Gustave Hervé
Modèle:Voir homonymesModèle:Infobox Biographie2 Gustave Hervé, né à Brest le Modèle:Date et mort à Paris le Modèle:Date, est un homme politique socialiste, antimilitariste puis nationaliste et enfin fasciste français.
Biographie
Un dirigeant socialiste antimilitariste (jusqu'en 1912)
Modèle:Article connexe Gustave Alexandre Hervé naît à Brest, dans le quartier de Recouvrance, fils d'un sergent fourrier à l'arsenal ayant eu six enfants<ref>Parmi lesquels le commandant d'artillerie coloniale Alfred Gaston Hervé, officier de la Légion d'honneur, né à Brest en 1872 et tué à l'ennemi dans la Somme en 1916.</ref>, et qui mourut en 1881 en laissant sa famille dans une certaine détresse sociale.
Boursier, il fait de bonnes études secondaires, inscrit au lycée Henri-IV, où il a comme condisciples en classe de philosophie Léon Blum et Élie Faure. Il devient répétiteur dans plusieurs lycées successifs<ref>Au lycée de Laval, et de Quimper.</ref>, enseigne à Lesneven dans un établissement privé, puis est reçu à l'agrégation d'histoire en 1897. Il est alors affecté à Rodez, puis Alençon et enfin en 1899 au lycée de Sens (Yonne) où il commence une carrière de journaliste, collaborant au Travailleur socialiste de l'Yonne. Ses premiers articles antimilitaristes signés « Sans Patrie » sont remarqués. C'est dans ce journal socialiste qu'il publie, le Modèle:Date, un article violemment antimilitariste, « L'anniversaire de Wagram », qui lui vaut d'être révoqué de l'enseignement. Militant successivement au Parti socialiste français, puis au Parti socialiste de France, il participe en 1905 à la création de la SFIO en étant délégué au congrès d'unification dit « du Globe ». Il milite aussi à la CGT.
Sa collaboration au journal Le Pioupiou de l'Yonne lui vaut des procès en correctionnelle et même devant la cour d'assises, où il est défendu avec succès par Aristide Briand. En Modèle:Date-, Jacques Lardy signale dans Les Annales politiques et littéraires que l'antimilitariste Hervé, après avoir échappé par trois fois à des poursuites en province pour des provocations à la désobéissance militaire<ref>Modèle:Citation Fénéon, 1906, p. 107. </ref>, est condamné par les juges parisiens à une année d'emprisonnement pour injures et diffamations envers l'armée.
Sa doctrine, fondée sur le recours à l'insurrection en cas de guerre, acquiert une audience nationale, Jean Jaurès partageant en partie sa radicalité mais se démarquant régulièrement de ses positions, minoritaires dans le parti ; on parle alors d'« hervéisme », qui mêle antimilitarisme et antiparlementarisme. Ces positions de Gustave Hervé, revêtues de l’autorité morale de Jaurès et d’un grand parti, sont alors violemment condamnées en 1910 par Charles Péguy, dans Notre Jeunesse : Modèle:Citation
Ses démêlés judiciaires lui ayant fait perdre sa qualité de fonctionnaire de l’Instruction publique, il peut se consacrer entièrement au militantisme. Il participe à l'Association internationale antimilitariste (AIA), ce qui lui vaut une condamnation à quatre ans de prison fin Modèle:Date-, l'AIA ayant publié une affiche appelant à la grève insurrectionnelle en cas de mobilisation. À partir de 1907, il dirige le journal La Guerre sociale qu'il a fondé. Régulièrement condamné pour délits de presse à de lourdes peines de prison, il prend des positions de plus en plus radicales entre 1910 et 1914, allant jusqu'à prôner l'action directe et des sabotages<ref name="IFHS">Gilles Heuré, « Gustave Hervé, cas pratique de biographie », Le Mouvement social : bulletin trimestriel de l'Institut français d'histoire sociale, janvier 1999, consultable sur gallica.bnf.fr.</ref>. Il vit alors difficilement, à Paris, tout en gardant des liens très forts avec la fédération socialiste de l'Yonne.
Son antimilitarisme lui fait prendre des positions, très en pointe pour l'époque, sur la colonisation, qu'il dénonce avec véhémence.
Du socialisme national au fascisme (1912-1944)
En août 1914, Gustave Hervé retourne Modèle:Citation (selon Charles Fraval). Dès 1912, il a entamé sa marche vers le patriotisme de cœur et de raison, et il se range, en juillet 1914, contre les partisans de la grève générale (lui qui en avait défendu le principe), comme moyen d'empêcher la guerre qui vient. Constatant, en 1910, l'échec de la grève des chemins de fer en France mais le succès de la révolution portugaise, obtenu grâce au ralliement d'une partie de l'armée, il renonce progressivement à l'antimilitarisme et propose une stratégie de propagande révolutionnaire au sein de l'armée. À la différence de la majorité des révolutionnaires de cette époque qui considèrent l'armée comme une « école du crime », il considère les soldats comme des prolétaires en uniforme. Il incite notamment les révolutionnaires à essayer d'atteindre des postes de sous-officiers, là où ils seront les plus utiles en cas de révolution<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Il est pourtant resté pour beaucoup le symbole d'une certaine intransigeance doctrinale et pratique. Pour d'autres, comme Alfred Rosmer, en revanche, c'était un gauchiste de paroles, multipliant les folies verbales dans son journal.
Il ne fut pas le seul socialiste à substituer au mot d'ordre « Non à la guerre » celui de « Défense nationale d'abord » (à l'instar de Mussolini en Italie, avec qui on l'a comparé). Il passe d'un ultra-pacifisme à un ultra-patriotisme. Il transforme le titre La Guerre sociale en La Victoire, le Modèle:Date<ref>Notice de la BNF</ref>. Son cheminement apparaît à certains comme un reniement et sa conversion est considérée par les pacifistes comme une trahison. En Modèle:Date-, à la demande d'Alice Regnault, il rédige le faux « Testament politique d'Octave Mirbeau » et prononce, sur la tombe du grand écrivain, un discours jugé récupérateur qui fait fuir les véritables amis de Mirbeau. Il est exclu de la fédération de l'Yonne de la SFIO en septembre 1918<ref>Le Radical, 26 septembre 1918</ref>.
En 1919, Gustave Hervé tente de fonder un petit Parti socialiste national<ref>La France, 9 juillet 1919, L'Heure, 2 août 1919</ref>, avec Alexandre Zévaès<ref>Le Siècle, 6 août 1919</ref>, ancien député guesdiste devenu l'avocat de l'assassin de Jaurès, et Jean Allemane<ref>La Lanterne, 3 août 1919</ref>, figure historique du mouvement ouvrier français et communard de 1871, ou encore Émile Tissier qui fut marxiste guesdiste. Le « socialisme national » de Gustave Hervé virera vite au fascisme français. Lors de la marche sur Rome (1922), il salue son « vaillant camarade Mussolini ».
Gustave Hervé tente de créer en 1925 le Parti de la République autoritaire<ref>La Croix, 28 octobre 1925</ref> (PRA, 1925), recrée sans grand succès un Parti socialiste national (PSN, 1927<ref>Journal des débats politiques et littéraires, 10 novembre 1927, La Liberté, 10 novembre 1927, La Lanterne, 10 novembre 1927</ref>), animé notamment par un ancien communiste, Albert Crémieux, puis la Milice socialiste nationale (MSN, 1932-1933)<ref>L’Œuvre, 20 décembre 1932 </ref> dont il confie la direction au futur collaborateur Marcel Bucard<ref>L'Action française, 16 décembre 1932</ref>. Ce sont des groupuscules, moqués par ses adversaires et ses rivaux. Fin 1933, Bucard part avec l'équipe de la Milice socialiste nationale pour fonder le francisme. Hervé soutient aussi le national-socialisme allemand.
La diffusion de son périodique, La Victoire, est financée par des industriels comme les cotonniers vosgiens René Laederich, régent de la Banque de France et président du syndicat général de l'industrie cotonnière, et son fils Georges Laederich, actionnaires du journal à partir de 1924 ou 1925. Ils distribuent ce journal à leurs ouvriers jusqu'en 1938. Georges Laederich et d'autres patrons cessent de le financer au moment de la crise des Sudètes du fait de leur pacifisme anticommuniste puisqu'Hervé préconise alors l'alliance avec l'URSS contre l'Allemagne d'Hitler. Laederich demeure cependant en relation avec lui, lui écrivant en Modèle:Date- : Modèle:Citation<ref>Jean-François Colas, Georges René Laederich (1898-1969), un industriel en politique. De l’engagement volontaire contre l’Allemagne en 1916 à l’acceptation du Marché commun, dans Jean El Gammal, Jérôme Pozzi (dir.), Le Grand Est (1870-2019). Forces et cultures politiques, Presses universitaires de Nancy - Editions Universitaires de Lorraine, 2019, Modèle:Pp.</ref>.
Un fasciste philo-sémite
En 1933, Hervé s'en prend à l'antisémitisme des nationaux-socialistes allemands dont il jugeait positivement d'autres options politiques et avertit Hitler<ref>Simon Epstein, Les Dreyfusards sous l'Occupation, éd. Albin Michel, 2001, Modèle:P..</ref> : Modèle:Citation bloc
Hervé, qui ne veut pas la guerre avec l'Allemagne et est prêt, pour l'éviter, à l'abandon des colonies françaises à Berlin, ne renonce pas à son philo-sémitisme, comme le montre l'éditorial qu'il publie après la nuit de Cristal et qui est, selon l'historien israélien Simon Epstein, un des plus beaux textes protestataires de la période<ref>Simon Epstein, Modèle:Opcit, Modèle:P..</ref> : Modèle:Citation bloc
Hervé vitupère l'Allemagne : Modèle:Citation bloc
En 1938, Gustave Hervé est une exception : il est l'un des rares sympathisants du national-socialisme à avoir renoncé à ses préférences idéologiques au vu des persécutions anti-juives et des menaces pesant sur la France<ref>Simon Epstein, Modèle:Opcit, Modèle:P..</ref>.
Dans les années qui précédent la guerre, il continue à dénoncer les faiblesses du régime parlementaire et à vouloir fonder une république autoritaire dont il souhaiterait que le maréchal Pétain assume la présidence (Modèle:Citation écrit-il alors).
Divers témoignages font ressortir qu'il se détacha du pétainisme et de ses appels à une réconciliation avec l'Allemagne : son journal fut supprimé dès Modèle:Date- et ses activités lui valurent d'être inquiété par la police française et par la Gestapo<ref>Simon Epstein, Modèle:Opcit, Modèle:P..</ref>.
Il meurt le Modèle:Date<ref name="IFHS"/> au no 89 de la rue de Vaugirard<ref>Archives de Paris, état civil du 6e arrondissement, registre des décès de 1944, acte no 1175 (vue 30 sur 31).</ref>. Peu de temps avant sa mort, il se décrivait comme le premier bolcheviste, le premier fasciste, le premier pétainiste, le premier membre de la Résistance et le premier gaulliste<ref>Modèle:Harvsp.</ref>.
Publications
- Histoire de la France et de l'Europe, l'enseignement pacifique par l'histoire, illustré par Valéry Müller, Paris, Bibliothèque d'éducation, 1903.
- Leur Patrie, La Guerre sociale, Paris, 1905.
- Mes crimes, ou onze ans de prison pour délits de presse. Modeste contribution à l'histoire de la liberté de la presse sous la Modèle:3e République, La Guerre sociale, Paris, 1912.Modèle:Commentaire
- La Conquête de l'armée, La Guerre sociale, Paris, 1913.
- L'Alsace Lorraine, La Guerre sociale, Paris, 1913.
- Propos d'après guerre, La Guerre sociale, Paris (1919 ?).
- Après la Marne (recueil in extenso des articles de Gustave Hervé dans La Guerre sociale du Modèle:Date au [[1er février|Modèle:Abréviation discrète février]]), 1915.
- La Patrie en danger (recueil in extenso des articles de Gustave Hervé), Bibliothèque des ouvrages documentaires, 1915.
- Nouvelle histoire de France<ref>L'ouvrage commence par cette courte phrase : Modèle:Citation bloc</ref>, Fayard, 1930.
- France-Allemagne, la réconciliation ou la guerre, La Victoire, Paris, 1931.
- Nouvelle histoire de l'Europe, La Victoire, Paris, 1931.
- C'est Pétain qu'il nous faut, La Victoire, Paris, 1935, avec bandeau publicitaire (« Je m'en remets à la France »).
Notes et références
Voir aussi
Bibliographie
- W. Gougnard, Neutres devant le crime ? Lettre ouverte à Monsieur Gustave Hervé rédacteur en chef de La Victoire à Paris, Genève, Sonor, vers 1917.
- Victor Meric, À travers la jungle politique et littéraire. Première série (Laurent Tailhade, Gustave Hervé, Camille Pelletan), Librairie Valois, 1930.
- Félix Fénéon, Nouvelles en trois lignes, 1906 , éditeur Libella, collection Libretto, 162 pages, Paris, 2019 Modèle:ISBN.
- Gilles Heuré, Gustave Hervé. Itinéraire d'un provocateur. De l'antipatriotisme au pétainisme, Paris, La Découverte, collection L'espace de l'histoire, 1997.
- Gilles Heuré, "Itinéraire de l'antipatriotisme au pétainisme", Vingtième siècle, revue d'histoire, 1997 (Tome 55), p16-28.
- Modèle:Article.
- Modèle:Article.
- Frédéric Lavignette, L'Affaire Liabeuf. Histoires d'une vengeance, Éditions Fage, 2011.
Articles connexes
- L'Union sacrée et les socialistes
- Mouvement ouvrier français face à la Première Guerre mondiale
- Fascisme français