Henri II (roi d'Angleterre)
Modèle:Titre noble Modèle:Sous-titre Modèle:En-tête label Modèle:Voir homonymes Modèle:Infobox Personnalité politique
Modèle:Henri II (Modèle:Date – Modèle:Date)Modèle:Note fut comte d'Anjou et du Maine, duc de Normandie et d'Aquitaine et roi d'Angleterre.
Fils de Modèle:Noble et de Mathilde l'Emperesse, fille du roi Henri d'Angleterre, il participa aux efforts de sa mère pour reprendre le trône d'Angleterre occupé par Étienne de Blois, cousin de sa mère et neveu de son grand-père Modèle:Noble. Fait duc de Normandie à Modèle:Nobr, il hérita du comté d'Anjou en 1151 et épousa l'année suivante la duchesse Aliénor d'Aquitaine, dont le mariage avec le roi Modèle:Noble avait récemment été annulé par le second concile de Beaugency. Après l'expédition d'Henri en Angleterre en 1153, le roi Étienne signa le traité de Wallingford par lequel il acceptait Henri comme héritier. Ce dernier monta sur le trône un an plus tard.
Modèle:Henri II se révéla un souverain énergique et parfois brutal, qui chercha à récupérer les terres et les privilèges de son grand-père, Henri. Au début de son règne, il restaura l'administration royale dévastée par la guerre civile et rétablit l'autorité de la Couronne sur le pays de Galles et ses possessions continentales. Sa volonté d'accroître le contrôle royal de l'Église lui valut l'opposition de son ami Thomas Becket, l'archevêque de Cantorbéry, et la dispute qui dura une grande partie des années 1160 se solda par l'assassinat de l'ecclésiastique en 1170. Sur le continent, Modèle:Henri II entra en conflit avec Modèle:Noble- et les deux souverains s'affrontèrent dans ce qui a été qualifié de « guerre froide » pendant plusieurs décennies. Modèle:Henri II agrandit ses possessions continentales souvent aux dépens du roi de France et en 1172, il contrôlait l'Angleterre, une grande partie du pays de Galles, la moitié orientale de l'Irlande et la moitié occidentale de la France ; ces territoires ont été qualifiés d'« Empire Plantagenêt » par les historiens.
Modèle:Henri II et Aliénor eurent huit enfants, ce qui provoqua de fortes tensions sur la succession et le partage de l'Empire, des frictions encouragées par Modèle:Noble- et son fils Philippe Auguste. En 1173, le fils aîné d'Modèle:Henri II, Henri le Jeune organisa un soulèvement pour protester contre sa mise à l'écart du gouvernement et il fut rejoint par sa mère et ses frères Richard et Geoffroy ainsi que par les comtes de Flandre et de Boulogne. Cette Grande Révolte fut écrasée mais la réconciliation ne dura pas longtemps et Henri le Jeune mourut après une nouvelle révolte en 1183. L'invasion de l'Irlande permit à Modèle:Henri II d'offrir des terres à son fils cadet Jean mais le roi avait du mal à satisfaire les désirs de pouvoir de tous ses fils. Philippe Auguste parvint à convaincre Richard qu'il risquait d'être évincé de la succession au profit de Jean et il se révolta en 1189. Modèle:Henri II fut vaincu, et mourut peu après au château de Chinon d'une hémorragie digestive provoquée par un ulcère.
L'Empire Plantagenêt s'effondra rapidement sous le règne de Jean dans les premières années du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, mais les réformes d'Modèle:Henri II eurent une influence durable notamment dans le domaine juridique et la définition du droit anglais. Les historiens du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle considéraient qu'il avait largement contribué à la création d'une monarchie anglaise et finalement, d'une Grande-Bretagne unifiée. L'expansion de l'Empire britannique durant l'époque victorienne entraîna un regain d'intérêt pour la création de l'Empire Plantagenêt, même si le traitement infligé par le roi à ses fils et à Becket a fait l'objet de débats.
Jeunesse (1133-1149)
Henri est né au Mans le Modèle:Nobr ; il est le premier fils du comte Modèle:Noble et de Mathilde l'Emperesse, ainsi nommée en raison de sa première union avec l'empereur Modèle:NobleModèle:Sfn. Le comté d'Anjou avait été créé au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle et les souverains Plantagenêt avaient étendu leurs possessions via des mariages et des alliancesModèle:Sfn,Modèle:Sfn. En théorie, le comte était le vassal du roi de France, mais l'influence royale s'affaiblit au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle et le comté disposait d'une large autonomieModèle:Sfn.
La mère d'Henri était la fille aînée de Modèle:Noble, roi d'Angleterre et duc de Normandie, et fils cadet de Guillaume le ConquérantModèle:Sfn. Mathilde fut fiancée très jeune à Modèle:Noble- et, après sa mort en 1125, elle se remaria avec Modèle:Noble-Modèle:Sfn. À la suite du décès d'Modèle:Henri Ier en 1135, elle espérait pouvoir monter sur le trône d'Angleterre, conformément à la volonté d'Modèle:Henri Ier. La reconnaissance d'une femme à la royauté n'était toutefois pas assurée, et ce fut finalement son cousin Étienne de Blois qui s'empara du pouvoir, se faisant couronner roi et reconnaître comme duc de NormandieModèle:Sfn. La dispute dégénéra rapidement en conflit ouvert entre les deux camps ; Modèle:Noble- profita du désordre pour s'emparer du duché de Normandie mais il laissa la gestion de la querelle anglaise à Mathilde et à son demi-frère, le comte Robert de GloucesterModèle:Sfn. Le conflit, qui fut appelé Anarchie anglaise par les historiens victoriens, se prolongea sans qu'aucun camp ne parvienne à prendre l'ascendantModèle:Sfn.
Henri passa probablement une partie de son enfance avec sa mère qu'il accompagna en Normandie à la fin des années 1130Modèle:Sfn. Vers l'âge de sept ans, il fut éduqué par Pierre de Saintes, un célèbre philologue d'AnjouModèle:Sfn,Modèle:Sfn et surtout par le comte de Gloucester, un homme d'une « admirable sagesse » selon la Modèle:Lien. Fin 1142, Modèle:Noble- décida d'envoyer le garçon, âgé de Modèle:Nobr, et Robert de Gloucester à Bristol, un de ses bastions contre le pouvoir d'ÉtienneModèle:Sfn. Bien que confier ses enfants à des proches était courant pour l'époque, envoyer Henri en Angleterre était une manœuvre politique car Modèle:Noble- était critiqué pour son refus de participer à la guerre sur l'îleModèle:Sfn. Pendant environ un an, Henri vécut avec Roger de Worcester, l'un des fils de Robert, dont la suite était connue pour son éruditionModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Les chanoines de l'abbaye Saint-Augustin de Bristol participèrent également à son éducationModèle:Sfn. Henri rentra en Anjou en 1143 ou 1144. Revenu en Normandie il reçoit les leçons de Matthieu, futur évêque d'Angers, et du célèbre philosophe et grammairien Guillaume de Conches<ref>Jean Flori, op.cit., p. 85.</ref>,Modèle:Sfn,<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
En 1147, âgé de Modèle:Nobr, il recruta des mercenaires et traversa la Manche avant d'attaquer le WiltshireModèle:Sfn. Même si l'offensive provoqua une grande panique, l'expédition fut un échec et Henri, à court d'argent, fut contraint de rentrer en NormandieModèle:Sfn. Ni sa mère, ni son oncle ne lui apportaient leur soutien, ce qui signifie qu'il n'avait pas obtenu leur approbation pour cette attaqueModèle:Sfn. Étonnamment, ce fut le roi Étienne qui paya la solde des mercenaires et les renvoya chez eux, permettant à l'adolescent de se sortir de cette affaire avec dignité. Les motivations du roi ne sont pas claires ; il s'agissait peut-être d'une marque de respect à un membre de sa famille élargie voire d'une sorte d'amusement ou, voyant que l'issue de la guerre ne pourrait être que diplomatique, Étienne aurait cherché à se rapprocher d'HenriModèle:Sfn,Modèle:Sfn. En 1149, ce dernier planifia néanmoins une nouvelle expédition et s'allia avec son grand-oncle, le roi d'Écosse Modèle:Noble, ainsi qu'avec Ranulph de Chester, un puissant noble qui contrôlait une grande partie du Nord-Ouest de l'AngleterreModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Il fut décidé que l'offensive viserait York, mais celle-ci fut annulée après l'arrivée de l'armée d'Étienne et Henri retourna en NormandieModèle:Sfn,Modèle:Sfn.
Selon les chroniqueurs, Henri était un jeune homme séduisant aux cheveux roux avec des taches de rousseurs ; il était trapu avec une grosse tête et les jambes arquées à force de monter à chevalModèle:Sfn,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn. Moins réservé que sa mère et moins charmant que son père, Henri était connu pour son énergie et son enthousiasme ainsi que pour son regard perçant, ses redoutables accès de colère<ref>Modèle:Ouvrage</ref> et, en certaines occasions, un mutisme renfrognéModèle:Sfn,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn,Modèle:Note. Fin lettré, Henri a reçu une éducation très au dessus de la moyenne des aristocrates de l'époque<ref>Jean Flori, op.cit. p. 85.</ref>. Il comprenait plusieurs langues<ref>Modèle:Ouvrage</ref>, et notamment l'anglais, mais ne parlait que latin et françaisModèle:Sfn,Modèle:Note(langue d'oïl en Anjou et occitan limousin plus tard à la cour de Poitiers et d'Aquitaine). Dans sa jeunesse, Henri appréciait la guerre, la chasse et les autres loisirs aventureux mais au fil des années, il devint plus prudent et consacra son énergie à la justice et aux questions administrativesModèle:Sfn.
Il fut probablement le premier roi d'Angleterre à utiliser un symbole héraldique en faisant graver un lion ou un léopard sur son sceau<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>; par la suite, ce dessin fut repris pour former les armoiries de Normandie et d'AngleterreModèle:Sfn.
Début de règne (1150-1162)
Succession en Normandie et en Anjou
À la fin des années 1140, la situation politique en Angleterre s'était apaisée et les combats étaient devenus raresModèle:Sfn. Beaucoup de barons avaient signé des accords de paix entre eux pour garantir leurs gains, et l'Église d'Angleterre semblait prête à encourager une résolution pacifique de la guerre civileModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Quand le roi Modèle:Noble revint de la deuxième croisade en 1149, il s'inquiéta du pouvoir grandissant de Modèle:Noble- et de la menace qu'il pourrait poser à ses possessions s'il parvenait à obtenir la couronne d'AngleterreModèle:Sfn,Modèle:Sfn. En 1150, Henri fut désigné duc de Normandie par son père qui s'était emparé du duché. Modèle:Noble- s'y opposa, prenant le parti du roi Étienne en affirmant que son fils, Eustache, était l'héritier légitime du duché. Il lança alors l'offensive contre la NormandieModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Face à une puissance supérieure, Modèle:Noble- conseilla à son fils de parvenir à un accord : la paix fut signée fin Modèle:Nobr grâce à la médiation de Bernard de ClairvauxModèle:Sfn. Selon le traité, Henri rendait hommage à Modèle:Noble- qu'il acceptait comme suzerain et lui cédait le territoire disputé et fortement stratégique du Vexin ; en échange, le roi de France le reconnaissait comme duc de NormandieModèle:Sfn. Début septembre 1151, à l'occasion de cet hommage, Henri, âgé de dix-huit ans, rencontre pour la première fois la reine Aliénor, à la cour de France où il est venu accompagné de son père, Geoffroy le Bel<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.
Modèle:Noble- mourut le 7 septembre 1151<ref>Régine Pernoud, Aliénor d'Aquitaine, Albin Michel, 1965, p.88.</ref>, et Henri annula son expédition en Angleterre contre le roi Étienne afin de sécuriser sa succession sur le continent, notamment en AnjouModèle:Sfn. À cette époque, il planifiait probablement secrètement son mariage avec Aliénor d'Aquitaine qui était alors l'épouse de Modèle:Noble-Modèle:Sfn. Célèbre pour sa beauté, cette dernière était duchesse d'Aquitaine, une position stratégique. Peu heureux, le mariage n'aboutissait à aucun héritier mâle. La seconde croisade, après l'incident d'Antioche, eut raison du couple. Le pape Modèle:Noble réussit à les réconcilier provisoirement, lors de leur passage à Tusculum, les 9 et 10 octobre 1149. Ce qui permit la naissance d'une seconde fille, Alix, en 1150<ref>Jean Flori, op. cit. , p. 80.</ref>. Cependant, l'annulation du mariage fut prononcée lors du concile de Beaugency, le Modèle:Nobr, au motif de consanguinité (descendants du roi Modèle:Noble, les époux étaient cousins au 4e, 5e et 6e degrés canoniques<ref>Jean Flori, op. cit. p. 100 (arbres généalogiques ascendants de Louis et d'Aliénor)</ref>— ce qui en faisait un simple prétexteModèle:Note).
Dès la fin du concile, Aliénor se hâte vers Poitiers et manque d’être enlevée deux fois en route par des nobles qui convoitent la main du plus beau parti de France : le comte Modèle:Noble et Geoffroy Plantagenêt<ref>Académie des inscriptions et belles-lettres (France), Comptes rendus des séances Auguste Picard, 1906, Modèle:P..</ref>. Elle échange quelques courriers secrets avec Henri, et le Modèle:DateModèle:Sfn, huit semaines après l'annulation de son premier mariage, elle épouse, à la surprise générale, en la cathédrale Saint-Pierre de Poitiers, ce jeune homme fougueux, d'une dizaine d'années son cadet et qui a le même degré de parenté avec elle que Modèle:Noble-<ref>Jean Flori, op.cit., p. 83.</ref>.
Comprenant la menace de cette alliance entre le duché de Normandie et celui d'Aquitaine, Modèle:Noble- considéra que cette union était une insulte qui allait à l'encontre des traditions féodales : Aliénor et Henri, en tant que vassaux, auraient dû demander son autorisationModèle:Sfn Modèle:Sfn,Modèle:Sfn. Modèle:Noble- forma rapidement une coalition contre le duc de Normandie avec notamment Étienne d'Angleterre et son fils Eustache, ainsi que son futur gendre, Modèle:NobleModèle:Sfn. L'alliance fut également rejointe par le frère d'Henri, Geoffroy, qui avança qu'il avait été dépossédé de son héritageModèle:Sfn. Les plans de Modèle:Noble- concernant sa succession étaient ambigus et la légitimité des revendications de son fils sont difficiles à évaluerModèle:Sfn. Les sources contemporaines suggèrent qu'il lui avait laissé les principaux châteaux du Poitou, ce qui peut laisser penser qu'il avait l'intention de transmettre uniquement la Normandie et l'Anjou à HenriModèle:Sfn,Modèle:Note.
Les combats éclatèrent immédiatement sur les frontières normandesModèle:Sfn,Modèle:Sfn tandis que les forces de Modèle:Noble- attaquaient l'AquitaineModèle:Sfn. En Angleterre, Étienne assiégea le château de Wallingford avec l'objectif de vaincre les forces loyales à Henri alors que ce dernier était occupé sur le continentModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Évitant habilement l'affrontement avec Modèle:Noble- en Aquitaine, Henri parvint à stabiliser la situation en Normandie et pilla le Vexin avant de s'emparer de Montsoreau l'un des principaux châteaux de Geoffroy en AnjouModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Le roi de France tomba malade et se retira de la guerre, ce qui obligea Geoffroy à négocier avec son frèreModèle:Sfn.
Accession au trône d'Angleterre
Territoires sous le contrôle de : Modèle:Légende/Début Modèle:Légende Modèle:Légende Modèle:Légende Modèle:Légende Modèle:Légende Modèle:Légende/Fin
En réponse au siège du château de Wallingford, Henri retourna à nouveau en Angleterre, début 1153, malgré de violentes tempêtesModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Accompagné uniquement d'une petite troupe de mercenaires probablement payés avec un emprunt, Henri était soutenu dans le Nord et l'Est de l'Angleterre par les forces du comte Ranulph de Chester et du comte de Norfolk, Hugues BigotModèle:Sfn,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn. Une délégation d'ecclésiastiques anglais rencontra Henri et ses conseillers à Stockbridge peu avant Pâques en avrilModèle:Sfn. Les détails de la rencontre sont inconnus mais il semble que si le clergé affirmait son soutien à Étienne, il cherchait à obtenir un accord de paixModèle:Sfn.
Dans une manœuvre destinée à éloigner les forces d'Étienne de Wallingford, Henri assiégea son château à Malmesbury et le roi répondit en menant une armée pour lever le siègeModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Le duc de Normandie parvint à éviter un affrontement le long de l'Avon mais devant l'arrivée prochaine de l'hiver, les deux hommes signèrent une trêveModèle:Sfn. Henri se rendit alors dans le Nord via les Midlands où le puissant comte de Leicester Modèle:Noble lui apporta son soutienModèle:Sfn. Dans le même temps, il chercha à se présenter comme le roi légitime en assistant à des mariages et en organisant une cour d'une manière royaleModèle:Sfn.
Durant l'été suivant, Étienne massa des troupes autour du château de Wallingford dont la chute paraissait imminenteModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Henri se rendit dans le Sud pour secourir la forteresse et il assiégea les assiégeantsModèle:Sfn. Ayant appris cela, Étienne revint à la tête d'une grande arméeModèle:Sfn. À ce moment de la guerre, les barons des deux camps étaient désireux d'éviter une sanglante bataille rangéeModèle:Sfn,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn et le clergé négocia une trêveModèle:Sfn,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn. Henri et Étienne profitèrent de l'occasion pour ouvrir des négociations secrètes destinées à mettre fin au conflit ; par chance pour Henri, le fils d'Étienne, Eustache, tomba malade et mourut peu après, supprimant ainsi le principal prétendant au trône d'AngleterreModèle:Sfn,Modèle:Sfn car son second fils, Guillaume, ne semblait pas préoccupé par une éventuelle revendication au trôneModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Les combats continuèrent de manière sporadique alors que l'Église d'Angleterre tentait d'obtenir une paix permanenteModèle:Sfn,Modèle:Sfn.
En novembre, les deux chefs ratifièrent le traité de Winchester qui fut annoncé dans la cathédrale du même nomModèle:Sfn. D'après le traité, Étienne reconnaissait Henri comme son fils adoptif et successeur, et en échange ce dernier lui rendait hommage et démobilisait ses mercenaires ; Étienne promettait d'écouter les conseils d'Henri mais conservait tous ses pouvoirs royaux, tandis que son fils Guillaume renonçait au trône en échange de la sécurisation du contrôle de ses terresModèle:Sfn,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn. La paix restait cependant précaire et Guillaume restait un potentiel rival pour HenriModèle:Sfn. En raison de rumeurs concernant un complot pour l'assassiner, Henri décida de retourner en NormandieModèle:Sfn,Modèle:Note mais la mort d'Étienne le Modèle:Nobr des suites de violents maux de ventre lui permit d'accéder au trône plus rapidement que prévuModèle:Sfn.
Restauration de l'autorité royale
Après avoir débarqué en Angleterre le Modèle:Nobr, Henri reçut rapidement les serments de loyauté de plusieurs barons et fut couronné aux côtés d'Aliénor à Westminster le Modèle:NobrModèle:Sfn. La cour royale se rassembla en Modèle:Nobr et les barons prêtèrent serment d'allégeance au roi et à ses filsModèle:Sfn. Il restait encore plusieurs rivaux potentiels dont Guillaume, le fils d'Étienne, ainsi que Geoffroy et Guillaume, les frères d'Henri. Par chance pour ce dernier, ils moururent tous dans les années qui suivirent, lui laissant un trône relativement stableModèle:Sfn. La situation de l'Angleterre était cependant délicate car le royaume avait été dévasté par la guerre civileModèle:Note. De nombreuses fortifications avaient été construites sans autorisation par les nobles locauxModèle:Sfn,Modèle:Sfn, la loi forestière n'était plus respectée dans de larges portions du paysModèle:Sfn et les revenus de la Couronne avaient été sévèrement réduitsModèle:Sfn,Modèle:Sfn.
Se présentant comme l'héritier légitime d'Modèle:Henri Ier, Modèle:Henri II commença à remodeler le royaume à son imageModèle:Sfn. Même si Étienne avait tenté d'imiter la méthode de gouvernement de son prédécesseur, le nouveau roi présenta ses Modèle:Nobr de règne comme une période chaotique et troublée, dont tous les problèmes venaient de l'usurpation du trône par ÉtienneModèle:Sfn. Modèle:Henri II prit grand soin de montrer qu'à la différence de sa mère, il écouterait les avis et les conseils de sa courModèle:Sfn. Diverses mesures furent immédiatement prises même si, étant donné que le roi passa les trois quarts de ses huit premières années de règne en France, une grande partie des questions administratives durent être menées à distanceModèle:Sfn. Les châteaux illégaux furent démolisModèle:Sfn,Modèle:Note et des réformes furent lancées pour restaurer le système judiciaire et les finances royales. Modèle:Henri II investit également largement dans la construction et la rénovation de nouvelles résidences royalesModèle:Sfn,Modèle:Sfn.
Le roi d'Écosse et les seigneurs gallois avaient profité de la guerre civile anglaise pour s'emparer de territoires frontaliers disputés, et Modèle:Henri II entreprit de les récupérerModèle:Sfn. En 1157, les pressions anglaises forcèrent le jeune roi à rendre les territoires conquis, et Modèle:Henri II fortifia immédiatement la frontière nordModèle:Sfn,Modèle:Sfn. La restauration de l'autorité royale dans le pays de Galles se révéla plus ardue, et Modèle:Henri II dut mener plusieurs campagnes difficiles en Galles du Nord et du Sud en 1157 et 1158 avant que les princes Owain Gwynedd et Rhys ap Gruffydd ne se soumettent et acceptent le retour aux frontières d'avant-guerreModèle:Sfn,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn.
Politique continentale
Modèle:Henri II entretint des relations difficiles avec Modèle:Noble- de France tout au long des années 1150. Les deux hommes s'étaient déjà affrontés au sujet de la Normandie et du remariage d'Aliénor d'Aquitaine et aucune réconciliation n'était en vue ; le roi de France revendiquait son statut de croisé et lançait des rumeurs sur le comportement et la personnalité de son rivalModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Modèle:Henri II disposait cependant de plus de ressources que le roi de France, notamment après sa conquête de l'Angleterre, et Modèle:Noble- eut plus de mal à contenir l'expansion Plantagenêt qu'auparavantModèle:Sfn. La rivalité entre les deux souverains impliqua des seigneurs voisins, dont le comte Thierry de Flandre qui signa une alliance militaire avec Modèle:Henri II, avec une clause lui permettant de ne pas avoir à combattre le roi de France qui restait son suzerainModèle:Sfn. Les tensions et les fréquentes rencontres entre les dirigeants pour les résoudre ont poussé l'historienne Jean Dunbabin à comparer la période à la guerre froide du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle en EuropeModèle:Sfn.
Modèle:Henri II et Modèle:Noble- parvinrent finalement à un accord de paix en 1154 par lequel le roi d'Angleterre récupérait Vernon et Neuf-MarchéModèle:Sfn. Le traité était cependant fragile et les tensions persistèrent, d'autant plus qu'Modèle:Henri II ne rendait pas hommage à Modèle:Noble- pour ses possessions françaisesModèle:Sfn,Modèle:Sfn,Modèle:Note. Pour essayer d'améliorer les relations, Modèle:Henri II rencontra Modèle:Noble- à Paris et au Mont-Saint-Michel en 1158 et il accepta de fiancer son fils aîné Henri le Jeune à Marguerite, la fille du roi de FranceModèle:Sfn. Selon l'accord, le roi de France accorderait le territoire disputé du Vexin à Marguerite en dotModèle:Sfn. Pour un temps, il semblait qu'un accord de paix permanent était à portéeModèle:Sfn.
Dans le même temps, Modèle:Henri II tourna son attention vers le duché de Bretagne frontalier de ses terres et qui était traditionnellement indépendant du reste de la France avec sa propre langue et cultureModèle:Sfn. Les ducs de Bretagne n'avaient qu'une faible autorité et le pouvoir reposait largement entre les mains de seigneurs locauxModèle:Sfn,Modèle:Sfn. En 1148, le duc Modèle:Noble mourut et une guerre civile éclataModèle:Sfn. Modèle:Henri II revendiqua le statut de suzerain de la Bretagne en avançant que le duché avait prêté serment de loyauté à Modèle:Henri Ier, et il estimait que contrôler le territoire permettrait de sécuriser ses possessions françaises en plus d'être un possible héritage pour un de ses filsModèle:Sfn. La stratégie initiale du roi anglais était de gouverner indirectement et en ce sens, il soutint les revendications de Modèle:Noble qui avait des liens avec l'Angleterre et pouvait facilement être influencéModèle:Sfn. L'oncle de ce dernier, Modèle:Noble, continua à contrôler le comté de Nantes dans l'Est jusqu'à ce qu'il soit renversé par Modèle:Noble, peut-être avec le soutien de son frèreModèle:Sfn. Lorsque ce dernier mourut en 1158, Modèle:Noble- tenta de prendre Nantes mais cela fut refusé par Modèle:Henri II qui l'annexa pour son compteModèle:Sfn. Modèle:Noble- n'intervint pas dans la dispute et Modèle:Henri II accrut considérablement son pouvoir en BretagneModèle:Sfn.
Modèle:Henri II espérait mener une approche similaire pour reprendre le contrôle du comté de Toulouse dans le Sud de la FranceModèle:Sfn. Bien qu'il fasse partie du duché d'Aquitaine, le comté était devenu de plus en plus indépendant et était à présent gouverné par Modèle:Noble dont les revendications étaient relativement faiblesModèle:Sfn. Encouragé par Aliénor, Modèle:Henri II s'allia avec le rival de Modèle:Noble-, Modèle:Noble de Barcelone, et en 1159, il menaça d'intervenir pour le renverserModèle:Sfn. Modèle:Noble- avait cependant marié sa sœur Constance à Raymond de Toulouse, afin de sécuriser ses frontières méridionales ; à la suite d'une rencontre avec le roi de France, Modèle:Henri II considérait qu'il avait obtenu son accord pour une interventionModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Il attaqua donc le comté de Toulouse mais apprit que Modèle:Noble- se trouvait alors dans la ville où il rendait visite à son beau-frèreModèle:Sfn. Ne pouvant attaquer directement, le roi anglais pilla la région et s'empara du QuercyModèle:Sfn. L'épisode se révéla être un sujet de contentieux durable entre les deux souverains, et le chroniqueur William de Newburgh qualifia le conflit avec Toulouse de Modèle:CitationModèle:Sfn,Modèle:Sfn.
À la suite de l'intervention toulousaine, Modèle:Noble- tenta d'apaiser les tensions avec Modèle:Henri II par un traité de paix en 1160. Le texte promettait la rétrocession des terres et des droits de son grand-père Modèle:Henri Ier, il réaffirmait la cession du Vexin ainsi que les fiançailles de Marguerite de France et d'Henri le Jeune et il obligeait ce dernier à lui rendre hommage ; ce dernier point renforçait la position d'héritier du jeune homme ainsi que la stature royale de Modèle:Noble-Modèle:Sfn,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn. Le roi de France modifia cependant considérablement sa position immédiatement après la conférence de paix. Son épouse, Constance, était en effet morte et Modèle:Noble- s'était remarié avec Adèle, la sœur des comtes de Blois et de ChampagneModèle:Sfn. Il avait par ailleurs fiancé ses deux filles issues de son union avec Aliénor d'Aquitaine, Marie et Alix, respectivement à Modèle:Noble et à Modèle:NobleModèle:Sfn. Cela représentait une stratégie d'endiguement de l'expansion Plantagenêt à l'opposé de la politique de conciliation initiée par l'accord de 1160Modèle:Sfn. Modèle:Henri II fut ulcéré par cette décision. Henri le Jeune et Marguerite de France se trouvaient sous sa garde et en novembre, il fit pression sur plusieurs légats apostoliques pour les marier bien qu'ils n'aient respectivement que cinq et trois ans ; par ailleurs, il s'empara également du VexinModèle:Sfn,Modèle:Note. C'était à présent au tour de Modèle:Noble- d'être furieux car la décision allait clairement à l'encontre de l'idée du traité de 1160Modèle:Sfn.
La situation dégénéra rapidement et Modèle:Noble- mobilisa ses forces en Touraine. Modèle:Henri II répondit en attaquant par surprise le château de Chaumont-sur-LoireModèle:Sfn. Au début de l'année 1161, le conflit semblait sur le point de s'étendre à d'autres régions, jusqu'à la signature d'une nouvelle trêve à Fréteval à l'automne puis d'un traité de paix l'année suivante sous la supervision du pape Modèle:NobleModèle:Sfn. Malgré cette accalmie temporaire, l'annexion du Vexin par Modèle:Henri II resta un point de friction durable entre les rois de France et luiModèle:Sfn.
Politique intérieure
Gouvernement
Modèle:Henri II contrôlait plus de territoires en France que tout autre souverain depuis les Carolingiens ; ces terres associées à ses possessions en Angleterre, au pays de Galles, en Écosse et en Irlande formaient une vaste entité appelée Empire Plantagenêt par les historiensModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Malgré ce nom, il était cependant largement décentralisé et reposait sur un réseau lâche de liens familiaux et féodauxModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Modèle:Henri II voyagea en permanence dans son empire, ce qui donna naissance, selon l'historien John Jolliffe, à un Modèle:CitationModèle:Sfn. Ses déplacements coïncidaient avec les questions locales, même si des messagers le tenaient informé des événements dans le reste de ses territoiresModèle:Sfn. En son absence, les provinces étaient administrées par des sénéchaux et des justiciars ainsi que par divers fonctionnaires locauxModèle:Sfn. Malgré cette décentralisation, beaucoup de questions administratives étaient réglées par le roi et Modèle:Henri II était souvent entouré de pétitionnaires demandant des décisions ou des faveursModèle:Sfn.
De temps à autre, la cour d'Modèle:Henri II devenait un Modèle:Langue ou « grand conseil » ; ils étaient parfois utilisés pour prendre des décisions importantes mais l'expression fut employée à chaque fois qu'un grand nombre de barons ou d'évêques rencontraient le roiModèle:Sfn. Ces assemblées étaient supposées conseiller le roi et approuver ses décisions mais la véritable étendue de leur pouvoir est mal connueModèle:Sfn. Modèle:Henri II disposait certainement d'une grande latitude pour soutenir ses partisans et punir ses adversairesModèle:Sfn. Il fut ainsi très efficace dans le recrutement d'administrateurs compétents, notamment au sein du clergé, et beaucoup de ses ecclésiastiques préférés finirent par devenir évêques ou archevêquesModèle:Sfn,Modèle:Sfn. À l'inverse, il n'hésitait pas à utiliser son Modèle:Langue (« colère et rancœur ») désignant sa capacité à punir et à détruire financièrement des évêques ou des baronsModèle:Sfn.
En Angleterre, Modèle:Henri II s'appuya initialement sur les anciens conseillers de son père, sur des administrateurs d'Modèle:Henri Ier et sur certains nobles qui avaient rejoint son camp contre Étienne en 1153Modèle:Sfn. Par la suite, et comme son grand-père, il encouragea l'émergence d'« hommes nouveaux » issus de la noblesse peu fortunée qu'il plaça à de hautes fonctionsModèle:Sfn ; dans les années 1180, cette nouvelle classe d'administrateurs était la plus importante en AngleterreModèle:Sfn,Modèle:Sfn. En Normandie, les liens entre l'aristocratie anglaise et normande continuèrent à s'affaiblir tout au long de son règneModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Comme en Angleterre, ses conseillers venaient souvent des rangs des évêques, et les grands propriétaires terriens furent écartés des rangs de l'administrationModèle:Sfn. Modèle:Henri II utilisa fréquemment son statut de roi d'Angleterre et de duc pour intervenir dans les affaires de la noblesse normande en arrangeant des mariages ou en organisant les successions. Dans le reste de la France, l'administration locale était moins développée. L'Anjou était gouverné par des prévôts et des sénéchaux établis le long de la Loire et dans l'Ouest de la Touraine, mais le reste de la province était assez peu administréModèle:Sfn,Modèle:Sfn. En Aquitaine, l'autorité ducale restait très limitée, même si elle fut grandement accrue sous l'impulsion de Richard à la fin des années 1170Modèle:Sfn.
Cour et famille
La richesse d'Modèle:Henri II lui permit de maintenir ce qui était probablement la Modèle:Langue ou cour royale la plus importante d'Europe, composée de barons, d'évêques, de chevaliers, de serviteurs et d'administrateursModèle:Sfn,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn,Modèle:Note. Le roi était entouré d'un cercle informel appelé Modèle:Langue, formé de confidents, d'amis et de proches qui jouaient un rôle important pour la gestion de l'administration et servaient d'intermédiaires entre les structures officielles et le souverainModèle:Sfn,Modèle:Sfn.
Modèle:Henri II s'efforça de créer une cour sophistiquée soutenant notamment la littératureModèle:Sfn,Modèle:Sfn,Modèle:Note. Ce fut cependant pour la chasse, la passion du souverain, que la cour devint célèbreModèle:Sfn. Modèle:Henri II disposait de nombreux pavillons de chasse dans tout son royaume et il investit largement dans la rénovation et l'extension de ses châteaux, à la fois pour des raisons militaires et pour témoigner de la puissance de son pouvoirModèle:Sfn,Modèle:Sfn. La vie de la cour était assez protocolaire, ce qui était peut-être lié à la volonté du roi de faire oublier son accession rapide au trône et son statut relativement humble de fils de comteModèle:Sfn.
L'historien John Gillingham décrivit l'Empire Plantagenêt comme une Modèle:CitationModèle:Sfn. La mère d'Modèle:Henri II, Mathilde, joua un rôle important dans sa jeunesse et elle continua à exercer une forte influence sur son fils durant son règneModèle:Sfn. La relation du souverain avec son épouse Aliénor était plus complexe. Modèle:Henri II lui confia l'administration de l'Angleterre pendant plusieurs années après 1154 et il la laissa gouverner l'Aquitaine par la suiteModèle:Sfn. Leur relation se détériora cependant dans les années 1160, et les chroniqueurs et les historiens se sont interrogés sur ce qui a poussé Aliénor à soutenir ses fils contre son époux lors de la révolte de 1173-1174Modèle:Sfn,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn. Les nombreuses interventions d'Modèle:Henri II en Aquitaine, sa reconnaissance de Modèle:Noble- de Toulouse comme son vassal en 1173 ou sa personnalité rugueuse figurent parmi les explications les plus probablesModèle:Sfn,Modèle:Sfn.
Pour Jean Flori, les nombreuses infidélités d'Henri, dont la réputation de paillardise, contrairement à ce qu'affirme Régine Pernoud, ne semble pas usurpée, n'ont pu qu'affecter les relations d'Aliénor avec son époux. Guillaume de Newburgh, qui ne lui est généralement pas défavorable, nous rapporte "qu'il était très porté sur la concupiscence et aux relations extra-conjugales", mais aussi qu' "il usa assez de la reine pour avoir d'elle une progéniture mais lorsqu'elle cessa d'enfanter, il s'adonna à la volupté et engendra des bâtards"<ref>Newburgh III, 26, p. 280, dans Jean Flori op. cit. p 171 et p. 461 note 8.</ref>. Giraud de Barri ( le Cambrien) rapporte, lui, que peu après la mort de Rosamund Clifford, Henri l'aurait remplacée dans son lit par la jeune Aélis de France, pourtant fiancée de longue date de Richard. Roger de Howden, historien sérieux et peu enclin aux ragots, nous rapporte que Richard aurait déclaré à Philippe-Auguste " je ne rejette pas ta soeur, mais il m'est impossible de l'épouser, car mon père a couché avec elle et engendré d'elle un fils"<ref>Jean Flori, op. cit. p. 172-173.</ref>.
Gervais de Canterbury nous précise, lui, les raisons de l'étroite surveillance dont Aliénor fit l'objet après la révolte de 1173. Elle est tenue pour responsable de la sédition par son mari, qui envisage de divorcer pour pouvoir épouser Rosamund avec qui il vit désormais ouvertement. Henri fait venir le cardinal Uguccione, nonce apostolique, le 27 octobre 1175, afin de demander l'annulation de son mariage. Le Saint-Siège oppose une ferme résistance<ref>Jean Flori, op.cit., pp. 167-168.</ref>.
Modèle:Henri II eut neuf enfants légitimes avec Aliénor : Guillaume, Henri le Jeune, Richard, Mathilde, Geoffroy, Aliénor, Jeanne et Jean. Selon Raoul de Diceto, généralement bien renseigné et proche d'Aliénor, celle-ci a donné naissance à un sixième fils, mort en bas âge<ref>Jean Flori, op. cit.,, p. 106 et p. 454 (note 5). Voir aussi Martin Aurell: Préface, Aliénor d'Aquitaine selon ER Labande. sur academia.edu.</ref>. Il eut également plusieurs maîtresses dont Annabelle de Balliol et Rosemonde CliffordModèle:Sfn,Modèle:Note. Il eut plusieurs bâtards de maîtresses moins célèbres. Les plus connus sont Geoffroy, né en 1152 (par la suite archevêque d'York) et Guillaume Longue-épée (circa 1180-1226) (par la suite comte de Salisbury), d'une certaine comtesse Ida Bigot<ref>Paul C Reed, Countess Ida, Mother of William Longuespee, illegitimate son of Henry II dans L'american genealogist, n°77, 2002, p. 137.</ref>,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn. La famille d'Modèle:Henri II était divisée par de profondes rivalités, plus que la plupart des autres familles royales de l'époque, et en particulier bien plus que la maison française rivale des CapétiensModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Diverses raisons ont été avancées pour expliquer ces tensions comme des prédispositions génétiques, des personnalités irascibles ou l'échec de l'éducation des enfantsModèle:Sfn,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn. Des historiens comme Matthew Strickland ont avancé qu'Modèle:Henri II avait fait des choix sensés pour apaiser les frictions dans sa famille et que la succession aurait pu être moins difficile s'il était mort plus tôtModèle:Sfn.
Justice
Le règne d'Modèle:Henri II vit d'importants changements juridiques notamment en Angleterre et en NormandieModèle:Sfn,Modèle:Note. Au milieu du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, l'Angleterre comptait de nombreuses juridictions civiles et ecclésiastiques dont les rôles et les attributions étaient mal définies, ce qui donnait lieu à diverses querelles. Modèle:Henri II élargit largement les prérogatives de la justice royale pour créer un ensemble plus cohérent ; cela donna naissance à la fin de son règne au tractatus de Glanvill, l'un des premiers traités juridiquesModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Malgré ces réformes, il n'est pas certain que le roi avait une grande vision pour son nouveau système juridique et il semble qu'il ait plus agi par pragmatisme que par idéalismeModèle:Sfn,Modèle:Sfn. De fait, dans la plupart des cas, il n'a probablement joué qu'un rôle limité dans la définition des nouvelles juridictions mais il considérait que rendre la justice était l'une des principales prérogatives du souverain, et il choisit avec soin les personnes chargées de mener les réformesModèle:Sfn,Modèle:Sfn,Modèle:Note.
En raison du désordre causé par la guerre civile, de nombreuses questions juridiques devaient être résolues, car beaucoup de monastères ou de particuliers avaient été dépossédés de leurs terres par les barons qui avaient parfois revendu leurs propriétésModèle:Sfn. Modèle:Henri II s'appuya sur des tribunaux locaux comme ceux des Modèle:Langue, des Modèle:Langue et des cours féodales pour juger la plupart des disputes, et il ne s'intéressa personnellement qu'à quelques-unesModèle:Sfn. Ce processus était loin d'être parfait et, dans de nombreux cas, les plaignants n'eurent pas gain de causeModèle:Sfn. Même s'il s'intéressait à la justice, Modèle:Henri II était au début de son règne préoccupé par d'autres questions politiques, et obtenir l'avis du roi impliquait de traverser la Manche et localiser sa cour ambulanteModèle:Sfn. Malgré cela, il n'hésitait pas à intervenir dans les jugements qui lui semblaient injustes ou à légiférer pour améliorer le processus judiciaireModèle:Sfn. En Normandie, des tribunaux présidés par des représentants de la Couronne rendaient la justice et renvoyaient parfois les cas devant le souverainModèle:Sfn. Il existait également un Échiquier de Normandie à Caen chargé des affaires concernant les taxes et les impôts, ainsi que des juges itinérantsModèle:Sfn. Entre 1159 et 1163, Modèle:Henri II réforma les juridictions ecclésiastiques et civiles, et certaines de ces évolutions furent par la suite mises en place en AngleterreModèle:Sfn.
Modèle:Henri II retourna en Angleterre en 1163 et entreprit la réforme des tribunaux royauxModèle:Sfn. Il créa ainsi probablement en 1176 des « eyres » désignant des groupes de juges royaux itinérants dont la juridiction couvrait les affaires civiles et criminellesModèle:Sfn. Les jurys locaux avaient parfois été organisés sous les règnes de ses prédécesseurs mais Modèle:Henri II accrut leur usageModèle:Sfn. D'autres méthodes de jugement persistèrent comme l'ordalie ou le duelModèle:Sfn. Après l'Assise de Clarendon de 1166, les prérogatives de la justice royale furent étendues pour couvrir les questions d'héritage et de droit de propriétéModèle:Sfn. Par ces réformes, Modèle:Henri II s'opposait aux droits traditionnels des barons à rendre la justice, et elles accrurent considérablement la puissance royale en AngleterreModèle:Sfn.
Relations avec l'Église
Les relations d'Modèle:Henri II avec l'Église ont considérablement varié selon le lieu et le moment de son règne ; comme pour les autres aspects de son règne, il n'a pas véritablement défini de politique religieuse même si une grande partie de ses actions était destinée à accroître son autorité aux dépens du papeModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle vit l'émergence d'un mouvement réformateur au sein de l'Église demandant une plus grande séparation entre le pouvoir temporel des souverains et spirituel de l'Église ; cette volonté d'une plus grande autonomie par rapport à l'autorité royale provoqua de nombreuses frictions en Europe comme la querelle des Investitures entre la Papauté et le Saint-EmpireModèle:Sfn. En Angleterre, cela se traduisit notamment par la condamnation à l'exil de l'archevêque de Cantorbéry, Thibaut du Bec, par Étienne en 1152Modèle:Sfn.
Contrairement à la situation en Angleterre, Modèle:Henri II entretint d'excellentes relations avec le clergé normandModèle:Sfn. En Bretagne, il disposait du soutien des évêques locaux et il intervint rarement dans les questions religieuses sauf quand cela pouvait lui permettre de mettre en difficulté son rival Modèle:Noble-Modèle:Sfn. Plus au sud, l'autorité des ducs d'Aquitaine sur le clergé était relativement faible et les tentatives d'Modèle:Henri II pour influer sur les nominations ecclésiastiques créèrent des tensionsModèle:Sfn. Durant l'élection disputée de 1159, Modèle:Henri II, comme Modèle:Noble-, soutint Modèle:Noble- contre son rival Modèle:NobleModèle:Sfn.
Modèle:Henri II n'était pas un souverain particulièrement pieux selon les critères de l'époqueModèle:Sfn. En Angleterre, il apporta un important soutien financier aux monastères mais n'encouragea pas la création de nouvelles congrégations et attribua la plupart des dons à celles ayant des liens avec sa famille comme dans le cas de l'abbaye de ReadingModèle:Sfn. En ce sens, il semble avoir été influencé par sa mère et plusieurs chartes portaient leur signature communeModèle:Sfn. Après la mort de Becket, il fit construire et fit des dons à divers monastères en France essentiellement pour améliorer son imageModèle:Sfn. Comme le transport maritime était dangereux, il réalisait une confession complète avant de prendre la mer et faisait appel à des augures pour déterminer le meilleur moment pour voyagerModèle:Sfn. Il est également possible que ses déplacements aient été planifiés selon les fêtes religieusesModèle:Sfn.
Modèle:Henri II, va en 1166 en compagnie de Modèle:Noble, duc de Bretagne; de Modèle:Noble- évêque de Saint-Brieuc, et de Modèle:Guillaume Ier, abbé de Saint-Aubin des Bois; Guillaume, abbé de Saint-Serge, Hugues, abbé de Saint-Nicolas d'Angers, Guillaume, abbé de Saint-Maur; Guillaume, abbé de Toussaint d'Angers, assister à la translation du corps de saint Brieuc dans l'abbaye Saint-Serge-lès-Angers<ref>Dom Morice et Dom Taillandier, Histoire ecclésiastique et civile de Bretagne..., , Paris, 1756, Modèle:Nobr romains., pp. lxviij-lxix.</ref>,
Économie et finances
Modèle:Henri II restaura de nombreuses institutions financières créées par son grand-père Modèle:Henri Ier et ses réformes eurent un impact durable sur l'économie anglaiseModèle:Sfn,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn. Les souverains médiévaux comme Modèle:Henri Ier disposaient de plusieurs sources de revenus : ceux venant de leurs domaines fonciers ou demesne, les amendes légales, les amendes arbitraires pour les offenses mineures (en anglo-normand a-merce-ment), et les taxes qui n'étaient à l'époque levées que de manière intermittenteModèle:Sfn. Les rois pouvaient également emprunter des fonds ; Modèle:Henri II utilisa bien plus cette possibilité que ses prédécesseurs, initialement auprès de prêteurs de Rouen puis chez des marchands juifs et flamandsModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Les réserves d'argent devinrent de plus en plus importantes au cours du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle pour financer les mercenaires et la construction de châteaux en pierre, éléments incontournables de la guerre médiévaleModèle:Sfn.
Modèle:Henri Ier avait créé un système financier reposant sur trois institutions : un Trésor central à Londres avec des réserves dans différents châteaux, l'Échiquier responsable des paiements à ces trésors et une équipe de fonctionnaires royaux qui suivait le roi dans ses déplacements et dépensait ou collectait l'argent en routeModèle:Sfn,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn. Ce système fut sévèrement affecté par la longue guerre civile et certaines sources suggèrent une baisse de 46 % des revenus de la Couronne entre 1130 et 1155Modèle:Sfn. Une nouvelle pièce en argent appelée penny Awbridge fut mise en circulation en 1153 pour essayer de stabiliser la monnaie après la guerreModèle:Sfn<ref>Modèle:Article.</ref>. On sait peu de chose sur la manière dont Modèle:Henri II gérait les questions fiscales dans ses possessions françaises mais un système très similaire à celui en application en Angleterre opérait en Normandie et il est probable que cela était également le cas en Anjou et en AquitaineModèle:Sfn.
À son arrivée au pouvoir, Modèle:Henri II donna la priorité à l'amélioration de la situation financière de la CouronneModèle:Sfn. Les revenus des demense représentaient la majorité des recettes royales même si une forte taxation fut appliquée dans les premières années de son règneModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Aidé par le compétent Richard fitz Nigel, il réforma la monnaie et réduisit fortement le nombre de monnayeurs ayant obtenu une licence pour produire des piècesModèle:Sfn,Modèle:Sfn,Modèle:Note. Ces mesures améliorèrent la situation économique mais elles furent accentuées par le roi après son retour en Angleterre dans les années 1160Modèle:Sfn,Modèle:Sfn. En 1180, les monnaies dont le nombre passa à dix pour tout le pays passèrent sous le contrôle de fonctionnaires et les profits réalisés furent directement envoyés au TrésorModèle:Sfn. Grâce à ces réformes, les revenus de la Couronne passèrent d'environ Modèle:Unité au début du règne d'Modèle:Henri II à plus de Modèle:Unité après 1166Modèle:Sfn. L'une des conséquences de ces changements fut un accroissement important de la masse monétaire en Angleterre, ce qui permit une hausse de long terme de l'inflation et du commerceModèle:Sfn,Modèle:Sfn.
Milieu de règne (1162-1175)
Développements en France
Les tensions entre Modèle:Henri II et Modèle:Noble- persistèrent tout au long des années 1160 et les efforts du roi de France pour lutter contre l'expansion Plantagenêt devinrent de plus en plus vigoureuxModèle:Sfn. En 1160, ce dernier renforça ses alliances dans le centre de la France avec Modèle:Noble et le duc Modèle:Noble. Trois ans plus tard, le nouveau comte de Flandre, Philippe, inquiet de la puissance grandissante d'Modèle:Henri II se rapprocha ouvertement du roi de FranceModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Par ailleurs, la naissance d'un fils, Philippe Auguste, en 1165 renforça la position de Modèle:Noble-Modèle:Sfn. Ces développements entraînèrent un regain de tensions au milieu des années 1160Modèle:Sfn.
Dans le même temps, Modèle:Henri II commença à s'impliquer de plus en plus dans les affaires bretonnesModèle:Sfn ; en 1164, il confisqua les terres le long de la frontière entre la Bretagne et la Normandie et deux ans plus tard, il mena une expédition punitive contre la noblesse localeModèle:Sfn. Modèle:Henri II contraignit ensuite Modèle:Noble- à abdiquer en faveur de sa fille Constance ; cette dernière passa sous la garde du roi anglais qui la fiança immédiatement à son fils GeoffroyModèle:Sfn,Modèle:Note. Ses tentatives d'annexion de l'Auvergne provoquèrent la colère de Modèle:Noble-Modèle:Sfn et plus au sud, il poursuivit ses pressions contre Modèle:Noble- de Toulouse. Modèle:Henri II mena personnellement campagne contre lui en 1161 et encouragea le roi Modèle:Noble à l'attaquerModèle:Sfn. En 1165, le comte de Toulouse divorça de la sœur de Modèle:Noble- et chercha à s'allier à Modèle:Henri IIModèle:Sfn.
La situation dégénéra finalement en un conflit ouvert en 1167 à la suite d'une querelle triviale sur la manière dont l'argent destiné aux États latins du Levant devait être collectéeModèle:Sfn. S'étant allié aux Gallois, aux Écossais et aux Bretons, Modèle:Noble- attaqua la NormandieModèle:Sfn. Modèle:Henri II répondit en attaquant Chaumont-sur-Epte où se trouvait le principal arsenal français ; la destruction de la ville et des réserves contraignit le roi de France à abandonner ses alliés et à signer une trêve séparéeModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Modèle:Henri II était ainsi libre de se retourner contre les rebelles en Bretagne dont il avait l'intention de prendre personnellement le contrôleModèle:Sfn.
À la fin de la décennie, Modèle:Henri II commença à envisager sa succession et il décida que son empire serait divisé entre ses fils après sa mort. Henri le Jeune obtiendrait l'Angleterre et la Normandie, Richard deviendrait duc d'Aquitaine et la Bretagne serait transmise à GeoffroyModèle:Sfn. L'accord du roi de France était nécessaire pour un tel partage et de nouvelles négociations de paix furent menées en 1169 à MontmirailModèle:Sfn. Les discussions portèrent sur de nombreux points et s'achevèrent par l'hommage rendu à Modèle:Noble- par les fils d'Modèle:Henri II pour leurs futures possessions et par les fiançailles de Richard avec Adèle, la fille du roi de FranceModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Adèle rejoignit l'Angleterre mais dès qu'elle fut nubile Henri la prit comme maîtresse et ne lui fit jamais épouser Richard malgré les pressions politiques et religieuses<ref>Jean Flori, op.cit., p. 172.</ref>. La même année Modèle:Henri II fortifia la frontière sud de la Normandie : sur les bords de l'Avre, il bâtit des forts à Verneuil, Courteilles, Tillières et Nonancourt.
Si les accords de Montmirail avaient été appliqués, les hommages auraient renforcé la position royale de Modèle:Noble- tout en réduisant la légitimité de toute révolte dans les territoires Plantagenêt ; ils laissaient par ailleurs présager une potentielle alliance entre les deux souverainsModèle:Sfn. En pratique, Modèle:Noble- estima qu'il avait temporairement pris l'ascendant et il encouragea les tensions entre Modèle:Henri II et ses fils immédiatement après la fin de la conférenceModèle:Sfn. Dans le même temps, la situation d'Modèle:Henri II dans le sud de la France continua à s'améliorer et en 1173, il forma une alliance avec le comte Modèle:Noble qui fiança sa fille Alix à JeanModèle:Sfn,Modèle:Note. Le mariage d'Aliénor, la fille du souverain d'Angleterre, au roi Modèle:Noble en 1170 lui donna un nouvel allié au sudModèle:Sfn. Modèle:Noble- de Toulouse céda finalement aux pressions en Modèle:Nobr et il reconnut la suzeraineté d'Modèle:Henri II et de ses héritiers sur son comtéModèle:Sfn.
Querelle avec Thomas Becket
L'un des principaux événements du règne d'Modèle:Henri II dans les années 1160 fut sa querelle avec Thomas Becket. À la mort de l'archevêque de Cantorbéry Thibaut de Bec en 1161, le roi voulut profiter de l'occasion pour réaffirmer ses droits sur l'Église en AngleterreModèle:Sfn. Il nomma ainsi à cette fonction son chancelier Thomas Becket en considérant probablement que ce dernier, en plus d'être un vieil ami, serait affaibli au sein du clergé en raison de son train de vie dispendieux et aurait besoin de l'appui du roiModèle:Sfn. Mathilde et Aliénor semblent avoir eu des doutes sur l'opportunité de cette nomination mais Modèle:Henri II persistaModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Son plan n'eut cependant pas l'effet escompté car Becket changea radicalement son mode de vie, rompit ses liens avec le roi et se présenta comme un ardent défenseur de l'indépendance de l'ÉgliseModèle:Sfn.
Les deux hommes s'affrontèrent sur de nombreux points notamment sur la politique d'imposition du roi ou la volonté de Becket de récupérer les terres appartenant à l'archevêchéModèle:Sfn. La principale source de conflit concernait néanmoins le traitement des ecclésiastiques ayant commis des crimes ; Modèle:Henri II estimait que les traditions juridiques anglaises autorisaient le roi à juger ces affaires tandis que l'archevêque avançait que seules des juridictions religieuses étaient compétentes. La dispute donna lieu aux Constitutions de Clarendon que le souverain imposa de force à Becket en Modèle:Nobr ; ce dernier accepta le texte mais se rétracta peu aprèsModèle:Sfn. Le sens du texte était ambigu et continue à faire l'objet de débats entre historiensModèle:Sfn,Modèle:Note.
La querelle devint de plus en plus personnelle entre les deux hommes et aucun n'était prêt à céderModèle:Sfn. La dispute s'internationalisa également car les deux cherchèrent le soutien du pape Modèle:Noble- et des autres souverainsModèle:Sfn. Après le départ de Becket pour la France en 1164 où il trouva refuge auprès de Modèle:Noble-Modèle:Sfn , Modèle:Henri II se mit à harceler le clergé et l'archevêque excommunia tous ceux, religieux ou laïcs, qui prenaient parti pour le roiModèle:Sfn. Le pape soutenait Becket sur le principe mais il avait besoin de l'appui du roi d'Angleterre pour sa lutte contre l'empereur Modèle:Frédéric Ier ; il s'efforça donc d'obtenir une solution négociée à la criseModèle:Sfn.
En 1169, Modèle:Henri II décida de couronner son fils Henri le Jeune or cette cérémonie requérait traditionnellement la présence de l'archevêque de Cantorbéry. Par ailleurs, la dispute affectait le prestige de la Couronne à l'étranger et le roi commença à adopter une politique plus conciliante. Cela échoua et Henri le Jeune fut finalement couronné par l'archevêque d'York en 1170. Le pape autorisa Becket à émettre un interdit et menaça d'excommunier personnellement Modèle:Henri II, ce qui obligea ce dernier à plier. Un accord fut finalement signé en Modèle:Nobr et l'archevêque revint en Angleterre en décembre. Alors que la dispute semblait réglée, Becket excommunia trois autres partisans du roi ; furieux, Modèle:Henri II déclara Modèle:Citation
Ayant apparemment entendu cette déclaration, quatre chevaliers se rendirent secrètement à Canterbury le Modèle:Nobr avec l'intention de contraindre Becket à respecter l'accord avec le roi et dans le cas contraire, à l'arrêterModèle:Sfn. Ayant refusé, Becket reçut plusieurs coups d'épée et mourut peu aprèsModèle:Sfn. Ce meurtre dans une église en face de l'autel horrifia l'Europe et alors que l'archevêque n'avait jamais été très populaire de son vivant, il fut déclaré martyr par les moines de la cathédraleModèle:Sfn. Concentré sur la question irlandaise, Modèle:Henri II ne fit rien pour arrêter les assassins de BecketModèle:Sfn. La pression internationale l'obligea néanmoins à négocier un compromis avec le pape en Modèle:Nobr. Selon le document, il était absous de toute culpabilité dans le meurtre de Becket et acceptait de partir en croisade et d'abroger les Constitutions de ClarendonModèle:Sfn ; il ne respecta cependant pas son premier engagementModèle:Sfn,Modèle:Sfn.
Invasion de l'Irlande
Au milieu du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, l'Irlande était gouvernée par de nombreux seigneurs locaux dont l'autorité était relativement limitée par rapport au reste de l'EuropeModèle:Sfn. L'île était considérée comme une région barbare et arriérée par la plupart des contemporainsModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Dans les années 1160, le Haut-Roi d'Irlande Toirdelbach Ua Conchobair retira le titre de roi de Leinster à Diarmait Mac Murchada. Ce dernier demanda le soutien d'Modèle:Henri II qui l'autorisa à recruter des mercenaires au sein de son EmpireModèle:Sfn. À la tête d'une armée de soldats anglo-normands et flamands venant des marches galloises, Mac Murchada récupéra le Leinster en 1171 mais mourut peu aprèsModèle:Sfn. L'un des principaux chefs mercenaires, Richard de Clare, revendiqua le territoire pour son compteModèle:Sfn.
Modèle:Henri II saisit cette occasion pour intervenir personnellement en Irlande. Il regroupa une grande armée en Galles du Sud et après avoir écrasé les rebelles qui contrôlaient la région depuis 1165, il débarqua sur l'île en Modèle:NobrModèle:Sfn. Certains seigneurs irlandais demandèrent à Modèle:Henri II de les protéger des envahisseurs anglo-normands tandis que de Clare offrit de le reconnaître comme suzerain s'il était autorisé à conserver ses nouvelles possessionsModèle:Sfn. Le pape Modèle:Noble- encouragea cette initiative qui lui permettrait d'accroître l'autorité pontificale sur l'Église irlandaiseModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Le facteur déterminant de l'expédition royale était cependant la crainte que les seigneurs des Marches n'acquièrent des territoires se trouvant au-delà de l'autorité d'Modèle:Henri IIModèle:Sfn. Son intervention fut un succès car son autorité fut acceptée par les Irlandais et les Anglo-Normands dans le Sud et l'Est de l'îleModèle:Sfn.
Modèle:Henri II entreprit un vaste programme de construction de châteaux durant sa visite de 1171 pour protéger les conquêtes anglo-normandesModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Il espérait cependant obtenir une solution politique de long terme et en 1175, il signa le traité de Windsor par lequel Rory O'Connor était reconnu comme Haut-Roi, lui rendait hommage et garantissait la stabilité de l'îleModèle:Sfn. O'Connor fut cependant incapable de faire appliquer son autorité dans certaines régions comme le Munster et Modèle:Henri II intervint plus directement en créant des fiefs locauxModèle:Sfn,Modèle:Sfn.
Grande Révolte de 1173-1174
En 1173, Modèle:Henri II dut affronter un soulèvement de la noblesse soutenu par ses fils aînés, la France, l'Écosse et la Flandre qui fut appelé la Grande Révolte. Les causes de cette insurrection étaient multiples. Même s'il avait été couronné et avait le titre de roi, Henri le Jeune n'avait aucune influence sur les décisions de son père qui limitait fréquemment ses revenusModèle:Sfn. Il avait également été très attaché à Becket qui avait été son tuteur et il fit peut-être porter la responsabilité de sa mort à son pèreModèle:Sfn. Geoffroy se trouvait dans une situation similaire ; Modèle:Noble- de Bretagne était mort en 1171 mais il n'avait toujours pas épousé Constance et n'avait donc aucune légitimité pour gouverner le duchéModèle:Sfn. Richard fut encouragé à participer à la révolte par Aliénor dont les relations avec Modèle:Henri II s'étaient considérablement dégradéesModèle:Sfn. En 1173, Aliénor craignait non seulement d'être supplantée par Rosamund Clifford et d'être écartée du trône, mais se sentait également menacée quant à son autorité dans ses états. En effet, en février 1173 c'est à Henri et à Henri le Jeune que Raymond de Toulouse avait prêté hommage, pour une terre qu'elle estimait relever de son duché d'Aquitaine, qu'elle avait remis à son fils Richard<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Ce dernier se voit relégué en troisième position , malgré les assurances paternelles et les investitures solennelles<ref>Jean Flori, op.cit., p 173.</ref>. Dans le même temps, les barons virent dans ces tensions, un moyen d'affaiblir l'autorité royale et de récupérer leurs pouvoirs traditionnels en s'alliant avec les fils du roiModèle:Sfn,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn.
L'élément déclencheur de la révolte fut la décision d'Modèle:Henri II de donner à son fils Jean trois châteaux appartenant à Henri le Jeune. Ce dernier protesta et se rendit à Paris où il fut rejoint par Richard et Geoffroy ; Aliénor voulut faire de même mais elle fut arrêtée par des soldats d'Modèle:Henri II en novembreModèle:Sfn. Une longue captivité de près de quinze ans s'ensuvit pour Aliénor, d'abord à Chinon puis dans la tour de Salisbury, "par crainte d'une nouvelle conspiration" nous dit Geoffroy de Vigeois<ref>Jean Flori, op.cit. p. 155.</ref>. Modèle:Noble- apporta son soutien au fils lésé, son beau-fils, et la guerre était inévitableModèle:Sfn. Henri le Jeune écrivit au pape pour se plaindre de l'attitude de son père et il commença à rassembler des alliés dont le roi Guillaume d'Écosse et les comtes de Boulogne, de Flandre et de Blois auxquels il promit des terres en cas de victoireModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Simultanément, des nobles se soulevèrent en Angleterre, en Bretagne, dans le Maine et le [[Poitou|PoitouModèle:Sfn]]. Certains barons sur les frontières normandes se révoltèrent également mais dans l'ensemble le duché resta loyal au roi malgré un mécontentement grandissantModèle:Sfn,Modèle:Note. Seule l'Anjou resta relativement calmeModèle:Sfn. Malgré l'ampleur de la crise, Modèle:Henri II disposait de plusieurs atouts dont le contrôle d'un grand nombre de forteresses stratégiques et des ports anglais, ainsi qu'une popularité certaine parmi la population urbaine de son empireModèle:Sfn,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn.
En Modèle:Nobr, Modèle:Noble- et Henri le Jeune testèrent les défenses du Vexin en direction de la capitale normande, Rouen ; dans le même temps, leurs alliés attaquèrent depuis la Bretagne et Blois pour prendre en tenaille les défenseursModèle:Sfn. Modèle:Henri II retourna secrètement en Angleterre pour lancer une offensive contre les rebelles sur l'île avant de revenir en Normandie et d'écraser les forces coaliséesModèle:Sfn. Une armée fut détachée pour repousser les rebelles bretons qui furent ensuite capturésModèle:Sfn. Le roi anglais offrit ensuite de négocier avec ses fils mais les discussions organisées à Gisors ne débouchèrent sur aucun accordModèle:Sfn. Modèle:Henri II profita néanmoins de ce répit pour réduire les poches rebelles en Touraine, sécurisant ainsi les lignes de communication de son empireModèle:Sfn. Dans le même temps, les combats en Angleterre se prolongèrent tout l'été sans qu'aucun camp ne parvienne à prendre le dessus ; l'arrivée de renforts flamands permit cependant aux troupes loyalistes de vaincre l'armée rebelle à la Modèle:Lien en Est-Anglie en Modèle:NobrModèle:Sfn. Après l'échec d'une nouvelle offensive d'Henri le Jeune et de Modèle:Noble- en Normandie en Modèle:Nobr, les combats cessèrent durant l'hiverModèle:Sfn.
Au début de l'année 1174, les adversaires d'Modèle:Henri II semblent avoir essayé de le pousser à rentrer en Angleterre, afin de profiter de son absence pour envahir la NormandieModèle:Sfn. Avec l'appui des barons rebelles du Nord de l'Angleterre, Guillaume d'Écosse attaqua ainsi le Sud de l'île et des troupes écossaises progressèrent rapidement dans les MidlandsModèle:Sfn. Le roi anglais ignora cette manœuvre et se concentra sur ses opposants en France ; dans le même temps, l'offensive de Guillaume fut entravée par son incapacité à prendre les forteresses stratégiques restées loyales à Modèle:Henri II dont le fils illégitime, Geoffroy, mena une défense efficaceModèle:Sfn. Dans une nouvelle tentative pour pousser le roi à quitter le continent, le comte Philippe de Flandre annonça son intention d'envahir l'Angleterre et il envoya une avant-garde en Est-AnglieModèle:Sfn. Cette perspective d'une invasion flamande eut l'effet escompté et Modèle:Henri II quitta la France au début du mois de juilletModèle:Sfn. Profitant de ce départ, Modèle:Noble- et Philippe avancèrent dans l'Est de la Normandie et atteignirent RouenModèle:Sfn. Alors que la situation lui échappait, Modèle:Henri II se rendit sur la tombe de Becket à Cantorbéry et il annonça que la révolte était un châtiment divin ; sa pénitence fit beaucoup pour restaurer l'autorité royale à ce moment décisif du conflitModèle:Sfn. Il apprit peu après que Guillaume d'Écosse avait été battu et capturé à Alnwick, ce qui entraîna l'effondrement de la rébellion en AngleterreModèle:Sfn. Modèle:Henri II retourna alors en Normandie en août et il écrasa les forces françaises qui se préparaient à lancer un ultime assaut contre Rouen ; repoussé en France, Modèle:Noble- demanda des pourparlers de paixModèle:Sfn.
Dernières années (1175-1189)
Conséquences de la Grande Révolte
Peu après la fin des combats, Modèle:Henri II organisa des négociations à Montlouis et présenta des conditions relativement clémentes correspondant à un retour au statu quoModèle:Sfn. Henri le Jeune et son père promirent de ne pas se venger sur les partisans de l'autre ; il accepta le transfert des châteaux à Jean mais en échange de deux forteresses normandes et de Modèle:Unité angevines. De leur côté, Richard et Geoffroy obtinrent la moitié des revenus tirés respectivement de l'Aquitaine et de la BretagneModèle:Sfn,Modèle:Note. Aliénor fut quant à elle placée en captivité au château de Chinon tout d'abord et dans la tour d'Old Sarum (Salisbury), puis en résidence surveillée jusqu'à la mort d'Henri, en 1189<ref>Jean Flori, op.cit., p. 148 et 153.</ref> Modèle:Sfn,Modèle:Sfn. Les barons rebelles furent brièvement emprisonnés et durent parfois payer une amende mais ils récupérèrent leurs titres et leurs propriétésModèle:Sfn. Modèle:Henri II fut en revanche moins généreux avec Guillaume d'Écosse qui ne fut libéré qu'après avoir accepté le traité de Falaise de Modèle:Nobr par lequel il reconnaissait la suzeraineté du roi anglais et cédait cinq forteresses stratégiques sur la frontièreModèle:Sfn. Philippe de Flandre proclama sa neutralité envers le roi anglais en échange de quoi ce dernier lui apporta un soutien financier régulierModèle:Sfn.
Pour ses contemporains, Modèle:Henri II paraissait plus puissant que jamais ; de nombreux souverains européens cherchèrent à s'allier avec lui et il fut convié à arbitrer des disputes en Espagne et en AllemagneModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Malgré cette apparente puissance, il essaya de résoudre les éléments qui avaient provoqué la révolte ; il entreprit d'accroître la justice royale en Angleterre pour réaffirmer son autorité et il passa du temps en Normandie pour améliorer ses relations avec les barons locauxModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Il fit également appel au culte grandissant voué à Becket pour renforcer son prestige en invoquant le saint pour expliquer sa victoire de 1174 et la capture de Guillaume d'ÉcosseModèle:Sfn.
La paix de 1174 ne fit cependant rien pour régler les tensions persistantes entre Modèle:Henri II et Modèle:Noble- et ces dernières ressurgirent à la fin de la décennie puisque les deux s'affrontèrent pour le contrôle de la riche province du BerryModèle:Sfn. Modèle:Henri II disposait d'une revendication sur l'Ouest du territoire mais il annonça en 1176 qu'il avait accepté en 1169 de céder toute la province à Adèle, la fiancée de RichardModèle:Sfn. Si Modèle:Noble- reconnaissait cet accord, cela signifiait que le Berry appartenait effectivement à Modèle:Henri II et que ce dernier avait le droit de l'occuper pour le compte de son filsModèle:Sfn. Pour faire pression sur son rival, le roi anglais mobilisa son arméeModèle:Sfn. Le pape intervint et, comme l'avait probablement anticipé Modèle:Henri II, encouragea les deux rois à signer un pacte de non-agression en Modèle:Nobr et à partir ensemble en croisadeModèle:Sfn. Le contrôle de l'Auvergne et de portions du Berry fut décidé par un arbitrage qui se prononça en faveur du roi anglais, qui exploita ce succès en achetant La Marche à un comte localModèle:Sfn. Cette nouvelle expansion de l'Empire Plantagenêt menaçait à nouveau la sécurité du roi de France et la nouvelle paix semblait encore une fois très précaireModèle:Sfn.
Tensions familiales
À la fin des années 1170, Modèle:Henri II s'efforça de stabiliser le gouvernement en s'appuyant notamment sur sa famille mais les tensions concernant sa succession ne furent jamais résoluesModèle:Sfn. Ayant finalement écrasé les derniers rebelles de la Grande Révolte, Richard fut reconnu par son père comme duc d'Aquitaine en 1179Modèle:Sfn. Deux ans plus tard, Geoffroy épousa Constance et devint duc de BretagneModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Jean avait accompagné son père durant la Grande Révolte et beaucoup d'observateurs le considéraient comme son fils préféréModèle:Sfn. Modèle:Henri II lui accorda de plus en plus en terres, souvent aux dépens de l'aristocratie, et en 1177, il le fit seigneur d'IrlandeModèle:Sfn. Dans le même temps, Henri le Jeune passa la fin de la décennie à voyager en Europe où il participa à des tournois et ne joua qu'un rôle secondaire dans l'administration de son pèreModèle:Sfn.
Mécontent de ce manque d'influence et de pouvoir, Henri le Jeune réitéra ses précédentes demandes en 1182 : il voulait que lui soient octroyées des terres comme le duché de Normandie dont les revenus lui permettraient de financer sa courModèle:Sfn. Modèle:Henri II refusa mais accepta d'accroître la pension de son fils. Cela n'était pas suffisant pour ce dernier et le roi tenta d'apaiser les tensions en insistant pour que Richard et Geoffroy rendent hommage à leur frère pour leurs terresModèle:Sfn. Richard estimait qu'Henri le Jeune n'avait aucun droit sur l'Aquitaine et il commença par refuser de reconnaître sa vassalité ; quand il le fit sous la pression de son père, son frère refusa de l'accepterModèle:Sfn. Henri le Jeune forma une alliance avec des barons aquitains mécontents et avec Geoffroy, qui leva une armée de mercenaires pour attaquer le PoitouModèle:Sfn. La guerre éclata en 1183 et Modèle:Henri II et Richard firent campagne en Aquitaine. La révolte disparut néanmoins soudainement quand Henri le Jeune mourut de la dysenterie en 1183Modèle:Sfn.
Son fils aîné étant mort, Modèle:Henri II modifia les conditions de sa succession : Richard deviendrait roi d'Angleterre mais il n'aurait aucun pouvoir jusqu'à la mort de son père ; Geoffroy conserverait la Bretagne qu'il avait obtenue par mariage et Jean, son fils préféré, obtiendrait le duché d'AquitaineModèle:Sfn. Richard refusa néanmoins d'abandonner le duché auquel il s'était attaché car il n'avait aucune envie de devenir un roi d'Angleterre subalterne sans pouvoirModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Furieux, Modèle:Henri II ordonna à Geoffroy et à Jean de marcher vers le sud pour reprendre le duché par la forceModèle:Sfn. La guerre fut courte et elle se termina par une difficile réconciliation familiale à Westminster à la fin de l'année 1184Modèle:Sfn,Modèle:Sfn. L'année suivante, Modèle:Henri II fit venir Aliénor en Normandie pour obliger Richard à lui obéir, tout en menaçant de céder la Normandie et peut-être l'Angleterre à GeoffroyModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Richard capitula devant cette menace et il céda les châteaux ducaux en Aquitaine à son pèreModèle:Sfn.
Dans le même temps, Jean entreprit une expédition en Irlande en 1185 dont l'issue fut peu glorieuse. L'île n'avait été que récemment conquise par les forces anglo-normandes et les tensions étaient fortes entre les représentants de la Couronne, les colons et les populations localesModèle:Sfn. Jean offensa les seigneurs locaux, échoua à se faire des alliés parmi les colons anglo-normands et subit plusieurs revers militaires face aux Irlandais ; il retourna finalement en Angleterre moins d'un an après son arrivéeModèle:Sfn. En 1186, Modèle:Henri II était sur le point de le renvoyer sur l'île quand il apprit que Geoffroy avait été tué lors d'un tournoi à Paris, laissant derrière lui deux jeunes enfants. Cet incident modifia à nouveau l'équilibre des forces entre le roi et ses filsModèle:Sfn.
Modèle:Noble- de France
Si Modèle:Henri II avait une grande affection pour son fils cadet Jean, ses relations avec Richard étaient difficiles et ces tensions furent exploitées par le nouveau roi Modèle:NobleModèle:Sfn. Ce dernier avait accédé au pouvoir en 1180 et avait rapidement montré qu'il était un souverain calculateur et manipulateurModèle:Sfn. Modèle:Henri II et Philippe avaient initialement entretenu de bonnes relations, au point que cela coûta au roi de France le soutien des comtes de Flandre et de ChampagneModèle:Sfn,Modèle:Sfn. La mort de Geoffroy, que Modèle:Noble- considérait comme un ami proche et aurait bien vu en successeur d'Modèle:Henri II, provoqua néanmoins une rupture entre les deux souverainsModèle:Sfn,Modèle:Sfn. En 1183, Henri se sentant menacé par Philippe Auguste sépare le Vexin normand du Vexin français par une ligne d'ouvrages au sud de Gisors, le long de l'Epte : Neaufles, Dangu, Châteauneuf-sur-Epte.
En 1186, Modèle:Noble- demanda la garde des enfants de Geoffroy et donc la Bretagne, et il insista pour qu'Modèle:Henri II ordonne à Richard de se retirer du comté de Toulouse où il était intervenu pour faire pression sur Modèle:Noble-, l'oncle du roi de FranceModèle:Sfn. En cas de refus, il menaça d'envahir la NormandieModèle:Sfn. Il souleva à nouveau la question du Vexin qui formait l'ancienne dot de Marguerite ; Modèle:Henri II occupait encore la région et Modèle:Noble- exigea que le roi anglais finalise le mariage entre Richard et Alix ou rende cette dotModèle:Sfn. Modèle:Noble- envahit le Berry et Modèle:Henri II rassembla une grande armée pour l'affronter à Châteauroux, mais le pape négocia une trêveModèle:Sfn. Durant les négociations, le roi de France suggéra à Richard de s'allier avec lui contre Modèle:Henri II dans une manœuvre pour opposer le fils au pèreModèle:Sfn,Modèle:Sfn.
L'offre de Philippe coïncida avec une crise au Levant car le sultan Saladin s'empara de Jérusalem en 1187, provoquant des appels à la croisade dans toute l'EuropeModèle:Sfn. Richard était enthousiaste et il annonça son intention de rejoindre l'expédition ; Modèle:Noble- et Modèle:Henri II firent de même au début de l'année 1188Modèle:Sfn. Richard voulait partir immédiatement mais il fut contraint d'attendre que son père prépare son absenceModèle:Sfn. Dans l'intervalle, il entreprit d'écraser ses adversaires en Aquitaine avant d'attaquer à nouveau le comte de Toulouse en 1188Modèle:Sfn. Sa campagne sapa la fragile trêve entre Modèle:Henri II et Modèle:Noble-, et les deux commencèrent à mobiliser d'importantes forces en prévision de la guerre à venirModèle:Sfn. Le premier rejeta les demandes de trêve du roi de France dans l'espoir d'obtenir un accord de paix durableModèle:Sfn. Philippe refusa et Richard, furieux, considéra que son père voulait simplement retarder le départ de la croisadeModèle:Sfn.
Mort
La rupture entre Modèle:Henri II et Richard fut finalement consommée lors d'une conférence de paix organisée en Modèle:Nobr par Modèle:Noble-. Ce dernier offrit publiquement une généreuse proposition de paix par laquelle il cédait divers territoires, en échange de quoi le roi anglais acceptait le mariage de Richard et d'Alix et reconnaissait son fils comme héritierModèle:Sfn. Le refus d'Modèle:Henri II poussa son fils à se lever et à prendre la parole pour lui demander de le reconnaître comme son héritierModèle:Sfn. Le roi restant silencieux, Richard rejoignit ostensiblement le côté français et rendit hommage à Philippe devant tous les nobles rassemblésModèle:Sfn.
Le pape intervint à nouveau et obtint un accord de dernière minute qui entraîna le début d'une nouvelle conférence à La Ferté-Bernard en 1189Modèle:Sfn. Modèle:Henri II souffrait alors d'une hémorragie digestive provoquée par un ulcèreModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Les discussions achoppèrent rapidement, même si Modèle:Henri II aurait proposé à Modèle:Noble- de marier Alix à Jean au lieu de Richard, ce qui reflétait les rumeurs selon lesquelles le roi envisageait ouvertement de déshériter son filsModèle:Sfn. La rupture des négociations signifiait que la guerre était inévitable, mais Richard et Modèle:Noble- lancèrent une attaque surprise immédiatement après la fin de la conférence alors que cela était traditionnellement une période de trêveModèle:Sfn.
Modèle:Henri II fut surpris au Mans mais parvint à rejoindre Alençon d'où il pourrait gagner la sécurité de la NormandieModèle:Sfn. Contre l'avis de ses conseillers, il décida cependant de faire demi-tour et de retourner en AnjouModèle:Sfn. Le temps était particulièrement chaud et le roi, de plus en plus souffrant, semble avoir voulu mourir paisiblement dans sa province natale plutôt que de mener une nouvelle campagneModèle:Sfn. Modèle:Henri II évita les forces adverses sur son chemin et il s'effondra dans son château de ChinonModèle:Sfn. Modèle:Noble- et Richard progressèrent d'autant plus rapidement qu'il était évident que le roi était mourant et que ce dernier deviendrait roiModèle:Sfn. Ils proposèrent de négocier et rencontrèrent Modèle:Henri II, à peine capable de se tenir sur son cheval, à Ballan. Ce dernier accepta une reddition totale : il rendait hommage à Modèle:Noble- ; il confiait Alix à un garant avant son mariage avec Richard à son retour de croisade ; il reconnaissait ce dernier comme son héritier et il acceptait le paiement d'indemnités à Modèle:Noble- et la cession de forteresses stratégiques en garantieModèle:Sfn.
Modèle:Henri II fut ramené en palanquin à Chinon où il apprit que Jean avait publiquement rejoint son frère contre luiModèle:Sfn. Cette information lui porta un coup fatal et il développa une forte fièvre qui le fit délirer ; il ne recouvra ses esprits que le temps de se confesser et il mourut le Modèle:Nobr à l'âge de Modèle:NobrModèle:Sfn, dans la chapelle Saint-Melaine de la forteresse, dont une plaque au sol, au nord du château du Milieu, marque l'emplacement et commémore l'évènement<ref>Modèle:Lien web.</ref>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Il avait souhaité être inhumé dans l'abbaye de Grandmont dans le Limousin mais le temps chaud rendit impossible le transport de sa dépouille qui fut enterrée dans l'abbaye de Fontevraud non loin de ChinonModèle:Sfn.
-
Forteresse de Chinon - Plaque au sol à l'emplacement de la chapelle SainteModèle:Sic-Mélaine où est mort Modèle:Henri II roi d'Angleterre.
Héritage
Après la mort d'Modèle:Henri II, Richard obtint les terres de son père ; il participa ensuite à la troisième croisade mais il ne respecta pas sa promesse d'épouser Alix. Aliénor fut libérée et elle gouverna l'Aquitaine pour le compte de son filsModèle:Sfn. L'Empire Plantagenêt ne survécut néanmoins pas longtemps à la disparition de son créateur et en 1204, Jean perdit toutes les provinces continentales, à l'exception de la Guyenne, au profit de Modèle:Noble-. Cet effondrement avait diverses causes dont des changements économiques, les différences culturelles grandissantes entre l'Angleterre et la Normandie, et surtout la fragile nature familiale de l'Empire d'Modèle:Henri IIModèle:Sfn,Modèle:Sfn.
Modèle:Henri II n'était pas un roi très populaire et peu pleurèrent sa mortModèle:Sfn. Écrivant dans les années 1190, William de Newburgh nota que Modèle:Citation ; il était fréquemment critiqué par ses contemporains même ceux appartenant à sa courModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Néanmoins, beaucoup de réformes adoptées par Modèle:Henri II durant son règne eurent d'importantes conséquences à long terme. Les évolutions juridiques sont généralement considérées comme à la base du droit anglais, et la cour de l'Échiquier comme préfigurant la cour des plaids-communs de WestminsterModèle:Sfn. Son système de juges itinérants influença ses contemporains et les baillis créés par Modèle:Noble- en sont directement inspirésModèle:Sfn.
Historiographie
Modèle:Henri II a fait l'objet de nombreuses études historiquesModèle:Sfn. Au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, l'historien et philosophe David Hume écrivit que son règne joua un rôle majeur dans la création d'une monarchie véritablement anglaise et finalement, d'une Grande-Bretagne unifiéeModèle:Sfn. Son rôle dans la controverse avec Becket fut salué par les historiens protestants de la période tandis que ses affrontements avec le roi de France étaient appréciés par les nationalistesModèle:Sfn. L'époque victorienne vit un regain d'intérêt pour la personnalité des figures historiques, et les historiens de l'époque critiquèrent vivement le comportement d'Modèle:Henri II en tant que roi mais également en tant qu'époux et pèreModèle:Sfn. Son rôle dans la mort de Becket fit l'objet d'accusations particulièrement fortesModèle:Sfn. Malgré cela, et en s'appuyant sur les documents de l'époque, ils soulignèrent ses contributions au développement d'importantes institutions anglaises telles que la cour de l'ÉchiquierModèle:Sfn. William Stubbs le qualifia ainsi de Modèle:Citation responsable de réformes profondes et durablesModèle:Sfn,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn. Influencés par la croissance de l'Empire britannique, des historiens comme Kate Norgate réalisèrent des recherches détaillées sur les possessions continentales d'Modèle:Henri II et créèrent le concept d'« Empire Plantagenêt »Modèle:Sfn,Modèle:Sfn.
Les historiens du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle révisèrent beaucoup de ces conclusions. Dans les années 1950, Jacques Bousard et John Jolliffe, entre autres, se concentrèrent sur la nature de cet « Empire » ; les historiens français s'intéressèrent notamment au fonctionnement du pouvoir royal durant cette périodeModèle:Sfn. Les aspects anglocentrés de nombreuses études furent amendés à partir des années 1980 pour essayer d'unifier les analyses françaises et britanniques de la périodeModèle:Sfn. Des recherches approfondies sur les archives du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle ont également permis d'invalider certaines analyses antérieuresModèle:Sfn,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn. Même si de nombreuses chartes royales ont été identifiées, l'interprétation de ces documents, des informations financières présentes dans les Modèle:Langue et les données économiques de l'époque s'est révélée plus ardue que ce qui était précédemment estiméModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Ainsi, la nature du gouvernement d'Modèle:Henri II en Anjou et dans le Sud de la France reste en grande partie inconnueModèle:Sfn.
Culture populaire
Modèle:Henri II est le personnage central de Modèle:Lien, une pièce de James Goldman de 1966 qui présente une rencontre imaginaire à Chinon entre la famille du roi et Modèle:Noble- à l'occasion de Noël 1183. L'adaptation de 1968 avec Peter O'Toole aida à définir l'image populaire d'un souverain sacrilège, impétueux et déterminé même si ces traits de personnalité sont, de l'aveu même de Goldman, une inventionModèle:Sfn. La pièce a été adaptée à la télévision en 2003 avec Patrick Stewart dans le rôle du roi anglais.
Modèle:Henri II apparaît également dans les pièces Meurtre dans la cathédrale de T. S. Eliot en 1935 et de Becket ou l'Honneur de Dieu de Jean Anouilh<ref>Modèle:Ouvrage.</ref> en 1959. Cette dernière est adaptée au cinéma en 1964 dans laquelle Peter O'Toole reprend le rôle d'Modèle:Henri IIModèle:Sfn,Modèle:Sfn.
En 1978, la BBC crée, en co-production avec TF1, Télécip, Modèle:Lien, Modèle:Lien, et la SSR, Modèle:Lien, feuilleton télévisé de Modèle:Nobr narrant la vie d'Modèle:Henri II puis de ses héritiers Richard Cœur de Lion et Jean sans Terre.
Le souverain apparaît dans la bande dessinée Aliénor la légende noire d'Arnaud Delalande, Simona Mogavino et Carlos Gomez, publiée dans la collection Reines de sang aux Éditions Delcourt (2012-2017).
Descendance
Nom | Naissance | Mort | Notes |
---|---|---|---|
Geoffroy | 1152 | Modèle:Date- | fils illégitime |
Guillaume | Modèle:Date- | Modèle:Date- | |
Henri le Jeune | Modèle:Date- | Modèle:Date- | Épouse Marguerite de France en 1172 ; aucun enfant |
Modèle:Noble | Modèle:Date- | Modèle:Date- | Épouse Bérengère de Navarre en 1191 ; aucun enfant |
Mathilde | Modèle:Date- | Modèle:Date- | Épouse Modèle:Noble en 1168 ; cinq enfants |
Geoffroy | Modèle:Date- | Modèle:Date- | Épouse Constance de Bretagne en 1181 ; trois enfants |
Aliénor | Modèle:Date- | Modèle:Date- | Épouse Modèle:Noble ; douze enfants |
Jeanne | Modèle:Date- | Modèle:Date- | (a) Épouse Modèle:Noble en 1177 ; un enfant (b) Épouse Modèle:Noble en 1196 ; trois enfants |
Jean sans Terre | Modèle:Date- | Modèle:Date- | (a) Épouse Isabelle de Gloucester en 1189 ; aucun enfant (b) Épouse Isabelle d'Angoulême en 1200 ; cinq enfants dont le roi Modèle:Noble |
Guillaume de Longue-Épée | 1176 | Modèle:Date- | fils illégitime |
Ascendance
Sources imprimées
Bibliographie
Ouvrages généraux
- Modèle:Ouvrage
- Modèle:Chapitre.
- Modèle:Chapitre.
- Modèle:Chapitre.
- Modèle:Ouvrage.
- Modèle:Ouvrage.
- Modèle:Ouvrage
- Modèle:Ouvrage.
- Modèle:Ouvrage
- Modèle:Ouvrage
- Modèle:Article.
- Modèle:Article.
- Modèle:Ouvrage.
- Modèle:Article.
Plantagenêts
- Dan Jones, Les Plantagenêts, Paris, Flammarion, 2015, 656 p. Modèle:ISBN.
- Modèle:Ouvrage, Modèle:Lire en ligne.
Réédition au format de poche : Modèle:Ouvrage. - Modèle:Article.
- Modèle:Ouvrage, Modèle:Lire en ligne, Modèle:Lire en ligne.
- Modèle:Ouvrage.
- Modèle:Ouvrage.
- Modèle:Ouvrage.
- Modèle:Ouvrage.
- Modèle:Ouvrage.
Roi
- Modèle:Ouvrage.
- Modèle:Article.
- Modèle:Ouvrage
- Modèle:Article.
- Modèle:Ouvrage.
- Modèle:Ouvrage
- Modèle:Ouvrage
Règne
- Modèle:Article
- Modèle:Article.
- Modèle:Ouvrage.
- Modèle:Ouvrage.
- Modèle:Article.
- Modèle:Article.
- Modèle:Ouvrage.
- Modèle:Article.
- Modèle:Chapitre.
- Modèle:Article.
- Modèle:Ouvrage.
- Modèle:Chapitre.
- Modèle:Ouvrage, Modèle:Lire en ligne.
- Modèle:Ouvrage.
Religion
Thomas Becket
Étienne de Blois
Autres travaux
- Jean Flori, Aliénor d'Aquitaine, La reine Insoumise, Payot, Paris, 2004, 545 p. Modèle:ISBN
Notes et références
Notes
Références
Liens externes
Modèle:Autres projets Modèle:Liens
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Henri II sur le site officiel de la monarchie britannique.
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Documents artistiques sur le site de la National Portrait Gallery.