Maximilien de Robespierre

{{#ifeq:||Un article de Ziki, l'encyclopédie libre.|Une page de Ziki, l'encyclopédie libre.}}

Modèle:En-tête label Modèle:Redirect Modèle:Infobox Personnalité politique

Maximilien de Robespierre, ou Maximilien Robespierre<ref>Modèle:Harvsp. Il signale que les Robespierre (puisque bourgeois inscrits depuis plus d'un siècle, d'abord à Carvin puis à Arras) appartenaient au Modèle:3e ordre ; que son grand-père et son père signaient « Derobespierre » (manière commune à tous les noms « à particule » de l'époque, celle-ci ne signifiant en aucun cas la noblesse) ; que ce nom, dans les actes de famille, est écrit tantôt en deux mots, tantôt en un seul. Selon lui, il aurait fait supprimer sa particule parce que seule « la seconde partie de son nom [s'était gravée] dans la tête et dans le cœur du peuple ».</ref>, est un avocat et homme politique français né le Modèle:Date de naissance à Arras (Artois, aujourd'hui Pas-de-Calais) et mort guillotiné le Modèle:Date républicaine à Paris, place de la Révolution (actuelle place de la Concorde). Il est l'une des principales figures de la Révolution française et demeure l'un des personnages les plus controversés de cette période.

Maximilien de Robespierre est l'aîné d'une fratrie de cinq enfants. Il perd sa mère à l'âge de six ans. Son père abandonne le foyer et dès lors, Maximilien est pris en charge par son grand-père maternel. Après d'excellentes études au collège d'Arras et au collège Louis-le-Grand de Paris, licencié en droit, il devient avocat et s'inscrit en 1781 au Conseil provincial d'Artois, occupant même un temps la charge de juge au tribunal épiscopal.

Élu député du tiers état aux États généraux de 1789, il devient bientôt l'une des principales figures des « démocrates » à l'Assemblée constituante, défendant l'abolition de la peine de mort et de l'esclavage, le droit de vote des gens de couleur, des juifs ou des comédiens, ainsi que le suffrage universel et l'égalité des droits contre le suffrage censitaire. Son intransigeance lui vaut bientôt d'être surnommé « l'Incorruptible ». Membre du club des Jacobins dès ses origines, il en devient progressivement l'une des figures de proue.

Opposé à la guerre contre l'Autriche en 1792, il s'oppose à La Fayette et soutient la chute de la royauté. Membre de la Commune insurrectionnelle de Paris, il est élu à la Convention nationale, où il siège sur les bancs de la Montagne et s'oppose à la Gironde. Après les journées du 31 mai et du 2 juin 1793, il entre le Modèle:Date- au Comité de salut public, où il participe à l'instauration d'un gouvernement révolutionnaire et de la Terreur, dans un contexte de guerre extérieure contre les monarchies coalisées et de guerre civile (insurrections fédéralistes, guerre de Vendée…).

Au printemps 1794, Robespierre et ses collègues du Comité de salut public font arrêter successivement les hébertistes, meneurs du club des Cordeliers, puis Danton et les indulgents, mesures suivies de la condamnation et de l'exécution des dirigeants des deux « factions ». Il contribue ensuite à faire cesser la politique de déchristianisation et fait voter, en qualité de rapporteur, le décret du 18 floréal an II, par lequel Modèle:Citation, ainsi que la loi de Prairial, dite de « Grande Terreur ».

Le 8 thermidor an Modèle:II (Modèle:Date-), il est attaqué et isolé au sein de la Convention par une coalition hétéroclite de Montagnards, composée pour la circonstance d'anciens dantonistes, de représentants en mission rappelés et, au sein du gouvernement révolutionnaire, par le Comité de sûreté générale et certains collègues du Comité de salut public. Robespierre prend l'Assemblée à témoin de ces dissensions mais ne parvient pas à imposer ses vues. Le 9 thermidor, empêché de parler par ses adversaires, il est arrêté avec son frère Augustin et ses amis Couthon, Saint-Just et Le Bas. La Commune entre alors en insurrection et le fait libérer, pendant que la Convention le déclare hors la loi. Dans la nuit, une colonne armée s'empare de l'hôtel de ville, où Robespierre se trouve avec ses partisans. Il est blessé à la mâchoire dans des circonstances incertaines. Après vérification de son identité devant le Tribunal révolutionnaire, il est guillotiné dans l'après-midi du 10 thermidor avec vingt-et-un de ses partisans. Sa mort entraîne, dans les mois qui suivent, une « réaction thermidorienne », qui voit le démantèlement du gouvernement révolutionnaire et de la Terreur.

Robespierre est sans doute le personnage le plus controversé de la Révolution française. Ses détracteurs (les thermidoriens, les fondateurs de la [[Troisième République (France)|{{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | IIIe{{#if:|  }} }} République]] et les historiens de l'« école libérale » dont le chef de file fut François Furet) soulignent son rôle dans l'instauration de la Terreur et la nature autoritaire du Comité de salut public. Pour d'autres, Robespierre tenta de limiter les excès de la Terreur, et fut avant tout un défenseur de la paix, de la démocratie directe et de la justice sociale, un porte-parole des pauvres, et l'un des acteurs de la première abolition de l'esclavage en France.

Biographie

Enfance

Fichier:Naissance Maximilien de Robespierre 1758.jpg
Acte de baptême de Maximilien de Robespierre, paroisse Sainte-Marie-Madeleine à Arras, le Modèle:Date-.
Archives départementales du Pas-de-Calais.

Maximilien François Marie Isidore de Robespierre<ref>Modèle:Harvsp : Modèle:Citation.</ref> est le fils aîné de Maximilien-Barthélemy-François de Robespierre (1732-1777), avocat au Conseil supérieur d'Artois, et de Jacqueline-Marguerite Carraut (1735-1764), fille d'un brasseur d'Arras. Après leur rencontre en 1757, les deux jeunes gens se marient le Modèle:Date-. Né à Arras le samedi Modèle:Date- suivant, en la paroisse Sainte-Marie-Madeleine<ref>Archives départementales du Pas-de-Calais - Centre Georges-Besnier, 12, place Jean-Moulin 62018 Arras Cedex 09. Paroisse Sainte-Marie-Madeleine à Arras. Acte de baptême 1758 - cote du document : 5 MIR 041/17.</ref>, Maximilien fut donc conçu hors mariage<ref>Sur les conditions de la naissance de Robespierre, voir Modèle:Harvsp.</ref>.

Par son père, il descend d'une famille de gens de robe artésiens<ref>Inscrits bourgeois, des Robespierre portaient, depuis la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle (Armorial général d'Hozier, 1696), d'or à la bande de sable, chargée d'un demi-vol d'argent ; rien n'atteste toutefois l'usage de telles armes par la branche dont relevait le jeune Maximilien.</ref> : son grand-père Maximilien (1694-1762) était également avocat au Conseil supérieur d'Artois, son bisaïeul Martin (1664-1720) procureur à Carvin, son trisaïeul Robert (1627-1707) notaire à Carvin et bailli d'Oignies.

Le couple a quatre autres enfants : Charlotte en 1760, Henriette-Eulalie-Françoise en 1761 et Augustin en 1763 ; le benjamin voit le jour le Modèle:Date-, il est ondoyé, décède et est inhumé au cimetière Saint-Nicaise le même jour, sans qu'un prénom lui soit attribué. La mère ne se relève pas et meurt le Modèle:Date- suivant, à vingt-neuf ans<ref>Hervé Leuwers, Robespierre, Paris, éd. Fayard, coll. « Pluriel », 2016, Modèle:P..</ref>. Maximilien a six ans.

À en croire les Mémoires de Charlotte, François de Robespierre aurait abandonné ses enfants peu après la mort de son épouse. En revanche, selon Gérard Walter, on trouve des traces de lui à Arras jusqu'en Modèle:Date-, puis de nouveau en Modèle:Date-. Ensuite, deux lettres de François de Robespierre, envoyées de Mannheim, confirment qu'il vivait en Allemagne en Modèle:Date- et en Modèle:Date-. L'année suivante, d'après le registre d'audiences du Conseil d'Artois, il est de retour à Arras, où il plaide quinze affaires du Modèle:Date- au Modèle:Date-. Enfin, en Modèle:Date-, à la mort de son beau-père, un jugement de l'échevinage d'Arras indique qu'étant absent il s'était fait représenter. Par la suite, si l'on prête foi à ce document, on perd sa trace<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. L'abbé Proyart (qui semble avoir connu personnellement le père de l'Incorruptible) prétend que, après avoir habité quelque temps à Cologne, il aurait annoncé Modèle:Citation en 1795, mais cette hypothèse, discutée par Albert Mathiez<ref>Modèle:Article, qui cite Modèle:Article.</ref>, est rejetée par Auguste Paris et Gérard Walter<ref>Modèle:Harvsp.</ref>,<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Un acte d'inhumation le fait mourir à Munich le Modèle:Date-<ref>Modèle:Mme, professeur au lycée de Munich, a découvert l'acte d'inhumation de François de Robespierre, dans lequel il est qualifié de Sprachmeister (« maître de langues »). Modèle:Article, et Modèle:Harvsp.</ref>, version reprise par Henri Guillemin<ref>Modèle:Harvsp. Selon lui, il y aurait fondé « une petite école de français ».</ref> ou Catherine Fouquet<ref>Pour Catherine Fouquet, Modèle:Citation (Modèle:Ouvrage).</ref>.

Formation

Fichier:Collège Louis-le-Grand vers 1789.jpg
Le collège Louis-le-Grand vers 1789.

Après la mort de leur mère, les deux filles sont recueillies par leurs tantes paternelles, les garçons par leur grand-père maternel, Jacques Carraut (1701-1778). Maximilien entre, en 1765, au collège d'Arras (ancienne institution jésuite qui n'appartenait pas encore aux Oratoriens, étant gérée par un comité local nommé par l'évêque). Charlotte, dans ses Mémoires, affirme que l'attitude de Maximilien avait connu un grand changement à l'époque et que, conscient d'être en quelque sorte le chef de la famille, il avait pris un tour plus grave, plus sérieux. En 1769, grâce à l'intervention du chanoine Aymé auprès de l’évêque d’Arras, Louis-François de Conzié, il obtient une bourse de 450 livres annuelles de l'abbaye de Saint-Vaast et entre au collège Louis-le-Grand, à Paris<ref>Modèle:Harvsp. La bourse de Robespierre lui apportait 450 livres et lui donnait droit à une chambre, un châlit, une table et une chaise.</ref>,<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Malgré un certain dénuement, il fait de brillantes études au collège Louis-le-Grand (1769-1781), où il a pour condisciples Camille Desmoulins et Louis-Marie Fréron. Son nom est plusieurs fois proclamé aux distributions de prix du Concours général : sixième accessit de version latine en 1771, deuxième prix de thème latin et sixième accessit de version latine en 1772, quatrième accessit de vers latins et de version latine en 1774, deuxième prix de vers latins, deuxième prix de version latine et cinquième accessit de version grecque en 1775, et troisième accessit de version latine en 1776<ref>Voir Hervé Leuwers, Robespierre, Paris, éd. Fayard, 2014, Modèle:P. (d'après Bibliothèque historique de la ville de Paris, 10452).</ref>. D'après l'abbé Proyart<ref>Modèle:Harvsp et Modèle:Ouvrage.</ref>, préfet du collège, c'est un élève studieux, se consacrant uniquement au travail, solitaire et rêveur, peu expansif.

Traditionnellement, les historiens expliquent que, bien vu par ses maîtres, il est choisi, en 1775, pour prononcer le compliment en vers au nouveau roi Modèle:Souverain2 de retour de son sacre. Cependant, Hervé Leuwers démontre, dans sa biographie de Robespierre, que la rencontre n'a pu avoir lieu à ce moment-là, mais qu'il est possible qu'elle se soit déroulée en 1773 ou 1779<ref>Modèle:Harvsp, qui cite l'Modèle:Harvsp.</ref>,<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Reçu bachelier en droit de la faculté de Paris le Modèle:Date-, il obtient son diplôme de licence le Modèle:Date- et s'inscrit sur le registre des avocats du Parlement de Paris deux semaines après. Le Modèle:Date-, sur rapport du principal du collège, une récompense de 600 livres lui est octroyée. Par ailleurs, sa bourse à Louis-le-Grand passe à son frère cadet, Augustin<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Robespierre rencontra Jean-Jacques Rousseau à la fin de sa vie, entre 1775 et 1778 – ou peut-être se contenta-t-il de l'apercevoir, selon Gérard Walter<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Selon les Mémoires posthumes de Jacques Pierre Brissot, témoignage rejeté par l'éditeur Gérard Walter comme invraisemblable pour des raisons chronologiques, il aurait été un temps clerc chez le procureur Nolleau fils, où le futur girondin l'aurait croisé<ref>Modèle:Ouvrage, reprend le témoignage des Mémoires posthumes de Brissot pour affirmer que les deux hommes s'y seraient croisés. Toutefois, Gérard Walter considère que ce passage des Mémoires est apocryphe, Brissot y ayant été employé de 1774 à 1776, tandis que Robespierre n'aurait pas pu y entrer avant 1779. Voir Modèle:Harvsp.</ref>.

Jeune avocat à Arras

Fichier:BIS 00 00123 P001 0006.jpg
Maximilien de Robespierre, Mémoire pour les sieurs Antoine Pepin, Fermier au Village de Baillœul-lez-Pernes (…)<ref>Voir : Mémoire pour les sieurs Antoine Pepin, fermier au village de Baillœul-lez-Pernes, lieutenant dudit lieu; François-Marie Pepin, fermier de la ferme de La Fertée; & Amand d'Herlin, fermier au village d'Heuchin. Contre le nommé Jacques Dubois, maquignon, demeurant au village de St. Hilaire. Source : Bibliothèque de la Sorbonne, cote HLFA 4/241, pièce 1.</ref>, Bibliothèque de la Sorbonne (NuBIS).
Fichier:Maison de Robespierre J1.jpg
Maison de Maximilien de Robespierre. Construite en 1730, elle est située rue Maximilien-de-Robespierre, anciennement rue de la Gouvernance, à Arras. Le jeune avocat loge dans cette demeure de 1787 à 1789 avec sa sœur Charlotte et son frère Augustin ; c'est là qu'il rédige ses textes prérévolutionnaires.

À son retour à Arras, la situation de sa famille a changé : sa grand-mère est morte en 1775, son grand-père maternel en 1778, sa sœur Henriette en 1780. Quant à ses deux tantes paternelles, elles se sont mariées l'une et l'autre à 41 ans, Eulalie le Modèle:Date- avec un ancien notaire devenu négociant, Henriette le Modèle:Date- avec le médecin Gabriel-François Du Rut. Jacques Carraut laissait Modèle:Unité à ses petits-enfants. Installé dans une petite maison de la rue Saumon avec sa sœur Charlotte, Maximilien s'inscrit le Modèle:Date- au Conseil provincial d'Artois, comme l'avaient fait son père et son grand-père paternel, et il commence à plaider le Modèle:Date-<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Le Modèle:Date-, il est nommé par l'évêque Louis-Hilaire de Conzié juge au tribunal épiscopal<ref>Modèle:Harvsp. Composée d'un bailli et de cinq avocats, la salle épiscopale d'Arras, ou prévôté de l'évêché, assurait la haute, moyenne et basse justice dans la ville d'Arras, le bourg de Vitry, le village de Marcœuil et, en partie, vingt-six paroisses de la région.</ref>. Après un passage chez les Du Rut, fin 1782, il s'installe avec sa sœur rue des Jésuites, fin 1783 ; c'est là qu'il vit jusqu'à son départ pour Paris. Dans ses fonctions, il se distingue, notamment lors de l'affaire du paratonnerre de Modèle:M. de Vissery, où il fait un plaidoyer devenu célèbre le faisant connaître comme un défenseur du progrès scientifique, en Modèle:Date-, et de l'affaire Deteuf, qui l'oppose aux bénédictins de l'abbaye Saint-Sauveur d'Anchin<ref>Modèle:Harvsp.</ref> ; comme avocat, il publie une douzaine de mémoires judiciaires, qui montrent son goût pour les causes célèbres<ref>Mémoires de Maximilien de Robespierre en ligne sur NuBIS : https://nubis.univ-paris1.fr/ark%3A/15733/16p4 ; https://nubis.univ-paris1.fr/ark%3A/15733/16qf ;https://nubis.univ-paris1.fr/ark%3A/15733/16rr.</ref>. Deux de ces défenses écrites ont été récemment redécouvertes et analysées par l'historien Hervé Leuwers<ref>Hervé Leuwers, Robespierre, Paris, éd. Fayard, 2014, Modèle:P. ; Hervé Leuwers, « Robespierre, avocats des fermiers Pepin et d'Herlin. Un mémoire judiciaire retrouvé. 1787 », Revue du Nord, 2013, Modèle:P..</ref>.

Le Modèle:Date-, Robespierre est accueilli dans l'Académie des sciences, lettres et arts d'Arras, patronné par son collègue maître Antoine-Joseph Buissart, avec lequel il a collaboré dans l'affaire du paratonnerre, et par Modèle:M. Dubois de Fosseux, qui est son ami ainsi que celui de Gracchus Babeuf. Il participe à plusieurs concours académiques. En 1784, un de ses mémoires envoyé à l'Académie nationale de Metz lui vaut une médaille, ainsi qu'un prix de 400 livres. Publié, ce mémoire fait l'objet d'un article de Charles de Lacretelle dans le Mercure de France. De même, il rédige un Éloge de Gresset pour le concours de l'Académie des sciences, des lettres et des arts d'Amiens de 1785 qui n'est pas primé, mais qu'il publie lui aussi. Le Modèle:Date-, l'Académie royale des belles-lettres d'Arras l'élit à l'unanimité comme directeur. Dans ses fonctions, il prend des positions rompant avec les préjugés sociaux alors en vigueur. Ainsi, en 1786, il rédige deux discours sur les droits des bâtards où il affirme que le mariage et les bonnes mœurs doivent être promus mais que les enfants illégitimes ne doivent pas être tenus responsables des conditions de leur naissance et doivent être légitimés, protégés par le versement de pensions alimentaires ou à défaut par la multiplication des auspices et des incitations à l'adoption financées par de l'argent public<ref>Modèle:Chapitre.</ref>,<ref>Modèle:Article.</ref>. Affirmant partager le point de vue des cartésiens sur l'égalité des sexes et soucieux de favoriser la mixité au sein des sociétés savantes, il soutient en outre l'entrée de deux femmes de lettres, Marie Le Masson Le Golft et Louise de Kéralio, en Modèle:Date-<ref>Voir la présentation de la « Réponse de Maximilien de Robespierre, avocat au Parlement et directeur de l'Académie, au discours de Modèle:Mlle Kéralio » par Florence Gauthier, dans Œuvres de Maximilien Robespierre, tome XI : « Compléments (1784-1794) », éd. Société des études robespierristes, 2007, Modèle:P..</ref>. De même, en Modèle:Date-, il est nommé parmi les trois commissaires chargés de l'examen des mémoires envoyés au concours. En 1787, les Rosati d'Arras, petit cénacle poétique fondé le Modèle:Date- par un groupe d'officiers et d'avocats, l'accueillent dans leurs rangs ; Louis-Joseph Le Gay, son confrère au barreau et à l'Académie, prononce le discours de réception. En tant que titulaire de cette société, il chante des couplets et compose des vers « anacréontiques », notamment un Éloge de la Rose écrit en réponse au discours de réception d'un nouveau membre<ref>Modèle:Harvsp, et Charles Vellay, « Robespierre aux Rosati », Annales révolutionnaires, 1908, Modèle:P.. La date de son entrée aux Rosati est indiquée sur le site Internet de la Société des Rosati d'Arras, fondée en 1903.</ref>.

Maximilien de Robespierre restera célibataire. Toutefois, à Arras, il cultive les relations féminines : il a une ébauche d'idylle avec Modèle:Mlle Dehay, amie de sa sœur, une jeune Anglaise inconnue et une certaine Modèle:Mlle Henriette. Il correspond avec une « dame très haut placée », peut-être Modèle:Mme Necker, selon Gérard Walter, il est reçu chez Modèle:Mme, future directrice du Journal du Pas-de-Calais, etc. D'après sa sœur Charlotte, une Modèle:Mlle Anaïs Deshorties, belle-fille de sa tante Eulalie, aima Robespierre et fut aimée de lui ; en 1789, il la courtisait depuis deux ou trois ans. Elle se maria avec un autre, l'avocat Leducq, tandis qu'il était à Paris<ref>Voir Modèle:Harvsp, Charlotte Robespierre, Mémoires, 1834, réédités en 2006 par Nouveau Monde Éditions, et Modèle:Harvsp.</ref>. Selon Pierre Villiers, Robespierre aurait eu en 1790 une liaison avec une jeune femme de condition modeste « d'environ vingt-six ans<ref>Pierre Villiers, Souvenirs d'un déporté, 1802, Modèle:P., cité par Modèle:Harvsp.</ref>,<ref>Modèle:Harvsp. Jugeant Villiers un témoin peu crédible, il signale que, d'après Villiers, un tiers du traitement de député de Robespierre « passait entre les mains d'une personne chère "qui l'idolâtrait" », un second tiers étant envoyé à sa sœur Charlotte à Arras.</ref> ». Enfin, il a été dit qu'il était fiancé avec la fille de son logeur, Éléonore Duplay<ref>Voir Charlotte Robespierre, Mémoires, chapitre Modèle:Pc. La sœur de Maximilien affirme que l'épouse de Maurice Duplay désirait marier sa fille à l'Incorruptible, mais que cette espérance ne fut jamais concrétisée.</ref>.

L'Assemblée constituante

Fichier:Labille-Guiard Robespierre.jpg
Portrait de Maximilien Robespierre en habit de député du Tiers état (1790).

Imprégné des idées idéalistes des philosophes du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, notamment de Rousseau, il participe à la vie politique dans sa province à la veille de la Révolution, faisant paraître en Modèle:Date- un mémoire intitulé À la Nation artésienne, sur la nécessité de réformer les États d'Artois, réédité dans une version augmentée en mars-avril. En avril, il édite également une deuxième brochure, plus vive encore, appelée : Les Ennemis de la patrie<ref>Hervé Leuwers, Robespierre, Paris, Fayard, 2014, Modèle:P..</ref>. Puis, appuyé par sa famille et ses amis, il se porte candidat à la représentation du Tiers état aux États généraux ; la corporation des savetiers mineurs, la plus pauvre mais la plus nombreuse, lui confie la rédaction de son cahier de doléances le Modèle:Date-<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Successivement choisi pour représenter l'assemblée des habitants non corporés de la ville d'Arras (23-Modèle:Date-) puis celle des électeurs du Tiers état de la ville (26-Modèle:Date-), il est élu, le Modèle:Date-, par l'assemblée électorale d'Artois, parmi les huit députés du Tiers état. Après la réunion des députés des trois ordres de la province le [[1er mai|Modèle:Abréviation discrète mai]], il se rend à Versailles<ref>Modèle:Ouvrage.</ref> où il s'installe avec trois collègues, cultivateurs, à l'hôtellerie du Renard, rue Sainte-Élisabeth. Parmi ses premiers contacts, on compte Jacques Necker, qui le reçoit à dîner chez lui en mai. Toutefois, le ministre, auquel il avait adressé de nombreuses louanges dans son mémoire, le déçoit. Au contraire, il noue des relations avec Mirabeau, dont il fut proche quelque temps. Il se rapprocha également de Bertrand Barère, qui publiait un journal très lu dans les milieux politiques. Par ailleurs, des liens amicaux le lient au comte Charles de Lameth<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

À l'Assemblée constituante, Robespierre avance avec assurance et sérénité, poursuivant, selon Gérard Walter, Modèle:Citation. Sa première intervention à la tribune parlementaire date du Modèle:Date- ; il prend la parole environ soixante fois de mai à Modèle:Date-, une centaine de fois en 1790 et autant de janvier à la fin de Modèle:Date-. Son discours contre la loi martiale du Modèle:Date- en fait l'un des principaux animateurs de la Révolution et la cible d'attaques de plus en plus acharnées de ses adversaires, particulièrement de son ancien professeur, l'abbé Royou, et l'équipe de journalistes des Actes des Apôtres. Il est l'un des rares défenseurs du suffrage universel et de l'égalité des droits, s'opposant au décret dit du « marc d'argent » qui instaure le suffrage censitaire, le Modèle:Date-<ref>Modèle:Harvsp. Comme il fonde sa proposition sur le fait qu'en Artois, l'essentiel des contributions sont indirectes, ce qui réduit le nombre d'électeurs, le député de la noblesse, Modèle:M. de Beaumetz, qui est son ennemi, lance à son encontre une campagne de calomnie, prétendant que Robespierre a demandé une hausse de l'imposition de la province.</ref> et défendant le droit de vote des comédiens et des juifs<ref group="n">« On vous a dit sur les Juifs des choses infiniment exagérées et souvent contraires à l’histoire. Comment peut-on leur opposer les persécutions dont ils ont été les victimes chez différents peuples ? Ce sont au contraire des crimes nationaux que nous devons expier, en leur rendant les droits imprescriptibles de l’homme dont aucune puissance humaine ne pouvait les dépouiller. On leur impute encore des vices, des préjugés, l’esprit de secte et d’intérêt les exagèrent. Mais à qui pouvons-nous les imputer si ce n’est à nos propres injustices ? Après les avoir exclus de tous les honneurs, même des droits à l’estime publique, nous ne leur avons laissé que les objets de spéculation lucrative. Rendons-les au bonheur, à la patrie, à la vertu, en leur rendant la dignité d’hommes et de citoyens ; songeons qu’il ne peut jamais être politique, quoi qu’on puisse dire, de condamner à l’avilissement et à l’oppression, une multitude d’hommes qui vivent au milieu de nous ». Discours à l’Assemblée nationale constituante (1789) sur le droit de vote des Juifs in Archives Parlementaires, Modèle:1re, tome X, séance du 23 décembre 1789, Modèle:P. ; cité par Modèle:Ouvrage.</ref>. Au second semestre, ses interventions à la tribune deviennent de plus en plus fréquentes : en une année, il vainc l'indifférence et le scepticisme de ses collègues<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Il est élu troisième secrétaire suppléant de l'Assemblée, par 111 voix, le Modèle:Date-, puis l'un des secrétaires, lors de la présidence de Louis-Michel Lepeletier de Saint-Fargeau, du Modèle:Date- au Modèle:Date-<ref>Modèle:Harvsp.</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Modèle:Double image En Modèle:Date-, à la suite d'Alexandre de Lameth, il plaide devant la Constituante pour que Modèle:Citation soit un domaine de compétence réservé de l'Assemblée, considérée comme l'incarnation de la souveraineté nationale. Le roi, simple Modèle:Citation, devrait être dépossédé ainsi de son Modèle:Citation au profit du pouvoir législatif. Le projet échoue face à Mirabeau, désormais soutien du pouvoir exécutif<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Robespierre prend ensuite part, de Modèle:Date- à Modèle:Date-, aux débats relatifs à l'organisation de la Garde nationale<ref>Modèle:Harvsp.</ref> car il considère la Modèle:Citation comme des enjeux fondamentaux. À ses yeux, la Garde nationale doit se composer de citoyens-soldats défenseurs des libertés et non être militarisée pour former une armée auxiliaire susceptible d'être détournée par le pouvoir royal. Le Modèle:Date-, l'Incorruptible intervient à la Constituante en affirmant que tout homme majeur, riche ou pauvre, a le droit et le devoir de porter les armes pour prévenir le risque d'une Modèle:Citation dirigée contre les citoyens<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Interrompu par plusieurs députés qui protestent contre la création d'une potentielle Modèle:Citation, l'orateur prend la parole le soir même au Club des jacobins pour contester avec colère les décrets de l'Assemblée. Il suscite ainsi l'opposition du président de séance, Mirabeau, mais parvient à achever théâtralement son intervention avec le soutien minoritaire d'une trentaine de jacobins ; l'incident consacre la rupture entre les deux tribuns<ref name="Leuwers 2014">Modèle:Harvsp.</ref>. À la mi-Modèle:Date-, le député de l'Artois prend l'opinion à témoin en diffusant une version remaniée de son allocution non prononcée sous le titre Discours sur l'organisation des gardes nationales. Il y conçoit la devise « Liberté, Égalité, Fraternité » pour proposer vainement un décret disposant que cette formule soit inscrite sur les uniformes et drapeaux des gardes<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Lu dans les clubs révolutionnaires de Paris et de la province, dont la société des Amis de la Constitution et la société des Amis des droits de l'homme et du citoyen, le Discours... est largement commenté dans la presse à partir de Modèle:Date-. Dans son journal Les Révolutions de France et de Brabant, Camille Desmoulins exprime son enthousiasme pour les principes robespierristes qu'il estime devoir inspirer le côté gauche de l'Assemblée. Modèle:Citation de Robespierre<ref name="Leuwers 2014"/>, le Discours... lui permet de nouer des liens avec des patriotes de Lille, Marseille et Versailles<ref name="Leuwers 2014"/>,<ref>Modèle:Chapitre.</ref>.

Le Modèle:Date-, puis du Modèle:Date- au Modèle:Date-, Robespierre défend également les droits des Avignonnais séduits par les idées révolutionnaires à se soustraire à l'autorité pontificale du pape Pie VI et à se rattacher à la France<ref>Œuvres de Robespierre, tome 6 p.590-608, tome 7, p.247-310.</ref>. Avignon est finalement rattachée à la France le Modèle:Date-.

Il participe à l'élaboration de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen ainsi qu’à la première Constitution française, en 1791. Particulièrement, le Modèle:Date-, il fait voter le principe de la non-rééligibilité des députés de l'Assemblée constituante dans l'Assemblée suivante, qui vise principalement le triumvirat du parti patriote, Adrien Duport, Antoine Barnave et Alexandre de Lameth<ref name="Walter, 104">Modèle:Harvsp.</ref>.

Toujours contre le triumvirat et contre Moreau de Saint-Méry (ancien acteur de la prise de la Bastille, devenu en 1790 député de la Martinique), il défend l'abolition de l'esclavage et le droit de vote des gens de couleur, refusant, même seul, les concessions proposées le Modèle:Date- par Bertrand Barère sur la reconnaissance constitutionnelle de l'esclavage et le 15 par Jean-François Reubell sur le refus du droit de vote aux affranchis ; d'où sa célèbre exclamation, déformée avec le temps, prononcée le 13 : Modèle:Citation<ref name="Walter, 104"/>,<ref>Modèle:Harvsp. Depuis 1992 ces différents points du débat de mai 1791 ont fait l'objet d'un débat historiographique (Modèle:Harvsp ; Modèle:Harvsp ; Modèle:Harvsp ; Modèle:Harvsp ; Modèle:Harvsp).</ref>.

Robespierre défend aussi les Sociétés populaires. Le Modèle:Date-, à la suite d'un projet visant à condamner à mort tout Modèle:Citation, il prononce un discours pour l'abolition de la peine de mort<ref>Débat à l'assemblée</ref>, resté célèbre. Choisi le Modèle:Date- suivant par les députés du club des Jacobins comme leur candidat pour la présidence de l'Assemblée nationale<ref>Modèle:Harvsp.</ref> pour la période du 6 au Modèle:Date-, il se voit opposer le député Luc-Jacques-Édouard Dauchy, soutenu par la majorité modérée. S'il obtient un nombre égal de voix au premier tour, il est légèrement distancé au scrutin de ballottage<ref name="Walter, 104"/>.

Le Club des Jacobins

1790-1791 : entrée et ascension dans le club

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Une séance au Club des jacobins en 1791, dans la bibliothèque des Dominicains. Alexandre de Lameth préside, tandis que Mirabeau prononce un discours.
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Buste de Robespierre, par Claude-André Deseine, 1791 (musée de la Révolution française).

Dans les premiers mois de l'Assemblée constituante, Robespierre avait été l'un des premiers, avec Honoré-Gabriel Riquetti de Mirabeau, Pétion, l'abbé Grégoire, les frères Alexandre et Charles de Lameth, à adhérer au Club breton, qui se réunissait au café Amaury, à Versailles. Lors de l'installation de l'Assemblée à Paris, en Modèle:Date-, il rejoignit la Société des Amis de la Constitution, plus connue sous le nom de club des Jacobins, située près des Tuileries, dans le couvent des Jacobins, rue Saint-Honoré. Lui-même était installé dans un meublé, au troisième étage, du no 9 de la rue de Saintonge, dans un quartier éloigné des Tuileries. En 1790, un certain Pierre Villiers, officier de dragons et auteur dramatique, lui servit durant sept mois de secrétaire<ref>Selon les Mémoires de Charlotte Robespierre, qui se trouvait alors à Arras, les deux hommes partageaient le même appartement, tandis que, pour Modèle:Harvsp, qui confronte son témoignage avec celui de Pierre Villiers, ce dernier n'était que le secrétaire de Robespierre et n'habitait pas avec lui.</ref>. De plus en plus éloigné de Mirabeau, qui avait dit de lui en 1789 : Modèle:Citation, il rompit avec lui lors d'une séance particulièrement vive aux Jacobins, le Modèle:Date-<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Il devint bientôt le principal animateur des Jacobins<ref>Modèle:Harvsp. Il signale que, dès mars 1790, l'influence de Robespierre est égale, sinon supérieure, à la Société des Amis de la Constitution, à celle de Barnave, Duport et Lameth.</ref>.

Affaires des provinces

Aux Jacobins, Robespierre noue de précieuses relations avec les groupements patriotes de province<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Élu président des Jacobins le Modèle:Date-, il accueillit les délégués de la municipalité de Bastia, emmenés par Pascal Paoli, le Modèle:Date- suivant<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Comme à l'assemblée constituante, il y soutient constamment les demandes des patriotes avignonnais à un rattachement de la principauté pontificale à la France. Le club d'Avignon décide alors début Modèle:Date- de le nommer « membre effectif »<ref>Hervé Leuwers, Robespierre, Paris Fayard, 2014, p.166.</ref>. D'après son biographe Jean-Clément Martin, il a sous la Législative, à l'instar des Girondins, purement et simplement cautionné le massacre de la Glacière d'Modèle:Date- et accepté l'amnistie du Modèle:Date-Modèle:Sfn. Modèle:Refnec

Propositions législatives

Le Modèle:Date-, Robespierre plaide pour restreindre la liberté testamentaire du père de famille afin d'assurer l'égalité entre héritiers<ref>Jean Bart, « Droit individuel et droits collectifs », dans Modèle:Harvsp, Modèle:Lire en ligne.</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Le Modèle:Date-, il prononce au club un long discours en faveur de la liberté de la presse sur le modèle américain. Toutefois, il admet la nécessité de lois pénales qui la limitent contre les risques de diffamation personnelle. Le 13 au soir, président du club, Robespierre laissa, à l'occasion des débats sur l'égalité des blancs et métis dans les colonies, la parole au mulâtre Julien Raymond en même temps qu'il la refusa à son adversaire, Charles de Lameth<ref>Jacques Thibau, Le temps de Saint-Domingue. L'esclavage et la Révolution française, Paris, Jean-Claude Lattès, 1989 Modèle:P..</ref>. Il y prononça des attaques contre les groupes de pression aristocratiques blancs et les tentations de certains constituants de céder à leurs requêtes<ref>Œuvres, Maximilien de Robespierre, éd. Presses universitaires de France, 1958, t. VII : Discours (Modèle:2e) janvier-septembre 1791, Modèle:P..</ref>. Il invoque même la fraternité et l'Etre Suprême :

"Vous êtes bien fondés à venir nous dire que ces droits existent, lorsque vos frères dans une autre partie du monde, en ont été privés par vous ; parce qu’il a plu à l’Etre Suprême de mettre sur leur front une autre couleur, vous les avez privés de ces droits naturels ; il avait donné des droits égaux aux autres, à ces hommes à qui vous les ravissez..." <ref>J Jean-Daniel Piquet, "Robespierre et les colonies entre la politique et les principes (janvier 1791 - juillet 1794)" ARBR-Amis de Robespierre, 30 janvier 2023 ; Jean Bruhat, "Un retour aux sources : colonialisme et anticolonialisme au temps de Robespierre" La Pensée, novembre-décembre 1961 </ref>.

La fuite de Varennes et la rupture avec les Feuillants

Lors de la fuite du roi à Varennes, le Modèle:Date-, Robespierre était chez les Amis de la Constitution de Versailles. Élu par l'assemblée électorale accusateur public de Paris le Modèle:Date- précédent par 220 voix sur 372 votants<ref>Modèle:Harvsp. Modèle:Citation eut 220 voix, Modèle:Citation 5.</ref>, il venait de démissionner de sa charge de juge au tribunal de Versailles, qu'il occupait théoriquement depuis le Modèle:Date-, et devait leur expliquer ses raisons. Apprenant la nouvelle le lendemain, il prononça un discours au club des Jacobins dans lequel il accusait l'Assemblée par ses faiblesses de trahir les intérêts de la nation. Il invoquait pour cela les multiples discriminations électorales : « le décret du marc d'argent… les distinctions ridicules entre les citoyens entiers, les demi-citoyens et les quarterons ». C'est-à-dire le droit draconien d'éligibilité, le concept de « citoyens actifs » électeurs et de « citoyens passifs » qui ne pouvaient l'être, et dans les colonies, les droits civiques accordés aux hommes de couleur libres « nés de père et mère libres », et refusés à ceux qui ne l'étaient pas. Quelques semaines après, le Modèle:Date-, dans son discours sur la fuite du roi, prononcé devant l'Assemblée, il ne réclama pas le jugement de Louis XVI, mais se prononça en faveur de sa déchéance<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. La quasi-totalité des députés – hormis Robespierre, Pétion, Buzot, Pierre-Louis Roederer, François Nicolas Anthoine et Louis-Jacques Coroller du Moustoir – et les trois quarts des sociétaires parisiens (1 800 sur 2 400) quittent les Jacobins pour fonder le club des Feuillants ; la grande majorité des sociétés affiliées de province restent fidèles au club de la rue Saint-Honoré<ref name="ref_auto_2">Modèle:Harvsp, et Modèle:Harvsp.</ref>,<ref name="ref_auto_1">Modèle:Harvsp ; Patrice Gueniffey, Ran Halévi, « Clubs et sociétés populaires » dans Léo Hamon (dir.), La Révolution à travers un département, Yonne, Éditions MSH, 1990, 391 pages, Modèle:P. Modèle:ISBN.</ref>. C'est Robespierre lui-même qui rédige l'adresse expédiée le Modèle:Date- aux sociétés affiliées pour expliquer la crise des Feuillants<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Fichier:Fusillade du Champ de Mars (1791, 17 juillet).jpg
Estampe représentant la fusillade du Champ-de-Mars,
Paris, BnF, département des estampes et de la photographie.

Le lendemain, le club des Cordeliers lance l'idée d'une pétition réclamant la République qui recueille Modèle:Unité avant d'être déposée sur l'autel de la patrie, haut lieu de la Fête de la Fédération de 1790, sur le Champ-de-Mars. La loi martiale proclamée, Jean Sylvain Bailly, maire de Paris, fait mitrailler la foule. Tandis que la répression s'abat sur les Sociétés populaires, une campagne accuse Robespierre d'avoir été l'instigateur de la manifestation<ref name="ref_auto_2" />,<ref name="ref_auto_1" />.

Menacé après la fusillade du Champ-de-Mars, il accepte l'offre de Maurice Duplay, un entrepreneur de menuiserie, qui lui proposait de loger chez lui, 398 rue Saint-Honoré. Il vit dans cette maison jusqu'à sa mort<ref>Modèle:Harvsp. Même s'il conserve son logement de la rue de Saintonge jusqu'au milieu d'août, il n'y fait plus que des apparitions épisodiques.</ref>,<ref>Isabelle Calabre, « Tout près de la mort », Modèle:P., in « Votre quartier sous la Révolution », Le Nouvel Obs - Paris - Île-de-France, Modèle:N°, semaine du 5 au 11 avril 2007, Modèle:P..</ref>.

Le Modèle:Date-, au sortir de la salle du Manège après la clôture de la session parlementaire de la Constituante, les députés du Centre se font huer par la foule tandis que Robespierre et Pétion sont acclamés comme les Modèle:Citation, couronnés de feuilles de chêne et portés en triomphe<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Robespierre rentre ensuite dans la vie civile le Modèle:Date-. Durant ce mois, de nombreuses adresses affluent rue Saint-Honoré, pour lui rendre hommage. Après la séance inaugurale de l'Assemblée législative, il fait un voyage vers l'Artois et en Flandre, où il est accueilli avec enthousiasme par le peuple : à Arras, à Béthune et à Lille<ref>Modèle:Harvsp.</ref>,<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

1791-1792 : entre la menace des rois et celle de La Fayette

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Estampe satirique représentant le débat sur la guerre au club des Jacobins en Modèle:Date- (Paris, BnF, département des estampes et de la photographie).

Rentré à Paris le Modèle:Date-, il dut s'imposer au sein des Jacobins, où l'assemblée du club lui offrit la présidence ce même jour<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Pendant son absence, de nombreux députés de la nouvelle Assemblée s'étaient inscrits au Club, dont les nouveaux députés de la future Gironde<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. À cette période, la question des émigrés incitait les dirigeants révolutionnaires à prôner la guerre aux princes allemands qui les accueillaient ; le plus ardent partisan de la guerre était Jacques Pierre Brissot, l'un des nouveaux députés de Paris. Dans un premier temps, Robespierre se prononça pour la guerre puis, après Jacques-Nicolas Billaud-Varenne (Modèle:Date-), il dénonça le caractère belliciste de la France contre l'Autriche à la tribune des Jacobins : d'abord le Modèle:Date-, puis le Modèle:Date-, le Modèle:Date-, le Modèle:Date- et le Modèle:Date-. Il jugeait imprudente une telle décision qui, d'après lui, faisait le jeu de Louis XVI. À ses yeux, l'armée française n'était pas prête pour mener une guerre qui pouvait en cas de victoire, renforcer un roi et des ministres hostiles à la Révolution ; il estimait que la véritable menace n'était pas parmi les émigrés de Coblentz, mais en France même. De plus, la guerre étant ruineuse pour les finances de la France, il valait mieux favoriser les droits du peuple<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Il souligna enfin le caractère contre-productif de la voie militaire pour l'expansion parmi les peuples d'Europe des principes de la Révolution française : « Personne n'aime les missionnaires armés ; et le premier conseil que donnent la nature et la prudence, c'est de les repousser comme des ennemis ». Robespierre mit enfin en avant la menace d'une dictature militaire, représentée par Gilbert du Motier de La Fayette, responsable de la répression des suisses de Châteauvieux par François Claude de Bouillé en 1790 et de la fusillade du Champ-de-Mars du Modèle:Date-<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Modèle:Refnec

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Modèle:Souverain2 annonce aux députés de l'Assemblée nationale législative qu'il a déclaré la guerre au roi de Bohême et de Hongrie (Modèle:Date-). (Paris, BnF, département des estampes et de la photographie).

Robespierre dut se rendre à l’évidence que, même si les formes avaient changé, l’esprit de l’ancienne justice persistait. Le Modèle:Date-, il préféra démissionner du poste d'accusateur public, ne voulant pas être compromis par les erreurs qu’il pressentait devoir se produire<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. En butte à une attaque combinée de journalistes et de pamphlétaires – en particulier, le fayettiste Dubu de Longchamp, qui répondait à ses accusations du Modèle:Date- contre le Modèle:Citation dans la Feuille du jour et par des chansons satiriques distribuées dans les casernes, les brissotins Jean-Marie Girey-Dupré et Aubin Louis Millin de Grandmaison, mais aussi Sylvain Maréchal –, il décida en mai de créer son propre journal Le Défenseur de la Constitution<ref>Numéros du Défenseur de la Révolution dans Gallica, la bibliothèque numérique de la BnF.</ref>, afin d’y défendre ses idées<ref>Modèle:Harvsp. Robespierre avait déjà collaboré brièvement aux Révolutions de Paris de Prudhomme.</ref>. Presque en même temps, fin mai et courant juin, la question du régime à instaurer commençait à se poser. Le choix entre une république ou une monarchie, rendait sa position plus délicate face à ses adversaires politiques. Le Girondin Jacques Pierre Brissot et ses amis le disaient vendu à la Cour, et les journaux de droite le considéraient comme le chef des « républicains ». Sur ce sujet, il refusa de se prononcer en affirmant : Modèle:Citation

Fichier:Le Défenseur de la Constitution n° 6 - Réponse de Robespierre... 1792.jpg
Le Défenseur de la Constitution Modèle:N°, 1792.

Comme les revers se succédaient, avec la suspension de l'offensive lancée sur la Belgique, le passage à l'ennemi du régiment de Royal-Allemand, la démission de Rochambeau et les pourparlers de La Fayette qui, non content de se rapprocher de ses adversaires lamethistes, négociait une suspension d'arme avec l'ambassadeur autrichien Florimond de Mercy-Argenteau, Robespierre en vint à douter de la capacité de l’Assemblée législative à préserver le pays d’une invasion étrangère aussi bien que d'une dictature militaire, se dessinant alors sous les traits de La Fayette, son pire ennemi. Les Girondins, parvenus au ministère, tentaient alors de pactiser avec La Fayette pour améliorer la discipline militaire et combattre l'agitation dans l'armée, jugée responsable par les généraux de l'échec de l'attaque initiale : ils attaquaient tous ceux qui, tels Marat ou Robespierre, dénonçaient la trahison et affaiblissaient le commandementModèle:Sfn.

Puis, devant l'échec de cette ouverture à droite, les Girondins commencèrent de dénoncer les traîtres de l'intérieur, en premier lieu le « comité autrichien » dominant à la Cour, autour de la reine, et firent voter une série de décrets révolutionnaires. Le Modèle:Date- fut ordonnée la déportation de tout prêtre réfractaire sur simple demande de vingt citoyens actifs, puis, le 29, le licenciement des Modèle:Unité de la garde constitutionnelle du roiModèle:Sfn. Enfin, le Modèle:Date-, le ministre de la guerre girondin Servan demanda devant l'Assemblée que Modèle:Citation pour défendre le pays, avant d'appeler, le Modèle:Date-, chaque canton à envoyer cinq fédérés vêtus et équipés, soit Modèle:Unité, à Paris, afin de prêter un serment civique. Robespierre vit dans cette dernière mesure, à tort de l'avis de Michel Vovelle (même s'il considère que les Girondins se sont eux-mêmes trompés « sur ce qu'allaient être ces « fédérés » »)Modèle:Sfn, une manœuvre pour réduire l'agitation démocrate de la capitale.

Sur ce dernier point, il changea du tout au tout d'avis quand, le Modèle:Date-, fut lue une lettre menaçante de La Fayette à l'encontre des Jacobins, accusés d'usurper « tous les pouvoirs », et qu'il se déclara prêt à employer les fédérés pour résister aux menées séditieuses d'un « général intrigant et perfide ». L'Assemblée, de son côté, ne réagit pas, pas plus que quand le général abandonna son armée pour venir lui-même, le Modèle:Date-, dénoncer les Jacobins devant le Corps législatif, après l'invasion des Tuileries par des émeutiers lors de la journée du 20 juin<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. La popularité du général était telle que l’Assemblée n’osa prendre aucune mesure contre lui, malgré les efforts des Girondins<ref>Une motion du girondin Guadet, qui tendait à interroger le ministre de la Guerre sur le congé qu’il avait dû accorder à La Fayette pour lui permettre de quitter son armée, fut repoussée par 339 voix contre 234. Voir Modèle:Harvsp.</ref>. Elle se borna à déclarer la patrie en danger le Modèle:Date-Modèle:Sfn.

Insurrection du 10 août 1792

Accueil des fédérés à Paris

Devant la menace que faisait peser La Fayette et l'incapacité de l'Assemblée à y faire face, Robespierre proposa aux Jacobins, le Modèle:Date-, un projet d'Adresse aux Fédérés des 83 départements saluant fraternellement les fédérés et incitant les Parisiens à les accueillir avec amitié. Il s'adressait aux fédérés en ces termes : Modèle:Citation bloc

Au lendemain des célébrations du 14 juillet, Robespierre intervint aux Jacobins pour défendre le séjour des fédérés dans la capitale jusqu'à ce que la patrie eût cessé d'être en danger, demandant aux patriotes parisiens de partager avec eux leur logement et leur table<ref name="Hamel331">Modèle:Harvsp.</ref>. Quant aux fédérés, qu'il appelait à se méfier des « émissaires et complices de la Cour » et à défendre légalement la constitution<ref name="Gérard Walter,Maximilien de Robespierre, Gallimard,1989,pp.320-332.">Modèle:Harvsp.</ref>, il les engageait à écrire à leurs concitoyens afin de leur décrire les dangers qui menaçaient la patrie et les inviter à se joindre à eux<ref name="Hamel331"/>.

Crise entre Robespierre et les Girondins

Plutôt que de prendre clairement position en faveur de l'insurrection, il demanda la rédaction de pétitions ; lui-même rédigea celle du Modèle:Date-, qui demandait principalement la mise en accusation de La Fayette et de ses complices, le licenciement de l'état-major de l'armée, la destitution et la punition des directoires de départements contre-révolutionnaires coalisés avec la cour contre la liberté<ref name="HdR p.341">Modèle:Harvsp.</ref> – une trentaine sur 83 selon Jean Massin<ref name="Massin117">Modèle:Harvsp.</ref>. Concernant la déchéance du roi, elle affirmait : « ReprésentansModèle:Sic, nous dire que la nation est en danger, c’est nous dire qu’il faut qu’elle soit sauvée, c’est l’appeler à votre secours ; si elle ne peut l’être par ses représentantsModèle:Sic, il faut qu’elle le soit par elle-même. […] Enfin, faites du pouvoir exécutif ce que le salut de l’État et la constitution même exigent, dans les cas où la nation est trahie par le pouvoir exécutif<ref>Œuvres de Maximilien Robespierre, tome IV, Modèle:P..</ref>. » Selon Gérard Walter, cette phrase prêtait aisément à équivoque et n'appelait pas expressément à la déchéance du roi. Il précise d'ailleurs qu'un membre de la députation, de son propre chef ou de manière concertée, déclara, en lieu et place de la version de Robespierre, publiée dans le numéro 10 du Défenseur de la Constitution : « Pères de la patrie ! Suspendez provisoirement le pouvoir exécutif dans la personne du roi ; le salut de l'État l'exige et vous commande cette mesure<ref>Modèle:Harvsp.</ref> ». De son côté, Ernest Hamel, qui signale également l'incident, juge que, « quant à la personne du roi », le texte de la pétition ne s'expliquait pas « bien nettement à son égard<ref>Modèle:Harvsp.</ref> ». Pour Jean Massin, « le texte rédigé par Robespierre disait le maximum possible dans les limites de la prudence et de la légalité. Mais à la barre de l'Assemblée, l'orateur de la députation des fédérés [jugea] préférable de remplacer cette phrase bien pesée par une autre plus claire et plus brutale<ref name="Massin117"/> ». En ce qui concerne Albert Mathiez, selon lequel Robespierre rédigea les pétitions de plus en plus menaçantes que les fédérés présentèrent coup sur coup à l'Assemblée<ref>Modèle:Harvsp.</ref>, il est évident, à ses yeux, que celle du Modèle:Date- réclamait la déchéance. Quoi qu'il en soit, Robespierre témoignait, à travers ce texte, de son souci de trouver une solution légale à la crise constitutionnelle, en laissant aux députés le soin de se prononcer, conformément à la constitution, qui prévoyait au chapitre II, section première, plusieurs circonstances aboutissant à « l'abdication expresse ou légale du roi », notamment l'article 6, qui explique que, « si le roi se met à la tête d'une armée et en dirige les forces contre la nation, ou s'il ne s'oppose pas par un acte formel à une telle entreprise, qui s'exécuterait en son nom, il sera censé avoir abdiqué la royauté<ref>Les Constitutions de la France depuis 1789, présentation par Jacques Godechot, Garnier-Flammarion, 1995, Modèle:P..</ref>. »

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Portrait de La Fayette, lieutenant-général, en 1791, par Joseph-Désiré Court.

En réponse aux pétitions, l'Assemblée vota le Modèle:Date-, sur proposition de Brissot, la création d'une commission chargée d'examiner quels étaient les actes pouvant entraîner une déchéance, ainsi que la rédaction d'une adresse au peuple le prévenant contre « les mesures inconstitutionnelles et impolitiques ». Deux jours plus tard, le 25, Brissot menaçait les républicains du glaive de la loi : « Si ce parti de régicides existe, s’il existe des hommes qui tendent à établir à présent la République sur les débris de la Constitution, le glaive de la loi doit frapper sur eux comme sur les amis actifs des deux Chambres et sur les contre-révolutionnaires de Coblentz<ref name="HdR p.341"/>. » À la suite de son adresse aux fédérés du Modèle:Date-, le ministre de la justice avait dénoncé Robespierre à l'accusateur public, mesure révélée aux Jacobins lors de la séance du Modèle:Date-<ref name="Hamel331"/>, mais demeurée sans effet<ref>Karl Brunnemann, Maximilien Robespierre, Schleicher, 1904, 152 pages, Modèle:P..</ref>. À travers ces discours, à leur tour, les Girondins menaçaient ouvertement Robespierre<ref name="Massin118">Modèle:Harvsp.</ref>. Hostile à l'Assemblée, dont il était persuadé de la trahison, celui-ci répliqua, dans un discours aux Jacobins, le Modèle:Date-, en demandant, non seulement la suspension, mais la déchéance, et, au-delà, l'élection d'une Convention nationale, ainsi que le renouvellement des directoires de département, des tribunaux et des fonctionnaires publics, l'épuration des états-majors et la constitution d'un nouveau gouvernement<ref>Voir le compte-rendu de la séance du 29 juillet 1792 aux Jacobins.</ref> : Modèle:Citation bloc

Robespierre, inspirateur distant de l'insurrection

[[Fichier:Tuileriensturm.jpg|vignette|250px|La prise des Tuileries le [[Journée du 10 août 1792|Modèle:Date-]], huile sur toile de Duplessis-Bertaux (musée du Château de Versailles).]] Le même jour, le 29 juillet 1792, Robespierre écrivit un article enthousiaste pour accueillir l'arrivée des 500 hommes du bataillon des Marseillais, emmenés par Charles Barbaroux, avec lesquels il aurait pris contact, selon Gérard Walter, pour élaborer un plan d'action<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

À cette époque, les Girondins venaient de fonder le club de la Réunion. Lors de la séance du Modèle:Date-, après avoir pris connaissance du discours de Robespierre, Isnard et Brissot s'engagèrent l'un et l'autre à demander à l'Assemblée un décret d'accusation à l'encontre de Robespierre et de son ami François Nicolas Anthoine, qui avait défendu les mêmes doctrines, afin qu'ils soient traduits devant la cour d'Orléans<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Le Modèle:1er août, la révélation de ces faits provoqua une vive émotion parmi les Jacobins. Méprisant ces tentatives, Robespierre revint sur son intervention du Modèle:Date- pour demander, cette fois, la convocation d'« une Convention nationale, dont les membres seront élus directement par les assemblées primaires, et ne pourront être choisis parmi ceux de l’assemblée constituante ni de la première législature<ref>Œuvres de Maximilien Robespierre, tome VIII, Modèle:P..</ref> », ce qui l'excluait des personnes éligibles<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Le Modèle:Date-, Jérôme Pétion de Villeneuve vint visiter Robespierre pour lui demander d'user de son influence auprès du directoire insurrectionnel<ref>Modèle:Harvsp. Ce directoire regroupe depuis la fin juillet des patriotes et des fédérés et organise l'insurrection.</ref> pour différer l'insurrection, afin de laisser le loisir à l'Assemblée d'étudier la question de la déchéance du roi, ce que Robespierre aurait d'abord agréé. Toutefois, lorsqu'il apprit, le lendemain, l'absolution de La Fayette, jugeant que cette décision correspondait à un défi, il y renonça. Le Modèle:Date-, dans une lettre à Georges Couthon, alors en cure, il écrivit : « La fermentation est au comble, et tout semble présager la plus grande commotion à Paris. Nous sommes arrivés au dénouement du drame constitutionnel. La Révolution va reprendre un cours plus rapide, si elle ne s'abîme dans le despotisme militaire et dictatorial<ref>Modèle:Harvsp.</ref> ».

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La Prise des Tuileries (Modèle:Date-), toile de Henri-Paul Motte (salon de 1892).

La question du rôle de Robespierre lors de l'insurrection du 10 août a donné lieu à des interprétations divergentes. Dans un texte adressé à Pétion, l'Incorruptible affirma lui-même avoir « été presque aussi étranger que [lui] aux glorieux événemensModèle:Sic » de cette journée<ref>Réponse à Pétion dans le septième numéro de la Lettre de Modèle:M. de Robespierre à ses commettans, cité par Modèle:Harvsp.</ref>. De leur côté, ses adversaires prétendirent qu'il s'était tenu caché chez son hôte, les volets clos, Pierre Vergniaud allant jusqu'à affirmer, dans un discours, en Modèle:Date-, qu'il s'était terré dans sa cave<ref>Pierre Victurnien Vergniaud, Réponse aux accusations à la Convention nationale le 10 avril 1793.</ref>,<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Albert Mathiez, au contraire, affirma qu'il était le principal inspirateur de la journée<ref>Albert Mathiez, La Gironde et la Montagne, tome 2 de Révolution française, Denoël, 1993 ; Le Dix Août, Éditions de La Passion, 1989.</ref>. Outre les discours prononcés avant l'insurrection et les pétitions de sa main, qui réclamaient la déchéance du roi et l'élection d'une Convention nationale, il en veut pour preuve que, « sous son impulsion, les Fédérés » avaient nommé « un directoire secret où figurait son ami François Anthoine » et que « ce directoire se réunit parfois dans la maison du menuisier Duplay où il logeait, comme Anthoine<ref>Modèle:Harvsp, et Modèle:Harvsp.</ref>. » De même, pour le biographe Ernest Hamel, le rôle de Robespierre dans cette journée était indéniable, non seulement dans la préparation des esprits, mais également, supposait-il, durant la nuit qui précéda l'insurrection. Si « Robespierre ne figura pas au cabaret du Soleil-d'Or avec les principaux moteurs d'insurrection qui bientôt allaient entraîner les masses populaires à l'assaut des Tuileries », avec son discours du Modèle:Date-, « il fit mieux, il mena les idées au combat, et, gardien jaloux des principes décrétés en 1789, il chercha, avant tout, à empêcher la Révolution d'aboutir à la dictature ou à l'anarchie ». Partisan d'un changement constitutionnel, il fut également, dès son discours du Modèle:Date-, selon lui, un partisan déclaré de l'insurrection puisque, dans son souci de sauver l'État coûte que coûte, il affirmait : « Il n'y a d'inconstitutionnel que ce qui tend à sa ruine<ref>Modèle:Harvsp.</ref> ». Aux yeux de Jean Massin, de même, si Robespierre n'avait pas participé à l'insurrection, pas plus que Marat ou Danton, c'est qu'il n'avait « aucun des dons requis pour diriger sur place une manifestation populaire, moins encore une insurrection » et qu'il en était conscient. Mais « c'est lui qui avait vu le mieux et le plus tôt la nécessité de donner la parole au peuple. C'est lui qui avait vu le plus fortement la nécessité d'unir, dans un même mouvement, fédérés et sectionnaires pour transformer une émeute parisienne en une révolution nationale. C'est lui surtout qui avait clairement défini les buts que devait s'assigner le mouvement pour ne pas être inutile. En tous ces sens, la victoire populaire du Dix-Août était sa victoire : si sa main ne l'avait pas dirigée, son cerveau l'avait rendue possible<ref>Modèle:Harvsp.</ref> ».

Depuis, les biographes de Robespierre, dans leur ensemble, ont plutôt eu tendance à minorer son rôle dans l'insurrection. Ainsi, Gérard Walter considère que Robespierre était plutôt partisan d'une solution légale et considérait l'insurrection avec scepticisme<ref name="Gérard Walter,Maximilien de Robespierre, Gallimard,1989,pp.320-332."/>, tandis qu'aux yeux de Max Gallo, Robespierre était trop légaliste pour prendre le parti de participer à une insurrection<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. De l'avis de Jean-Paul Bertaud, également, les historiens Alphonse Aulard et Mathiez se sont trompés en reprenant la thèse royaliste d'un complot jacobin à l'origine du Modèle:Date-, pour mettre en valeur le rôle supposé, l'un de Danton, l'autre de Robespierre ; l'Incorruptible était pour lui « dans la nuit du 9 au 10 en retrait », de même que l'ensemble des tribuns révolutionnaires et, si les Jacobins avaient participé au mouvement, ce n'avait jamais été pour le précipiter<ref>Jean-Paul Bertaud, La Révolution française, Perrin, 1989 (rééd. coll. Tempus, 2004, Modèle:P.).</ref>.

Patrice Gueniffey pense que Robespierre raisonnait en homme de 1789 en la circonstance. Ainsi, même s'il désapprouvait le suffrage censitaire, il aurait jugé que la révolution était faite, que les bases constitutionnelles étaient pures et que seules les machinations des factions compromettaient le rétablissement « de la paix et de l'union. » À en croire Gueniffey, « Robespierre avait embrassé le projet de Barnave » en défendant la paix et la constitution contre leurs menées, ce qui aurait dû entamer son crédit politique puisqu'il s'opposait ainsi « à tout supplément de révolution », « mais avec plus d'intelligence », ce qui lui permit d'être « l'un des principaux bénéficiaires de l'insurrection du Modèle:Date-<ref>Patrice Gueniffey, « Robespierre : itinéraire d'un fanatique » (Modèle:P.), Les Collections de L'Histoire, no 25, octobre-décembre 2004, Modèle:P..</ref> ».

La Commune de Paris face à la Législative

Le Modèle:Date-, dans l'après-midi, il se rendit à l'assemblée de sa section, la section de la place Vendôme, qui le nomma, le lendemain, son représentant à la Commune insurrectionnelle, puis aux Jacobins, où il esquissa, dans un discours, les mesures urgentes à prendre : le peuple ne devait pas se démobiliser, mais exiger la convocation d'une Convention nationale, La Fayette devait être déclaré traître à la patrie, la Commune devait envoyer des commissaires dans tous les départements pour leur expliquer la situation, les sections devaient abolir la distinction entre « citoyens actifs » et « citoyens passifs » et créer des sociétés populaires, afin de faire connaître la volonté du peuple à ses représentants. Pour Gérard Walter, « son souci primordial a été de discipliner le mouvement déclenché, de lui enlever son caractère chaotique et, au moyen d'une tactique ferme et intelligente, d'obtenir que le sacrifice fourni porte des fruits. » Par ailleurs, il note qu'aucune de ses recommandations ne fut négligée par la Commune<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Le Modèle:Date-, en fin d'après-midi, Robespierre parut à la barre de l'Assemblée, où il obtint la reconnaissance de la Commune insurrectionnelle, menacée le matin même par le vote d'un décret ordonnant la formation d'un nouveau directoire de département sur les mêmes bases que l'ancien. Par ailleurs, devant la décision de l'Assemblée, le Modèle:Date-, de créer une cour martiale pour juger les Suisses capturés lors de l'assaut du château des Tuileries, il rédigea, au nom de la Commune, une adresse demandant le jugement de tous les « traîtres » et « conspirateurs », en premier lieu La Fayette, qu'il vint présenter le Modèle:Date-, à la tête d'une délégation, devant les députés, très rétifs devant un « tribunal inquisitorial » (selon Choudieu) et attentatoire aux libertés (selon Jacques Thuriot). Le principe était une cour populaire chargée de juger les « traîtres et conspirateurs du Modèle:Date- », mais Jacques Brissot, chargé du rapport, fit échouer le projet, recommandant le maintien du tribunal criminel ordinaire, auquel il proposa d'adjoindre un jury supplémentaire composé de représentants des sections parisiennes et de supprimer le recours en cassation « pour accélérer la procédure ». Une seconde délégation du Conseil général de la Commune, dont Robespierre était absent, le Modèle:Date-, vint protester contre cette décision. Après l'intervention des membres du jury nommés conformément au décret du Modèle:Date-, l'Assemblée décréta finalement la création d'un tribunal criminel extraordinaire, plus connu sous le nom de « tribunal du Modèle:Date- », dont on nomma les juges dans la nuit. Le nom de Robespierre venant en tête de la liste, Robespierre aurait dû en prendre la présidence, mais il la refusa. « Je ne pouvais être le juge de ceux dont j'ai été l'adversaire » devait-il expliquer par la suite<ref>Modèle:Harvsp. Ces propos sont parus dans Le Moniteur le 28 août 1792.</ref>. Toutefois, selon Gérard Walter, son absence contribua à saboter l'action du tribunal, dont la mauvaise volonté à juger les causes fut, pour Albert Mathiez<ref>Modèle:Harvsp.</ref> et Gérard Walter<ref>Modèle:Harvsp.</ref>, à l'origine des massacres de Septembre. De son côté, l'historien Roger Dupuy considère que l'opinion, sous la double emprise de la peur et d'une volonté de vengeance inassouvie après les morts du Modèle:Date-, s'exaspérait de l'impuissance du tribunal, qui non seulement ne condamnait à mort qu'à compte-gouttes, mais encore acquittait des prévenus faute de preuves<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Fichier:Pétion maire de Paris.jpg
Jérôme Pétion, maire de Paris,
Paris, BnF, département des estampes et de la photographie.

Selon Jérôme Pétion de Villeneuve, alors maire de Paris, Robespierre avait pris « de l'ascendant dans le Conseil » et « entraînait sa majorité ». Si, entre le 23 et le Modèle:Date-, il participa surtout aux séances pré-électorales de sa section, constituée en assemblée primaire, le Modèle:Date-, le 1er et le Modèle:Date-, il joua, selon Gérard Walter, un rôle directeur au Conseil général de la Commune. En effet, lors de la séance du Modèle:1er septembre, s'étant vu confier l'avant-veille, Modèle:Date-, la rédaction d'une adresse aux 48 sections de la capitale, il prononça un discours dans lequel il s'opposait au décret de la Législative sommant la Commune de se démettre au profit des membres de l'ancien corps municipal et dénonçait les manœuvres des Girondins contre la municipalité issue du Modèle:Date-<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Pour lui, le maintien des anciens administrateurs devait être laissé à l'appréciation des sections, dans le cadre d'un scrutin épuratoire qui déterminerait lesquels devaient être conservés dans leurs fonctions. Toutefois, selon Ernest Hamel, il proposa également à la Commune de remettre au peuple « le pouvoir que le conseil général a reçu de lui », c'est-à-dire d'organiser de nouvelles élections, proposition finalement rejetée, sur l'intervention de Manuel<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Le Modèle:Date-, l'assemblée générale de la section de la place Vendôme, constituée la veille en assemblée primaire, élut « à l'unanimité des suffrages » Robespierre pour son président, charge qu'il occupa le temps des opérations électorales du 28 au Modèle:Date-<ref>Les séances avaient lieu de 16 heures à 23 heures. « En raison des circonstances extraordinaires », l'assemblée électorale tint également séance dans la nuit du 29 au 30, mais Robespierre, souffrant, se fit remplacer. Voir Modèle:Harvsp.</ref>. Puis, le 28, il fut élu « à l'unanimité des suffrages, moins un », premier électeur par sa section<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. L'assemblée électorale se tint à l'Évêché du 2 au Modèle:Date- et l'élut dès le Modèle:Date-, au premier tour de scrutin, premier député de Paris, par 338 voix sur 525<ref>Contre 136 voix à Pétion, 27 à Collot d'Herbois, 13 à Danton et 4 à Brissot, Réal, Carra, Pons de Verdun, Billaud Varennes, Hérault de Séchelles et Bouland ayant chacun une voix. Voir Modèle:Harvsp.</ref>,<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Le Modèle:Date-, il avait également été élu premier député du Pas-de-Calais, dès le premier tour de scrutin, par 412 voix sur 721 votants, mais il opta pour la capitale<ref>Léon Muel, Précis historique des Assemblées parlementaires et des hautes cours de justice en France de 1789 à 1895: d'après les documents officiels, Guilaumin, 1896, 227 pages, Modèle:P. ; Louis Jacob, Joseph Le Bon, 1765-1795: la terreur à la frontière (Nord et Pas-de-Calais), Mellottée, 1934, tome 1, Modèle:P. ; Augustin Victor Deramecourt, Le clergé du diocèse d'Arras, Boulogne et Saint-Omer pendant la Révolution (1789-1802) : Le schisme. Les deux clergés. La première persécution, Imprimerie de la Société du Pas-de-Calais, 1886, Modèle:P..</ref>.

À partir de la huitième séance, le Modèle:Date-, l'Assemblée électorale résolut de discuter les candidats. Robespierre participa à la discussion, sans jamais citer aucun nom, mais, de l'avis de Jean-Baptiste Louvet de Couvray comme de Jules Michelet et de Gérard Walter, il contribua, grâce à son influence, à l'élection de Jean-Paul Marat, contre le savant Joseph Priestley, présenté par les Girondins – ce dont il se défendit lui-même et qu'Hamel réfute<ref>Modèle:Harvsp.</ref>,<ref>Voir le quatrième numéro de ses Lettres de Modèle:M. de Robespierre à ses commettans, Modèle:P., et Modèle:Harvsp.</ref>. De même, selon Walter, il favorisa l'élection d'Étienne-Jean Panis et de François Robert, contre Jean-Lambert Tallien<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Enfin, la considération des électeurs à son égard valut, « sans nul doute » selon Ernest Hamel<ref>Modèle:Harvsp.</ref>, à son frère cadet, Augustin, d'être élu député de Paris le Modèle:Date-.

La Convention girondine

Fichier:Salle du manège le 10 août 1792.jpg
La salle du Manège des Tuileries où se réunit la Convention nationale jusqu'en Modèle:Date-.

Modèle:Article détaillé

Robespierre accusé de vouloir la dictature

À l’origine de la Convention nationale, élue au suffrage universel, Robespierre était l'une des principales figures de la Montagne avec Georges Danton et Jean-Paul Marat.

Fichier:Roland de la Platière - portrait en buste de profil gauche.jpg
Roland de la Platière, croquis dessiné par Georges-François-Marie Gabriel, Paris, musée Carnavalet, vers 1792-1793.

D'emblée, les Girondins attaquèrent les députés de Paris, et en premier lieu Robespierre, accusés d'aspirer à la dictature, en s'appuyant sur les écrits de Marat. Après Marc David Lasource et Charles-Nicolas Osselin, les Marseillais François Trophime Rebecqui et Charles Jean Marie Barbaroux lancèrent le Modèle:Date- une première offensive, au cours de laquelle le second signala que, lors de la prise de contact qu'ils auraient eue avec le bataillon des Marseillais, à leur arrivée à Paris, les amis de Robespierre leur auraient demandé, après l'accomplissement de l'insurrection, d'investir l'Incorruptible d'un pouvoir dictatorial, ce qui semblait s'accorder avec les appels de Marat à l'installation d'un dictateur. Toutefois, s'il revendiqua sa proposition, Marat affirma que Danton et Robespierre l'avaient l'un et l'autre rejetée<ref>Voir le compte-rendu de la séance du 25 septembre 1792.</ref>,<ref>Modèle:Harvsp.</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Durant le mois d'octobre, Robespierre, peut-être malade, se tint éloigné de la tribune et n'intervint que le Modèle:Date-, devant les Jacobins, pour témoigner de son pessimisme : « Ôtez le mot de République, je ne vois rien de changé. Je vois partout les mêmes vices, les mêmes calculs, les mêmes moyens, et surtout la même calomnie. » Le lendemain, Jean-Marie Roland de La Platière, après avoir présenté un tableau de la situation de Paris, demanda à lire les pièces justificatives de son mémoire, parmi lesquelles se trouvait une lettre qui laissait entendre que Robespierre aurait préparé une liste de proscription<ref>Modèle:Harvsp. L'auteur, un journaliste du nom de Roch Marcandier, écrit au vice-président du tribunal criminel pour lui rapporter une conversation avec Claude Fournier l'Américain.</ref>. Monté à la tribune pour se défendre, l'Incorruptible fut interrompu par Louvet, qui profita de l'occasion pour prononcer le réquisitoire qu'il préparait depuis des semaines. Dans ce discours, où il passait en revue toute l'activité de Robespierre depuis le début des discussions sur la guerre, il reprochait à Robespierre d'avoir longtemps calomnié « les plus purs patriotes », y compris pendant les massacres de Septembre, d'avoir « méconnu, avili, persécuté les représentants de la nation et fait méconnaître et avilir leur autorité », de s'être offert « comme un objet d'idolâtrie », d'avoir imposé sa volonté sur l'assemblée électorale du département de Paris « par tous les moyens d'intrigue et d'effroi », enfin, d'avoir « évidemment marché au suprême pouvoir<ref>Voir le compte-rendu de la séance du 29 octobre 1792.</ref> ». Ayant obtenu un délai de huit jours, Robespierre répliqua, le Modèle:Date-, par un discours justifiant les mesures du conseil général de la Commune à partir du Modèle:Date-<ref>Modèle:Lien archive.</ref>,<ref>Voir Modèle:Harvsp, et la Réponse à Jean-Baptiste Louvet à la Convention le 5 novembre 1792.</ref>. À travers ce discours, dans lequel Robespierre répondit à Louvet : « Citoyens, vouliez-vous une révolution sans révolution ? », les Montagnards, accusés par Brissotins et Rolandins « de soutenir les sans-culottes et de cautionner » les massacres de Septembre, finissaient « par les revendiquer », selon Jean-Clément Martin<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

De son côté, le Modèle:Date- dans la Chronique de Paris, Condorcet railla Robespierre et lui reprocha d'agir en prêtre de secte sous couvert de défense des pauvres, des faibles et des femmes : Modèle:Citation bloc

Le Modèle:Date- au club des jacobins Robespierre répondit : Modèle:Citation bloc

Procès de Louis XVI

Modèle:Article détaillé Le Modèle:Date-, Charles Éléonor Dufriche-Valazé présenta son rapport sur « l'affaire Louis Capet », suivi les trois jours suivants par cinq autres orateurs, dont Louis Antoine de Saint-Just, l'abbé Grégoire et Pierre-François-Joseph Robert. Robespierre, lui, demeura silencieux, peut-être malade, comme le laissent penser les Mémoires de sa sœur, selon Gérard Walter. Durant le mois de novembre, tandis que les débats sur le procès diminuaient, le peuple était en butte à une pénurie des subsistances, et des troubles éclatèrent dans de nombreux départements. Considérant que les Girondins cherchaient à sauver Louis XVI pour le rétablir sur le trône, il intervint lors de la séance du Modèle:Date-, afin de remettre en avant la question du procès. Puis, comme l'Assemblée menaçait de traîner en longueur sur des questions légales, il prononça un nouveau discours, le Modèle:Date-, dans lequel il expliqua qu'il n'y avait « pas de procès à faire », que la journée du 10 août avait déjà réglé la question et que Louis XVI devait être immédiatement déclaré traître à la nation française, affirmant : Modèle:Citation bloc

La Convention rejeta cet avis, de même que celui de Saint-Just, qui demandait la mise hors-la loi du roi, mais l'acquittement devenait invraisemblable<ref>Modèle:Harvsp.</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. En réaction, le girondin Salle proposa le Modèle:Date- de renvoyer le procès devant les assemblées primaires. Le Modèle:Date-, l'« appel au peuple » fut rejeté par la Convention par 424 voix contre 283. Le lendemain, la peine capitale fut votée par 366 voix contre 355, puis, après des réclamations, par 361 voix contre 360<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

En revanche, quand, le Modèle:Date-, après l'assassinat de son ami Louis-Michel Lepeletier de Saint-Fargeau, Claude Basire demanda la peine de mort contre quiconque recèlerait le meurtrier, Robespierre s'y opposa, jugeant la motion « contraire à tous les principes », alors que la Convention devait « effacer [du] code pénal la peine de mort<ref>Voir Modèle:Harvsp, et le compte-rendu de la séance du 21 janvier 1793.</ref> ».

Répression de l'ennemi intérieur

Dans les semaines qui suivirent, alors qu'une offensive était lancée sur l'Escaut pour déborder les Provinces-Unies, se constituait une coalition antifrançaise. Le Modèle:Date- afin de reconstituer l’armée, dégarnie après le départ des volontaires de 1792, la Convention décrète une levée de Modèle:Unité, et 82 représentants furent envoyés dans les départements pour hâter l'opération ; pour se débarrasser d'une partie de leurs adversaires, les Girondins favorisèrent dans de nombreux cas la nomination de Montagnards, et ce jusqu'en juin, permettant ainsi à ceux-ci d'entrer en contact avec les armées et les autorités locales et de resserrer leurs liens avec les sociétés populaires<ref name="Bertaud195">Modèle:Ouvrage.</ref>. De même, lors des séances du 9 au Modèle:Date-, fut créé, sur la demande de Cambacérès et de Danton et suivant le projet de Lindet, un tribunal révolutionnaire chargé de punir les « conspirateurs » et les « contre-révolutionnaires » (dont Robespierre demanda, le 11, une plus stricte définition, afin que les révolutionnaires ne pussent être compris dans les poursuites, ce qui fut adopté suivant la rédaction, moins restrictive, proposée par Maximin Isnard)<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Pour l'historien Jean-Clément Martin, Isnard voyait dans la proposition de Robespierre « le risque de la guerre civile au bénéfice des montagnards », ce qui l'amena à faire voter « un article dénonçant plus largement toute entreprise contre-révolutionnaire », émiettant « ainsi la répression légitimée » et favorisant « la prolifération de la violence<ref>Modèle:Ouvrage</ref> ». Cependant, des troubles éclataient dans plusieurs départements de l'Est et en Vendée, ce qui amena la Convention à décréter, le Modèle:Date-, sur proposition de Pierre Joseph Duhem et de Louis-Joseph Charlier, la peine de mort dans les vingt-quatre heures pour toute personne convaincue d'émigration, puis, le 19, sur un rapport de Cambacérès, la mise hors-la-loi de tout individu « prévenu d'avoir pris part à quelque émeute contre-révolutionnaire et arboré la cocarde blanche ou tout autre signe de rébellion. La Convention décréta également, le 21 mars, sur le rapport de Jean Antoine Debry, un comité de surveillance révolutionnaire dans chaque commune et section de commune, puis, le 26, sur proposition de Jean-Joseph-Victor Genissieu, le désarmement de tous les nobles et prêtres, ainsi que de leurs agents et domestiques, et en général de toutes les personnes suspectes, enfin, le 28, sur le rapport des comités de législation, des finances, de guerre et diplomatique, le bannissement perpétuel de tous les émigrés, sous peine de mort, auxquels s'ajoutaient la mort civile et la confiscation des biens au profit de la République en cas d'infraction<ref>Modèle:Harvsp.</ref> ».

Robespierre se joint aux accusateurs de Dumouriez et des Girondins

Fichier:Charles-François Dumouriez.jpg
Le général Dumouriez par Rouillard.

C'est dans ce contexte que se situe l'affaire du général Charles François Dumouriez. L'attitude de Robespierre à l'égard du général fut d'abord circonspecte. Dans le débat qui eut lieu le Modèle:Date- devant la Convention, au cours duquel furent lus quelques lettres rassurantes de Dumouriez et le rapport de Jean-François Delacroix et Georges Danton, qui rendaient compte de leur mission auprès des armées (où ils avaient été commis afin d'évaluer le rôle des officiers dans les échecs) en louant le patriotisme du général, il jugea, pour sa part, que « son intérêt personnel, l'intérêt de sa gloire même », l'attachait au succès des armées françaises. Toutefois, selon Gérard Walter<ref>Avis partagé par Modèle:Ouvrage, pour qui « le projet de contre-révolution de Dumouriez existait depuis longtemps dans son esprit ».</ref>, le général avait alors conçu le projet d'établir Louis XVII sur le trône, avec la reine Marie-Antoinette comme régente et lui-même comme « protecteur du royaume » en se servant de ses succès militaires.

Mais ces projets furent anéantis par la bataille de Neerwinden, le Modèle:Date-. À la nouvelle de cette défaite, une commission de salut public de 25 membres, réunissant des députés de toutes les tendances, fut instituée le Modèle:Date- en lieu et place du comité de défense générale ; Robespierre accepta d'en faire partie<ref>Jusqu'à son remplacement, le 6 avril, par le comité de salut public, cette commission se réunissait deux fois par jour, à midi et à 19 heures. Robespierre ne fut absent, d'après les registres, que lors de la première séance du 30 mars et celle du 2 avril. Voir Modèle:Harvsp.</ref>. Toutefois, quand, le Modèle:Date-, le ministre de la Guerre, Pierre Riel de Beurnonville, transmit au comité, réuni en séance commune avec le Conseil exécutif, une lettre dans laquelle le général proposait de retirer ses troupes de Belgique et d'adopter à l'avenir une stratégie uniquement défensive, Robespierre s'opposa à Danton, qui l'ayant rencontré le Modèle:Date- (trois jours après la lecture d'une lettre à la Convention dans laquelle il rendait l'agitation des Jacobins et des sans-culottes responsable des défaites), avait présenté sa défense, et exigea sa destitution immédiate, le jugeant indigne de la confiance de la nation et dangereux pour la liberté, mais il ne fut pas suivi. Mandé à la barre de la Convention le 30 après une seconde lettre hostile aux « anarchistes » et une tentative, le 27, d'entraîner son armée sur la capitale, le général fit arrêter les quatre commissaires envoyés par l'Assemblée, dont le ministre de la Guerre, et tenta vainement de convaincre ses troupes de se retourner contre la République<ref name="Bertaud195"/>, ce qui lui valut d'être déclaré « traître à la patrie » le Modèle:Date-<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Or, la veille, Brissot avait inséré dans son journal un éloge de Dumouriez. Compromis dans les manigances de Dumouriez, Danton avait subi les attaques de la Gironde, auxquelles il avait répondu le Modèle:1er avril en leur retournant l'accusation<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Quand, le soir du Modèle:Date-, Robespierre dénonça l'incapacité du comité de défense générale, la vive réaction des Girondins l'amena à présenter les différents éléments qui, à ses yeux, établissaient leur complicité avec Dumouriez<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Le 5 et le Modèle:Date-, sur la demande des Montagnards, la commission de salut public fut remplacée par le comité de salut public, dominé par Danton, Bertrand Barère et Pierre-Joseph Cambon, puis il fut décidé, le Modèle:Date-, d'envoyer des représentants en mission aux armées<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Depuis janvier, une lutte opposait, au sein des sections parisiennes et provinciales, les modérés, parfois proches des Girondins, et les radicaux, sensibles aux revendications des Enragés, qui, dans un contexte d'effondrement de l'assignat, d'inflation, de vie chère, de récession et de travail rare, réclamaient la taxation, la réquisition des denrées, des secours publics aux pauvres et aux familles de volontaires, le cours forcé de l'assignat et l'instauration d'une Terreur légale contre les accapareurs et les suspects. Dès le Modèle:1er avril, à l'annonce de la trahison de Dumouriez, Jean-François Varlet avait fondé à l'Évêché un comité central révolutionnaire, dit le comité de l'Évêché, tandis que Jacques Roux provoquait la formation d'une assemblée générale des comités de surveillance de Paris, qui obtint le soutien de la Commune et de son procureur, Pierre-Gaspard Chaumette, mais entra en concurrence avec le comité<ref name="Bertaud195"/>. Le Modèle:Date-, au lendemain de la dénonciation de Robespierre, la section de la Halle-aux-Blés rédigea un projet d'adresse à la Convention demandant un décret d'accusation contre « les députés coupables », ainsi qu'une loi contre les accapareurs, la destitution des officiers nobles et l'épuration de l'administration<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Le Modèle:Date-, lors de la séance du soir, une députation de la section de Bon-Conseil vint demander un décret d'accusation contre les chefs girondins et obtint, sur la demande de Marat, les honneurs de la séance. Le Modèle:Date-, Pétion ouvrit les débats de la séance du matin en dénonçant, en termes très vifs, le projet d'adresse de la section de la Halle-aux-Blés, pourtant conçu, selon Hamel, dans le même esprit que celle de la section de Bon-Conseil, et demanda le renvoi devant le tribunal révolutionnaire de son président et de son secrétaire. À sa suite, Élie Guadet détourna l'accusation de complicité avec Dumouriez, selon Hamel, contre « les acolytes d'Égalité, c'est-à-dire, dans sa pensée, les Danton, les Marat ». En réponse, Robespierre réitéra son accusation à l'encontre des Girondins dans un long réquisitoire qui situait la trahison du général dans le cadre d'une plus vaste conspiration et auquel Pierre Vergniaud répondit aussitôt<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Le 11, Vergniaud fut suivi dans cette voie par Pétion et Guadet, qui, profitant de l'absence de nombreux Montagnards, envoyés en mission en province, retourna l'accusation de conspiration en faveur d'Orléans contre Robespierre, Danton et la Montagne et demanda la mise en accusation de Jean-Paul Marat, pour avoir initié et signé une adresse des Jacobins aux départements accusant la Convention de renfermer la contre-révolution dans son sein – le décret d'accusation fut voté le lendemain sur un rapport du comité de législation<ref>Modèle:Harvsp.</ref>,<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Fichier:Le triomphe de Marat.jpg
Marat porté en triomphe après son acquittement par le Tribunal révolutionnaire.
Gouache de Lesueur, Paris, musée Carnavalet, vers 1793.

Au terme de la séance du 10, Robespierre se rendit aux Jacobins, où il résuma son réquisitoire et critiqua le projet d'adresse de la section de la Halle-aux-Blés, dont les excès de langage, à ses yeux, produisaient « des effets terribles dans les départements ». En lieu et place, il demanda que des assemblées extraordinaires fussent convoquées dans toutes les sections « pour délibérer sur les moyens de dénoncer à la France entière la trame criminelle des traîtres ». Cette démarche aboutit, le Modèle:Date-, à la présentation, par 35 des 48 sections révolutionnaires de Paris, d'une adresse au ton modéré mais qui comportait une liste de 22 « mandataires coupables du crime de félonie envers le peuple souverain », destinée à tous les départements pour demander leur accord, afin de contraindre les députés visés à se retirer de l'Assemblée.

Cette pétition, qui donnait à cette épuration la forme d'une consultation nationale, fut rejetée par la Convention, ce qui, après l'acquittement de Marat devant le tribunal révolutionnaire<ref>Pour Modèle:Ouvrage, la procédure contre Marat, qui aboutit à son acquittement donne à celui-ci « une aura qu'il n'avait pas encore », lui permettant « de surclasser ses rivaux comme Robespierre » et entraînant « le cours de la Révolution dans une surenchère nouvelle de purification du pays ».</ref>, le déclenchement de la guerre de Vendée et le soulèvement de Lyon, favorisa le développement d'une atmosphère de crise dans la capitale. Devant cette situation, la Gironde obtint le Modèle:Date- de la Convention la création d'une commission extraordinaire des Douze, exclusivement girondine, destinée à briser la Commune, qui soutenait la demande de retrait des 22 députés girondins<ref>Modèle:Harvsp.</ref>,<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Fichier:Journée du 2 juin 1793.jpg
Le 2 juin 1793, les députés girondins sont exclus et arrêtés sous la menace de la Garde nationale attroupée devant la Convention nationale.
Estampe de Pierre-Gabriel Berthault, Paris, musée Carnavalet.

Absent du 14 au Modèle:Date-, peut-être malade, Robespierre intervint, malgré sa faiblesse physique, devant les Jacobins le 26, lui qui jusque-là avait prêché le calme et la modération contre les Enragés et les Exagérés, avec l'espoir d'emporter la lutte sur le terrain parlementaire, pour inviter « le peuple à se mettre dans la Convention nationale en insurrection contre les députés corrompus ». Après avoir tenté en vain d'obtenir la parole devant la Convention le lendemain, il prononça un discours, le 28, pour dénoncer les Girondins, mais, interrompu par Charles Barbaroux et trop faible pour faire face, il quitta la tribune en invitant « les républicains » à replonger les brissotins « dans l'abîme de la honte ». Épuisé par ses efforts, il intervint une dernière fois aux Jacobins le 29 pour exhorter la Commune à prendre la direction du mouvement insurrectionnel, se déclarant lui-même incapable, « consumé par une fièvre lente », de « prescrire au peuple les moyens de se sauver<ref>Modèle:Harvsp.</ref> ».

Modèle:Article détaillé Le Modèle:Date-, il demeura silencieux jusqu'à ce que fût proposée la mise aux voix du rapport que Bertrand Barère avait présenté au nom du comité de salut public, dans lequel il se bornait à demander la suppression de la commission extraordinaire des Douze. Jugeant les mesures proposées insuffisantes, il intervint à la tribune pour s'opposer à la constitution d'une force armée chargée de protéger la Convention et demander « le décret d'accusation contre tous les complices de Dumouriez et contre tous ceux qui ont été désignés par les pétitionnaires ». Toutefois, la Convention se prononça en faveur du projet de Barère. Le Modèle:Date-, elle finit par céder, sous la menace des canons de François Hanriot<ref>Voir le compte-rendu des séances du 31 mai et du Modèle:Lien brisé et Modèle:Harvsp.</ref>.

La Convention montagnarde

Fichier:Barere.jpg
Bertrand Barère peint par Laneuville, 1794, Kunsthalle de Brême.

Dès le Modèle:Date-, Robespierre revendiqua le rôle des Jacobins qui avaient contribué à l'organisation et au succès de l'insurrection face aux Enragés et Exagérés avec l'appui, selon Patrice Gueniffey, des militants des sections qui « n'entendaient nullement déposer les armes sans avoir recueilli tout le bénéfice de leur victoire<ref>Patrice Gueniffey, « Robespierre: itinéraire d'un fanatique », Modèle:Op. cit., Modèle:P..</ref> », ou encore de la droite qui conservait de solides positions à la Convention (où dominait jusque parmi les Montagnards une volonté de conciliation). Maximilien de Robespierre déclara dans ce contexte : « Il faut que nous nous emparions des comités et que nous passions des nuits à faire de bonnes lois ». Or, le Modèle:Date-, Bertrand Barère présenta au nom du comité de salut public un rapport demandant la dissolution de l'ensemble des comités révolutionnaires créés à l'occasion de la crise de mai, l'expulsion de tous les étrangers suspects, l'élection d'un nouveau commandant général de la garde nationale et l'envoi dans les départements dont les députés avaient été décrétés d'arrestation un nombre égal de députés comme otages – Danton appuya cette dernière proposition, Georges Couthon et Saint-Just s'offrant eux-mêmes comme otages. Quand la discussion s'engagea, le Modèle:Date-, Robespierre se prononça contre ce rapport, hormis sur la question d'une loi sur les étrangers, qu'il voulait plus sévère, et obtint son retrait ; Hanriot fut confirmé dans ses fonctions, et les comités révolutionnaires purent poursuivre leur action<ref>Voir le compte-rendu de la Modèle:Lien brisé.</ref>,<ref>Modèle:Harvsp.</ref>,<ref>Albert Soboul, La Révolution française, Gallimard, coll. Tel, 2003, Modèle:P..</ref>,<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Après l'adoption de la loi du Modèle:Date- sur le mode de vente des biens des émigrés, qui stipulait que les lots seraient divisés en petites parcelles, avec un délai de paiement de dix ans, pour favoriser les paysans pauvres, et de celle du Modèle:Date- sur le partage, facultatif, des biens communaux, à parts égales, par tête d'habitant (et non par propriétaire) et au tirage au sort, et avant la loi du Modèle:Date- sur l'abolition complète et sans indemnité (au contraire de la nuit du 4 août 1789) des droits féodaux, Marie-Jean Hérault de Séchelles présenta un projet de constitution auquel avaient contribué Couthon et Saint-Just et qui fixait un projet de démocratie politique<ref>Albert Soboul, La Révolution française, Gallimard, coll. Tel, 2003, Modèle:P..</ref>. Robespierre avait lui-même présenté, le Modèle:Date-, un projet de déclaration des droits (précédé par un discours sur la propriété), prolongé le Modèle:Date- par un discours sur la constitution future<ref>Œuvres de Robespierre (édition d'Auguste-Jean-Marie Vermorel), Paris, Achille Faure, 1867, Modèle:P. et 276-293.</ref>,<ref>Modèle:Harvsp.</ref>, dont l'influence sur le projet final a fait l'objet de discussions<ref>Pour Modèle:Harvsp, grâce à l'influence de Couthon et de Saint-Just, la déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1793 s'inspirait généralement des idées de Robespierre.</ref>,<ref>Pour Louis Blanc (Histoire de la Révolution française, Paris, Langlois et Leclerq, Furne et Cie, 1857, tome IX, Modèle:P.), les auteurs commis à la rédaction de la constitution de l'an I avaient sous les yeux le plan de Condorcet, qui connut d'importantes modifications, même si des propositions du projet de Robespierre passèrent dans le projet final.</ref>. Son discours sur la propriété et sa déclaration entendaient limiter le droit de propriété, face au projet de constitution girondine, par Modèle:Citation et de ne Modèle:Citation, l'établissement d'une fiscalité redistributive et progressive ainsi que d'une fraternité et citoyenneté universelles<ref>Modèle:Harvsp ; Modèle:Harvsp.</ref>.

Engagé le Modèle:Date-, le débat aboutit le Modèle:Date- à l'adoption du projet<ref>Voir Louis Blanc, Histoire de la Révolution française, tome IX, Modèle:P., et Modèle:Harvsp.</ref>. Le dernier jour, une partie des députés de droite étant restés assis sur leurs bancs lors du vote de la déclaration des droits, Robespierre s'opposa aux députés qui, comme Billaud-Varenne, réclamaient l'appel nominal, afin que la France entière connût lesquels de ses représentants Modèle:Citation. Il affirma à cette occasion : Modèle:Citation.

Fichier:Couthon.jpg
Georges Couthon,
Paris, BnF, département des estampes et de la photographie, 1792.
Fichier:Louis-Antoine-de-Saint-Just.jpg
Louis Antoine de Saint-Just.

Dans le même temps, selon Gérard Walter, il œuvra pour favoriser la position de Georges Couthon, Louis Antoine de Saint-Just et Jeanbon Saint André, qui avaient été adjoints au comité de salut public le Modèle:Date- et que l'historien qualifie de « robespierristes », et pour éliminer Danton, qui aurait cessé de lui inspirer confiance depuis l'affaire Dumouriez, notamment dans son discours aux Jacobins du Modèle:Date-. Le Modèle:Date-, la Convention procéda au renouvellement du comité. Tandis que les trois adjoints faisaient leur entrée comme membres, Danton n'était pas réélu. Le même jour, Robespierre entra avec Léonard Bourdon à la Commission d'instruction publique, en remplacement de Jeanbon Saint-André et de Saint-Just. À ce titre, il présenta à la Convention, trois jours plus tard, le plan d'éducation nationale rédigé par son ami Louis-Michel Lepeletier de Saint-Fargeau en qualité de rapporteur. Puis, le Modèle:Date-, Thomas-Augustin de Gasparin démissionna ; Robespierre prit part à la séance du Comité de ce jour, avant d'être élu à sa place le lendemain, sur proposition de Jeanbon Saint-André<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Il était courant que les députés pressentis pour faire partie du comité assistent à ses séances. Ainsi Lazare Carnot et Claude-Antoine Prieur de la Côte-d'Or, qui furent appelés le Modèle:Date-, assistèrent, le premier, à la séance du 11, le second, à celles des 4, 5, 6, 7 et Modèle:Date-<ref>Alphonse Aulard, Recueil des Actes du Comité de salut public.</ref>.

Robespierre participa d'abord principalement aux délibérations sur la question militaire, à une époque où les défaites se succédaient. Devant la détresse de la situation, Barère proposa l'entrée de techniciens capables de dresser un plan d'opérations; Carnot, alors en mission dans le Nord, et Prieur de la Côte-d'Or furent appelés à siéger le Modèle:Date-<ref>Archives parlementaires, tome LXXII, Modèle:P..</ref>,<ref>Pour Modèle:Harvsp, Barère, qui exerçait une influence considérable dans les travaux de l'ancien comité, fit cette proposition pour rétablir sa position, alors que son prestige était émoussé.</ref>. Inquiet, selon Jules Michelet et Gérard Walter, de cette arrivée qui pouvait préfigurer la constitution d'une coalition avec Jacques Thuriot, Barère et Hérault de Séchelles, Robespierre déclara le soir même aux Jacobins : « Appelé contre mon inclination au Comité de Salut public, j'y ai vu des choses que je n'aurais osé soupçonner. J'y ai vu d'un côté des membres patriotes qui cherchaient en vain le bien de leur pays, et de l'autre, des traîtres qui tramaient au sein même du Comité contre les intérêts du peuple<ref>Modèle:Harvsp.</ref> ». Au contraire, pour Ernest Hamel, il n'y avait alors encore aucune divergence d'opinion entre Robespierre et Carnot, avec lequel il avait été lié d'amitié à Arras, et les paroles prononcées aux Jacobins le soir du Modèle:Date-<ref>Voir le compte-rendu de la séance du Modèle:Lien brisé.</ref>, qui ont pu selon lui être infidèlement rapportées, ne l'empêchèrent pas, le Modèle:Date-, de demander à la Convention de déclarer que le comité avait bien mérité de la patrie<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

La Terreur

Modèle:Article détaillé

Fichier:Robespierre - physionotrace.jpg
Robespierre.
Portrait (physionotrace) anonyme, vers 1792.

Débats sur son rôle

Le rôle joué par Robespierre au sein du Comité de salut public et son influence réelle sur le gouvernement révolutionnaire font débat. Si maints historiens estiment qu'il disposait d'un ascendant réel, le considérant comme le « maître » du comité de salut public, de la Terreur, de la révolution ou de la France<ref>Voir Patrice Gueniffey, « Robespierre » (Modèle:P.), ou Bronisław Baczko, « Robespierre et la Terreur » (Modèle:P.), in Annie Jourdan (dir.), Robespierre : figure-réputation, Rodopi, 1996, Modèle:Nombre, Modèle:P. Modèle:ISBN.</ref>,<ref>Anatole de Gallier, « Robespierre, ses principes, son système politique » (Modèle:P.), Revue des questions historiques, Paris, Plon, 1896, Modèle:Vol., Modèle:P..</ref>, plusieurs autres contestent l'idée qu'il y ait exercé une quelconque prépondérance et jugent qu'au contraire, il fit l'objet de vives contestations parmi ses collègues<ref>Louis Blanc, Histoire de la Révolution française, Modèle:Nobr, Modèle:Nobr. Sur la vision de Louis Blanc, voir Jean-François Jacouty, « Louis Blanc et la construction de l'histoire », dans Francis Démier, Maurice Agulhon (dir.), Louis Blanc, un socialiste en république: Actes du colloque qui s'est tenu les 24 et Modèle:Date- à l'université Modèle:Nobr romains-Nanterre, dans le cadre du centre Louis et Charles Blanc, Creaphis éditions, 2006, Modèle:Nombre, Modèle:P., Modèle:Nobr Modèle:ISBN.</ref>,<ref>Pour Modèle:Harvsp, on ne peut croire que « les hommes qui composaient avec lui le Comité de Salut public se soient laissé subjuguer par lui », il s'associa à certaines mesures, parfois « s'opposa, en refusant sa signature, quoique présent », voire, « comme dans l'affaire de Danton, par exemple, ce fut lui qui, malheureusement, eut la faiblesse de céder ».</ref>. Toutefois, il fut présenté par les thermidoriens – qu'il s'agisse des membres des anciens comités (Bertrand Barère, Jean-Marie Collot d'Herbois, Jacques-Nicolas Billaud-Varenne, Marc Vadier et Jean-Pierre-André Amar) ou des anciens représentants en mission qu'il avait voulu dénoncer (Joseph Fouché, Jean-Lambert Tallien, Stanislas Rovère, Louis LouchetModèle:Etc.) – comme l’âme de la « dictature jacobine », imposant un régime de terreur. En décrivant la Terreur comme la dictature d'un seul, « bouc émissaire abattu », les Conventionnels espéraient prouver devant l'opinion « leur non-responsabilité, peut-être même leur innocence, voire leur état de victime et rendre alors justifiable et peut-être logique leur volte-face<ref>Modèle:Ouvrage.</ref> ». Si les mesures d’exception étaient jugées indispensables pour sauver la République gravement menacée à l’intérieur par plusieurs soulèvements (insurrection en Vendée, insurrections fédéralistes, notamment soulèvement de Lyon) et à l’extérieur par la menace militaire (guerre contre les monarchies européennes coalisées), on n'a jamais prouvé la responsabilité de Robespierre dans les dérives et les atrocités de la répression en Vendée, à Lyon, dans le Midi, dans le Nord et à Paris, certains historiens, comme Albert Mathiez ou Jean-Clément Martin jugeant même qu'à ses yeux, la répression ne devait frapper que les vrais coupables, et non les comparses, et se réduire au strict nécessaire<ref>Voir Albert Mathiez, « Robespierre terroriste », dans Études sur Robespierre, 1988, Modèle:P., et Jean-Clément Martin, Violence et Révolution. Essai sur la naissance d'un mythe national, 2006, Modèle:P..</ref>. Jean Massin rappelle que le Modèle:Date à l'assemblée constituante il s'était opposé à Mirabeau quand celui-ci réclamait la proscription du duc de Condé. Il ne jugeait pas indispensable de frapper un émigré par définition hostile aux principes<ref>Jean Massin, Robespierre, Modèle:P..</ref>. Selon Mathiez, quand Marc-Antoine Jullien de Paris, envoyé en mission par le comité de salut public dans les départements maritimes, l'alerta sur le comportement de Jean-Baptiste Carrier à Nantes<ref>Voir les Modèle:Lien brisé à Robespierre et à son propre père datées des 2, 4 et Modèle:Date-.</ref> et de Jean-Lambert Tallien à Bordeaux, il demanda leur rappel, de même qu'il réclama celui de Paul Barras et de Louis Fréron, en mission dans le Midi, de Stanislas Rovère et François-Martin Poultier, qui organisaient dans la Vaucluse les bandes noires pour s'emparer des biens nationaux, de Joseph Le Bon, dénoncé pour ses exactions en Artois, et de Joseph Fouché, responsable des mitraillades à Lyon. Selon le témoignage de sa sœur Charlotte, lorsque ce dernier vint le voir à son retour de Lyon, Robespierre lui Modèle:Citation<ref>Voir Albert Mathiez, « Robespierre terroriste », dans Études sur Robespierre, Modèle:Op. cit., Modèle:P., qui, à l'appui de ce témoignage, cite une lettre de Joseph Fernex à Robespierre datée du Modèle:Date républicaine dans laquelle le juge se défend des accusations de cruauté soulevées par l'Incorruptible à son encontre.</ref>. Toutefois, les mémoires de Charlotte, publiés par le militant républicain Albert Laponneraye quarante ans après la mort de l'Incorruptible, visent à réhabiliter celui-ci en le campant comme Modèle:Citation Dans une de ses dernières interventions, le Modèle:Date républicaine, au club des Jacobins, l'Incorruptible attaque Fouché, le fait exclure, en le classant parmi Modèle:Citation.

Fichier:Collot-portrait-Carnavalet.JPG
Jean-Marie Collot d'Herbois
(musée Carnavalet).

Publiés en 1842, les mémoires de Bertrand Barère évoquent le rappel à Paris de Jean-Marie Collot d'Herbois en raison de la soi-disant indignation soulevée au sein du Comité de salut public par les excès commis à Modèle:Citation Les mémoires de Charlotte Robespierre (1835) contiennent des allégations similaires à propos de son frère censément horrifié par le sang répandu à Lyon. Or, à l'encontre de cette Modèle:CitationModèle:Note, Michel Biard relève que le Comité en général et l'Incorruptible en particulier ne sont pas hostiles à la sévère répression lyonnaise exercée par Collot d'Herbois, comme l'attestent divers écrits de Robespierre : une lettre Modèle:Citation des précédents représentants en mission envoyés à Lyon, et deux discours, l'un non daté (contre Fabre d'Églantine) et l'autre du Modèle:Date républicaine<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

De nombreux historiens ont cependant fait de Robespierre le principal théoricien de la Terreur<ref>Jacques Solé, « Robespierre, apologiste de la Terreur (Modèle:Date--Modèle:Date-) », in Pierre Glaudes, Pierre Bayard (dir.), Terreur et représentation, ELLUG, 1996, Modèle:Nombre, Modèle:P. Modèle:ISBN.</ref>. Cette idée reçue repose en partie sur l'idée selon laquelle il serait resté pendant toute une année, président de la Convention, lui qui ne le fut qu'un mois au total : Modèle:Date--Modèle:Date- et 4-Modèle:Date-. Ces dernières années, les nombreuses études consacrées à la Terreur, tant par les historiens anglophones (Tackett) que francophones (Michel Biard, Hervé Leuwers), obligent à revenir sur cette interprétation, la Terreur n'ayant pas été institutionnalisée, mais étant plutôt un ensemble de pratiques à la fois provoquées par des mesures venues d'en haut et des initiatives locales<ref>Michel Biard, Hervé Leuwers (dir), Visages de la Terreur, Paris, Armand Colin, 2014 ; Timothy Tackett, Modèle:Langue, Modèle:Langue, 2015.</ref>. Dans sa biographie de Robespierre, Hervé Leuwers a ainsi montré qu'en parlant de vertu et de terreur, dans son discours célèbre du Modèle:Date, Robespierre tentait de théoriser le gouvernement révolutionnaire (et non la Terreur) en s'appuyant sur la théorie politique de Montesquieu qui distinguait les gouvernements républicains (avec pour principe, la vertu), monarchiques (avec l'honneur) et despotiques (avec la crainte ou la terreur) ; Robespierre n'y parlait donc pas de la « Terreur » des historiens. Dans ce texte, explique Hervé Leuwers, Robespierre veut démontrer que Modèle:Citation.

Opinion de contemporains

Certains députés comme Laurent Lecointre ont relativisé dès l'Modèle:Date républicaine la responsabilité de Maximilien Robespierre dans la Terreur. De même, sous le Directoire, Reubell a confié à Carnot : Modèle:Citation

Par la suite, d'autres acteurs ou témoins, comme Napoléon Bonaparte, ont critiqué la thèse thermidorienne selon laquelle Robespierre était l'inspirateur de la Terreur puisque le phénomène avait cessé avec sa mort : Modèle:Citation. De même, selon Emmanuel de Las Cases, il le pensait Modèle:Citation. Ernest Hamel fait remarquer que Napoléon avait été très proche d'Augustin Robespierre à l'époque du siège de Toulon et que les lettres de Maximilien à son frère ont disparu, probablement détruites par les thermidoriens<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Robespierre est entré dans la légende noire car cette thèse a trouvé une utilité auprès de quelques grands dictateurs des temps modernes qui se sont réclamés, et de Robespierre et de la Terreur comme une nécessité (les « sévérités nécessaires » pour assurer le « salut public »)<ref>Dans L'Express du Modèle:Date-, François Furet écrivait : Modèle:Citation.</ref>.

Fichier:Le Vieux Cordelier n° 3.jpg
Le Vieux Cordelier de Camille Desmoulins, Modèle:N°, Modèle:Date-.

Parmi les « soixante-treize », d'ailleurs, plusieurs ont écrit à Robespierre pour le remercier de les avoir sauvés, comme les députés Charles-robert Hecquet, Jacques Queinnec, Alexandre-Jean Ruault, Hector de Soubeyran de Saint-Prix, Antoine Delamarre, Claude Blad et Pierre-Charles Vincent le Modèle:Date républicaine<ref>Modèle:Harvsp : Modèle:Citation ; Œuvres de Robespierre, Modèle:Nobr romains, Modèle:P..</ref>, ou pour lui demander de proposer une amnistie générale, comme Pierre-Joseph Faure, député de Seine-Inférieure, le Modèle:Date républicaine, veille de la fête de l'Être suprême<ref>Albert Mathiez, « Robespierre terroriste », dans Études sur Robespierre, Modèle:Op. cit., Modèle:P., qui reprend la lettre citée par Modèle:Harvsp : Modèle:Citation ; Œuvres de Robespierre, Modèle:Nobr romains, Modèle:P..</ref> et Claude-Joseph Girault, député des Côtes-du-Nord, enfermé à la prison de La Force, le Modèle:Nobr<ref>Albert Mathiez, « Robespierre terroriste », dans Études sur Robespierre, Modèle:Op. cit., Modèle:P., qui cite Ernest Hamel, Modèle:T., Modèle:P. : Modèle:Citation Œuvres de Robespierre, Modèle:Nobr romains, Modèle:P..</ref>.

Actions de Robespierre

Le Modèle:Date républicaine, Robespierre proposa devant la Convention l'institution d'un comité de justice, qui allait dans le sens du « comité de clémence » réclamé par Camille Desmoulins dans le quatrième numéro du Vieux Cordelier (Modèle:Date), pour rechercher et élargir les patriotes injustement détenus. Toutefois, cette proposition fut rejetée le Modèle:Date républicaine, après un débat confus, devant l'opposition du Comité de sûreté générale, jaloux de ses prérogatives, et celle de Jacques-Nicolas Billaud-Varenne<ref>Albert Mathiez, « Robespierre terroriste », dans Études sur Robespierre, 1988, Modèle:P..</ref>. Aux Jacobins, lors de la séance du Modèle:Date républicaine, il s'opposa à la discussion sur les signataires des pétitions royalistes dites des 8 000 et des 20 000<ref>Voir Albert Mathiez, « Robespierre terroriste », dans Études sur Robespierre, Modèle:Op. cit., Modèle:P., et Alphonse Aulard, La Société des Jacobins : recueil de documents pour l'histoire du club des Jacobins de Paris, 1889-1897, Modèle:T., Modèle:P..</ref>. De même, il tenta en vain de sauver Madame Élisabeth de France, s'opposant ainsi à Jacques-René Hébert le Modèle:Date républicaine qui demandait notamment aux Jacobins Modèle:Citation, et, d'après le témoignage du libraire Maret, rapporté par le royaliste Claude Beaulieu<ref>Voir les Annales révolutionnaires, Modèle:Nobr romains, Modèle:P., et Claude François Beaulieu, Essais historiques sur les causes et les effets de la Révolution de France, avec des notes sur quelques évènements et quelques institutions, 1803, Modèle:T., Modèle:P., Modèle:Nobr.</ref>, affirma, après son exécution en Modèle:Date : Modèle:Citation Il tenta de la même façon de sauver l'ancien constituant Jacques-Guillaume Thouret, que l'on avait compromis dans la soi-disant conspiration des prisons, et, seul, refusa de signer le mandat d'arrestation<ref>Albert Mathiez, « Robespierre terroriste », dans Études sur Robespierre, Modèle:Op. cit., Modèle:P..</ref>.

Dans une brochure publiée au début de la Restauration, Ève Demaillot<ref group="n">Né à Dole le Modèle:Date, Antoine-François Ève, dit Maillot ou Demaillot, est le fils d'un avocat ; étudiant en droit à Besançon, il s'engage comme soldat puis sergent au régiment de Guyenne avant de déserter, passe à Amsterdam où, pendant huit ans, il exerce le métier de comédien, puis rentre en France. Précepteur de Saint-Just, auteur de comédies et d'opéras-comiques, il devient journaliste et adhère au club des Jacobins. Le Modèle:Date républicaine, il fonde avec Leuliette L'Orateur plébéien. Arrêté en Modèle:Date pour avoir conspiré aux côtés du général Malet, il demeure six ans enfermé dans les prisons parisiennes. Sorti de prison, il meurt le Modèle:Date à l'hôpital Dubois, à l'âge de Modèle:Nombre. Voir Henry Lyonnet, Dictionnaire des comédiens français, ceux d'hier, Modèle:Nombre, Modèle:Vol., Modèle:P..</ref>, un agent du Comité de salut public, nommé en mai 1794 commissaire dans le Loiret, affirma y avoir été envoyé par Robespierre afin d'élargir les suspects arrêtés sur l'ordre de Léonard Bourdon, qui furent presque tous délivrés, et parmi eux Modèle:Citation.

Enfin, le [[Chute de Robespierre|Modèle:Date républicaine-]] - Modèle:Date- Jacques-Nicolas Billaud-Varenne reprocha à Robespierre son indulgence, expliquant : Modèle:Citation.

Or, pour le publiciste royaliste Claude Beaulieu, Modèle:Citation.

La « liquidation des factions »

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Mandat d'arrêt de Danton et de ses amis par le Comité de Salut public, le Modèle:Date- (Archives nationales, Paris).

Fin 1793, la majorité des Conventionnels continua à soutenir le Comité de salut public qui obtint ses premières victoires militaires, mais les luttes pour le pouvoir entre révolutionnaires s’exacerbèrent, dans un contexte de crise économique aggravée par la loi sur le maximum général. Ceux qui voulurent arrêter la Terreur, jugée inutile et dangereuse, autour de Danton et de Desmoulins, reçurent le surnom d’Indulgents. Ceux qui entendirent la radicaliser et l’étendre aux pays voisins, autour des dirigeants du club des Cordeliers, Hébert, rédacteur du Père Duchesne, le journal des sans-culottes, François-Nicolas Vincent, secrétaire général du ministère de la Guerre, Charles-Philippe Ronsin, chef de l’armée révolutionnaire parisienne, avec l’appui de Commune, reçurent a posteriori celui d’Hébertistes.

De la fin de Modèle:Date- au milieu de Modèle:Date-, il se forma comme un axe Robespierre-Danton pour combattre la montée des Hébertistes et la déchristianisation qui se déchaîna en novembre. Il semble que Danton ait espéré détacher Robespierre de la gauche du Comité (Billaud-Varenne, Collot d'Herbois et Barère) et partager avec lui les responsabilités gouvernementales. Les amis de Danton attaquèrent les leaders hébertistes avec l’approbation tacite de Robespierre et firent décréter d’arrestation par la Convention le 27 frimaire an Modèle:II (Modèle:Date-), Ronsin et Vincent, sans même en référer aux Comités. Cette offensive fut appuyée par le nouveau journal de Camille Desmoulins, Le Vieux Cordelier, qui obtint un grand succès. En même temps, les Indulgents passèrent à l’offensive : le Modèle:Date-, le Vieux Cordelier s’en prit à la loi contre les suspects.

Robespierre mit fin aux espoirs d’alliance de Danton le Modèle:Date-, après le retour de Collot de Lyon, et amalgama les deux factions adverses dans une même réprobation : Modèle:Citation À égale distance des factions, il condamna ceux qui auraient voulu voir la révolution rebondir ou rétrograder. Stratégie politique efficace qui lui donna une position de juge moral et d’arbitre et lui permettra de renforcer son contrôle du pouvoir et d’éliminer ses opposants. C'est cette stratégie qui explique qu'il décida de lancer, le 5 nivôse (28 décembre 1793), le processus d'héroïsation de Joseph Bara, en demandant sa panthéonisation à partir d'une lettre envoyée par le chef de Bara, Jean-Baptiste Desmarres<ref>Modèle:Chapitre</ref>.

Fichier:Supplice de Gobel, Hébert, Vincent, Chaumette.jpg
Hébert, Chaumette, Vincent et Gobel sur la charrette les menant à la guillotine. Tableaux historiques de la Révolution française, Paris, BnF, département des estampes, 1802.

Les deux factions se combattirent en vain pendant deux mois. À la fin de l’hiver, la situation économique catastrophique (attroupements devant les boutiques, pillages, violences) précipita le dénouement. Les Hébertistes tentèrent une insurrection qui, mal préparée, non suivie par la Commune, échoua. Le Comité fit arrêter les dirigeants cordeliers dans la nuit du 13 au Modèle:Date-. La technique de l’amalgame permit de mêler à Hébert, Ronsin, Vincent et Antoine-Français Momoro des réfugiés étrangers comme Anacharsis Cloots, Berthold Proli, Jacob Pereira, afin de les présenter comme des complices du « complot de l’étranger ». Tous furent exécutés le Modèle:Date- sans que les sans-culottes ne bougent.

Fichier:Danton et Hébert par Vivant Denon.jpg
Hébert conduit à la guillotine (à droite), et Danton durant son procès (à gauche). Croquis pris sur le vif par Dominique Vivant Denon (collection particulière).

Le lendemain de l’arrestation des Hébertistes, Danton et ses amis reprirent l’offensive. Le numéro 7 du Vieux Cordelier, qui ne parut pas, réclamait le renouvellement du Comité et une paix aussi rapide que possible. Ce numéro, contrairement aux précédents, attaquait frontalement Robespierre, à qui il reprochait son discours prononcé aux jacobins contre les Anglais, le 11 pluviôse an II (Modèle:Date-) : vouloir, comme autrefois Brissot avec l'Europe continentale, municipaliser l'Angleterre. Mais Robespierre disposait contre les chefs des Indulgents d’une arme efficace, le scandale politico-financier de la liquidation de la Compagnie des Indes, dans lequel furent impliqués des amis de Danton.

Le Modèle:Date-, le Comité ordonna l’arrestation de Danton, Delacroix, Desmoulins et Pierre Philippeaux. Comme pour les Hébertistes, on amalgama aux accusés politiques des prévaricateurs et des affairistes, étrangers de surcroît, pour rattacher les accusés à cette « conspiration de l’étranger ». Le procès, ouvert le Modèle:Date-, fut un procès politique, jugé d’avance. Danton et ses amis furent guillotinés le Modèle:Date-. Pour les Hébertistes comme pour les Dantonistes, ce fut Saint-Just qui se chargea du rapport d’accusation devant la Convention, en utilisant et en corrigeant pour les Dantonistes les notes de Robespierre.

La question coloniale

Contre l'esclavage et pour l'égalité des humains dans les colonies

Robespierre gagne la toute première fois dans l'opinion ses galons de défenseur de la liberté dans les colonies le Modèle:Date- lorsqu'il s'oppose victorieusement avec Pétion au club Massiac, en la personne de Médéric Moreau de Saint-Méry qui voulait imposer, pour l'outre-mer, un droit de blocage du comité colonial sur les décisions prises par l'Assemblée constituante<ref>Marc Bouloiseau, Robespierre, Puf, Que-Sais-je, 1987, Modèle:P. ; Œuvres de Maximilien Robespierre tome VII, Modèle:P. ; Jean-Daniel Piquet, "Robespierre et les colonies entre la politique et les principes (janvier 1791-juillet 1794)" Site de l'ARBR-Les Amis de Robespierre, 30 janvier 2023. </ref>. Après s'être opposé à la reconnaissance constitutionnelle de l'esclavage, proposée par Bertrand Barère le Modèle:Date-, et au refus du droit de vote aux affranchis, présenté par Jean-François Reubell le Modèle:Date- suivant<ref name="Walter, 104"/>, Robespierre dénonça à l'assemblée constituante le Modèle:Date- le refus par les assemblées coloniales d'appliquer le décret, puis le 24, sa révocation ainsi que les concessions faites aux tenants du statu quo colonial, emmenés par le triumvirat et Médéric Moreau de Saint-Méry. Henri Guillemin a relevé qu'au sortir de la séance du Modèle:Date- Robespierre s'est fait insulter, bousculer et menacer d'arrestation par des membres ou des députés proches du club Massiac, mais qu'il « aura l'audace de récidiver le 24 »<ref>Henri Guillemin, Robespierre, politique et mystique, Paris, Seuil, 1987, Modèle:P..</ref>.

Fichier:Brissot défenseur des hommes de couleur.JPG
J. P. Brissot, député à la II.me législature et défenseur des hommes de couleur,
estampe gravée par Marie-Anne Croisier, Paris, BnF, département des estampes et de la photographie, 1791-1793.

Alors que la régression feuillante de l'été 1791 parvenait à son aboutissement, les triumvirs réussirent le Modèle:Date- à faire révoquer le décret du Modèle:Date- relatif à l'état politique des gens de couleur dans les colonies, qui n'admettait pourtant que Modèle:Citation, à condition qu'ils aient Modèle:Citation. Les historiens Bernard Gainot et Jean-Clément Martin considèrent que dans la mesure où, après 1791, Robespierre combattit la politique belliciste des Girondins, il choisit tactiquement de rester muet sur leur politique coloniale émancipatrice<ref>Bernard Gainot, « Robespierre et la question coloniale » dans Michel Biard et Philippe Bourdin, (dir) Robespierre, portraits croisés, Paris, Armand Colin, 2014 (2012), p. 79, 89 et 94 (79-94).</ref>,<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Pourtant, quand les Girondins firent voter à l'Assemblée législative un décret-loi accordant Modèle:Incise l'égalité des droits politiques de tous les hommes de couleur et noirs libres avec les colons blancs, les Modèle:Date- et Modèle:Date-, Robespierre leur rendit grâce Modèle:Citation dans le no 3 du Défenseur de la constitution, le Modèle:Date-<ref>Modèle:Harvsp.</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage.</ref> d'avoir Modèle:Citation Il désavouait également Modèle:Incise le pamphlet Jacques-Pierre Brissot démasqué (Modèle:Date-) de Camille Desmoulins, son ami et allié dans le combat contre le bellicisme girondin. Camille Desmoulins avait reproché à Brissot sa politique coloniale, supposée diviser le mouvement patriote<ref> Jean_Daniel Piquet, "Colonies : Robespierre et la loi du 4 avril 1792" site de l' ARBR-les Amis de Robespierre, 17 février 2022. </ref>. En Modèle:Date-, lorsque Robespierre rédigea son projet de déclaration des droits de l'homme, il associa, à la partie relative à un projet de limitation de la propriété privée, la suppression de la traite et de l'esclavage des Noirs, aussi scandaleux à ses yeux que la royauté et l'aristocratie terrienne. Il y désigna les navires négriers sous l'expression Modèle:Citation, puisée à une brochure de Brissot publiée deux ans plus tôt, en Modèle:Date-, elle-même dérivée de l'expression de Mirabeau insérée dans un discours, prononcé au club des jacobins les [[1er mars|Modèle:1er]] et Modèle:Date- : Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp.</ref>,<ref>Modèle:Article.</ref>. D'autres auteurs en avaient souligné l'inspiration personnelle. Il existe dans ses papiers un manuscrit du document, dans lequel les mots « bières flottantes » ne sont pas prononcés. Il a été publié en 1906 par Alphonse Aulard, analysé ensuite par Albert Mathiez : « Propriété- ses droits-. Marchand de chair humaine, navire où il encaisse les nègres, voilà mes propriétés »<ref>Alponse Aulard dirRévolution française, tome 50 p. 451 ; Albert Mathiez, « Robespierre orateur », Études sur Robespierre (1758-1794), Paris, Messidor/Ed. Sociales, 1988, Modèle:P.. Repris dans Florence Gauthier (dir) Œuvres de Maximilien Robespierre tome XI, Compléments, (1784-1794), Paris, Editions du Centenaire de la Société des études robespierristes, 2007, p. 395.</ref>. En fati il faudrait plutôt voir dans ceette mesure la validation d'un décret peu connu voté huit mois plus tôt, le 11 août 1792 par l'Assemblée Législative qui supprimait les primes annuelles accordées par la Monarchie depuis 1784 aux armateurs des villes maritimes, trafiquants d'esclaves noirs : les négriers venaient régulièrement demander leurs primes moyennant le calcul statistique de leurs prises d'esclaves sur les côtes d'Afrique<ref> Jean-Daniel Piquet, « 11 août 1792 : l’abrogation des primes négrières », Site de l'ARBR-Les Amis de Robespierre, 30 mars 2022 </ref>.

Le Modèle:Date- au club des Jacobins, les députés Bourdon de l'Oise, Chabot, Robespierre, Jeanbon Saint-André, Legendre, Maure et d'autres sociétaires reçoivent avec enthousiasme une délégation de Noirs, notamment la vieille femme Jeanne Odo de 114 ans. Ils applaudissent quand Chabot jure solidarité avec les hommes de couleur<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Le lendemain 4, à la Convention, une source découverte récemment (une affiche du mulâtre martiniquais Julien Labuissonnière) indique que Robespierre, Jeanbon Saint André « et le reste de ces justes » ont, aux côtés de l'abbé Grégoire, Modèle:Citation pour faire passer par pétition l'abolition de l'esclavage réclamée par Anaxagoras Chaumette et le créole antiesclavagiste Claude Milscent<ref>Modèle:Harvsp.</ref>,<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

En ce qui concerne les positions de Robespierre sur la question coloniale en l'an II, que Georges Hardy affirmait inexistantes dans les papiers de la commission Courtois<ref>Modèle:Harvsp.</ref>, on y a récemment découvert des éléments qui plaident en faveur de son abolitionnisme. On avait pourtant jusque là l'impression, soulignée par des thermidoriens de gauche, qu'il était devenu hostile à l'abolition de l'esclavage en raison d'une phrase, d'inspiration colonialiste, prononcée contre les Girondins le 27 brumaire an II (Modèle:Date-) :

Modèle:Citation bloc

Jean Poperen en déduisait, sans en donner d'explication, Modèle:Citation<ref>Modèle:Ouvrage, introduction et notes explicatives par Jean Poperen.</ref>. Cette fois-ci, il semblait s'inspirer du rapport Jean-Pierre-André Amar, montagnard assez proche des colons, présenté à la Convention, le Modèle:Date- qui accusait Brissot d'avoir voulu, dans le passé, livrer les colonies, Modèle:Citation, aux Anglais. Par ailleurs, il n'existe aucune trace publique de ses positions sur le décret du 16 pluviôse an II (Modèle:Date-) proclamant l'abolition de l'esclavage des Noirs dans toutes les colonies et qui aurait dû logiquement l'enthousiasmer. En privé, il existe une allusion négative à ce décret dans les notes de Robespierre contre les Dantonistes : il y reproche à Danton et Delacroix d'avoir Modèle:Citation<ref name="Mathiez, 1958, 136">Modèle:Harvsp.</ref>. Mais le recoupement des papiers saisis par la commission Courtois avec les polémiques thermidoriennes laisse à penser que la première phrase, par ses motifs, au contraire, n'altère en rien les opinions coloniales égalitaires qu'il avait exprimées en mai-Modèle:Date-, Modèle:Date- et Modèle:Date-. En Modèle:Date-, Amar attaquait toute la politique coloniale égalitaire de Brissot tant celle en faveur des esclaves que celle beaucoup plus énergique des hommes de couleur libres. Amar n'avait de ce fait pas la caution de Robespierre contrairement à ce qu'affirma Brissot<ref>Mémoires de Brissot, tome 2, 1912 Modèle:P., annoté par Claude Perroud.</ref>. Car en Modèle:Date-, Robespierre qui attaquait l'anti-esclavagisme des girondins, était influencé par Janvier Littée, un député de la Martinique mulâtre (donc bénéficiaire de la loi égalitaire du Modèle:Date-, que Robespierre avait louée, on s'en souvient) et esclavagiste.

Guerre à l'aristocratie de la peau

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Portrait de Jean-Baptiste Belley par Girodet-Trioson, 1798.
Musée de l'Histoire de France, Versailles.

Or, au contraire, les papiers de la Commission Courtois montrent qu'en messidor an II (Modèle:Date-), quelques semaines avant sa mort, Robespierre, par l'intermédiaire de son bureau de police et de l'agent Claude Guérin, surveillait ce député et ses accointances avec deux intrigants de Saint-Domingue, Page et Brulley, en prison depuis le 17 ventôse an II (Modèle:Date-)<ref name="Jean-Daniel Piquet 2001">Modèle:Harvsp.</ref>. Les mêmes papiers signalent que dans sa correspondance avec Robespierre, son agent Jullien de Paris, alors en mission avec Prieur de la Marne, lui avait, en Modèle:Date-, annoncé l'arrivée prochaine à Paris de trois députés de Saint-Domingue – un blanc, Louis-Pierre Dufay, un mulâtre, Jean-Baptiste Mills, et un noir, Jean-Baptiste Belley, élus dans la colonie après l'abolition de l'esclavage par Sonthonax en Modèle:Date-<ref>Cette lettre est la seule pièce de la correspondance Jullien - Robespierre, absente de la première édition en 1795 des papiers de la commission Courtois. L'historien Jean-Daniel Piquet pense que les thermidoriens cherchaient à dissimuler l'antiesclavagisme passé des Robespierristes ; Jean-Daniel Piquet, L'émancipation des Noirs, op. cit.., p. 322 & 415-416 ; Modèle:Harvsp.</ref>. Deux d'entre eux (Dufay et Mills) furent alors arrêtés le 10 pluviôse an II-Modèle:Date- sur dénonciation des commissaires esclavagistes, Page et Brulley, auprès du Comité de sûreté générale (notamment Amar qui recevait souvent depuis Modèle:Date- les deux intrigants). Mais ils furent quatre jours plus tard libérés par le Comité de salut public après intervention de Belley et intégrés à la Convention, à la Montagne et au club des Jacobins. Après leur entretien avec Belley, les membres du Comité de salut public présents à Paris (à l'exception de Robert Lindet qui comme Amar au Comité de sûreté générale sympathisait avec Page et de Brulley) qualifièrent les Blancs de Saint-Domingue de Modèle:Citation, d'aristocrates et assimilèrent les Noirs de Saint-Domingue aux patriotes des colonies<ref>Modèle:Article.</ref>,<ref>Modèle:Harvsp.</ref>,<ref name="Jean-Daniel Piquet 2001" />,<ref>Florence Gauthier, « Inédits de Dufay, Santerre, et L. Leblois au sujet de l’arrivée de la députation de Saint-Domingue à Paris », Annales historiques de la Révolution française, numéro spécial « Révolutions aux colonies », 1993, p. 514-518 ; Modèle:Article.</ref>. Modèle:Refnec

Le 8 germinal an II (Modèle:Date-), Dufay, Mills et Belley écrivirent au Comité de salut public une lettre précisant leurs requêtes quant à l'exécution de l'abolition de l'esclavage qui partit le 23 germinal an II (Modèle:Date-). Mais ils s'inquiétaient surtout du décret relatif aux modalités d'arrestation de Léger-Félicité Sonthonax, et de Étienne Polverel, mis en accusation le Modèle:Date- pour avoir été girondins. Il s'agissait pour Dufay, Mills et Belley d'évincer de la commission le créole Simondes, un proche de Page et de Brulley. Après enquête, le 22 germinal (Modèle:Date-) Robespierre cosigna avec Barère, Carnot et Collot d'Herbois un arrêté de mise à exécution de l'injonction<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Simondes fut ainsi remplacé par le capitaine Chambon. Le lendemain 23 germinal- Modèle:Date- le décret d'abolition lui-même à mettre à exécution à Saint-Domingue par le même capitaine Chambon, est signé par Barère, Collot d'Herbois, Carnot et cette fois-ci Billaud-Varenne. Mais le 3 floréal an II-Modèle:Date-, tous les cinq ainsi que Prieur de la Côte d'Or signent pour les petites Antilles françaises - Guadeloupe, Martinique, Sainte-Lucie - la nomination d'un troisième commissaire, Sijas, sur demande des deux autres, Victor Hugues et Pierre Chrétien. Ceux-ci jugèrent (par lettre du 26 germinal an II- Modèle:Date- adressée en deux exemplaires à Barère et Billaud-Varenne) pour eux la tâche trop ardue « à l'échelle de trois grands colonies séparées par des bras de mer », souhaitaient se prémunir d'une catastrophe en cas de mort ou de maladie de l'un d'entre eux et demandaient à être arbitrés et départagés par un tiers en cas de divergence. Mais l'ordre arriva trop tard et Sijas ne put embarquer<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. On relève aussi que Robespierre ne signa pas la veille, 2 Floréal an II-Modèle:Date-, l'ordre de suspension d'envoi du décret d'abolition aux Mascareignes, pourtant signé par les cinq autres collègues du CSP<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Or le 6 thermidor an II (Modèle:Date-), Robespierre eut une assez violente altercation publique au club des jacobins avec le député créole des Mascareignes, Benoît-Louis Gouly, esclavagiste camouflé. Toutefois, il n'y était pas question de l'oppression des Noirs mais de grossières flagorneries que ce député suspect aurait formulées à l'égard de Robespierre à propos d'une conspiration que ce dernier dénonçait. Mais le 23 avril 1794 les trois députés de Saint Domingue, lui avaient écrit personnellement une lettre à la fois chaleureuse en souvenir de son attitude passée ferme et courageuse à l'assemblée constituante le 15 mai 1791, vis-à-vis de "l'ami du peuple de Saint-Domingue" et inquiète quant à la nécessité de vaincre les réticences dans l'application du décret de pluviôse an II qu'ils ressentaient chez un Barère, un Lindet, un Amar ou un Rewbell <ref> Jean-Daniel Piquet, "Jean-Baptiste Belley et Louis Dufay : souvenir et oubli en l’an III d’une lettre à Maximilien Robespierre, « L’ami du seul peuple de Saint-Domingue… c’est-à-dire les jaunes et les noirs »", Revue Tierce Université de Poitiers 2021-1, 8 mars 2022 »</ref>. Belley pouvait se sentir concerné par l'amendement Rewbell du 15 mai 1791 qui l'avait discriminé en sa qualité d'affranchi et que Robespierre avait tenté de faire annuler. Aussi à contre-courant de la mode thermidorienne, Jean-Baptiste Belley instrumentalisa-t-il en l'an III, dans ses réponses aux insultes écrites négrophobes de Gouly, la réaction de Robespierre<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Quant à la deuxième phrase écrite en privé pendant la crise des factions, elle peut aussi lui avoir été à nouveau influencée par Janvier Littée, mais elle fut de toute façon supprimée par Saint-Just quand il mit au propre les notes de son ami contre les Dantonistes pour son réquisitoire du 11 germinal an II (Modèle:Date-), sans que leurs relations en fussent troublées. Saint-Just, qui connaissait d'ailleurs Page et Brulley pour s'être souvent entretenu avec eux<ref>Yves Bénot, « Le rapport Saint-Just sur les colonies », dans Modèle:Ouvrage.</ref>, n'en signa pas moins avec Collot d'Herbois, au nom du Comité de salut public, l'ordre d'arrestation des deux colons, le 17 ventôse an II (Modèle:Date-) sur requête le 6 ventôse (Modèle:Date-) de la députation de Saint-Domingue<ref name="Gauthier_1995">Bibliothèque Persée : Modèle:Article.</ref>. La Convention nationale vota le 19 ventôse an II (Modèle:Date-), à l'encontre des colons esclavagistes, le décret suivant : Modèle:Citation<ref name="Gauthier_1995" />. Les dossiers de la police générale Modèle:Citation<ref name="Jean-Daniel Piquet 2001" />. À partir d'avril deux membres du comité de salut public en mission dans les ports de l'Ouest de la France, Prieur de la Marne et Jeanbon Saint-André, agirent en ce sens à Nantes et à Brest<ref>Jean-Daniel Piquet, L'émancipation des Noirs... op.cit. Modèle:P..</ref>,<ref>Claire Blondet, « Quand les terroristes font le procès du colonialisme esclavagiste, les esclavagistes organisent son oubli » Florence Gautier (dir) Périssent les colonies plutôt qu'un principe ! Contributions à l'histoire de l'abolition de l'esclavage, Paris, Société des Études robespierristes, 2002, Modèle:P..</ref>. Enfin dans le climat jacobin d'alors de février à la fin Modèle:Date- la Convention reçut en provenance de la France entière plusieurs centaines de lettres de félicitations pour l'abolition de l'esclavage et de dizaines d'annonces de fêtes de cette même émancipation, organisées souvent sous la houlette de représentants en mission. La Convention thermidorienne arrêta, immédiatement après la chute de Robespierre, ces annonces et lectures d'adresses de félicitations<ref>Jean-Claude Halpern, « Sans-culottes et ci-devant esclaves », in Esclavage, colonisation libération nationales, Paris, L'Harmattan, 1990, Modèle:P. ; Florence Gauthier, Triomphe et mort op cit, Le premier a recensé 356 adresses félicitant « la Montagne » ; la seconde à partir de la même source 593 félicitant « la Convention », Modèle:P..</ref>. Le 21 ventôse an II-Modèle:Date- deux représentants en mission, Adam Pfiegler à Châlons-sur Marne, Joseph Fouché à Lyon, informèrent par lettre le CSP de l'organisation de fêtes de l'abolition de l'esclavage. Le 20 prairial un colon de Saint-Domingue, Thomas Millet, détenu à la prison des Carmes, protesta par une lettre envoyée également au comité de salut public contre le dévoiement de la fête de l'Être Suprême : la présence de Dufay « agent de Pitt » et le soutien aux esclaves noirs insurgés. Cas unique à ce jour d'un colon esclavagiste qui ait perçu en Robespierre, de son vivant même, et non après sa mort dans le contexte des polémiques thermidoriennes, comme un partisan et acteur de l'application du décret du 16 pluviôse an II<ref>Jean-Daniel Piquet, « Le Comité de Salut Public et les fêtes sur la liberté des Noirs : Châlons-sur-Marne, Lyon, L'Être Suprême à Paris », A.H.R.F, Modèle:N°, avril/juin 1999, Modèle:P..</ref>.

L'Être suprême

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Fête de l’Être suprême au Champ de Mars, le 20 prairial an II, toile de Pierre-Antoine Demachy en 1794 (Musée Carnavalet, Paris).

Robespierre n'a jamais caché sa foi, commune à l'époque, en un Être suprême. Dès le Modèle:Date-, aux Jacobins, Guadet lui avait fait un crime d'invoquer la Providence – les Girondins ne lui pardonnaient pas d'être le principal opposant à leur projet guerrier. Loin de se dérober, il assuma<ref name="être suprême">Albert Mathiez, « Robespierre et le culte de l'Être suprême », Études sur Robespierre, Messidor/Éditions sociales, 1988, Modèle:P..</ref> : Modèle:Citation bloc

À l'automne 1793, il se jette en travers de la vague déchristianisatrice. Les 21 et Modèle:Date-, aux Jacobins, il dénonça la déchristianisation comme une manœuvre contre-révolutionnaire<ref>Œuvres de Maximilien Robespierre, tome X, Modèle:P..</ref>.

Déjà, le Modèle:Date-, le Comité (Collot-d'Herbois, Robespierre, Carnot et Billaud-Varenne) avait écrit à André Dumont, représentant dans la Somme et l'Oise : Modèle:Citation Tout est dans cette lettre. La déchristianisation violente allait non seulement à l'encontre du principe de liberté des cultes mais risquait d'allumer partout de nouvelles Vendée. Les représentants en mission signalèrent des incidents à Mantes, Versailles, Corbeil, dans plus de 50 communes aux alentours de Coulommiers, à Rouen, à Meymac (en Corrèze, où 3 à Modèle:Unité s’insurgèrent le Modèle:Date-), à Poitiers, Metz, Tulle, La Charité, Périgueux, Montpellier, Troyes, Sézanne (dans la Marne), Château-du-Loir (dans la Sarthe), Dourdan (près de Versailles), à Dole et dans tout le Jura, à Argent et dans le Cher, dans la Haute-Vienne, dans le Gers, la Nièvre, en Eure-et-Loir, en Ariège, en Seine-et-Oise, dans le Gard, l’Aveyron, la Lozère, les Ardennes, le Mont-BlancModèle:Etc.<ref>Alphonse Aulard, Recueil des Actes du Comité de salut public avec la correspondance des représentants en mission.</ref>. Le risque d'embrasement était réel.

Le Modèle:Date-, Robespierre entraîna la Convention à défendre Modèle:Citation, sans du reste Modèle:Citation<ref>Journal des Débats & Décrets, Œuvres de Maximilien Robespierre, Tome X, Modèle:P..</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Le Modèle:Date-, de Cassel, Hentz et Florent-Guiot, représentants à l'armée du Nord, écrivirent au Comité : Modèle:Citation

Ceci étant, la déchristianisation n'était pas un mouvement athée. Le culte de la Raison, qui l'accompagnait, n'était rien moins que le culte de l'Être suprême<ref name="être suprême"/>. Le Modèle:Date-, lors d'une fête de la Raison, à Paris, dans l'église Saint-Roch, l'orateur déclara : Modèle:Citation Nombre de lettres de représentants en mission attestent le même sentiment. Un seul exemple suffira, celui de Cavaignac et Dartigoeyte, ardents déchristianisateurs, qui, le Modèle:Date- (donc bien avant la prise de position de Robespierre), de Auch, avaient envoyé à la Convention les déclarations de plusieurs prêtres, dont celle de Michel Ribet, professeur de philosophie, qui renonçait à ses fonctions, reconnaissant Modèle:Citation.

Fichier:Fête de l'Etre suprême 1.jpg
Vue du jardin national et des décorations, le jour de la fête célébrée en l’honneur de l’Être suprême (Musée Carnavalet, Paris).

Mais la déchristianisation, ayant entraîné le Modèle:Date- l'adoption du calendrier républicain posait un autre problème, celui du remplacement des semaines de 7 jours par 3 décades de 10 jours, et donc le remplacement du dimanche par le décadi. Le Modèle:Date-, d'Auch, Dartigoeyte écrivit au Comité : Modèle:Citation Cette lettre était la première d'une longue série. Nombre de représentants signalèrent la nécessité de meubler le décadi et d'organiser les fêtes décadaires. Le Modèle:Date-, alors que la lettre de Dartigoeyte n'était pas encore arrivée, Musset et Delacroix, à Versailles, écrivirent au Comité : Modèle:Citation

Fichier:Le peuple français reconnaît l'être suprême.jpg
Le peuple français reconnaît l'être suprême et l'immortalité de l'âme, estampe anonyme, 1794, Paris, BnF, département des estampes et de la photographie.

Le comité d'instruction publique s'était déjà saisi du dossier. Dès le Modèle:Date- (21 nivôse), il avait adopté, sur un rapport du député Mathieu (de l'Oise), qu’« il y aura des fêtes révolutionnaires qui perpétueront les événements les plus remarquables de la Révolution », disposition déjà adoptée en principe le Modèle:Date- (13 nivôse)<ref>Procès-verbaux du Comité d’Instruction publique de la Convention nationale, tome III, Modèle:P..</ref>,<ref name="être suprême"/>. Le Modèle:Date- (3 pluviôse), Mathieu fit un rapport au comité d’instruction publique sur les fêtes décadaires<ref>Procès-verbaux du Comité d’Instruction publique de la Convention nationale, tome III, Modèle:P..</ref>,<ref name="être suprême"/>. Le Modèle:Date- (9 ventôse), le comité d'instruction publique distribua aux députés de la Convention un projet de fêtes décadaires préparé par Mathieu (de l'Oise), dont l'article 5 portait : « Ces fêtes, instituées sous les auspices de l’Être-suprême, auront pour objet de réunir tous les citoyens, de leur retracer les droits et les devoirs de l’homme en société, de leur faire chérir la nature et toutes les vertus sociales<ref>Procès-verbaux du Comité d’Instruction publique de la Convention nationale, tome III, Modèle:P..</ref>. » Le Modèle:Date- (11 germinal), le comité d'instruction publique autorisa Matthieu à se concerter avec le comité de salut public au sujet de ce plan. Le Modèle:Date- (17 germinal), Couthon annonça à la Convention que le Comité de salut public lui présenterait sous peu de jours « un projet de fêtes décadaires dédiées à l’Éternel, dont les Hébertistes n’ont pas ôté au peuple l’idée consolante ». Et le Modèle:Date- (18 floréal), Robespierre fit son fameux rapport sur les idées religieuses et morales qui, pour finir, reprenait dans les grandes lignes, en le simplifiant, le projet de Matthieu (de l'Oise) sur les fêtes décadaires. L'article premier portait : « Le peuple français reconnaît l’existence de l’être suprême, et l’immortalité de l’âme », les articles 6, 7 et 15 : Modèle:Citation bloc

Ce rapport, diffusé par le Comité de salut public à des centaines de milliers d'exemplaires<ref group="n">Voir Alphonse Aulard, les Actes du Comité de salut public. Le 9 mai, Modèle:Citation Signé : B. Barère, Billaud-Varenne, Collot-d’Herbois (tome XIII, Modèle:P., no 4). Le 11 mai, Collot-d’Herbois arrêta « que le citoyen Nicolas fera imprimer quinze mille exemplaires du discours de Robespierre du 18 floréal, in-12, et quinze mille format in-8, dont il fournira mémoire » (tome XIII, Modèle:P.). Le 12 mai, le Comité (Couthon, Robespierre, Collot-d’Herbois et B. Barère) « arrête qu’au frontispice des édifices ci-devant consacrés au culte on substituera à l’inscription : Temple de la Raison, ces mots de l’article Modèle:1er du décret de la Convention nationale du 18 floréal : Le Peuple français reconnaît l’Être suprême et l’Immortalité de l’âme. Le Comité arrête pareillement que le rapport et le décret du 18 floréal seront lus publiquement les jours de décade pendant un mois dans les édifices. Les agents nationaux près les communes de la République sont chargés de l’exécution du présent arrêté : ils en rendront compte sans délai au Comité. – Écrit par Couthon (tome XIII, Modèle:P., no 1). Le 24 juin, le Comité (B. Barère) autorisa le citoyen Smits, Modèle:Citation, à imprimer Modèle:Unité du rapport de Robespierre (tome XIV, Modèle:P., no 2). Le 24 juillet (6 thermidor), le Comité (B. Barère, Carnot, Billaud-Varenne et Collot-d’Herbois) chargea Rühl de diffuser la traduction en allemand de ce rapport dans les départements du Haut et du Bas-Rhin et dans quelques districts de la Moselle et de la Meurthe (tome XV, Modèle:P., no 7).</ref>, fut accueilli dans toute la France avec un enthousiasme inimaginable. La Convention croula sous les félicitations. Rares furent cependant les félicitations adressées directement à Robespierre qui, à cette occasion, avait été l'organe du comité de salut public, lequel, pour tous, était lui-même l'organe de la Convention. Néanmoins, quatre jours avant la fête de l'Être suprême, prévue le 20 prairial (Modèle:Date-), celle-ci l'élut à l'unanimité à sa présidence, ce qui l'amena à présider la fête.

On parle souvent de « culte de l'Être suprême », comme si le décret du 18 floréal instituait une nouvelle religion, voire un culte de la personnalité. En fait, la fête annuelle de l'Être suprême ne se différenciait guère des fêtes de la Raison, ni dans les discours ni dans les décors ni dans le déroulement<ref group="n">Exemples parmi tant d’autres : le 13 novembre 1793, de Périgueux, Roux-Fazillac avait écrit à la Convention : Modèle:Citation Le Modèle:1er décembre 1793, Dumont, représentant dans la Somme, avait écrit à la Convention : Modèle:Citation Le 3 décembre, d’Arles, Goupilleau (de Montaigu), chargé de la levée des chevaux, écrivit à la Convention : Modèle:Citation Voir Alphonse Aulard, Recueil des actes du Comité de salut public avec la correspondance officielle des représentants en mission, tome VIII, Modèle:P. ; tome IX, Modèle:P., 144.</ref>, comme l'attestent les tableaux d'époque. Mais le terme Modèle:Citation ne prêtait plus à confusion, contrairement à « Raison », ce qui explique sa popularité dans tous les milieux. Cette fête, organisée à Paris par Jacques-Louis David, fut en effet la plus somptueuse, la plus grandiose de la Révolution. À Paris, qui comptait alors 600 000 âmes, la fête réunit, d'après un contemporain, plus de Modèle:Unité<ref>Raymond Aubert, Journal d’un bourgeois de Paris sous la Révolution, Modèle:P.. Nicolas Célestin Guittard : Modèle:Citation.</ref>. Ce chiffre paraît improbable ; du moins témoigne-t-il du succès indiscutable de cette fête. L'impression fut si forte que Jacques Mallet du Pan, rapporteur pour les Cours étrangères, écrivit : Modèle:Citation.

Le seul point noir de cette fête furent les invectives de quelques députés, le dantoniste Laurent Lecointre en tête, contre Robespierre qui marchait devant eux en tant que Président de la Convention. Ils le traitèrent notamment de Modèle:Citation. Ces paroles insignifiantes, noyées dans la foule, mais que Robespierre semble avoir entendues, traversèrent l'histoire et arrivèrent jusqu'aux oreilles de Jules Michelet qui, viscéralement hostile à Robespierre, ne vit plus en lui que le Pontife de l'Être suprême, ne trouvant pas de meilleur moyen pour le discréditer. Alphonse Aulard reprit à son compte le procédé, inauguré par les Girondins<ref>Cf. Alphonse Aulard, Les Grands orateurs de la Révolution, Mirabeau, Vergniaud, Danton, Robespierre.</ref>. C'est oublier un peu vite que la croyance en un Être suprême n'était pas une exclusivité de Robespierre, que la fête de l'Être suprême ne fut pas son invention, et que ni cette croyance ni ces fêtes ne disparurent avec lui<ref name="être suprême"/>. Par ailleurs le 26 Floréal II-Modèle:Date- au club des Jacobins contre certains soutiens zélés en provenance du député montagnard de la Corrèze, Jacques Brival, Robespierre prit la défense d'un autre député montagnard du Morbihan présent, Joseph Lequinio, qui avait plaidé l'athéisme en novembre 1792 dans son livre Les Préjugés détruits. Selon l'Incorruptible la Convention ne devait pas surveiller les consciences de chacun. Il fallait considérait-il distinguer « opinions personnelles » et « morale publique » ; Lequinio était à ce titre un bon patriote<ref>Robespierre, " Œuvres", tome X, p. 468-469 ; Françoise Brunel, "Lequinio", Albert Soboul (dir)Dictionnaire historique de la révolution française Paris, PUF, Modèle:P..</ref>. Les déclarations des droits de 1789, 1793 et 1795 sont toutes trois placées sous les auspices de l'Être suprême. Le Journal de la Montagne du 22 messidor an II-Modèle:Date- rendit compte de la fête de l'Être Suprême à Brest par son collègue du Comité de Salut Public, Prieur de la Marne, placée sous l'angle de l'universalité des principes dont la liberté des Noirs qui sera maintenue après Thermidor jusqu'en 1802<ref>Jean-Daniel Piquet, "Robespierre et la liberté"... art. cit., Modèle:P. ; Claire Blondet, "Quand les terroristes font"..., art. cit. Modèle:P..</ref>.

La chute

Modèle:Article détaillé Deux attentats sont réputés avoir été perpétrés contre Robespierre. Le premier est dû au royaliste Henri Admirat qui, le Modèle:Date-, aurait suivi Maximilien de Robespierre et, par suite de hasards, ne réussissant pas à le rencontrer, avait déchargé en vain un ou deux coups de pistolets – les versions divergent – sur Jean-Marie Collot d'Herbois. Il fut arrêté, mis au secret et exécuté, sans jamais pouvoir s'expliquer publiquement, en compagnie d’un groupe de personnes qu’il ne connaissait pas, mais que l’onModèle:Qui accusa d’avoir comploté avec luiModèle:Note.

Fichier:Cécile Renault arrêtée chez Robespierre.jpeg
Cécile Renault arrêtée devant le domicile de Robespierre
(Paris, BNF, département des estampes).

L'autre, fut celui prêté à Cécile Renault, jeune fille qui fut accusée d'être une seconde Charlotte Corday. Le Modèle:Date-, la jeune fille avait quitté son domicile de l'île de la Cité avec des garnitures destinées à la robe que sa couturière, demeurant rue des Deux-Ponts, lui confectionnait. C'est rue des Deux-Ponts, dans l'île Saint-Louis (loin de chez Robespierre), que Cécile Renault disparut assez mystérieusement pour réapparaître quatre heures plus tard dans les locaux de la police politique, qui a cherché à prouver qu'elle désirait assassiner Robespierre. Selon des procès-verbaux d'interrogatoire signés d'une croix, Cécile Renault aurait avoué s'être rendue chez Robespierre, rue Saint-Honoré. Contrairement à ce qu'indiquent de nombreux auteurs, comme Jean-François Fayard<ref>Modèle:Ouvrage.</ref> ou Gérard Walter, il n'existe aucune source selon laquelle Éléonore Duplay, la jugeant suspecte, l’aurait empêchée d’entrer et aurait appelé la garde. Emmenée au Comité de sûreté générale, où elle fut interrogée, Cécile Renault ne s'expliqua ni sur ses motivations ni sur l'acte lui-même qui reposait uniquement sur la déclaration d'agents du Comité de sûreté générale et du Tribunal révolutionnaire<ref>Sur l'épisode Cécile Renault, voir Modèle:Ouvrage ; Modèle:Ouvrage, deuxième partie, chapitre VI, sous-partie « Ombres de prairial ».</ref>. Elle fut néanmoins condamnée à mort sans avoir pu s'expliquer publiquement, en même temps que sa famille, qui avait été arrêtée et placée au secret immédiatement après son arrestation.

Au printemps, Robespierre fut la cible de collègues de la Convention, anciens dantonistes comme Bourdon de l'Oise ou envoyés en mission rappelés à Paris comme Fouché et Barras, animés par la crainte ou un esprit de revanche, mais aussi du Comité de sûreté générale, qui lui reprochait la création du Bureau de police générale – habilité à prononcer des relaxes et destiné à diminuer l'influence de ce Comité – et la fête de l'Être suprême. Enfin, des conflits l'opposèrent à des membres du Comité de salut public.

Le 27 prairial (Modèle:Date-), Vadier présenta à la convention un rapport sur une prétendue Modèle:Citation – l'affaire Catherine Théot –, montée de toutes pièces par le Comité de sûreté générale, et obtint le renvoi de la prophétesse et de dom Gerle devant le Tribunal révolutionnaire. À travers cette Modèle:Citation, il visait Robespierre et le Modèle:Citation<ref name="Théot">Modèle:Harvsp.</ref> – mais aussi, selon Claude François Beaulieu, Modèle:Citation. Après s'être fait remettre, le soir même, le dossier de l'affaire par René-Dumas et Antoine Fouquier-Tinville, Robespierre obtint de ses collègues du Comité de salut public, le 29 prairial (Modèle:Date-), qu'un nouveau rapport serait présenté à la Convention et qu'il en serait chargé. Le 9 messidor (Modèle:Date-), il réclama la révocation de Fouquier-Tinville, trop lié à ses yeux au Comité de sûreté générale. Le lendemain, lors de la séance du Comité de salut public, réunissant Barère, Billaud-Varenne, Carnot, Collot-d'Herbois, Robert Lindet, Robespierre et Saint-Just (arrivé à Paris dans la soirée), cette demande fut refusée. Gérard Walter suppose également que Robespierre put donner lecture de son projet de rapport. Toujours est-il que la conversation dégénéra, des critiques lui furent adressées, peut-être sur son rapport, et il fut traité de Modèle:Citation. Selon le député René Levasseur, il serait alors sorti en s'écriant : Modèle:Citation, suivi de Saint-Just<ref name="Théot"/>.

Fichier:Discours de Robespierre du 26 juillet 1794 1 - Archives Nationales - 683AP-1-dossier 12.jpg
Discours de Robespierre du Modèle:Date-, Archives nationales.

À partir de ce jour, Robespierre cessa d'assister aux réunions du Comité, jusqu'au 5 thermidor (Modèle:Date-)<ref name="Théot"/>. En revanche, il continua de prendre part aux séances de la Convention et surtout des jacobins, où il avait de vrais amis et de solides soutiens.

Après un long silence, une tentative de conciliation fut orchestrée par Saint-Just et Barère le 5 thermidor (Modèle:Date-). Durant cette réunion, Billaud-Varenne, qui avait précédemment traité Robespierre de Modèle:Citation, lui dit : Modèle:Citation, et il fut décidé que Saint-Just présenterait un rapport sur la situation de la République. Robespierre se rendit finalement devant la Convention, où il mit au jour les attaques dont il était victime et proposa de modifier la composition des comités de salut public et de sûreté générale, et de subordonner le second au premier, le 8 thermidor (Modèle:Date-).

Ce 8 thermidor (Modèle:Date-), une violente polémique l'oppose à Pierre-Joseph Cambon sur le coût pour les finances publiques de l'affaire dite des rentes viagères<ref>François Hincker, « L'affrontement Cambon-Robespierre le 8 Thermidor », dans Modèle:Harvsp, Modèle:Lire en ligne.</ref>, que Cambon veut liquider, ce qui risque de jeter des « bons citoyens » dans le champ de l'anti-Révolution selon Robespierre.

D'abord applaudi, le discours de Robespierre suscita finalement l'inquiétude parmi la Convention travaillée par les adversaires de Robespierre, qui finirent par obtenir le soutien du groupe du Marais, peu soucieux, après la victoire de Fleurus, le Modèle:Date-, de maintenir le gouvernement révolutionnaire et le dirigisme économique.

Le 9 Thermidor an II (Modèle:Date-), Robespierre fut empêché de s’exprimer à la Convention et invectivé de toutes parts quand un des représentants « à mauvaise conscience », Louis Louchet, qui était proche de Fouché, demanda le décret d’accusation contre lui. La proposition fut votée à main levée et Robespierre arrêté en compagnie de Louis Antoine de Saint-Just et de Georges Couthon. Augustin Robespierre et Philippe-François-Joseph Le Bas se joignirent volontairement à eux et le groupe fut emmené par les gendarmes. Toutefois, aucune prison n'accepta d'enfermer les prisonniers, qui se retrouvèrent libres à l'Hôtel de Ville de Paris. La Commune de Paris avait fait sonner le tocsin et s'apprêtait à l'insurrection, mais Robespierre tergiversa à donner l'ordre du soulèvement. Affolés, les députés votèrent sa mise hors-la-loi, ce qui équivalait à une mort sans procès. La nuit avançant et l'ordre d'insurrection ne venant pas, les rangs de la Commune finirent par se clairsemer et, le 10 thermidor, vers deux heures du matin, une troupe dirigée par Paul Barras fit irruption dans l'Hôtel de Ville sans rencontrer beaucoup de résistance.

Lors de cette arrestation mouvementée, Le Bas se suicide et Augustin de Robespierre saute par la fenêtre et se brise la jambe. Maximilien, lui, est gravement blessé à la mâchoire sans que l'on sache précisément si c'est le gendarme Charles-André Merda dit Méda<ref>Modèle:Harvsp.</ref>,<ref group="n">Selon Bronislaw Baczko, Merda est rebaptisé Méda « lors de sa présentation à la Convention, pour éviter le ridicule » (Modèle:Chapitre).</ref> qui lui a tiré dessus ou s'il s'agit d'une tentative de suicide.

Modèle:Images

L'exécution

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Exécution de Robespierre et de ses complices conspirateurs contre la liberté et l'égalité : vive la Convention nationale qui par son énergie et surveillance a délivré la République de ses tyrans, estampe anonyme, 1794, Paris, BnF, département des estampes et de la photographie.
Fichier:Berthault - Verhaftung des Robespierre.jpg
Robespierre amené blessé, dans l'anti-salle du Comité de salut public, le Modèle:Date-, ou 10 Thermidor An Modèle:II. Gravure de Berthault d'après un dessin de Duplessis-Bertaux, Collection complète des tableaux historiques de la Révolution française, 1802, Paris, BnF.

Modèle:Article détaillé

Le lendemain après-midi, les prisonniers furent conduits au Tribunal révolutionnaire, où Fouquier-Tinville fit constater l’identité des accusés, qui, mis hors la loi, ne bénéficiaient pas de procès.

Ainsi, Robespierre fut condamné sans procès et guillotiné l'après-midi même du 10 thermidor, sous les acclamations de la foule, en compagnie de vingt et un de ses amis politiques, dont Saint-Just et Couthon ainsi que son frère, Augustin Robespierre. Les vingt-deux têtes furent placées dans un coffre en bois, et les troncs rassemblés sur une charrette. On jeta le tout dans une fosse commune du cimetière des Errancis et l’on répandit de la chaux, afin que le corps du « tyran » Robespierre ne laissât aucune trace. Le lendemain et le surlendemain, quatre-vingt-trois partisans de Robespierre furent également guillotinés. Une épitaphe courut à son sujet<ref>Alissan de Chazet, Memoires, souvenirs, œuvres et portraits, page 28, chez Postel, 1837</ref> : <poem class="center"> Passant, ne pleure point mon sort Si je vivais, tu serais mort.</poem>

En 1840, des partisans de Robespierre fouillèrent le sol du cimetière des Errancis, alors fermé depuis une trentaine d’années, sans découvrir aucun corps.

Sa chute contribua, dans les jours et semaines qui suivirent, à un démantèlement progressif du gouvernement révolutionnaire, emporté par la réaction thermidorienne : adoption, dès le 11 thermidor, du renouvellement par quart tous les mois des comités (les membres étant inéligibles pendant un mois) ; nomination de dantonistes et de modérés au sein des comités de salut public et de sûreté générale ; rattachement, le Modèle:1er fructidor (Modèle:Date-), de chacune des douze commissions exécutives remplaçant depuis le Modèle:1er floréal (Modèle:Date-) le Conseil exécutif aux douze principaux comités, et non plus au seul comité de salut public, et cantonnement des compétences de ce dernier et du comité de sûreté générale aux domaines de la guerre et de la diplomatie, pour l'un, de la police, pour l'autre (le comité de législation récupérant l'administration intérieure et la justice) ; suppression de la loi de Prairial ; réduction du nombre de comités de surveillance révolutionnaire à un par district en province et douze à Paris (au lieu de quarante-huit), limitation de leurs prérogatives et modification des conditions d'accès dans un sens défavorable aux sans-culottes<ref>Denis Woronoff, La République bourgeoise de Thermidor à Brumaire, 1794-1799, tome 3 de la Nouvelle histoire de la France contemporaine, Le Seuil, coll. Points Histoire, 2004, Modèle:P..</ref>. Ce démantèlement du système de l'an II, et particulièrement de l'appareil répressif n'aboutit pas, cependant, à la mise en accusation de tous ceux qui avaient organisé la Terreur et en avaient largement profité en mettant la main sur les biens des nobles et des banquiers exécutés, ces derniers chargeant Robespierre de tous leurs méfaits et n'hésitant pas à falsifier les documents historiques. La chute de Robespierre conduisit également à la remise en cause de la politique dirigiste, démocratique et sociale pratiquée par ce gouvernement afin de satisfaire le mouvement populaire des sans-culottes<ref>Roger Dupuy, La République jacobine: Terreur, guerre et gouvernement révolutionnaire (1792-1794), Le Seuil, coll. Points Histoire, 2005, considère, Modèle:P., que Robespierre s'était efforcé de maintenir l'alliance de la Convention avec le mouvement populaire des sans-culottes, dont les effectifs devaient permettre d'assurer le triomphe de la Révolution, en tentant de la concilier avec la constitution d'une armée efficace et le renforcement du pouvoir central, tous deux nécessaires pour faire face à la menace extérieure et intérieure.</ref>.

Dès sa chute, tous les Duplay furent emprisonnés ; la femme de Maurice Duplay, âgée de cinquante-neuf ans, fut, quant à elle, retrouvée pendue dans son cachot le 11 thermidor. Éléonore Duplay ne se maria jamais et vécut le reste de sa vie dans le regret de son grand homme.

Modèle:Images

Culture philosophique et politique

Robespierre a subi l'influence intellectuelle de l'esprit des lois de Montesquieu. Il était fasciné par l'histoire politique de la Rome antique, ce qui est attesté par des discours émaillés de métaphores antiques qui exaltent l'héroïsme de Caton et de Brutus<ref>Nizar Ben Saad, Machiavel en France, des Lumières à la Révolution, Paris, L'Harmattan, 2007, Modèle:ISBN, Modèle:P..</ref>.

Mais le fondement essentiel de la culture politique de Robespierre, devenu député d'Arras, réside dans l'œuvre de Jean-Jacques Rousseau. Il s'est profondément inspiré du contrat social, ainsi que de l'article « Économie politique » de l'Encyclopédie, où l'on voit Machiavel dénoncer la tyrannie. Il reste attaché à la parole de son maître Rousseau qui a défendu Le Prince de Machiavel, d'où il ressort une manière de concevoir le rapport entre morale et politique chez Robespierre qui associe l'immoralité au despotisme<ref>Nizar Ben Saad, Machiavel en France, des Lumières à la Révolution, Paris, L'Harmattan, 2007, Modèle:ISBN, Modèle:P..</ref>.

Robespierre est à l'origine de la fête de l'Être suprême (voir paragraphe Être suprême). Bien que certains thèmes maçonniques soient discernables dans les festivités du 20 prairial an Modèle:II, notamment par le biais de la terminologie employée (allusions à l’Univers, au Temple de l’Être suprême, aux nœuds de la fraternité universelle, etc.), Robespierre lui-même n'a pas intégré la franc-maçonnerie, contrairement à certains membres de son entourage<ref>Modèle:Chapitre.</ref> comme Georges Couthon<ref>Modèle:Article.</ref>.

Historiographie

Modèle:Article détaillé

Fichier:La Queue de Robespierre - pamphlets.jpg
Dans son pamphlet thermidorien La Queue de Robespierre publié le Modèle:Date républicaine, Méhée de La Touche dénonce les Modèle:Citation Robespierre (Collot d’Herbois, Billaud-Varenne, Vadier...) comme des terroristes sanguinaires. Le succès de ce libelle se fonde Modèle:Citation, tant et si bien qu'il engendre une vingtaine de suites, reprises et réponses<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Au lendemain du 9 Thermidor, devant des manifestations de sympathie à l'égard des vaincus – plusieurs suicides ou tentatives de suicide, apparition de chansons pleurant la mort de Robespierre, diverses manifestations d'hostilité à l'encontre de chanteurs antirobespierristes –, les Thermidoriens favorisèrent le développement d'une campagne de presse et de pamphlets à l'origine de la légende noire de Robespierre. Juste après l'exécution des robespierristes, Jean Joseph Dussault fit paraître dans plusieurs journaux un portrait dans lequel il tenta d'expliquer son ascendant par une capacité à profiter avec adresse de circonstances qu'il aurait été incapable de créer. Le lendemain, un article anonyme d'inspiration girondine le décrivit comme un mauvais patriote, protecteur des prêtres, fanatique lui-même, despote en devenir, insistant comme Dussault sur ses Modèle:Citation et Modèle:Citation. Le Journal de Perlet expliqua que Robespierre envisageait une nouvelle épuration qui l'aurait conduit vers le trône. Le Journal des Lois, peut-être le premier, tenta de le faire passer pour un Tartuffe et un Sardanapale, faisant de Cécile Renault une maîtresse délaissée dont il aurait voulu se débarrasser. Le Perlet évoqua de prétendues orgies dans une maison d'Issy et un projet de mariage avec Marie-Thérèse de France, destiné à le faire reconnaître comme roi. Cette dernière affirmation fut reprise par Barras à la barre de la Convention, qui présenta la fille de Louis XVI comme la maîtresse de l'Incorruptible. Dans son numéro du 7 fructidor (Modèle:Date-), le Journal des Lois accusa encore Robespierre d'être un affameur du peuple. Autre affirmation de cette presse : Robespierre aurait machiné, en accord avec les Modèle:Citation, la Terreur pour dégoûter les autres peuples des principes révolutionnaires<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Fichier:Rapport fait au nom de la Commission chargée de l'examen des papiers trouvés chez Robespierre et ses complices.jpg
Page de titre du Rapport fait au nom de la Commission chargée de l'examen des papiers trouvés chez Robespierre et ses complices. Établi par Edme-Bonaventure Courtois aux lendemains du Modèle:Nobr, le document est publié en 1795.

Une commission dirigée par Edme-Bonaventure Courtois fut chargée de donner rapport des papiers saisies chez les robespierristes, afin de donner corps aux accusations de conspiration qui avaient justifié leur mise en accusation. Celui-ci fut distribué aux députés le 28 pluviôse an III (Modèle:Date-), déclenchant aussitôt une vive polémique, de nombreuses pièces ayant disparu. Des députés s'étaient entendus avec Courtois pour faire disparaître des documents estimés compromettants. Par ailleurs, Courtois avait conservé des papiers, qui furent saisis à son domicile sous la Restauration<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Parallèlement, l'ancien constituant Pierre-Louis Roederer fit paraître une mince plaquette, le Portrait de Robespierre, rédigée à la hâte et signée Merlin de Thionville ; le premier, il considérait que le « cas Robespierre » tenait de la pathologie, celui d'un tempérament « mélancolique » devenu « atrabilaire ». En nivôse an III, Galart de Montjoie publia une Histoire de la conjuration de Maximilien Robespierre, biographie mêlant des « révélations » issues de la presse thermidorienne, des racontars issu des Actes des Apôtres et des résumés des comptes rendus parlementaires<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

En 1795 parut une brochure anonyme intitulée Vita del despota sanguinario della Francia Massimiliano Robespierre et traduite Modèle:Citation, sans doute rédigée par un ecclésiastique réfractaire réfugié en Italie. Le récit sur son enfance y était particulièrement fantaisiste, l'apparentant au régicide Damiens à la suite des Actes des Apôtres<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

À la même époque parut à Hambourg une brochure, La Vie et les crimes de Robespierre surnommé le Tyran, depuis sa naissance jusqu'à sa mort, œuvre de l'abbé Proyart signée « Modèle:M. Le Blond de Neuvéglise, colonel d'infanterie légère ». Si son information n'était pas toujours de première main et si Modèle:Citation, l'auteur réfutait plusieurs fables imprimées en France et à l'étranger<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Dans son histoire de la Révolution, Jacques Necker évoqua lui aussi Robespierre, qu'il avait connu au début de sa carrière politique et dont il n'envisageait pas sans amertume le degré d'élévation auquel il était parvenu, supérieur à celui de l'ancien ministre de Louis XVI. Le premier, il fit de Robespierre Modèle:Citation. Dans le même temps, il condamnait les inventions des thermidoriens et des émigrés, qui avaient échoué à percer le mystère de Robespierre. Autre ministre de Louis XVI, Antoine François Bertrand de Molleville s'attacha également à Modèle:Citation dans son Histoire de la Révolution de France, parue entre l'an IX et l'an XI. Jugeant son rôle Modèle:Citation, il ne trouva d'autre explication, pour justifier sa brusque élévation, que sa haine à l'égard d'un Ancien Régime qui ne laissait Modèle:Citation et sa lâcheté, qui l'incitait à commettre Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

En 1815 parurent trois ouvrages rédigés sous l'Empire mais saisis par la police : l’Histoire de la Révolution de l'abbé Papon, l’Essai historique et critique de la Révolution de Pierre Paganel et les Considérations de Germaine de Staël. Au contraire de leurs prédécesseurs, ces auteurs jugeaient que Robespierre marquerait durablement l'histoire, sa figure émergeant seule de cette période. Insistant également sur ses tendances égalitaires, l'abbé Papon jugeait qu'il se distinguait par Modèle:Citation dont il faisait montre<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Dans ses écrits consacrés à la Révolution (Mes réflexions en 1816, le Cours de philosophie positive en 1830-1842, le Système de politique positive en 1851-1854) Auguste Comte décrivit Robespierre comme un personnage au Modèle:Citation, auquel il reprochait d'avoir promu un Modèle:Citation, inspiré de Jean-Jacques Rousseau et associé au régime concordataire de [[Napoléon Ier|Napoléon {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | Ier{{#if:|  }} }}]], et l'opposa au mouvement encyclopédique de Denis Diderot et à Danton. Dans le même temps, il témoigna de son admiration pour la conception du gouvernement révolutionnaire instauré par la Convention. Après sa mort, le positiviste Pierre Laffitte reprit fidèlement cette analyse dans les conférences qu'il donna à la Bibliothèque populaire de Montrouge, résumées dans La Révolution française de Jean François Eugène Robinet, ainsi que dans le cadre des célébrations du centenaire de la Révolution<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

La première tentative de réhabilitation de Robespierre fut l'œuvre de Guillaume Lallement, auteur anonyme, entre 1818 et 1821, d'une compilation de l'ensemble des discours et rapports des assemblées parlementaires de la Révolution éditée par Alexis Eymery ; le tome XIV, consacré à l'an II, donnait une large place à Robespierre, dont il faisait le portrait en préalable aux événements du 9-Thermidor. Puis, en 1828, Paul-Mathieu Laurent, dit Laurent de l'Ardèche, publia sous le pseudonyme de « Uranelt de Leuze » une Réfutation de l'histoire de France de l'abbé de Montgaillard (parue l'année précédente), ardent panégyrique de Robespierre<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Fichier:Albert Laponneraye.jpeg
Albert Laponneraye, estampe, Paris, BnF, 1835.

À la veille de la révolution de 1830 parurent de faux Mémoires de Robespierre, généralement attribués à Auguste Barbier et Charles Reybaud, mais peut-être commencés par Joseph François Laignelot, qui avait été un intime de Charlotte de Robespierre. Cet écrit témoignait de l'opinion de la génération de 1830 sur Robespierre. Selon l'auteur, l'opinion selon laquelle Robespierre avait pu être un agent de l'étranger était tout à fait discréditée ; son incorruptibilité ne faisait aucun doute ; enfin, son intention, dans les derniers mois de sa vie, était de mettre fin à la Terreur et de purger la Convention de ses membres les plus criminels<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Cette entreprise de réhabilitation connut une avancée décisive avec Albert Laponneraye, qui entreprit en 1832 la publication des discours de Robespierre en fascicules, avant d'éditer les Mémoires de Charlotte Robespierre sur ses deux frères en 1835 puis les Œuvres de Maximilien Robespierre en quatre volumes en 1840, qu'il contribua largement à diffuser<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Fichier:Philippe Buchez by Charles Bour.jpg
Philippe Buchez, lithographie de Charles Bour.

La génération de 1848 bénéficia, quant à elle, de la publication de l’Histoire parlementaire (1834-1838) de Philippe Buchez et de Pierre-Célestin Roux-Lavergne, et de l'achèvement de la réimpression de l’ancien Moniteur (1840-1845) par Léonard Gallois, qui vinrent contrebalancer les mémoires et témoignages, subjectifs, des contemporains. Cet apport documentaire favorisa un renouvellement historiographique, avec l’Histoire des Girondins (1847) d'Alphonse de Lamartine<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>, l’Histoire de la Révolution française (1847-1853) de Jules Michelet et celle de Louis Blanc (1847-1855), qui firent toutes de Robespierre Modèle:Citation, même si seul Louis Blanc lui était plus nettement d'emblée favorable<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Sous le Second Empire, Ernest Hamel publia une Histoire de Robespierre (1865-1868) considérée comme hagiographique, mais très bien documentée<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Sous la Troisième République, les auteurs se détournèrent de Robespierre, assimilant la Terreur à la Commune de Paris (1871), comme Hippolyte Taine dans Les Origines de la France contemporaine (1875-1893), ou faisant de Robespierre un « pontife », adversaire de l'athéisme, de la libre-pensée et de la laïcité, comme Alphonse Aulard. Lors du centenaire de la Révolution de 1889, l'épopée militaire fut privilégiée, avec les figures de Carnot, Hoche, Marceau, Desaix et surtout Danton<ref>Modèle:Harvsp.</ref>,<ref name="Vovelle1996">Modèle:Ouvrage.</ref>.

Jean Jaurès contribua à ramener Robespierre au devant de la scène avec son Histoire socialiste de la Révolution française (1902-1905), tout en ouvrant vers les Hébertistes et les Enragés. En 1907, l'érudit Charles Vellay créa la Société des études robespierristes, qui publia à partir de 1908 les Annales révolutionnaires, devenues en 1924 les Annales historiques de la Révolution française, ainsi que les Œuvres complètes de Robespierre en dix puis onze volumes. L'un de ses premiers et principaux membres, Albert Mathiez fut le principal acteur de ce mouvement, qui fit de Robespierre la figure centrale de la Révolution, s'opposant à Aulard, son ancien maître, dans une lutte demeurée fameuse<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. À sa suite, on trouvait La Révolution française Georges Lefebvre ou le Robespierre de Gérard Walter, qui pointaient les limites de Robespierre sur les questions sociales et financières. Ce dernier ouvrage, selon Joël Schmidt, Modèle:CitationModèle:Harvsp. Par la suite, si le rôle de Robespierre dans la Révolution ne fut pas remis en cause, la recherche historique ouvrit de nouveaux champs, avec l'exploration du mouvement sans-culottes, des Hébertistes et des Enragés, sous l'influence d'Albert Soboul<ref name="Vovelle1996"/>.

En 1956, au lendemain des élections législatives, l'Assemblée nationale vota une résolution invitant le gouvernement Modèle:Citation en 1958, Modèle:Citation<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Dans les années 1960, en parallèle à une contestation du modèle communiste et soviétique, qui s'étaient affirmés les héritiers de la Révolution, l'école révisionniste ou libérale, emmenée par François Furet, Denis Richet et Mona Ozouf, contribua à remettre en cause cette image de Robespierre. Ainsi, François Furet écrivait le Modèle:Date- dans L'Express : Modèle:Citation Les travaux de Patrice Gueniffey et de Laurent Dingli se situent dans leur droite ligne.

En 1986, en prévision de l'aboutissement commémoratif de cette réaction antirobespierriste, dans l'historiographie progressiste non marxiste, Max Gallo fit paraître sa Lettre ouverte à Maximilien Robespierre sur les nouveaux muscadins.

Oublié des célébrations nationales du Bicentenaire de la Révolution, Robespierre demeure une figure majeure de l'histoire française, comme en témoigne la floraison des associations – les Amis de Robespierre pour le Bicentenaire de la Révolution (ARBR), créés à Arras en 1987, l'Association Maximilien Robespierre pour l'idéal démocratique (AMRID), fondée en 1988 par Marianne Becker – et publications depuis 1989, et un personnage controversé, partagé entre les tenants de l'école jacobine et ceux des écoles néo-libérale et contre-révolutionnaire, entre Modèle:Citation<ref>Modèle:Article.</ref>.

Ainsi, la mise en vente chez Sotheby's le Modèle:Date- d'un lot de manuscrits, comprenant des discours, des projets d’articles de journaux, des brouillons de rapports devant être lus à la Convention, un fragment du discours du 8 thermidor et une lettre sur la vertu et le bonheur, conservés par la famille Le Bas après la mort de Robespierre a suscité une mobilisation parmi les historiens et dans le monde politique ; Pierre Serna a publié un article intitulé : « Il faut sauver Robespierre ! » dans Le Monde, et la Société des études robespierristes lancé un appel à souscription, tandis que le PCF, le PS et le PRG alertaient le ministère de la Culture<ref>Modèle:Article.</ref>,<ref>Modèle:Article.</ref>,<ref>Modèle:Article.</ref>. Lors de la vente, l’État a fait valoir son droit de préemption pour acquérir le lot à 979 400 euros au nom des Archives nationales<ref>65 000 euros pour un lot de lettres d'Augustin Robespierre à son frère et des missives adressées à Philippe Le Bas, 750 000 euros pour les brouillons de discours, d'articles et de rapports de Robespierre, sommes auxquelles s'ajoute la commission d'achat. Voir Modèle:Lien brisé.</ref>. Ces manuscrits sont consultables en ligne sur le site des Archives nationales<ref>Manuscrits de Robespierre sur la base de données ARCHIM, sous la cote 683AP/1.</ref>.

Postérité

Héritage politique

Fichier:Chartists-UK-1840.jpg
Dessin d'un meeting du mouvement chartiste, en 1840.

Le robespierrisme est un terme pour désigner une réalité mouvante ou pour qualifier des hommes qui partageaient ses idées. Plus généralement, il désigne toutes les personnes qui se réclament de la personne ou de la pensée de Maximilien de Robespierre. Parmi ceux qui se sont réclamés de Robespierre, figurent notamment le mouvement chartiste anglais, un certain nombre de républicains et de socialistes français des années 1830-40 – on a parlé de néo-robespierrisme<ref>Modèle:Ouvrage.</ref> – (comme Albert Laponneraye, éditeur des Œuvres de Robespierre et des Mémoires de Charlotte de Robespierre, Philippe Buchez, qui a publié une Histoire parlementaire de la Révolution, Étienne Cabet, auteur d'une Histoire populaire de la Révolution française de 1789 à 1830 ou Louis Blanc, qui a écrit une Histoire de la Révolution française) instruits par Philippe Buonarroti, mais aussi les mouvements socialiste et communiste (avec la monumentale Histoire de la Révolution française de Jean Jaurès ou les travaux de l'historien Albert Mathiez).

L'association des Amis de Robespierre entreprend différentes tâches de défense de la mémoire de son oeuvre et de sa vie<ref>Modèle:Lien web</ref>.

Littérature

Fichier:Diogène Maillart - Le cabaret de la rue du Paon.jpg
Danton, Marat et Robespierre réunis au cabaret de la rue du Paon.
Dessin de Diogène Maillart pour une édition illustrée du roman Quatrevingt-treize de Victor Hugo, 1876.

Charles Nodier a consacré à Robespierre un article, intitulé « De la littérature pendant la Révolution. Deuxième fragment. Éloquence de la tribune. Robespierre », dans la Revue de Paris en Modèle:Date-. Il a été repris, sous le titre « Robespierre l'aîné », dans ses Souvenirs, épisodes et portraits pour servir à l'histoire de la Révolution et de l'Empire (1831) puis, sous le titre « La Montagne », dans Recherches sur l'éloquence révolutionnaire dans le tome 7 des Œuvres de Charles Nodier (1833). Même s'il présente Robespierre comme un personnage médiocre Modèle:" et brosse un portrait de l'orateur conforme aux stéréotypes du temps pour ne pas trop heurter son public devant l'audace de son analyse, Nodier lui sait gré d'avoir, avec son frère Augustin, entrepris de canaliser, Modèle:", à travers notamment l'instauration du culte de l'Être suprême. De même, il lui reconnaît une supériorité d'ordre esthétique dans l'éloquence et affirme Modèle:". En particulier, il fait montre d'admiration pour le discours du 7 prairial, où Robespierre affirme faire peu de cas de sa propre vie, après les tentatives d'assassinat d'Henri Admirat et de Cécile Renault, et celui du 8 thermidor, où il retrouve le dessein de pacification et de restauration de l'ordre public qu'il lui attribue<ref name="Milner">Modèle:Ouvrage.</ref>.

Honoré de Balzac traite Robespierre comme un personnage à part entière dans Les Deux Rêves, paru dans La Mode en mai 1830 puis intégré dans Sur Catherine de Médicis. Dans ce texte, Catherine de Médicis apparaît en songe à Robespierre et justifie le massacre de la Saint-Barthélemy, qui n'a pas été motivé, explique-t-elle, par une animosité personnelle ou le fanatisme religieux, mais pour le salut de l'État. Fréquent dans la littérature royaliste de l'époque, le rapprochement entre ce massacre et ceux de la Révolution contribue à expliquer ces derniers en voulant réhabiliter la politique de la reine. Il ne lui reproche pas la Terreur, mais de l'avoir exercée au nom d'un principe démocratique. En dehors de ce texte, la figure de Robespierre dans l'œuvre de Balzac est Modèle:", même si, jusqu'à la Révolution de 1848, il témoigne d'une réelle admiration devant la grandeur de sa destinée. Il figure ainsi parmi les génies qui ont changé la face du monde dans l'édition de 1846 de la lettre d'adieu de Lucien de Rubempré à Vautrin, avant de passer dans le rang de ceux dont le rôle a été uniquement destructeur, dans son exemplaire personnel<ref name="Milner"/>.

Robespierre apparaît dans des ouvrages historiques d'Alexandre Dumas (Louis XVI et la Révolution, Le Drame de 93), ainsi que dans plusieurs de ses romans fleuves : le cycle des Mémoires d'un médecin (on trouve quelques allusions dans Le Collier de la reine, Le Chevalier de Maison-Rouge et surtout dans La Comtesse de Charny) et les deux parties de Création et rédemption (1863), Le Docteur mystérieux et particulièrement La Fille du marquis. C'est également le cas dans la nouvelle La Rose rouge. S'appuyant particulièrement sur les ouvrages historiques de Jules Michelet et Alphonse de Lamartine, Dumas s'inspire surtout du premier pour le présenter comme Modèle:", sans lui reconnaître la même grandeur, son principal reproche étant Modèle:"<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Fichier:Sylvain Sauvage - Les Dieux ont soif - Éditions du Nord, 1938 - page de titre.jpg
Illustration de Sylvain Sauvage pour la page de titre d'une édition bruxelloise du roman Les dieux ont soif d'Anatole France, 1938.

Dans Histoire de ma vie, George Sand prend la défense de Robespierre, victime à ses yeux Modèle:". S'appuyant sur les écrits de Lamartine, elle le juge Modèle:", mais aussi Modèle:". Si elle lui reconnaît Modèle:", elle s'interroge : Modèle:Citation bloc

Dans Les Misérables (1862), Enjolras, le chef des étudiants révolutionnaires, exprime son admiration à l'égard de Jean-Jacques Rousseau et Robespierre. Dans son dernier roman, Quatrevingt-treize (1874), Victor Hugo met en scène la rencontre (imaginaire) entre trois grandes figures de la Révolution française : Marat, Danton et Robespierre<ref>Modèle:Harvsp.</ref>,<ref>Delphine Gleizes, « La construction des personnages dans Quatrevingt-Treize : types, postures, imagerie », Journée d’étude Quatrevingt-Treize de Victor Hugo, novembre 2015, Le Mans, France, Modèle:Lire en ligne.</ref>.

Jules Vallès offre de Robespierre une image foncièrement négative, concomitante à l'empreinte qu'il exerce sur lui. Avant 1871, Robespierre apparaît comme un visage pâle, paternel, celui de la violence froide et de la mort, un corps raide, hiératique, un héritier de Plutarque et de Jean-Jacques Rousseau, porteur du déisme du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle. Cette critique devient une autocritique dans les années 1865-1866, sous l'influence de Pierre-Joseph Proudhon. Après l'expérience de la Commune, jugeant la génération 1848 et se jugeant lui-même à la lumière de Robespierre, il dénonce la tyrannie du patrimoine culturel classique enseigné dans les collèges et le système éducatif du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, se reprochant d'avoir imité des imitateurs de l'Antiquité, à travers Rousseau et Robespierre. Pourtant, signale Roger Bellet, la hargne de Vallès à l'égard de Modèle:" ; son déisme Modèle:", celui d'une religion non ecclésiastique, Vallès pouvait partager sa critique du « philosophisme », sa critique d'un Modèle:" est plus proche de Robespierre que d'Hébert<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

En 1912, Anatole France met en scène Évariste Gamelin, un jeune peintre jacobin, fidèle de Marat et de Robespierre, dans son roman Les Dieux ont soif. L'Incorruptible apparaît lui-même dans le chapitre XXVI, peu avant le 9-Thermidor. L'épisode de la promenade dans les jardins Marbeuf, lieu à la mode à l'époque, avec Brount, son chien danois, et de l'échange avec le petit Savoyard est déjà présent dans l’Histoire de la Révolution française de Louis Blanc<ref>Modèle:Ouvrage.</ref> et l’Histoire de Robespierre d'Ernest Hamel<ref>Modèle:Harvsp.</ref>, qui l'ont tiré des mémoires manuscrits d'Élisabeth Le Bas.

Théâtre

Fichier:Thermidor. Drame de M. Victorien Sardou - Le Petit Journal (22 mars 1896).jpg
Thermidor de Victorien Sardou.
Gravure de Fortuné Méaulle, Le Petit Journal, Modèle:Date-.

Dès après sa mort, Robespierre a été le héros ou l'un des personnages principaux de nombreux drames ou tragédies : 49 pièces ont été recensées entre 1791 et 1815, 37 entre 1815 et 1989. Deux images de Robespierre s'en détachent : une majorité lui est hostile, sans nuance, l'autre partie est Modèle:"<ref name="Berthier">Modèle:Ouvrage.</ref>.

Entre Thermidor et l'Empire se développe la légende noire de Robespierre, à travers les faibles drames de Godineau (La Mort de Robespierre, ou la Journée des 9 et 10 thermidor, 1795) ou d'Antoine Sérieys (La Mort de Robespierre, 1801). En Modèle:Date-, le Robespierre d'Anicet Bourgeois présente encore la même caricature de tyran sanguinaire, laconique et peureux. D'autres pièces font clairement allusion à Robespierre, ainsi Manlius Torquatus ou La discipline romaine (pièce d'inspiration jacobine, jouée en Modèle:Date-) de Joseph Lavallée, Pausanias (représenté en Modèle:Date-, édité en 1810) de Claude-Joseph Trouvé, Quintus Fabius ou La discipline romaine (interprété au théâtre de la République, fin Modèle:Date-) de Gabriel Legouvé ou Théramène ou Athènes sauvée (1796) d'Antoine Vieillard de Boismartin<ref name="Berthier"/>.

Fichier:Henry Irving as Robespierre.jpg
L'acteur anglais Henry Irving interprétant Robespierre dans la pièce de Victorien Sardou.
Dessin de John Bernard Partridge, 1899.

En Angleterre, Samuel Taylor Coleridge, Robert Southey et Robert Lovell écrivent un drame en vers intitulé The Fall of Robespierre en Modèle:Date- ; Coleridge rédige le premier acte, Southey le deuxième, Lovell le troisième ; mais Southey, jugeant cette dernière partie non conforme, la réécrit. Les auteurs s'appuient pour l'essentiel sur les comptes-rendus des événements parus dans la presse. Édité sous le seul nom de Coleridge en Modèle:Date- par Benjamin Flower, il est tiré à 500 exemplaires et distribué à Bath, Cambridge et Londres<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Si le Thermidor (1891) de Victorien Sardou est d'inspiration girondine, le Robespierre (1845) de Rudolf Gottschall, le Maximilien Robespierre (1850) de Robert Griepenkerl, le Danton und Robespierre (1871) de Robert Hamerling, Le Neuf Thermidor (1871) de l'avocat nîmois Gaston Crémieux, le Robespierre ou les drames de la Révolution (1879) de Louis Combet, Le Monologue de Robespierre allant à l'échafaud (1882) d'Hippolyte Buffenoir, Le Dernier Songe de Robespierre (1909) d'Hector Fleischmann, L'Incorruptible, chronique de la période révolutionnaire (1927) de Victor-Antoine Rumsard et le Robespierre (1939) de Romain Rolland sont robespierristes<ref>Modèle:Article.</ref>. Leur premier enjeu, selon Antoine de Baecque, est de transformer le Modèle:" de Robespierre le 10 thermidor, présenté par les thermidoriens comme un cadavre monstrueux, Modèle:", une figure christique<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Fascinée par Robespierre auquel elle attribue ses opinions communistes, Stanisława Przybyszewska (1901-1935) lui consacre deux pièces : L'Affaire Danton, redécouverte par le metteur en scène Jerzy Krakowski en 1967 et adaptée au cinéma par Andrzej Wajda sous le titre Danton, ainsi que Thermidor, demeurée inachevée<ref>Modèle:Article.</ref>.

Avec le temps, les auteurs tendent de plus en plus à problématiser le personnage théâtral, ainsi Georg Büchner, qui ne prend pas parti pour ou contre lui dans La Mort de Danton (1835), mais s'interroge sur la possibilité de la révolution. Le même questionnement apparaît chez Romain Rolland, qui passe, entre Danton (1900) et Robespierre (1938), de la justification et de l'exaltation du personnage à l'expression des souffrances morales d'un Robespierre déchiré devant le problème du sang versé.

Le Bourgeois sans culotte de Kateb Yacine, joué au festival d'Avignon de 1988 puis au palais Saint-Vaast d'Arras en 1989 et sur le carreau de la mine désaffectée de Loos-en-Gohelle en Modèle:Date-, présente Robespierre comme Modèle:", Modèle:", et voit en lui un modèle, Modèle:", victime de ceux à qui il portait ombrage<ref name="Berthier"/>.

Espace public

Établissements scolaires

Le Modèle:Date-, le lycée de garçons d'Arras a adopté par arrêté préfectoral le nom de Robespierre. Proposé en Modèle:Date- par un professeur de l'établissement, Jacques Herreyre, ce nom avait obtenu successivement le soutien de son conseil intérieur puis de son conseil d'administration (Modèle:Date-), de l'association des anciens élèves, du conseil municipal (Modèle:Date-), des élèves du lycée réunis dans un comité d'action du lycée Robespierre et du Conseil académique de Lille (Modèle:Date-)<ref>Modèle:Article.</ref>. On trouve également des écoles Robespierre à Guyancourt ou Nanterre et des lycées et collèges à Épinay-sur-Seine, Goussainville, Port-Saint-Louis-du-Rhône, Saint-Étienne-du-Rouvray ou Saint-Pol-sur-Mer.

Voies publiques

Fichier:Montreuil station Robespierre.jpg
Un accès de la station de métro Robespierre, à Montreuil.

Il est l'un des rares révolutionnaires à n'avoir aucune rue à Paris. À la Libération, le Conseil municipal issu des élections du Modèle:Date-, comptant vingt-sept communistes, douze socialistes et quatre radicaux sur quatre-vingt-huit élus, décide, le Modèle:Date-, de rebaptiser « place Robespierre » la place du Marché-Saint-Honoré, décision approuvée par un arrêté préfectoral du Modèle:Date-<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Toutefois, après la victoire du RPF lors du scrutin du Modèle:Date-<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>, un arrêté du Modèle:Date- lui rend son nom primitif<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>,<ref name="indésirable">Modèle:Article.</ref>. En revanche, des rues de la ceinture rouge portent son nom, par exemple à Montreuil. C'est l'origine du nom d'une station du métro de Paris sur la ligne 9 (Mairie de Montreuil - Pont de Sèvres), dans la commune de Montreuil, et ce, depuis le Front populaire<ref name="Agulhon">Maurice Agulhon, « Robespierre posthume : le mythe et le symbole », dans Modèle:Harvsp, Modèle:Lire en ligne.</ref>. Quant au boulevard Robespierre à Reims, il doit son origine à Gustave Laurent, adjoint au maire, qui a obtenu le Modèle:Date- du conseil municipal qu'il soit créé sur Modèle:"<ref>Modèle:Article.</ref>,<ref>Modèle:Article.</ref>. L'union de la gauche, à partir des élections municipales de 1965, a permis un accroissement du nombre de rues, bâtiments ou centre à son nom, avec un pic à l'approche du bicentenaire de la Révolution<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Sans prétendre à l'exhaustivité, ont été baptisés de son nom :

Fichier:Набережная Робеспьера.jpg
L'ex quai Robespierre, à Saint-Pétersbourg.

Par ailleurs, un stade est à son nom à Rueil-Malmaison et un cinéma à Vitry-sur-Seine.

Plaques, bustes et statues

Fichier:Plaque Robespierre, 398 rue Saint-Honoré, Paris 1.jpg
Plaque commémorative apposée au no 398 de la rue Saint-Honoré, dans le premier arrondissement de Paris.

Plusieurs plaques commémoratives ont été apposées à Arras :

  • le Modèle:Date-, sur la façade de la maison où il a vécu avec son frère Augustin et sa sœur Charlotte de 1787 à 1789, en présence de Gustave Lemelle, maire de la ville, d'Albert Mathiez et de Jacob, président des Rosati<ref>Modèle:Article.</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>,<ref name="traces">Modèle:Lien web.</ref>. Bâtie en 1730, cette demeure est située au 9 rue Maximilien de Robespierre et abrite le musée du compagnonnage depuis sa restauration<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
  • en 1958, à l'occasion du bicentenaire de sa naissance, en présence d'Albert Soboul et d'Alain Decaux<ref name="Bocca">Modèle:Ouvrage.</ref>.
  • en 1994, sur la façade de la brasserie des Carraut, grands-parents de Maximilien de Robespierre, où il a passé son enfance avec son frère Augustin<ref name="traces"/>.

De même, il dispose de deux plaques à Paris, l'une sur l'emplacement de la maison Duplay, actuellement au 398 rue Saint-Honoré, l'autre à la Conciergerie, érigée par la Société des études robespierristes<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

La statue de Robespierre figure dans le monument consacré à la Convention nationale, œuvre de François-Léon Sicard, qui devait d'abord être disposée au jardin des Tuileries et se trouve aujourd'hui au Panthéon. Toutes les autres tentatives pour établir une statue dans la capitale ont échoué ; en 1909, un comité présidé par René Viviani et Georges Clemenceau prévoyait d'installer une statue dans le jardin des Tuileries, mais le projet a été abandonné, devant l'hostilité de la presse et le faible succès de la souscription publique<ref name="Agulhon"/>. Le Modèle:Date- a été inaugurée à Saint-Ouen une statue en plâtre, qu'on se proposait Modèle:", projet qui n'a jamais vu le jour<ref>Modèle:Article.</ref>. Le Modèle:Date-, Georges Lefebvre et le maire d'Arras, Désiré Delansorne, ont inauguré un buste de Robespierre, œuvre du sculpteur Léon Cladel, à l'hôtel de ville ; la salle qui l'abrite a pris son nom<ref>Modèle:Article.</ref>,<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.

Depuis 1949, Saint-Denis dispose, square Robespierre, en face du théâtre, d'un buste en pierre à son effigie, œuvre d'A. Séraphin, avec l'inscription : Modèle:"<ref name="Agulhon"/>.

En 1989, Ana Richardson, une artiste franco-argentine, a réalisé dans un matériau transparent une statue de Robespierre dessinée par ordinateur et découpée au laser. Celle-ci a été exposé au siège du Fonds monétaire international, à Washington, dans le cadre du bicentenaire de la Révolution française<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Iconographie

Léopold Boilly l'a représenté en 1789 assis devant un bureau dit à cylindre que l'on retrouve dans son portait de groupe La Famille Gohin<ref>Reproduit dans par Elisabeth Pélegrin-Genel dans L'Art de vivre au bureau, Flammarion, 1995, p. 18.</ref>.

Philatélie

Un timbre-poste à son effigie, dessiné et gravé par Charles Mazelin, a été émis du Modèle:Date- au Modèle:Date- dans la série Modèle:" (comprenant également André Chénier, Jacques-Louis David, Lazare Carnot, Georges Jacques Danton et Lazare Hoche) ; il a été tiré à Modèle:Unité. Plusieurs pays étrangers lui ont aussi rendu un hommage philatélique.

Appellations

Corps francs et maquis

Durant la Seconde Guerre mondiale, dans la Résistance, on a donné son nom à plusieurs groupes francs : la Modèle:" à Pau, commandée par le lieutenant Aurin, alias Maréchal<ref>Modèle:Article.</ref>, le Modèle:" dans le Rhône, sous les ordres du capitaine Laplace<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>, mais aussi à un maquis formé par Marcel Claeys dans l'Ain<ref>Modèle:Ouvrage (consulté le 30 juillet 2018).</ref>.

Promotion

La promotion 1968-1970 de l'École nationale d'administration a choisi le nom de Robespierre<ref name="Agulhon" />.

Sources primaires

Archives manuscrites

Sources primaires imprimées

Pamphlets, mémoires et souvenirs

Fichier:Robespierre Delpech Grevedon.PNG
Maximilien de Robespierre, lithographie de François-Séraphin Delpech, reproduite par Henri Grévedon.
Dans ses mémoires, Charlotte de Robespierre affirme qu'il s'agit du plus ressemblant des portraits qu'elle ait pu voir de son frère<ref>Charlotte de Robespierre, Mémoires de Charlotte Robespierre sur ses deux frères, Modèle:P..</ref>.

Œuvres

  • Œuvres complètes de Maximilien Robespierre, 10 volumes, Société des études robespierristes, 1912-1967. Réimpression Société des études robespierristes, Phénix Éditions, 2000, 10 volumes. Réédition avec une nouvelle introduction de Claude Mazauric, Édition du Centenaire de la Société des études robespierristes, Éditions du Miraval, Enghien-les-Bains, 2007, 10 volumes et 1 volume de Compléments. Un onzième volume, paru en 2007, regroupe les textes omis lors de l'édition initiale.
  • Robespierre, textes choisis, 3 vol, Paris, Éditions sociales, coll. Les classiques du peuple, 1957. Réimpression en 1973-1974, préface, commentaires et notes explicatives de Jean Poperen.
  • Robespierre, écrits présentés par Claude Mazauric, Paris, Messidor/Éditions Sociales, 1989, 370Modèle:Nb p.
  • Robespierre, Pour le bonheur et pour la liberté, Discours, choix et présentation de textes par Yannick Bosc, Florence Gauthier et Sophie Wahnich, Éditions La Fabrique, 2000.
  • Discours sur la religion, la République et l'esclavage, Éditions de l'aube, 2006.
  • Robespierre, entre vertu et terreur (introduction de Slavoj Žižek), Éditions Stock, 2008.

Sur Robespierre

Théâtre

Filmographie

Cinéma

Fichier:Albert Capellani - La Fin de Robespierre (1912).jpg
Georges Saillard (Robespierre), Théodore Thalès (Couthon) et Charles de Rochefort (Saint-Just) dans le film d'Albert Capellani, La Fin de Robespierre, 1912.

Télévision

Discographie

Jeu vidéo

Maximilien de Robespierre est un antagoniste du jeu vidéo Assassin's Creed Unity, sorti en 2014.

Pour la jeunesse

  • Philippe Lechermeier, Robespierre, Paris, Actes Sud Junior, 2011.
  • Bertrand Solet, Robespierre, une passion, Paris, Messidor/ La Farandole, 1989.

Bande dessinée

Bibliographie

Modèle:Légende plume

Ouvrages généraux

Études et essais consacrés à Robespierre

Ouvrages

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Articles, contributions, communications et notices biographiques

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Sources secondaires additionnelles

Gouvernement révolutionnaire, Convention, guerre et Terreur

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Colonies et esclavage

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Condition des Juifs

Conférences

Voir aussi

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Articles connexes

Liens externes

Notes et références

Notes

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Références

Modèle:Références nombreuses

Liens externes

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