Bertrand-François Mahé de La Bourdonnais

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Modèle:Voir homonymes

Modèle:Infobox Personnalité militaire

Bertrand François Mahé, comte de La Bourdonnais, né à Saint-Malo le Modèle:Date de naissance, et mort à Paris le Modèle:Date, est un officier de marine, amiral de France, et administrateur colonial français.

Engagé jeune au service de la Compagnie française des Indes orientales, il se distingue une première fois lors de la prise de Mahé (Inde) en 1724. Nommé Gouverneur général des Mascareignes pour le compte de la Compagnie des Indes en 1733, il prend son poste en 1735 et modernise, à renforts de grands travaux, les établissements français des mers de l'Inde, l'Isle de France et l'île Bourbon. Ces travaux lui valent l'hostilité de certains directeurs de la Compagnie, à Paris, en raison de leur coût. Mahé de La Bourdonnais développe aussi la traite négrière afin d'alimenter les îles en esclaves. À Bourbon, il intensifie la lutte contre le marronnage (fuite des captifs).

En France, lorsque la guerre de Succession d'Autriche éclate, La Bourdonnais propose au ministre de la Marine, Jean Frédéric Phélypeaux de Maurepas, de prendre la tête d'une escadre pour assurer la supériorité de la France sur l'océan Indien. Il se distingue le 6 juillet 1746, à la bataille de Négapatam, contre une escadre anglaise, supérieure en nombre, commandée par Lord Peyton. Cinq mois plus tard, il prend Madras, pratiquement sans combattre, et négocie une rançon avec le commandant anglais de la place. Cet épisode sera à l'origine de l'opposition qu'il aura avec le général Dupleix, partisan d'une destruction de la ville. Accusé d'entente avec l'ennemi, il est destitué de son poste de gouverneur général des Mascareignes et envoyé en mission en Martinique. Il rentre en Europe sous un faux nom, mais est reconnu et reste prisonnier quelque temps à Londres. Il obtient la permission de rentrer en France pour défendre son honneur, mais est rapidement embastillé sur ordre du Roi, en 1748. Il doit attendre 1751 pour être jugé, et profite de sa captivité pour rédiger ses Mémoires. Innocenté, il meurt peu après sa libération, le 10 novembre 1753, à l'âge de 54 ans.

Biographie

Origines et famille

Bertrand François Mahé de La Bourdonnais est le petit-fils de Bertrand Mahé (1630-1715), sieur de la Bigotière, syndic de Dinan.

Il est le fils ainé de Jacques Mahé, sieur de La Bourdonnais (1674-1705), armateur et capitaine de navire, et de Ludivine Servane Tranchant, demoiselle de Prébois (1671-1741).
De cette union naissent :

  • Bertrand François Mahé de La Bourdonnais (1699-1753)
  • Jacques César Mahé, sieur de La Villebague (1704-1749), capitaine de navire, conseiller honoraire au Conseil supérieur de Pondichéry
  • Mathurine Mahé, née vers 1700. Elle épouse en 1725 Jean Blaize (de Maisonneuve) (1701-1765) et est la mère de Louis Blaize de Maisonneuve

Jeunesse et débuts au service de la Compagnie des Indes

Modèle:Article détaillé

Fichier:Comptoirsinde.png
Les comptoirs européens en Inde, au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle.

Il prend la mer dès son plus jeune âge. En 1718, alors âgé de 19 ans, il entre au service de la Compagnie française des Indes orientales comme lieutenant. Cinq ans plus tard, en 1724, il est nommé capitaine et montre tout son talent l'année suivante dans la prise de Mahé, sur la côte de Malabar.

Il quitte, peu de temps après, le service de la Compagnie des Indes, et arme pour son propre compte dans la mer des Indes. Il amasse pendant cette période une fortune considérable, qui lui permet à son retour en France de mener un grand train de vie<ref group="Note">« Les succès répondirent à l'habileté, à l'intrépidité qu'il déploya dans cette entreprise, et il put revenir en France, possesseur d'une fortune qui le mettait à même de se procurer toutes les jouissances d'une existence de grand seigneur ou de traitant enrichi ; mais il avait une ambition plus grande et plus noble, et il sollicita l'honneur de se rendre utile à son pays autrement qu'en dépensant fastueusement les trésors qu'il avait rapportés de la mer des Indes. » Modèle:Harv</ref>. Il sert ensuite deux ans sous les ordres du vice-roi des Indes portugaises à Goa, puis retourne au service de la France.

En 1733, La Bourdonnais est nommé gouverneur général des Mascareignes, qui se trouvaient alors comprises dans le privilège de la Compagnie des Indes<ref>Modèle:Harvsp</ref>.

Gouverneur général des Mascareignes

Modèle:Article détaillé

Fichier:Mahé de La Bourdonnais Statue.jpg
Statue de La Bourdonnais à la Place d'Armes, Port-Louis (Maurice).

Ces cinq premières années sous son administration sont marquées par de nombreux succès : il contribue à leur développement tant militaire qu'économique.

À l'Isle de France, pour lancer la culture de la canne à sucre, il crée la première sucrerie de l’île au quartier des Pamplemousses avec du matériel venant de France. Et pour encourager les cultures vivrières, il aménage dans les jardins de Monplaisir, sa luxueuse résidence du quartier des Pamplemousses, des potagers et des vergers dont les fruits et légumes serviront à ravitailler les équipages à Port-Louis. Il encourage aussi les colons à cultiver le manioc, plante résistante aux divers prédateurs (rats, sauterelles), et dont la racine fournit une farine, la cassave, qui deviendra la nourriture de base des esclaves.

Pour approvisionner les îles en main-d’œuvre, et surtout l’île de France, il intensifie la traite négrière que seule la Compagnie des Indes peut alors exercer pour les Mascareignes. A l'île de France, Modèle:Nombre sont recensés en 1735. Mahé de la Bourdonnais fait passer ce chiffre à 2612 en 1740<ref name=":0">Modèle:Lien web</ref>.

En 1741, il annonce aux colons que la Compagnie des Indes renonce à son droit exclusif d’introduire des marchandises et des esclaves. Loin d’arrêter la traite négrière, ce mécanisme de libéralisation économique augmentera la traite lui donnant une dimension plus spéculative. Il participe alors à cette économie de troc entre l’Inde, l’Afrique et Madagascar<ref name=":0" />.

Il entreprend de doter Port-Louis, appelé jusque-là « Le Camp », d’une bonne infrastructure portuaire. Il fait creuser le port, l’enrichit d’une cale sèche pour réparer et construire les navires, d’un arsenal et d’un hôpital<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

L'historien et biographe, Léon Guérin, dans son Histoire maritime de France (1844) : Modèle:Citation bloc

Il lance également une forte répression contre les Marrons, créant un corps spécifique pour leur donner la chasse, et récompensant chaque capture. Sur l'île Bourbon, il fait aménager le port de Saint-Denis et fonde la ville de Saint-Louis. Mais en 1740, alors qu'il se trouve en visite en France, il est obligé de repartir pour l'Inde pour faire face à la Marine britannique.

Cependant, ces aménagements considérables n'ont pas le succès escompté en France. Les financiers, qui dirigeaient à Paris les affaires de la Compagnie des Indes, se mettent à voir d'un mauvais œil les dépenses de leur premier établissement : ils les trouvent ruineuses et reprochent au gouverneur de ne pas assez prendre soin de leurs dividendes et de trop sacrifier le présent à l'avenir. La Bourdonnais est obligé de se justifier. Il est accusé d'administrer beaucoup plus pour son intérêt personnel que pour celui de la Compagnie. Alors qu'un des directeurs de la Compagnie lui demande un jour comment, ayant si bien fait fructifier ses propres affaires, il avait si mal conduit celles de la Compagnie, il répond fièrement à cette question : « C'est que j'ai fait mes affaires selon mes lumières, et celles de la Compagnie d'après vos instructions. » Il reçoit un brevet de Capitaine de frégate dans la Marine royale, en 1741. La même année, à la tête d'une escadre armée de moyens de fortune, le capitaine de La Bourdonnais libère une seconde fois le comptoir occupé par les Marathes<ref group="Note">Il s'était déjà distingué lors de la prise de cette même ville en 1724.</ref>.

Guerre de Succession d'Autriche (1740-1748)

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Cependant, la politique de la paix à tout prix avait cessé de prévaloir au sein du gouvernement de la France, depuis la mort du cardinal de Fleury. En 1744, un an après la mort de ce très pacifique ministre<ref group="Note">Le cardinal de Fleury, « qui sacrifiait à la paix, avec la même facilité, l'honneur de la couronne et l'intérêt du pays » Modèle:Harv</ref>, la France se trouve obligée de déclarer la guerre à l'Angleterre et à l'Autriche. Pour Voltaire, « La France ni l'Espagne, ne peuvent être en guerre avec l'Angleterre, que cette secousse donnée à l'Europe ne se fasse sentir aux extrémités du monde<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. » C'était aussi l'opinion de La Bourdonnais. Se trouvant à Paris au moment de la déclaration de guerre, il propose au gouvernement un projet dont l'objet est d'assurer, pendant la guerre, le contrôle de la mer des Indes à la France. Selon l'abbé Raynal : Modèle:Citation bloc

Le ministre de la Marine, Jean Frédéric Phélypeaux de Maurepas, comprend ce projet et l'accueille avec faveur. L'escadre demandée par La Bourdonnais lui est accordée ; mais, la Compagnie des Indes, qui n'avait pas été consultée, s'offense dans un premier temps, et s'effraie de cette entreprise dont les dépenses pèseraient sur elle, et dont La Bourdonnais aurait seul toute la gloire, mais également tous les profits. Elle prétend alors qu'un traité avec la Compagnie anglaise des Indes orientales la contraint à une neutralité complète dans l'océan Indien. Finalement, elle intrigue si bien, que l'escadre est rappelée. Mais, au premier signal de guerre, le gouvernement de Saint-James, qui n'était pas assez mal avisé pour sacrifier les grands intérêts de la politique aux petites vues d'une société de marchands, envoya dans la mer des Indes une escadre, et celle-ci fit main basse sur tous les bâtiments français naviguant dans ces parages sous la foi de cette neutralité dont s'était si naïvement bercée notre Compagnie des Indes. Modèle:Citation bloc

Bataille de Négapatam (6 juillet 1746)

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Fichier:Trois des vaisseaux de La Bourdonnais devant Madras en 1746.jpg
Trois des bâtiments de l'escadre de La Bourdonnais, dont le vaisseau-amiral, l’Achille.

C'est avec cette escadre improvisée que La Bourdonnais se met à la recherche de l'escadre anglaise commandée par Lord Peyton, forte de six vaisseaux de guerre. Il la découvre le 6 juillet 1746, à cinq heures du matin, à la hauteur de Négapatam, dans le golfe du Bengale. Léon Guérin en fait le récit : Modèle:Citation bloc

Prise de Madras (septembre 1746)

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Fichier:Prise de Madras en 1746 Ozanne N au lavis Louvre.jpg
Le siège de Madras en 1746. La prise de la ville est une brillante victoire de La Bourdonnais.

Cinq mois après le combat de Négapatnam, La Bourdonnais débarque le 15 septembre 1746, sur la plage de Madras, établissement anglais rival de Pondichéry, et à 90 milles de distance sur la même côte. Le 20 septembre au matin, le gouverneur anglais de la place, effrayé des ravages de son artillerie, lui demande quelle rançon il compte exiger pour se retirer: « Allez dire à celui qui vous envoie, répondit avec indignation le capitaine français, que l'honneur n'est pas une chose qui se vende. Je suis venu devant Madras pour y arborer le drapeau de la France, et ce drapeau y sera arboré ou je mourrai sous ces murs. » En conséquence de cette fière réponse, il fait demander à bord de ses vaisseaux des hommes de bonne volonté pour monter sans plus de retard à l'assaut.

Il en trouve beaucoup plus qu'il n'en fallait ; soldats et matelots se disputent l'honneur de la première escalade. Mais les Anglais rendent cette bravoure inutile en apportant les clefs de Madras au vainqueur de Négapatam. La Bourdonnais fait son entrée dans la « ville blanche »<ref group="Note">Dans les Indes, les établissements européens sont renfermés dans une enceinte particulière nommée la ville blanche; tandis que les « indigènes » occupent une autre enceinte appelée la « ville noire ».</ref> le 21 septembre, à la tête de Modèle:Unité ; sur les tours du fort Saint-Georges, qui défendait la ville, le pavillon fleurdelisé est substitué à celui d'Angleterre et salué de vingt et un coups de canon.

Une fois cette satisfaction donnée à l'honneur français, les Anglais demandent à pouvoir se racheter, eux et leur établissement; une concession que La Bourdonnais leur accorde en conformité avec les instructions qu'il avait reçues de France, et qui prévoyaient, en termes formels, qu'il « ne garderait aucune des conquêtes qu'il pourrait faire dans l'Inde ». Le prix de la capitulation est fixé à Modèle:Unité, représentant environ 9 millions de livres.

Conflit avec Dupleix

Fichier:Dupleix Jean Francois estampe.jpeg
Portrait de Joseph François Dupleix, avec qui La Bourdonnais sera en conflit.

La capture rapide de Madras, dégage ainsi Pondichéry – où le général Dupleix s'était réfugié – de la menace anglaise, mais il se brouille avec Dupleix au sujet du sort de la ville. La Bourdonnais, qui est un marin ayant une mentalité corsaire, veut rendre la ville aux Anglais contre une rançon. Dupleix, plus « terrien » que son collègue de l'Isle de France, veut éradiquer la présence anglaise dans le secteur pour y préserver les intérêts français. Il refuse la transaction et fait raser Madras<ref>Sur la prise Madras on peut consulter le plan en couleur dressé en 1750 sur le site des archives de l'outre-mer des quartiers détruits par Dupleix.</ref>.

Louis-Nicolas Bescherelle juge l'attitude de Dupleix, plus durement encore : Modèle:Citation bloc

Cette violente dispute prive Dupleix de soutien naval et empêche les Français d'obtenir une victoire complète en Inde lors de ce conflit. La Bourdonnais, exaspéré, rentre sur les Mascareignes, où il apprend que son poste de gouverneur lui a été retiré<ref group="Note">« La Bourdonnais lutta vainement, pendant trois mois, pour l'honneur de sa signature, qui était celle de la France, et pour le véritable intérêt du pays. Accablé de dégoûts, et déplorant les tristes résultats de l'aveuglement et de l'injustice qu'il a rencontrés sur sa route, il rentre à l'Île-de-France, au mois de décembre, pour y apprendre, de la bouche même de son successeur, qu'on lui a retiré son gouvernement. » Modèle:Harv</ref>

Mission en Martinique, retour en Europe et arrestation

À la demande du nouveau gouverneur, il accepte la mission périlleuse de conduire en Martinique, à travers les escadres anglaises qui tenaient la mer, six vaisseaux de la Compagnie des Indes destinés pour l'Europe. Il échappe aux escadres ennemies, mais pas à la tempête qui l'assaille au passage du cap de Bonne-Espérance et disperse ses vaisseaux. Il ne peut en ramener que trois à la destination qui lui avait été assignée.

Sans emploi, il décide de rentrer en Europe. Il embarque, sous un faux nom, à bord d’un bâtiment hollandais qu'il avait pris dans l'île Saint-Eustache, mais il est reconnu à Falmouth, où le bâtiment était venu loucher, et conduit à Londres comme prisonnier de guerre. L'Angleterre traite généreusement son prisonnier et n'exige uniquement de lui qu'il ne quitte pas la ville. La Compagnie anglaise des Indes orientales, les ministres, les princes de Grande-Bretagne, lui prodiguent des témoignages d'intérêt et d'estime. L'héritier du trône, le présentant à son épouse dit :

« Voilà, Madame, cet homme qui nous a tant fait de mal dans les Indes.
— Ah ! Monseigneur, reprit vivement La Bourdonnais, en m'annonçant ainsi, vous allez me faire regarder avec horreur.
— Ne craignez rien, répliqua le prince, on ne peut qu'estimer l'officier qui sert bien son roi, et qui fait la guerre en ennemi humain et généreux<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. »

À Paris, les choses se passent bien différemment. Des mémoires envoyés par Dupleix sont arrivés de Pondichéry dénonçant le colonisateur de l'Isle de France et le vainqueur de Madras comme un traître lâchement vendu aux intérêts des ennemis de son prince et de son pays. Brûlant d'aller confondre ses calomniateurs, La Bourdonnais obtient, sur parole, de passer en France<ref group="Note">« Un des directeurs de la Compagnie anglaise des Indes offrit de le cautionner corps par corps et d'y engager toute sa fortune; le gouvernement de la Grande-Bretagne, luttant en la circonstance de magnanimité avec ses particuliers, ne voulut pas d'autre garant que la parole d'honneur de La Bourdonnais, pour le laisser passer en France. » Modèle:Harv</ref>. II se rend directement la Cour de France à Versailles, et demande des juges avec le calme et la fierté d'un homme fort de son innocence. La nuit même, en vertu d'un ordre du roi, il est arrêté et jeté à la prison de la Bastille le 3 mars 1748 pour spéculation et mauvaise administration.

L'« embastillement » et la mort

Fichier:Bastille Exterior 1790 or 1791.jpg
La Bastille, façade est, en 1790 ou 1791.

La Bourdonnais y est détenu pendant trois ans, privé de toute communication avec sa famille pendant la première année, année pendant laquelle sa santé se dégrade sérieusement<ref>Modèle:Lien web</ref>,<ref>Modèle:Lien web</ref>. La Bourdonnais emploie les longues heures de sa prison à rédiger ses Mémoires. Il y joint une carte de sa composition, établissant avec précision la topographie respective des îles de France, de Bourbon et de Pondichéry, afin de faire ressortir l'indépendance réciproque des deux gouvernements. Mais, disposant de très peu de moyens dans sa cellule, il doit déployer son génie inventif afin de trouver les ressources nécessaires à son travail<ref group="Note">« Des mouchoirs gommés avec de l'eau de riz furent son papier ; il composa son encre avec de la suie et du marc de café, un sou marqué, recourbé et assujetti sur un morceau de bois, devint une plume et un crayon entre ses doigts. Il n'eut besoin que de ses souvenirs pour dresser sa carte avec la plus exacte justesse. » Modèle:Harv</ref>.

La Bourdonnais apprend, au bout de trois ans et dans un état de santé très dégradé, qu'un jugement solennel avait proclamé son innocence, et il voit enfin les portes de la Bastille s'ouvrir le 3 février 1751, pour lui rendre la liberté. Mais souffrant de paralysie en raison de ses conditions de détention, il meurt le 10 novembre 1753, rue d'Enfer à Paris, moins de deux ans après sa sortie de la Bastille<ref group="Note">« Mais une affreuse paralysie avait déjà fait de son corps un demi-cadavre, et sa grande âme, qui n'avait pas succombé aux coups de l'infortune la plus profonde, ne put résister aux émotions de la joie et du triomphe. » Modèle:Harv.</ref>.

À sa mort, le roi alloue à sa veuve une modeste pension de Modèle:Nombre<ref group="Note">« La cour ne crut devoir offrir aucune réparation à la famille de l'homme qu'elle avait si légèrement sacrifié à ses envieux. Sa veuve et ses enfants n'eurent d'autre consolation que de l'entendre proclamer d'une voix unanime, par l'opinion publique, le vengeur de la France dans les Indes et la victime de l'envie. » Modèle:Harv</ref>.

Jugement par les historiens

Le célèbre philosophe et écrivain Voltaire, dit de lui : « Mahé de La Bourdonnais était, comme les Duquesne, les Bart, les Duguay-Trouin, capable de faire beaucoup avec peu, et aussi intelligent dans le commerce que dans la marine… Cet homme, à la fois négociant et guerrier, vengea l'honneur du pavillon français en Asie<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. ».

Cet éloge est complété par le lexicographe et grammairien Louis-Nicolas Bescherelle, qui dit de La Bourdonnais : « le gouverneur de Bourbon et de l'Île-de-France, le vainqueur de Negapatam et de Madras, a prouvé qu'il n'était pas moins expert dans la mécanique, dans l'art des constructions navales et des fortifications, dans la tactique des armées de terre, que dans la science du marin. Et pourtant il avait commencé à naviguer dès l'âge de dix ans, et toute son éducation avait dû se faire à bord des navires sur lesquels, avant sa dix-neuvième année accomplie, il avait déjà parcouru toutes les mers du Sud, du Nord et du Levant. Il est vrai que, chez lui, la plus grande facilité de conception s'unissait à une grande opiniâtreté de travail, et que, dès son plus jeune âge, il avait contracté l'habitude de ne jamais donner plus de deux ou trois heures consécutives au sommeil. Dans ses nombreuses et longues traversées sur les bâtiments de commerce qui faisaient la traite de Saint-Malo aux Indes-Orientales et aux îles Philippines, il s'était quelquefois rencontré avec des hommes instruits, qui s'étaient plu à cultiver son heureuse aptitude pour les études mathématiques et les sciences exactes, et il avait profité avec avidité de leurs leçons<ref>Modèle:Harvsp.</ref>. »

Le 26 avril 2023, à La Réunion, Ericka Bareigts, maire de Saint-Denis, en accord avec Jérôme Filippini, préfet de l'île, annonce que sa statue monumentale, œuvre du sculpteur Louis Rochet, , inscrite depuis 2000 à l’inventaire des monuments historiques, serait déplacée depuis le square du centre-ville, à côté de la préfecture et face à l’océan Indien où elle se trouve depuis son inauguration en 1856, vers la caserne Lambert, en raison du passé d’officier de marine de Mahé de La Bourdonnais. Ce transfert, dénoncé par certains comme un "déboulonnage", fait l'objet de pétitions contradictoires et de controverses parmi les historiens<ref>Modèle:Article</ref>.

Iconographie

Mariages et descendance

Fichier:Louisdelabourdonnais.jpg
Portrait de Louis-Charles Mahé de La Bourdonnais, célèbre joueur d'échecs, petit-fils de Bertrand François Mahé de La Bourdonnais.

Bertrand François Mahé de La Bourdonnais épouse, en premières noces, le 24 novembre 1733, à la Chapelle du Vau Salmon à Paramé, Marie Anne Lebrun de la Franquerie (1712-1738), dont :

  • François Gilles Mahé de La Bourdonnais (1736-1738)
  • Louis Philibert François Mahé de La Bourdonnais (1737-1744)

Deux ans après la mort de sa première femme, il se remarie, le 27 novembre 1740, à Paris, avec Charlotte de Combault d'Auteuil (1718-1787), dont :

  • Charlotte Françoise Mahé de La Bourdonnais (1741). Elle épouse en 1766 à Paris Louis Hercule de Montlezun<ref>Modèle:Lien web</ref>.
  • Louis François Mahé de La Bourdonnais (1743-1810)<ref>Modèle:Lien web</ref>, Lieutenant des chasses du Roi, dont :
  • N... Mahé de La Bourdonnais (1744)
  • Pierrette Thérèse Mahé de La Bourdonnais (1746). Elle épouse en 1767 à Boissy-Saint-Léger, Louis Charles César Combault d'Auteuil, son cousin germain<ref>Modèle:Lien web</ref>.
  • Catherine Mahé de La Bourdonnais.

Postérité et critiques

Toponymes, voies et monuments

Toponymes

Noms de voies

Deux voies parisiennes portent le nom de La Bourdonnais :

Deux rues de Pondichéry portent également son nom :

  • la rue Labourdonnais
  • la rue Mahé de Labourdonnais

Un boulevard de Toamasina à Madagascar portent également son nom :

  • le boulevard Mahé de Labourdonnais

Statues et monuments

Fichier:MaheDeLaBourdonnais 1.JPG
Statue de La Bourdonnais au Barachois, à Saint-Denis (La Réunion), qui doit être déboulonnée en 2023.

Différents monuments lui ont été érigés :

  • une statue est également érigée en face du port de Port-Louis, capitale de l'île Maurice.
  • une statue est également érigée à Saint-Malo, à l'extérieur des remparts.

Noms d'établissements

Navires

Ont porté le nom de La Bourdonnais :

Deux paquebots des Messageries maritimes :

Deux bâtiments de la Marine nationale française<ref>http://www.netmarine.net/bat/ee/labourdonnais/ancien.htm Site marine.net</ref> :

Philatélie

Plusieurs timbres ont été édités pour commémorer La Bourdonnais :

Littérature

La Bourdonnais figure dans le roman Paul et Virginie de Bernardin de Saint-Pierre. On l'y voit d'abord plutôt indifférent au sort de Madame de la Tour et à son humble requête. Un peu plus loin dans le roman, la riche tante de cette dernière passe par lui pour convaincre Madame de la Tour de lui envoyer sa fille Virginie afin d'en faire son héritière. À la fin du roman, après avoir tenté en vain de sauver les naufragés du Saint-Géran, il reconnaît que la vertueuse Virginie aurait mieux fait de rester parmi les siens dans la simplicité.

Notes et références

Notes

Modèle:Références

Références

Modèle:Références

Voir aussi

Bibliographie

Mémoires

  • Modèle:Google Livres, recueillis et publiés par son petit-fils L. C. Mahé de La Bourdonnais, Pelleler et Chatet, Paris, 1827
Ouvrages généralistes
Ouvrages spécifiques sur La Bourdonnais
  • Histoire, ou éloge historique de M. Mahé de La Bourdonnais. [s.l.n.d.]
  • Île Maurice, Mahé de La Bourdonnais, documents réunis par le comité du bi-centenaire de La Bourdonnais, 11 février 1899, avec des annotations par le comité des souvenirs historiques. (2 août 1899), Port-Louis : E. Pezzani, 1899.
  • Étienne Buisson, Le Mirage de l'Inde, la dramatique existence d'un grand Français au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle : Bertrand Mahé de La Bourdonnais, Paris, Hachette, 1937.
  • Pierre Crépin, Mahé de La Bourdonnais, gouverneur général des îles de France et de Bourbon (1699-1753), Paris, Leroux, s.d.
  • Louis Ducrocq, Une ingratitude nationale : La Bourdonnais, gouverneur des îles de France et de Bourbon, 1735-1746, Arras, Sueur-Charruey, 1902.
  • Philippe Haudrère, La Bourdonnais: marin et aventurier, Paris, Desjonquères, 1992. Modèle:ISBN
  • E. Herpin, Mahé de La Bourdonnais et la Compagnie des Indes, Saint-Brieuc, R. Prud'homme, 1905.
  • Alfred de Longpérier-Grimoard, Notice historique sur La Bourdonnais, Paris, 1856.
  • Alfred de Longpérier-Grimoard, Modèle:Google Livres, 1859
  • Huguette Ly Tio Fane-Pineo, Île-de-France, 1715-1746, Tome I. L'émergence de Port Louis, Moka (Île Maurice), Mahatma Gandhi Institute, 1993. Modèle:ISBN
  • Michel Missoffe, Dupleix et La Bourdonnais : essai critique, Paris, Ligue maritime et coloniale, 1943.
  • Dureau Reydellet, Mahé de La Bourdonnais, gouverneur des Mascareignes, Saint-Denis, éd. CNH, 1994 (Cahiers de notre histoire, 45-46). Modèle:ISBN
  • Louis Roubaud, La Bourdonnais, Paris, Plon, 1932 (Les grandes figures coloniales, 10).
  • Jackie Ryckebusch, Bertrand-François Mahé de La Bourdonnais : entre les Indes et les Mascareignes, Sainte-Clotilde, éd. du CRI, 1989 (Collection Figures). Modèle:ISBN
  • Robert Surcouf, Souvenirs historiques sur Mahé de La Bourdonnais : le combat de La Hogue. Éloge de La Tour d'Auvergne. Portzmoguer (Primauguet), Saint-Malo, 1886.
Guides
  • Le Guide de Pondichéry. L'unique guide français de Pondichéry., Éditions Presse Bureau 2008/2009. Pondichéry.
  • Pondicherry Heritage Trail, publié par Intach, Pondichéry, décembre 2007.

Articles connexes

Liens externes

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