Guillotine

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Modèle:Voir homonymes

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Guillotine, modèle Berger 1872, construite vers 1890. L’homme à la droite en est le propriétaire, Fernand Meyssonnier, qui fut premier aide de l'exécuteur à l'époque de l’Algérie française.

La guillotine est une machine de conception française, inspirée d’anciens modèles de machines à décapitation, et qui fut utilisée en France pour l’application officielle de la peine de mort par décapitation, puis dans certains cantons de Suisse, en Grèce, en Suède, en Belgique et en Allemagne. En France, la guillotine fut utilisée du Modèle:Date-, place de Grève à Paris, au Modèle:Date-<ref>Modèle:Lien web</ref>, à la prison des Baumettes à Marseille, et fut remisée définitivement, après l’abolition de la peine de mort en 1981, au fort d'Écouen dans le Val-d'Oise.

Elle tient son nom du docteur Guillotin qui fait adopter la machine à l'assemblée nationale constituante dans les tout premiers temps de la Révolution française en 1789. Son concepteur est le docteur Antoine Louis. La première machine est réalisée par un facteur allemand de pianos et de clavecins installé à Paris, Modèle:Lien.

Selon les experts médicaux, la section de la moelle épinière entraîne une perte de connaissance instantanée (exactement comme pour une pendaison dite long-drop)<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Genèse

Prélude à la simplification de la peine de mort

Le Modèle:Date-, Louis XVI, conseillé par Pierre Lenoir, alors lieutenant-général de police, avait le premier supprimé la question préparatoire qui devait suppléer l’insuffisance de preuves dans une instruction qui ne considérait jamais l’accusé comme un possible innocent. Le roi s’inspirait, mais en restant en deçà, de la réforme du code pénal du grand-duc de Toscane [[Léopold II du Saint-Empire|Léopold {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | Ier{{#if:|  }} }}]], son beau-frère.

Modèle:Citation<ref>Jules Loiseleur : Les crimes et les peines dans l’antiquité et dans les temps modernes, 1863, Modèle:P.</ref>.

Le Modèle:Date-, une déclaration du roi s’attaqua cette fois à la question préalable, qui avait pour but d’obtenir par une dernière torture la dénonciation des complices. Le roi n’eut pas le temps d’y donner suite et c’est l’Assemblée constituante qui allait supprimer toute torture par la loi du Modèle:Date-<Ref> supra : Jules Loiseleur ; Modèle:P. </Ref>.

Croisade philanthropique d’un franc-maçon

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CIVI OPTIMO : À un illustre citoyen. Une devise tirée d’Horace : « Quid verum atque decens curo et rogo et omnis in hoc sum » : Mes soins et mes interrogations sont à la recherche de la vérité et de l’harmonie, et je n’ai pas d’autre but.

Joseph Ignace Guillotin, député et secrétaire de la toute nouvelle assemblée nationale constituante, appuyé par Mirabeau, lit le Modèle:Date- le discours préliminaire de son projet de réforme du droit pénal devant ses membres. Le Moniteur du lendemain rapporte que Guillotin s’est appuyé sur le principe que la loi doit être égale pour tous, aussi bien quand elle punit que lorsqu’elle protège. Le docteur est très applaudi.

Il propose le Modèle:Date- son projet de réforme dont le premier article dispose que « les délits de même genre seront punis par les mêmes genres de peines, quels que soient le rang et l'état du coupable », et demande que « la décapitation fût le seul supplice adopté et qu'on cherchât une machine qui pût être substituée à la main du bourreau ». L’utilisation d’un appareil mécanique pour l’exécution de la peine capitale lui paraît une garantie d’égalité et d'humanité, qui devait, selon lui, ouvrir la porte à un futur où la peine capitale serait finalement abolie.

Petite phrase du médecin et attribution du nom de « guillotine »

Modèle:Citation bloc

Cette phrase prononcée au cours de son allocution est la plus fréquemment attestée par les contemporains<ref group=note>H. Fleischmann dit l’avoir trouvée dans Histoire de la Constituante, ouvrage de Philippe Buchez</ref> ; plus que l’expression « un souffle frais sur la nuque ». L’expression « en un clin d’œil » est également employée par le docteur Antoine Louis, le concepteur de la machine, comme l'attestent ses instructions écrites de fabrication adressées au sieur Guidon.

Si la machine fut appelée « louison » ou « louisette », en référence au nom de son concepteur, ou encore « mirabelle », en référence à Mirabeau, le nom de « machine à Guillotin » puis guillotine s’imposa rapidement, promu de manière ironique par le journal royaliste Les Actes des Apôtres. En découlent les verbe et adjectif : guillotiner et guillotiné.

Une chanson, sur l’air du menuet d’Exaudet, contribua à attacher à cette machine le nom de Guillotin pour la postérité. Elle avait pour titre : « Sur l’inimitable machine du médecin Guillotin propre à couper les têtes et dite de son nom Guillotine » et pour dernier couplet :

Le romain
Guillotin
Qui s’apprête,
Consulte gens de métier
Barnave et Chapelier,
Même le Coupe-tête [Jourdan dit « Coupe-tête »]
Et sa main
Fait soudain
La machine,
Qui simplement nous tuera
Et que l’on nommera
Guillotine.

Motion du Modèle:Date-

Les propositions de Guillotin, égalitaires et humanitaires, sont défendues par l’abbé Pépin et versées au Journal des Débats et des Décrets. Elles témoignent, notamment par l'intervention dûment précisée d'un mécanisme sans mention de l'exécuteur, d'une foi dans le progrès et d'un rejet de la cruauté qui s'inscrivent dans la philosophie des Lumières.

  1. « Les délits du même genre seront punis par le même genre de peine, quels que soient le rang et l’état [la condition sociale] du coupable. »
  2. « Dans tous les cas où la loi prononcera la peine de mort contre un accusé, le supplice sera le même, quelle que soit la nature du délit dont il se sera rendu coupable ; le coupable sera décapité ; il le sera par l’effet d’un simple mécanisme.
  3. Le crime étant personnel, le supplice quelconque d’un coupable n’imprimera aucune flétrissure à sa famille. L’honneur de ceux qui lui appartiennent [la parentèle] ne sera nullement taché, et tous continueront d’être également admissibles à toutes sortes de professions, d’emplois et de dignités. »
  4. « Nul ne pourra reprocher à un citoyen le supplice quelconque d’un de ses parents. Celui qui osera le faire sera publiquement réprimandé par le juge. La sentence qui interviendra sera affichée à la porte du délinquant. De plus, elle sera et demeurera affichée au pilori pendant trois mois. »'
  5. « La confiscation des biens des condamnés ne pourra jamais être prononcée en aucun cas. »
  6. « Le cadavre d’un homme supplicié sera délivré à sa famille, si elle le demande. Dans tous les cas, il sera admis à la sépulture ordinaire, et il ne sera fait sur le registre aucune mention du genre de mort. »

Le duc de Liancourt avait désiré, de son côté, hâter la décision car de nombreux condamnés attendaient leur sort et risquaient de se voir appliquer les châtiments en vigueur. Faute de temps, seul le premier article est provisoirement adopté.

Vers le vote final

Les délibérations sur la justice pénale se feront en plusieurs étapes au cours de décembre. Le Modèle:Date-, les articles 1, 3, 5 et 6 sont acceptés par l'Assemblée pour présentation, le lendemain, à la signature du roi ; les deux autres sont ajournés.

Le Modèle:Date-, après des délibérations en mai sur la torture, le député Le Peletier-Saint-Fargeau propose d’inscrire en article 3, titre 1, du code pénal que : « Tout condamné à mort aura la tête tranchée ». Le 25 septembre, puis le Modèle:Date-, les législateurs adoptent et votent les articles 2 et 3 du code pénal qui s’énoncent ainsi :

« 2° La peine de mort consistera dans la simple privation de la vie, sans qu’il puisse jamais être exercé aucune torture envers les condamnés. »
« 3° Tout condamné à mort aura la tête tranchée. »
« 4° Quiconque aura été condamné à mort pour crime d’assassinat, d’incendie ou de poison, sera conduit au lieu d’exécution revêtu d’une chemise rouge. Le parricide aura la tête et le visage voilés d’une étoffe noire ; il ne sera découvert qu’au moment de l’exécution. »

Le choix de la décollation fait rugir le « zélé partisan des idées nouvelles », Raymond Verninac de Saint-Maur<ref group=note>Ce personnage a un homonyme. Il s’agit ici d’un avocat né à Gourdon en 1762.</ref> dans le journal Le Modérateur, qui la dénonce comme « un supplice d’aristocrate et pas assez honteux »<ref> cité par Goncourt : Histoire de la société française pendant la révolution.</ref>.

Code pénal de 1810

Ces articles sont repris vingt ans plus tard lors de la promulgation du Code pénal en date du Modèle:Date-, au chapitre premier des « Peines criminelles » :

« 12° Tout condamné à mort aura la tête tranchée. »
« 13° Le coupable condamné à mort pour parricide sera conduit sur le lieu de l’exécution, en chemise, nu-pieds, et la tête couverte d’un voile noir. Il sera exposé sur l’échafaud pendant qu’un huissier fera au peuple lecture de l’arrêt de condamnation ; "il aura ensuite le poing droit coupé", et il sera immédiatement exécuté à mort. »
« 14° Les corps des suppliciés seront délivrés à leurs familles, si elles les réclament, à la charge par elles de les faire inhumer sans aucun appareil [dans la discrétion]. »

La mention entre guillemets du 13° sera abrogée par la loi du Modèle:Date-<ref>Louis Tripier, Les codes français collationnés sur les textes officiels, Cotillon éditeur, 1859, Modèle:P.</ref>. La résurgence d’un acte de cruauté entre en contradiction avec un article fondamental de 1791. Cette loi du Modèle:Date- introduit également la notion de circonstances atténuantes généralisées à l'ensemble des crimes<ref>Le Code de 1810 prévoit les circonstances atténuantes qu'en certaines matières correctionnelles, une loi de 1824 les applique à quelques crimes.</ref>, si bien qu'on passe de 100 condamnés à mort en moyenne par an avant 1832, à 50 en 1833 et 5 en 1870<ref>Modèle:Ouvrage</ref>,<ref>Palmarès des exécutions capitales : 1832-1870.</ref>.

Ancêtres de la guillotine

Modèle:Loupe

Des ancêtres de la guillotine ont existé en Europe, basés sur des principes identiques : coulisses, tranchoir aiguisé et mouton pesant hissés par une corde puis relâchés.

Mannaia italienne

Fichier:Machine à décollation du XVIe siècle.jpg
Gravure d'après Bonasone (1555).

Le chroniqueur Jean d’Authon décrivait déjà au début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle une doloire ajustée dans un « gros bloc », lequel, maintenu par une corde et « venant d’amont entre deux poteaux », sépara la tête des épaules du Génois Demetrio Giustiniani, le Modèle:Date-, puni pour avoir fomenté une révolte contre Louis XII. L'abbé Jean-Baptiste Labat la nomme « mannaia »<ref>Voyage en Italie (1730) ; tome VII ; Modèle:P.. On rencontre une déclinaison de cette appellation : manuja, mannura… .</ref>. Un des amis de Guillotin a révélé que le médecin aurait formé ses idées d’après un récit similaire mais anonyme : Voyage historique et politique de Suisse, d’Italie et d’Allemagne (Francfort, 1736) où l’on trouve une description précise de cette mannaia<ref>A.B. in Recherches sur la guillotine, Revue britannique (version française), Modèle:Vol., 1846, Modèle:P..</ref>.

C’est probablement cette méthode italienne qui a été imitée dans le Languedoc. Dans les mémoires de Puységur<ref>Édition Du Chesne (1690), Modèle:P.</ref>, il est relaté l'exécution en 1632, dans la cour du Capitole à Toulouse du duc de Montmorency. Modèle:Citation.

Une gravure de Giulio Bonasone qui illustre l'exécution du Lacédémonien Lacon, avec une « guillotine » d'ailleurs peu détaillée, figure dans le Symbolicae quaestiones de universo genere d’Achille Bocchi, imprimé en 1555.

Maiden écossaise

Fichier:Halifaxengine.jpg
Maiden reconstituée sur un socle authentique.

L’abbé Joseph de La Porte décrit un instrument à décapiter d'usage en Écosse. Modèle:Citation. Le même instrument, si l’on se fie à des gravures, était connu aussi en Irlande.

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Le gibet d'Halifax.

L'héraldiste Modèle:Lien, dans son Academy of Armoury de 1678 cite un ancêtre antique de la guillotine qui aurait été d’usage chez les Hébreux et les Romains, où le tranchoir était posé directement sur le cou du patient ; le bourreau armé d’une lourde masse frappait un grand coup sur le dos de la hache.

Un opuscule Halifax and its gibbet law [Halifax et sa loi du gibet] était paru en 1708 puis en 1722, que Guillotin pouvait avoir consulté. Le docteur Louis indique, de son côté, s’être inspiré des coutumes anglaises. Si une maiden fonctionna jusqu'en 1685 à Édimbourg, l’Angleterre proprement dite n'utilisa toutefois jamais de guillotine. Modèle:-

Docteur Louis, maître d’ouvrage

Fichier:Antoine Louis.jpg
Portrait d'Antoine Louis, le chirurgien concepteur de la guillotine.

Consultation motivée du Modèle:Date-

À la suite des votes des articles du code pénal précités, Guillotin consulte Antoine Louis, homme de science reconnu, expert médical auprès des tribunaux et secrétaire de l’Académie de chirurgie depuis près de trente ans, sur la machine la plus apte à la décollation sans l’intervention principale de l'homme.

Le Modèle:Date-, Louis dépose auprès de l’Assemblée sa « Consultation motivée sur le mode de décollation nouveau »<ref>H. Fleishmann indique que le texte de Louis vient d’une copie de Villenave, reproduite dans quelques ouvrages tels que la Revue des documents historiques (1875-1876) » d’Étienne Charavay, tome 3, Modèle:P.&48</ref>, qui précise : « Il est aisé de construire une pareille machine dont l’effet est immanquable ; la décapitation sera faite en un instant, suivant l’esprit et le vœu de la nouvelle loi ».

Modèle:Citation bloc

La loi correspondante au projet de la machine à décollation préconisée par Louis est votée le 20 mars 1792 et promulguée le 25 mars suivant.

Conférence secrète des Tuileries

Fichier:Premières lames convexes obliques 1793.jpg
Gravures de 1793 montrant une lame en forme de faux, montée en diagonale.

Une curieuse histoire, qui implique Louis XVI dans la conception de la guillotine, semble n’avoir pour origine que les « Mémoires des Sanson »<ref>tome 3, Modèle:P.</ref>, réputés apocryphes, édités en 1862 et rédigés sous le nom d’« Henri Sanson » et suspects d’arrangements importants<ref group="note">Henri Sanson était mort en 1840, et c’est Henri-Clément qui officia tout de suite après lui. Honoré de Balzac a lui-même contribué à la diffusion de certains épisodes révolutionnaires, tels l’histoire « romancée » de la pseudo-messe demandée par Charles Sanson pour l’anniversaire de la mort du roi (Cf. : « Un épisode sous la Terreur »).</ref>. Dans les authentiques Mémoires de Sanson publiés en 1831, il n’en est soufflé mot, et tous les auteurs et chroniqueurs les plus proches des événements méconnaissent complètement l’anecdote.

L'anecdote aurait mis en présence aux Tuileries le roi, féru de mécanique, Antoine Louis, Guillotin et Sanson<ref group="note">Antoine Louis est alors présenté comme « médecin du roi » dans les « Mémoires des Sanson » ; mais, plus logiquement, comme « chirurgien du roi » par Sylvain Larue dans son ouvrage Les Grandes Affaires criminelles du Val de Marne</ref>. Le monarque, après avoir examiné le dessin, émit la critique qu’une lame « en forme de croissant » était insuffisante pour terminer dans tous les cas une coupe franche. On donna raison au roi qui saisit alors une plume, corrigea le dessin de la lame et lui donna « une ligne oblique » en disant qu’il faudrait essayer les deux dispositions pour confirmer. Ce à quoi il aurait été procédé à Bicêtre quelques semaines plus tard.

Le couperet trapézoïdal comportant un tranchant en biseau serait par ailleurs une amélioration postérieure car les gravures du temps montrent régulièrement une lame en forme de faux ou doloire - et ajustée en diagonale et suggèrent que ce modèle fut employé au moins jusqu’à l'automne 1793<ref group="note">Ces lames « historiques » n’ont pas été conservées car elles étaient fragiles et souvent remplacées ; et on ne peut logiquement les retrouver sur les modèles modernisés, actuellement en exposition.</ref>.

Instructions du docteur Louis

Le docteur Louis donne ses instructions au charpentier Guidon, le Modèle:Date-.

Modèle:Boîte déroulante début Cette machine doit être composée de plusieurs pièces.

  1. Deux montants parallèles en bois de chêne de la hauteur de Modèle:Unité, joints en haut par une traverse et montés solidement sur une sole, avec des contre-fiches de côté et par derrière. Ces deux montants seront, dans l’œuvre, à un pied de distance, et auront six pouces d’épaisseur ; à la face interne de ces montants sera une cannelure longitudinale carrée d’un pouce de profondeur, pour recevoir les oreillons d’un tranchoir. À la partie supérieure de chacun de ces montants, au-dessous de la traverse et dans leur épaisseur, sera placée une poulie de cuivre.
  2. Le tranchoir de bonne trempe, de la solidité des meilleurs couperets, fait par un habile taillandier, coupera par sa convexité. Cette lame tranchante aura huit pouces d’étendue transversale et six de hauteur. Le dos de cette lame coupante sera épais comme celui d’une hache ; sous ce dos seront par le forgeron pratiquées des ouvertures pour pouvoir, avec des cerceaux de fer, fixer sur ce dos un poids de trente livres ou plus ; si dans les essais on trouvait convenable de rendre plus lourde la masse de cette espèce de mouton, ce poids sera garni d’un anneau de fer en son milieu. Le tranchoir devant glisser de haut dans les rainures des deux montants, son dos aura un pied en travers, plus deux oreillons carrés d’un pouce de saillie pour entrer dans ces rainures.
  3. Une corde, assez forte et d’une longueur suffisante, passera dans l’anneau et soutiendra le tranchoir sous la traverse supérieure ; chaque bout de cette corde sera engagé de dedans en dehors sur la poulie correspondante et sera arrêté extérieurement vers le bas de chaque montant.
  4. Le billot de bois sur lequel doit être posé le col du patient, aura huit pouces de haut et quatre pouces d’épaisseur. Sa base aura un pied de largeur, mesure de la distance des deux montants ; une cheville amovible traversera chaque montant et fixera de chaque côté le dit billot par sa base. La partie supérieure de ce billot n’aura que huit pouces de largeur. Elle sera creusée supérieurement d’une gouttière pour recevoir le bord tranchant du couperet convexe. Ainsi, les rainures latérales internes des deux montants ne doivent pas s’étendre plus bas que cette gouttière, afin que le billot ne soit pas coupé par le tranchoir. La partie supérieure du billot sera légèrement échancrée pour loger à l’aise le col du patient.
  5. Mais pour assujettir la tête et qu’il ne puisse la relever au moment de l’exécution, il faut qu’un croissant de fer, en manière de fer à cheval, bien arrondi par ses bords, embrasse le col du patient, au haut de la nuque, au niveau de la base du crâne, où finit le cuir chevelu, et que les extrémités de ce croissant assez prolongées soient percées pour être assujetties par un boulon qui traversera la base de la partie supérieure du billot dont l’épaisseur est de quatre pouces. Le patient, couché sur le ventre, aura la poitrine soulevée par ses coudes, et son col sera placé sans gêne dans l’échancrure du billot. Toutes choses bien disposées, l’exécuteur placé derrière la machine pourra réunir les deux bouts de la corde qui soutient le tranchoir, et, les lâchant en même temps, cet instrument tombant de haut, par son poids et l’accélération de la vitesse séparera la tête du tronc, en un clin d’œil.

S’il y avait quelques erreurs dans ces détails, elles seraient faciles à vérifier par le constructeur le moins intelligent. Modèle:Boîte déroulante fin

Fichier:Dessin de la guillotine primitive.jpg
Dessin de la guillotine primitive en situation.

On remarque que Louis y a repris la hauteur de dix pieds que l’on rencontre dans la plupart des récits antérieurs et surtout qu’il a pensé à une lame « à coupe oblique ». L’examen post-mortem du condamné Rémy René Danvers, 24 ans, guillotiné le Modèle:Date- à Carpentras, le donne à penser : Modèle:Citation<ref>Cité par Sylvain Larue dans Les grandes affaires criminelles du Vaucluse ; chapitre « Le crime de Kerchène », éditions de Borée, 2005, Modèle:P..</ref>. On serait donc assez éloigné de la fameuse sensation du « souffle frais sur la nuque » et plus proche de celle de la pendaison « en estrapade ». Comme le col est étroitement enserré, la lame tend à couper au plus près de la base du crâne, surtout si le supplicié s’agite ; Louis Combes rapporte que la tête de Louis XVI eut « le col déchiqueté et la mâchoire mutilée »<ref> Épisodes et Curiosités révolutionnaires, Éditions Madre, 1872, Modèle:P..</ref>.

L’instrument sera sujet à de nombreuses modifications et variantes au fil des années ; mais, en France, après 1870, il a pratiquement acquis sa configuration définitive. Les diverses représentations nous montrent une machine munie d’un couperet trapézoïdal en acier à tranchant biseauté et implantée sur une robuste semelle avec des jambes de force métalliques boulonnées qui la destinaient à fonctionner de plain-pied. L’ensemble pouvait facilement dépasser les Modèle:Unité de haut et peser la demi-tonne ; le bloc tranchant d’une quarantaine de kilogrammes avait généralement une course avoisinant Modèle:Unité.

Les accessoires changeront aussi de forme, notamment le panier pour recevoir la tête, allant du sac de cuir au panier en osier rempli de son, d’abord garni à l’intérieur de toile cirée puis de parois de zinc, pour ne devenir qu’un simple réceptacle métallique rincé au jet d’eau.

Maîtres d’œuvre

Guidon, charpentier

Fichier:Octobre 1793, supplice de 9 émigrés.jpg
L'échafaud peut comporter une trappe lors des exécutions de groupes. (ici, neuf émigrés sur la place de l'Hôtel de ville).

Le procureur-général-syndic, Roederer, qui est chargé de superviser la nouvelle méthode légale de mise à mort, demande à Louis de s’adresser au sieur Guidon, charpentier ordinaire du Domaine. Les instructions très détaillées de Louis nous donnent les renseignements essentiels sur l’instrument primitif.

La note s’élève à Modèle:Unité que Louis transmet à Roederer avec un avis défavorable, et qui sera refusée par le ministre Clavière. On pense alors que Guidon spécule en prétextant la rareté de trouver des ouvriers qui n’ont pas de préjugé ou de répugnance à travailler sur un instrument de mort<ref>H. Fleischmann, La guillotine en 1793, Modèle:P..</ref>. Cette difficulté était réelle puisque Roederer n’en disconvient pas, que Sanson émettra une plainte identique lors de l’embauche de ses aides, et que les différents prestataires de la guillotine demanderont généralement l’anonymat.

Guidon avait cependant inclus dans la totalité de la somme le prix de l’échafaud complet en chêne (enceinte, plateforme, trappe, escaliers…). Il restera néanmoins le fournisseur agréé des bois de justice, c’est-à-dire l’échafaud proprement dit, qui passera à 40 louis pour le département de Paris ; et c’est lui qui sera sollicité, après les premiers essais de décollation à Bicêtre, pour remplacer, en vue de la première exécution pénale, le type habituel d’échafaud qui n’avait pas été jugé assez solide pour supporter le poids de la nouvelle machine<ref>Lettres de Roederer du 19 avril à son collègue de Seine-et-Oise, et du 20 avril à Verrier, commissaire du roi auprès du deuxième tribunal criminel provisoire ; citées par Taschereau.</ref>.

Il faudra attendre le Modèle:Date- pour que le ministre de la Justice, Adolphe Crémieux, supprime l’élévation de la guillotine sur une estrade, afin que cette machine ne soit plus l’occasion d’un « spectacle hideux ». Ce qui réduit considérablement le nombre des exécuteurs et de leurs aides. Il ne restera en fonction que trois exécuteurs et leurs aides : à Paris, en Corse et en Algérie<ref>Gérald Massé, Les grandes Affaires criminelles d’Eure-et-Loir, éditions de Borée, 2007, Modèle:P..</ref>.

Tobias Schmidt, mécanicien

Fichier:Machine à décollation XVIII.jpg
Projet primitif de Schmidt et Laquiante.

Le Dr Louis fait appel à Tobias Schmidt, un mécanicien allemand originaire de Kloppenheim dans la Hesse<ref>Modèle:Lien web.</ref>,<ref>Jacques Delarue 1989, Le Métier de bourreau : Du Moyen Âge à aujourd'hui.</ref>, installé à Paris depuis 1785 et qui exerce la profession de facteur de clavecins et pianoforte sous le nom de Jean Tobie Schmidt, Rue Saint-André-des-Arts. Enfant des Lumières, comme inventeur, il construisit, entre autres, des cheminées économiques, un gril aérien et un « piano-harmonica »<Ref> Alexandre Lacassagne dans Peine de mort et criminalité (1908)</Ref>. Un de ses instruments est au musée de la Révolution française de Vizille (Modèle:N°).

Schmidt reçoit donc la proposition de fabriquer la machine dont Laquiante aurait lui-même produit et transmis un croquis inspiré des conceptions du docteur Louis<Ref> on retrouve l’épisode de Laquiante chez les Goncourt in Histoire de la société française pendant la Révolution (1889) ; réédité en 2002 aux éditions du Boucher (Modèle:P.) </Ref>. Mais le projet n’aurait pas été acheminé en temps voulu auprès du ministère de la Justice. Le principe adopté au départ aurait été d’employer deux parties complémentaires, une lame convexe qui tombe pour rejoindre une pièce concave.

Louis indique que dans le projet de Schmidt, le patient n'est ni lié ni couché, et que la coupe est oblique. Le chirurgien avait pressenti le principe d’un tranchant oblique mais en ne parlant, dans sa consultation du 7 mars, que de l’effet de l’arrondi de la lame : Modèle:Citation<Ref> H. Fleischmann ; Modèle:P..</ref>. Modèle:Ref nec.

Le Modèle:Date-, Roederer est chargé de faire construire l’appareil retenu par le législateur. Il sera réalisé par Schmidt pour un coût de Modèle:Nombre.

Giraud, architecte

Dans son rapport d'expertise du Modèle:Date-, l’architecte Giraud a jugé la première réalisation de Schmidt, « faite dans la précipitation » et encore trop peu sûre. Il avait réévalué le travail réalisé à Modèle:Nombre, 7 sous et 4 deniers. Ce qui aux yeux du procureur-général-syndic mettait en relief une marge très confortable en faveur du fabricant<ref> Lettre de Roederer du 7 juin au ministre des Contributions publiques.</ref>.

Mais le procureur révélera au ministre, deux jours plus tard, que le prototype de Schmidt a été globalement estimé à hauteur de Modèle:Nombre, compte tenu du court délai exigé, de la garantie de réussite aux risques du fabricant, des frais de croquis et d’essai et de la remise des guides, plans et dessins. Après l’expertise de Giraud, le prix de la machine enrichie des améliorations conseillées fut fixé, pour les offres publiques suivantes, à seulement Modèle:Nombre ; et dès juillet, l’administration exigera que les machines soient désormais livrées peintes<ref>Lettre de Roederer au ministre, en date du Modèle:Date-.</ref>.

Les guillotines, pour une raison qui se devine, furent recouvertes d’une teinte rouge ou construites avec un bois naturellement rouge.

Extraits du rapport de l’architecte

Modèle:Citation bloc

À lire le devis du charpentier, de même que les boulons à tête et écrous, les coulisses en cuivre faisaient déjà partie de sa fabrication<ref>De son côté, une lettre de Roederer (à la mémoire souvent approximative) attribue cette initiative à Schmidt </ref>. Ces recommandations n’avaient pas d’abord été suivies par un souci d’économie, mais elles furent rendues impératives le 27 juillet où, le bois des rainures ayant gonflé - une guillotine en fonctionnement était, en effet, une machine abondamment graissée et gluante de sang - le cou d’un patient ne fut pas entièrement tranché<ref>Roederer, lettre du 28 juillet 1792 à Le Roulx, ministre des Contributions publiques.</ref>. Ces incidents ont été surtout connus en dehors de Paris, à cause de l'expérience nouvelle des exécuteurs de province. Ainsi, le plus célèbre fut celui de Marie Joseph Chalier, qui eut à recevoir trois fois le couperet qui s’était d’abord arrêté deux fois sur ses cervicales.

Paternité de l'invention

Roederer, dans un courrier de mi-juillet 1792 au ministre Le Roulx, le renseigne sur la nature du marché conclu avec Schmidt : Modèle:Citation bloc

Schmidt, voyant le reste du marché près d’être emporté par des concurrents, tenta de breveter mais il ne put pas aboutir dans cette démarche, d’autant moins que la situation politique était en passe de se compliquer après le 10 août. Comme il refusait le nouveau prix de 500 livres par machine, ses productions antérieures lui furent soldées, en récompense de sa primauté, au prix initial de 812 livres. C’est Clairin, le menuisier de la Cour du Commerce Saint-André, qui produira le premier la machine au nouveau prix<ref>L. Pichon, Le Code de la guillotine, 1910.</ref>.

Antoine Louis, dans son rapport sur les essais, désigne Schmidt comme l’« ingénieur inventeur »<ref>Lettre citée par Fleischmann, Modèle:P..</ref>. Desgenettes rapporte dans ses mémoires<ref>Souvenirs de la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, tome 2, Modèle:P.).</ref> une conversation avec Louis où le chirurgien minimise son rôle dans l'invention de la guillotine : Modèle:Citation.

Pour Sylvain Larue, Antoine Louis est le « réel inventeur »<ref>Les Grandes Affaires criminelles du Val de Marne, éditions de Borée, 2007, Modèle:P..</ref> et, de son côté, Yves Pouliquen dit du docteur Louis que la guillotine « sera née de ses mains »<ref>Félix Vicq d’Azyr, les Lumières et la Révolution, 2009, Modèle:P..</ref> car il en a suivi avec attention toutes les péripéties et en a suggéré ou approuvé toutes les modifications.

Le Modèle:Date-, Schmidt écrit au roi un mémoire afin de solliciter un « brevet d'invention pour une machine à décapiter », accompagné d'un dessin colorié. Le ministre de l'Intérieur Champion de Villeneuve lui fit répondre le 24 juillet : Modèle:Citation<ref>Bulletin de la société de l'histoire de Paris et de l'Île-de-France, pages 123-125.</ref>

Conception

Berceau de la guillotine

Schmidt, pour mener à bien ce projet de construction, était venu de Strasbourg s’installer à Paris. Son atelier a été situé dans un appentis au no 9 de la Cour du Commerce-Saint-André. L’adresse était sans doute délibérée puisque Guillotin avait pris un logement dans un bâtiment contigu, au no 21 de la rue de l'Ancienne-Comédie. On y procéda à la coupe de bottes de paille puis à la décapitation de moutons afin de juger du bon fonctionnement de l’instrument.

C’est dans cette même cour qu’en face, Marat imprima quelque temps son journal<ref>Th. Lavallée, Histoire de Paris, Hetzel, 1852, Modèle:P..</ref>. Au-dessus d’un porche qui faisait communiquer la rue des Cordeliers à cette cour, habitait Danton et à quelques pas se trouvait le domicile de Marat (au no 20 devenu aujourd’hui le no 18) où il sera assassiné. Enfin, au no 35, logeait Simon, le geôlier du Dauphin. Marat paraît s’être intéressé à ce que faisait son voisin puisqu’on a pu lui attribuer la première idée de baptiser la machine du nom de Louisette afin d’honorer le chirurgien<ref>Thérèse Ravard, Histoire des médecins de Franche-Comté, 2002, Modèle:P.. Modèle:ISBN</ref>.

Essais sur des cadavres humains

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L'hôpital-prison de Bicêtre, à l'époque de la Révolution.

Le mardi Modèle:Date-, se sont retrouvés à Bicêtre dans la cour de la prison le docteur Louis et ses collègues, à savoir Guillotin et Michel Cullerier, médecin-chef de l’hôpital de Bicêtre qui avait réservé des cadavres frais pour l’événement<ref group=note>Mais sa présence le jour même des essais est contestée. Cf : « Biographies médicales et scientifiques » de Pierre Huard ; éditions Dacosta (1972), Modèle:P..</ref>, le mécanicien Schmidt, le charpentier Guidon, l’exécuteur Charles-Henri Sanson, ses deux frères et un de ses fils, probablement Henri, l’aîné, en âge d’exercer comme aide. Il y a aussi des personnalités de l’Assemblée nationale et du conseil des Hospices, ainsi que les médecins renommés, l’aliéniste Pinel et Cabanis.

Guillotin fut satisfait et Louis se félicita du succès et fit un rapport en date du Modèle:Date- à Roederer : Modèle:Citation<ref>Cité par Fleishmann, Modèle:P..</ref>,<ref group=note>Roederer parlera de cinq cadavres dans sa lettre du même jour à son confrère de Seine-et-Oise. Ce chiffre peut autant provenir d’une transcription erronée ; il a été principalement répété par des revues médicales de l’époque. Les auteurs récents donnent tous le chiffre de trois cadavres. </ref>. On constate donc que la guillotine est munie maintenant d’une bascule qui immobilise et amène rapidement le corps du patient à l’horizontale et facilite le positionnement de sa tête sur le billot.

D’un autre côté, la version des fameux « Mémoires des Sanson » continue logiquement la réunion des Tuileries : l’expérience aurait été faite avec deux couperets, l’un oblique qui décapita proprement les deux premiers cadavres et l’autre en croissant qui manqua le dernier<ref>Mémoires des Sanson, Modèle:P..</ref>. Sylvain Larue rapporte une version un peu différente : les cadavres sont ceux de deux prisonniers et d’une prostituée. Le premier corps est coupé avec la lame arrondie. Le coup réussit puis échoue sur le deuxième. La lame oblique parfait la coupe ratée et tranche net le dernier corps, celui de la fille publique<ref>Les Grandes Affaires criminelles du Val de Marne, éditions de Borée, 2007, Modèle:P.. Mais l’auteur ne donne pas de source précise pour cette variante et joint seulement une bibliographie secondaire.</ref>.

On a parfois écrit que sur ce même lieu de Bicêtre fut plus tard mise en chantier, une guillotine à neuf tranchants imaginée par un certain Guillot, mécanicien parisien, véritable émule de Schmidt, mais dont la réalisation fut laborieuse et les essais décevants. Cet inventeur fut peu après arrêté pour fabrication de faux-assignats et guillotiné avec la machine officielle<ref>Bernard-Adolphe de Cassagnac, Histoire des causes de la révolution française, 1856, Modèle:P.671 ; Paul Bru, Histoire de Bicêtre, 1890, Modèle:P..</ref>.

Première exécution pénale

La première exécution est enfin prévue pour le Modèle:Date- en place de Grève. Il s'agira de Nicolas Jacques Pelletier, condamné à mort trois mois auparavant pour l’agression d’une personne en pleine rue, à laquelle il tentait de voler des assignats. Moreau, un juge de ce tribunal, écrit à Roederer : Modèle:Citation<ref>Lettre citée par Taschereau, Modèle:P..</ref>. Roederer s’adresse la veille à La Fayette, commandant-général de la garde nationale pour s’assurer ce jour-là de la main-forte car il pressent que ce nouveau mode d’exécution attirera la foule, et il lui demande en conséquence de laisser sur place les gendarmes plus longtemps après l’exécution, jusqu’à l’enlèvement de la guillotine et de l’échafaud.

Pelletier fut donc le premier homme à être Modèle:Citation, surnom donné à une guillotine n’ayant pas encore servi. La Chronique de Paris du 26 avril (Modèle:N°) signale l’événement : Modèle:Citation<ref>Cité par H. Fleischmann, Modèle:P..</ref>. Si les journaux s’indignent quelque peu, Prudhomme loue l’instrument Modèle:Citation et il ajoute Modèle:Citation<ref>P. de Lormel, Les Révolutions de Paris, 1793, Modèle:P..</ref>. La foule, restée calme, fut étonnée de la rapidité de l’outil et de son efficacité, mais la majorité des curieux furent déçus de la brièveté du spectacle.

Guillotine et Révolution française

La fréquence de fonctionnement de la « Veuve », qui avait hérité, selon Ducpétiaux<Ref> De la peine de mort (1827).</ref>, du surnom de la potence, et qui fut inaugurée en des temps mouvementés, symbolise dans la mémoire collective la violence de la révolution. Modèle:Citation, disait Barère qui aurait voulu qu’on construisît des guillotines « à sept fenêtres »<ref>Pierre Joseph Alexis Roussel, Histoire secrète du tribunal révolutionnaire, Paris, Lerouge, 1815, Modèle:P.).</ref>.

Premier Tribunal révolutionnaire

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Une séance du Tribunal révolutionnaire.

Lors de la Journée du 10 août 1792, à la suite de la publication du manifeste du Duc de Brunswick, dont les troupes se trouvent à proximité de la capitale et qui a menacé de "subvertir" Paris, la Commune de Paris déclenche une insurrection et une foule de Parisiens prend d'assaut le château des Tuileries où réside le roi. Les combats durent toute la journée, au terme de laquelle l'insurrection est victorieuse, et la Royauté de fait renversée. Elle laisse toutefois près de 400 morts du côté des insurgés, qui réclament le jugement des « conspirateurs et traîtres » de cette journée.

Le Premier Tribunal révolutionnaire est créé en réponse le Modèle:Date-. Il ne prononcera toutefois, jusqu'à sa dissolution le Modèle:Date- de la même année, que 61 condamnations, dont 21 condamnations à mort. La presse Modèle:Citation<ref>Mona Ozouf, « Massacres de Septembre », L’Histoire Modèle:N°, mai 2009 ; auteur de Varennes. La mort de la royauté, 21 juin 1791, Gallimard, 2005.</ref>.

Premiers exécutés

Le premier exécuté est Nicolas Jacques Pelletier un criminel de droit commun, guillotiné place de Grève le Modèle:Date.

Le second est Collenot d'Angremont, arrêté à Sèvres, déjà soupçonné d’avoir été l’instigateur d’un attentat contre le maire Pétion et accusé de conspiration antirévolutionnaire, fut déclaré coupable, le Modèle:Date, par le tribunal révolutionnaire « d’embauchage et de levée d’individus formés en brigades, en qualité d’agent d’un ministère corrompu et de la police de Paris, ayant entretenu des correspondances suspectes » et condamné à la peine de mort, au terme d’une audience de quelque trente-deux heures.

H. A. Wallon<ref>Henri Wallon, Histoire du tribunal révolutionnaire de Paris, tome 1.</ref> rapporte que Charles-Henri Sanson était, sur une initiative du publiciste jacobin Gorsas qui conservait quelque animosité à l’encontre du bourreau, emprisonné par la Commune depuis ce même jour du 10 août afin, qu’en cas d’échec de l’insurrection, il n’eût pas possibilité de pendre des patriotes. Il eut un droit de sortie pour les deux premières exécutions et n’aurait été relaxé qu’à la suivante.

Le 21 août, à 10 heures du soir, Collenot est conduit place du Carrousel. Le peuple, en chemin, lui arracha sa « redingote nationale » et battit des mains quand il monta à l’échafaud. Sa tête sanglante fut montrée à la foule, ce qui sera reproduit lors de plusieurs exécutions ultérieures.

Guillotine déclarée permanente

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Le Modèle:Date-, la guillotine est déclarée permanente.

Pierre Louis Manuel, procureur de la Commune de Paris, après le supplice, interdit le démontage de la machine et déclare Modèle:Citation<ref>Charles Monselet, Histoire anecdotique du tribunal révolutionnaire, 1853, Modèle:P. et suivantes.</ref>. Peu après, s’ensuivit un arrêté de la Commune : Modèle:Citation. Ainsi, sur cette place auront lieu presque toutes les exécutions jusqu’au décret du Modèle:Date- qui désignera pour la remplacer la place de la Révolution, anciennement place Louis XV.

Parmi les condamnés du premier tribunal révolutionnaire, on peut citer Arnaud de Laporte, Farmian du Rozoy ou Jean Julien, qui fut d'abord arrêté comme conspirateur du Dix-Août et condamné à dix ans de pilori en place de Grève. Il fut rejugé et condamné à la peine capitale le lendemain de sa mise au pilori car il proclamait ses opinions royalistes et insultait la Nation qui l’avait condamné ; le président du tribunal Osselin déclara dans son allocution finale : Modèle:Citation<ref>Charles Monselet, Histoire anecdotique du tribunal révolutionnaire, 1853, Modèle:P..</ref>

Concernant Bachmann, major des Gardes suisses qui défendaient le château des Tuileries, son procès fut interrompu par l'irruption d'une troupe venue assouvir les « vengeances du peuple », alors que les massacres de Septembre<ref name="gir">Émile de Girardin, La Liberté, 1857, Modèle:P. et suivantes.</ref> avaient commencé. Le président Lavaux obtint de la cohorte qu’elle respecte la loi et se retire.

Second tribunal révolutionnaire

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Une exécution place de la Révolution. Tableau de Pierre-Antoine Demachy (1807).

Une volonté de vengeance ou de justice inassouvie par le petit nombre des procès, ainsi que la peur due à la proximité des armées étrangères, sont invoquées par les historiens pour expliquer les massacres de Septembre<ref name="gir" />. Le premier tribunal révolutionnaire fut brutalement dissous le Modèle:Date- et l’échafaud fut utilisé pendant quelque temps pour les exécutions de droit commun ou exceptionnelle comme celle du dernier souverain le Modèle:Date-.

Le second tribunal révolutionnaire fut institué le Modèle:Date-, dans un contexte de guerre civile en Vendée et de guerres extérieures. Il disposait d'« une juridiction illimitée et des pouvoirs exorbitants »<ref> A.B. : Recherches historiques sur la guillotine ; « Revue britannique de 1846 », vol5&6) ; Modèle:P..</ref>.

Modèle:Citation, s’exclame Danton au cours des débats. Le premier exécuté de ce tribunal est Louis Guyot des Maulans, gentilhomme poitevin, arrêté le Modèle:Date-<ref>« payés 96 livres par la nation à la veuve Favier ». Émile Campardon, « Le Tribunal révolutionnaire », tome 1, 1866, Modèle:P..</ref>.

Les exécutions à Paris du second tribunal révolutionnaire seront au nombre de 2 498<ref name=":0">Modèle:Lien web</ref>. Le tribunal aura prononcé Modèle:Unité à mort du Modèle:Date- au Modèle:Date- et 1 376 du Modèle:Date- au Modèle:Date-, en partie parce que les tribunaux qui avaient parfois suivi les armées chargées des répressions en province seront supprimés, et les procès et exécutions centralisés.

Les Toulonnais insurgés brûlèrent une guillotine en place publique, pour la punir d’avoir décapité le roi<ref>Louis Blanc, tome 2, Modèle:P..</ref>. En Modèle:Date-, elle sera brûlée pour une tout autre raison par les Communards, aux cris de Modèle:Citation<ref>M.D. Demélas, Militantisme et Histoire, Presses universitaires du Mirail, 2000, Modèle:P.. Modèle:ISBN)</ref>.

Personnalités liées à la guillotine

Charles-Henri Sanson, un maître exécuteur

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Charles-Henri Sanson, l'exécuteur des hautes œuvres du roi Louis XVI, imaginé par H. Baron.

Un certain Giraud, dans une lettre au Comité de salut public<ref>Citée par Prudhomme.</ref>, s’exclame : Modèle:Citation<ref>Fleischmann, Modèle:P..</ref>. Si Sanson fut « l’exécuteur des hautes-œuvres » sous l’Ancien régime, il devint populairement le « Vengeur du peuple » ou plus familièrement le « barbier national ».

Traitement des exécuteurs

Il est établi par le décret du Modèle:Date- dont voici les premiers articles :

Modèle:Citation bloc

Sous le règne de Louis-Philippe, le bourreau de Paris touche annuellement 8 000 francs, celui de Lyon, 5 000 et 4 000 dans des villes comme Rouen, Bordeaux et Toulouse. Les localités de moins de Modèle:Nombre reçoivent 2 400 francs. Charles Sanson eut, dans le département de Paris, un travail intense durant les années où il officia. Ainsi, il reçut Modèle:Nombre supplémentaires pour chacun de ses aides (il en avait régulièrement quatre) et une indemnité annuelle de Modèle:Nombre pour compenser la période exceptionnelle qu’il rencontra.

Mais il apparaît nettement que l’administration n’avait pas évalué ses frais avec assez de réalisme, car nous conservons de Sanson des demandes réitérées d’augmentation auprès de Roederer : Modèle:Citation bloc

« Tricoteuses »

Le Modèle:Date-, un décret de Jean-Pierre Amar interdit les clubs et les sociétés de femmes « sous quelque dénomination que ce soit ». Rose Lacombe, chef de file de la société des Femmes révolutionnaires, proteste et, le 17 novembre, à la tête d’un groupe de compagnes coiffées du bonnet rouge, envahit le Conseil général de la Commune. On décide, pour ramener le calme, par le décret du 26 décembre suivant, de mettre à l’honneur le rôle valeureux des « citoyennes patriotes des 5 et 6 octobre, en leur accordant des « places marquées », lors des « cérémonies civiques » (les exécutions capitales sont donc comprises) ainsi qu’à leurs époux et leurs progénitures, et l’autorisation d’y tricoter. Ces femmes devaient passer dans l’histoire révolutionnaire comme les « tricoteuses ». Si on suppose que le mot devait faire partie du langage courant, on ne le trouve pourtant écrit la première fois que dans « L’Ami du peuple » de Lebois, du Modèle:Date-<ref>Langages de la Révolution, ENS éditions, 1995, Modèle:P.)</ref>, et ce terme devenu rapidement injurieux fut donné à toutes celles qui se montraient d’ardentes partisanes de la manière forte<ref>Michel Vovelle, Les mots de la Révolution, Presses universitaires du Mirail, 2004. Modèle:ISBN</ref>.

Modèle:Citation<ref>Théophile Lavallée : Histoire de Paris ; 1852 ; Modèle:P..</ref>.

Les divers récits de l’époque nous font apparaître qu’il est guère aisé, en effet, de différencier de toutes ces patriotes qui s’agitèrent dans les assemblées, les rues, les places et spécialement autour des échafauds, les paisibles mères de famille qui pouvaient se transformer en un moment en de terribles passionarias. Le comédien Fleury avait sa méthode pour les reconnaître : Modèle:Citation<Ref>Mémoires de Fleury (Modèle:P.)</Ref>. On a prétendu qu’on avait libéré de prison des femmes de mauvaise vie afin de grossir les rangs de ces tumultueuses « jacobines », et même que des hommes se travestissaient en femmes pour se mêler parmi elles et jouer le rôle de meneurs<Ref>Édouard Mennechet : « Histoire de France » ; tome 2 ; Langlois et Leclercq ; 1855 ; Modèle:P..</ref>. Modèle:Citation<ref>Théophile Lavallée : Histoire de Paris ; 1852 ; Modèle:P..</ref>. On vit des flagelleuses remettre férocement dans le bon chemin les mauvaises citoyennes, comme celles qui ne portaient pas la cocarde obligatoire<ref>E. Lairtullier : Les Femmes célèbres de 1789 à 1795 ; tome 2 ; 1840 ; Modèle:P..</ref>. Ces matrones assistaient aux délibérations de la Convention, huaient les déclarations trop prudentes et applaudissaient aux discours virulents, notamment ceux de Robespierre, leur idole. On les apercevait régulièrement tricoter autour de l’échafaud – certaines y auraient loué des chaises - et attendre patiemment l’heure d’ouverture du théâtre sanglant de la bascule à Charlot. Elles excitent la populace, invectivent les condamnés des charrettes, ponctuent la chute du couperet et se réjouissent des grimaces des suppliciés<Ref>Clarisse Bader : La femme française dans les temps modernes ; 1883 ; Modèle:P..</ref>. Leur zèle et leur assiduité leur attirèrent une autre dénomination : les lécheuses de guillotine.

Il est sûr que le fanatisme de ces femmes a été largement amplifié par des plumes vengeresses ; mais les rapports de police du début de 1794 sont également éloquents : Modèle:Citation ; ou encore : Modèle:Citation<ref>tirés des Archives nationales et cités par Fleischmann (Modèle:P.) ; l'orthographe et ponctuation corrigées.</ref>. Leurs excès finirent par provoquer l’exaspération des politiques. Le lendemain de la mort de Féraud, massacré pendant que la salle de la Convention est envahie par des manifestants, les femmes qui y avaient pris une part active - sont exclues des tribunes par le décret du Modèle:Date, et, le 23, un autre les exclut des assemblées politiques et leur interdit les attroupements<ref>Camille Granier : La femme criminelle ; O. Doin ; 1906 ; Modèle:P..</ref>.

Guillotine « ultima ratio »

Chien de garde de la Révolution

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Devise de la Révolution française, qui serait due à Jean-Nicolas Pache quand il était maire de Paris<ref group=note>La devise fut comprise dans deux sens. Les révolutionnaires disaient qu'ils préféraient la mort à une vie sans liberté ; les autres rétorquaient: « Tu penses comme moi ou je te tue » (selon Chamfort).</ref>.

Georges Couthon déclamait cette sentence : Modèle:Citation<Ref> L.P. Anquetil : Histoire de France ; tome 5 ( 1839) ; Modèle:P. </Ref>. Les armées de sans-culotte levées dans l’urgence pour réprimer les soulèvements de province partaient battre la campagne, toujours suivies d’une « guillotine ambulante »<ref> T. H. Barrau in « Histoire de la révolution française » (1857) ; Modèle:P..</ref>.

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Affiche menaçant de la guillotine.
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Caricature de Robespierre : ne trouvant plus personne à guillotiner, il guillotine le bourreau.

Marc-Guillaume-Alexis Vadier déclarait justement : Modèle:Citation. On ne peut plus s’étonner qu’on appelât aussi la guillotine la « planche à assignats » quand on entend encore la belle tirade d’Hébert s’aidant de la rhétorique la plus percutante : Modèle:Citation<ref>A.R. Du Chatellier : « La mort de Louis XVI » (1826), Modèle:P..</ref>.

Un nommé Denoui, envoyé en mission de Paris à Angoulême avait Modèle:Citation. Louis-Marie Prudhomme ajoute : Modèle:Citation<ref>« Révolutions de Paris », 1793, Modèle:P..</ref>.

Purge des armées

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Adam Philippe de Custine au pied de l’échafaud.

Tous les officiers complices de Dumouriez fournissent les premières charrettes de militaires à la guillotine ; puis le principe de précaution punira de plus en plus d'innocents, tels Custine et Biron, seulement répréhensibles de rechercher quelque gloire, c'est-à-dire soupçonnés « d’ambition et d’incivisme »<ref>Déclaration de la députation des quarante-huit sections, le Modèle:Date- ; citée par H. Fleishmann (Modèle:P.).</ref>.

Subiront le même sort Alexandre de Beauharnais pour avoir laissé son armée se reposer deux semaines et, du même coup, avoir contribué à la perte de Mayence ; Jean Nicolas Houchard pour n’avoir pas poursuivi l’ennemi après le succès de la bataille de Hondschoote ; et le général De Marcé, vaincu en mars et en Modèle:Date- en Vendée, sous l’accusation d’avoir ainsi favorisé la chouannerie<ref>H. Fleischmann, Modèle:P..</ref>.

La Convention aura guillotiné pas moins de vingt-cinq généraux.

Hauts lieux de la guillotine

« Voie funèbre »

Le trajet le plus connu est celui que la justice appelait la « route ordinaire », depuis le tribunal (Conciergerie) jusqu’à l’ancienne place Louis XV. La durée est variable selon l’heure, le climat, les spectateurs et l’importance du cortège. Il dure environ trois-quarts d'heure à une heure et demie ; près de deux heures pour le roi qui voyagea dans la voiture de Clavière, depuis sa prison du Temple, précédé de canons roulants, de tambours et de quelques milliers de soldats. Les charrettes à ridelles, appelées par dérision « carrosses à trente-six portières », sont à la mesure des personnes à transporter. On peut y voir dix, quinze, trente personnes et « enfin jusqu’à quatre-vingt-quatre » nous dit H. J. Riouffe<Ref> in « Mémoires sur les prisons » ; éditions Baudouin ; 1823 ; Modèle:P.).</ref>. Le convoi peut comporter plusieurs charrettes selon l’importance de la « fournée ». Normalement Sanson en possède deux mais il doit souvent en louer des supplémentaires qui lui coûtent Modèle:Unité sur ses deniers, dont Modèle:Unité de pourboire, car les conducteurs comme les loueurs sont d’autant plus réticents qu’après une longue série de décapitations, les paniers ne peuvent suffire et les corps sont entassés à même la charrette pour être transportés jusqu’à la fosse du cimetière<ref> G. Lenotre : « La Guillotine et les exécuteurs » ; 1893 ; Modèle:P. (Une journée de Sanson).</ref>.

Les condamnés, cheveux raccourcis, poings liés dans le dos, sortent dans la cour du tribunal, la Cour du mai. Les charrettes y stationnent déjà toutes prêtes et se mettent en marche sur un signal de Sanson<ref group=note>Surnommé sur son passage Sans-farine, calembour inspiré par les temps de disette.</ref>. Tout de suite dehors, c’est une petite place semi-circulaire très animée où s’est installé le débit de tabac très fréquenté de la mère Guibal. Le convoi qui assure le spectacle emprunte le pont au Change, escorté de gendarmes à cheval et de gardes nationaux ; il vire à gauche sur le quai de la Mégisserie, dévie au carrefour des Trois-Maries, pour suivre la rue de la Monnaie puis celle du Roule pour ensuite tourner à gauche, sur la longue rue Honoré (rue Saint-Honoré). Les Halles voisines attirent au virage un afflux de badauds qui provoque régulièrement un énorme encombrement<ref>G. Lenotre, Modèle:P..</ref>. La rue Saint-Honoré est préférée, chaque fois qu’il est possible, au quai des Tuileries, plus direct mais sans population, et permet ainsi au plus grand nombre, à tous les étages Modèle:Incise d’assister au passage des condamnés qu’ils auront tout le temps de vilipender, de conspuer, de couvrir de horions et de crachats, chantant et hurlant des obscénités. Les commerces sont contraints de fermer, les crieurs précèdent et annoncent la liste des « gagnants ».

La « bière des vivants » passe successivement devant le Palais-Égalité (le Palais-Royal) ; l’église Saint-Roch dont le parvis et les gradins accueillants sont remplis habituellement de monde ; le porche du couvent des Jacobins<ref group=note>Aujourd’hui, place du marché Saint-Honoré.</ref> ; puis l’entrée de la place des Piques (place Vendôme), avec, à l’opposé, l’entrée de la cour des Feuillants, siège de la Constituante et, un peu plus loin, sur le même côté, à l’angle de la rue Saint-Florentin, l’église de l’Assomption.

Enfin, après le virage à gauche où l’on entrevoit au fond à droite le temple des Victoires (l'Église de la Madeleine), le cortège s’engage dans la rue de la Révolution (rue Royale). Cette voie qui mène par le Garde-meuble (aujourd’hui l’Hôtel de la Marine), est la dernière ligne droite vers la place de la Révolution (Place de la Concorde). C’est le lieu terminal à moins de poursuivre tout droit sur le pont de la Révolution (Pont de la Concorde et ancien Pont Louis XV) comme le fera Bailly pour être exécuté au Champ de Mars.

« Place rouge »

Après avoir été installée place de Grève pour la première utilisation le Modèle:Date, la guillotine est ensuite installée place du Carrousel . Le Modèle:Date, pour l'exécution du Roi, elle est posée place de la Révolution entre la statue de Louis XV'<ref group=note>La statue de Louis XV avait été renversée le Modèle:Date et remplacée par une « statue de la Liberté », œuvre de François-Frédéric Lemot</ref> et l'actuelle statue de la Ville de Brest à l'entrée des Champs-Élysées, face aux jardins des Tuileries.

Lors des exécutions, l’emplacement favori des curieux était les terrasses dominantes des Tuileries, près de la Renommée de marbre. Le logement du Suisse qui gardait l’entrée du Pont Tournant fut occupé par une auberge, appelée « Cabaret de la Guillotine », très fréquentée pendant les heures de travail de la machine.

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Lieux d’exécution pendant la Révolution

La première exécution au moyen de la guillotine se déroule donc le Modèle:Date sur la place de Grève (actuelle place de l'Hôtel-de-Ville). Tous les condamnés à mort sont désormais exécutés en ce lieu, jusqu’à ce que l’échafaud soit transporté, le 21 août, sur la place du Carrousel, face au palais des Tuileries, siège du gouvernement, à la suite de la journée du 10 août. La première place est, donc, vouée aux délits de droit commun (châtiment du pilori compris) tandis que la seconde le sera aux crimes politiques.

Le Modèle:Date, la guillotine est de nouveau en place de Grève pour trois faussaires d’assignats. Le Modèle:Date, la guillotine est exceptionnellement dressée sur la place de la Révolution pour l’exécution de Louis XVI, ancien hôte des Tuileries. Enfin, le 11 mai, la guillotine, quitte définitivement la place du Carrousel pour s’installer place de la Révolution, devant l’entrée du jardin (« le pont tournant »)<ref>G. Lenotre, « La Guillotine et les exécuteurs, 1893 , Modèle:P..</ref>, notamment pour y décapiter sur le lieu même de leur forfait certains des voleurs du diamant bleu de la Couronne<ref>Franck Ferrand, « La malédiction du diamant bleu » dans l'émission Au cœur de l'histoire, Europe 1, 27 avril 2011.</ref>. Là seront exécutés : Charlotte Corday (17 juillet), la reine Marie-Antoinette (16 octobre), les Girondins (31 octobre), Philippe Égalité (6 novembre) et Danton (Modèle:Date-), pour les plus connus. La machine y reviendra spécialement pour exécuter les Robespierristes à partir du Modèle:Date.

Le Modèle:Date, elle est transférée place de la Bastille, où, dit-on, elle n’aurait fonctionné qu’une seule journée<ref group=note>Mais probablement plus car on dénombre environ 96 exécutés.</ref> car les commerçants et les habitants du quartier Saint-Antoine ayant protesté énergiquement, elle doit s'éloigner bientôt du côté de la barrière de Vincennes (qui prendra le nom de « Barrière-renversée », raccourci de « barrière du Trône renversé ») pour s’élever, le Modèle:Date, place du Trône-Renversé (anciennement « place du Thrône » et actuellement place de la Nation) durant la Grande Terreur. Durant cette période, Modèle:Citation<ref>Nicolas Ruault : Gazette d'un Parisien sous la Révolution</ref>.
En moins de deux mois, 1 306 têtes sont coupées. C'est l'été et l'odeur est pestilentielle. Chaque soir, une charrette transporte les corps au couvent de Picpus, ou deux fosses ont été creusées dans le jardin.

Victor Hugo, dans son roman Notre-Dame de Paris publié en 1831, décrit la place de Grève qui est connue ainsi comme un synonyme de lieu d'exécution pour les condamnés à mort.

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Hommes face à la guillotine

Mourir comme un Romain

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Les agapes des Girondins, la veille de leur exécution.

Comme la plupart de ses condisciples, Camille Desmoulins envisageait déjà, vers 1790, son destin politique conduit par la formule d’Horace « Dulce et decorum est pro patria mori »<ref group=note>« Il est beau et doux de mourir pour la patrie ». Devise adoptée d’abord par Lord Lovat.</ref>, dont il s’était donné une traduction personnelle : « Je me sens la force de mourir sur un échafaud avec un sentiment de plaisir ». On ignore si plaisir il y eut, mais on ne compte plus, à l’image du courage et de la résignation devant la mort de ceux qui restèrent fidèles à leur foi ou à leur roi, les attitudes impavides des prosélytes de la Révolution, que rassurait sans doute la douceur promise de la guillotine : « une chiquenaude sur le cou » avait résumé Lamourette.

Le convoi des plus insolites fut celui des trois charrettes des Girondins (plus une pour Valazé) qui, après les agapes fraternelles de la veille faites en prison, furent une vingtaine à partir ; ils se levèrent à l’approche des Jacobins pour chanter un couplet improvisé sur l’air de l’« hymne des Marseillais »<ref>Charles Maurice, « Histoire anecdotique du théâtre et de la littérature », 1856.</ref> : Modèle:Citation. C’est cette abnégation fataliste d’un Chabot qui fit mourir nombre d’entre eux comme des Romains, le stoïcisme antique s’étant mué en une vertu républicaine.

Toutefois, certains refusèrent, par le suicide, d’aller à l’abattoir public. Parmi les plus connus, Roland, qu’on trouve percé de part en part d’une épée, Dufriche-Valazé, Philippe Rühl et Clavière se poignardent au cœur ; Rebecqui se noie ; Lebas, Lidon, Jacques Roux, Maure, Pétion, Buzot et Barbaroux se donnent un coup de pistolet, le dernier se manque et finit ses souffrances sur l’échafaud. Plus tard, ce sera le tour de six anciens Montagnards, surnommés « les Crêtois », qui se tailladeront les veines au ciseau dont trois, cependant, survivront pour connaître le choc de la lame.

Inégaux sous le couperet

Fichier:Affiche TL pour Le Matin Au pied de l'échafaud.jpg
Illustration parue dans le quotidien Le Matin en 1893 sur les « Souvenirs de la Roquette » par un aumônier des prisons.

Ces caractères inaltérables avaient fini aux yeux du peuple par représenter la normalité. Ainsi, un juge déclara à Jacques Cazotte que sa fille avait sauvé une première fois de la sentence fatale : Modèle:Citation<ref>Louis Jourdan, « Les femmes devant l’échafaud », 1863, Modèle:P..</ref>.

Pour le dithyrambique Michelet, les « hommes de la liberté » arboraient une fleur à la bouche sur le chemin de la guillotine. Une probable allusion à Jourdan Coupe-Tête, le « glaciériste » d’Avignon qui mâchait, debout sur la charrette, une branche de lilas<ref group=note>Mais l’abbé Carrichon (cité par G. Lenotre) parle aussi d’un aide-bourreau qui avait une rose à la bouche.</ref>. Pour Jules Claretie : « On meurt bravement en pleine Terreur »<ref>Préface des « Névroses révolutionnaires » ; cité par Fleischmann, Modèle:P..</ref> et les rapports de police, nous dit Fleischmann, le confirment.

Les réactions des suppliciés furent, d’une fournée à l’autre, très contrastées, et les chroniqueurs en ont apporté des témoignages contradictoires.

Guillotine qui rend fou

On a constaté, sous la Terreur, une angoisse mortifère tout autant qu’une insouciance indéfinissable pour la guillotine.

« Jeu de la guillotine »

Les rapports de police et de tribunaux sont surprenants, car, à côté de personnes qui pleurent en silence, à chaudes larmes, sanglotent, hurlent ou gémissent : Modèle:Citation<ref> cités par Fleischmann ; Modèle:P..</ref>.

Le plus étrange pourrait être un fatalisme nonchalant, non exempt d’une certaine hauteur, qu’affectionnèrent des Ci-devant. Louis Blanc s’est fait l’écho<ref>Histoire de la révolution française, tome 11, Langlois et Leelereq, 1861, Modèle:P..</ref> du « jeu de la guillotine » et la Comtesse Dash en développe un épisode où des détenus s’exercent quotidiennement à recevoir le coup fatal « avec grâce » : Modèle:Citation bloc

Ce simulacre se répétait jusqu’au moment de l’appel du geôlier, ce messager de la mort : Modèle:Citation.

Femmes face à la guillotine

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Madame du Barry tirée hors de son cachot.

L’illustration la plus frappante du mépris de la mort est l’attitude de Charlotte Corday, dont aucune clameur, aucune injure ne put troubler l’impassibilité presque extatique. Une si belle contenance qui avait subjugué Adam Lux, avait agacé l’assistance au point que sa tête fut retirée du sac et souffletée, par exaspération et dépit. On ne peut non plus passer sous silence le maintien hautain de Marie-Antoinette d'Autriche, dont un dessin fameux, de la plume du peintre David en marqua la moue dédaigneuse.

On blâma, a contrario, avec la même vigueur, la contenance vile et lâche de la courtisane « Jeanne Vaubernier Du Barry » qui hurla sa détresse et qu’on désigna « la seule femme qui n’ait pas su mourir »<ref> J.J.F. Poujoulat, « Histoire de la révolution française », Mame, 1830, Modèle:P..</ref>. Pourtant, Sanson, au moment de relater l’exécution du général Biron, fit cette mention : Modèle:Citation<ref>Mémoires des Sanson, tome 4, 1863, Modèle:P..</ref>.

Ces souvenirs du célèbre bourreau, certes apocryphes mais pas forcément sans fondement, sont corroborés par le témoignage d’un homme de la connaissance de la duchesse d’Abrantès qui se remémore une scène que celui-ci vécut lors de la dispersion de la foule après l’exécution de l’ancienne maîtresse royale : Modèle:Citation. Sur la charrette, ses lamentations, sa frayeur, ses demandes à l’aide répétées embarrassent la foule qui se retire, déconcertée, comme honteuse.

Guillotine misogyne

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Madame Loras, venue supplier vainement Georges Couthon de faire libérer son mari<ref>Alphonse Balleydier, Histoire politique et militaire du peuple de Lyon, tome 2, 1846, Modèle:P.</ref>.

Martyres

Les anecdotes des interventions de la fille de Sombreuil et de celle de Cazotte pour défendre leur père sont exemplaires.

L’amour conjugal n’est pas un moindre motif d’élans aussi sublimes que désespérés de la part d’épouses ; notamment celles retrouvées auprès de leur mari dans la charrette au bas de la guillotine et pourtant absentes de la liste des condamnés. Ursule Taupin de Tréguier, femme du futur chef chouan Pierre Taupin, est allée à l’échafaud sans un mot, ses enfants ayant été placés à une fenêtre au-dessus de la place.

L’épisode des « Vierges de Verdun »<ref group=note>Le 2 septembre 1792, Verdun capitule face aux Prussiens. Après un long procès, 35 personnes sont condamnées à mort, dont 6 femmes et 8 adolescentes. Les deux plus jeunes, Claire Tabouillot et Barbe Henri, écoperont d'une peine de 20 ans emprisonnement. Victor Hugo en a fait un poème, paru dans Odes et Ballades (1826).</ref> eut un retentissement jusqu’à l’orée du Second Empire, à travers les récits de Lamartine et de Victor Hugo.

Image de l'instrument

« Sainte Guillotine »

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Une liste des gagnants « sainte Guillotine ».

La « guillotinade » paraissait, par son rite implacable, une cérémonie véritablement sacrificielle. Marie Joseph Chalier s’était écrié après avoir brisé un crucifix : Modèle:Citation<ref>Pierre Nougaret, « Histoire de la guerre civile en France », tome 3, Lerouge, 1803, Modèle:P.).</ref>.

Toute une panoplie métaphorique se crée dans la bouche des orateurs révolutionnaires. En route pour assister à une « mise à égalité » d’aristocrates, Jean-Henri Voulland annonce d’un air emprunté : Modèle:Citation. Les vendeurs de journaux courent les rues en criant : Modèle:Citation<ref>Albert Maurin, « Galerie historique de la révolution française », tome 2, 1849, Modèle:P..</ref>. D’ailleurs, ces listes de condamnés sont placardées dans des vitrines de commerçants et des auberges. Ce cynisme outrancier scandalise nombre de citoyens qui, soucieux du respect dû aux décisions du tribunal et aux familles éplorées, réclament l’arrêt de ces publications<ref>Rapport du Modèle:Date- par l’inspecteur de « l’esprit public », Latour-Lamontagne ; cité par Fleischmann.</ref>.

Puis, apparurent les hymnes parodiques, en réponse aux religieuses qui allèrent en chantant au supplice. On remplaça les « Litanies de la Sainte-Vierge » par les « Litanies de Sainte-Guillotine » :

<Poem>Sainte Guillotine, protectrice des patriotes, priez pour nous ; Sainte Guillotine, effroi des aristocrates, protégez-nous ; Machine aimable, machine admirable, ayez pitié de nous ; Sainte-Guillotine délivrez-nous de nos ennemis… </Poem>

Ces paroles iconoclastes qui, d’après le dramaturge Georges Duval<ref>« Souvenirs de la Terreur, de 1788 à 1793 », 1842, Modèle:P..</ref>, prirent leur essor le Modèle:Date-, pour la commémoration du premier anniversaire de la mort du roi, Modèle:Citation. D’autres chansons étaient composées d’expressions hypocoristiques comme Modèle:Citation qui tendaient à rendre cet instrument amical et familier : <Poem> Ils ont fait une oraison Ma Guingueraingon À sainte-Guillotinette Ma Guinguerainguette<ref>Laure Junot d’Abrantles, « Histoire des salons de Paris », tome 3, Ladvocat, 1838, Modèle:P.</ref>. </Poem>

Objet de mode

La guillotine fut une immense vedette parisienne et induisit des réactions névrotiques. En parures, on se contente, d’abord, de bijoux discrets et sans fioritures, durant les années où la machine « rasait gratis », car la mentalité jacobine est rustique et sobre. Les femmes la portent en broche ou en sautoir, en bagues, épingles ou boucles d’oreilles<ref>A. Gabourd, Histoire de la Révolution et de l’Empire, tome 4, Lecoffre, 1847, Modèle:P..</Ref>. Mais passé la chute des Robespierristes, il va apparaître des manières plus ostentatoires, qui allaient devenir une caractéristique des époques du Directoire et du Consulat, et beaucoup contribuer à faire naître chez les Français le goût des modes vestimentaire et capillaire<ref>Edmond Texier, Tableau de Paris, tome 1, 1852, Modèle:P..</ref>.

Accessoire du quotidien

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« Incroyables et Merveilleuses » : chez l’homme, le cou est soigneusement protégé du « souffle frais de la guillotine », tandis que chez la femme, habillée à la romaine, un ruban rouge « tranche » sur un cou d’albâtre, comme le trait sanglant du couperet.

L’administration des Vivres s’était, d’ailleurs, armée d’un cachet à son effigie avec la légende « Guerre aux fripons », pour dissuader les voleurs de « subsistances militaires »<ref group=note>On a, par erreur, attribué ce timbre au « sinistre Gatteau », lequel n’était qu’un utilisateur, en qualité d’employé de cette administration. Cf. : Ernest Hamel, Histoire de Robespierre, tome 3, 1867, Modèle:P..</ref>.

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Faïence avec un décor rare d'une exécution par guillotine.
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Tabatière « à la guillotine ».

On rapporte qu’elle fut l’objet d’un culte extravagant sous le Directoire et la Restauration. On a révélé l’emploi de guillotines de table qui coupent les fruits au dessert, de celles qui, en place du couteau de cuisine, décapitent les volailles<ref> une spécialité de Lejeune, selon les Mémoires de Marmontel et « Le Moniteur » du 6 juin 1795. Cités par Fleischmann.</ref>. Le docteur Max Billiard<ref group=note>Auteur de « Les tombeaux des rois de France » (1923) et « Les femmes enceintes devant le tribunal révolutionnaire » (1911).</ref> écrit qu’on avait altéré le sens moral au point Modèle:Citation. Charles Nodier précise même qu’au théâtre pour enfants des Champs-Élysées, Polichinelle ne pendait plus les méchants mais les découpait à la guillotine<ref> Souvenirs de la Révolution ».</ref>.

Parmi de nombreuses illustrations, la terrible silhouette s’est plus certainement retrouvée sur des fabrications qu’on a dites : « à la guillotine ». Ces produits artisanaux furent assez diversifiés : les tasses, les boutons d’habit, les enseignes de commerce, etc. et surtout les assiettes. Le seul ouvrage qui en parle, et aujourd’hui rarissime, est « Céramique révolutionnaire. L’assiette dite à la guillotine », de Gustave Gouellain (1872). Beaucoup de ces articles furent fabriqués tardivement, et selon Alphonse Maze-Sencier<Ref> in « Livre des collectionneurs » (1893).</ref>, seuls ceux qui le furent depuis la mort du roi jusqu’au 9 Thermidor, devraient recevoir cette appellation. On peut mentionner spécialement la tabatière, objet personnel courant en ce temps-là, comme un support idéal pour la décoration la plus variée ; et si l’on a trouvé des tabatières « à la guillotine », il y en eut aussi « à la Charlotte Corday », « au Bonnet phrygien », « à la Marat »<ref>Alphonse Maze-Sencier, Le livre des collectionneurs, Renouard, 1893, Modèle:P..</ref>Modèle:Etc

Habit « à la victime »

La jeunesse dorée, issue des couches les plus aisées de la population parisienne, se lance dans un snobisme raffiné et provocant ; chez les jeunes femmes, une robe « à la romaine », très échancrée qui rappelle, à l’évidence, la chemise du supplicié<ref> Théophile Lavallée, Histoire de Paris, Hetzel, 1852, Modèle:P..</ref> ; avec, si le temps est frais, un châle rouge jeté sur les épaules en souvenir de la chemise portée par les assassins, et celle de Charlotte Corday, en particulier<ref group=note>Et aussi une mode suscitée par le procès des Chemises rouges, selon Duval et Nodier dans Souvenirs de la Terreur de 1788 à 1793, 1841.</ref>.

Les cheveux peuvent être bouclés ou frisés, et seront portés de différentes longueurs : « à la Titus »<ref>Edmond Texier, Tableau de Paris, tome 1, 1852, Modèle:P..</ref>, selon une mode répandue, dit-on, grâce au comédien adulé Talma qui adopta, pour la scène, la coupe de l’empereur romain. Quand la chevelure est gardée longue, on la relève de l’arrière par -dessus le crâne, rabattue presque sur les yeux, dégageant bien la nuque rasée pour rappeler la coupe des condamnés (dite aussi « à la sacrifiée »)

« Bals des victimés »

Dans les cercles où évolue, selon une expression de cette époque, une « société de bon ton », on organise des bals privés, appelés depuis : « bals des Victimés », ou « bals des Victimes ».

Les « Victimés », c'est-à-dire ceux qui ont un lien parental étroit avec une ou plusieurs victimes de la répression révolutionnaire ou, simplement, ceux qui en ont de justesse réchappé, sont invités à danser au cours d’une fête commémorative où le noir est de rigueur. Exagération ou satire, on a colporté qu’on dansait volontiers parmi les pierres tombales des cimetières, et sur les lieux d’anciens massacres.

Au cours de ces soirées spéciales, on y aurait imaginé l’étrange « salut à la victime » qui était de mimer un supplicié au moment de la chute de la lame : on bascule le front en avant et, si l’on recherche l’élégance du geste, on peut exécuter de la tête et des épaules quelques convulsions bien senties, au risque d’être jugé ridicule si elles sont trop maladroites<ref>A. Gabourd, Histoire de la révolution et de l’Empire, 1847, Modèle:P..</ref>. L’on ne danse que si on a vraiment à déplorer la perte au moins d’un proche parent. Le deuil est, justement, un sujet de conversation qu’il est convenable d’aborder<ref>Georges Duval, Souvenirs thermidoriens, tome 2, 1844, Modèle:P..</ref>.

Exécutions au temps des Deibler

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Photographie gravée d'une guillotine de l'époque de Louis Deibler, avec l'autographe de l'exécuteur.

Les guillotinades de la Révolution ont eu un aspect particulier mais gardaient une procédure des plus simples : tout de suite après leur condamnation, un acheminement des individus, en charrette, légèrement habillés, les mains liées derrière le dos, normalement attachés aux ridelles, dans une atmosphère de parade lugubre, avec des soldats et des gendarmes à cheval.

Les condamnés arrivés devant les bois de justice, descendent et attendent dans un ordre défini pour monter à leur tour sur l’estrade. Ceux qui restent au pied n’entendront que le bruit de la machine, ponctué par les applaudissements de la foule.

Quelques décennies plus tard, le pénal a repris ses droits et l’ambiance n’est plus du tout la même et bien que des détails techniques puissent différer, la procédure sera similaire sous toutes les républiques<ref group=note>La relation suivante s’appuie sur les récits de physiologistes assistants (notamment par le docteur Capitan à l’occasion de l’exécution de Carrara) et ceux de Sylvain Larue.</ref>. Un service d’ordre commandé par le commissaire divisionnaire dégage les abords de la prison et empêchera le moment venu une curiosité trop pressante, voire une excitation de la foule qui, tant qu’elle fut autorisée, est soigneusement tenue à distance. On peut imaginer que l’endroit est la place de la Roquette et que le condamné est un homme.

Dernier réveil

Fichier:Le Petit Journal Le réveil de Vacher 15-01-1899.jpg
Le réveil du condamné dans sa cellule. Le Petit Journal, « Le réveil de Vacher », 15 janvier 1899.

Les exécutions sont habituellement matinales. À deux heures et demie, les aides du bourreau apportent les bois de justice et les assemblent sans bruit en moins d’une heure. L’exécuteur vérifie une dernière fois le jeu du couteau dans les rainures et va sans précipitation prévenir le directeur de la prison qui emmène quatre de ses gardiens pour assister le condamné. Sont généralement présents le préfet de police, le commissaire du quartier, le juge d’instruction, le chef de la sûreté (ou son représentant), le greffier de la Cour d’Assises (obligatoire pour les constatations légales), les avocats du condamné, un médecin (généralement celui de la prison) et un ministre du culte (généralement, l’aumônier des prisonniers).

À trois heures quarante, le directeur, le juge, le commissaire, le greffier et l’aumônier pénètrent discrètement dans la cellule du condamné qui n'est pas au courant la veille au soir qu'il va être exécuté. Le directeur touche le dormeur à l’épaule ou, s’il dort profondément, le secoue légèrement. Le condamné qui s’éveille et ouvre péniblement les yeux, est souvent surpris mais comprend rapidement à la vue de la délégation qu’il est près de la fin. Le directeur le nomme et ajoute « Votre recours en grâce a été rejeté » ; « Levez-vous » ; « Préparez-vous à mourir ». L’attitude du condamné est variable selon les caractères. De l’hébétude totale à la tristesse la plus résignée, il reste généralement silencieux. L’homme se lève lentement de son lit et s’habille machinalement, boutonne sa chemise, enfile son pantalon et ses chaussures. Sa veste est jetée sur ses épaules si la matinée est trop fraîche.

Le directeur lui adresse les mots rituels : « Avez-vous quelques vœux à formuler ? » ; « Si vous avez des révélations à faire, monsieur le Juge d’instruction est là pour les recevoir ». Puis il demande : « Si vous voulez rester quelques instants avec monsieur l’Aumônier, nous allons sortir ».

Ce tête-à-tête ne durera pas plus de 5 minutes, juste avant le passage en salle de greffe pour la « dernière toilette » pendant laquelle on lui raccourcit les cheveux derrière et on lui dégage le cou et les épaules en échancrant le col de sa chemise qu’on referme plus bas par une épingle. Il peut être revêtu de la camisole. On lui accorde la possibilité d'écrire une dernière lettre à sa famille, de boire un cordial (rhum ou vin) et de fumer une ou deux cigarettes.

L’arrêté du préfet de police de Paris, J. M. Pietri, en date du Modèle:Date-, fit renoncer à faire Modèle:Citation. Cette précaution fut remplacée par une surveillance spéciale (article 1). Il est prévu aussi pour abréger les préparatifs de veiller à ce que tous ces condamnés « aient toujours les cheveux courts » et soient, au moment de leur notification de l’exécution, « revêtus d’une chemise sans col » (article 2). Enfin, il impose que « le trajet de la cellule à l’échafaud soit aussi direct et aussi court que possible » (article 3)<ref>Ludovic Pichon, Code de la guillotine, Modèle:P..</ref>.

Une légende veut que l'aumônier à la tête de la procession brandisse un crucifix devant le condamné à mort pour l'empêcher de voir la guillotine jusqu'au dernier moment<ref name="FF">Franck Ferrand, « Guillotine, la veuve rouge », émission Au cœur de l'histoire sur Europe 1, 11 avril 2011.</ref>.

Lorsque l’exécuteur, qui est venu avec deux aides ou plus, Modèle:Citation<ref>Gustave Macé, chef du service de sûreté à la Préfecture de Paris de 1879 à 1884, dans Mon Musée criminel, 1890.</ref>.

Exécution

Fichier:Sortie d'un condamné de la Roquette (Petit Journal-08-08-1891.jpg
Sortie d'un condamné conduit au supplice. Le Petit Journal, 8 août 1891.

Les portes de la prison s’ouvrent rapidement. Le condamné apparaît les pieds entravés et les mains liées derrière le dos, ce qui l’oblige d’avancer à petits pas. Le plus souvent, à cette heure précoce, il ne pourra guère apercevoir qu’une lueur blafarde qui lui renvoie la grande ombre menaçante de l’appareil de mort et son grand panier.

Le supplicié regarde la guillotine et souvent il pâlit un instant. Les observateurs réguliers ont aussi noté qu’un condamné même parmi les plus stoïques ne regarde jamais deux fois l’instrument. Cette remarque rappelle Sanson qui plaçait toujours sur la charrette les victimes dos au cheval ou dos à l’échafaud quand elles attendaient leur tour. L’homme baisse les yeux, s’avance lentement en silence ou en poussant de longs soupirs, ou bien s’il est en état de choc, à demi-inconscient, il est aidé par l’aumônier qui lui passe le bras sous le sien ou, si besoin est, par un ou deux gardiens de la prison.

Au pied de la machine, l’aumônier prie, l’exhorte à se comporter courageusement et l’embrasse ; puis le supplicié est laissé aux mains des aides de l’exécuteur. Le plus souvent, il a un réflexe de recul quand on l’approche de la planche contre laquelle il sera sanglé. Cette planche se dresse depuis le haut de ses chevilles jusqu’à mi-poitrine. Une fois ligoté, les bourreaux flegmatiques le font basculer à l’horizontale et la planche glisse et s’arrête quand le cou est entre les poteaux. Les aides lui tirent les épaules vers l’avant et l’allongent avec force pour bien le déplier horizontalement. Parfois, les aides prennent un temps plus ou moins long pour maîtriser un condamné excité et le disposer correctement sur la planche.

Le cou est posé sur la traverse demi-circulaire où vient s’abattre le châssis demi-lune qui maintient la tête prisonnière. Ce « casse-tête » eut tendance, avant que sa fixation soit modifiée, à tomber à contretemps et frapper rudement le crâne du patient. De plus, ce châssis, pendant une période, avait été armé d’un grappin qui immobilisait la nuque en pénétrant dans les chairs. Cet accessoire, qui amenait une souffrance inutile et occasionnait des cassures de la région occipitale, comme pour Louis XVI, fut supprimé du temps de l’exécuteur Nicolas Roch, prédécesseur de Louis Deibler.

La tête est donc désormais manipulée par un des bourreaux afin qu’elle se présente bien au couteau<ref group=note>Aussi appelait-on « photographe », en jargon de métier, celui qui maintenait la tête sous le bon angle.</ref>. Le tranchant lourdement lesté de plomb, d’un poids de trente à soixante kilogrammes, inversement proportionnel à la hauteur des « bras » qui peuvent atteindre Modèle:Unité ; et de trente-cinq centimètres de large pour une lame plus étroite de trente, est relevé par une corde qui passe par une poulie fixée au « chapeau » (le montant horizontal supérieur). Pour le modèle, ce peut être un crochet en forme de 8 qui, à partir du centre de ce linteau, maintient en l'air le mouton<ref group=note>En jargon de métier, l’ensemble s’appelle le « sac de voyage ».</ref>.

La partie inférieure de ce crochet s’ouvre quand on pince la partie supérieure. Il s’agit pour l’exécuteur de s’avancer et de toucher un déclic, un petit levier qui pousse un ressort et libère la lame, les branches du haut se rapprochant et celles du bas s’écartant. La chute du couperet est amortie par deux puissants ressorts à boudin caoutchoutés placés en dessous, de sorte que ses rebords ne viennent pas claquer violemment en fin de course mais produisent un bruit sourd. Pour descendre deux mètres quatre-vingts le mouton met trois-quarts de seconde.

Fichier:Le Petit Journal illustré Doré et Berland 08-08-1891.jpg
La guillotine, prête à recevoir le condamné. Le Petit Journal, 8 août 1891.

Depuis la Révolution, la chute du bloc tranchant dans les rainures est la hantise des exécuteurs. Anatole Deibler le fera équiper, ainsi que la planche à sangles, de galets pour mieux assurer son glissement. Les incidents furent assez rares mais mémorables. L’exécution d’un nommé Pierre Hébrard à Albi est restée fameuse dans les annales de la fille de Guillotin. D’abord, ce condamné à mort attendit cinq mois en prison l’annonce de son dernier jour (un record). Par comble de malchance, le Modèle:Date-, cinq fois le couperet sera tombé sur son col sans vraiment l’entamer car le couteau n’est plus dans son aplomb et déraille<ref>Sylvain Larue, Les grandes affaires criminelles du Tarn, Éditions de Borée, 2006, Modèle:P.. </ref>. Un aide se dévoue pour le découper à la dague, sous les injures et une pluie de cailloux. À la fin, le chef exécuteur est poursuivi jusqu’à son domicile dont on casse les vitres. Si la victime du condamné n'avait pas été très aimée de la population, le bourreau aurait été mis à mal. Ce dernier fut pourtant innocenté par l’expertise de la machine qu’on avait imprudemment laissée pendant deux jours accessible au public. On a conclu, en effet, au sabotage d'un jeune aide licencié depuis peu.

Un autre incident concerna la décapitation de l'assassin Languille le Modèle:Date-, pour laquelle le médecin de service, le Docteur Beaurieux, put constater que le condamné demeurait conscient trente secondes après la chute du couperet<ref name="Beaurieux643">Docteur Beaurieux, Exécution de Languille, observations prises immédiatement après la décapitation, Archives d'anthropologie criminelle, tome XX, 1905, Modèle:P..</ref> (confirmation de cette observation par expériences sur des rats en 2011). Cependant cet incident semble avoir été inventé par les journaux d'époque, le Docteur Beaurieux niant lui même avoir attrapé la tête de Languille<ref>Modèle:Lien web</ref>.

Après le bruit de la planche qui se rabat, le bruit de la demi-lune qui se referme, enfin le bruit du mouton qui finit sa course en rasant la face extérieure de la lunette, un flot de sang jaillit. La tête rejetée en avant fait un bang sonore en tombant au fond de la bassine en zinc, récipient avec un bord ressemblant à un « dossier de baignoire » pour avoir été relevé à la suite d’incidents où des têtes sautèrent et roulèrent plusieurs mètres jusqu’aux pieds des spectateurs. Le reste du corps est poussé rapidement sur une planchette rabattue en plan incliné qui le fait tomber dans le grand panier ; la tête retirée par les cheveux ou les oreilles va le rejoindre entre les jambes. Modèle:Citation<ref>Maxime Du Camp (vol. cité infra).</ref>.

Il peut être quatre heures et, normalement, il ne s’est pas passé plus de vingt à trente minutes depuis le réveil du supplicié. Mais c’est une éternité pour un spectateur impressionné pour qui tous les gestes des acteurs du drame paraissent effectués « au ralenti »<ref>Ce paragraphe s’appuie sur les « Observations physiologiques à l’exécution de Carrara » du docteur Capitan, dans Archives d’anthropologie criminelle, tome 13, 1898, Modèle:P. à 597. Et le tome 3 de Paris, ses organes, ses fonctions et sa vie de Maxime Du Camp, Hachette, 1875, Modèle:P..</ref>.

Si le corps n’a pas été réclamé par la famille, il est parfois apporté au laboratoire médico-légal pour autopsie<ref>S. Larue, Les Grandes Affaires criminelles du Val de Marne.</ref>. Le supplicié est souvent mis en bière, mais un cadavre abandonné perd parfois toute considération aux yeux des fonctionnaires de la mort : Modèle:Citation<ref>Rapport de police de Gentilly du Modèle:Date-.</ref>.

Hémorragie du décapité

Fichier:Les Formes acerbes.jpg
Les formes acerbes, 1796.

Le sujet n’est jamais vraiment abordé dans les divers récits car il occupe rarement les esprits à cet instant dramatique et incite au poncif. Il faut donc se tourner vers des conclusions de médecins physiologistes.

L'exécution de Carrara du Modèle:Date- se raconte ainsi : Modèle:Citation<ref>Les Grandes affaires criminelles du Val-de-marne, Modèle:P..</ref>. Or, la décapitation de cet assassin fut justement observée et analysée par le docteur Louis Capitan. Dans son propos, il ajoute les remarques de deux confrères<ref>Archives d’anthropologie criminelle, 1898, tome 13, Modèle:P., vol. cité.</ref>.

Exemple de l’assassin Carrara

Le détenu Carrara, depuis le départ de sa cellule s’est montré complètement comateux, anéanti par l’annonce de sa mort imminente et demeure « exsangue et livide ».

On l’a pratiquement porté jusqu’à l’échafaud et il a semblé Modèle:Citation sur la planche où il n’a eu aucune réaction. La section du cou tranché de Carrara saignait fort peu dans la lunette. Au moment où il fut projeté dans le panier, le tronc ne tomba pas entièrement au fond car les épaules heurtèrent le rebord et le cou resta en dehors. C’est à ce moment-là seulement qu’un sang rouge jaillit des carotides dans un jet estimé approximativement d’un mètre en hauteur et d’un mètre cinquante en avant<ref group=note>En jargon de métier, on appelait ce phénomène « faire soleil ».</ref>.

Il est évident que le sang circule grâce aux battements autonomes du cœur. Le docteur Gley, qui a étudié régulièrement en laboratoire de nombreux cœurs de suppliciés, eut l’occasion en province d’examiner deux cadavres de guillotinés, deux minutes seulement après la Modèle:Citation<ref group=note>Le mot n’est utilisé aujourd’hui qu’en obstétrique, mais il lui est donné ici le sens qu’il a en latin.</ref> : un seul avait le cœur qui battait (il fonctionna encore huit minutes) tandis que, chez l’autre, il fut trouvé à l’arrêt.

Dans ce dernier cas, comme pour Carrara, le cœur ne battait plus, ou presque plus, au moment de la décollation. Il ne peut s’agir pour les médecins que d’un état syncopal qui est la conséquence d’un stress important. Le plus fréquemment, l’excitation médullaire lors du passage violent de la lame va faire repartir le système cardiaque et le sang sera projeté quelques secondes plus tard.

Exemple de Manon Roland

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Étude de deux têtes de suppliciés, par Géricault.

Les conclusions des médecins viendront confirmer ce que de rares témoins avaient rapporté au cours de la période de la Terreur.

Un observateur exceptionnel fondu dans la foule venue au supplice de Manon Roland, un discret monarchiste nommé Bertin, fut rempli d’admiration devant l’intrépidité de madame Roland, qu’il n’avait aucune raison d’apprécier et qui mourut dans toute la force de son âge (39 ans). Il raconte : Modèle:Citation

Le docteur Laborde résume ces deux conditions essentielles. D’une part, le patient conserve toute son énergie et une lucidité stoïque qui lui permet d’affronter sans affres une fin qu’il comprend inéluctable ; et son sang jaillit presque spontanément. La puissance du jet témoigne de contractions cardiaques au moins normales, sinon avivées par le choc de la séparation. Les décapitations d’Anastay et de Vaillant, individus Modèle:Citation, provoquèrent Modèle:Citation. Cette autonomie cardiaque est de longueur variable : généralement de vingt minutes à une heure trois-quarts. Dans cette condition, le cœur termine toujours à vide, en systole, en une Modèle:Citation qui l’immobilise définitivement.

Le deuxième cas, le patient est tout à fait à l’exemple préalablement cité de Carrara. Il est Modèle:Citation. « Demi-mort » : on retrouve une semblable expression chez Restif de la Bretonne<ref>Cf. supra : « Une torture psychologique ».</ref>. Le cœur est affaibli ou pratiquement à l’arrêt, et le jaillissement sanguin est très réduit ou retardé. Le coup du tranchant une fois porté, l’organe récupère de la syncope et reprend brusquement ses battements, puis continue selon ce que la gravité de son état syncopal lui a laissé de force. La persistance des contractions cardiaques post-mortem est évidemment limitée et le cœur finit par s’arrêter Modèle:Citation.

Lieux d’exécution en France, après la Révolution

Lieux d’exécution parisiens

Après les gouvernements révolutionnaires, les exécutions se déroulent à nouveau sur la place de Grève. C’est là que sont guillotinés Georges Cadoudal (en 1804) et les quatre sergents de La Rochelle (en 1822).

À partir du Modèle:Date-, la guillotine est installée devant la barrière Saint-Jacques. C’est là que sont exécutés Pierre-François Lacenaire (1836) et plusieurs auteurs d’attentats contre Louis-Philippe, parmi lesquels Giuseppe Fieschi. Le Modèle:Date-, l’échafaud est transféré devant la prison de la Grande Roquette<ref>À l’emplacement actuel des Modèle:N°, rue de la Roquette.</ref>. De 1851 à 1899, plus de deux cents condamnés y sont exécutés, dont Orsini (1858), auteur d’un attentat contre Napoléon III, le médecin Désiré Couty de la Pommerais ayant empoisonné ses patientes pour toucher leur assurance-vie (1864)<ref>Auguste de Villiers de L'Isle-Adam, Le Secret de l'échafaud, 1888.</ref>, les assassins en série Jean-Charles-Alphonse Avinain (1867), Troppmann (1870), les anarchistes Émile Henry et Auguste Vaillant

En Modèle:Date-, l’échafaud disparaît et la guillotine est désormais montée à même le sol, sur cinq dalles toujours visibles aujourd’hui au no 16 rue de la Croix-Faubin, au débouché de la rue de la Roquette. Ce sont ces cinq dalles, qu'en style d’argot, les prisonniers appelaient « l’abbaye de Cinq-Pierres ». Pendant la Commune de Paris, le citoyen François, qui avait été nommé directeur de la Grande-Roquette, n’avait trouvé rien de mieux que de faire enlever et transporter chez lui ces cinq dalles. On les retrouva, le Modèle:Date-, lors d'une perquisition opérée à son domicile, 10 rue de Charonne. Il déclara avoir eu l’intention de les faire vendre en Angleterre comme objets de curiosité<ref>Modèle:Ouvrage</ref>, et qu'il restitua. Cependant, elles furent scellées à un autre emplacement que celui d'origine et, appareillées différemment, elles ne forment plus la croix originelle.

À partir du Modèle:Date-, la guillotine est utilisée à l’angle du boulevard Arago et de la rue de la Santé, devant la prison du même nom. C’est là que sont exécutés les membres de la Bande à Bonnot et Paul Gorgulov. C’est à Versailles que se déroule la dernière exécution publique, celle d’Eugen Weidmann, le Modèle:Date-, devant la prison Saint-Pierre<ref>Modèle:Lien web.</ref>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Sous l’Occupation, les hommes sont guillotinés dans la cour de la prison de la Santé, les femmes, dans celle de la prison de la Petite-Roquette, à l’emplacement du Modèle:N°, rue de la Roquette.

C’est finalement à Marseille, aux Baumettes, qu’a lieu la dernière exécution capitale, celle d’Hamida Djandoubi, le Modèle:Date-<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Un lieu d'expériences pour les médecins

Fichier:Execution of Languille in 1905.jpg
L'exécution d'Henri Languille, le Modèle:Date- à Orléans.

Les médecins à l'origine de ce châtiment, Joseph Ignace Guillotin et Antoine Louis s'inscrivent dans le contexte des préoccupations humanistes des Lumières, illustrées par la pensée de Cesare Beccaria exprimée dans Des délits et des peines. Néanmoins, dès les premières années de pratique de la guillotine, le milieu médical s'affronte en deux écoles à propos de la survivance après le couperet : thèse de la mort immédiate et impeccable<ref>Modèle:Article.</ref> ou celle de la mort différée et barbare<ref>Jean-Joseph Sue, Recherches physiologiques et expériences sur la vitalité, suivies d'une nouvelle édition sur le supplice de la guillotine ou sur la douleur qui survit à la décolation, Paris, 1797.</ref>,<ref>Lettre de Samuel Thomas von Sömmering à Konrad Engelbert Oelsner sur le supplice de la guillotine, Le Moniteur universel, Modèle:N°, 1795.</ref>, cette dernière thèse étant renforcée par le fait que les Modèle:Nobr montées dans les départements sont souvent des copies imparfaites obligeant le bourreau à s'y reprendre plusieurs fois.

Aussi dès 1798, la guillotine devient un champ d'expérience médical : on interpelle la tête du guillotiné pour y observer des réactions (le médecin-chef Gabriel Beaurieux constate en 1905 que le condamné nommé Henri Languille, fraîchement décapité réagissait en ouvrant les yeux à l'appel de son nom<ref name="Beaurieux643"/>), on la pique ou la soufflette (telle Charlotte Corday), on teste la survie d'organes isolés, notamment le cœur : stimulations au scalpel, expériences électriques avec la « bouteille électrique » de Galvani puis la « pile » d'Alessandro Volta, à partir des années 1880 expériences de « ressuscitation » ou de « revivification » (transfusion du sang de chien sur des têtes décapitées par le docteur Laborde notamment<ref>Modèle:Article.</ref>).

À la suite du scandale d'Henri Pranzini, guillotiné en 1887 et dont la peau après sa dissection publique est utilisée pour faire des portefeuilles et des porte-cartes, les condamnés peuvent demander à obtenir la libre disposition de leur corps post-mortem<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>, ce qu'obtient Stanislas Prado en 1888, tandis que d'autres condamnés à mort font don de leur corps à la science<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Occultation progressive de la publicité des exécutions en France

Le Code pénal de 1791 dispose que l'exécution doit se faire en public, ce qui attire un public appartenant à toutes les couches sociales : public de fonction, « carré des privilégiés » près de la guillotine (grâce à des laissez-passer obtenus auprès de la préfecture ou de la mairie), bourgeois louant des chaises, fenêtres, échelles et même lorgnettes de théâtre, foule<ref>Au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle la foule jugée sauvage, grossière et pouvant devenir criminelle à la vue du sang (stéréotype des scandales populaires construit par la presse), est considérée comme le contraire du peuple.</ref> maintenue loin de la guillotine par un cordon de policier ou même masquée par une barrière en bois, par le fourgon placé dans son axe de vision ou par l'échafaud placé de plain-pied (décret-loi de 1870).

Sous la Troisième République, des dizaines de villes disposent de guillotines : il s'y produit des centaines d’exécutions publiques qui peuvent attirer plusieurs dizaines de milliers de curieux. À l’occasion de l’Exposition universelle de 1889, l’Agence Cook loue plusieurs cars pour conduire les touristes à la double exécution d'Allorto et Sellier<ref name="FF"/>. 566 personnes (dont quatre femmes) sont exécutées entre 1870 et 1939, année de l'exécution d'Eugen Weidmann en plein jour, ce qui permet à des journalistes de prendre la plus importante série de photographies d'une exécution capitale (elle est également filmée). De plus, la foule y déborde le service d'ordre.

Devant ces troubles à l'ordre public, le président du Conseil Édouard Daladier fait saisir les numéros de presse avec leurs photographies et promulgue le Modèle:Date- un décret-loi abolissant les exécutions capitales publiques (abolition en 1868 en Angleterre, en 1860 aux Pays-Bas, projet de loi rejeté par la Chambre des députés en France le 4 décembre 1898). Après cette exécution, les condamnés à mort sont guillotinés dans l'enceinte des prisons à l'abri des regards de la foule. La mesure est effective dès l'exécution suivante, celle de Jean Dehaene, le 19 juillet à Saint-Brieuc.

En fait, cette mise au secret s'opère progressivement dès le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle sous l'impulsion des élites dont les sensibilités sont heurtées par cette « mort sale » (magistrats ou politiques qui considèrent que cette exécution ne remplit plus son rôle historique d'exemplarité et lui préfèrent la peine de l'emprisonnement, certains journalistes s'identifiant à l'exécuté, médias friands de sensationnalisme qui veulent être les seuls à couvrir la publicité de l'exécution) et des autorités qui constatent que cette technologie politique jugée inefficace donne lieu à des troubles publics (par exemple public invectivant la police lors de l'exécution d'anarchistes dans les années 1890).

L'abandon public de cette « technologie de pouvoir » (expression de Michel Foucault) a lieu en plusieurs phases : le rituel exécutionnaire sur la place centrale de la ville laisse la place à une exécution sur une place en périphérie puis devant la prison et enfin dans la cour d’enceinte des prisons ; parallèlement sa durée et le cérémonial sont progressivement réduits, de même que le nombre d'exécutions (augmentation des exécutions doubles triples ou quadruples à cet effet) ; le rituel se produit de plus en plus la nuit (pas au petit matin ou dans la journée pour éviter son côté spectaculaire -au sens littéral du terme, pas trop tôt le soir pour éviter que les noctambules et demi-mondains aillent finir leurs soirées au « spectacle », munis de leur « journal des raccourcis ») : l'exécution est reportée à l'aube à partir de 1832.

La suppression de cette publicité est une solution de compromis entre les abolitionnistes (en attendant l'abolition de la peine de mort, ils sont satisfaits que ce spectacle sanglant soit sorti de l'espace public) et les rétentionnistes, partisans de la peine capitale (ils considèrent que l'abandon de cette publicité est une bonne solution pour rendre la peine de mort plus acceptable)<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Domiciles de la guillotine

En 1793, l’accusateur public du Tribunal révolutionnaire Fouquier-Tinville ordonne au bourreau Charles-Henri Sanson de trouver un lieu où entreposer la « veuve ». Elle élira finalement domicile chez l’ingénieur du département de la Seine, nommé Demontier.

Lorsque Jean-François Heidenreich devient bourreau en 1849, la machine est déménagée au 11-13 rue Pont-aux-Choux, dans le quartier du Marais. Puis il la fait déplacer de nouveau, cette fois-ci dans un hangar situé au 60 bis rue de la Folie-Regnault, à deux pas des prisons de la Roquette. Elle y restera ainsi cinquante ans.

En 1911, alors que la Roquette est démolie, Anatole Deibler décide de déménager la guillotine dans une remise tout fraîchement construite de la prison de la Santé, à l’angle de laquelle se déroulent toutes les exécutions parisiennes.

Puis en 1978, le dernier exécuteur, Marcel Chevalier, reçoit de l’administration l’ordre de déplacer les « bois de justice » à la prison de Fresnes, où doivent avoir lieu désormais toutes les exécutions. Cependant la guillotine restera définitivement muette, les quatre derniers condamnés à mort ayant tous été graciés.

Depuis l’abolition de la peine capitale en 1981, les guillotines sont conservées en plusieurs lieux : les bois de justice parisiens ont été déposés à Marseille, au Musée national des arts et traditions populaires (désormais « Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée » - MUCEM) ; deux guillotines issues de départements d’Outre-Mer sont conservées au « Musée national des prisons » dans les sous-sols de l’ancienne prison de Fontainebleau.

En Belgique, une guillotine est visible au musée de la Vie wallonne de Liège, une autre au musée Gruuthuse de Bruges, une troisième, incomplète, à la citadelle de Dinant.

En Algérie, la guillotine de la prison de Serkadji, vestige de l'époque coloniale française, est exposée au Musée central de l'Armée à Alger.

Exécutés renommés

Modèle:Catégorie principale

Usage hors de France

Algérie

Fichier:Areski El Bachir Execution.jpg
Exécution de Arezki El Bachir en Algérie en 1895.

Avant le Modèle:Date-, il était d’usage de faire décapiter les condamnés à mort au yatagan par des indigènes. À la suite d'une exécution à Alger qui, le 3 mai 1842, avait tourné à la boucherie, le ministre de la guerre, le général Amédée Despans-Cubières, fit introduire l’usage de la guillotine et exigea que les exécuteurs soient français<ref>La Guillotine en Algérie</ref> (même après cette décision l’usage du yatagan aurait perduré pendant encore plusieurs années). Dès lors, l’Algérie possèdera sa propre équipe d’exécuteurs, distincte de celles de la métropole (même si Anatole Deibler et son grand-père y exercèrent pendant tout ou en partie de leur carrière).

Au cours de la guerre d'Algérie, le Modèle:Date- sont publiées au J.O les lois 56-268 et 56-269 qui permettent aux tribunaux militaires français d’appliquer - sans instruction préalable - la peine de mort aux membres du FLN pris les armes à la main. Pour les bourreaux d'Alger, commencent alors les cadences infernales, avec les exécutions multiples qui se poursuivent jusqu'en 1958. Dans ses mémoires, Fernand Meyssonnier, fils et aide du bourreau Maurice Meyssonnier, rapporte « Dans l'histoire, c'est assez rare [...] En Algérie, entre 1956 et 1958, il y a eu seize exécutions doubles, quinze triples, huit quadruples et une quintuple. Oui, pendant le FLN c'était à la chaîne [...] Pour arriver à de telles hécatombes, il faut des époques politiques troubles comme la Terreur pendant la Révolution, l'Occupation où il y a eu neuf exécutés d'un coup le Modèle:Date-, et... les "événements" d'Algérie »<ref>Fernand Meyssonnier, Paroles de bourreau : Témoignage unique d'un Exécuteur des Arrêts criminels, 2002, Imago, Modèle:P.190.</ref>.

Au total, entre 1956 et 1962 pour environ 1 500 condamnations prononcées, 222 Algériens ont été officiellement exécutés pendant la guerre d’Algérie. 142 l’ont été sous la IVe République  : 45 pendant que François Mitterrand était garde des Sceaux, soit une exécution tous les 10 jours en moyenne. La plus forte fréquence revient au Gouvernement Maurice Bourgès-Maunoury (dont le garde des Sceaux était Édouard Corniglion-Molinier) qui a commis 29 exécutions en trois mois (soit une tous les trois jours). 80 exécutions ont eu lieu sous de Gaulle (soit une tous les 20 jours), bien qu’il ait amnistié 209 condamnés à mort en janvier 1959, commuant leur condamnation en peine de prison à vie. Les frères Aoussi ben Mohamed et Aoussi Mohammed ben Bachir sont les derniers fellagas à être guillotinés en Algérie (en Métropole ce sera Salah Dehil, guillotiné le Modèle:Date- dans l'enceinte du Fort Montluc à Lyon), le Modèle:Date- à Alger<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Exceptionnellement ce jour-là, c'est Fernand Meysonnier qui actionne le couperet lors de la double exécution.

Ouïs Mostifa ould Habib, condamné à mort le 23 ou le Modèle:Date- pour des faits de meurtre et de viol, devient la dernière personne à être guillotinée en Algérie, le Modèle:Date- à Oran.

Le pays, devenu indépendant en 1962, abandonnera la « veuve », symbole de la colonisation aux yeux du pouvoir algérien, au profit du peloton d'exécution<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Allemagne

Fichier:Fallbeil muenchen 1854.jpg
Guillotine (« Fallbeil ») Bavaroise de 1854.
Modèle historique à l'échelle 1:6.

Les modèles utilisés étaient les mêmes qu’en France jusqu'au milieu du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle. À partir de cette date, les machines à décapitation ont changé d'apparence : d'une hauteur moindre, plus de métal. Le « Modèle:Lang » (hache tombante) ou « Modèle:Lang » (machine à têtes) comme on l'appelait en Allemagne, demeure en usage jusqu’à l'abolition de la peine de mort dans la République fédérale d'Allemagne en 1949.

La guillotine commença à s'exporter outre-Rhin peu après le placement des quatre départements de la république cisrhénane sous administration française. Le Modèle:Date-, le commissaire Rudler suggéra au ministre de la Justice Lambrechts de faire installer une guillotine dans chacun d'entre eux. Ce fut chose faite plus tard dans l'année et les guillotinages commencèrent le Modèle:Date- de l'année suivante avec l'exécution de l'émigré Jacques Bettinger sur la place de la cathédrale de Cologne<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

Adolf Hitler utilisa beaucoup la guillotine avec un summum de Modèle:Nombre en 1943. On estime que sous le Troisième Reich, au moins Modèle:Unité furent guillotinées<ref>Modèle:Harvsp.</ref>, dont près de 3 000 dans la seule prison de Plötzensee à Berlin.

Modèle:Lien, 23 ans, condamné à mort pour meurtre, viol et vol qualifié, est le dernier criminel de droit commun à être exécuté, et donc guillotiné, dans ce qui deviendra l'Allemagne de l'Ouest (la loi fondamentale de la RFA n'ayant pas encore été promulguée le Modèle:Date-, date de son exécution à la prison de Moabit à Berlin)<ref>Modèle:Lien web</ref>.

Paul Beirau et Günter Herzfeld, tous deux condamnés à mort en Modèle:Date- pour meurtre à caractère sexuel, ont été guillotinés le Modèle:Date- à la Modèle:Lien de Leipzig<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Ils sont les dernières personnes à avoir été guillotinées en Allemagne de l'Est et donc hors de France. En 1968, l'Allemagne de l'Est remplaça la guillotine par Modèle:Citationunerwarteten Nahschuss in das Hinterhaupt«). Cette décision aurait été motivée par plusieurs incidents survenus avec la guillotine est-allemande dont le couperet se serait insérer dans le cou de condamnés sans parvenir à le trancher, nécessitant ainsi une ou deux tentatives supplémentaires<ref>Modèle:Ouvrage</ref>,<ref>Modèle:Lien web</ref>.

Belgique

Malgré la période du Royaume des Pays-Bas, la Belgique à son indépendance conserve une partie des lois et des usages hérités de l'occupation française sous la Révolution et le Premier Empire, dont l'utilisation de la guillotine. De 1830 à 1863, cinquante-quatre condamnés sont guillotinés.

Par la suite, la peine de mort n'est plus appliquée (commuée en prison à vie par grâce royale) jusqu’à ce qu’en 1918, la grâce soit refusée à un condamné. En effet, en pleine guerre, la grâce royale aurait condamné Émile Ferfaille à la prison à vie et l'aurait, de ce fait, mis à l'abri des dangers que couraient ses frères d'armes au front. De plus, au vu de la situation politique belge cette exécution servit de symbole pour faire passer un message. "le pouvoir judiciaire et politique se trouvait, entre les mains du Roi"<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Mais cinquante-cinq ans après la dernière exécution, il n'existe plus en Belgique ni bourreau, ni guillotine en état de fonctionner. En pleine guerre, on fait donc venir l'un et l'autre de France. La guillotine de Douai, et le bourreau, Anatole Deibler, de Paris, sont escortés par l'armée française<ref>Cet épisode est le sujet d'un téléfilm français Le voyage de la veuve, réalisé par Philippe Laïk en 2008.</ref>. L'exécution a lieu le Modèle:Date- à Furnes<ref>Modèle:Lien web.</ref>. C’est le dernier usage en date de la guillotine et la dernière exécution d'un condamné de droit commun en Belgique. Il s'agissait du sergent artilleur Emiel Ferfaille, reconnu coupable d'avoir assassiné sa petite amie, Rachel Ryckewaert, enceinte de 4 mois. Les seules exécutions après cette date ont lieu au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et concernent des collaborateurs et des criminels de guerre, lesquels seront fusillés<ref>Jean Stengers, L'action du roi en Belgique depuis 1831, éd. Duculot 1992 Modèle:ISBN.</ref>.

La peine de mort n'a été abolie officiellement que le Modèle:Date-<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Grèce

Lorsque la monarchie établit le code pénal en 1834, la décapitation par la guillotine était la seule méthode d'exécution prévue<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Cependant, des difficultés pour rendre la guillotine disponible à chaque exécution, força l’État à adopter le peloton d'exécution comme méthode alternative en 1847<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Celui-ci devint finalement l'unique méthode d’exécution en 1929.

Le Modèle:Date-, le New York Times, fait état d'un rapport adressé à Modèle:Lien par R. G. Watson (secrétaire de la légation britannique sur la situation financière et la dette publique de la Grèce), concernant une quintuple exécution (un record) qui aurait eu lieu à Athènes, le Modèle:Date-<ref>Modèle:Lien web.</ref> : celle des klephtes de Takos, un groupe de brigands, condamnés à mort le Modèle:Date- pour leur implication dans les Modèle:Lien et la séquestration de Lord Muncaster et de sa femme.

La guillotine a été utilisée en particulier, à la suite de l'assassinat du Premier ministre Theódoros Deligiánnis le Modèle:Date-. Son assassin, Kóstas Gerakáris, a été guillotiné en 1906. La dernière exécution par guillotine en Grèce eut lieu en 1913.

Victor Hugo critiqua la présence « anormale » de la Guillotine en Grèce avec ce vers : Modèle:Citation<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

La dernière exécution date de 1972. La peine de mort n'a été abolie officiellement que le Modèle:Date-<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Suède

Les exécutions ont lieu par décapitation à la hache jusqu'au début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle. En 1903, la Suède acquiert auprès de la France une guillotine qui est utilisée une seule fois lors de l'exécution d'Alfred Ander le Modèle:Date-. Cette exécution relance en effet le débat sur la peine capitale et toutes les personnes condamnées à mort dans les années qui suivent verront leur peine commuée en réclusion à perpétuité. La peine de mort pour les crimes de droit commun est abolie en 1921, et Alfred Ander reste à ce jour le dernier condamné à mort exécuté de l'histoire du pays. La guillotine qui a servi à son exécution est conservée depuis 1975 au Musée Nordique à Stockholm<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} L'objet du mois : une guillotine sur le site du Musée Nordique.</ref>.

La peine de mort n'a été abolie officiellement qu'en 1972<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Suisse

Fichier:Guillotine suisse.jpg
La guillotine du canton de Lucerne fut utilisée pour toutes les exécutions civiles entre 1879 et 1940.

La décapitation par l'épée fut utilisée en Suisse depuis l'aube de l'ère moderne. Dès 1835, la guillotine est utilisée par quelques cantons. Vu que le droit pénal était l'affaire des cantons jusqu'en 1942, il existait des différences cantonales dans l'utilisation de cette machine. Les derniers condamnés à mort exécutés par l'épée étaient Niklaus Emmenegger (1867 à Lucerne) et Héli Freymond (1868 à Moudon).

En 1874, la peine de mort fut abolie en Suisse au cours de la révision de la constitution fédérale, mais elle sera réintroduite par une initiative populaire en 1879 déjà. Suivant la réintroduction, encore neuf hommes seront décapités, et la guillotine du canton de Lucerne sera utilisée pour toutes ces exécutions. Huit de ces neuf exécutions eurent lieu en Suisse primitive, et une dans le canton de Fribourg (Étienne Chatton en 1902).

En 1938, l'assemblée fédérale accepte un code pénal fédéral qui sera valide pour tout le pays, dans lequel la peine de mort est abolie. Cette loi est sujette au référendum facultatif, pour lequel elle sera acceptée avec 53,5 % du vote populaire le 3 juillet 1938. Elle n'entre néanmoins pas en vigueur avant le Modèle:1er janvier 1942, et deux hommes seront encore condamnés à la mort et guillotinés entretemps : Paul Irniger en 1939 dans le canton de Zoug, et Hans Vollenweider en 1940 dans le canton d'Obwald.

Le droit pénal militaire prévoit encore la peine de mort en temps de guerre, et trente hommes seront condamnés pendant la Seconde Guerre mondiale, dont dix-sept seront fusillés jusqu'à la fin de la guerre. La peine de mort militaire en temps de guerre fut abolie en Suisse en 1992<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Usage contemporain

En 1996, le démocrate Doug Teper, député de l’État américain de Géorgie a proposé de remplacer la chaise électrique par la guillotine pour éviter de faire souffrir le condamné et permettre le recyclage éventuel de son corps. Cette proposition a finalement été rejetée, la guillotine (jamais utilisée aux États-Unis) étant considérée comme une méthode barbare car sanglante. L’État abandonnera la chaise électrique, déclarée anticonstitutionnelle par la Cour suprême de Géorgie, au profit de l’injection létale en 2001<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Georgia: Bill to replace electric chair with guillotine.</ref>.

Des ventes aux enchères de guillotines ont lieu occasionnellement, comme celle acquise par un milliardaire texan qui réalise des « guillotine party » (simulacre de l'exécution) ou la guillotine dite « des Armées de la République » adjugée à Modèle:Nombre à l'hôtel Drouot en 2011<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Cette vente a été annulée, car il s'agissait d'une réplique, expertisée a posteriori de la vente. Le vendeur parisien ayant été obligé de la reprendre, a tenté de la revendre pour une mise à prix de Modèle:Nombre à l'hôtel des ventes Talma à Nantes le Modèle:Date-, sans succès<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

En France, la loi du 9 octobre 1981 portant abolition de la peine de mort ne prévoit pas l'abrogation de la loi du 25 mars 1792 (aussi appelée décret du 20 mars 1792) qui établit la guillotine. Mais selon l'édition Dalloz du code pénal de 1981, c'est bien sur ce texte qu'était fondée son utilisation, l'article 12 de l'ancien code pénal ne faisant que disposer que « tout condamné à mort aura la tête tranchée », sans préciser comment. Cette loi est donc toujours en vigueur aujourd'hui, bien que sans objet<ref>http://www.ladocumentationfrancaise.fr/dossiers/abolition-peine-mort/guillotine.shtml.</ref>.

Dans l'imaginaire populaire

La guillotine fut baptisée initialement « Louisette » ou « Louison » (inspiré du chirurgien royal Antoine Louis qui a préconisé la mise au point d’une machine à lame oblique), avant de prendre son nom définitif (au grand désespoir du docteur Guillotin).

Pendant la Révolution française, elle fut surnommée le « grand rasoir national », le « moulin à silence », la « cravate à Capet », la « Mirabelle » (par rapprochement à Mirabeau), « l’abbaye de Monte-à-Regret »<ref>Cette expression, pour désigner - à l'origine - l'échafaud, date du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle.
Nous la comprenons avec son terme « regret » (on va rarement volontiers à une exécution quand on en est le principal acteur), mais elle vient plus probablement de « à regrès », qui voulait dire « à reculons », car on faisait monter le condamné à l'envers vers la potence avant de lui passer la cravate de chanvre autour du cou.
(source : Expressio, « Les expressions françaises décortiquées »)</ref>, le « vasistas », la « veuve » (par les escrocs) ou la « raccourcisseuse patriotique ».

En Angleterre, elle symbolisa dès 1793 les excès de la Révolution française ; on la retrouve dans L'Histoire de la Révolution française de Thomas Carlyle ou dans Un conte de deux villes de Charles Dickens. Mais pendant la Terreur, elle fascinait, provoquant l'effroi et la révulsion, mais servant également à des usages humoristiques ou satiriques<ref>Rémy Duthille, « A gorge déployée? Rire et guillotine en Grande-Bretagne pendant la Révolution française », RSÉAA XVII-XVIII, Modèle:N° (2013), Modèle:P..</ref>.

Au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, on la surnommait la « lucarne » et au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle le « massicot » ou la « bécane » (ces deux derniers termes étant employés par les bourreaux) ; ou encore les « bois de Justice ». Le terme de « bascule à Charlot » a été également utilisé en référence au premier exécuteur à l’avoir employée : Charles Sanson ; celui de « veuve à Deibler » fait référence à la lignée de bourreaux qui succéda aux Sanson, les Deibler père et fils.

Lorsque les exécutions avaient lieu place de la Roquette, on a appelé la guillotine « l’abbaye de Saint-Pierre », jeu de mots sur les cinq pierres en croix qui marquaient son emplacement (et que l’on peut toujours voir).

Louis-Ferdinand Céline surnommait la guillotine « le prix Goncourt des assassins ».

Les assistants de l’exécuteur des hautes œuvres étaient surnommés « accordeurs de piano » (possible référence à Tobias Schmidt, créateur de la première guillotine et qui était un facteur de clavecins ?).

Voici quelques expressions populaires, relatives à la guillotine et à son usage :

  • Accomplir une action qui va immanquablement entraîner la peine capitale (c’est-à-dire risquer la peine de mort).
    • Y aller… (du cigare, de la tronche, du gadin, du citron, du chou…) et, généralement autres substantifs signifiant la tête.
    • Aller… (comme précédemment, accompagné des mêmes substantifs), sans le « y », signifie : subir le châtiment suprême.
  • Aller à son châtiment se dit :
    • Aller… (à la butte, à l’abbaye du Monte-à-Regret, au rasoir, au coiffeur, à la veuve, marier (ou épouser) la veuve, passer à la découpe…).
  • Subir le châtiment se dit :
    • Éternuer dans la sciure, dans le son, dans le sac<ref>Cf. la fin de la chanson « À la Roquette » d'Aristide Bruand (initialement publiée dans Le Mirliton Modèle:N°, 15 novembre 1892) : J'veux pas qu'on dise que j'ai eu l'trac / De la lunette / Avant d'éternuer dans l'sac / À la Roquette.</ref>, dans le bac, dans la bassine…
    • Se faire raccourcir… d’une tête, de Modèle:Unité
    • Se faire décolleter la gargane, couper le sifflet, ou le kiki (s’emploie aussi pour « se faire égorger »).
    • Mettre (ou passer) la tête (ou autre mot d’argot signifiant tête) dans la lunette, au guichet…
    • Mettre le nez à la fenêtre<ref>Cf. le début de la chanson « À la Roquette » d'Aristide Bruand (initialement publiée dans Le Mirliton Modèle:N°, 15 novembre 1892) : En t’écrivant ces mots j’frémis / Par tout mon être, / Quand tu les liras j’aurai mis / L’nez à la f’nêtre.</ref>.
    • Se faire photographier. Cette expression vient du fait que l’aide exécuteur (celui qui tire la tête du condamné au travers de la lunette) est surnommé le « photographe ».

Le journal pamphlétaire Les Actes des Apôtres persifla, en vers et en prose, l’innovation de la guillotine, trouvant que Modèle:Citation, et lui prêtant même… une arrière-pensée d’aristocratie : celle d’ennoblir le crime<ref name=Vapereau24>Modèle:Chapitre</ref>. S’étendant sur la dénomination de Guillotine, ils disaient la juger « douée et coulante », mais ils proposaient aussi de donner à la machine le nom d’un des présidents de l’Assemblée, de Coupé ou de Tuault. L’honneur de la rebaptiser leur paraissait bien convenir encore à Mirabeau : la guillotine devenait ainsi la « Mirabelle ». La prose cédait ensuite la place aux vers<ref name=Vapereau24 /> :

Guillotin,
Médecin,
Politique,
Imagine un beau matin
Que pendre est inhumain
Et peu patriotique.
Aussitôt
II lui faut
Un supplice.
Qui sans corde ni poteau
Supprime de bourreau
L’office.
C’est en vain que l’on publie
Que c’est pure jalousie
D’un suppôt
Du tripot
D’Hippocrate,
Qui d’occire impunément,
Même exclusivement,
Se flatte.

Dans la culture populaire

Littérature

L’écrivain Victor Hugo, farouche adversaire de la peine de mort, fait une description de la guillotine dans deux de ses romans : Claude Gueux (1834) et Les Misérables (1862). Il la décrit comme un monstre assoiffé de sang.

Dans Claude Gueux, le criminel Claude Gueux est condamné à mort et guillotiné pour avoir assassiné le directeur de la prison où il est incarcéré. Hugo écrit : Modèle:Citation bloc

Dans Les Misérables, Tome I. « Fantine » – Livre Cinquième : « Un juste » – chapitre 4, « Les œuvres semblables aux paroles », Hugo fait une description de la guillotine en ces termes : Modèle:Citation bloc

La guillotine figure aussi souvent dans les romans de Harry Dickson par Jean Ray, même sur la couverture, comme le Modèle:N°153.

Le dramaturge Jean de Rotrou, dans sa tragédie Venceslas a ces mots, que reproduit en partie Stendhal par l'intermédiaire de Julien Sorel, héros de son roman Le Rouge et le Noir : Modèle:Citation bloc

Bande dessinée

Dans les comics de la maison d'édition Marvel Comics, un personnage apparaissant dans l'arc narratif Modèle:Lien, Jeannine Sauvage, porte comme nom de code Guillotine<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} « Guillotine (Character) », sur comicvine.gamespot.com (consulté le 3 février 2021).</ref>.

Expression populaire à l'étranger

Du fait de la célébrité de la guillotine après son invention, certains peuples comme les chinois ont même utilisé l'expression métaphorique « mettre quelqu'un sur la guillotine » qui signifie punir sévèrement quelqu'un ; les Britanniques utilisent aussi l'expression « The guillotine » pour décrire la fin soudaine du débat sur une certaine motion ou projet de loi.

Jeux vidéo

Sports de combat

Notes et références

Notes

Modèle:Références

Références

Modèle:Références

Voir aussi

Bibliographie

Modèle:Légende plume

  • Daniel Arasse, La Guillotine et l’imaginaire de la Terreur, Flammarion, 1987 Modèle:Plume.
  • Daniel Arasse, La guillotine dans la Révolution, Musée de la Révolution Française, 1987.
  • Yannick Beaubatie, Les Paradoxes de l’échafaud. Médecine morale et politique au siècle des Lumières, précédé de Pierre Jean Georges Cabanis, Note sur le supplice de la guillotine, éd. Fanlac, Périgueux, 2002.
  • Michel Benoit, La guillotine: La religion du couteau, Marivole Editions, 2019.
  • P.J.G. Cabanis, Note sur le supplice de la guillotine, A l'Orient, 2007.
  • Albert Camus, Réflexions sur la guillotine, Folio, 2008.
  • Anne Carol, Physiologie de la Veuve. Une histoire médicale de la guillotine, Champvallon, 2012.
  • Anne Carol, Au pied de l'échafaud. Une histoire sensible de l'exécution, Belin, 2017.
  • André Castelot et Alain Decaux, Histoire de la France et des Français au jour le jour, Librairie Académique Perrin, Éditions Larousse, 1980, Tome 6 (1764-1814) La République-Les Français sous la Terreur, Modèle:P.)Modèle:ISBN.
  • Bruno Cortequisse, La sainte Guillotine, France Empire, 1991
  • François Foucart, Anatole Deibler, profession: bourreau, Éditions France Loisirs, 1994
  • Bruno Fuligni, Raccourcis. Dernières paroles stupéfiantes et véridiques avant la guillotine, Prisma, 2015
  • P.J. Gayrard, Draguignan, la guillotine et le bourreau. Les condamnations à la peine capitale dans le Var, {{#switch: -
 | e | er | = 
   Modèle:S mini-{{#ifeq: XX|-| – | XX }}Modèle:S mini- siècle
 | 
   Modèle:S mini-{{#ifeq: -|-| – | - }}Modèle:S mini- siècle

}} ; Bulletin Société Études Draguignan et Var ; t. XLVI (2008) : Modèle:P. ; et t. XLVII (2009) : Modèle:P..

  • Marie Gloris Bardiaux-Vaïente, Rica, La Guillotine, Eidola, 2019. Bande dessinée sur l'histoire de la guillotine.
  • Modèle:Ouvrage
  • G. Lenotre, La guillotine pendant la Révolution, Archéos Editions, 2011
  • Martin Monestier, Peines de mort, Le cherche Midi, Paris, 1994.
  • Nicolas Picard, Le Châtiment suprême. L'application de la peine de mort en France (1906-1981), Institut Universitaire Varenne, 2018.
  • Henri Pigaillem, Le docteur Guillotin : Bienfaiteur de l'humanité, Pygmalion, 2004.
  • Emmanuel Taïeb, La Guillotine au secret. Les exécutions publiques en France, 1870-1939, Belin, 2011.
  • Jean Clair Hubris, La fabrique du monstre dans l'art contemporain, Gallimard, 2012, Modèle:P. et sq.

Articles connexes

Émissions de radio

Liens externes

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Bases de données

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