Henri Ier (roi d'Angleterre)

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Modèle:Titre noble Modèle:Voir homonymes Modèle:Infobox Personnalité politique

Modèle:Henri Ier d'Angleterre (vers 1068Modèle:Date), dit Henri Beauclerc, est roi d'Angleterre de 1100 à sa mort et également duc de Normandie de 1106 à sa mort. Quatrième fils de Guillaume le Conquérant et de son épouse Mathilde de Flandre, il reçoit une éducation en latin et dans les arts libéraux pendant son enfance. À la mort de son père en 1087, ses frères aînés Robert Courteheuse et Guillaume le Roux héritent respectivement du duché de Normandie et du royaume d'Angleterre, tandis qu'il se retrouve lui-même sans terre et contraint de choisir entre ses frères rivaux. Henri obtient de Robert Courteheuse la cession du Cotentin, mais il en est finalement chassé en 1091, victime de la réconciliation de ce dernier avec Guillaume le Roux. Il parvient toutefois à reconstruire graduellement son pouvoir dans le Cotentin et à s'allier avec Guillaume contre Robert au cours des années suivantes.

Présent à la mort accidentelle de Guillaume en 1100, Henri s'empare du trône d'Angleterre et promet de corriger plusieurs mesures impopulaires de son frère. Son avènement est néanmoins contesté par Robert Courteheuse, qui débarque en Angleterre en 1101 afin de faire valoir ses droits avant d'accepter de le reconnaître. La paix entre les deux frères est éphémère et Henri envahit la Normandie en 1105 et 1106, où il défait et capture Robert à la bataille de Tinchebray, qu'il gardera emprisonné pour le restant de sa vie. Le contrôle de la Normandie par Henri se révèle fragile et il est contesté par le roi des Francs Modèle:Noble, Modèle:Noble et Modèle:Noble, qui défendent les droits de Guillaume Cliton, le fils de Robert, et soutiennent une révolte majeure entre 1116 et 1119, finalement brisée lors de la bataille de Brémule. Modèle:Henri Ier et Modèle:Noble- concluent un accord de paix l'année suivante.

Considéré par ses contemporains comme un souverain sévère mais efficace, Modèle:Henri Ier parvient à dompter habilement le pouvoir des barons d'Angleterre et de Normandie. En Angleterre, il établit un système de justice, de gouvernement local et de fiscalité inspiré de l'ère anglo-saxonne, mais le renforce avec des institutions supplémentaires, notamment l'Échiquier royal et les cours de justice itinérantes, également instaurées en Normandie. Henri s'appuie dans son administration davantage sur des hommes d'origine modeste que sur des familles de haut rang. S'il soutient la réforme grégorienne, il n'hésite pas à entrer en conflit avec l'archevêque Anselme de Cantorbéry en 1101, avant de se réconcilier avec lui après un compromis en 1105. Henri implante en outre une influence durable de la monarchie sur la nomination des évêques en Angleterre et en Normandie et apporte son soutien à l'ordre de Cluny.

Modèle:Henri Ier a de sa première épouse Mathilde d'Écosse deux enfants, Mathilde l'Emperesse et Guillaume Adelin, ainsi que de nombreux enfants illégitimes de ses multiples relations extraconjugales. Pourtant, la mort de Guillaume, son seul fils légitime, dans le naufrage de la Blanche-Nef en 1120 perturbe profondément la succession royale. Henri se remarie avec Adélaïde de Louvain dans l'espoir d'avoir un nouveau fils, mais le mariage reste stérile. Finalement, il se décide à proclamer sa fille Mathilde comme son héritière et la marie à Modèle:Noble. Les relations entre Henri et le couple se tendent au fil du temps et conduisent à des tensions armées en Normandie. Modèle:Henri Ier meurt le Modèle:1er décembre 1135 après une semaine de maladie. En dépit de ses volontés, son neveu Étienne de Blois s'empare du trône au détriment de Mathilde, déclenchant une longue période d'instabilité connue sous le nom d'Anarchie.

Jeunesse

Enfance, apparence et éducation

Fichier:Henry I of England.jpg
Représentation d'Henri dans une miniature du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle.

Henri naît probablement en Angleterre en 1068, soit au cours de l'été, soit dans les dernières semaines de l'année, voire au début de l'année 1069<ref group=N>La date de naissance d'Henri dépend de la comparaison des récits des chroniqueurs contemporains et des différents trajets entrepris par ses parents : ceux-ci ne donnent que des périodes limitées au cours desquelles Henri a pu être conçu. L'historien Warren Hollister préfère l'été 1068, tandis que Judith Green privilégie la fin de l'année 1068.</ref>,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn. D'après une légende locale très peu vraisemblable<ref group=N> David Bates 2018 Guillaume le Conquérant (Traduit de l'anglais), p. 384 : "[Ces] légendes forgées ultérieurement [...] ne sont pas crédibles".</ref>, il voit le jour dans la ville de Selby, située dans le Yorkshire. Son père Guillaume le Conquérant est duc de Normandie ainsi que roi d'Angleterre depuis la conquête normande de l'Angleterre entamée en 1066. L'invasion normande a favorisé la création d'une élite anglo-normande détenant de nombreuses possessions des deux côtés de la MancheModèle:Sfn,Modèle:Sfn, certains barons s'établissant même au pays de Galles. En dépit de leur installation en Angleterre, les barons anglo-normands maintiennent de solides liens avec le royaume de France, divisé à ce moment-là en une multitude de fiefs nominalement sous l'autorité du roi des Francs, mais en réalité farouchement autonomesModèle:Sfn. La mère d'Henri, Mathilde de Flandre, est elle-même une petite-fille du roi Modèle:Noble et il est possible qu'elle ait décidé de prénommer son fils en hommage à son oncle Modèle:NobleModèle:Sfn.

Henri est le plus jeune des quatre fils de Guillaume et de Mathilde. Il ressemble physiquement à ses frères aînés Robert Courteheuse, Richard et Guillaume le Roux, étant décrit comme « court, trapu et avec une poitrine en tonneau » et des cheveux noirsModèle:Sfn par l'historien David Carpenter. En raison de sa différence d'âge avec ses frères, il est peu probable que Henri ait eu beaucoup de contact avec eux pendant son enfanceModèle:Sfn. Il est plus probable qu'il ait été proche de sa sœur AdèleModèle:Sfn, née vers 1067. On dispose de peu de sources concernant les premières années d'Henri : Warren Hollister et Kathleen Thompson pensent qu'il est élevé en Angleterre, tandis que Judith Green affirme qu'il est initialement élevé en Normandie<ref group=N>Le chroniqueur Orderic Vital décrit une violente querelle qui aurait opposé en 1077 à L'Aigle Robert Courteheuse à Guillaume le Roux et Henri. Alors que Guillaume le Conquérant et ses trois fils logent dans une maison, les deux plus jeunes s'amusent aux dés, font grand bruit et, de l'étage, déversent de l'eau sur Robert et ses amis. Furieux, Robert s'apprête à corriger ses frères mais leur père intervient pour freiner sa fureur. Le lendemain, Robert quitte en secret l'armée ducale et tente en vain de s'emparer du château de Rouen, avant de s'exiler de Normandie avec quelques compagnons et de se rebeller contre son père jusqu'en 1080. Les historiens modernes, notamment Judith Green et Warren Hollister, sont enclins à douter de la véracité de cette anecdote.</ref>,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn. Il est probablement instruit par l'Église, peut-être par l'évêque et chancelier royal Osmond de Sées à la cathédrale de Salisbury, même si rien ne permet de savoir si ses parents le destinent à une carrière ecclésiastique<ref group=N>Si Warren Hollister doute que Henri ait jamais été destiné à poursuivre une carrière dans les ordres, Judith Green en est moins certaine.</ref>,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn. Son niveau d'éducation est également incertain, mais il est probable qu'il apprenne à lire le latin et étudie les arts libérauxModèle:Sfn. Henri reçoit enfin un entraînement militaire dispensé par Robert Achard et est adoubé par son père le 24 mai 1086Modèle:Sfn,Modèle:Sfn.

Héritage de Guillaume le Conquérant

À l'été 1087, Guillaume le Conquérant est blessé lors d'une campagne militaire menée dans le VexinModèle:Sfn. Henri rejoint rapidement son père mourant près de Rouen, où ce dernier organise le partage de ses possessions entre ses fils Robert, Guillaume et HenriModèle:Sfn Modèle:Incise. Les règles de succession en Occident sont alors incertaines : dans certains territoires du royaume de France, la primogéniture, permettant au fils aîné d'hériter du titre, gagne en popularitéModèle:Sfn, tandis que dans d'autres territoires, notamment en Normandie, la tradition veut que les terres soient divisées entre les fils, l'aîné recevant les terres paternelles Modèle:Incise et les plus jeunes fils obtenant des territoires plus modestes ou acquis plus récemmentModèle:Sfn. Guillaume le Conquérant suit la coutume normande en séparant la Normandie, qu'il a héritée, et l'Angleterre, qu'il a conquiseModèle:Sfn. Robert Courteheuse, le fils aîné, bien qu'étant en rébellion contre son père au moment de sa mort, reçoit la Normandie, tandis que Guillaume le Roux, le deuxième fils, alors en faveur auprès de leur père, obtient l'AngleterreModèle:Sfn. Quant à Henri, il lui est donné une importante somme d'argent, estimée à Modèle:Nombre<ref group=N>Plusieurs chroniqueurs ont également avancé un montant de Modèle:Nombre.</ref>, dans le but de s'établir dans une des terres détenues par sa mère Mathilde de Flandre, décédée en 1083, dans le Buckinghamshire et le GloucestershireModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Guillaume le Conquérant meurt le 9 septembre 1087 et ses funérailles, organisées peu après à Caen, sont entachées par les plaintes d'un habitant concernant sa propriété : Henri pourrait avoir été chargé de l'apaiser en le compensant avec de l'argentModèle:Sfn.

Robert Courteheuse, qui espérait hériter de la Normandie et de l'Angleterre, découvre que son frère puîné a traversé la Manche et s'est fait couronner dès le 26 septembreModèle:Sfn. Les deux frères sont en désaccord au sujet de l'héritage de leur père et Robert projette rapidement d'envahir l'Angleterre pour s'en emparerModèle:Sfn. Henri reste en Normandie et devient influent à la cour de son frère Robert, soit parce qu'il refuse de s'allier ouvertement avec Guillaume le Roux, soit parce que Robert aurait saisi l'occasion de son départ pour l'Angleterre pour s'emparer de son héritage financier<ref group=N>La somme de Modèle:Nombre correspond à 1,5 million de pennies d'argent : Henri aurait difficilement pu s'enfuir du duché de Normandie avec une telle somme sans être remarqué par les agents de Robert Courteheuse.</ref>,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn. Quoi qu'il en soit, Guillaume ordonne la confiscation des nouvelles possessions anglaises d'HenriModèle:Sfn. En 1088, les projets de Robert concernant l'Angleterre commencent à s'effondrer et il s'adresse à Henri, lui demandant de lui prêter une partie de son héritage pour financer l'expédition. Même si Henri refuseModèle:Sfn, les deux frères négocient un accord, par lequel Robert s'engage à lui céder l'Ouest de la Normandie en échange de Modèle:Nombre<ref group=N>Cette région, initialement destinée à leur frère Richard, est convenablement éloignée de Rouen, la capitale du duché.</ref>,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn. Henri obtient ainsi un nouveau comté comprenant la délégation de l'autorité ducale sur le Cotentin, certains domaines de l'Avranchin et le contrôle des diocèses de ces deux régionsModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Par ailleurs, il contrôle désormais la stratégique abbaye du Mont-Saint-Michel. Ce gain considérable en terres permet en outre à Henri d'accroître son influence sur deux importants seigneurs normands : Hugues d'Avranches et Richard de ReviersModèle:Sfn. Finalement, même si l'expédition militaire de Robert Courteheuse ne quittera jamais la NormandieModèle:Sfn, Henri a toutefois fort bien monnayé son soutien à ce dernier.

Comte du Cotentin

Henri établit rapidement son autorité dans le Cotentin et se crée un solide réseau de partisans dans l'Ouest de la Normandie et dans l'Est de la Bretagne, que l'historien John Le Patourel désigne comme « le gang d'Henri »Modèle:Sfn. Il compte parmi ses premiers partisans Richard de Reviers, Geoffroy de Mandeville, Hugues d'Avranches et Robert FitzHamon, ainsi que l'ecclésiastique Roger de SalisburyModèle:Sfn. Conscient de l'influence irrésistible que son frère acquiert dans son duché, Robert Courteheuse tente de revenir sur son accord avec Henri et de se réapproprier le Cotentin, mais l'assise de son frère dans la région est telle qu'il en est découragéModèle:Sfn. Pendant ce temps, sa propre gestion de la Normandie est chaotique et certaines terres de son duché Modèle:Incise deviennent quasiment indépendantes du pouvoir central à RouenModèle:Sfn. Si son ascension progressive inquiète Robert Courteheuse, Henri ne gagne pas pour autant la confiance de Guillaume le RouxModèle:Sfn. En effet, Henri attend que la rébellion fomentée par les partisans de Robert contre Guillaume s'effondre pour pouvoir retourner en Angleterre en juillet 1088Modèle:Sfn. La rencontre entre Guillaume et Henri n'est guère fructueuse, puisque le premier refuse de donner au second les terres de leur mère, malgré les dispositions prises par leur père. De retour en Normandie dès l'automneModèle:Sfn, Henri est arrêté sur-le-champ par son oncle Odon de Bayeux avec l'accord de son frère Robert, ce dernier étant convaincu par Odon que Henri conspire avec Guillaume contre luiModèle:Sfn. Emprisonné à Neuilly-la-Forêt et privé de son comté du CotentinModèle:Sfn, il demeure en captivité pendant tout l'hiver et n'est libéré qu'au printemps 1089, lorsque les conseillers de Robert Courteheuse le persuadent de le relâcherModèle:Sfn.

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Odon de Bayeux (au centre) emprisonne Henri entre 1088 et 1089. Détail de la Tapisserie de Bayeux.

Bien qu'il ne possède plus le Cotentin, Henri continue à contrôler l'Ouest de la NormandieModèle:Sfn, profitant des tensions persistantes entre ses frères. Tandis que Guillaume commence à nouer des alliances avec des barons de Normandie et du Ponthieu contre son frère aînéModèle:Sfn, Robert forme une alliance avec le roi des Francs Modèle:NobleModèle:Sfn. Le conflit entre les deux frères est déclenché à la fin de l'année 1090 par l'appel de Guillaume à Conan Pilate, un bourgeois de Rouen, à se rebeller contre Robert. Soutenu par le peuple rouennais, Conan appelle les garnisons ducales des environs à faire allégeance au roi d'AngleterreModèle:Sfn. Furieux face à ce défi à son autorité, le duc de Normandie ordonne la mobilisation de ses vassaux : Henri est le premier à répondre à son appel et arrive à Rouen en novembreModèle:Sfn. La capitale du duché est plongée dans la violence, pendant que les deux camps tentent de s'en arracher le contrôleModèle:Sfn. Au dernier moment, Robert se retire des combats, laissant Henri seul pour continuer la lutteModèle:Sfn. La bataille tourne à l'avantage des partisans de Robert et Henri fait prisonnier ConanModèle:Sfn. Furieux que Conan se soit soulevé contre son suzerain et malgré l'offre de ce dernier de racheter sa liberté par une lourde rançon, Henri ordonne qu'il soit précipité du château de RouenModèle:Sfn, un geste qu'approuvent les contemporains et qui contribue à sa renommée militaireModèle:Sfn.

Isolement et retour en grâce

Fichier:Mont St Michel 3, Brittany, France - July 2011.jpg
Le Mont-Saint-Michel, où Henri est assiégé en 1091.

Robert ordonne peu après à Henri de quitter Rouen, probablement à cause du rôle prépondérant joué par ce dernier au cours des récents évènements et parce que Henri lui réclame la restitution du CotentinModèle:Sfn. Au début de 1091, Guillaume le Roux débarque en Normandie avec suffisamment de forces pour contraindre Robert à négocierModèle:Sfn. Par le traité de Caen, Guillaume reçoit plusieurs terres et forteresses normandes, mais s'engage à aider Robert à reconquérir le comté du Maine et à reprendre le contrôle des possessions d'HenriModèle:Sfn. En outre, ils se désignent mutuellement héritiers de leurs possessions respectives, excluant Henri de la succession anglo-normande tant qu'ils seront tous deux en vieModèle:Sfn. Bientôt, le conflit entre Henri et ses frères aînés éclateModèle:Sfn. Même si Henri mobilise une armée de mercenaires dans l'Ouest de la Normandie, Robert et Guillaume avancent avec leurs troupes, ce qui décourage les soutiens d'HenriModèle:Sfn. Ce dernier décide de concentrer ses forces au Mont-Saint-Michel, où il est assiégé en marsModèle:Sfn. Facile à défendre, le site manque toutefois d'approvisionnement en eau potableModèle:Sfn. D'après le chroniqueur Guillaume de Malmesbury, Robert Courteheuse fournit des réserves en eau à Henri, ce qui semble irriter Guillaume le RouxModèle:Sfn. Les évènements de la fin du siège demeurent incertains : les assiégeants commencent à se quereller quant à leur stratégie future, mais Henri capitule, vraisemblablement après avoir négocié<ref group=N>La durée du siège varie selon les chroniqueurs entre 15 jours, privilégiée par Judith Green, et six semaines, soutenue par Warren Hollister.</ref>,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn. Il part ensuite en exil pour la Bretagne, avant de se rendre en FranceModèle:Sfn,Modèle:Sfn.

Les activités ultérieures d'Henri ne sont pas bien documentées : le chroniqueur Orderic Vital suggère qu'il s'établit dans le Vexin avec quelques partisans pendant un anModèle:Sfn. Dès la fin de 1091, Robert Courteheuse et Guillaume le Roux se séparent après une querelleModèle:Sfn et, l'année suivante, Henri pénètre en Normandie et s'empare sans effusion de sang de DomfrontModèle:Sfn, après que les habitants aient fait appel à son aide contre leur seigneur Modèle:NobleModèle:Sfn. Au cours des deux années qui suivent, Henri réactive son réseau de soutiens à l'Ouest de la Normandie, que Judith Green désigne comme « une cour en attente »Modèle:Sfn,Modèle:Sfn, et commence à leur remettre des terres, indépendamment de la volonté de RobertModèle:Sfn. Il reçoit même le soutien financier de son frère Guillaume, qui l'encourage à affronter leur frère aîné : Henri utilise ces fonds pour bâtir une nouvelle forteresse à DomfrontModèle:Sfn. En mars 1094, Guillaume le Roux débarque en Normandie pour y affronter Robert Courteheuse et requiert le soutien d'Henri lorsque son avancée s'essouffleModèle:Sfn. Henri ne rejoint pourtant pas la campagne et se rend à Londres, peut-être à la demande de Guillaume, qui rebrousse chemin peu après<ref group=N>La décision d'Henri de ne pas se joindre à la campagne de Guillaume le Roux est peut-être due au fait que les forces de Robert Courteheuse étaient suffisamment nombreuses pour l'empêcher de rejoindre Guillaume à Eu.</ref>,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn. Pendant les années suivantes, Henri renforce son influence à l'Ouest de la Normandie et visite occasionnellement la cour de Guillaume en AngleterreModèle:Sfn. En novembre 1095, le pape Modèle:Noble prêche la Première croisade lors du concile de Clermont et encourage les seigneurs de l'Occident à combattre en Terre sainteModèle:Sfn. Robert Courteheuse répond favorablement à la requête du souverain pontife dès l'année suivante et emprunte une somme conséquente d'argent pour ses frais à Guillaume le Roux, qui reçoit en échange la garde du duché de Normandie en son absenceModèle:Sfn. Pendant les quatre années d'absence de leur frère aîné, Guillaume se rapproche d'Henri et les deux frères mènent ensemble une campagne dans le Vexin entre 1097 et 1098 contre Modèle:Philippe IerModèle:Sfn,Modèle:Sfn.

Règne

Avènement et couronnement

L'après-midi du 2 août 1100, Guillaume le Roux, parti chasser dans la New Forest avec ses chasseurs et plusieurs barons, dont HenriModèle:Sfn, est tué par une flèche, peut-être tirée par Modèle:NobleModèle:Sfn. De nombreuses théories de conspiration ont depuis été avancées et suggèrent un assassinat du roi d'Angleterre, mais les historiens modernes rappellent que la chasse est à cette époque une activité à risques et que ce genre d'accident est alors tout à fait commun<ref group=N>David Carpenter considère que la mort de Guillaume le Roux est « presque certainement un accident ». De son côté, Warren Hollister estime que « l'explication de loin la plus probable pour le meurtre est simplement... qu'il s'agissait d'un accident de chasse ». Quant à Judith Green, elle affirme que « tout bien considéré, il semble très probable que le Roux soit mort à cause d'un accident ». Emma Mason a plus de soupçons et donne foi à la théorie selon laquelle Guillaume le Roux aurait été assassiné, soit par son frère Henri, soit par des agents de Modèle:Philippe Ier. Austin Poole partage cette opinion : il considère Henri comme un « usurpateur » et soutient que les faits « paraissent laids » Modèle:Incise et « semblent suggérer un complot ».</ref>,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn. Inquiet, Tirel se réfugie en France, soit parce qu'il a tiré la flèche qui a tué Guillaume, soit parce qu'il craint d'être accusé de régicide et de servir de bouc-émissaire pour la mort suspecte du roiModèle:Sfn. Dès l'annonce de la mort de son frère, Henri se rend précipitamment à Winchester, où la succession au trône d'Angleterre est immédiatement débattueModèle:Sfn. Les droits de Robert Courteheuse, qui amorce alors son retour de la Première croisade, sont évoqués par Guillaume de Breteuil : Henri et les barons normands lui ont effectivement rendu hommage avant son départ pour la Terre sainte quatre ans auparavantModèle:Sfn. Néanmoins, Henri précise que, contrairement à Robert, il est né pendant le règne de leur père sur le trône d'Angleterre et affiche sa revendication à la succession de Guillaume le Roux en évoquant le principe de porphyrogénitureModèle:Sfn. Les esprits commencent à s'échauffer, mais Henri, soutenu par les comtes Henri et Robert de Beaumont, emporte finalement le soutien de la majorité des barons et les persuade de le reconnaître comme leur souverainModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Il occupe ensuite le château de Winchester et se saisit du trésor royalModèle:Sfn.

Dès le 5 août, Henri est couronné en l'abbaye de Westminster par l'évêque de Londres Maurice : en effet, l'archevêque de Cantorbéry Anselme a été exilé par Guillaume le Roux et l'archevêque d'York Thomas de Bayeux se trouve alors à RiponModèle:Sfn. En accord avec la tradition anglaise et afin de légitimer son avènement, Henri publie la Charte des libertés dans laquelle il énonce ses engagementsModèle:Sfn,Modèle:Sfn : rétablissement de l'ordre dans le royaumeModèle:Sfn, abandon de la politique oppressive de son prédécesseur à l'encontre du clergé, fin des abus royaux sur les droits de propriété des barons et retour aux coutumes du règne d'Édouard le Confesseur. La proclamation d'Henri précise que le nouveau roi « établira une paix ferme » à travers l'Angleterre et ordonne que « cette paix soit désormais maintenue »Modèle:Sfn. Tout en récompensant ses plus fervents partisans, Henri coopte une grande partie de l'administration existante dans la nouvelle maison royaleModèle:Sfn : Guillaume Giffard, le chancelier de Guillaume le Roux, est élu évêque de Winchester et les importants shérifs Ours d'Abbetot, Hamo Dapifer et Robert FitzHamon conservent un rôle influent dans le gouvernementModèle:Sfn. En revanche, l'impopulaire Rainulf Flambard, évêque de Durham, est emprisonné à la Tour de Londres sous l'accusation de corruptionModèle:Sfn. Dans le but de conserver le soutien de l'ÉgliseModèle:Sfn, Henri nomme de nouveaux candidats à de nombreux sièges laissés vacants par son frère et rappelle d'exil Anselme, auquel il présente ses excuses pour son couronnement hâtif en son absence et demande de valider ses nominations d'évêquesModèle:Sfn.

Mariage avec Mathilde d'Écosse

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Mathilde d'Écosse dans une miniature du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle.

Quelques mois plus tard, Henri épouse le 11 novembre 1100 Mathilde d'Écosse, sœur du roi EdgarModèle:Sfn. Il est alors âgé d'environ 32 ans, mais les mariages tardifs ne sont pas inhabituels au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècleModèle:Sfn,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn. Le couple a probablement déjà eu l'occasion de se rencontrer lors de la décennie précédente, peut-être grâce à Osmond de SéesModèle:Sfn,Modèle:Sfn. L'historien Warren Hollister pense que Henri et Mathilde deviennent très proches, mais que leur union est certainement motivée par les circonstances politiques<ref group=N>Guillaume de Malmesbury et Orderic Vital décrivent les relations étroites au sein du couple. Eadmer affirme même que Henri et Mathilde sont sincèrement amoureux.</ref>,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn. Initialement prénommée Édith, la nouvelle épouse d'Henri est d'ascendance anglo-saxonne par sa mère Marguerite et est la nièce d'Edgar Atheling, prétendant malheureux au trône d'Angleterre en 1066, et l'arrière-petite-fille du roi Edmond Côte-de-FerModèle:Sfn. Ainsi, ce mariage permet à Henri d'accroître sa légitimité et donne à Mathilde l'opportunité d'acquérir une influence sur le gouvernement anglaisModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Le mariage rencontre toutefois un obstacle, car Mathilde a été élevée dans plusieurs couvents et aurait peut-être déjà fait ses vœux pour devenir nonneModèle:Sfn. Henri fait donc appel à l'aide d'Anselme, qui organise un concile à Lambeth Palace pour autoriser ce mariageModèle:Sfn. Malgré quelques oppositions, le concile conclut que Mathilde n'est pas effectivement nonne et lui donne l'autorisation d'épouser Henri<ref group=N>Anselme est par la suite critiqué par certains barons pour avoir autorisé ce mariage.</ref>,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn.

Mathilde se révèle être une épouse digne et un soutien efficace de son époux : elle détient le rôle de régente à une occasion, s'adresse à et préside plusieurs conseils, et patronne les artsModèle:Sfn,Modèle:Sfn. La nouvelle reine donne rapidement plusieurs enfants à son époux : une fille, prénommée Mathilde, en 1102, et un fils, prénommé Guillaume, dit « Adelin », l'année suivante. Il est possible que le couple ait eu un troisième enfant, Richard, qui meurt en bas âge<ref group=N name="Gervais">Seul le chroniqueur Gervais de Canterbury mentionne son existence.</ref>,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn. Après la naissance de ses enfants, Mathilde préfère s'établir au Palais de Westminster, tandis que Henri voyage régulièrement à travers l'Angleterre et la Normandie : la présence de la reine dans la capitale souligne son implication régulière dans le gouvernement royalModèle:Sfn, mais des raisons plus personnelles, notamment religieuses, ne sont pas à exclure. En dépit de son mariage apparemment fructueux, Henri semble avoir un nombre considérable de maîtresses, dont il engendre de nombreux enfants illégitimes : on connaît le nom d'au moins neuf fils et de treize filles, qu'il reconnaît pour la plupart comme ses bâtards et auxquels il apporte son soutien dans leur éducation et leur établissementModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Le cas d'Henri n'est pas isolé : les nobles anglo-normands ont de nombreuses aventures extraconjugales (et souvent publiques) aux Modèle:-s mini- et Modèle:-s mini- sièclesModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Plusieurs des relations extraconjugales d'Henri ont lieu avant son mariage, mais d'autres surviennent pendant son union avec MathildeModèle:Sfn. Les origines des maîtresses d'Henri sont diversesModèle:Sfn, mais plusieurs d'entre elles semblent avoir été choisies pour des raisons politiques, même si les chroniques contemporaines n'apportent pas beaucoup d'indices à ce sujet et demeurent assez flouesModèle:Sfn.

Rivalité avec Robert Courteheuse

Au début de 1101, le régime d'Henri est fermement institué, mais des membres du baronnage anglo-normand continuent à soutenir son frère Robert Courteheuse ou seraient prêts à le rallier s'il venait à prendre le pouvoir en AngleterreModèle:Sfn,Modèle:Sfn. En février, Rainulf Flambard s'évade de la Tour de Londres et se rend en Normandie, où il affiche son soutien à RobertModèle:Sfn, qui rassemble au cours du printemps une flotte et une armée conséquentes pour débarquer en AngleterreModèle:Sfn. En représailles, Henri confisque les possessions de Rainulf Flambard et, avec le soutien d'Anselme, le démet de son évêchéModèle:Sfn. Il reçoit en avril et en juin le renouvellement des serments de fidélité de ses vassaux, mais leur soutien lui semble trop fragileModèle:Sfn. Malgré l'imminence de l'invasion de son frère aîné, Henri mobilise ses forces et sa flotte à Pevensey, où Robert compte débarquer, et entraîne ses troupes à résister aux charges de cavalerieModèle:Sfn,Modèle:Sfn. En dépit de la levée de fonds et de chevaliers par l'Église, de nombreux barons ne sont pas au rendez-vousModèle:Sfn. Ce n'est qu'après l'intervention personnelle d'Anselme, qui leur rappelle l'importance pour l'Église de soutenir HenriModèle:Sfn, que certains changent d'avis et rejoignent l'armée royale. Contrairement aux prévisions d'Henri, Robert Courteheuse débarque à Portsmouth le 20 juillet avec de modestes forces comprenant quelques centaines d'hommes, mais est rapidement rejoint par ses partisans anglaisModèle:Sfn. Pourtant, au lieu de marcher directement vers Winchester et de se saisir du trésor royal, Robert marque une pause, ce qui laisse le temps à Henri de se rendre en hâte vers l'Ouest et de l'intercepterModèle:Sfn.

Les deux armées se rencontrent à Alton, dans le Hampshire, où des négociations de paix commencent, sans que l'on sache quel camp prend cette initiative, même si Rainulf Flambard se distingue pendant les discussionsModèle:Sfn. Par le traité d'Alton, Robert renonce à exiger d'Henri son hommage et le reconnaît comme roi d'Angleterre, contre la renonciation d'Henri à ses possessions en Normandie Modèle:Incise et le paiement annuel à Robert d'une pension viagère de Modèle:Nombre<ref group=N>La plupart des chroniqueurs indique que cette somme s'élève à Modèle:Nombre, soit l'équivalent de Modèle:Nombre, mais Orderic Vital précise que le montant convenu est plus important et s'élève à Modèle:Nombre.</ref>,Modèle:Sfn. En outre, si l'un des deux frères meurt sans héritier mâle, l'autre héritera de ses terres. Enfin, les barons ayant perdu leurs possessions pour avoir soutenu Robert ou Henri doivent être restaurés dans leurs terres, tout comme Flambard doit être restauré dans son évêché, et les deux frères s'engagent à combattre ensemble pour défendre leurs possessions normandesModèle:Sfn. Après la conclusion du traité, Robert réside quelques mois en Angleterre avant de retourner en NormandieModèle:Sfn. Cependant, au mépris du traité, Henri inflige de sévères sanctions aux barons qui ont soutenu RobertModèle:Sfn. Ainsi, Modèle:Noble, accusé d'avoir commis plusieurs crimes pendant le débarquement de Robert, est exclu de l'amnistie du traité d'Alton et banniModèle:Sfn. L'année suivante, Henri s'en prend à Modèle:Noble et ses frères, qu'il accuse de 45 offensesModèle:Sfn : après l'avoir contraint à la fuiteModèle:Sfn, il assiège ses forteresses, dont les châteaux d'Arundel, de Tickhill, de Shrewsbury et de BridgnorthModèle:Sfn. Privé de sa base de pouvoir, Modèle:Robert II de Bellême accepte les conditions de paix d'Henri et part en exil en NormandieModèle:Sfn.

Conquête de la Normandie

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Tinchebray, où a lieu la confrontation finale entre Henri et son frère Robert Courteheuse en 1106.

En 1103, Henri renforce son réseau de soutiens en NormandieModèle:Sfn : il marie ses filles illégitimes Julienne et Mathilde avec Eustache de Breteuil et Modèle:NobleModèle:Sfn, et distribue des terres et de l'argent à d'autres baronsModèle:Sfn. Face à cette menace, Robert Courteheuse est contraint de s'allier avec Modèle:Robert II de BellêmeModèle:Sfn, avec lequel il était entré en conflit. Prétendant que son frère n'a pas respecté ses engagements du traité d'Alton, Henri traverse la Manche en 1104 et se rend à Domfront, où il rassemble ses alliésModèle:Sfn,Modèle:Sfn, avant d'accuser Robert de s'allier avec ses adversaires et de repartir pour l'AngleterreModèle:Sfn. Toutefois, dès 1105, Henri envoie Robert FitzHamon dans le duché afin de provoquer son frèreModèle:Sfn,Modèle:Sfn. FitzHamon est capturé par le duc, ce que le roi d'Angleterre utilise comme excuse pour intervenir et restaurer l'ordreModèle:Sfn. Après avoir négocié la neutralité de Modèle:Philippe IerModèle:Sfn, Henri occupe l'Ouest de la Normandie et avance vers Bayeux, pour y délivrer FitzHamonModèle:Sfn. Ayant sans succès tenté d'obtenir la reddition de la ville, il l'assiège et la brûleModèle:Sfn, avant d'entrer dans Caen sans combats puis de prendre FalaiseModèle:Sfn. Sa campagne s'essouffle, ce qui le pousse à négocier avec RobertModèle:Sfn, mais les discussions ne sont pas concluantes et les combats se poursuivent jusqu'à Noël, lorsque Henri retourne en AngleterreModèle:Sfn,Modèle:Sfn.

La seconde campagne d'Henri en Normandie commence lors de son débarquement en juillet 1106Modèle:Sfn,Modèle:Sfn. Décidé à provoquer une bataille décisive, il assiège le château de Tinchebray, dans le Sud-Ouest du duchéModèle:Sfn. Informés de la situation, Robert Courteheuse et Modèle:Robert II de Bellême accourent depuis Falaise pour délivrer TinchebrayModèle:Sfn. Après une ultime tentative de négociations, la bataille de Tinchebray a lieu le 28 septembre<ref group=N>La date du 28 septembre est celle retenue par les historiens, même si les chroniqueurs avancent également les dates du 27 ou du 29 septembre.</ref>,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn. Les combats durent environ une heure : après une charge de la cavalerie ducale, les infanteries des deux camps se jettent dans la mêléeModèle:Sfn. Finalement, l'intervention des réserves d'Henri, conduites par Modèle:Noble et Modèle:Noble, permet d'attaquer les flancs de l'armée adverse et de mettre en déroute les troupes de Modèle:Robert II de BellêmeModèle:Sfn, puis celles de Robert Courteheuse. Bellême parvient à échapper à la capture en s'enfuyant précipitamment, mais Courteheuse est fait prisonnierModèle:Sfn. La résistance au roi d'Angleterre s'effondre et les dernières garnisons se rendent à la demande du ducModèle:Sfn. Lorsqu'il atteint Rouen, Henri réaffirme les lois et les coutumes normandes, et reçoit l'hommage des principaux barons et bourgeois du duchéModèle:Sfn. Les prisonniers capturés à Tinchebray sont pour la plupart rapidement libérés, mais Robert Courteheuse et son farouche allié Guillaume de Mortain demeurent en captivitéModèle:Sfn. Guillaume Cliton, le jeune fils de Robert, est remis à la garde du baron normand Hélias de Saint-SaënsModèle:Sfn, pendant que Modèle:Robert II de Bellême se réconcilie avec HenriModèle:Sfn. Comme Henri ne peut pas juridiquement démettre son frère du duché de Normandie, il évite initialement d'utiliser le titre de duc et rappelle que sa position de roi d'Angleterre lui permet d'agir comme gardien du duché afin d'y restaurer l'ordreModèle:Sfn,Modèle:Sfn.

Interventions continentales et galloises

Fichier:Louis VI denier Bourges 1108 1137.jpg
Représentation de Modèle:Noble, le rival d'Modèle:Henri Ier, sur un denier.

À partir de 1108, le duché de Normandie est confronté à la menace accrue du royaume de FranceModèle:Sfn, et des comtés d'Anjou et de Flandre. En effet, Modèle:Noble succède à son père Modèle:Philippe Ier et commence à réaffirmer le pouvoir royal centralModèle:Sfn. Louis demande ainsi à Henri de lui rendre hommage pour la Normandie et que deux châteaux contestés situés le long de la frontière avec le domaine royal soient placés sous le contrôle de seigneurs neutresModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Le refus d'Henri pousse Louis à mobiliser son arméeModèle:Sfn, mais les deux rois négocient une trêve qui ne résout pas les points d'achoppement<ref group=N>L'abbé Suger suggère que l'incident est embarrassant pour Henri, puisqu'il a refusé de livrer bataille, mais reconnaît qu'il s'agit d'une décision militaire judicieuse.</ref>,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn. Parallèlement, Modèle:Noble devient comte d'Anjou en 1109 et s'empresse d'étendre son autoritéModèle:Sfn,Modèle:Sfn : tout en héritant du Maine, il refuse de reconnaître Henri comme son seigneur lige et se rapproche de LouisModèle:Sfn. Modèle:Noble rejoint aussi l'alliance contre le roi d'Angleterre, peu avant sa mort en 1111Modèle:Sfn. Face à cette menace, Henri fiance sa fille Mathilde avec le roi des Romains Modèle:NobleModèle:Sfn. Cette alliance matrimoniale permet à Modèle:Noble- de rétablir sa situation financière et de financer son expédition à Rome en 1111 pour s'y faire couronner empereur avec la dot de Mathilde, fixée à Modèle:Nombre<ref group=N>Cette somme correspond à Modèle:Nombre.</ref>,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn. Malgré la difficulté pour recueillir cette somme colossale Modèle:Incise, Mathilde est couronnée reine des Romains à Mayence le 25 juillet 1110Modèle:Sfn, puis épouse Modèle:Noble- à Worms le 6 ou le 7 janvier 1114.

Afin de contrer la menace franco-angevine, Henri étend son réseau de partisans en Normandie et fait arrêter ou déposséder les barons qu'il ne juge pas fiablesModèle:Sfn, notamment Modèle:Robert II de Bellême qui, après un nouveau revers d'allégeance en faveur de Modèle:Noble-, est enfermé en 1112Modèle:Sfn. Ces confiscations de terres lui permettent d'acheter d'autres soutiens, notamment dans le MaineModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Vers 1110, Henri tente de faire arrêter Guillaume Cliton, mais ce dernier s'enfuit en Flandre avec ses gardiensModèle:Sfn. C'est également à cette époque qu'il commence à être désigné comme le duc de NormandieModèle:Sfn. Un soulèvement en Anjou entre 1111 et 1113 donne à Henri l'occasion d'intervenir en soutien à son neveu Modèle:Noble contre Modèle:Noble-Modèle:Sfn,Modèle:Sfn, qu'il essaie d'isoler diplomatiquement en fiançant son fils Guillaume avec Mathilde d'Anjou, la fille de Modèle:Noble-, et en mariant sa fille illégitime Mathilde avec Modèle:NobleModèle:Sfn. Face à l'abandon de l'Anjou et de la Bretagne, Modèle:Noble- décide de négocier avec Henri, qu'il rencontre en mars 1113 près de Gisors : il renonce à cette forteresse et reconnaît la suzeraineté d'Henri sur le Maine, la Bretagne et BellêmeModèle:Sfn. Le roi d'Angleterre retraverse ensuite la Manche, car la situation au pays de Galles s'est détériorée en son absence : malgré une première campagne qui avait permis de coloniser Pembroke en 1108Modèle:Sfn, plusieurs seigneurs normands doivent à présent faire face aux attaques galloises, tandis qu'Owain ap Cadwgan fait aveugler son otage Madog ap Rhiryd et que Gruffydd ap Cynan menace au Nord l'autorité de Richard d'AvranchesModèle:Sfn. Henri riposte en pénétrant au centre du pays de Galles, pendant que son allié Gilbert de Clare avance par le Sud et que son beau-frère et gendre Modèle:Noble envahit par le NordModèle:Sfn. Après avoir contraint Owain et Gruffydd à négocier la paixModèle:Sfn, Henri renforce durablement son autorité dans les Marches galloisesModèle:Sfn.

Rébellion en Normandie

[[Fichier:Ludvik6 jindrichI Bremule.jpg|vignette|La bataille de Brémule oppose Modèle:Henri Ier et Modèle:Noble- pour le contrôle de la Normandie à l'été 1119. Miniature tirée des [[Grandes Chroniques de France de Charles V|Grandes Chroniques de France de Modèle:Noble-]].]] Inquiet quant à sa succession, Henri cherche à convaincre Modèle:Noble- de reconnaître Guillaume Adelin comme le futur duc de Normandie, en échange de l'hommage de son filsModèle:Sfn. Courant 1115, il se rend en Normandie pour recueillir les serments de fidélité de ses barons et négocie un accord avec Louis, par lequel les droits de Guillaume Adelin sur la Normandie sont reconnus en échange du versement d'une somme d'argent. Toutefois, Modèle:Noble- revient vite sur sa décision et, à l'instigation de Modèle:Noble, préfère reconnaître les droits de Guillaume Cliton sur le duchéModèle:Sfn. Le conflit éclate bientôt entre les deux roisModèle:Sfn,Modèle:Sfn, qui mettent à sac leurs villes frontalières respectives. À compter de 1116<ref group=N>La date du début des hostilités est incertaine : Judith Green la situe fermement en 1116, tandis que Warren Hollister opte pour une période comprise entre 1116 et 1118.</ref>,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn, Henri doit contenir une offensive menée par les Francs, les Flamands et les Angevins dans la campagne normandeModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Modèle:Noble et d'autres barons saisissent alors cette occasion pour se rebeller contre Henri, qui est même la cible d'une tentative d'assassinat par un membre de sa propre suiteModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Mathilde d'Écosse meurt à Westminster le Modèle:1er mai 1118, mais la situation en Normandie est suffisamment alarmante pour que Henri soit empêché de se rendre à ses obsèquesModèle:Sfn,Modèle:Sfn.

Malgré les pressions accrues de ses ennemis, Henri riposte en réprimant le soulèvement de ses vassaux et en renforçant son alliance avec son neveu Modèle:Noble- de BloisModèle:Sfn. Par ailleurs, Modèle:Noble- de Flandre est mortellement blessé en septembre 1118 lors d'une escarmouche, ce qui permet de diminuer la pression de Modèle:Noble- sur la Normandie du Nord-EstModèle:Sfn. Néanmoins, la tentative de réduction de la rébellion dans la ville d'Alençon échoue à cause de l'intervention de Modèle:Noble- d'Anjou et de ses alliésModèle:Sfn. Après cet échec, la situation d'Henri s'aggrave pendant que les défections de ses vassaux normands se poursuiventModèle:Sfn,Modèle:Sfn. En février 1119, son gendre Eustache de Breteuil et sa fille illégitime Julienne de Fontevraud menacent de rejoindre la rébellionModèle:Sfn : des otages sont donc échangés pour garantir la paix, mais les relations sont rompues lorsque les deux camps mutilent leurs otagesModèle:Sfn. En représailles, Henri attaque et s'empare de Breteuil, en dépit d'une tentative d'assassinat perpétrée par Julienne à l'aide d'une arbalète<ref group=N>Initialement, Eustache et Julienne réclament la cession du château d'Ivry-la-Bataille en échange de leur loyauté. Henri promet alors au couple de leur céder la forteresse et réclame un échange d'otages : Eustache et Julienne reçoivent le fils du connétable d'Ivry-la-Bataille, tandis que Henri reçoit la garde des filles du couple. D'après Orderic Vital, Eustache aurait ordonné l'aveuglement de son otage et, en représailles, Henri aurait autorisé l'aveuglement et la mutilation de ses propres petites-filles, ce qui provoque la fureur de Julienne à l'égard de son père et la pousse à tenter de l'assassiner.</ref>, puis dépossède le couple de toutes ses possessionsModèle:Sfn. La situation s'améliore en juin 1119 par le changement d'allégeance de Modèle:Noble-, après la conclusion du mariage de Guillaume Adelin et de Mathilde d'Anjou à Lisieux, et le versement d'une large somme aux AngevinsModèle:Sfn. Foulques part peu après pour la Terre sainte et laisse la gestion du Maine à Henri, permettant ainsi à ce dernier de concentrer ses forces sur Modèle:Noble- et Guillaume ClitonModèle:Sfn,Modèle:Sfn.

Pendant l'été, Henri avance dans le Vexin et rencontre l'armée de Modèle:Noble- lors de la bataille de Brémule le 20 aoûtModèle:Sfn. En prévision des combats, Henri fait déployer ses éclaireurs et organise ses troupes en plusieurs lignes de chevaliers démontésModèle:Sfn. À l'inverse, les chevaliers de Modèle:Noble- restent sur leurs montures et chargent précipitamment vers les positions anglo-normandes. Cette manœuvre permet de briser la première ligne de défense d'Henri, mais fait s'empêtrer la cavalerie française dans la deuxième ligneModèle:Sfn,Modèle:Sfn et s'effondrer l'armée de LouisModèle:Sfn. Au plus fort des combats, Henri est touché par un coup d'épée, mais son armure permet de minimiser sa blessureModèle:Sfn. Face à une défaite certaine, Modèle:Noble- et Guillaume Cliton s'enfuient, pendant que Henri retourne en triomphe à RouenModèle:Sfn. Le conflit s'éternise après cette bataille et pousse le roi des Francs à demander l'intervention du pape Modèle:Noble lors de son concile tenu à Reims en octobre 1119Modèle:Sfn,Modèle:Sfn : même s'il est défendu par Geoffroi le Breton, archevêque de RouenModèle:Sfn,Modèle:Sfn, Henri est critiqué par les autres évêques pour son acquisition et sa gestion de la Normandie. Le souverain pontife refuse cependant de favoriser l'un des deux monarques et leur recommande de faire la paixModèle:Sfn. Henri décide donc de traiter séparément avec ses adversaires : il négocie un accord avec Modèle:Noble- de Montfort, mais échoue à trouver un terrain d'entente avec Guillaume ClitonModèle:Sfn. Enfin, en juin 1120, Henri et Modèle:Noble- concluent un traité très avantageux pour Guillaume Adelin qui, en échange de son hommage au roi des Francs, est définitivement reconnu comme duc de NormandieModèle:Sfn.

Crise de succession

La succession d'Henri est complètement bouleversée par le naufrage de la Blanche-Nef le Modèle:Date Modèle:Sfn. En début de soirée, Henri quitte le port de Barfleur pour l'Angleterre, tandis que Guillaume Adelin et ses compagnons doivent le suivre dans un vaisseau différent : la Blanche-NefModèle:Sfn. Il semble que l'équipage et les passagers aient été ivres puisque, en sortant du port, le navire s'écrase contre un rocher<ref group=N>Il s'agit probablement du rocher de Quillebœuf, à mi-chemin entre la sortie du port de Barfleur et la pointe de Barfleur.</ref>,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn. La Blanche-Nef coule, ce qui provoque la mort d'au moins 300 personnes. Seul un passager, un boucher de Rouen, parvient à survivre et à atteindre le rivageModèle:Sfn. En apprenant la nouvelle, la cour évite d'annoncer le naufrage et la mort de l'héritier au trône au roi. Henri s'effondre de douleur lorsqu'il est informé de la mort de son seul fils légitimeModèle:Sfn,Modèle:Sfn. La catastrophe remet sérieusement en doute la succession au trôneModèle:Sfn,Modèle:Sfn, les plus proches parents mâles du roi étant désormais ses neveux. Toutefois, Henri annonce peu après qu'il compte se remarier avec Adélaïde de Louvain, ce qui laisse espérer la naissance d'un nouvel héritier. Le mariage d'Henri et d'Adélaïde a lieu au château de Windsor le 24 janvier 1121<ref group=N>La rapidité de ce second mariage laisse penser que Henri avait déjà l'intention de se remarier avant le naufrage de la Blanche-Nef.</ref>,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn. Il semble que Henri ait choisi sa nouvelle épouse en raison de sa beauté et de son prestigieux lignage, et qu'Adélaïde ait elle-même apprécié la compagnie de son époux, qu'elle suit lors de ses nombreux voyages à travers l'Angleterre, peut-être afin de maximiser les chances de concevoir un enfantModèle:Sfn,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn.

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Le naufrage de la Blanche-Nef. Miniature du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle.

Le désastre de la Blanche-Nef plonge le pays de Galles dans le chaos, puisque la mort de Richard d'Avranches encourage la rébellion de Maredudd ap BleddynModèle:Sfn. Henri doit intervenir personnellement à l'été 1121 et réaffirme le pouvoir royal dans le Nord de la régionModèle:Sfn, malgré une blessure pendant les combats. L'alliance avec l'Anjou est également remise en question par la mort de Guillaume AdelinModèle:Sfn : à son retour de Terre sainte, Modèle:Noble- réclame la restitution de sa fille Mathilde, de sa dot et de ses fortifications dans le MaineModèle:Sfn. Si Mathilde d'Anjou retourne finalement en Angleterre, la dot est en revanche conservée par Henri, qui déclare que la somme lui appartenait avant d'entrer en la possession de Foulques et refuse de lui restituer les fortifications qu'il a occupéesModèle:Sfn. En représailles, Foulques marie sa fille Sibylle à Guillaume Cliton et leur accorde le MaineModèle:Sfn. Cette décision sème l'agitation en Normandie, où Modèle:Noble- de Montfort renoue en 1123 son alliance avec Foulques et mène une rébellionModèle:Sfn, dans laquelle il est rejoint par d'autres barons, dont Modèle:Noble<ref group=N>On ignore les raisons de la rébellion de Galéran, mais il est possible qu'il ait considéré Guillaume Cliton comme l'héritier légitime du duché de Normandie ou qu'il ait simplement pensé qu'il bénéficierait davantage sous son règne que sous celui d'Henri.</ref>,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn.

Henri doit envoyer son fils illégitime Robert de Gloucester et Ranulph le Meschin en Normandie pour y rétablir l'ordre, puis les rejoint à la fin de l'annéeModèle:Sfn. Les combats, interrompus pendant l'hiverModèle:Sfn,Modèle:Sfn, reprennent au printemps 1124. Lors de la bataille de Bourgthéroulde livrée le 26 mars 1124, Odon Borleng conduit l'armée royale et prend en embuscade les rebelles pendant leur retraite à travers la forêt de Brotonne. Modèle:Noble- de Meulan charge les forces royales, mais ses chevaliers sont abattus par les archers d'Odon et les rebelles se retrouvent rapidement submergésModèle:Sfn. Galéran est capturé, mais Modèle:Noble- de Montfort réussit à s'échapperModèle:Sfn. La rébellion est ensuite étouffée dans l'œuf, ses chefs aveuglés Modèle:Incise et les derniers châteaux des insurgés reprisModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Henri demande par la suite au pape Modèle:Noble- de rompre le mariage de Guillaume Cliton et de Sibylle d'Anjou, et lui verse plusieurs sommes d'argent pour emporter sa décision : l'annulation est finalement prononcée pour consanguinité le 26 août 1124<ref group=N>L'Église interdit théoriquement les mariages entre parents en deçà du septième degré de consanguinité. Dans la pratique, toutefois, les souverains et seigneurs se marient alors entre proches parents, mais cette raison pouvait cependant être invoquée pour annuler une union, comme celle de Guillaume Cliton et de Sibylle d'Anjou.</ref>,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn.

Préparation de la succession

Henri et Adélaïde de Louvain ne conçoivent aucun enfant, ce qui suscite de vives spéculations à la cour pour expliquer cette situation<ref group=N>On ignore qui visaient véritablement ces rumeurs et lequel des deux conjoints ne pouvait alors engendrer de descendance. En effet, Henri a eu au moins deux enfants de son premier mariage et plus d'une vingtaine d'enfants illégitimes, tandis qu'Adélaïde de Louvain donnera plusieurs enfants à son second époux Guillaume d'Aubigny.</ref> et met en péril l'avenir de la dynastieModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Il est possible que Henri ait peu à peu commencé à envisager l'un de ses neveux pour lui succéder sur le trône. Peut-être dans cette optique, il arrange en 1125 le mariage de son neveu Étienne de Blois avec la prestigieuse héritière Mathilde de BoulogneModèle:Sfn. Étienne n'est cependant pas le seul candidat à la succession d'Henri : ainsi, son frère aîné Modèle:Noble- de Blois se considère lui-même en faveur auprès de leur oncleModèle:Sfn, et même la candidature de Guillaume Cliton est soutenue par Modèle:Noble-, bien qu'il ne soit pas considéré comme un candidat souhaitable par HenriModèle:Sfn. Il n'est pas non plus exclu que Henri ait pensé à désigner son fils illégitime Robert de Gloucester comme son héritier, mais la tradition anglaise est en revanche hostile à ce choix avant tout influencé par la coutume normandeModèle:Sfn. Toutefois, la mort de l'empereur Modèle:Noble- le 23 mai 1125 bouleverse complètement la succession anglo-normandeModèle:Sfn, puisque Modèle:Henri Ier rappelle dès l'année suivante sa fille Mathilde en Angleterre et proclame que, s'il meurt sans héritier mâle, elle lui succédera sur le trôneModèle:Sfn. À la Noël 1126, les barons sont conviés à Westminster, où ils prêtent serment de fidélité à Mathilde et à ses futurs descendants<ref group=N>Le contenu de ce serment est sujet à controverse et varie énormément en fonction des récits. Guillaume de Malmesbury prétend que les barons assemblés reconnaissent Mathilde comme l'héritière légitime du trône en raison de son ascendance royale. Jean de Worcester affirme quant à lui que ce serment est conditionné au fait que Mathilde ait un héritier mâle. Une chronique anglo-saxonne mentionne simplement le serment sans préciser son contenu. Quant à Orderic Vital et Henri de Huntingdon, ils ne mentionnent même pas cet évènement. Certains de ces récits peuvent aussi avoir été influencés par l'avènement d'Étienne de Blois en 1135 et les évènements ultérieurs de l'Anarchie.</ref>,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn. Avancer la candidature d'une femme à la succession d'un trône est inédit au début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle : une partie de la cour s'oppose à cette décision en faveur de Mathilde, et Modèle:Noble- conteste fermement sa position d'héritière au trôneModèle:Sfn,Modèle:Sfn.

La mort sans héritier de Modèle:Noble en 1127 permet à Modèle:Noble- d'avancer la candidature de Guillaume Cliton pour lui succéderModèle:Sfn. Cette décision menace directement Henri, qui décide de soutenir les rivaux flamands de GuillaumeModèle:Sfn,Modèle:Sfn et d'attaquer les possessions de Louis afin de le contraindre à abandonner son alliance avec son neveuModèle:Sfn. La mort de Guillaume Cliton le 28 juillet 1128 écarte le dernier adversaire d'HenriModèle:Sfn, qui conclut une trêve avec Modèle:Noble- et ordonne la libération des prisonniers de la rébellion de 1123, notamment Modèle:Noble- de MeulanModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Entretemps, les relations anglo-angevines deviennent plus cordiales, surtout après le mariage de Mathilde l'Emperesse avec Geoffroy d'AnjouModèle:Sfn, le fils aîné de Modèle:Noble-, le 17 juin 1128. On ignore si Henri avait l'intention de laisser un rôle politique à son gendre en Angleterre ou en Normandie après sa mort, mais il semble avoir délibérément laissé incertain le statut de Geoffroy. De même, bien que Mathilde reçoive plusieurs forteresses normandes dans sa dot, il n'est pas précisé quand le couple en prendra possessionModèle:Sfn,Modèle:Sfn. En 1129, Foulques repart pour la Terre sainte et abandonne l'Anjou et le Maine à GeoffroyModèle:Sfn. Le mariage de Mathilde et de Geoffroy ne semble pas au départ fructueux : le couple ne s'entend pas et le statut de la dot de Mathilde demeure un point d'achoppement. Mathilde retourne rapidement en NormandieModèle:Sfn,Modèle:Sfn Modèle:Incise et ne se réconcilie avec son époux qu'en 1131Modèle:Sfn,Modèle:Sfn. Au grand soulagement d'Henri, Mathilde donne naissance à deux fils, Henri et Geoffroy, en 1133 et 1134Modèle:Sfn,Modèle:Sfn.

Mort et succession

Fichier:Henry I - British Library Royal 20 A ii f6v (detail).jpg
Modèle:Henri Ier pleurant la mort de son fils Guillaume Adelin. Miniature du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle.

Les relations entre Henri d'une part et Mathilde et Geoffroy de l'autre deviennent de plus en plus tendues pendant les derniers mois de son règne. Le couple pense, avec raison, qu'il lui manque l'appui de barons anglo-normands. Au début de 1135, Mathilde demande à son père de lui remettre les châteaux royaux situés en Normandie et de requérir de la noblesse normande qu'elle lui prête un serment d'allégeance, afin de conforter la position du couple après sa mortModèle:Sfn. Henri rejette furieusement sa requête, probablement parce qu'il craint que Geoffroy essaie d'implanter durablement son autorité en NormandieModèle:Sfn,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn. Une nouvelle rébellion éclate dans le Sud du duché sous la conduite de Modèle:Noble, auquel Geoffroy et Mathilde apportent leur soutienModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Henri se rend précipitamment en Normandie pendant l'automne afin d'y rétablir son autorité. En novembre, il marque une étape à Lyons-la-Forêt pour y chasserModèle:Sfn et tombe subitement malade Modèle:Incise.

L'état d'Henri s'aggrave sensiblement pendant une semaineModèle:Sfn. Conscient de son trépas imminent, il se confesse et convoque plusieurs membres de la cour, dont Modèle:Noble, archevêque de Rouen, et Robert de Gloucester, qui supervisent le paiement de ses dettes et font révoquer les sanctions prises contre les rebellesModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Modèle:Henri Ier meurt le Modèle:1er décembre 1135, à l'âge d'environ 67 ans, et son corps est escorté à Rouen par la cour. Après avoir été embaumée, sa dépouille est emmenée en Angleterre, où elle est déposée dans l'abbaye de ReadingModèle:Sfn, tandis que ses entrailles sont placées dans l'abbaye Notre-Dame-du-Pré de Valmont. Sa sépulture à Reading est marquée par une croix locale et une plaque, mais l'abbaye a été démolie lors de la dissolution des monastères au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècleModèle:Sfn. L'emplacement exact de la tombe d'Henri est incertain, mais il est probable qu'elle se trouve à présent dans le centre de la ville, sur le site de l'ancien chœur de l'abbayeModèle:Sfn. Un plan de localisation de ses restes a été annoncé en mars 2015, avec le soutien d'English Heritage et de Philippa Langley, qui avaient déjà participé à la [[découverte du corps de Richard III|découverte du corps de Modèle:Noble-]] en 2012.

Malgré les dispositions prises par Henri en 1126, la succession de Mathilde sur les trônes d'Angleterre et de Normandie est immédiatement contestée. Tout d'abord, lors de l'annonce de la mort du roi d'Angleterre, Mathilde et Geoffroy sont en Anjou d'où ils soutiennent la rébellion contre l'armée royale, qui inclut beaucoup de leurs partisans potentiels, à l'instar de Robert de GloucesterModèle:Sfn. Par ailleurs, les barons qui avaient accompagné Henri pendant sa campagne ont fait serment de demeurer en Normandie jusqu'à l'inhumation du défunt roi, ce qui les empêche de retourner immédiatement en AngleterreModèle:Sfn. Ainsi, une partie de la noblesse normande discute de l'éventualité d'offrir la couronne à Modèle:Noble- de BloisModèle:Sfn, mais son frère Étienne traverse en précipitation la Manche depuis Boulogne avec quelques troupesModèle:Sfn,Modèle:Sfn et se fait couronner roi d'Angleterre dès le 22 décembreModèle:Sfn. Ses prétentions sont notamment soutenues par son frère cadet Henri de Blois, évêque de Winchester, et Hugues Bigot, qui déclare que Modèle:Henri Ier aurait délivré sur son lit de mort les barons anglo-normands de leur serment de fidélité à Mathilde et aurait appuyé la candidature d'ÉtienneModèle:Sfn. En dépit de cette tournure des évènements, Mathilde l'Emperesse ne renonce pas à son héritage paternel et décide de faire appel de cette décision auprès du pape Modèle:Noble, puis d'envahir l'Angleterre : la guerre civile entre Mathilde et Étienne, connue sous le nom d'Anarchie, va durer jusqu'en 1153Modèle:Sfn.

Bilan du règne

Gouvernement et législation

Henri hérite après la mort de Guillaume le Roux du royaume d'Angleterre, ce qui lui confère un droit de suzeraineté sur le pays de Galles et l'Écosse, et après la défaite de Robert Courteheuse du duché de Normandie, une entité régionale complexe dont les frontières sont souvent sensibles aux troublesModèle:Sfn. La frontière anglo-écossaise n'est pas véritablement fixée sous le règne d'Modèle:Henri Ier, puisque l'influence anglo-normande s'étend au Nord au-delà de la Cumbria. Pourtant, les relations entre Modèle:Henri Ier et Modèle:Noble-, puis son successeur Modèle:Noble, sont globalement cordiales, en partie grâce au premier mariage d'Henri avec la sœur d'Alexandre et de David, et au mariage de sa fille illégitime Sibylle avec AlexandreModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Au pays de Galles, Henri use de son autorité pour se faire respecter par les seigneurs gallois, tandis que les seigneurs normands des Marches étendent leur influence jusqu'aux vallées du Sud du pays de GallesModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Quant à la Normandie, elle est contrôlée par plusieurs hauts seigneurs ou des membres du clergé, qui renforcent leur assise territoriale par la construction croissante de forteresses le long des frontièresModèle:Sfn. Les alliances et les relations avec les comtés frontaliers sont particulièrement importantes pour Henri afin de maintenir la stabilité dans son duchéModèle:Sfn, ce qui explique notamment pourquoi ses deux enfants légitimes épousent des enfants de Modèle:Noble- d'Anjou en 1119 et en 1128.

Henri est responsable d'une expansion substantielle du système juridique royal<ref group=N>Dans son Historia regum Britanniae, Geoffroy de Monmouth donne à Henri le surnom de « Lion de Justice » pour son amélioration des rouages rudimentaires de l'administration et de l'appareil législatif du pays, que l'on trouve dans une section où il relate les prophéties de Merlin. Bien que Henri ne soit pas nommé dans le document lui-même, les historiens pensent qu'il s'agit de lui. La comparaison en elle-même a plusieurs interprétations : Judith Green affirme que la description était positive, alors qu'Alan Cooper est beaucoup plus prudent et souligne que les lions sont considérés à cette époque comme forts mais aussi brutaux et cruels, et que le contexte dans la section n'est certainement pas flatteur à propos du personnage traité par l'auteur.</ref>,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn. En Angleterre, il s'inspire du système anglo-saxon en ce qui concerne la justice royale, le gouvernement local et les taxes, mais le renforce avec des institutions additionnelles centraliséesModèle:Sfn. Après 1110, l'archevêque Roger de Salisbury développe l'Échiquier royal et l'utilise pour collecter et vérifier les revenus des shérifs royauxModèle:Sfn. Par ailleurs, des juges itinérants se déplacent à travers le royaume où ils tiennent des cours de circuit, et les lois sont plus régulièrement enregistréesModèle:Sfn,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn. L'expansion de la justice royale permet à Henri d'accroître ses revenus, essentiellement grâce aux amendesModèle:Sfn. En outre, le tout premier Pipe Roll voit le jour en 1130 et permet d'enregistrer les dépenses royalesModèle:Sfn. Henri décide aussi de réformer la monnaie en 1107, en 1108 et en 1125, et inflige de sévères punitions corporelles aux monnayeurs reconnus coupables de l'avoir avilie<ref group=N>En 1124, Henri reçoit plusieurs rapports de son armée qui l'informe que certains soldats ont été payés avec des pennies d'argent de qualité inférieure. Il charge alors Roger de Salisbury d'enquêter et ordonne que tous les monnayeurs reconnus coupables se fassent couper la main droite et les organes génitaux. La sentence royale, approuvée par les chroniqueurs contemporains pour sa fermeté, est exécutée à Salisbury par l'évêque.</ref>,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn. En Normandie, Henri restaure la loi et l'ordre en établissant un corps de juges et un système d'Échiquier similaires à ceux existant en AngleterreModèle:Sfn. Les institutions normandes prennent de l'envergure sous son règne, bien que moins rapidement qu'en AngleterreModèle:Sfn. Les nombreux membres de l'administration royale sont surnommés les « nouveaux hommes » par les historiens, en raison de leur capacité à gravir ses échelons malgré leurs origines modestes<ref group=N>L'historien David Crouch remarque que plusieurs conseillers et fonctionnaires d'Henri ont par la suite regretté leurs actions au nom du roi, et en conclut que « la vie à la cour du roi Henri avait tendance à peser sur la conscience de ses détenus ».</ref>,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn.

Baronnage et cour

Modèle:Multiple image Afin d'accroître son pouvoir et de réduire l'influence des barons, Henri cherche à les assagirModèle:Sfn en s'en faisant avant tout des amis. Les amicitia sont effectivement très prisées au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle : Henri en entretient un très grand nombre, ce qui lui permet de jouer le rôle de médiateur entre ses amis, issus de différentes factions établies dans ses possessions, et de récompenser ceux qui savent lui rester loyauxModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Pour autant, Henri a aussi la réputation de punir sévèrement les vassaux qui s'opposent à lui et développe un solide réseau d'informateurs et d'espions qui lui rapportent les projets de ses adversairesModèle:Sfn,Modèle:Sfn. S'il est un seigneur sévère et ferme, il n'excède en revanche pas les normes de l'époqueModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Au fil du temps, il accroît son contrôle sur ses barons, en éliminant ses ennemis et en soutenant ses amis afin que ce que l'historien Warren Hollister appelle le « baronnage reconstruit » lui soit avant tout loyal et dépendantModèle:Sfn.

Henri distingue précisément sa cour itinérante en différentes catégoriesModèle:Sfn,Modèle:Sfn : au cœur se trouve sa maison domestique, appelée la domus ; un groupe plus large est désigné comme la familia regis ; et les rassemblements plus formels sont connus sous le nom de curia regisModèle:Sfn. La domus est divisée en différentes parties : la chapelle, dirigée par le chancelier, s'occupe des documents royaux, la chambre se charge des affaires financières et le maître-maréchal est responsable des voyages et du logementModèle:Sfn,Modèle:Sfn. La familia regis inclut les troupes montées d'Henri, qui s'élèvent jusqu'à Modèle:Nombre, proviennent d'un plus large éventail de rangs, et peuvent être déployées à sa guiseModèle:Sfn. Initialement, Henri poursuit la pratique entretenue par son père de porter régulièrement la couronne lors des cérémonies à la curia regis, mais elle finit par devenir peu à peu moins fréquenteModèle:Sfn. La cour d'Henri est grande et ostentatoire : elle finance la construction de bâtiments et châteaux plus vastes, et fournit au souverain de multiples cadeaux, notamment une ménagerie privée d'animaux exotiques au Palais de WoodstockModèle:Sfn. Même s'il vit au sein d'une communauté relativement vivante, la cour d'Henri est plus étroitement contrôlée que sous les règnes précédentsModèle:Sfn. Ainsi, des règles strictes régissent les comportements personnels et interdisent aux membres de la cour de piller les villages qu'elle traverse, comme c'était le cas sous le règne de Guillaume le RouxModèle:Sfn.

Relations avec Anselme

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Le sceau de l'archevêque Anselme de Cantorbéry.

La capacité d'Henri à gouverner est intimement liée à l'Église, qui constitue au début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle un pilier de l'administration en Angleterre et en Normandie, et sa relation avec celle-ci change considérablement au cours de son règneModèle:Sfn. Guillaume le Conquérant avait réformé l'Église d'Angleterre avec le soutien du tout premier archevêque normand de Cantorbéry, Lanfranc, qui était devenu l'un de ses plus proches conseillers<ref group=N>Dans une métaphore représentant le gouvernement comme une charrue tirée par deux bœufs, Anselme cherche à démontrer que le roi et l'archevêque gouvernent respectivement le royaume en vertu du droit temporel et du droit religieux.</ref>,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn. Sous le règne de Guillaume le Roux, cet arrangement s'était effondré, à la suite d'une querelle entre le roi et l'archevêque Anselme de Cantorbéry, qui avait été contraint à l'exil. Partisan de la réforme de l'Église, Henri est impliqué dès son avènement dans la Querelle des InvestituresModèle:Sfn, dans laquelle Anselme joue un rôle crucial. Cette controverse cherche à déterminer qui doit investir un nouvel évêque de sa crosse et de son anneau : traditionnellement, cette cérémonie était accomplie par le roi dans une démonstration symbolique du pouvoir royal, mais le pape Modèle:Noble- avait condamné cette pratique en 1099 au motif que seule la papauté pouvait accomplir cette tâche et avait proclamé que le clergé ne devait pas rendre hommage aux seigneurs temporels où se trouvaient ses terresModèle:Sfn.

Anselme de Cantorbéry rentre d'exil après l'avènement d'Henri en 1100, mais l'informe qu'il se conformera aux souhaits d'Modèle:Noble-Modèle:Sfn. Henri se trouve dès lors dans une position difficile : d'une part, le symbolisme et l'hommage sont importants pour asseoir son autorité royale, mais d'autre part, il a besoin du soutien d'Anselme dans sa lutte contre son frère Robert CourteheuseModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Anselme s'en tient fermement à la décision papale, malgré les tentatives d'Henri de le persuader de renoncer à cette demande en échange d'une vague assurance d'un futur compromisModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Les relations entre le monarque et le prélat s'enveniment peu à peu, au point qu'Anselme repart en exil et que Henri confisque les revenus de son archevêché. Ce n'est qu'après la menace d'une excommunication par Anselme que les deux hommes négocient une solution à L'Aigle le 22 juillet 1105Modèle:Sfn,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn. Une distinction est faite entre les pouvoirs séculiers et ecclésiastiques des prélats, en vertu desquels Henri abandonne son droit d'investir les membres du clergé, mais conserve la coutume de requérir d'eux qu'ils lui rendent hommage pour leurs temporalitésModèle:Sfn Modèle:Incise. En dépit de ce désaccord, Henri et Anselme collaborent étroitement, en particulier pendant l'invasion de Robert Courteheuse en 1101, et tiennent ensemble d'importants conciles réformateurs en 1102 et en 1108Modèle:Sfn.

Relations avec l'Église

Une longue dispute éclate entre les archevêchés de Cantorbéry et d'York lorsque Raoul d'Escures succède à Anselme en 1114Modèle:Sfn. L'archevêché de Cantorbéry a longtemps affirmé que celui d'York devait formellement promettre de lui obéir, mais l'archevêché d'York fait valoir que les deux archiépiscopats sont indépendants au sein de l'Église d'Angleterre et qu'une telle promesse n'est pas nécessaire. Henri soutient la primauté de l'archevêché de Cantorbéry, afin de s'assurer que l'Angleterre restera sous une seule administration ecclésiastique, mais le pape Modèle:Noble préfère les arguments de l'archevêché d'YorkModèle:Sfn. L'affaire est complexifiée par l'amitié personnelle d'Henri avec l'archevêque d'York Thurstan et le désir royal que le verdict ne soit pas prononcé par le souverain pontife, ce qui menacerait ses prérogativesModèle:Sfn. Mais comme il a besoin du soutien pontifical dans sa lutte contre Modèle:Noble-, Henri autorise Thurstan à assister au concile de Reims en 1119, au cours duquel celui-ci est consacré par le pape sans la moindre mention d'un quelconque devoir envers l'archevêque de CantorbéryModèle:Sfn. Convaincu que Thurstan a agi à l'encontre des assurances qu'il lui avait faites, Henri l'exile d'Angleterre et ne l'autorise à rentrer qu'en 1121Modèle:Sfn,Modèle:Sfn, après que leurs amis communs ainsi qu'Adèle, l'une des sœurs d'Henri, aient négocié une réconciliation entre eux et que le pape Modèle:Noble- ait menacé de jeter l'interdit sur l'Angleterre.

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Les ruines du chapitre de l'abbaye de Reading, en 2008.

Même après la Querelle des Investitures, Henri continue à jouer un rôle majeur dans la sélection du clergé séculier anglo-normandModèle:Sfn. Il nomme plusieurs membres de son administration à des évêchés et, comme le suggère l'historien Martin Brett, « certains de ses officiers pouvaient espérer une mitre avec une confiance presque absolue »Modèle:Sfn. Henri fait par ailleurs de plus en plus appel à un plus grand nombre de ces évêques en tant que conseillers Modèle:Incise, rompant ainsi avec la tradition antérieure qui consistait à s'en remettre principalement à l'archevêque de CantorbéryModèle:Sfn. Il en résulte un corps d'administrateurs cohésif à travers lequel Henri peut exercer une influence prudente, en tenant des conseils pour discuter des questions politiques essentiellesModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Cette cohésion se modifie quelque peu après 1125, lorsque Henri commence à promouvoir un plus grand nombre de candidats aux postes supérieurs de l'Église, souvent avec des opinions plus réformistes : l'impact de cette génération sera perceptible après la mort d'Henri, notamment sous le règne d'ÉtienneModèle:Sfn.

Henri fait de nombreux dons à l'Église et patronne plusieurs communautés religieuses, mais les chroniques du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle ne le considèrent pas comme un roi exceptionnellement pieux par rapport à ses contemporainsModèle:Sfn. Même s'il s'est toujours intéressé à la religion, ses convictions personnelles et sa piété peuvent s'être développées au cours des dernières années de sa vieModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Si tel est le cas, la mort prématurée de son fils Guillaume en 1120 et les tensions orageuses du second mariage de sa fille Mathilde en 1129 ont pu être des évènements décisifs dans ce changement<ref group=N>Il est difficile d'évaluer l'attitude personnelle d'Henri envers la religion pendant la fin de sa vie. L'historien Richard W. Southern soutient que les deux évènements constituent un changement décisif, bien que Martin Brett penche davantage pour 1129. Judith Green est plus prudente et observe que la norme chez les chroniqueurs médiévaux est de concentrer leurs écrits sur la fin de vie d'un personnage sur les thèmes du repentir et de la confession, ce qui a peut-être donné une fausse impression de changement dans la pensée religieuse d'Henri. Henry Mayr-Harting doute également de l'étendue des preuves quant à un changement de pensée et s'intéresse davantage à sa piété antérieure, en suggérant que Henri a toujours été plus enclin à la religion qu'on ne l'a estimé.</ref>,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn. En tant que partisan de la réforme religieuse, Henri fait de nombreux dons aux groupes réformistes au sein de l'ÉgliseModèle:Sfn : il est ainsi un fervent partisan de l'ordre de Cluny, probablement pour des raisons intellectuellesModèle:Sfn, et fait des dons aux abbayes de Cluny et de ReadingModèle:Sfn, où il se fera inhumer. Il dote la seconde en terres riches et en privilèges étendus après le commencement de sa construction en 1121Modèle:Sfn. Henri s'efforce également de promouvoir la conversion des communautés de clercs en chanoines augustins, la fondation de léproseries, l'expansion des couvents et le développement des ordres de Savigny et de TironModèle:Sfn. Enfin, il collectionne des reliques et envoie une ambassade à Constantinople en 1118 pour recueillir des objets byzantins, dont certains sont offerts à l'abbaye de ReadingModèle:Sfn,Modèle:Sfn.

Historiographie

Les trois principaux chroniqueurs apportant des informations sur les évènements de la vie d'Modèle:Henri Ier sont Guillaume de Malmesbury, Orderic Vital et Henri de HuntingdonModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Chez le premier, le portrait d'Henri se rapproche du stéréotype du prince au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle : cultivé et raisonné, il fonde plusieurs monastères, est sévère contre ses ennemis et généreux à l'égard de ses amis. De son côté, Orderic Vital, qui réside dans l'abbaye de Saint-Évroult, située dans une zone turbulente du duché de Normandie que Henri réduit à néant en éliminant Modèle:Robert II de Bellême, lui est assez favorable dans son Historia ecclesiastica : « [Henri] gouverna, dans la prospérité comme dans l'infortune, le royaume que Dieu lui avait confié, avec autant de prudence que de succès. Parmi les princes les plus remarquables de la chrétienté, il brilla d'un grand éclat par le maintien de la paix et de la justice. De son temps, l'Église de Dieu fut joyeusement comblée de richesses et d'honneur et tous les ordres s'accrurent considérablement. » Il souligne cependant sa cruauté en rappelant les évènements de 1124 : lorsqu'il condamne les rebelles Geoffroy de Tourville, Odoard du Pin et Luc de la Barre à l'aveuglement, ce dernier « aima mieux se fendre la tête contre les murs que d'être la victime de la cruauté du roi. » Quant à Henri de Huntingdon, il lui attribue comme vertus la sagesse, les succès militaires et la richesse, mais aussi la cruauté, la débauche et l'avidité comme vices.

Parmi les autres chroniqueurs contemporains, on peut citer Eadmer, Hugues le Chanteur, l'abbé Suger et les auteurs gallois du Brut y TywysogionModèle:Sfn. Tous les documents royaux du règne d'Modèle:Henri Ier n'ont pas été conservés, mais il existe un certain nombre de chartes, d'assignations, de lettres et d'actes royaux, ainsi que des documents financiers anciensModèle:Sfn. On a découvert depuis que certains de ces documents étaient des faux et que d'autres avaient été modifiés ou altérés par la suiteModèle:Sfn. Les chroniqueurs de la fin du Moyen Âge se sont emparés des récits des chroniqueurs du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle concernant l'éducation d'Modèle:Henri Ier et lui ont donné le surnom d'Henri « Beauclerc », un thème qui se retrouve dans les analyses des historiens victoriens et édouardiens tels que Francis Palgrave et Henry DavisModèle:Sfn. L'historien Charles David a rejeté cet argument en 1929, en montrant que les affirmations les plus extrêmes concernant l'éducation d'Henri étaient sans fondementModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Les études modernes consacrées à Henri ont commencé avec les travaux de Richard W. Southern au début des années 1960, suivis de recherches approfondies pendant le reste du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle sur un grand nombre de thèmes de son règne en Angleterre et d'un nombre beaucoup plus limité d'études sur son règne en NormandieModèle:Sfn. Seules deux biographies modernes d'Henri ont été publiées : celle, posthume, de C. Warren Hollister en 2001 et celle de Judith Green en 2006Modèle:Sfn.

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Le Brut y Tywysogion, une des sources du règne d'Modèle:Henri Ier.

L'interprétation de la personnalité d'Modèle:Henri Ier par les historiens a évolué. Des historiens plus anciens, tels qu'Austin Poole et Southern, considèrent Henri comme un souverain cruel et draconienModèle:Sfn,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn. Des spécialistes plus récents, à l'instar d'Hollister et de Green, voient sa mise en œuvre de la justice avec beaucoup plus de sympathieModèle:Sfn, en particulier lorsqu'elle est confrontée aux normes de l'époque, même si Green note que Henri était « à bien des égards très désagréable » et tempère certaines thèses favorables au gouvernement d'Henri comme son rôle dans le progrès de l'administration et ses rapports avec l'aristocratie. Alan Cooper observe que de nombreux chroniqueurs contemporains avaient probablement trop peur de lui pour formuler beaucoup de critiques à son égardModèle:Sfn,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn. Les historiens se sont également demandé si les réformes administratives d'Henri ont véritablement constitué une introduction à ce que Hollister et John Baldwin ont appelé une « royauté administrative » systématique, ou si sa conception restait fondamentalement traditionnelle.

Descendance

Descendance légitime

De son premier mariage avec Mathilde d'Écosse, Modèle:Henri Ier a au moins deux enfantsModèle:Sfn,Modèle:Sfn :

Son second mariage avec Adélaïde de Louvain ne produit aucune descendance.

Descendance illégitime<ref group=N>Les travaux de l'historien Geoffrey White pendant les années 1940 ont produit une liste exhaustive des enfants illégitimes d'Modèle:Henri Ier, qui constitue la base des recherches universitaires les plus récentes, comme celles de Kathleen Thompson.</ref>,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn

De diverses relations avec des femmes inconnues, Modèle:Henri Ier a au moins sept enfants :

D'une relation avec Sibylle Corbet, il a au moins trois enfants :

D'une relation avec Edith Forne, il a un enfant :

D'une relation avec une femme prénommée Ansfride, il a au moins un enfant :

D'une relation avec une femme prénommée Édith, il a un enfant :

D'une relation avec Nest ferch Rhys<ref group=N name="Thompson"/>, il a un enfant :

D'une relation avec Isabelle de Beaumont, il a un enfant :

D'une sœur ou une fille de Gauthier de Gand, il a un enfant :

Ascendance

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Notes et références

Notes

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Références

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Bibliographie

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Liens externes

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