Henri Giraud (militaire)
Modèle:Voir homonymes Modèle:Infobox Personnalité militaire Modèle:Infobox Personnalité politique
Henri Giraud, né le Modèle:Date de naissance à Paris 13e<ref>Archives de l’état civil de Paris en ligne, acte de naissance no 13/146/1879 (acte du Modèle:Date- précisant « né avant-hier ») ; avec mention marginale du décès. Autre mention : mariage en 1908 avec Céline Joséphine Madeleine Lapérotte.</ref> et mort le Modèle:Date de décès à Dijon<ref name="assemblée_giraud">Sa fiche sur le site de l'Assemblée nationale.</ref>, est un général et homme politique français, grand-croix de la Légion d'honneur et médaillé militaire.
Général de brigade à partir de 1930, puis général d'armée à partir de 1936, il sert durant la Première Guerre mondiale, la guerre du Rif et la Seconde Guerre mondiale. Dans le cadre de ce dernier conflit, il tient un rôle important dans le processus qui mène à la libération de la France.
Partisan de la reprise de la lutte contre l'Allemagne nazie mais sans lien avec la France libre, il reçoit le soutien des Américains et fait figure de rival du général de Gaulle pour la direction des forces alliées françaises.
Après le débarquement allié de novembre 1942 et l'assassinat de l'amiral Darlan (24 décembre 1942), Giraud est durant plusieurs mois au pouvoir en Afrique française du Nord à la tête d'abord du Haut-commissariat de la France pour l'Afrique, puis du Commandement en chef français civil et militaire ; il a sous ses ordres l'Armée d'Afrique, engagée aux côtés des Alliés dans les opérations contre les Allemands et les Italiens.
Une partie de la Résistance intérieure se réclame également de son patronage et de son inspiration : c'est notamment le cas des organisations résistantes initialement sympathisantes de Vichy<ref name="Vichysto">Jean-Pierre Azéma et Olivier Wieviorka ont utilisé l'expression « Vichysto-résistants » pour qualifier cette frange de la Résistance, dans Vichy, 1940-1944, éd. Perrin, Paris, 1997 ; rééd. Perrin, coll. « Tempus », 2000 et 2004, Modèle:Nobr Modèle:ISBN, Modèle:P.. Depuis l'expression a été assez souvent reprise par Azéma et Denis Peschanski, « Les vichysto-résistants », communication au colloque « Guerre, collaboration, résistance : un demi-siècle d’historiographie française », Tel-Aviv, du 17 au Modèle:Date-, par Robert Belot, La Résistance sans de Gaulle, Fayard, 2006, 668Modèle:Nb p. Modèle:ISBN et par Henry Rousso, L'Express no 2871 du Modèle:Date- ; Bénédicte Vergez-Chaignon, a consacré un ouvrage à l'étude de cette partie de la Résistance : Les Vichisto-résistants (Perrin, 2008 et 2016).</ref>, ou qui ne se sont pas mises sous l'autorité du général de Gaulle, comme le réseau Alliance ou l’Organisation de résistance de l'Armée<ref name="azema wievorka356">Jean-Pierre Azéma, Olivier Wieviorka, Vichy, 1940-1944, Modèle:Opcit, Modèle:P..</ref> (ORA).
Comme Darlan<ref>Modèle:Ouvrage</ref> qui l'avait envisagé le Modèle:Date-, Giraud suprime la législation raciale par l'ordonnance du Modèle:Date- en Afrique du Nord, et ne rétablit pas le décret Crémieux pour ne pas pertuber la levée des troupes musulmanes.
Les Alliés poussent Giraud et de Gaulle à s'entendre pour unifier les forces françaises : de juin à Modèle:Date- les deux généraux sont coprésidents du Comité français de Libération nationale (CFLN). Giraud est cependant évincé par de Gaulle, qui le prive progressivement de toute responsabilité, politique puis militaire, au sein des forces alliées.
Henri Giraud est cependant député de la Moselle en 1946 et siège au Conseil supérieur de la guerre jusqu’en 1948.
Biographie
Les débuts
Henri Honoré Giraud, d'origine alsacienne, naît à Paris dans une famille de petite bourgeoisie. Il est le fils d'un marchand de charbon. Il est catholique et royaliste<ref>Modèle:Lien web</ref>. Il suit une scolarité classique brillante aux lycées Stanislas, Bossuet et Louis-le-Grand, avant de rejoindre l'École militaire de Saint-Cyr, dont il suit les cours de 1898 à 1900. Il est ensuite affecté à plusieurs reprises en Afrique du Nord<ref name="assemblée_giraud"/>.
Première guerre mondiale
Il est affecté en France métropolitaine en 1914, au début de la Première Guerre mondiale, capitaine au [[4e régiment de zouaves|Modèle:4e de zouaves]]<ref>Modèle:Lien web</ref>. Grièvement blessé au combat, il est capturé le Modèle:Date à la bataille de Guise<ref name="assemblée_giraud"/>. Deux mois plus tard, alors qu'il est soigné à l'hôpital d'Origny-Sainte-Benoite pour une pleurésie provoquée par sa blessure, il parvient à s'évader en compagnie d'un autre officier français, et gagne les Pays-Bas en vue de revenir ensuite en France<ref>Giraud (général), Mes évasions, Hachette, 1946.</ref>.
Ayant rejoint La Haye, il se met en correspondance avec le colonel Desprez, attaché militaire français<ref>Giraud (général), Mes évasions, Modèle:Opcit, Modèle:P..</ref>. Envoyé en Angleterre, il y rejoint un ami, le capitaine Wallner, du service de renseignements français. Les deux officiers regagnent ensuite la France, à bord du croiseur qui ramène Théophile Delcassé, ministre des Affaires étrangères, et Piotr Bark, ministre des Finances de la Russie<ref>Giraud (général), Mes évasions, Modèle:Opcit, Modèle:P..</ref>. Giraud reprend sa place à l'État-major de la [[5e armée (France)|Modèle:5e]], aux côtés du général Franchet d'Espèrey<ref>Le futur général Henri Giraud avant et pendant la Première Guerre mondiale, site de l'Établissement de communication et de production audiovisuelle de la Défense, ecpad.fr.</ref> ; il retourne au front et, en 1917, participe à la bataille du Chemin des Dames et à la prise du fort de Malmaison<ref name="assemblée_giraud"/>,<ref>« L comme La Malmaison (fort) », sur Dictionnaire du Chemin des Dames, consulté le 28 mars 2010.</ref>.
Entre-deux-guerres
Après la guerre, Giraud est en poste à Constantinople au sein des troupes de Franchet d'Espèrey<ref name="musee-infanterie">Décorations du général Giraud, musée de l'Infanterie.</ref> mais il est rappelé à Paris par le général Mordacq pour servir à ses côtés au ministère de la Guerre afin d'élaborer les prochaines lois de l'organisation des armées (loi des cadres, statuts de l'État-Major général, loi du recrutement, organisation du Conseil supérieur de Guerre…) ; cependant, lors du retrait de Clemenceau en Modèle:Date-, Giraud est envoyé au protectorat français au Maroc sous les ordres du maréchal Lyautey qui l'a personnellement réclamé à ses côtés<ref name="assemblée_giraud"/>. Comme lieutenant-colonel<ref name="assemblée_giraud"/>, il participe à la guerre du Rif et reçoit la reddition d'Abd el-Krim le Modèle:Date<ref name="assemblée_giraud"/>. Il est professeur à l'École de guerre de 1927 à 1929. Quand le gouvernement crée, le Modèle:Date-, la région militaire des confins algéro-marocains, il en confie le commandement au colonel Giraud avec mission de les pacifier. Il le nomme général de brigade en Modèle:Date-<ref>Hommes et destins : dictionnaire biographique d'outre-mer – Maghreb-Machrek, Académie des sciences d'outre-mer, Modèle:T., 1975, Modèle:P..</ref>. En 1933 il dirige, avec Catroux, les troupes françaises lors de la Bataille de Bougafer.
Jusqu'en 1934 Giraud combat la résistance berbère aux abords du Tafilalet et dans le djebel Saghro. Ayant achevé la pacification de l'Afrique du Nord<ref name="assemblée_giraud"/>, il reçoit sa troisième étoile de général de division et est affecté en mai 1934 à Oran où il reste jusqu'en Modèle:Date-.
Promu général d'armée en 1936<ref name="assemblée_giraud"/>, il devient la même année gouverneur militaire de MetzModèle:Sfn, puis commandant de la [[3e armée (France)|Modèle:3e]]<ref name="charlesdegaulle.be">REFERENCE NON DEFINIE !</ref> : à ce titre, il est le supérieur hiérarchique du colonel de Gaulle, commandant du [[507e régiment de chars de combat|Modèle:507e de chars de combat]]<ref name="charlesdegaulle.be"/>. Les carrières des deux officiers se croisent à plusieurs reprises avant la Seconde Guerre mondiale : leurs relations sont mauvaises et, lors des exercices de stratégie, Giraud s'oppose vivement aux idées de De Gaulle en matière d'utilisation des blindés<ref>Michel Tauriac, De Gaulle avant de Gaulle – La construction d'un homme, Plon, 2013, Modèle:P..</ref>.
Selon Pierre Péan, Giraud aurait reçu en Modèle:Date- la visite d'Eugène Deloncle, l'un des responsables de la Modèle:Citation : informé des activités de l'organisation, le général aurait promis à Deloncle son appui en cas de Modèle:Citation. Deloncle, quant à lui, aurait déclaré à Giraud que lui et ses hommes étaient prêts le cas échéant à se mettre sous ses ordres<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.
En 1939 Giraud reçoit le commandement de la [[7e armée (France)|Modèle:7e]]<ref name="assemblée_giraud"/>.
Bataille de France et captivité
Quand la Seconde Guerre mondiale commence, Giraud est membre du Conseil supérieur de la guerre. Il y figure parmi les partisans résolus de la guerre en cas d’invasion de la Pologne par l'Allemagne nazie<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Il désapprouve alors la tactique, préconisée par de Gaulle, d'emploi offensif des blindés en formations groupées pour percer les lignes ennemies.
Le Modèle:Date Giraud doit, dans le cadre du plan Dyle-Bréda, atteindre au plus vite les Pays-Bas à la tête de la [[7e armée (France)|Modèle:7e]]. Il parvient à retarder les troupes allemandes à Bréda le Modèle:Date-. Mais, dès le Modèle:Date-, Gamelin le nomme à la tête de la [[9e armée (France)|Modèle:9e]], en remplacement du général Corap, après l'attaque blindée allemande par les Ardennes. Après trois jours passés à la recherche des troupes d'une armée qui n'existait plus, il est capturé le Modèle:Date- à Wassigny par le général von Kleist. Il est d'abord conduit près de Vervins, puis à Bonn avec son officier d'ordonnance, le lieutenant Tannery. Rapidement il est envoyé seul en Silésie.
Il est interné à la forteresse de Kœnigstein<ref name="assemblée_giraud" /> près de Dresde, dans un centre d'internement de haute sécurité pour les prisonniers de guerre de marque, nommé aussi « la Bastille de Saxe ». Son logement est composé de deux pièces, au second étage d'un bâtiment dominant à pic la cour intérieure, avec de petites fenêtres grillagées.
Lors de son arrivée, le commandant de la forteresse, le général Genthe, lui indique qu'il est emprisonné « en représailles pour la conduite inqualifiable qu'a tenue en 1918 le maréchal Foch vis-à-vis du lieutenant-colonel von Gersdorf »<ref>Giraud (général), Mes évasions, Modèle:Opcit, Modèle:P..</ref>.
Depuis sa prison Giraud adresse des marques de sympathie au gouvernement de Pétain : en Modèle:Date-, il envoie à ce dernier une longue note sur les causes de la défaite de la France, à laquelle ont contribué à ses yeux la dénatalité, les congés payés, le parlementarisme, les syndicats, la faillite de l'enseignement public et la perte de la notion d'autorité<ref name="Cantier376">Modèle:Harvsp.</ref>.
Le Modèle:Date Giraud, toujours emprisonné, se voit décerner la Grand-croix de la Légion d'honneur<ref name="assemblée_giraud" />.
Selon l’historien Robert Paxton, Giraud se singularise par rapport aux nombreux officiers français impressionnés par l'armée allemande ; il s'engage Modèle:Citation
La lettre de Giraud à ses enfants
Une lettre, que le général Giraud, captif à Kœnigstein, adresse à ses quatre fils et à ses filles en Modèle:Date-, est largement diffusée à l'époque<ref name="cointetlettre">Mchèle Cointet, De Gaulle et Giraud : l'affrontement (1942-1944), Perrin, 2005, Modèle:P..</ref>. Giraud y expose, en termes généraux, ses idées sur les remèdes à apporter aux problèmes de la France. Le général de Gaulle, lui-même, participe à la diffusion de cette missive ; il en adresse notamment une copie au prince Félix de Bourbon-Luxembourg en la préfaçant : Modèle:Citation<ref name="cointetlettre" />.
Pour l'historien Henri Michel, Giraud expose dans cette lettre, en matière politique, des idées Modèle:Citation : le général s'y déclare favorable à Modèle:Citation pour Modèle:Citation, et préconise, pour la reconstruction Modèle:Citation de la France, d'Modèle:Citation à élever ceux-ci, et d'Modèle:Citation. Avant toute chose, Giraud veut être un soldat, au service de la patrie : à cet égard, il se montre indifférent à la politique, voire à la forme de l'État. Pour lui, servir la France représente l'essentiel, que la Nation soit incarnée par un Modèle:Citation, une Modèle:Citation ou un Modèle:CitationModèle:Sfn.
L'évasion de la forteresse de Königstein<ref>Modèle:Lien web</ref>
Un complot se forme pour faire évader le général Giraud. Le général Mesny (qui, en 1945, peu avant la chute de la forteresse, sera tué pour avoir aidé à l'évasion du général<ref>Jacques Granier, Un général a disparu : l'évasion la plus extraordinaire du siècle, Modèle:Date-, Presses de la Cité, 1971, Modèle:P..</ref>), le général Mast (qui prévient sa femme de son intention d'évasion), son ex-chef d'état-major, le général Baurès, le général Le Bleu, le général Joseph de Verdilhac et le colonel Fèvre, seul colonel de la forteresse<ref>Modèle:Article</ref>, l'aident à s'échapper tandis que le général Chambe, son ancien chef des forces aériennes de la {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | VIIe{{#if:| }} }} Armée en 1940 organise ses résidences clandestines à Lyon et en région lyonnaise<ref>Modèle:Article</ref>. Giraud prépare soigneusement son évasion pendant deux ans. Il pratique l'allemand et apprend par cœur une carte des abords de la forteresse. Le Modèle:Date<ref name="assemblée_giraud" /> il se laisse descendre le long de la falaise de la forteresse de montagne<ref name="charlesdegaulle.be" />. Ayant rasé sa moustache, et s'étant coiffé d'un chapeau tyrolien, il voyage jusqu'à Schandau pour y rencontrer son contact, Roger Guerlach recruté par le commandant de Linarès, chef du 2eme bureau de la région militaire de Lyon avec l'aide de Sœur Hélène Studler<ref name="Chambe">Modèle:Article</ref>. Par diverses ruses, les deux hommes arrivent en Alsace le Modèle:Date après un périple rocambolesque de Modèle:Unité en chemin de fer. Giraud arrive à Lyon le 25 avril après avoir traversé la Suisse <ref name="Chambe" /> et par la suite se rend à Vichy, en zone libre française<ref name="ferro 394-398">Modèle:Harvsp.</ref>. Himmler ordonne à la Gestapo de le retrouver et de le tuer. Hitler, qui croit par ailleurs que Giraud est l'auteur du livre Vers l'armée de métier (en réalité publié par de Gaulle en 1934)<ref name="ferro 394-398" /> entre dans une violente colère, reprochant à Otto Abetz, ambassadeur d'Allemagne en France, d'avoir Modèle:Citation un général aussi dangereux à lui seul que Modèle:Citation<ref>Rapporté par Otto Abetz dans Histoire d'une politique franco-allemande : 1930-1950, Stock, 1953, Modèle:P..</ref>. Modèle:Refnec.
L'évasion de Giraud, rapidement connue en France, y connaît un large retentissement. Les mouvements de la Résistance intérieure et la France libre accueillent avec enthousiasme la nouvelle de l'évasion de Giraud, en qui ils voient une recrue potentielle de choix. De Gaulle demande aux Britanniques d'essayer de le faire venir à Londres<ref name="Martin454">Modèle:Harvsp.</ref>. Arrivé à Vichy le Modèle:Date- 1942, Giraud y rencontre Pétain deux jours plus tard, accompagné du général Aubert Frère<ref name="FaivreStratisc">Modèle:Lien web.</ref>. Le chef du gouvernement français Pierre Laval se montre quant à lui particulièrement irrité de cette évasion qui, en constituant un véritable affront pour Hitler, met en danger la politique allemande du gouvernement de Vichy<ref name="Cointet536">Michèle Cointet, Nouvelle histoire de Vichy, Fayard, 2011, Modèle:P..</ref>.
Pétain, sur la demande pressante de Laval, contraint un Giraud rétif à rencontrer son chef du gouvernement. L'entrevue entre Giraud et Laval est orageuse : ce dernier, qui souhaite affirmer son autorité qu'il juge menacée, reproche au général d'avoir, par son évasion, empêché la libération de Modèle:Nombre. Il propose à Giraud de retourner Modèle:Citation à Königstein, mais le général demande qu'Hitler libère en retour tous les prisonniers mariés. Laval pense avoir obtenu gain de cause auprès de Giraud mais ce dernier, quelques jours plus tard, refuse de retourner en Allemagne<ref name="Paxton322-324">Modèle:Harvsp.</ref>, à moins de recevoir en ce sens un ordre écrit du maréchal Pétain, message que ce dernier a peu de chances de lui adresser du fait de l'état de l'opinion<ref name="ferro 394-398"/>. Les Allemands tentent d'obtenir un retour de Giraud en Allemagne, et envoient Scapini et Benoist-Méchin pour faire pression sur le général : mais avant que les deux intermédiaires des Allemands aient pu le rencontrer, Giraud quitte Vichy à bord d'un avion mis à sa disposition par l'amiral Darlan, chef des forces armées de Vichy<ref name="ferro 394-398"/>.
L'ambassadeur Abetz, qui juge son crédit atteint par l'affaire, exige de rencontrer Giraud. Ce dernier, ayant obtenu un sauf-conduit, s'entretient avec Abetz à Moulins, à la Ligne de démarcation. Giraud affirme à nouveau qu'il n'accepterait de rentrer en Allemagne qu'à une seule condition : que le Reich libère les Modèle:Nombre mariés et pères de famille. Abetz envisage de faire enlever ou assassiner Giraud, puis se résout finalement à le laisser repartir en zone libre. Otto Skorzeny était installé à Cognat (près de Vichy) à la tête de deux compagnies de la division SS Hohenstaufen et devait initialement arrêter Giraud et le chef de l’État français, Pétain, puis les emmener en Allemagne<ref>Laslo Havas : Assassinat au Sommet page 18, Édition J'ai Lu Leur Aventure N° A213</ref>. Toutefois, en représailles à l'affaire Giraud, les Allemands bloquent les libérations envisagées de prisonniers français : aucun officier, même malade, ne sera plus rapatrié, les négociations portant sur la libération de Modèle:Unité emprisonnés sont suspendues, et la mission Scapini ne peut plus inspecter les camps, où la discipline est durcie. Pétain se montre affecté par la situation, mais ne fait pas davantage pression sur Giraud pour qu'il retourne en Allemagne<ref>Giraud (général), Mes évasions, Modèle:Opcit, Modèle:P..</ref>,<ref name="assemblée_giraud"/>,<ref name="ferro 394-398"/>,<ref name="Cointet536"/>,<ref name="Paxton322-324"/>. Laval en appelle quant à lui à l'amiral Darlan pour qu'il sévisse contre Giraud ; mais Darlan, heureux de la déconvenue infligée à Laval qui vient de lui succéder à la tête du gouvernement, se contente d'abaisser à soixante ans la limite d'âge des généraux, ce qui a pour effet de mettre Giraud à la retraite<ref name="Cointet536"/>.
Lettre de soumission à Pétain
Le Modèle:Date, sur l'insistance de Laval<ref name="Cointet536" />, Giraud adresse une lettre à Pétain, dans laquelle il affirme son loyalisme, en lui promettant qu'il n'ira pas à l'encontre de l'action de Darlan et Laval<ref name="charlesdegaulle.be" />,<ref name="Martin456">Modèle:Harvsp.</ref> : "Je suis pleinement d'accord avec vous. Je vous donne ma parole d'officier que je ne ferai rien qui puisse gêner en quoi que ce soit vos rapports avec le gouvernement allemand ou entraver l'œuvre que vous avez chargé l'amiral Darlan et le président Pierre Laval d'accomplir sous votre haute autorité. Mon passé est garant de ma loyauté..."<ref>Modèle:Lien web</ref>,<ref>Modèle:Lien web</ref>. Il se jugera cependant délié de sa promesse en Modèle:Date, quand Laval proclame dans un discours radiodiffusé souhaiter la victoire de l'Allemagne. Si les idées de Giraud en matière de politique intérieure sont très proches de celles de Pétain, il refuse la collaboration, ce qui creuse un fossé entre Vichy et lui<ref name="Cantier376" />. Entre-temps, les autorités de Vichy le laissent, après l'envoi de sa lettre à Pétain, disparaître dans une Modèle:Citation : il bénéficie de la protection de membres du service de renseignement de l'Armée de terre<ref name="Cointet536" />,<ref name="Martin454" />.
Giraud, contacté par des organisations de la Résistance intérieure qui souhaitent s'assurer de sa participation, repousse les propositions qui lui sont faites. Les raisons exactes de ce refus ne sont pas connues, Giraud ne les détaillant pas dans ses mémoires : elles semblent avoir reposé sur une méfiance vis-à-vis du camp gaulliste, ou sur une crainte du poids excessif des communistes<ref name="Martin454"/>.
Giraud s'installe en zone libre, près de Lyon, au domaine de Fromente, propriété d'un ami industriel<ref name="Paxton322-324"/>, où la police de Laval le fait surveiller, ce qui ne l'empêche pas de prendre des contacts avec diverses personnalités françaises et américaines, en vue d'une reprise de la guerre par l'armée française auprès des Alliés<ref name="Michel445-459">Modèle:Harvsp.</ref>,<ref name="Vichysto"/>,<ref name="Paxton322-324"/>. Envisageant un débarquement allié dans le Sud de la France, qui serait appuyé par l'armée d'armistice placée sous son autorité<ref name="FaivreStratisc"/>,<ref name="Paxton322-324"/>, il demeure notamment en liaison avec des officiers français membres de réseaux clandestins comme Cogny et Frère ; il prend également contact avec le général Weygand, revenu d'Afrique du Nord, et incite ce dernier à prendre la tête d'un mouvement de libération<ref name="Paxton322-324"/>. Selon le témoignage de Giraud, Weygand se dit lui-même trop âgé pour pareille entreprise, mais l'incite à résister à la tête des forces françaises<ref>John Vader, Nous n'avons pas joué : l'effondrement du réseau Prosper, Le Capucin, 2002, Modèle:P..</ref>,<ref name="FaivreStratisc"/>,<ref name="Paxton322-324"/>.
Giraud et le débarquement en Afrique du Nord
Lorsque les Alliés envisagent un débarquement en Afrique du Nord, leurs dirigeants, décidés à écarter de Gaulle après son échec de Dakar, et incertains de l'accueil que leur réserveraient les généraux vichystes, cherchent un général français prestigieux pour prendre le commandement de l'armée d'Afrique ; les Américains comptent sur les Modèle:Citation et sur Giraud Modèle:Citation. Plusieurs partisans de la reprise des combats, désignés a posteriori sous le nom de Modèle:Citation Modèle:Incise se sont en effet réunis dans le but de favoriser une intervention alliée en Afrique française du Nord (AFN) : ce groupe, très informel, fait cependant figure d'Modèle:Citation et agit essentiellement au niveau diplomatique. La liaison entre les Modèle:Citation et les groupes de résistants présents en AFN est assurée par Astier de la Vigerie, qui se charge d'unifier les réseaux de la Résistance nord-africaine en partenariat avec le jeune José Aboulker. Lemaigre Dubreuil, membre également du réseau Alliance, et qui a servi sous les ordres de Giraud, prend en mai 1942 contact avec ce dernier, qui accepte de se joindre à la conspiration et apporte à la Modèle:Citation le chef militaire qui lui manquaitModèle:Sfn,<ref name="aron gdhc 211-219">Robert Aron, Grands dossiers de l'histoire contemporaine, « Le premier complot d'Alger (7-8 novembre 1942) », Modèle:Éd. Librairie Académique Perrin, Paris, 1962-1964 ; rééd. CAL, Paris, Modèle:P.. Modèle:Commentaire biblio</ref>.
Les contacts du général Giraud se sont limités jusque-là à des conversations avec des officiers qu’il a commandés en 1940 et une entrevue avec le général de Lattre, à Montpellier, le Modèle:Date-<ref name="Paxton322-324"/>. Il mise essentiellement sur l'appui militaire des États-Unis<ref name="Paxton322-324"/> et apparaît à partir de l'été 1942 comme le Modèle:Citation, ou du moins comme le Modèle:Citation, des différents groupes composant une tendance, issue en partie de l'armée d'armistice, de la Résistance française. Cette forme de Résistance, qui a préexisté à l'évasion de Giraud mais se rallie ensuite à lui, est composée pour l'essentiel de personnes sympathisantes des idées de la Révolution nationale mais déçues par l'évolution de Vichy, hostiles à la collaboration et désireuses de reprendre le combat<ref name="Michel445-459"/>. Henri Michel, spécialiste de la Résistance, donne, Modèle:Citation, le nom de Modèle:Citation (guère utilisé à l'époque) à cette tendance résistante anti-gaulliste, qui Modèle:Citation. Le camp giraudiste, apparu comme une Modèle:Citation du pétainisme, a comme point commun de miser sur l'aide américaine et sur une armée reformée sur le sol national, et non précairement installée à l'étranger comme les Forces françaises libres. Giraud croit Pétain entravé par l'action de son gouvernement, et envisage une action commune entre le maréchal et la Résistance : il élabore un Modèle:Citation, où le signal du soulèvement sur le sol français serait donné par un message codé contenu dans un discours de Pétain<ref name="Michel445-459"/>.
Le général est approché par des agents consulaires américains qui le rencontrent dans la forêt de Randan, près de Vichy<ref name="Paxton322-324"/>. Il répond favorablement au message de Roosevelt qui lui propose de travailler avec les États-Unis à la libération de la France<ref name="Paxton322-324"/>.
Le Modèle:Date, des accords entre les États-Unis et la Résistance française sont conclus au cours d'une conférence secrète tenue à Messelmoun près de Cherchell, non loin d'Alger<ref name="aron gdhc 211-219"/>,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn, le diplomate américain Robert Murphy, le général Clark (adjoint d'Eisenhower) et divers représentants militaires et civils de la Résistance, dont le colonel Jousse, le général Mast, et Bernard Karsenty (adjoint de José Aboulker), Jean Rigault et Henri d'Astier de La Vigerie<ref name="aron gdhc 211-219"/>.
Après que la décision de débarquer en AFN a été prise, Robert Murphy négocie avec Tarbé de Saint-Hardouin sur un accord, sans en tenir informé Giraud. Ce dernier entérine tout de même finalement l'accord le Modèle:Date-, malgré le Modèle:Citation. En réalité, Murphy négocie à un niveau subalterne, car tous les contacts de Giraud en France sont alors surveillés par les Allemands qui connaissent ses plansModèle:Sfn. Giraud accepte de participer à l'opération Torch à condition que le débarquement ait lieu simultanément dans le Sud de la France et en Afrique du Nord, et qu'il en soit le commandant en chef. Le général Eisenhower, avant de partir pour le QG allié de Gibraltar, rejette la prétention de Giraud à exercer le commandement ; Murphy, craignant que Giraud ne se retire de l'opération, laisse entendre que ses demandes seront acceptées. Giraud demande pour sa part que la France libre soit exclue des opérations, et ne puisse pénétrer en AFN qu'après entente entre les Américains et les autorités françaises locales<ref name="Levisse-Touzé228">Modèle:Harvsp.</ref>. Dans l'ignorance des intentions précises des Alliés, Giraud élabore un plan d'offensive fondé sur un débarquement des Alliés dans le Sud de la métropole pour le printemps 1943 auquel l'armée d'armistice apporterait son soutien, grâce aux stocks d'armes camouflées, par des attaques depuis la région de Lyon, vers le nord et l'Alsace puis vers la Belgique, Modèle:Citation. Ces actions seraient appuyées par une intervention des Britanniques sur les côtes de la Manche et l'occupation des aéroports de la zone sud. Ce plan ambitieux est finalement abandonné mais, dans les derniers jours d'octobre, Giraud envisage toujours un débarquement allié à Port-Vendres et à Toulon ; ce n'est que le Modèle:Date- que Lemaigre-Dubreuil apprend que l'Opération Torch est enclenchée<ref name="Ferro423-424">Modèle:Harvsp.</ref>. Le Modèle:Date-, Giraud est à son tour informé qu'un débarquement, limité à l'Afrique du Nord, aura lieu dans les six jours qui suivent<ref name="Paxton322-324"/>,<ref>Modèle:Harvsp: Modèle:Citation</ref>. On fait finalement admettre au général un débarquement qui aurait lieu sur le seul territoire de l'AFN. Giraud désigne comme représentants sur place le général Mast à Alger et le général Béthouart au Maroc. Il écrit, dans une lettre adressée à l'un de ses partisans, Modèle:Citation<ref name="LiddelHart325">Modèle:Harvsp.</ref>,<ref name="Ferro423-424"/>.
Pour quitter secrètement la France métropolitaine et rejoindre les Alliés en vue de participer à l'opération Torch, Giraud bénéficie de l'aide du général Robert de Saint-Vincent<ref>Notice : « Robert de Saint-Vincent », in Les Justes de France, Mémorial de la Shoah, 2007 Modèle:ISBN, Modèle:P..</ref>, membre de l'Armée secrète, ainsi que de celle du réseau Alliance, qui l'exfiltre et le conduit jusqu'au sous-marin britannique Modèle:HMS<ref>Jean-Paul Cointet, Michèle Cointet, La France à Londres - renaissance d'un État 1940-1943, Complexe, 1999, Modèle:P..</ref>. Avant son départ, Giraud désigne le général Aubert Frère comme son représentant en France, en tant que chef des réseaux de résistance au sein de l'armée française<ref>Pierre Ordioni, La fracture – De Londres 1941 à Sétif 1945, Nouvelles Éditions Latines, 2008, Modèle:P..</ref>,<ref name="Wieviorka2013">Olivier Wieviorka, Histoire de la Résistance 1940-1945, Perrin, 2013, Modèle:P..</ref>. Il adresse par ailleurs une lettre, datée du Modèle:Date-, au maréchal Pétain, dans laquelle, arguant que la France ne saurait demeurer Modèle:Citation dans le conflit, il déclare se libérer de son serment de ne pas entraver l'action du gouvernement de Vichy<ref name="Ferro423-424"/>.
De ses derniers entretiens avec Lemaigre Dubreuil, Giraud a déduit qu'il allait exercer le commandement du débarquement allié en Afrique du Nord. N'en ayant cependant pas reçu l'assurance explicite, il décide, contre l'avis de Lemaigre Dubreuil, de se rendre d'abord au quartier général allié de Gibraltar pour en discuter avec Eisenhower<ref name="Levisse-Touzé228"/>. Le HMS Seraph embarque Giraud au Lavandou et le transporte jusqu'à Gibraltar, le Modèle:Date-. Une fois arrivé sur place, Giraud apprend que l'opération sera commandée par le général américain Eisenhower<ref name="charlesdegaulle.be"/>. Giraud impose à ce dernier une longue discussion Modèle:Incise et réclame le commandement de l'opération Torch, arguant de son grade supérieur et du prestige de son pays. Eisenhower, qui ne sait rien des accords passés avec Murphy, veut que Giraud gagne le plus vite possible Alger pour que les troupes françaises se rallient à lui. Il explique à Giraud qu'il n'a jamais été envisagé de lui confier la responsabilité du débarquement, à la tête duquel sa présence poserait divers problèmes : en effet, les troupes alliées ne comporteront aucun militaire français et risquent fort, au contraire, de devoir affronter des troupes françaises. Ce que les Alliés attendent de Giraud est que sa présence à leurs côtés puisse convaincre les troupes et les autorités françaises d'Afrique du Nord de se joindre à eux. Giraud, irrité à l'idée de ne tenir aucun rôle dans les opérations militaires, menace de s'en tenir à un rôle de spectateur ; Eisenhower lui répond que s'il persiste dans ses demandes, les Américains prendront le parti de se passer de lui. Le lendemain, Giraud finit par se ranger aux arguments d'Eisenhower<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Kenneth S. Davis, Experience of War. The United States in World War II, Doubleday, 1965, Modèle:P..</ref>,<ref name="LevisseTouzé238">Modèle:Harvsp.</ref> : il est convenu que ce dernier gardera le commandement en chef des troupes anglo-américaines, en cours de débarquement, jusqu'à ce que l'opération soit achevée. Les troupes françaises ne recevront ensuite d'ordres que du général Giraud (compromis qui se révèlera efficace par la suite pour toute la campagne de Tunisie). Giraud obtient également l'assurance d'être placé à la tête de l'administration française en Afrique du Nord après le débarquement<ref name="LiddelHart325"/>. Dans le même temps, certains hauts gradés de l'armée de Vichy, dont les généraux Revers et Verneau, qui connaissent les projets de Giraud et sont en contact avec Londres, croient que les Alliés se préparent à suivre le plan initial de Giraud et sont convaincus qu'un débarquement dans le Sud de la France est imminent<ref name="Ferro423-424"/>,<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.
La veille du débarquement, Béthouart informe au Maroc le résident général Noguès et l'amiral Michelier de l'imminence du débarquement et du fait que Giraud va prochainement arriver pour prendre le commandement de l'Armée d'Afrique : il leur demande de ne pas opposer de résistance. Noguès fait au contraire arrêter Béthouart et ordonne aux forces françaises de repousser les Alliés. En Algérie, Murphy informe le général Juin du débarquement et lui demande d'accepter le commandement de Giraud ; Juin se montre cependant réticent à accepter l'autorité de ce dernier et souhaite d'abord obtenir l'avis de l'amiral Darlan, qui se trouve fortuitement présent à Alger<ref>Modèle:Harvsp.</ref>,<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.
Dans la nuit du 7 au Modèle:Date-, quatre cents résistants Modèle:Incise menés par José Aboulker, occupent les points stratégiques d'Alger et arrêtent les plus hauts dirigeants civils et militaires vichystes. Juin et Darlan se trouvent momentanément mis en état d'arrestation<ref>Michel Ansky, Les Juifs d'Algérie, 1950.</ref>. L'un des résistants<ref>Raphaël Aboulker (cousin de José Aboulker).</ref> lance depuis les studios de Radio-Alger un appel au nom du général Giraud<ref name="LiddelHart332">Modèle:Harvsp.</ref>, incitant les Français à reprendre la guerre aux côtés des Alliés et se terminant par : Modèle:Citation L'appel est diffusé à plusieurs reprises durant le débarquement, à raison d'une fois tous les quarts d'heure, sur les ondes de Radio-Alger<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. La phrase Modèle:Citation devient par la suite la devise de Giraud jusqu'à la Libération, et sert de titre à ses Mémoires. Le message radiodiffusé lancé au nom de Giraud, dont les Alliés attendaient des retombées décisives, ne produit cependant aucun effet sur la suite des opérations et ne facilite en rien l'avance des troupes de débarquement<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. L'absence de Giraud, retardé par son escale à Gibraltar, complique également la situation : Lemaigre Dubreuil l'attend en vain à l'aérodrome de Blida et les résistants demeurent sans nouvelle de lui ; entretemps, les autorités fidèles à Pétain entreprennent de reconquérir Alger<ref name="LevisseTouzé238"/>.
Alors que les régiments vichystes perdent leur temps à reconquérir Alger contre les résistants français, les forces de débarquement alliées peuvent débarquer, encercler Alger presque sans opposition, et obtenir la reddition de la garnison vichyste à Modèle:Heure, le même jour. L'amiral Darlan finit par transmettre un ordre de cessez-le-feu aux troupes vichystes ; les combats se poursuivent cependant à Oran et Casablanca. Parti de Gibraltar où il était resté après son entrevue avec Eisenhower, Giraud n'arrive à Alger que le Modèle:Date-, à Modèle:Heure, avec quatre jours de retard par rapport à la date prévue. Il fait préalablement redécorer le sous-marin britannique qui le transportait pour lui faire arborer des couleurs françaises. En son absence, le général Clark a commencé à traiter avec l'amiral Darlan<ref name="charlesdegaulle.be"/> pour obtenir la fin des combats à Oran et au Maroc, et obtenu de lui un cessez-le-feu sur toute l'AFN. Le fait d'apprendre la présence de Giraud aux côtés des Alliés semble avoir contribué à décider Darlan à négocier, afin d'éviter une prise du pouvoir à Alger par le général Modèle:Citation. Arrivé en compagnie de son fils, du capitaine Beaufre et de son ordonnance, Giraud gagne la propriété de Lemaigre Dubreuil. Darlan, mis au courant, interdit qu'on lui donne des bons d'essence et fait couper son téléphone. Isolé et mis à l'écart des premières négociations alliées avec Darlan, Giraud est, brièvement, pratiquement prisonnier : il en arrive à craindre que Darlan ne le fasse fusiller<ref>Modèle:Harvsp.</ref>,<ref>Modèle:Harvsp.</ref>,<ref name="LevisseTouzé238"/>. Il découvre alors que les Américains misent désormais avant tout sur l'alliance avec l'amiral, qui fait figure de carte maîtresse. Les Américains et les Britanniques considèrent en effet que Darlan, dont personne n'avait prévu la présence en Algérie et qui a plus de poids politique que Giraud, est le seul homme capable de rallier aux Alliés les Français d'Afrique du Nord<ref>Modèle:Harvsp.</ref>,<ref>Modèle:Harvsp.</ref>,<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.
Du débarquement aux négociations avec les gaullistes
L'alliance Giraud-Darlan
Des pourparlers entre Français et Américains aboutissent à mettre en place une combinaison politique. Charles Noguès, résident général de France au Maroc, refuse de se mettre sous les ordres de Giraud, mais finit par accepter que ce dernier soit associé au pouvoir s'il est lui-même subordonné à l'amiral Darlan. De Gaulle reste par ailleurs exclu du jeu en AFN<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Un accord s'étant dégagé autour de lui, Darlan prend alors la direction politique de l'Afrique française du Nord et de l'Afrique-Occidentale française avec le soutien de Roosevelt<ref name="azema wievorka91-92">Jean-Pierre Azéma, Olivier Wieviorka, Vichy, 1940-1944, Modèle:Opcit, Modèle:P..</ref>. Darlan lui-même porte les titres de haut-commissaire et de commandant en chef des forces navales ; Giraud est nommé commandant en chef des forces terrestres et aériennes<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Bien qu'initialement surpris par le fait que les Alliés misent sur Darlan, Giraud ne semble pas avoir pensé à refuser son concours, et paraît même avoir été soulagé de ne pas avoir à exercer le pouvoir politique, pour lequel il ne montre guère d'appétence. Le Modèle:Date-, il accepte officiellement de recevoir le commandement en chef des mains de Darlan, se mettant sous ses ordres Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Il ne reste alors plus rien des accords négociés par le Modèle:Citation et Murphy<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.
Le Haut-commissariat de France en Afrique du Nord, dont Darlan prend la direction, maintient la législation et les camps de concentration de Vichy : Darlan refuse notamment de rétablir le décret Crémieux, dont l'abolition a privé les Juifs d'Algérie de leur nationalité française. Bien que désavoué par Vichy, l'amiral Darlan continue d'affirmer qu'il gouverne au nom de Pétain Modèle:Citation : le contexte militaire lui permet d'imposer un statu quo politique, toute réforme éventuelle étant renvoyée à l'après-guerre. Du Modèle:Date- au Modèle:Date-, Darlan se réunit avec Giraud, Noguès, Bergeret, et Pierre Boisson, gouverneur général de l'AOF, pour une Modèle:Citation destinée à examiner les problèmes du moment : l'allégeance envers l'État français est réaffirmée, Darlan déclarant Modèle:Citation. Le Comité national français, organe de direction de la France libre, refuse entretemps de reconnaître le Haut-commissariat de Darlan. La situation de ce dernier demeure par ailleurs précaire, l'opinion publique et les médias britanniques et américains condamnant le pacte avec l'amiral Modèle:Citation. L'Armée d'Afrique, placée sous le commandement de Giraud qui décrète la mobilisation générale des Français et des Musulmans d'Algérie et du Maroc<ref name="FaivreStratisc"/>, est mise à contribution pour aider les Alliés à chasser Allemands et Italiens lors de la campagne de Tunisie<ref>Modèle:Harvsp.</ref>,<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.
Giraud au pouvoir à Alger
Le 24 décembre 1942, le jeune résistant Fernand Bonnier de La Chapelle assassine l'amiral Darlan ; Giraud insiste pour que Bonnier soit rapidement jugé<ref>Renée Pierre Gosset, Expédients provisoires, Fasquelle, Paris, Modèle:P..</ref>. Après la mort de Darlan, les membres vichystes du Conseil impérial élisent, le 26 décembre, le général Giraud pour succéder à l'amiral. D'abord élu Haut-commissaire, Giraud prend, par une ordonnance du Modèle:Date-, le titre de « Commandant en chef civil et militaire »<ref>Dmitri Georges Lavroff, Le Système politique français : constitution et pratique politique de la {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | Ve{{#if:| }} }} République, Dalloz, 1991, Modèle:P..</ref> ; le nom de Commandement en chef français civil et militaire se substitue par la suite à celui de Haut-commissariat pour désigner l'exécutif français en AFN et AOF. Le général Giraud conserve le même adjoint que son prédécesseur, le général Bergeret, ancien ministre de l'Air de Pétain ; dans l'ensemble, il garde à ses côtés les collaborateurs de Darlan, au détriment même de ses propres partisans. Giraud entreprend de faire connaître à la population africaine son visage, et à populariser sa devise, Modèle:Citation : cette formule lui permet également de souligner le primat qu'il accorde aux questions militaires, et d'éluder les questions politiques. Ainsi, aurait-il répondu à une question d'un journaliste : Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp.</ref>,<ref>Note Modèle:N°3 de Paxton, L'Armée de Vichy, Modèle:Opcit, Modèle:P. : Jean Planchais, Le Malaise de l'armée, Paris, Plon, 1958, Modèle:P..</ref>. Jugeant qu'il n'a aucune aptitude en matière d'affaires publiques, il écrit par la suite dans ses mémoires que son élection du 26 décembre constitue l'Modèle:Citation<ref name="LevisseTouzé238"/>.
Giraud revient le 14 mars 1943, la législation du 22 juin 1940.
Giraud se trouve dès lors à la tête de forces françaises rangées aux côtés des Alliés et plus importantes que celles de la France libre<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. En métropole, par ailleurs, une partie des gradés de l'armée de Vichy ont cru un temps que les Alliés allaient débarquer dans le Sud de la France comme prévu initialement par Giraud : ce débarquement n'a finalement pas lieu et l'invasion de la zone libre par les Allemands est suivie de la dissolution de l'armée d'armistice. Des officiers, parmi lesquels les généraux Verneau et Revers, constituent alors, en Modèle:Date, l'Organisation de résistance de l'Armée (ORA), dont le général Frère prend le commandement, et qui reconnaît Giraud comme son chef<ref>Modèle:Harvsp.</ref>,<ref name="Wieviorka2013"/> ; le réseau Alliance, dirigé par Marie-Madeleine Fourcade, fait également partie de la résistance Modèle:Citation<ref>Modèle:Ouvrage .</ref>. Revendiquant une approche uniquement militaire du conflit et refusant de Modèle:Citation, Giraud contribue à faire sortir de l'attentisme une partie des cadres de l'armée et de l'administration, qui rejoignent dès lors le combat contre l'Axe. Les chefs des services secrets de Vichy, le colonel Rivet, et les commandants Paillole et du Crest de Villeneuve, ayant rejoint Alger, se rallient à Giraud. Ce dernier réorganise à cette occasion les services de renseignements militaires en plaçant l'ensemble de leurs branches (Air, Terre et Mer) sous l'autorité d'un nouvel organisme, la Direction des services spéciaux (DSS)<ref name="Wieviorka2013"/>.
Le giraudisme apparaît, au printemps 1943, nettement en position de force. La présence du général Giraud aux côtés des Alliés permet de délégitimer Vichy en le privant de ses soutiens conservateurs ; de nombreux responsables français, séduits par l'apolitisme revendiqué du général, ont ainsi la possibilité de rompre avec le régime de Pétain, tout en gardant leurs distances avec la France libre dont ils se méfient. Les Alliés, de leur côté, attendent du général Giraud qu'il fasse office de chef rassembleur, qui leur permettrait de rallier les Français. Giraud a le double avantage de paraître fournir une alternative sérieuse à la France libre et de se conformer aux instructions des Américains<ref name="Wieviorka2013"/>.
Bien que dénoncé comme traître par le gouvernement de Vichy, et déchu de sa nationalité par Pétain, Giraud continue initialement de reconnaître la légitimité de ce dernier<ref>Modèle:Harvsp.</ref>,<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Malgré une certaine indifférence de principe aux questions politiques, Giraud n'en garde pas moins des préférences pour l'idéologie de la Révolution nationale : bien que constituant une Modèle:Citation du pétainisme, le Modèle:Citation se traduit par la permanence, en AFN, d'un régime autoritaire. Dans les faits, Giraud concentre entre ses mains des pouvoirs Modèle:Citation : l'exécutif, le législatif et le judiciaire sont confondus et il n'est nulle part prévu que le commandant en chef civil et militaire doive répondre de ses actes devant quiconque. Le général maintient en outre l'essentiel de l'appareil administratif précédent et s'entoure d'anciens cadres du régime de Pétain : Marcel Peyrouton, ancien ministre de l'Intérieur de Vichy, est ainsi nommé gouverneur général de l'Algérie<ref>Modèle:Harvsp.</ref>, Giraud respectant le vœu de Darlan en ce sens<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Soucieux de rallier les vichystes Modèle:Citation, Giraud se montre hostile à toute épuration et s'emploie à trouver des portes de sortie honorables aux personnages trop controversés pour être maintenus dans leurs fonctions : l'ancien gouverneur général de l'Algérie, Yves Châtel, remplacé par Peyrouton, est ainsi envoyé au Portugal pour mener une mission auprès de la Croix-Rouge<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.
Pierre Pucheu, ancien ministre de l'Intérieur de Pétain, ayant fui la France à travers l'Espagne, écrit à Giraud, qu'il avait préalablement rencontré à Lyon<ref>Pour lui présenter son « rapport à Pétain » du Modèle:Date-, cf. Robert Aron, infra, Modèle:P..</ref>, pour demander à venir au Maroc s'engager comme officier de réserve dans une unité combattante<ref name="aron_gdhc-291-294">Robert Aron, Grands dossiers de l'histoire contemporaine, Modèle:Éd. Librairie Académique Perrin, Paris, 1962-1964 ; rééd. CAL, Paris, Modèle:Chap.« Procès et exécution de Pierre Pucheu », Modèle:P..</ref>. Giraud lui donne son accord par une lettre du Modèle:Date-, à condition que Pucheu prenne un nom d'emprunt et s'abstienne de toute activité politique<ref name="aron_gdhc-291-294"/>. Il lui fait adresser à cet effet un sauf-conduit par l'un de ses collaborateurs, le colonel Malaise<ref name="aron_gdhc-291-294"/>. Pucheu arrive le 8 mai 1943 en Afrique du Nord<ref name="aron_gdhc-291-294"/>. Mais il est reconnu à bord du navire Sidi Brahim, et arrêté. Giraud le lâche piteusement, arguant que l'anonymat dans lequel Pucheu devait se rendre en Afrique du Nord n'a pas été respecté. À la suite du non-respect des deux conditions formelles posées par Giraud à l'ancien ministre, et afin d'empêcher toute agitation en Afrique du Nord alors que la campagne de Tunisie se termineModèle:Source insuffisante, le général le fait placer en résidence surveillée le 12 mai 1943<ref name="de gaulle 219-220">Charles de Gaulle, Mémoires de guerre – L'Unité : 1942-1944 (tome II), Modèle:Éd. Plon, Paris, 1956 ; rééd. Le Livre de Poche (Historique), 1963, Modèle:Nobr (texte intégral), Modèle:P..</ref>,<ref name="aron_gdhc-291-294"/>. Pucheu lui adresse alors une seconde lettre, de protestation cette fois, à laquelle il n'obtient pas de réponse<ref name="aron_gdhc-291-294"/>.
Au début de 1943, après l'assassinat de Darlan, des premiers contacts s'établissent entre Giraud et de Gaulle : les deux hommes sont conviés, au mois de janvier, à participer à la conférence alliée de Casablanca. Si les deux généraux acceptent de se serrer la main devant les photographes, ils campent sur leurs positions respectives et ne parviennent pas à s'entendre sur l'organisation politique à mettre en place. L'envoi de missions de liaison chargées de négocier le rapprochement entre Alger et Londres est néanmoins décidé : le général Catroux est chargé de représenter la France libre à Alger<ref name="Cantier380">Modèle:Harvsp.</ref>. Lors de la conférence et par la suite, Giraud se fait, auprès des Américains, l'avocat de l'Armée d'Afrique qu'il juge capable de fournir une aide décisive aux Alliés pourvu qu'elle soit correctement équipée ; il demande au général Marshall de lui fournir des armes modernes permettant d'équiper Modèle:Nobr, dont Modèle:Nobr, afin de constituer un corps expéditionnaire de Modèle:Nombre<ref>Modèle:Harvsp.</ref>, ainsi qu'un nombre important d'avions de chasse (500), de bombardiers (300) et d'avions de transports (200)<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Bien que peu convaincus par les capacités politiques de Giraud, Eisenhower et Roosevelt lui maintiennent leur appui<ref name="Michel467">Modèle:Harvsp.</ref>.
La politique menée par Giraud en Afrique du Nord, qui se traduit par le maintien des lois antisémites et l'absence de démocratisation dans un territoire libéré, met cependant vite les Alliés dans l'embarras, surtout le président américain : aux États-Unis, une campagne de presse dénonce dès le début de 1943 la situation dans les camps d'internement français. Le maintien en place de Noguès est également critiqué, du fait de son attitude lors du débarquement. Les interlocuteurs américains de Giraud s'efforcent alors de convaincre ce dernier qu'une libéralisation du régime en vigueur ne peut que servir sa cause auprès des Alliés et encourager le gouvernement américain à augmenter l'aide au réarmement français. Giraud esquisse alors des gestes de bonne volonté et, au début du mois de février, fait libérer les douze gaullistes arrêtés en Modèle:Date- et les vingt-sept députés communistes internés. Les conditions de vie dans les centres de séjour surveillés sont nettement améliorées. Des mesures symboliques commencent à marquer une prise de distance avec Vichy : les effigies de Pétain et les allusions à l'État français dans les documents officiels sont progressivement retirées, pour ne disparaître tout à fait qu'au mois de mai<ref>Modèle:Harvsp.</ref>,<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Entretemps, la politique menée par Giraud, vue comme une Modèle:Citation du pétainisme, est condamnée par une grande partie des organisations de la Résistance intérieure, qui se rapprochent dès lors du général de Gaulle<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Loin d'avoir les effets rassembleurs escomptés par les Alliés, l'action de Giraud tend à diviser les Français, y compris au sein des organisations de Résistance<ref name="Wieviorka2013"/>.
L'évolution de la politique menée par Giraud est accélérée au début de Modèle:Date-, quant Roosevelt envoie Jean Monnet à Alger. Chargé officiellement de représenter le Bureau de répartition des armements, Monnet est en réalité chargé de conseiller le commandant en chef civil et militaire. Rapidement, il gagne la confiance de ce dernier, le convainc que l'aide militaire des Américains dépend de la démocratisation de son administration, et le mène à l'abandon progressif de la législation de Vichy<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Le Modèle:Date, Giraud prononce, à la salle Pierre-Bordes d'Alger, une allocution radiodiffusée dont le texte a été écrit par Monnet sous l'étroit contrôle de Robert Murphy et du britannique Harold Macmillan<ref>Modèle:Harvsp.</ref>, et qu'il qualifie lui-même ironiquement de « premier discours démocratique de sa vie » ; dans cette allocution, qui constitue un tournant, Giraud renonce à la fiction du pouvoir exercé au nom de Pétain : il rompt en effet avec Vichy en annonçant que l'armistice du 22 juin 1940 n'a pas engagé la France et que la législation promulguée depuis est sans effet. Giraud annonce que la victoire s'accompagnera d'un retour à la démocratie : il déclare Modèle:Citation. La tonalité du discours de Giraud provoque un séisme dans son entourage : Lemaigre Dubreuil, Bergeret et Rigault démissionnent. Le discours de Giraud est suivi d'effets : le Modèle:Date-, une série d'ordonnances rétablit le régime républicain en annonçant la fin des conseils nommés et le rétablissement en AFN des assemblées élues qui siégeaient avant 1940 ; les biens confisqués aux Juifs leur sont par ailleurs restitués. Si Giraud rétablit les libertés individuelles et annonce la fin des lois de discrimination raciale, il se montre en revanche intraitable sur le décret Crémieux, qu'il refuse de rétablir<ref name="Stora">Modèle:Lien web.</ref>,<ref name="Kaspi_1971">André Kaspi, La Mission de Jean Monnet à Alger, mars-octobre 1943, Modèle:Vol. de Publications de la Sorbonne – Série internationale, éditions Richelieu, 1971, Modèle:P..</ref>. Sur décision du général, une des ordonnances prises le Modèle:Date- confirme la fin du décret Crémieux : l'ordonnance est mise en application par Peyrouton, qui avait déjà aboli le décret en tant que ministre de l'Intérieur de Vichy<ref name="Stora"/>. Le texte se trouve donc abrogé deux fois de suite par le même homme<ref name="Stora"/>, et les Juifs d'Algérie demeurent par conséquent privés de la nationalité française : Giraud souhaite en effet Modèle:Citation, jugeant qu'Modèle:Citation<ref name="Cantier_378-380">Modèle:Harvsp.</ref>. Le statut imposé aux Juifs n'est aboli qu'en ce qui concerne la possession de leurs biens, la profession et l'instruction : les élus juifs demeurent exclus des Conseils généraux rétablis<ref name="Cantier_378-380"/>,<ref>Modèle:Harvsp.</ref>,<ref name="Kaspi_1971"/>. À la fin du mois de mai, plusieurs pans de la législation de Vichy sont abrogés, notamment la charte du travail et la loi sur la presse<ref name="Cantier383">Modèle:Harvsp.</ref>.
Selon Alfred Salinas, Giraud se serait montré perplexe sur le décret Crémieux, son ordonnance qui en édictait la fin prévoyait que l'abrogation serait subordonnée à la parution dans les trois mois de décrets d'application<ref>Alfred Salinas, Jules Abadie – Itinéraire d'un médecin devenu ministre et maire d'Oran, L'Harmattan, 2015, Modèle:P., Modèle:Chap. : « La question du décret Crémieux ».</ref>, mais aucun décret d'application ne fut pris dans ce délai.
Le discours prononcé par Giraud le Modèle:Date- lève le principal obstacle à un rapprochement avec de Gaulle : au lendemain de son allocution, Giraud invite ce dernier à rejoindre Alger. Dès lors, les forces françaises entreprennent de trouver une formule permettant leur fusion<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.
La situation semble, sur le plan politique, nettement basculer en faveur du camp gaulliste lorsque Jean Moulin, délégué général en France du général de Gaulle, transmet à Londres un télégramme (daté du Modèle:Date-, il est reçu le 14) dans lequel il annonce la création du Conseil national de la Résistance. Celui-ci confirme que l'ensemble des mouvements de résistance reconnaissent le général de Gaulle comme chef de la Résistance, n’admettront jamais sa subordination au général Giraud, et réclament l’installation rapide d’un gouvernement provisoire, sous la présidence du général de Gaulle, le général Giraud devant en être le chef militaire<ref>François Bédarida, Jean-Pierre Azéma, Daniel Cordier, Jean Moulin et le Conseil National de la Résistance, Centre national de la recherche scientifique, 1983, Modèle:P..</ref>.
Le Comité français de la Libération nationale
La difficile alliance de Gaulle-Giraud
Après d'âpres négociations entre le général Catroux, Giraud et Jean Monnet Modèle:Incise un compromis est trouvé pour former entre les forces françaises une alliance qui reposerait sur un principe de coprésidence. De Gaulle arrive le Modèle:Date à Alger pour mener à leur terme les négociations avec Giraud. Les rapports entre les deux généraux Modèle:Incise sont encore très tendus, au point que des rumeurs de coup d'État militaire circulent dans Alger durant les négociations<ref name="Cantier380"/>,<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. De Gaulle exige d'emblée les départs de différents cadres compromis avec Vichy, notamment Noguès et Peyrouton, ainsi que celui de Boisson qui avait repoussé les Forces françaises libres en Modèle:Date- lors de la bataille de Dakar. Giraud défend médiocrement les cadres de son administration, dont plusieurs Modèle:Incise préfèrent rapidement démissionner pour éviter des représailles<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.
Le Modèle:Date, le Comité français de Libération nationale (CFLN), destiné à unir la totalité des forces françaises en guerre, est officiellement créé via la fusion du Comité national français du général de Gaulle et du Commandement en chef français civil et militaire du général Giraud. Il s'agit d'un exécutif bicéphale, dont Giraud et de Gaulle sont coprésidents. Les hommes du premier, comme Jean Monnet ou le général Georges, y côtoient les partisans du second, comme André Philip, ou Catroux qui succède à Peyrouton comme gouverneur général de l'Algérie<ref name="charlesdegaulle.be"/>,<ref name="Cantier380"/>. L'Armée d'Afrique et les Forces françaises libres fusionnent le Modèle:Date- pour donner naissance à l'Armée française de la Libération, qui s'illustre ensuite notamment au cours de la campagne d'Italie. Giraud en prend la tête en tant que commandant en chef des forces françaises<ref name="Paxton446">Modèle:Harvsp.</ref> ; mais il se trouve placé sous l'autorité de De Gaulle qui, à la tête d'une nouvelle instance, le Comité de défense nationale, supervise les opérations militaires. Le CFLN se présente comme Modèle:Citation et s'engage à Modèle:Citation<ref name="Kaspi166">Modèle:Harvsp.</ref>.
Le Comité fonctionne selon une diarchie de principe : de Gaulle et Giraud président les séances en alternance, et apposent leurs deux signatures au bas de tous les décrets, Giraud signant en premier<ref name="Amouroux98100">Modèle:Harvsp.</ref>. De Gaulle continue cependant de viser à écarter Giraud<ref name="Paxton446"/>, qu'il juge à la fois trop lié aux principes de la Révolution nationale de Vichy, trop peu représentatif de l'esprit de la Résistance<ref name="Kaspi93"/>, et trop docile aux demandes des Américains<ref name="Kaspi166"/>. Pour Giraud, l'important n'est pas d'Modèle:Citation<ref name="Amouroux97">Modèle:Harvsp.</ref> car Modèle:Citation<ref name="Kaspi93">Modèle:Harvsp.</ref>. De Gaulle et son camp, au contraire, souhaitent rompre radicalement avec Vichy<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. La collaboration des deux généraux au sein du CFLN est jalonnée de différends parfois graves : le 8 juin, après une semaine seulement de cohabitation, de Gaulle présente sa démission après que Giraud a refusé un plan qui lui interdisait de cumuler un poste au gouvernement avec le commandement des troupes. De Gaulle fait savoir à Alger qu'il s'apprête à partir pour Brazzaville : en son absence, Giraud n'arrive à obtenir aucune décision de la part du CFLN ; l'action d'éclat de De Gaulle, qui reprend bientôt son poste, n'a pour objectif que d'isoler Giraud<ref name="Amouroux98100"/>.
Progressivement, de Gaulle mine l'autorité de Giraud<ref name="Paxton446"/> : les proches de ce dernier ou les cadres de son administration sont écartés, contraints à la démission, voire arrêtés quand ils sont trop compromis avec Vichy. Giraud ne réussit guère à garantir leur protection, ce qui affaiblit son autorité et son image. Chaque giraudiste démissionnaire est remplacé par un partisan de De Gaulle, tandis que ce dernier s'emploie à donner le plus de publicité possible à chaque défection ou départ dans le camp de Giraud<ref name="Amouroux98100"/>. Une partie de l'entourage de Giraud passe peu à peu dans le camp gaulliste ; Jean Monnet, qui adopte une position conciliatrice, ne s'attache pas outre mesure à la cause giraudiste. Lors de la première réunion du CFLN, le 5 juin, on procède à son élargissement : y sont nommés des soutiens de Giraud, René Mayer et Maurice Couve de Murville, qui se rangent ensuite eux aussi aux côtés de De Gaulle<ref name="Amouroux97"/>.
Giraud conserve par ailleurs à son usage l'ex-service de renseignements de Vichy, le Service de surveillance militaire (SSM)<ref>Olivier Forcade, « Services spéciaux militaires », dans Dictionnaire historique de la Résistance, Robert Laffont, Paris, 2006, Modèle:P..</ref>. La dualité avec le Bureau central de renseignements et d'action (BCRA) de la France libre rend bientôt intenable l'antagonisme entre services secrets et envenime considérablement la querelle entre de Gaulle et Giraud. La controverse porte non seulement sur le fait de savoir qui, du Commandant en chef ou du chef du gouvernement, doit prendre la direction des services secrets réunifiés, mais aussi sur la forme des actions de résistance à mener. Au fil des mois, les chefs du BCRA entreprennent de priver ceux du SSM de leurs prérogatives, tandis que les membres des Forces françaises libres incitent ceux de l'Armée d'Afrique à changer de camp<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.
Entre les mois de mai et d'août, une véritable campagne de Modèle:Citation, impossible à chiffrer, frappe les troupes giraudistes : de nombreux officiers font l'objet d'opérations de Modèle:Citation de la part des gaullistes<ref name="Kaspi93"/>. Des soldats et des jeunes officiers de l'armée d'Afrique demandent à rejoindre les unités de la France libre, dont Giraud dénonce de son côté la mainmise croissante<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Les Américains, entretemps, continuent de soutenir Giraud et exigent qu'il soit l'interlocuteur unique du commandement anglo-américain pour les questions militaires en Afrique du Nord ; leur attitude incite de Gaulle à hâter l'éviction de Giraud pour le priver progressivement de tout rôle politique et le cantonner aux tâches militaires<ref name="Amouroux98100"/>.
Du Modèle:Date- au Modèle:Date-, Giraud effectue un voyage de près d'un mois aux États-Unis, au Canada et au Royaume-Uni, notamment en vue d'obtenir des armes pour l'armée française ; son absence permet à de Gaulle de multiplier les ralliements et d'affirmer au passage son autorité au cours des cérémonies du 14 juillet. Quand il revient à Alger le Modèle:Date-, Giraud se trouve presque complètement marginalisé : une grande partie de ses partisans ont rejoint le camp gaulliste. De Gaulle assure désormais seul la présidence des séances du CFLN, tandis que tous les textes sont étudiés et rédigés par son entourage. Giraud continue d'apposer sa signature au bas des textes mais son autorité est désormais purement symbolique : en août, il signe le texte prévoyant son départ du CFLN s'il devait se trouver à la tête d'armées en opération Modèle:Incise ce qui équivaut à entériner sa propre élimination politique<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.
Le 1° septembre 1943, De Gaulle et Giraud signent un décret nommant Emile Bollaert représentant du CFLN auprès du Conseil de la Résistance Française.
Après de nombreuses pétitions<ref name="Stora"/>, le Modèle:Date-, le décret Crémieux est discrètement rétabli, sous un prétexte juridique, via un communiqué du CFLN qui argue que le décret du Modèle:Date-, n'ayant pas été suivi de textes d'application en temps voulu, est devenu caduc ; les Juifs d'Algérie retrouvent ainsi leur nationalité française<ref name="Cantier383"/>,<ref name="Stora"/>. Le Modèle:Date-, à l'occasion du premier anniversaire du débarquement en Afrique du Nord, Giraud décore les principaux organisateurs et participants français de l'opération, parmi lesquels d'Astier de la Vigerie et Aboulker qu'il avait fait arrêter quelques mois plus tôt<ref>Pierre Darmon, « Comment la France a repris les armes », L'Histoire Modèle:N°379, septembre 2012.</ref>.
Procès et exécution de Pierre Pucheu
La liberté de la presse, rétablie en AFN, permet aux journaux gaullistes et communistes de dénoncer ouvertement ceux qui ont collaboré avec l'ennemi<ref name="ferro 559-560">Modèle:Harvsp.</ref>. C'est ainsi qu'une campagne est lancée contre Pierre Pucheu Modèle:Incise par le journal clandestin Combat<ref name="ferro 559-560"/> le Modèle:Date- ; elle est ensuite relayée en force par les médias communistes<ref name="ferro 559-560"/>. Le CFLN, qui a décidé de procéder à l'épuration des collaborateurs<ref name="ferro 559-560"/>, fait traduire Pucheu devant un tribunal militaire, le Modèle:Date-, sans que Giraud, qui en fait partie et l'a fait venir en Afrique du Nord, ne proteste<ref name="aron_gdhc-291-294"/>,<ref name="de gaulle 219-220"/>. Giraud aurait été opposé à la mise en accusation de Pucheu, qu'il considère comme prématurée<ref name="aron_gdhc-300-301">Robert Aron, Grands dossiers de l'histoire contemporaine, Modèle:Opcit, Modèle:P..</ref>,<ref name="déposition Giraud">Déposition du général Giraud au procès Pucheu, Modèle:Date-.</ref>.
Par la suite, appelé par la défense à déposer au procès Pucheu qui s'ouvre en Modèle:Date- Giraud ne l'a pas défendu<ref name="aron_gdhc-300-301"/>. Il explique ses engagements envers l'accusé, ainsi que leur violation lors de la mise en résidence surveillée de ce dernier : il indique qu'étant en captivité en Allemagne jusqu'en 1942, il n'avait pas eu connaissance de ce que Pucheu avait fait en tant que ministre de l'Intérieur du gouvernement de Vichy<ref name="aron_gdhc-300-301"/>, et qu'il n'avait alors aucune raison de refuser à un Français, souhaitant reprendre le combat contre l'Allemagne, le droit de servir dans l'Armée française<ref name="déposition Giraud"/>. Il raconte ensuite comment Pucheu s'est fait reconnaître malgré les conditions qu'il avait reçues et justifie alors la violation de ses engagements, avançant le fait qu'en pleine bataille de Tunisie, qui était « indécise », il ne pouvait tolérer aucune agitation à l'arrière<ref name="déposition Giraud"/>. En réalité, la campagne de Tunisie n'était pas indécise, s'étant terminée le Modèle:Date-, le lendemain de la mise en résidence surveillée de Pucheu. Giraud invoque en deuxième raison avoir reçu des informations relatives à la responsabilité de Pucheu dans des exécutions d'otages, qu'il ne pouvait alors vérifier<ref name="aron_gdhc-300-301"/>,<ref name="déposition Giraud"/>. Henri Amouroux juge la déposition Modèle:Citation et contenant d'importantes erreurs factuelles : elle n'est d'aucun secours à Pierre Pucheu, et s'avère au contraire accablante pour l'ancien ministre, qui est condamné à mort le Modèle:Date- par le tribunal militaire<ref name="Amouroux129">Modèle:Harvsp.</ref>.
Peu avant le procès, Giraud a appris le décès de sa fille en déportation<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.
Après la sentence du tribunal militaire, Giraud intervient en faveur de Pucheu<ref>Modèle:Harvsp.</ref> : il demande à de Gaulle de commuer la peine ou bien de surseoir à l'exécution jusqu'au retour en France métropolitaine, au motif que le procès Pucheu est un procès politique et que les preuves et témoins n'ont pu être réunis en Afrique du Nord<ref name="Lettres Giraud-De Gaulle">Lettre du Modèle:Date- du général Giraud au général de Gaulle, et lettre du Modèle:Date- du général de Gaulle au général Giraud.</ref>. Dans un premier temps, de Gaulle s'abstient de répondre au courrier de Giraud. Pucheu est passé par les armes le Modèle:Date- au polygone de tir d'Hussein Dey. Avant d'être exécuté, l'ancien ministre de Vichy déclare au colonel qui commande le peloton : Modèle:Citation Giraud n'est informé qu'après coup du rejet du recours en grâce et de l'exécution de Pucheu ; de Gaulle répond à son courrier plusieurs jours après l'exécution, en invoquant la raison d'État<ref name="Lettres Giraud-De Gaulle"/>. Les gaullistes s'emploient de leur côté à faire connaître autant que possible les paroles de Pucheu ; les circonstances de la mort de ce dernier contribuent à déconsidérer Giraud, notamment au sein de l'armée française<ref name="Amouroux129"/>.
Le débarquement en Corse
Modèle:Article détaillé Dès Modèle:Date, les services spéciaux de la Défense nationale à Alger mettent en place une mission pour préparer un débarquement afin de libérer la Corse de l'occupant avec l'appui du sous-marin Casabianca, sous les ordres du commandant L'Herminier. Le Modèle:Date-, le général Ronin, chef des Services spéciaux, envoie en Corse les quatre premiers agents de la mission dite mission secrète Pearl Harbour : un spécialiste de l'espionnage, le responsable de la mission, Roger de Saule, un militaire volontaire, Toussaint Griffi et deux résistants, Pierre Griffi, radio dans le civil, combattant des Brigades internationales, et Laurent Preziosi, enseignant révoqué par Vichy en Modèle:Date-. De la mi-décembre à la mi-mars, ils sillonnent toute l'île pour rencontrer de futurs responsables susceptibles de créer les réseaux pour un débarquement. Le Modèle:Date-, ils organisent sur place la livraison de Modèle:Nobr et de Modèle:Unité par le sous-marin. Le Modèle:Date-, ils reviennent à Alger par le Casabianca après avoir réalisé la coordination politique de la résistance. Le Modèle:Date-, Giraud désigne le capitaine de gendarmerie Paulin Colonna d'Istria, avec comme mission de coordonner militairement l'action des groupes de résistance. Les projets de débarquement en Corse s'accélèrent et des liaisons étroites sont nouées avec l'état-major d'Eisenhower dont dépendent une partie des transports. Giraud est également en contact avec les résistants, majoritairement communistes, des maquis corses, reconnaissant que le Front national dirigé par les communistes est la seule organisation capable d'entrer en action sur l'île ; les communistes, de leur côté, tirent avantage de la rivalité de Gaulle-Giraud pour avoir les mains les plus libres possibles. Fin juillet, le Casabianca dépose Modèle:Nobr de munition aux Agriates ; au début de septembre, il débarque Modèle:Nobr de matériel antichars aux portes d'Ajaccio. Au retour, le sous-marin transporte à Alger Arthur Giovoni, chef du Front national en Corse, qui vient s'entretenir avec Giraud. Parallèlement, des avions britanniques effectuent des parachutages de matériel sur les Modèle:Nobr que Colonna d'Istria a dispersés dans l'île<ref name="Giraud 243-247">Henri Giraud, Un seul but : la victoire, Alger 1942-1944, éd. Julliard, Paris, 1949, Modèle:P..</ref>.
De Gaulle et son entourage sont, quant à eux, laissés dans l'ignorance des préparatifs de débarquement en Corse. Giraud vise non seulement à éviter les fuites mais également à prendre, par une opération victorieuse, une revanche politique sur de Gaulle dont il juge le palmarès militaire plus modeste que le sien<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Par ailleurs, les contacts de Giraud avec la résistance communiste ne se limitent pas à la Corse : en Modèle:Date-, toujours à l'insu de De Gaulle, il fait envoyer sur le continent Camille Larribère, militant du Parti communiste algérien, afin d'établir des contacts avec les groupes de la zone sud<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.
Constatant la disproportion des forces entre la résistance corse et les occupants, Giraud envoie à Colonna d'Istria un télégramme lui demandant de déconseiller toute Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Mais, le Modèle:Date-, Giraud reçoit un télégramme de la Résistance corse ainsi libellé : Modèle:Citation, et réclamant de l'aide. Giraud Modèle:Incise envoie alors les forces françaises régulières disponibles prêter main-forte aux insurgés corses. Le Modèle:Date-, l'opération Vésuve est déclenchée, le général Henry Martin reçoit la mission de libérer la Corse, comme commandant interarmées et interalliés : le Casabianca, transportant une centaine d'hommes sous la direction du commandant Gambiez, part pour la Corse et arrive deux jours plus tard pour prêter main-forte aux résistants corses et aux Italiens passés du côté des Alliés. Les Allemands achèvent d'évacuer l'île le Modèle:Date- : la Corse, plus de six mois avant le débarquement de Normandie, devient ainsi le premier département de France métropolitaine à être délivré<ref name="Amouroux209-211">Modèle:Harvsp.</ref>,<ref>« La libération de la Corse, Modèle:Date- - Modèle:Date- », sur le site cheminsdememoire.gouv.fr, consulté le 24 novembre 2008.</ref>. Giraud envisage ensuite d'attaquer l'île d'Elbe mais, Eisenhower s'y opposant, le projet est abandonné jusqu'en Modèle:Date-<ref name="Amouroux209-211"/>.
De Gaulle, prévenu par le général Chambe, chef de cabinet militaire de Giraud, du débarquement en Corse alors que l'opération a déjà commencé<ref name=":0">Modèle:Ouvrage</ref>, se montre particulièrement irrité d'avoir été tenu à l'écart des préparatifs : il a avec Giraud un entretien orageux, au cours duquel il lui reproche notamment d'avoir laissé le Modèle:Citation aux chefs communistes. La manière dont la libération de la Corse a été organisée a en effet permis aux communistes de s'emparer des pouvoirs publics sur l'île. De Gaulle entreprend dès lors, en s'appuyant notamment sur l'affaire du débarquement en Corse, de retirer à Giraud ce qui lui reste d'autorité au sein du CFLN<ref>Modèle:Harvsp.</ref>,<ref name="Marcot119">François Marcot (dir.), La Résistance et les Français – Lutte armée et maquis, Presses universitaires de Franche-Comté, 1996, Modèle:P..</ref>. Le Modèle:Date-, une large majorité du CFLN réduit les pouvoirs de Giraud ; ce dernier refuse tout d'abord d'accepter cette décision, puis s'incline au bout d'une semaine, ne conservant le contreseing que pour les ordonnances et les décrets<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.
Mise à l'écart de Giraud
Le Modèle:Date-, de Gaulle adresse aux membres du CFLN une lettre dans laquelle il expose la nécessité, à la suite de l'affaire du débarquement en Corse, d'avoir une direction unifiée et fonctionnelle, ainsi qu'un commandement militaire subordonné à l'organe de gouvernement. Il réclame une réorganisation totale du CFLN et l'élection d'un président disposant de pouvoirs Modèle:Citation sur tous les domaines, y compris militaires. Giraud signe le 3 octobre l'ordonnance prévoyant l'élection d'un président unique. Le général Chambe lui avait remis le 17 mai 1943 une lettre destinée à le mettre en garde, et détaillant la manière dont de Gaulle s'apprêtait à l'évincer politiquement si Giraud l'invitait à partager le pouvoir à Alger. Chambe réitère avec une seconde lettre le Modèle:1er novembre mais Giraud ne semble pas en avoir tenu compte<ref name=":0" />. Le 6 novembre, Giraud signe le décret donnant mandat à de Gaulle pour procéder aux remaniements de son choix au sein du CFLN. Le 9 novembre, lors d'une réunion du CFLN, de Gaulle demande à tous les membres présents leur démission en vue de nommer une équipe recomposée. Une fois tous les départs entérinés, il lit la liste des membres du nouveau comité, dont il assume seul la présidence : Giraud et ses deux derniers fidèles, le général Georges et le docteur Abadie, n'y figurent pas<ref name="Amouroux103">Modèle:Harvsp.</ref>.
Giraud, qui semble sur le moment avoir été surpris par son éviction du CFLN, conserve son poste de commandant en chef des forces françaises. Le 14 novembre, il présente sa démission de ce dernier poste, jugeant qu'il vaudrait mieux le confier, selon ses propres termes, à Modèle:Citation. De Gaulle, recevant la lettre de démission de Giraud, se montre irrité et déçu, jugeant que ce départ ferait la pire impression auprès de la population française et des Alliés : il envoie auprès de Giraud des délégués pour le persuader de revenir sur sa décision. Après avoir accepté de recevoir André Le Troquer, Giraud retire sa démission<ref name="Amouroux103"/>.
Cinq mois plus tard, le Modèle:Date-, de Gaulle reçoit Giraud et l'informe que le CFLN va le nommer inspecteur général des Armées<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>, car les fonctions de commandant en chef vont être supprimées. Giraud met fin à l'entretien et quitte le bureau de De Gaulle en claquant la porte. De Gaulle convoque alors le général Chambe et lui explique que sa décision était motivée par des manifestations d'insubordination : si Giraud accepte de s'engager à se soumettre à l'autorité du CFLN, il pourra conserver son poste de commandant en chef. Chambe transmet le message à Giraud ; le 9, il retourne voir de Gaulle porteur d'une lettre dans laquelle Giraud s'engage à respecter les décisions du gouvernement<ref name=":0" />. Mais de Gaulle se montre désormais nettement plus réticent face à la bonne volonté affichée de Giraud : au moment même où de Gaulle s'entretient avec Chambe, l'agence de presse France-Afrique publie un communiqué annonçant la nomination de Giraud au poste d'inspecteur général<ref name=":0" />,<ref name="Amouroux107">Modèle:Harvsp.</ref>. Mis devant le fait accompli, Giraud, qui ne se résout pas à être ainsi marginalisé<ref>Modèle:Harvsp.</ref>, refuse le poste et les fonctions, et s'en tient cette fois à sa décision. Après avoir rencontré Giraud, Murphy conseille à Cordell Hull, secrétaire d'État de Roosevelt, Modèle:Citation Le Modèle:Date-, Giraud est placé en réserve de commandement ; il s'installe six jours plus tard à Mazagran, dans une propriété réquisitionnée à son intention<ref name="Amouroux107"/>.
La mise au jour des archives des services de renseignement alliés (un rapport du Psychological Warfare Branch, daté du Modèle:Date-) indique qu'il n'y eut pas consensus au sein du Comité français de la libération nationale à l'égard de la mesure de rétrogradation prise par de Gaulle<ref>Modèle:Harvsp, extrait du rapport reproduit dans l'ouvrage : Modèle:Commentaire biblio</ref>.
Dans sa résidence de Mazagran où il reçoit de nombreux visiteurs, Giraud est à la fois protégé et surveillé par les forces françaises ; des rumeurs courent sur ses intentions, certaines lui prêtant le projet de Modèle:Citation à nouveau et de rejoindre la métropole pour y prendre la tête de résistants anticommunistes, ce qui contribue à entretenir une atmosphère de tension autour de son logement. Mis définitivement à l'écart des opérations militaires, Giraud est exclu des combats en Italie et de ceux de la libération de la France<ref name="Amouroux107"/>. Son éviction n'entraîne guère de remous au sein de l'armée française où il a perdu beaucoup de son crédit<ref name="Amouroux129"/> mais selon le chercheur Alfred Salinas, qui s'appuie sur une lettre du Modèle:Date- de Murphy au secrétaire d'État américain (Cordell Hull), des unités françaises de ce secteur manifestèrent leur mécontentement<ref name="Salinas_311-312"/>. La résistance giraudiste reconnaît également l'autorité du général de Gaulle, à l'image de l'Organisation de résistance de l'Armée, ou du réseau Alliance qui se rallie au BCRA<ref name="Marcot119"/>.
Giraud lui-même, dans ses souvenirs, reconnaît avoir été, sur le plan politique, Modèle:Citation<ref>Jacques Nobécourt, Jean Planchais, Une Histoire politique de l'armée… – De de Gaulle à de Gaulle, 1940-1967, Seuil, 1967, Modèle:P..</ref>. Faisant le bilan du Modèle:Citation, Henri Michel considère qu'il n'a Modèle:Citation, le rassemblement formé autour de Giraud n'ayant été porté Modèle:Citation. Sans réelle doctrine politique ou juridique, sans presse pouvant le soutenir, ce courant résistant n'a pas eu de postérité, Giraud lui-même n'ayant eu Modèle:Citation et ayant été souvent sévèrement jugé par ses anciens compagnons de route. Bien qu'il n'ait pas eu d'unité doctrinale, le Modèle:Citation n'en correspond pas moins, pour Henri Michel, à une Modèle:Citation, celle de la droite Modèle:Citation et Modèle:Citation, rétive au jeu parlementaire et qui voit Modèle:Citation. Si Giraud s'est montré sourd aux questions politiques et à la diversité des courants de la Résistance, l'historien n'en considère pas moins que le mérite du général n'est Modèle:Citation dans le processus qui a mené à la reprise des combats par la France et à l'unification de toutes les forces françaises combattantes<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Pour André Kaspi, Modèle:Citation ; il a néanmoins perdu son sens une fois que le régime de Vichy a Modèle:Citation. Kaspi reconnaît à Giraud, en dépit de Modèle:Citation, le mérite d'avoir contribué au réarmement de l'Armée d'Afrique, et d'avoir joué un rôle majeur dans la libération de la Corse<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. Henri Amouroux, tout en jugeant que par sa mise à l'écart Giraud a été privé de Modèle:Citation des victoires de l'armée française en Italie et des combats de la Libération, se demande quel rôle politique le général aurait pu jouer dans le climat de la France libérée, et de quel prestige il aurait pu y bénéficier, après n'avoir pas su empêcher l'élimination de ses propres partisans à Alger<ref name="Amouroux108109">Modèle:Harvsp.</ref>.
La tentative d'assassinat
Le Modèle:Date-, alors que le CFLN, devenu Gouvernement provisoire de la République française (GPRF), s'est installé en métropole, Giraud est victime, dans la villa de Mazagran (près de Mostaganem, département d'Oran)<ref name="assemblée_giraud"/> où il est entouré de sa famille, d'une tentative d'assassinat de la part de l'un des tirailleurs marocains affectés à sa garde<ref>Georges Catroux, Dans la bataille de Méditerranée : Égypte, Levant, Afrique du Nord, 1940-1944, Julliard, 1949, Modèle:P..</ref>. Touché au visage, Giraud n'a la vie sauve que parce qu'il s'est brusquement baissé pour se pencher sur le landau de son petit-fils<ref name="Amouroux108109"/>.
L'enquête, hâtivement menée, ne permet pas d'élucider clairement les mobiles de cette tentative de meurtre. Le tirailleur, un certain Bouali Miloud Ould Ahmed, que l'on dit avoir été victime d'un accès de démence mystique, est fusillé, bien que Giraud ait demandé sa grâce<ref>Guy Raïssac, Un soldat dans la tourmente, Albin Michel, 1963, Modèle:P..</ref>,<ref name="Amouroux108109"/>.
Un mois plus tard, remis de sa blessure, Giraud rentre en France libérée. Sans se retirer totalement des affaires, il refuse le poste de grand chancelier de la Légion d'honneur que lui propose de Gaulle<ref>Michèle Cointet, De Gaulle et Giraud, l'affrontement, Modèle:P..</ref>. Il entre le Modèle:Date dans Metz, qui a été libérée le 22 par la [[3e armée (États-Unis)|Modèle:3e]] de Patton<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
L'après-guerre
Giraud se présente aux élections constituantes de 1946, sous l'étiquette du Parti républicain de la liberté : il est élu député de la Moselle à la [[Assemblée constituante de 1946|{{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | IIe{{#if:| }} }} Assemblée nationale constituante]]. Il participe activement aux discussions sur l'élaboration de la Constitution de la Quatrième République que, finalement, il n'approuve pas. Intervenant régulièrement à la tribune, il avance plusieurs propositions, qui visent notamment à renforcer les pouvoirs de l'exécutif en matière de défense du territoire, et à faire de Modèle:Citation visant à séparer l'Union française de l'un ou l'autre de ses territoires un crime de haute trahison<ref name="assemblée_giraud"/>.
Il ne reste député que quelques mois, ne se représentant pas aux élections de novembre. Il demeure membre du Conseil supérieur de la guerre jusqu'au Modèle:Date-<ref name="assemblée_giraud"/>.
Il rédige deux livres de souvenirs, Mes évasions, publié en 1946, et Un seul but : la victoire, Alger 1942-1944, publié en 1949.
Gravement malade, il reçoit le Modèle:Date- sur son lit d'hôpital la médaille militaire, pour son évasion et ses états de service à Alger de 1942 à 1944. Henri Giraud meurt le lendemain, à Dijon, à l'âge de Modèle:Nobr ; le Modèle:Date-, il reçoit des obsèques nationales, en présence du président de la République Vincent Auriol<ref name="assemblée_giraud"/>. Il repose aux Invalides<ref>Hôtel National des Invalides, Église Saint-Louis des Invalides, seconde arcade.</ref>.
Selon ses vœux, les décorations du général Giraud sont données au musée de l'Infanterie<ref name="musee-infanterie"/>.
Vie privée et famille
Marié le Modèle:Date- à Céline Lapérotte (1889-1976)<ref>Modèle:Lien web.</ref>, Henri Giraud a eu huit enfants (quatre fils et quatre filles)<ref name="assemblée_giraud"/>.
Durant la Seconde Guerre mondiale et après le débarquement en Afrique du Nord, la famille du général Giraud, demeurée en métropole, est mise sous surveillance par la police de Vichy. Après le débarquement en Corse, Modèle:Nobr de sa famille, dont un enfant de deux ans, sont arrêtés par la Gestapo en Modèle:Date-, puis déportés en Allemagne<ref name="Lerecouvreux">Modèle:Ouvrage.</ref>. La fille aînée du général (épouse du commandant Granger) est capturée avec ses quatre enfants en bas âge à Tunis, déportée en Thuringe où elle meurt faute de soins le 24 septembre 1943<ref name="Lerecouvreux"/>,<ref>Modèle:Lien web</ref>; sa plus jeune fille gagne, quant à elle, l'Afrique du Nord, à travers l'Espagne ; son second fils, aviateur, est mort en service commandé<ref>Modèle:Article.</ref>.
Le général Giraud est par ailleurs le grand-père du vice-amiral d'escadre Hervé Giraud et de l'historien et journaliste Henri-Christian Giraud<ref>Paul-François Paoli, « Moscou dans l'ombre du Général », Le Figaro, 19 juin 2008.</ref>.
Décorations
Décorations françaises
- Modèle:Décoration (1949)
(Nota : la médaille militaire se porte en avant la LH pour les officiers généraux ayant commandé au front, attention selon La Grande Chancellerie aucun texte officiel n'existe et il s'agit d'une simple habitude)
- Modèle:Décoration (23 août 1940)
- Modèle:Décoration
- Modèle:Décoration
- Modèle:Décoration
- Modèle:Décoration
- Modèle:Décoration
- Modèle:Décoration
- Modèle:Décoration
- Modèle:Décoration
- Modèle:Décoration
Décorations étrangères
- Grand-Croix de la Legion of Merit (États-Unis d'Amérique)
- Modèle:Déco Grand-croix de l'ordre de la Couronne (Belgique) (Belgique)
- Modèle:Déco Croix de guerre (Belgique, 1914-1918) 1914-1918 (une palme) (Belgique)
- Modèle:Déco Croix de guerre (Belgique, 1940-1945) 1940-1945 (une palme) (Belgique)
- Modèle:Déco Ordre du Mérite militaire chérifien (Maroc)
- Modèle:Déco Grand-croix de l'Ordre du Ouissam alaouite (Maroc)
- Fichier:Order of the White Eagle War Merit ribbon.jpg Médaille de l'Ordre de l'Aigle blanc (Serbie)
Dans la culture populaire
- Télévision
- 1979 : Ike, joué par Maurice Marsac.
- Cinéma
- 2006 : Le Grand Charles, joué par Patrick Chesnais.
- Documentaire
- Un général a disparu, basé sur le livre de Jacques Granier.
Notes et références
Bibliographie
Reportages
- Renée Pierre Gosset, Expédients provisoires, Fasquelle, Paris.
- Jacques Granier, Un Général a disparu, Presses de la Cité, Paris, 1971.
Études historiques
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- Modèle:Ouvrage, Modèle:Lire en ligne. Modèle:Nobr
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- Modèle:Ouvrage (réédition 2009, Hachette littérature, Modèle:Coll., même pagination)Modèle:Nobr
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- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Mario Rossi, Roosevelt and the French, Praeger, Westport-Londres, 1994.
- José Aboulker et Christine Levisse-Touzé, 8 novembre 1942 : les armées américaine et anglaise prennent Alger en quinze heures, Espoir, Modèle:N°133, Paris, 2002.
- René Chambe, Au carrefour du destin. Pétain, Weygand, Giraud, de Gaulle, Paris, France-Empire, 1975.
- Modèle:Ouvrage, Modèle:Lire en ligne Modèle:Lire en ligne.
- Claude Paillat, L'Échiquier d'Alger, tome II : de Gaulle joue et gagne, Robert Laffont, 1967.
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- Guy de Girard de Charbonnières, Le Duel Giraud-De Gaulle, Plon, 1984, 251Modèle:Nb p. Modèle:ISBN.
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Mémoires des principaux protagonistes
- Général Giraud, Mes évasions, Julliard, Paris, 1946 Modèle:Lire en ligne.
- Général Giraud, Un seul but : la victoire, Alger 1942-1944, Julliard, Paris, 1949.
- Charles de Gaulle, Mémoires de guerre, 3 volumes :
- L'Appel : 1940-1942 (tome I), éd. Plon, Paris, 1954.
- L'Unité : 1942-1944 (tome II), éd. Plon, Paris, 1956.
- Le Salut : 1944-1946 (tome III), éd. Plon, Paris, 1959.