:ISBN Modèle:Présentation en ligne, chapitre : Modèle:Citation, par Nicole Racine : Modèle:P. : Modèle:Citation Modèle:Commentaire biblio</ref>,<ref name="academiepetain">Site de l'Académie française, Philippe Pétain (1856-1951) : Modèle:Citation.</ref>,<ref>Le Larousse 2008 Modèle:ISBN, « PÉTAIN (Philippe) », Modèle:P. emploie le mot « radié » : [Acad. fr., 1929 ; radié en 1945] ; ce terme est employé par ce dictionnaire de manière constante, il figure par exemple sur l'édition de 1952, Modèle:P..</ref> (l'ordonnance prévoit l'exclusion de l'Institut). Toutefois, celle-ci s’abstint d’élire un remplaçant de son vivant au Modèle:18e<ref name="nracine"/>,<ref name="academiepetain"/>, égard dont bénéficia également Charles Maurras<ref name="nracine"/> (tandis qu’Abel Bonnard et Abel Hermant sont remplacés dès 1946<ref name="nracine"/>).

Emprisonnement

Philippe Pétain est emprisonné au fort du Portalet, un fort de montagne, dans les Pyrénées-Atlantiques (alors les Basses-Pyrénées), du Modèle:Date- au Modèle:Date-. L'unique photo de Pétain enfermé dans ce lieu a été prise clandestinement par Michel Larre, chargé de l'entretien du fort à cette époque<ref>Joseph Simon Pétain, mon prisonnier, éditions Plon, 1978.</ref>. Pendant le régime de Vichy, ce fort avait servi de lieu de détention pour plusieurs personnalités politiques. Il est ensuite transféré au fort de Pierre-Levée sur l'île d'Yeu, au large de la Vendée. Il est, hormis ses gardiens, le seul occupant du fort. Son épouse, installée à son tour dans l’île, bénéficie d’un droit de visite quotidien.

Au cours de ces années, les avocats de Philippe Pétain et plusieurs dignitaires étrangers, parmi lesquels l'ancien roi Modèle:Souverain2 et la reine Mary, réclament sa libération auprès des gouvernements successifs. Ceux-ci, emmêlés dans l'instabilité politique de la Quatrième République, préfèrent cependant ne pas prendre de risque sur un sujet sensible pour l'opinion publique. Début Modèle:Date-, le président américain Harry Truman intervient sans succès pour réclamer sa libération, proposant de lui accorder l'asile politique aux États-UnisModèle:Sfn.

La santé mentale de Philippe Pétain décline à partir de la fin des Modèle:Lnobr<ref name="docu">Documentaire On a volé le maréchal (réalisateur : Cédric Condom, auteur : Jean-Yves Le Naour), 2012, 52'.</ref>, les moments de lucidité devenant de plus en plus rares. Après avoir pris position en ce sens dès 1949<ref>Modèle:Citation Conférence de presse du général de Gaulle du Modèle:Date-, Le Monde, Modèle:Date-, citée par Bénédicte Vergez-Chaignon, Pétain, Perrin, 2014.</ref>, le général de Gaulle déclare le Modèle:Date- à Oran, dans un discours prononcé place d'Armes devant une foule d'environ huit mille personnes, qu'Modèle:Citation<ref>L'Écho d'Oran (quotidien), Modèle:Date-.</ref>,<ref>Philippe Héduy, Algérie française, 1942-1962, Société de production littéraire, 1980, Modèle:P..</ref>. Eu égard à cette situation, après un examen médical réalisé par le professeur René Piedelièvre<ref>René Piedelièvre, Souvenirs d'un médecin légiste, Flammarion (Paris), 1966, Modèle:P..</ref>, le Conseil supérieur de la magistrature, présidé par Vincent Auriol, président de la République, en vue d’adoucir une fin prévisible, autorise le Modèle:Date- « l’élargissement » du prisonnier et son assignation à résidence Modèle:Citation. Le transfert dans une maison privée de Port-Joinville a lieu le Modèle:Date-, soit moins d'un mois avant sa mort.

Mort, inhumation et tombe

Modèle:Article connexe Le Modèle:Date-, Philippe Pétain meurt à Port-Joinville, à l'âge de Modèle:Nobr. Veillé par Jean Rodhain, il est inhumé le surlendemain dans le cimetière de la même commune<ref name="vie chari"/>.

La translation de la dépouille du maréchal Pétain à la nécropole de Douaumont à côté de Verdun est réclamée à plusieurs reprises par l'Association pour défendre la mémoire du maréchal Pétain (ADMP) à partir de 1951, au nom de la « réconciliation nationale ». Ce transfert correspond à un souhait de Pétain, tel qu’écrit dans son testament de 1938, qui souhaitait reposer auprès des centaines de milliers de soldats français qui sont tombés pendant la bataille de Verdun. L'association organise notamment une pétition en ce sens en Modèle:Date-, soutenue par de très nombreuses associations d'anciens combattants de 1914-1918, qui recueille près de Modèle:Unité. Les gouvernements français successifs s'opposeront toujours à cette demande. Il s'agit en fait avec celle-ci, selon l'analyse d'Henry Rousso, Modèle:CitationModèle:Sfn.

Dans la nuit du Modèle:Date-, le cercueil du maréchal Pétain est enlevé par des membres de l’extrême droite, à l'instigation de Jean-Louis Tixier-Vignancour, ancien de l’OAS, afin d’opérer le transfert de sa dépouille à Douaumont. Malgré les précautions prises, l'enlèvement est découvert quelques heures plus tard ; il fait rapidement la une des médias français et mobilise les autorités. Le commando abandonne alors sa route vers Verdun, trop risquée, et remonte sur Paris. Le cercueil est dissimulé dans un garage de Saint-Ouen tandis que Tixier-Vignancour tente de négocier un transfert de la dépouille aux Invalides. Hubert Massol, chef du commando, se rend finalement le Modèle:Date-, après l'arrestation de ses complices et indique où se trouve le cercueil. Celui-ci est ramené à l'île d'Yeu le lendemain et ré-inhumé après une brève cérémonie. La tombe est cette fois bétonnée<ref>Jean-Yves Le Naour, « Pétain bouge encore », L’Histoire, Modèle:N°381, Modèle:Date-, Modèle:P..</ref>.

Fichier:Tombe de Philippe Pétain à l'Île-d'Yeu.jpg
Tombe de Philippe Pétain sur l'île d'Yeu, en Vendée.

La tombe de Philippe Pétain est fleurie au nom de la présidence de la République le Modèle:Date- (sous le général de Gaulle, à l'occasion du Modèle:50e de l'armistice de 1918)Modèle:Sfn,Modèle:Sfn,<ref name="crdp">crdp-reims.fr, CRDP Champagne-Ardenne, « La reconnaissance progressive de la responsabilité de l'État Français ».</ref>, le Modèle:Date- (sous Georges Pompidou, à la suite de la ré-inhumation suivant le vol du cercueil)<ref name="crdp"/> et en 1978 (sous Valéry Giscard d'Estaing, Modèle:60e de la victoire de 1918)<ref name="crdp"/>. Pendant la présidence de François Mitterrand, elle est fleurie le Modèle:Date- (jour de la rencontre avec le chancelier Helmut Kohl à VerdunModèle:Sfn), puis le Modèle:Date- (Modèle:70e de la bataille de Verdun), puis chaque Modèle:Date entre 1987 et 1992. Cette pratique ne cesse qu’après de nombreuses protestations dont celles de la communauté juive<ref name="crdp"/>,<ref>Extraits de l'entretien de François Mitterrand, accordée à Radio J le Modèle:Date- (diffusée le 22), sur la commémoration de la rafle du Vel d'Hiv de 1942 et la polémique autour du dépôt d'une gerbe sur la tombe du maréchal Pétain.</ref>.

Sa tombe est vandalisée une à deux fois par an<ref>Modèle:Lien web</ref>, ce qui donne lieu à des dépôts de plainte<ref>« La tombe du maréchal Pétain a été vandalisée », tempsreel.nouvelobs.com, Modèle:Date-.</ref>,<ref>« La tombe du maréchal Pétain vandalisée », lefigaro.fr, Modèle:Date-.</ref>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Position de l'opinion publique à son égard

De la Grande Guerre à 1940

Militaire à la réussite tardive, Pétain doit son premier prestige moins à son rôle à Verdun qu’à sa gestion de la crise du moral en 1917. En arrêtant les offensives inutilement meurtrières, et en libéralisant le régime des permissions, il gagne et conserve auprès des hommes et jusque dans certains cercles pacifistes la réputation d’un chef compréhensif et soucieux d’épargner le sang des soldats. Même si certains<ref>C'est ce que montre par exemple le jugement de Simone de Beauvoir : « Pétain : le responsable de la répression de Verdun, l’ambassadeur qui avait couru féliciter Franco de sa victoire, un intime ami des Cagoulards », dans La Force de l’âge, Gallimard, 1960, Modèle:P..</ref> rappellent (pour l’exalter ou pour le dénoncer) son rôle de « fusilleur » des mutins de 1917, c’est cette réputation qui se maintient pendant l’entre-deux-guerres.

Il fut reconnu tout au long de l'entre-deux-guerres: fait maréchal en 1918, il est, avec Louis Franchet d'Espèrey, le dernier titulaire de cette dignité après 1934 ; membre de l’Académie française, inspecteur général de l’Armée, il est un éphémère ministre de la Guerre en 1934 puis ambassadeur de France en Espagne en 1939.

Pendant ces années, il évite de prendre des partis trop tranchés, ce qui lui ménage même dans les milieux républicains voire de gauche la réputation d’un militaire modéré et politiquement fiable. Peu clérical au contraire d’un Foch ou d’un Castelnau, il ne se mêle pas de la crise de 1924, où ce dernier prend la tête d’un mouvement de masse contre l’anticléricalisme du gouvernement Herriot ; il évite de dénoncer en public le Front populaire et l’Espagne républicaine ; il est informé du complot de la « Cagoule » visant à renverser la République et à porter un militaire prestigieux (lui-même ou Franchet d’Esperey) à la tête de l’État, mais se garde de s’y compromettre (1937). En 1939, lorsqu’il est nommé ambassadeur auprès de Franco, Léon Blum proteste dans Le Populaire qu’on envoie au dictateur espagnol Modèle:Citation. Seul le colonel de Gaulle soupçonne qu’il prend goût au pouvoir, et confie : Modèle:Citation<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

En Modèle:Date-, Paul Reynaud ne se méfie pas davantage de Pétain quand il l’appelle à la vice-présidence du Conseil. Or, après s’être d’abord longuement tu, Pétain prend la tête des partisans de l’armistice.

Maréchalistes, pétainistes et opinion pendant l’Occupation

Il est hors de doute qu’une majorité de Français, sonnés par la déroute d’une armée qu’ils croyaient invincible, ont accueilli l’armistice comme un soulagement, de même que le maintien d’un gouvernement français dirigé par un sauveur providentiel et susceptible à leurs yeux de faire écran entre eux et l’occupant. Très peu ont perçu sur le coup que le retrait de la guerre condamnait le pays à une longue occupation nécessitant l’entente avec le vainqueur. Par ailleurs, souligne Olivier Wieviorka, ni l’essentiel des Français ni la majorité des parlementaires à lui voter les pleins pouvoirs ne voulaient lui donner ainsi mandat pour exclure les Juifs, briser l’unité nationale ou atteler la France au char allemand<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Contrairement à une légende encore tenace, il n’y a pas eu non plus en 1940 « quarante millions de pétainistes »<ref>Titre du tome 2 de 'La grande histoire des Français sous l'Occupation' (juin 1940-juin 1941) par Henri Amouroux.</ref> qui seraient devenus en 1944 quarante millions de gaullistes<ref>Jean-Marie Flonneau, « L'évolution de l'opinion publique de 1940 à 1944 » dans Jean-Pierre Azéma et François Bédarida (dir.), Le Régime de Vichy et les Français, Paris, Fayard, 1992, Modèle:P..</ref>.

La distinction de Stanley Hoffmann entre « maréchalistes » et « pétainistes » s’est imposée en effet à l’historiographie contemporaine. Les « maréchalistes » font confiance à Pétain comme bouclier des Français. Beaucoup plus minoritaires, les « pétainistes » approuvent en plus son idéologie réactionnaire et sa politique intérieure, voire la collaboration d’État. Maurras lui-même diagnostique publiquement sans fard dès Modèle:Date- le décalage entre le soutien de l’opinion publique à la personne du Maréchal et la méfiance ou l’opposition face à l’œuvre de révolution nationale<ref>Modèle:Article.</ref> : Modèle:Citation.

Nombre de résistants de la première heure furent ainsi un temps maréchalistes par erreur, croyant que Pétain jouait double-jeu et qu’en préparant la revanche, ils répondaient à ses vœux secrets. Henri Frenay ou le journal clandestin Défense de la France citent ainsi élogieusement Pétain en 1941-1942, avant de revenir de leurs illusions et de dénoncer son rôle comme équivoque et néfasteModèle:Refnec.

D’autres encore, les Modèle:Citation<ref name="vichysto"/>, ont participé au régime de Vichy et à la mise en œuvre de sa politique avant de se détourner de lui surtout après Modèle:Date, tout en gardant leur respect pour Pétain et pour tout ou partie de ses idées. Souvent, ils n’ont pas d’objection de fond à faire à celles-ci, mais considèrent que le moment choisi pour les appliquer est inapproprié, tant que l’Allemand occupe encore le territoireModèle:Refnec.

Des déçus de la {{#ifeq:République | s | Modèle:Siècle | IIIe{{#if:République| République }} }} ont cru aussi que le régime de Pétain pouvait leur servir à mettre en place leurs propres projets, et se sont ralliés à tout ou partie de sa révolution nationale. Ainsi, Emmanuel Mounier, qui obtient la reparution d’Esprit en Modèle:Date- et dont le premier numéro de la revue paraît plutôt favorable à la révolution nationale<ref name=":0">Modèle:Ouvrage.</ref>, rompt avec Pétain dès Modèle:Date- par rejet radical de l'antisémitisme et passe à la Résistance. Sa revue cesse de paraître après Modèle:Date-<ref name=":0" />. François Mitterrand, prisonnier évadé travaillant aux bureaux officiels de Vichy, est reçu par le maréchal Pétain en Modèle:Date- mais n’en rejoint pas moins la Résistance quelques mois plus tardModèle:Refnec.

Si beaucoup de « collaborationnistes parisiens » méprisent Vichy et son chef qu’ils jugent trop réactionnaires et toujours trop peu engagés aux côtés du Troisième Reich, nombre des ultras de la collaboration sont de très fervents fidèles de Pétain, dont ils estiment relayer les appels publics à collaborer avec l’occupant : ainsi Joseph Darnand ou encore Jacques Doriot qui se dit « un homme du Maréchal » jusqu’à fin 1941. Un groupuscule clairement pro-nazi de zone nord se baptise même les « Jeunes du Maréchal ». De nombreux ultras sont d’ailleurs plus ou moins précocement nommés membres du gouvernement Pétain à Vichy : ainsi Gaston Bruneton, Abel Bonnard, Jean Bichelonne, Fernand de Brinon, et plus tard Philippe Henriot ou Marcel Déat.Modèle:Refnec

Selon le Modèle:Pr Quellien<ref>Modèle:Pr Quellien, Opinion et comportements dans le Calvados sous l’Occupation, 1995.</ref>, Modèle:Citation : 19 % des collaborationnistes du Calvados interrogés après la guerre confient s’être inscrits à des partis « collabos » d’abord parce qu’ils pensaient suivre ainsi les volontés du maréchal.Modèle:Refnec

Les travaux pionniers de Pierre Laborie et de nombreux historiens permettent aujourd’hui de mieux cerner l’évolution de l’opinion publique sous Vichy. Généralement, la révolution nationale, souci premier de Pétain, intéresse peu les Français, et « patine » dès 1941. La collaboration est très largement rejetée, mais beaucoup croient à tort que le maréchal est de bonne foi et veut protéger les Français, voire qu’il est forcé par les Allemands à collaborer ou même prisonnier d’un entourage « collabo ». Reprenant le thème ancestral du bon monarque trompé par ses mauvais ministres, la masse des Français distingue entre le maréchal et ses ministres, à commencer par le très impopulaire Pierre Laval, unanimement haï, et chargé seul de toutes les turpitudes et de tous les échecs du régime.Modèle:Refnec

Nombre de Français ne font toutefois pas la différence, qu’ils soient résistants ou non. Dans bien des écoles, l’instituteur néglige d’apprendre aux élèves le Maréchal, nous voilà !. Globalement, le prestige de Pétain est nettement plus faible chez les ouvriers que chez les paysans ou dans la bourgeoisie, et encore faut-il apporter de nombreuses nuances. Les prisonniers de guerre, coupés depuis 1940 de la réalité française et choyés par la propagande du régime, sont en général restés maréchalistes ou pétainistes plus longtemps que les autres Français. Si la grande majorité de l’épiscopat français est restée très maréchaliste voire pétainiste jusqu’en 1944, les catholiques ont été, avec les communistes, une des catégories les plus engagées dans la Résistance. Enfin, la zone sud, Modèle:Citation<ref>Modèle:Cf. J.R. Tournoux.</ref> est beaucoup plus marquée par la présence de Pétain et de son régime que la zone nord, où le chef de l’État, Vichy et la révolution nationale sont des réalités bien plus lointaines. Dans son Nord-Pas-de-Calais natal, coupé de l’Hexagone et dirigé depuis Bruxelles, Pétain ne jouit avec son régime d’aucune considération : l’Occupation y est d’emblée trop brutale, pire que celle déjà subie entre 1914 et 1918, l’anglophilie traditionnelle trop forte, pour laisser la moindre place aux thèmes de la collaboration et du « redressement » intérieurModèle:Refnec.

Après les [[Rafle du Vélodrome d'Hiver|rafles de Juifs de l’Modèle:Nobr]], l’invasion de la zone sud en Modèle:Date-, puis l’instauration du STO, le discrédit de Vichy est massif, mais épargne toutefois majoritairement la figure tutélaire du maréchal. Cependant, celui-ci devient de plus en plus lointain aux yeux des Français.Modèle:Refnec

Le Modèle:Date-, lorsque Pétain vient pour la première fois à Paris en quatre ans, une foule nombreuse l'acclame et chante La Marseillaise<ref>Modèle:Lien web.</ref>,<ref>Jean-Pierre Bertin-Maghit, « "Les voyages du maréchal" : trois historiens en quête d'images », Vingtième Siècle. Revue d'histoire Modèle:N°, 1991, Modèle:P..</ref>.

Les sondages d’opinion effectués à l’automne 1944 ne montrent pas une nette majorité de Français favorables à la condamnation du « traître » Pétain, cependant, la proportion exigeant la peine capitale ne cesse d'augmenter au fil des mois. À la question posée de savoir s'il faut infliger une peine au maréchal, les réponses sont les suivantes<ref>Jacques Le Groignec, Réplique aux diffamateurs de la France 1940-1945, édit. Nouvelles éditions latines, 2006 Modèle:ISBN.</ref> :

  • en Modèle:Date-, un sondage de l'IFOP recueille 58 % de réponses négatives, 32 % de positives et 10 % sans opinionModèle:Refnec ;
  • en Modèle:Date-, un nouveau sondage chiffre à 28 % la population des Français favorables à la peine de mort, tandis que les opposants à toute peine ne sont plus que 22 %Modèle:Refnec ;
  • en Modèle:Date-, à l'ouverture du procès, un sondage recueille 76 % d'opinions favorables à la condamnation dont 37 % à la peine de mort. Le taux des opposants à toute peine est tombé à 15 %.Modèle:Refnec

Le PCF mena quant à lui une virulente campagne contre « Pétain-Bazaine », assimilant ainsi le chef de Vichy au fameux traître de la guerre de 1870. La condamnation de Pétain au châtiment suprême, puis sa grâce, furent majoritairement approuvées<ref>J.-P. Rioux, La France de la {{#ifeq:République | s | Modèle:Siècle | IVe{{#if:République| République }} }}, Points-Seuil.</ref>.

Cependant, une ordonnance du Modèle:Date- nie la légalité du régime de Vichy et réaffirme la légalité républicaine à compter du Modèle:Date-. La nullité de la législation de Vichy est précisée à l’article 2 du texte : « Sont, en conséquence, nuls et de nul effet tous les actes constitutionnels, législatifs ou réglementaires, ainsi que les arrêtés pris pour leur exécution, sous quelque dénomination que ce soit, promulgués sur le territoire continental postérieurement au Modèle:Date- et jusqu’au rétablissement du gouvernement provisoire de la République française »<ref>Modèle:Lien web</ref>.

Entre janvier 1944 et août 1945, Monique Guyot (1906 -2001), directrice de la pension Sainte-Marie, un établissement pour enfants situé à Villard-de-Lans (Isère), est l'auteure d'un journal intime dénommé Journal d'une pétainiste. Celui-ci présente, avec le prisme de sa propre opinion (anti allemande et anti résistance car pétainiste), les faits survenus dans le village et le Massif du Vercors durant cette période. Il est publié aux Presses Universitaires de Grenoble avec des annotations de l'historien Philippe Laborie et reste un témoignage « in situ » de l'admiration de certains français pour le maréchal Pétain durant cette période<ref>Site babelio.com, page sur le livre "Journal d'une pétainiste".</ref>,<ref>Site pug.fr, présentation du livre "Journal d'une pétainiste".</ref>.

Après la Seconde Guerre mondiale

Au procès Pétain, l’avocat Jacques Isorni avec ses confrères Jean Lemaire et le bâtonnier Fernand Payen lance la légende du « détournement de vieillard » : Pétain aurait été abusé par Pierre Laval qui aurait profité de son grand âge. Sous la {{#ifeq:République | s | Modèle:Siècle | IVe{{#if:République| République }} }}, le RPF gaulliste emploie la fameuse phrase de Charles de Gaulle dans ses mémoires : Modèle:Citation, Modèle:Citation. L’historien Éric Roussel, entre autres, a montré que ce jugement gaullien n’explique en rien les choix du chef de l’État français, et qu’il n’a en réalité qu’une finalité électorale : pour rallier le plus possible de voix contre le « régime des partis » honni, les gaullistes doivent rallier les ex-pétainistes sans se déjuger de leur action dans la Résistance, d’où cette excuse commode de Pétain par l’âge de l’intéressé.

En réalité, comme le montrent Marc Ferro, Jean-Pierre Azéma ou François Bédarida, les choix de Pétain étaient parfaitement cohérents et bénéficiaient d’appuis dans les milieux les plus divers de la société. Yves Durand souligne qu’il bâtissait son régime comme s’il avait du temps devant lui, sans se soucier de la possibilité de sa disparition prochaine<ref>Yves Durand, Vichy 1940-1944, Bordas, 1972.</ref>. Quant aux fameuses « absences du Maréchal » rapportées par Jean-Raymond Tournoux, Marc Ferro ou Jean-Paul Brunet (il se mettait à disserter soudain sur le menu du jour ou le temps dehors face à des visiteurs), il s’agissait surtout d’une tactique pour éluder les questions gênantes en jouant du respect qu’inspirait sa qualité d’octogénaire. Au reste, à la fin de son régime, tant les observateurs<ref>Modèle:Article.</ref> que les ultras de la collaboration<ref>Modèle:Article.</ref> louaient encore publiquement sa santé et sa clarté d’esprit.

Pour Robert Paxton, le journaliste Robert Aron aurait contribué à lancer la légende parallèle de « l’épée et du bouclier » : Pétain aurait tenté de résister pied à pied aux demandes allemandes, et secrètement cherché à aider les Alliés, pendant que de Gaulle préparait la revanche ; d’autre part, il y aurait un « Vichy de Pétain » opposé au « Vichy de Laval ». Ces deux thèses sont les chevaux de bataille des apologistes de la mémoire de Pétain, mais ces distinctions ont volé en éclats à partir de la parution de son livre La France de Vichy en 1973Modèle:Sfn. Archives allemandes puis françaises à l’appui, les historiens actuels démontrent, à sa suite, que la collaboration a été recherchée par Pétain, alors qu'Adolf Hitler n’y croyait pas et n’a jamais voulu traiter la France en partenaire. Si la collaboration n’est pas allée aussi loin qu’elle aurait pu, c’est bien en raison des réticences de Hitler, et non grâce à une quelconque résistance de Pétain aux demandes de l’occupant. Ainsi, la collaboration répondait aux choix fondamentaux et intangibles de Pétain comme de Laval, que le maréchal a nommé et laissé agir en aidant son gouvernement de son charisme. Quant au fameux « double jeu » du maréchal, il n’a jamais existé. Les quelques sondages informels qu’il a autorisés avec Londres, fin 1940, n’ont eu aucune suite<ref>Winston Churchill, The Second World War, Plon, 1948-1954 ; rééd. La Seconde Guerre mondiale, Le Cercle du Bibliophile, Modèle:Nb vol., 1965-1966, Modèle:T., « L'heure tragique, l'Angleterre seule, 1940 », Modèle:Chap., Modèle:P..</ref>,<ref>Jean Lacouture, Charles de Gaulle, Modèle:Rom-maj. Le rebelle 1890-1944, édit. Le Seuil, 1984 Modèle:ISBN, Modèle:Chap. « L'ombre de Vichy », Modèle:P..</ref>, et ne pèsent rien au regard de son maintien constant de la collaboration d’État jusqu’à la fin de son régime, à l’Modèle:Nobr.

Loin d’avoir protégé les Français, selon les historiensModèle:Sfn,<ref>Janine Bourdin, Critique du livre de Paxton dans : Revue française de science politique, persee.fr Modèle:Lire en ligne.</ref>, Pétain a accru leurs souffrances en permettant aux Allemands de réaliser à moindres frais leurs objectifs : livraisons de Juifs dans le cadre de la Shoah<ref>ac-reims.fr « 1945 : La libération des camps nazis et la révélation du génocide », Bulletin de Liaison des Professeurs d'Histoire-Géographie de l'Académie de Reims, Modèle:N°6, 1993..</ref>,<ref>appli-etna.ac-nantes.fr, « Quelques rappels sur la déportation 1933-1945 ».</ref>, répression de la Résistance, envoi forcé de main-d’œuvre au STO, pillage alimentaire et économique. Avec son peu de troupes, de fonctionnaires et de policiers, jamais l’occupant n’aurait vu ses projets aboutir sans le concours indispensable des autorités de Vichy, et sans le prestige de Pétain, qui maintenait les Français dans le doute ou dans la conviction qu’ils faisaient leur devoir en collaborant. 80 % des Modèle:Unité de France déportés et exterminés par les nazis dans les camps de la mort ont ainsi été arrêtés par la police française<ref>crdp-reims.fr, Centre de recherche et de documentation pédagogique, « La déportation et le système concentrationnaire nazi ».</ref>.

De plus, en excluant de sa propre initiative des catégories entières de la communauté nationale (Juifs, communistes, républicains, francs-maçons, et bien sûr résistants), Pétain les a rendues plus vulnérables à la répression allemande, et a écarté d’emblée ces catégories de son hypothétique protection, tout comme les Alsaciens-Mosellans, abandonnés et pour nombre d'entre eux morts ou blessés à vie à cause d'Hitler, dans les mains d'un pouvoir ennemi. Aussi Pétain apparaît-il aujourd’hui aux historiens, selon le mot de Jean-Pierre Azéma, comme « un bouclier percé ».

Depuis 1945, huit demandes en révision du procès Pétain ont été rejetées, ainsi que la demande répétée du transfert de sa dépouille à Douaumont. Dans une note à Alexandre Sanguinetti, le Modèle:Date-, le général de Gaulle, alors président de la République, signifia ainsi sa position sur cette question : Modèle:Citation bloc

Dans la foulée de l'épuration, la plupart des Modèle:Page h' en France sont renommées, quelques-unes subsistant, la dernière jusque 2013<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

En 1995, le président Jacques Chirac reconnut officiellement la responsabilité de l’État dans la rafle du Vélodrome d'Hiver et, en 2006, pour les Modèle:Nobr de la bataille de Verdun, son discours mentionna à la fois le rôle de Pétain dans la bataille et ses choix désastreux de la Seconde Guerre mondiale<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Une longue bataille judiciaire a eu lieu d'Modèle:Date- à Modèle:Date- au sujet de la mémoire du maréchal Pétain. Jacques Isorni et François Lehideux avaient fait paraître le Modèle:Date- dans le quotidien Le Monde un encart publicitaire intitulé « Français, vous avez la mémoire courte »<ref>Le titre de l'encart fait référence à une phrase, restée célèbre, de l'allocution du maréchal Pétain le Modèle:Date-.</ref>, dans lequel, au nom de l'Association pour défendre la mémoire du maréchal Pétain et l'Association nationale Pétain-Verdun, ils prenaient sa défense.

À la suite d'une plainte déposée par l'Association nationale des anciens combattants de la Résistance pour apologie de crimes ou délits de collaboration avec l'ennemi, le procureur de la République prit un réquisitoire définitif de non-lieu le Modèle:Date-, mais le juge d'instruction renvoya, une semaine plus tard, les parties devant le tribunal correctionnel de Paris, qui relaxa les prévenus le Modèle:Date- — jugement confirmé par la Cour d'appel de Paris le Modèle:Date-. L'arrêt de la Cour d'appel fut cassé par la Cour de cassation le Modèle:Date-. La Cour d'appel de Paris se déjugea le Modèle:Date- en déclarant les constitutions de parties civiles recevables ; elle infirma le jugement de relaxe, et condamna les prévenus à un franc de dommages et intérêts et à la publication de l'arrêt dans Le Monde. Le pourvoi en cassation déposé par les prévenus fut rejeté par la Cour le Modèle:Date-. Enfin, le Modèle:Date- (par l'arrêt Lehideux et Isorni contre France) la Cour européenne des droits de l'Homme décida par quinze voix contre six qu'il y avait eu violation de l'article 10 de la Convention européenne des droits de l'Homme — portant sur la liberté d'expression : l'opinion majoritaire chez les juges fut qu'il devait être possible de présenter un personnage, quel qu'il soit, sous un jour favorable et de promouvoir sa réhabilitation Modèle:Incise et que la condamnation pénale subie en France par les requérants était disproportionnée<ref>credho.org, Credho Paris Sud, « CEHD, Liberté d'expression et apologie de la collaboration, affaire Lehideux et Isorni (Modèle:Date-) », par Patrice Rolland, professeur à l'université de Modèle:Nobr rom.</ref>.

Point de vue de Charles de Gaulle

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Synthèse de son parcours

Carrière militaire

Fonctions politiques

Publications

Iconographie

Dans la culture populaire

Musique

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Cinéma

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Télévision

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Roman graphique

Juger Pétain, textes de Sébastien Vassant et Philippe Saada, dessins de Sébastien Vassant, éditions Glénat, coll. 1000 Feuilles, Modèle:Nobr, 2015.

Divers

Le nom de « Maréchal Pétain » a été donné à un paquebot des Messageries Maritimes lancé le 8 juin 1944, mais rebaptisé La Marseillaise en 1945 avant d'être mis en service en 1949<ref>La Marseillaise.</ref>.

Le village de Beni Amrane en Algérie porta le nom de « Maréchal Pétain » entre 1942 et 1943<ref>Modèle:Article. Via Cairn.info.</ref>.

Le dictateur fasciste roumain pendant la guerre, le maréchal Antonescu, s'auto-proclamait « Pétain roumain » (Petainul român) et « Guide de la nation » (Conducatorul neamului)<ref>Mihai Pelin, Antonescu, le Pétain roumain et ses guerres, Ed. Iosif Constantin Drăgan, Venise 1988.</ref>.

Notes et références

Notes

Modèle:Références

Références

Modèle:Références nombreuses

Voir aussi

Modèle:Autres projets

Bibliographie

Mémoires et témoignages

  • Le Procès du maréchal Pétain - Compte-rendu sténographique, Albin Michel (Modèle:Nobr), coll. « des grands procès contemporains », 1945, Modèle:Vol., Modèle:Vol..
  • Le Procès du maréchal Pétain, texte intégral du Journal Officiel, Éditions du Trident, Paris, Modèle:Nobr, Modèle:Nobr.
  • Maurice Garçon, Le Procès du maréchal Pétain, éditions Variétés, 1949.
  • Frédéric Pottecher, Le Procès Pétain : 20 journées d'audiences, 1981, Modèle:Nb p., éditions Lattès.
  • Modèle:Ouvrage.
  • Jean-Henri Jauneaud, J'accuse le Maréchal Pétain, éditions Pygmalion, 1949.
  • Paul Racine, J'ai servi Pétain. Le dernier témoin, Paris, Le Cherche-midi, 2014.
  • Gilbert Renault (colonel Rémy, compagnon de la Libération), Dans l'ombre du maréchal, Presses de la cité, 1971.
  • Jean Tracou, Le Maréchal aux liens, Éd. André Bonne, 1949.
  • M.A Combaluzier, J'ai vu mourir Philippe Pétain, Flammarion, 1966.
  • Actes et écrits de Philippe Pétain, présentés par Jacques Isorni, Flammarion, 1974.
  • Général Émile Laure, Pétain, Éd. Berger-Levrault, 1942.
  • Albert Massonie, J'ai soigné Pétain, Tallandier, 2017.
  • Léon Zeller, annoté par Claude Franc, Souvenirs sur les maréchaux Foch et Pétain, Economica, 2018.

Sur Pétain

Sur le régime de Vichy et la collaboration

Articles connexes

Liens externes

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