Merlin
Modèle:En-tête label Modèle:Voir homonymes Modèle:Redirect Modèle:Infobox Personnage (fiction)
Merlin (en gallois Myrddin, en breton Merzhin), communément appelé Merlin l'Enchanteur, est un personnage légendaire, prophète magicien doué de métamorphose, commandant aux éléments naturels et aux animaux dans la littérature médiévale. Sa légende provient à l'origine de la mythologie celtique galloise, et s'inspire certainement d'un druide divin, mêlé à un ou plusieurs personnages historiques. Son image première est assez sombre. Les plus anciens textes concernant Myrddin Wyllt, Lailoken et Suibhne le présentent en « homme des bois » torturé et atteint de folie, mais doué d'un immense savoir, acquis au contact de la nature et par l'observation des astres. Après son introduction dans la légende arthurienne grâce à Geoffroy de Monmouth et Robert de Boron, Merlin devient l'un des personnages les plus importants dans l'imaginaire et la littérature du Moyen Âge. Depuis cette période, son personnage est mentionné très régulièrement dans la littérature, qui a construit son image par inspiration successive entre différents auteurs.
Dans le cycle arthurien, dont il est désormais indissociable, Merlin naît d'une mère humaine et d'un père diabolique. Bâtisseur de Stonehenge, il emploie ses sortilèges pour permettre la naissance du Roi Arthur et son accession au pouvoir, grâce à l'épreuve de l'épée Excalibur et à la formation de la Table ronde. Conseiller du roi et de ses chevaliers, il prédit le cours des batailles, influe sur leur déroulement et entraîne la quête du Graal. Homme sauvage proche du monde animal, Merlin se retire régulièrement en forêt pour y rencontrer son scribe et confident Blaise. Son histoire connaît différentes fins selon les auteurs, la plus connue étant celle où il tombe éperdument amoureux de la fée Viviane, à laquelle il enseigne ses secrets de magicien. Elle finit par l'enfermer à jamais dans une grotte ou une prison d'air, en usant de l'un de ses propres sortilèges.
De façon contemporaine, son nom est fréquemment associé à la fonction d’« enchanteur », notamment depuis que ce terme a servi de titre à la version française du dessin animé de Walt Disney en 1963, Merlin l'Enchanteur.
Il reste une source d'inspiration pour de nombreux auteurs et artistes, comme Guillaume Apollinaire (L'Enchanteur pourrissant), René Barjavel (L'Enchanteur), Stephen R. Lawhead (Cycle de Pendragon) et T. A. Barron (Merlin). Son mythe est enfin, de nos jours, le sujet de romans, de poèmes, d'opéras, de pièces de théâtres, de bandes dessinées, de films, de téléfilms, de séries télévisées, et de jeux.
Étymologies
Il existe de nombreuses théories concernant l'origine du nom de Merlin. Il est également connu sous la forme latine Modèle:Langue ; galloise Modèle:Langue, Modèle:Langue ou Modèle:Langue ; bretonne Marzhin « Martin », Murlu, Merlu, Aerlin, Merlik<ref name="Le Bihan">Hervé Le Bihan, « La figure du Merlin des Bretons des afallennau gallois aux contes bretons armoricains » dans Modèle:Ouvrage</ref> ou cornique Modèle:Langue. D'après l’Oxford English Dictionary, le nom le plus ancien est le gallois Myrddin, via le barde Myrddin Wyllt, l'un des personnages historiques qui auraient inspiré le Merlin légendaire. Geoffroy de Monmouth latinise ce nom en Modèle:Langue vers 1135. Le médiéviste Gaston Paris pense qu'il a choisi la forme Merlinus plutôt qu'une latinisation régulière en *Merdinus afin d'écarter toute homophonie avec un mot anglo-normand d'origine scatologique dérivé du latin Modèle:Langue<ref name="OED">Modèle:Article</ref>,<ref group="S" name="Walter00-66">Modèle:P.</ref>. Henri d'Arbois de Jubainville suppose le résultat de la « tendance du d à se changer en l dans les langues indo-européennes »<ref group="Va">Modèle:P.</ref>. D'après Martin Aurell, la forme latine Modèle:Langue est une euphonie de la forme celtique, pour rapprocher Merlin du merle blanc en lequel, avec ses pouvoirs chamaniques, il peut se métamorphoser<ref>Martin Aurell, « Excalibur et les mystères de la table ronde » dans Au cœur de l'histoire, Europe 1, 6 avril 2011, 13:30 Modèle:Lire en ligne</ref>.
Mer
La théorie la plus répandue concernant l'origine du nom gallois Modèle:Langue, selon Claude Sterckx, est celle reposant sur l'étymologie de Caerfyrrdin<ref name="Sterckx94-52" group="St"/>. Elle est proposée par le celtisant Alfred Owen Hughes Jarman, d'après qui Modèle:Langue ({{#ifeq:1|0|mərðɪn|[[Alphabet phonétique international|Modèle:Nobr]]}}) se retrouve dans le toponyme Caerfyrddin, nom gallois de la ville désormais connue sous le nom de Carmarthen<ref name="Koch321">Modèle:Ouvrage</ref>. Il se décompose en Caer- « fort, forteresse, rempart, ville fortifiée » (cf. breton kêr « village, ville ») + -fyrddin, forme mutée de Myrddin. Myrddin semble contenu dans la forme en ancien brittonique latinisé du nom de [Caer]fyrddin, à savoir : [castrum] Moridunum. Moridunum a donné Myrddin et s'explique par le brittonique Mori- « mer » (> vieil irlandais muir, gallois môr, breton et cornique mor cf. gaulois more « mer ») et -dunum « citadelle, enceinte fortifiée, mont » (cf. gaulois dunon. Vieil irlandais dún « fort, forteresse »; vieux gallois din « fort, forteresse, ville », gallois dinas « ville », vieux breton din « forteresse, château, citadelle »), d'où le sens global de « fort(eresse) de la mer »<ref name="Sterckx94-52" group="St"/>,<ref name="Koch321"/>,<ref name="OED"/>,<ref>Myrddin sur le site de Nordic Names (lire en anglais)</ref>.
En 1965, Eric P. Hamp propose une étymologie assez proche, Morij:n, soit « le maritime ». Il n'existe pas de lien évident entre Merlin et la mer dans les textes à son sujet<ref name="Sterckx94-52" group="St">Modèle:P.</ref>, mais cette théorie s'expliquerait par la nature du père de Merlin dans les textes gallois, Morfryn<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Il pourrait être un démon maritime, décrit plus tard comme le Diable ou un incube<ref group="WaD" name="Walter99-27"/>.
Oiseau
Dans nombre de récits à son sujet, Merlin peut prendre la forme d'un oiseau, c'est le cas notamment dans La Folie de Suibhne (Buile Shuibhne). De plus, en anglais, le Faucon émerillon (Falco columbarius) est surnommé « merlin »<ref group="WaD" name="Walter99-12"/> : de nombreux écrivains de fiction n'ont pas manqué de souligner cette analogie<ref group="K">Modèle:P.</ref>. En langue française, une association logique est de lier Merlin au merle<ref group="WaD" name="Walter99-12">Modèle:P.</ref>. Ainsi, le folkloriste Jean Markale considère que le nom de Merlin est d'origine française, et signifie « petit merle », allusion au caractère persifleur et provocateur qu'on lui prête dans les récits du Moyen Âge<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.
Cette théorie n'est pas universellement retenue, et présente le désavantage de ne s'appliquer qu'au français médiéval. Elle explique cependant l'existence de l'« esplumoir Merlin » comme une sorte de nid où Merlin se métamorphose, en abandonnant son apparence d'oiseau<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} W. A. Nitze, « The esplumoir Merlin » dans Speculum Modèle:N°, 1949, Modèle:P.</ref>. Dans l'imaginaire celtique, le merle est un oiseau de l'Autre Monde, en raison notamment de son chant mélodieux qui rappelle celui des bardes et transporte celui qui écoute. En ce sens, la mythologie du merle est proche du personnage de Merlin<ref group="WaD" name="Walter99-13">Modèle:P.</ref>.
Le merle blanc est aussi le titre d'un conte populaire français (conte-type 550) dans lequel l'oiseau est l'équivalent d'un enchanteur, capable de rajeunir autrui à volonté, objet d'une quête confiée par un roi vieillissant. Par son pouvoir sur l'écoulement du temps et sa capacité à restaurer le pouvoir de la royauté, cet oiseau magique rappelle Merlin<ref group="WaD" name="Walter99-14">Modèle:P.</ref>. Sa blancheur est une marque de sa nature féerique, un motif fréquent dans l'univers celtique. Les analogies entre Merlin et le merle s'apparentent davantage à un rapprochement postérieur qu'à une véritable étymologie, puisque le nom français de Merlin est plus tardif que les autres formes<ref group="WaD" name="Walter99-15">Modèle:P.</ref>.
Martin
Le gallois Modèle:Langue est donné pour l'équivalent du français Martin, anthroponyme latin. La forme bretonne Marzhin « Martin » rappelle aussi les Marses, dont le nom est venu à désigner les sorciers et charmeurs de serpents, c'est une forme bretonne dans laquelle [t] / [d] a régulièrement donné [z] cf. vieux breton ard, arth « ours » > breton arz<ref name="Delamarre">Xavier Delamarre (préface Pierre-Yves Lambert), Dictionnaire de la langue gauloise : une approche linguistique du vieux-celtique continental, éditions Errance, 2003, p. 56.</ref>. Ce rapprochement est en lien avec saint Martin<ref>Modèle:Harvsp, cité par Modèle:Harvsp</ref>, qui dispose de pouvoirs comparables à ceux de Merlin (bien que les siens proviennent de Dieu, et non de forces panthéistes)<ref group="WaD" name="Walter99-16">Modèle:P.</ref>. Le personnage de Merlin l'a vraisemblablement inspiré<ref>Modèle:Harvsp</ref>.
Description
Le Merlin connu actuellement à travers les contes et les dessins animés, enchanteur, prophète, homme des bois, maître des animaux et des métamorphoses, sage et magicien proche de la nature, a connu une longue évolution. Merlin n'est pas une création des auteurs du cycle arthurien, son origine est bien plus ancienne. Il est en quelque sorte redécouvert, christianisé et réinventé par différents auteurs pour y figurer<ref group="WaD" name="Walter99-5"/>. À l'origine, les textes gallois le voient comme un barde<ref name="Vadé38" group="Va">Modèle:P.</ref>. « Personnage capital du Moyen Âge »<ref group="WaD" name="Walter99-5">Modèle:P.</ref>, Merlin devient un véritable mythe littéraire grâce à sa popularité<ref group="S" name="SavoirIntro">Modèle:P.</ref>.
Origines
Bien avant d'être un personnage littéraire, Merlin appartient à une tradition orale<ref group="S" name="SavoirIntro"/> galloise : selon les poèmes locaux, il se nomme Myrddin et vit en Cumbria<ref name="Knight-1" group="K">Modèle:P.</ref>. Un débat ancien oppose les partisans d'une origine historique à ceux d'une origine mythologique<ref group="WaD" name="Walter99-8"/>. Il est peu vraisemblable qu'il soit une création littéraire du Moyen Âge<ref group="WaD" name="Walter99-10">Modèle:P.</ref>. Pour Claude Lecouteux, il provient « de la littérarisation et de la christianisation d’un individu venu d’ailleurs, d’un lointain autrefois que même les auteurs du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle ne comprenaient sans doute plus »<ref>Claude Lecouteux, « Merlin : éléments d’étude stratigraphique » dans Iris Modèle:N°, 2001, Modèle:P.</ref>. Par ses pouvoirs, Merlin s'apparente davantage à une créature de légende qu'à un être humain<ref group="WaD" name="Walter99-8">Modèle:P.</ref>. La théorie la plus probable, soutenue par Philippe Walter ([[Docteur honoris causa|Modèle:Dr h. c.]]) et différents universitaires, serait qu'il soit né d'une fusion entre un personnage légendaire celte et un personnage historique, un chef de clan supposé et nommé Myrddin, confondu avec l'Ambrosius dont parle saint Gildas<ref>Saint Gildas (trad. C. Kerboul-Vilhon) De excidio britannia - Décadence de la Bretagne, cité par Modèle:Harvsp</ref>.
Druide
Les récits légendaires autour de Merlin prennent certainement leurs sources dans un fonds celtique ou pré-celtique antérieur aux influences chrétiennes<ref group="WaD" name="Walter99-5"/>,<ref group="WaD" name="Walter99-6">Modèle:P.</ref>. Quelques croyances « folkloriques et édulcorées » autour des rituels druidiques ont pu survivre par l'oralité jusqu'au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, quand les clercs couchent cette matière orale à l'écrit<ref group="WaD" name="Walter99-42">Modèle:P.</ref>. Le Merlin primitif commet les « trois péchés du Druide »<ref group="LRGu">Modèle:P.</ref> et se retrouve déchu de ses anciennes fonctions, sous l'influence du christianisme qui diabolise la « magie druidique ». Myrddin Wyllt, Lailoken et Suibhne se convertissent tous trois à la foi chrétienne à la fin de leurs récits respectifs<ref group="WaD" name="Walter99-47">Modèle:P.</ref>. Philippe Walter voit dans la légende celtique originelle de Merlin celle d'un druide divin lié à des rituels saisonniers calendaires, d'où son image d'homme des bois, d'astrologue, de devin et de magicien<ref group="WaD">Modèle:P.</ref>. Merlin pourrait être un ancien druide divin ou un dieu-druide<ref>Expression empruntée à Françoise Le Roux par Philippe Walter dans Modèle:Harvsp</ref>, mais l'absence de sources d'époque rend impossible tout lien certain vers un fonds mythologique exclusivement celte<ref group="WaD" name="Walter99-10"/>. L'existence d'un mythe fondateur autour de Merlin dans la mythologie celtique semble peu probable. Cette théorie ne peut toutefois pas être totalement écartée, les premiers auteurs des écrits mentionnant Merlin s'appuyant sur le folklore populaire oral de leur époque<ref group="WaD" name="Walter99-9"/>. Lors de sa christianisation, il perd certaines de ses anciennes caractéristiques comme sa maîtrise du temps, un attribut divin<ref group="WaD" name="Walter99-48"/>.
Fonds chamanique, divinité de la nature
Les pratiques chamaniques montrent beaucoup de points communs avec les pouvoirs attribués à Merlin, laissant à penser qu'il trouverait son origine dans un chamanisme eurasiatique primitif : ensauvagement, prophétisme et transformation en oiseau<ref group="S" name="Walter00-80">Modèle:P.</ref>,<ref name="Vadé132" group="Va">Modèle:P.</ref>. A. Mac-Culloch trouve des analogies entre le chamanisme pratiqué dans l'Altaï et les pratiques des Celtes<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} A. Mac-Culloch, Celtic mythology. The mythology of all races, Boston, 1918, t.3, Modèle:P.</ref>, mais le celtisant Christian-Joseph Guyonvarc'h réfute l'idée d'un « chamanisme celtique »<ref>Christian-J. Guyonvarc'h, « L'erreur du chamanisme celtique » dans Magie, médecine et divination chez les Celtes, Payot, 13 septembre 2007, Modèle:ISBN, Modèle:P.</ref>. Il est tout aussi délicat de lier Merlin à un personnage pré-indo-européen, il ne représente clairement aucune des trois grandes fonctions des Indo-européens (guerre, fécondité et sacerdoce). Il a pu évoluer de roi guerrier vers une fonction plus spirituelle<ref group="WaD" name="Walter99-11">Modèle:P.</ref>, ce qui l’assimilerait aux dieux « protéens » des Celtes et des Indo-européens, dont parle Claude Sterckx<ref group="St">Étude citée par Modèle:Harvsp</ref>.
Nikolaï Tolstoï et Jean Markale ont suggéré qu'il était un avatar de Cernunnos, divinité celte de la nature<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Nikolaï Tolstoï, The Quest for Merlin, Londres, Hamish Hamilton Press, 1985 et Modèle:Harvsp, cités par Modèle:Harvsp</ref>. Il rappelle la tradition des divinités et créatures païennes de la nature et des forêts, comme le Sylvain, Sylvanus, le Faune et l'Homme sauvage<ref group="WaD" name="Walter99-10"/>,<ref group="Va">Modèle:P.</ref>. Cette filiation est d'autant plus probable que Merlin raconte lui-même la légende de Faunus et de Diane dans le cycle Post-Vulgate<ref group="Va">Modèle:P.</ref>. Le Sylvain peut se présenter comme un vieillard et posséder la force d'un jeune homme, comme Merlin<ref group="S" name="Walter00-80"/>.
Personnage historique
Dès 1868, Henri d'Arbois de Jubainville se pose la question de l'historicité de Merlin, et en conclut que sa légende a été fabriquée de toutes pièces pour expliquer le nom de Carmarthen (en gallois Caerfyrddin)<ref>Modèle:Harvsp, cité par Modèle:Harvsp</ref>. Par la suite, certains chercheurs comme J. Douglas Bruce soutiennent que Merlin est une invention littéraire de clercs inspirés par les légendes celtiques<ref group="Z">{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} The Evolution of Arthurian Romance from the Beginnings Down to the Year 1300, 1958, cité Modèle:P.</ref>.
L'existence d'un ou de plusieurs « Merlins historiques » est toutefois défendue par de nombreuses personnes, dont la professeure émérite Modèle:Dr Norma Lorre Goodrich<ref>Modèle:Harvsp</ref> et le doctorant québécois Guy D'Amours<ref>Modèle:Lien web</ref>. Selon eux, ce Merlin historique a inspiré différents auteurs depuis le Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, à travers des manuscrits disparus désormais. Deux personnages historiques gallois seraient à l'origine du Merlin littéraire : un chef de clan nommé Ambrosius Aurelianus (cité dans le sermon de saint Gildas pour ses prophéties et sa bravoure au combat) et le barde gallois Myrddin Wyllt<ref name="A-Pré" group="R"/>. Pour Philippe Walter, même si Myrddin est présenté comme un personnage historique dans certaines sources d'époque, cela ne signifie pas qu'il ait réellement existé. Les chroniqueurs médiévaux utilisent beaucoup d'éléments légendaires dans leurs écrits<ref group="WaD" name="Walter99-9">Modèle:P.</ref>.
Norma Lorre Goodrich et l'occultiste Laurence Gardner défendent une théorie qui rejoint une certaine historicité. Pour Goodrich, « Merlin » est un titre porté originellement par l'évêque qui a couronné le roi Arthur historique<ref name="mammoth"/>. Pour Gardner, Myrddin était à l'origine le titre du devin du roi (« Seer to the king »), Taliesin étant le premier d'entre eux. Certaines personnes portant ces titres auraient inspiré la légende de Merlin<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Nadine Wolf, The Arthurian Legends and Their Legacy, GRIN Verlag, 2007, Modèle:ISBN, Modèle:P.</ref>.
Filiation et naissance
Modèle:Article connexe La naissance de Merlin n'est détaillée que par les auteurs chrétiens de la légende arthurienne. L’Historia Brittonum mentionne simplement qu'il est un « enfant sans père »<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Le nom de sa mère n'est généralement pas précisé, mais elle s'appellerait Adhan selon une vieille version des Prose Brut chronicles<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Bulletin bibliographique de la Société internationale arthurienne, vol. LIX, 2007, Modèle:P., objet 302</ref>. L'identité de son père incube est assez floue. Philippe Walter postule qu'il était peut-être à l'origine un démon maritime ou un « vieux de la mer » (d'où l'étymologie de Mori:jn, « né de la mer », pour le nom de Myrddin<ref group="WaD" name="Walter99-27">Modèle:P.</ref>), voire un esprit du souffle ou du vent avant de devenir un incube dans la transposition chrétienne et courtoise de la légende<ref group="S">Modèle:P.</ref>. Une stance des prophéties galloises le qualifie de Modèle:Langue, soit « Merlin fils de Morfryn », sans autre indication<ref group="Go">Modèle:P.</ref>.
Dans son Historia regum Britanniae, Geoffroy de Monmouth écrit un commentaire dans lequel il suggère que Merlin est peut-être le fils d'un incube surnaturel, « de la nature des hommes et de celle des anges », qui aurait pris forme humaine pour approcher une femme vierge<ref>Historia regum Britanniae, chap. 106-111, cité par Modèle:Harvsp</ref>. Sans doute inspiré par ce commentaire, le trouvère normand Robert de Boron fait de Merlin un cambion, né d'une mère humaine et d'un père démoniaque dont il a hérité ses pouvoirs<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.
Le démon qui engendre Merlin est nommé Aquipedes (ou Modèle:Langue, Modèle:Langue, Modèle:Langue), soit « aux pieds de cheval », par référence au cauchemar, dans les œuvres attribuées à Robert de Boron<ref group="S" name="Walter00-115">Modèle:P.</ref> :
Suite de Merlin, att. à Robert de Boron | Traduction de Henri de Briel<ref>Modèle:Ouvrage</ref> |
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Modèle:Langue | Sache que je [Merlin] suis le fils d'un démon qui a possédé ma mère par ruse. Les démons qui peuvent engendrer s'appellent Ekupedes et vivent dans les airs. |
Sœur d'une prostituée, la mère de Merlin sait courir un grand danger et demande conseil à son confesseur Blaise, qui lui dit de ne jamais se mettre en colère et de garder une bougie allumée en permanence dans sa chambre, pour en éloigner le Diable. Mais un jour, elle se fâche contre sa sœur, se couche habillée et oublie la bougie. Le démon en profite pour concevoir Merlin qui est destiné, par sa naissance, à être un antéchrist<ref group="S" name="Walter00-53">Modèle:P.</ref>,<ref group="Bo">Modèle:P.</ref>. La mère se repent<ref group="Bo">Modèle:P.</ref>. Merlin naît couvert de poils comme un animal, signe de sa filiation diabolique ou d'un rapport avec l'ours<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Son père maléfique lui donne la capacité de voir le passé, sa mère touchée par la grâce de Dieu celle de voir l'avenir<ref group="S" name="SavoirIntro"/>.
Dans le Lancelot-Graal, le diable se présente à une femme vierge et fort pieuse sous l'apparence d'un bel homme étranger. La naissance de Merlin est très différente dans le cycle Post-Vulgate, où un homme sauvage viole une femme endormie dans la forêt. Les écrivains modernes, comme Stephen R. Lawhead (1950-), auteur du Cycle de Pendragon, laissent eux aussi courir leur imagination sur la naissance de Merlin. Ce dernier le lie à la légende de l'Atlantide. Charis, fille du roi Avallach d'Atlantide, sa mère, en serait native. Son père Taliesin est un Breton, fils d'Elffin, le roi de Caer Dyvi<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Michel Rio fait de Merlin le fruit d'un viol incestueux entre son grand-père (surnommé « le Diable ») et sa mère dans sa trilogie Merlin, le faiseur de rois<ref>Modèle:Article</ref>.
Dans tous les textes médiévaux, Merlin naît porteur d'une grande sagesse et montre une exceptionnelle précocité intellectuelle<ref>Modèle:Harvsp</ref>, comme en témoigne l'épisode où, enfant, il défie les mages de Vortigern qui souhaitent le sacrifier<ref name="Walter96-124">Modèle:Harvsp</ref>. Dès sa naissance, il est capable de parler et de prophétiser<ref group="Bo">Modèle:P.</ref>. Les auteurs de l'époque romantique, entre autres Edgar Quinet, ne manquent pas de souligner ce savoir exceptionnel et inné :
Capacités
L'une des caractéristiques les plus évidentes chez Merlin, comme l'évoque bien son surnom d'« Enchanteur », est sa capacité à pratiquer la magie, à prophétiser, se métamorphoser et transformer l'apparence d'autrui. Il est aussi un bâtisseur fabuleux<ref group="S" name="SavoirIntro"/> grâce à sa connaissance des secrets des pierres, doté d'une science et d'un savoir sans limites<ref name="Zum33" group="Z">Modèle:P.</ref>. Insoumis aux lois du temps, Merlin peut se présenter alternativement comme un enfant ou un vieillard. Ses traits de personnalité rappellent autant l'enfant « par son goût du jeu, du déguisement et du canular », que le vieillard par « son détachement, sa sagesse et son expérience »<ref name="Walter96-124"/>. Pour prédire les événements, Merlin voyage à volonté dans le passé ou le futur<ref group="WaD" name="Walter99-48"/>,<ref group="Note">Il rappelle les enfants de Cronos, qui parlent aux animaux et possèdent une sagesse supérieure tout comme lui, voir Modèle:Harvsp</ref>. Par son talent, il est aussi un maître ou une divinité de la parole qui représente la « véritable essence de son être »<ref group="S" name="Walter00-169">Modèle:P.</ref>,<ref group="WaD" name="Walter99-34">Modèle:P.</ref>. Comme dans la tradition druidique où elle est langue sacrée des dieux, magie, prophéties et poésie découlent de ses paroles<ref group="S" name="Walter00-170">Modèle:P.</ref>. Bien qu'il possède d'immenses pouvoirs et sache tout du passé comme de l'avenir, Merlin est rempli de contradictions. Dans les romans français, il est trahi par ses élèves en magie, Viviane et Morgane. Dans les récits britanniques, il connaît des périodes de folie et d'immense tristesse dans la forêt<ref name="A-Pré" group="R"/>.
Robert de Boron insiste sur sa position « au cœur de la lutte entre le bien et le mal », par sa naissance (il est le fils du Diable) et la rédemption de sa mère. Merlin utilise ses pouvoirs pour servir les desseins divins (aider à l'avènement d'Arthur, la création de la Table ronde et la quête du Graal, notamment par Perceval) ou des objectifs plus troubles<ref name="A-Pré" group="R"/>,<ref group="Z">Modèle:P.</ref>. Au service des rois, il lutte contre les envahisseurs de la Bretagne mais son apparence effrayante et ses métamorphoses suscitent peur et méfiance<ref name="A-Pré" group="R"/>.
Métamorphoses
Merlin peut revêtir beaucoup de formes : enfant, vieillard, bûcheron, homme sauvage, génie sylvestre<ref name="A-Pré" group="R">Chap. « Présentation »</ref>… Dans le Roman de Merlin<ref group="Note">Manuscrit de Huth.</ref>, il apparaît au roi Arthur sous la forme d'un enfant de quatre ans pour lui reprocher d'avoir péché en s'accouplant avec sa sœur Morgane, puis sous celle d'un vieillard où il annonce qu'un chevalier à naître (Mordred) causera la perte du royaume<ref>Modèle:Harvsp</ref>.
Merlin peut aussi se changer en animaux. Les pouvoirs du Suibhne irlandais s'apparentent à ceux d'un chaman tels que les décrit Mircea Eliade, par sa capacité à voler et à se métamorphoser, notamment en oiseau<ref group="WaD" name="Walter99-15"/>,<ref group="Note">Chez les chamanes, la transformation en oiseau permet d'acquérir le pouvoir des esprits et d'accompagner les âmes des morts vers l'Autre Monde, voir Modèle:Harvsp citant Mircea Eliade.</ref>. Une autre métamorphose habituelle chez Merlin est celle du cerf, notamment dans les romans en prose<ref group="S" name="Walter00-182">Modèle:P.</ref> :
Lancelot-Graal, manuscrit BnF fr. 91, pl. 1229. | Traduction<ref name="Cerf"/> | ||
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Lors jeta son enchantement et se mua en merveillouse figure. Car il devint uns cers li plus grans et li plus merveillous que nus eüst onques veü, et il ot un des piés devant blanc et .V. branches en son chief, les greignoures c’onques fuissent veües sur cerf. |
Il jeta alors son enchantement et prit un aspect merveilleux. En effet, il se transforma en un cerf, le plus grand et le plus extraordinaire qu'on ait jamais vu : l'une de ses pattes avant était blanche et il portait des bois à cinq branches, les plus imposants qu'un cerf ait jamais portés. |
Sous sa forme animale, Merlin conserve ses pouvoirs et la capacité de parler<ref name="Cerf"/>. Il est également capable de transformer l'apparence d'autrui, Uther Pendragon prenant l'aspect de Gorlois afin de concevoir Arthur sous l'effet de son sortilège<ref name="Knight53" group="K">Modèle:P.</ref>.
Bâtisseur
Ses talents de bâtisseur sont réputés et grâce à sa maîtrise de la pierre, Merlin peut construire des mégalithes. L'un de ses hauts faits serait d'avoir construit Stonehenge<ref group="Note">Cette légende, racontée par Geoffroy de Monmouth, est la plus ancienne connue revendiquant la construction de Stonehenge</ref>. Gerbert de Montreuil, continuateur de Chrétien de Troyes, raconte aussi qu'il érige un pilier magique enchanté sur le Mont Douloureux, sous le règne d'Uther Pendragon. La présence de ce pilier rend fous les mauvais chevaliers<ref group="S">Modèle:P.</ref>. Ce talent de bâtisseur s'associe avec sa connaissance des choses cachées, notamment dans le fameux épisode de la tour du roi Vortigern / Vertigier :
Personnalité
Quête du savoir, astrologie et prophéties
Merlin détient un savoir inaccessible au commun des mortels, notamment en astronomie<ref group="WaD" name="Walter99-36"/>. Ses connaissances sont acquises en marge de la société, par l'observation<ref name="Walter99-37" group="WaD">Modèle:P.</ref>,<ref group="BaA">Modèle:P.</ref>. Il pratique également l'astrologie. Dans la Vita Merlini, il apprend le remariage de sa femme et l'existence de son amant par les astres<ref name="Walter99-37" group="WaD"/>. La discussion entre Merlin et Taliesin s'y apparente à une conférence théologique et druidique<ref name="Walter99-41" group="WaD"/> entre savants : avec Maeldin, ils forment par ailleurs une triade druidique<ref group="WaD" name="Walter99-42"/>. Philippe Walter suppose que Merlin acquiert ses connaissances dans un observatoire en pierres, semblable à certains monuments mégalithiques comme Stonehenge<ref name="Walter99-37" group="WaD"/>. Ces particularités le rapprochent nettement des druides de l'Antiquité, qui discutent de la nature du monde et des astres puis transmettent leurs observations aux jeunes, selon Jules César<ref name="Walter99-41" group="WaD"/>.
Merlin est prophète grâce à son savoir, et si la plupart de ses révélations concernent des événements tragiques, il prédit aussi des règnes à venir, notamment celui d'Uther Pendragon<ref group="BaA">Modèle:P.</ref>. En ce sens, il est un astrologue au service exclusif des rois de Bretagne<ref group="BaA">Modèle:P.</ref>. Cet aspect est absent des romans français, qui le présentent comme un « enchanteur » sans préciser la nature de son savoir. L'astrologie étant une pratique condamnée par l'Église, Robert de Boron et ses continuateurs taisent cet aspect. Parmi les auteurs modernes, seule Marion Zimmer Bradley, dans Les Dames du Lac, attribue à Merlin un rôle d'astrologue<ref group="BaA">Modèle:P.</ref>.
Folie et rire
Modèle:Encadré Les sources médiévales présentent souvent Merlin comme un « fou »<ref group="S" name="Walter00-172"/>. Cette folie suit une défaite guerrière dans la Vita Merlini et la Vie de Saint Kentigern (Lailoken devient fou après une vision, et se cache en forêt). Dans La Folie de Suibhne, l'état est consécutif à la bataille de Magh Rath. Merlin est toujours transformé physiquement et mentalement pendant ses périodes de folie<ref name="Walter99-20" group="WaD"/>. Philippe Walter l'analyse comme une rage ou mélancolie « canine » provoquée par un déterminisme astral, une conjonction de planètes ou l'influence lunaire<ref name="Walter99-22" group="WaD"/>, résultat d'une possession<ref group="S" name="Walter00-172">Modèle:P.</ref>. Merlin devient un sauvage, un homme-bête dont le comportement s'approche de celui des divinités sylvestres et des lycanthropes<ref group="WaD" name="Walter99-23">Modèle:P.</ref>. Cette folie ne se déclencherait qu'à une date précise du calendrier celtique<ref name="Walter99-22" group="WaD">Modèle:P.</ref>. Dans la Vita Merlini, ce serait aux trois jours des Rogations de mai, pendant la lune rousse. Dans la Vie de Saint Kentigern, c'est à l'arrivée de la saison claire pendant la fête de Carnaval<ref name="Walter99-23" group="WaD"/>. Sa folie mélancolique s'apparente bien plus au délire scientifique et à un état second permettant de révéler des vérités qu'à une pathologie mentale<ref name="Walter99-44" group="WaD">Modèle:P.</ref>.
Guy D'Amours voit dans la folie de Merlin une expression d'éveil spirituel, en se basant sur la psychologie analytique de Carl Gustav Jung<ref name="Folied'Amours">Modèle:Lien web</ref>. Dans la plupart des textes médiévaux (et certaines adaptations modernes<ref group="Note">C'est le cas dans le Cycle de Pendragon.</ref>), ces périodes de folie aboutissent à une conversion au christianisme, par probable analogie avec la passion du Christ<ref group="S" name="Walter00-27"/>. René Barjavel traite longuement de la folie dans son roman L'Enchanteur (1984), à travers un combat dans l'esprit même de Merlin. Il en guérit en faisant corps avec la forêt, pour se fondre en elle<ref group="Ba">Modèle:P.</ref>. L'association avec la forêt, lieu où Merlin vit ses périodes de folie, est elle aussi une constante dans les textes de toutes les époques<ref name="Folied'Amours"/>.
Robert de Boron n'accorde pas une grande place à la folie de Merlin, mais chez lui, le rire affiche l'altérité de son esprit<ref>Danielle Quéruel, Christine Ferlampin-Acher et Catherine Blons-Pierre, Merlin : roman du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, Robert de Boron, CAPES/Agrégation : Lettres, Ellipses Marketing, 2000, Modèle:ISBN, Modèle:P.</ref>. Merlin est fréquemment hilare, ce rire peut être l'expression de sa folie<ref group="S" name="Walter00-172"/> mais serait plutôt à rapprocher de celui de l'Homme sauvage. Avec sa connaissance du temps et de l'Autre Monde, Merlin (comme Démocrite) rit de l'inconséquence des hommes avant de prophétiser des tragédies. Il a l'intuition de toutes les vérités et des événements à venir, il peut parcourir le temps à l'envers. Son rire de devin renvoie à sa très haute sagesse et sa connaissance sans limites<ref name="Walter00-156" group="S">Modèle:P.</ref>, suivant une longue tradition d'hommes sauvages et de devins rieurs<ref name="Walter99-33" group="WaD">Modèle:P.</ref>. C'est « le signe d'une connaissance surnaturelle qui permet à Merlin de percevoir les choses cachées »<ref>Gabriela Tanase, Jeux de masques, jeux de ruses dans la littérature française médiévale ({{#switch: -
| e | er | = Modèle:S mini-{{#ifeq: XV|-| – | XV }}Modèle:S mini- siècle
| Modèle:S mini-{{#ifeq: -|-| – | - }}Modèle:S mini- siècle
}}s), vol. 101 de Nouvelle bibliothèque du Moyen Âge, Honoré Champion, 2010, Modèle:ISBN, Modèle:P.</ref>, notamment les trésors souterrains<ref name="Walter99-38" group="WaD">Modèle:P.</ref>. Dans la Vita Merlini, il rit d'un mendiant assis devant une porte parce qu'il devine qu'un trésor est enterré en dessous, puis d'un passant achetant des chaussures et de quoi réparer ses semelles alors qu'il sait que le malheureux va se noyer<ref group="BaR">Modèle:P.</ref>.
Rapport au monde
Modèle:Article connexe Merlin entretient des rapports étroits avec les forces de la nature, notamment la forêt, le pommier et le dragon. Sa sagesse provient de son contact avec la nature<ref group="BaA">Modèle:P.</ref>. C'est aussi un personnage nettement marginalisé. Anne Berthelot le voit comme le reflet d'une humanité déformée, à la limite de la bestialité en raison de son rapport avec les mascarades<ref name="Knight53" group="K"/>. Stephen Thomas Knight suppose que cette marginalisation résulte de l'immensité de son savoir<ref name="Knight53" group="K"/>. La sauvagerie de Merlin en fait « l'homme des bois le plus célèbre du Moyen Âge »<ref name="Walter99-24" group="WaD"/>. L'ensemble des forces sylvestres, aussi bien la forêt elle-même que les animaux qui la peuplent, est entièrement acquis à sa cause<ref name="Walter99-31" group="WaD"/>. La frontière entre Merlin et le monde sylvestre est elle-même floue<ref name="Walter99-31" group="WaD"/>. Il est sensible au rythme des saisons avec ses périodes de déclin (folie) et de renouveau<ref name="Walter99-31" group="WaD"/>. Il est capable de prendre l'apparence d'animaux et se compare lui-même à certains arbres<ref name="Walter99-31" group="WaD">Modèle:P.</ref> : c'est le maître du temps et l'esprit du végétal<ref name="Walter99-32" group="WaD">Modèle:P.</ref>. Le saint chrétien ermite Antoine le Grand est assez proche de lui : victime de possessions démoniaques, associé au sanglier, fuyant les hommes pour se rapprocher du divin<ref group="S" name="Walter00-27">Modèle:P.</ref>.
Les arbres et la forêt
La forêt forme l'environnement naturel et favori de Merlin<ref name="Walter99-24" group="WaD">Modèle:P.</ref>. Les romans français évoquent ses disparitions de la cour d'Arthur pour s'y réfugier, en compagnie de son confident Blaise en Northumberland. Si la forêt de Merlin est située au Nord de la Britannia dans les plus anciens textes, elle est décrite comme étant la forêt de Brocéliande au fil du temps<ref name="Knight75" group="K">Modèle:P.</ref>. Dans les sources plus anciennes, comme la Vita Merlini, son rapport avec la forêt est différent puisqu'il se réfugie en Calédonie par réaction à une malédiction<ref name="Walter99-24" group="WaD"/>. Ce lien le rapproche des divinités celtiques<ref name="Walter99-24" group="WaD"/> dont la forêt est le domaine habituel<ref group="LRGu">Modèle:P.</ref>, et des personnages d'inspiration chamanique, comme l'esprit des forêts toungouses<ref name="Walter99-24" group="WaD"/> décrit par Uno Harva, qui monte les bêtes sylvestres et se métamorphose lui-même<ref>Uno Harva, Les Représentations religieuses des peuples altaïques, Paris, Gallimard, 1959, Modèle:P.</ref>. Le mythe de l'homme sauvage compte les faunes romains et inclut la légende de Merlin<ref group="WaD" name="Walter99-27"/>. Dans la mythologie celtique, la forêt est un passage vers l'Autre Monde, un monde habité par les forces divines<ref name="Walter99-28" group="WaD"/>. Pour Merlin, elle est aussi un lieu de science où la présence de la nature préserve les forces magiques : selon la Vita Merlini, c'est dans la forêt que Merlin choisit d'établir sa demeure à soixante-dix portes et soixante-dix fenêtres, où il étudie l'astronomie et l'astrologie<ref name="Walter99-3637" group="WaD">Modèle:P.</ref>.
Le pommier est l'arbre favori de Merlin<ref name="Walter99-28" group="WaD"/>. Il en pousse abondamment sur l'île d'Avalon<ref>M.-Th. Chotzen, « Emain Ablach, Ynis Awallach, Insula Avallonis, Isle d'Avallon » dans Études celtiques, Modèle:N°, 1948, Modèle:P.</ref>. Cet arbre symbolise la connaissance, l'initiation et l'immortalité<ref name="Walter99-29" group="WaD">Modèle:P.</ref>. Le poème « Les pommiers de Merlin », dans le Livre noir de Carmarthen (v. 1250)<ref>C. Lord-Morgan, « Chêne, pommier, noisetier : trois aspects de l'arbre dans la tradition galloise » dans PRIS-MA, Modèle:N°, 1889, Modèle:P.</ref> en montre l'importance, tout comme le début de la Vita Merlini<ref>Trad. de L. Fleuriot dans Récit et poèmes celtiques. Domaine brittonique {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | VIe{{#if:| }} }}-Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, Paris, Stock, 1981, Modèle:P.</ref> où il se réfugie dans un pommier qui le rend invisible, pour échapper aux troupes ennemies de son seigneur Gwenddolau<ref name="Walter99-29" group="WaD"/>. Philippe Walter pense que le pommier, arbre magique auquel Merlin peut s'adresser dans ses périodes de folie, est aussi son arbre protecteur et providentiel, un dispensateur du savoir sacré lié à la divination et à la parole<ref name="Walter99-30" group="WaD">Modèle:P.</ref>. Les arbres sont, de manière générale, des dispensateurs de pouvoirs divinatoires et de science pour tous les druides<ref group="WaD">Modèle:P.</ref>,<ref group="LRGu">Modèle:P.</ref>. Merlin se compare occasionnellement à un « chêne pourrissant »<ref group="Note">Voir sur ce thème l'œuvre de Guillaume Apollinaire, L'Enchanteur pourrissant.</ref>, arbre des druides, dans la Vita Merlini<ref name="Walter99-31" group="WaD"/>.
Les animaux et le dragon
Merlin entretient un rapport privilégié avec les animaux forestiers, notamment le cerf qu'il chevauche (selon Geoffroy de Monmouth), un animal omniprésent dans les cultes celtiques et préceltiques<ref group="WaD">Modèle:P.</ref>. Le loup gris (Canis lupus) l'accompagne durant l'hiver<ref name="Walter99-24" group="WaD"/> (le nom de son maître, Blaise, est en rapport étroit avec celui du loup, Modèle:Langue en vieux breton<ref name="Walter99-25" group="WaD"/>), le sanglier<ref group="S" name="Walter00-27"/> et/ou le porc (ses disciples sont surnommés « petits cochons » dans les poèmes gallois<ref>Modèle:Harvsp</ref>), et enfin l'ours (il naît poilu comme un ours<ref name="Walter99-37" group="WaD"/>) font également partie de ses compagnons. Il comprend les animaux et se fait comprendre d'eux<ref group="WaD" name="Walter99-25">Modèle:P.</ref>. Ces caractéristiques renvoient au chamanisme<ref name="Walter99-24" group="WaD"/>.
Son rapport avec le dragon est particulier. Au contraire des chevaliers de la Table ronde qui combattent les reptiles, Merlin n'est pas un sauroctone. Il apprivoise les dragons, prenant sur eux un ascendant de nature druidique et magique. Le roi Vortigern (Vertigier selon Robert de Boron) trouve un « enfant sans père », Merlin, qui lui apprend qu'un dragon rouge et un dragon blanc se battent sous les fondations de son château<ref group="Note">D'après Philippe Walter, le combat entre deux dragons lors des calendes de mai est un thème celtique récurrent, notamment dans Lludd a Llefelys. Il serait lié à trois jours de pénitence au mois de mai pour lutter contre les forces maléfiques. Voir N. Stalmans, « Les affrontements des calendes d'été dans les légendes celtiques », et Modèle:Harvsp</ref>). Dans le roman de Robert de Boron, il vient en aide à la famille Pendragon, notamment Uther à qui il permet de coucher avec la femme de ses rêves pour concevoir Arthur. Plus tard, Merlin interprète favorablement l'apparition d'un reptile dans le ciel pendant une bataille. Pour aider Arthur, il utilise une enseigne en forme de dragon vivant<ref group="S" name="Walter00-130">Modèle:P.</ref> qui « jette feu et flammes par la gueule »<ref group="S" name="Walter00-141">Modèle:P.</ref>. Le dragon revêt pour lui un côté protecteur et totémique<ref group="S" name="Walter00-142">Modèle:P.</ref>, Merlin est par ailleurs représenté sous forme de dragon lui-même dans une chronique de Jean de Würburg concernant Guillaume François d'Autriche<ref>Modèle:Harvsp</ref>.
Entourage
Merlin est entouré d'autres personnages littéraires provenant d'un fonds mythologique celtique ou de la légende arthurienne. Les plus connus sont le scribe Blaise, qui consigne son histoire, le roi Arthur qu'il veille et protège, et la fée Viviane qu'il aime. Morgane et Viviane sont ses élèves. Malgré tout son savoir, Merlin est piégé par les ruses de ces deux femmes<ref name="A-Pré" group="R"/>.
Taliesin
Modèle:Article connexe Le personnage mythique de Taliesin, dont l'histoire provient du même fonds de mythologie celtique brittonique que les plus anciens textes concernant Merlin, est très proche de lui. Sa naissance est chamanique, puisque son père Gwion Bach se change en grain de blé puis se fait avaler par la sorcière Ceridwen sous forme de poule. Neuf mois plus tard, le premier mai, elle donne naissance à Taliesin (qui peut être vu comme Gwion Bach lui-même) et l'abandonne sur un bateau<ref>P.-Y. Lambert, Les Quatre Branches du Mabinogi, Paris, Gallimard, 1993, Modèle:P..</ref>. Taliesin, comme Merlin, est en quelque sorte un enfant sans père<ref name="Walter00-39" group="S">Modèle:P.</ref>. Il est prédestiné, ses actions et les grandes dates de sa légende sont en relation étroite avec le calendrier celtique<ref name="Walter00-40" group="S">Modèle:P.</ref>. Les Triades galloises citent Merlin et Taliesin côte à côte. Ils sont peut-être issus d'un même druide divin celtique<ref name="Walter99-28" group="WaD">Modèle:P.</ref>.
Blaise
(Enluminure d’un manuscrit français du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle).
Maître Blaise est, dans les romans français (depuis Robert de Boron) le scribe et confident personnel de Merlin. Confesseur de la mère de Merlin, son rôle est par la suite d'écrire tout ce que lui raconte l'enchanteur, y compris ses prédictions<ref name="Walter99-25" group="WaD"/>. En cela, il répartit les rôles : Merlin est un conteur oral mais pas un écrivain, fonction entièrement dévolue à Blaise<ref group="S" name="Walter00-168">Modèle:P.</ref>. L'apparition de Blaise dans les récits renvoie concrètement à la création littéraire médiévale, l'écrivain n'étant le plus souvent que celui qui adapte un récit de tradition orale<ref group="S" name="Walter00-169" />.
Pour Philippe Walter, Blaise est à l'origine un homme-loup (d'où le rapprochement en vieux breton avec le nom de l'animal), dont la fonction est d'être le double de Merlin<ref name="Walter99-25" group="WaD"/>. Cette association expliquerait l'apparence animale de Merlin à la naissance et le nom de Lailoken, « le jumeau ». Elle ferait de Merlin et Blaise des jumeaux divins<ref group="WaD" name="Walter99-26">Modèle:P.</ref>,<ref group="S" name="Walter00-64">Modèle:P.</ref>.
Uther, Arthur et les chevaliers de la Table ronde
Modèle:Article connexe La plupart des ouvrages qui parlent de Merlin évoquent aussi Arthur et les chevaliers de la Table ronde. Ces textes datent pour la plupart du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle. Son rôle dans la légende arthurienne est d'aider à l'accomplissement du destin du royaume de Bretagne (ou royaume de Logres, la Loegrie)<ref group="Note">Le Français Robert de Boron parle du royaume de Bretagne, tandis que l'Anglais Geoffroy de Monmouth évoque plutôt le royaume de Logres.</ref>. Grâce à sa sagesse, il devient l'ami et le conseiller du roi Uther Pendragon. À la mort de celui-ci, il organise le défi de l'épée Excalibur qui permet à Arthur, fils illégitime d'Uther, de succéder à son père. Puis il incite Arthur à instituer la Table ronde afin que les chevaliers qui la constituent puissent se lancer dans des missions, notamment la fameuse quête du Graal. Malgré toutes ses connaissances, Merlin ne peut rien contre la destinée du royaume ni la fin tragique du roi Arthur<ref name="Trach82"/>.
Vie amoureuse
La vie amoureuse de Merlin est généralement marquée par son attirance pour de très belles jeunes femmes<ref name="A-Pré" group="R"/>. Dans la Vita Merlini, il a pour épouse Gwendoline (Guendoloena), mais nourrit une passion pour sa sœur Ganieda (Gwendydd). Il apprend l'infidélité de sa femme, enfourche un cerf, et se rend au palais en compagnie d'animaux forestiers. Celle-ci l'aperçoit depuis une fenêtre avec son amant, et éclate de rire. Merlin arrache les cornes de son cerf, et les jette à la tête de l'homme, qui périt sur le coup. D'après Claude Gaignebet, cette scène provient d'un ancien rite carnavalesque, dans lequel le cocufié est en relation avec le cerf<ref>Claude Gaignebet, Le Carnaval, Modèle:P., cité par Modèle:Harvsp</ref>.
Robert de Boron supprime de ses textes la relation incestueuse de Merlin et Ganieda pour la remplacer par la fée Viviane, tradition suivie par de nombreux continuateurs. Inspirée de Ganieda<ref group="WaD" name="Walter99-43">Modèle:P.</ref>, Viviane a pour avatars la Dame du Lac et l'enchanteresse Nimue. La séduction de Merlin est toujours racontée de la même façon par les auteurs médiévaux : la jeune femme séduit le sage Merlin qui succombe à ses charmes, et lui livre ses secrets de magicien qu'elle finit par retourner contre lui pour l'emprisonner<ref group="Z">Modèle:P.</ref>. Le couple est inspiré de celui de Diane et Faunus dans la mythologie romaine<ref group="S" name="Walter00-182"/>, d'où la crainte de Viviane de perdre sa virginité, en écho à la légende de Diane. Dans le Lancelot-Graal, Merlin apparaît comme un être lubrique et la sage Viviane (âgée de douze ans<ref name="Kobe12"/>) souhaite se protéger de ses ardeurs<ref group="S" name="Walter00-183">Modèle:P.</ref>. Une tradition récente du château de Comper, en Bretagne, veut que pour plaire à Viviane, Merlin lui ait érigé un château visible d'elle seule au fond des eaux du lac de Comper<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.
La fée Morgane n'a pas de relation amoureuse avec Merlin<ref group="Note">Sauf dans deux poèmes romantiques, dont La Tour d'ivoire de Victor de Laprade. Voir Modèle:Harvsp</ref>, mais apprend elle aussi ses secrets de magicien, et les emploie pour contrarier les desseins du roi Arthur et de Lancelot (dans les textes plus tardifs)<ref name="A-Pré" group="R"/>.
Disparition
La fin de Merlin est évoquée de différentes façons selon les auteurs. Il ne connaît généralement pas de mort véritable, mais il est « retiré du monde »<ref name="Kobe138">Modèle:Harvsp</ref> et repose « au cœur d'une inaccessible prison forestière, ni mort ni vivant »<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Dans les textes gallois, il reste pour toujours dans la forêt. Dans la Vita Merlini, il passe son temps à observer les astres depuis sa demeure aux soixante-dix fenêtres, avec sa sœur<ref group="BaA">Modèle:P.</ref>. Une autre version évoque une tour de cristal<ref name="Kobe138"/>. Il peut aussi faire retraite pour toujours avec son confesseur Blaise. Dans le Perceval en prose, Merlin se retire jusqu'à la fin du monde dans son esplumoir<ref name="Trach82"/>.
La version la plus connue est toutefois celle de « l'enserrement », à partir du Lancelot-Graal<ref name="Trach82">Richard Trachsler, Clôtures du cycle arthurien, étude et textes, Volume 215 de Publications romanes et françaises, Librairie Droz, 1996, Modèle:ISBN, Modèle:P.</ref>. La fée Viviane trahit Merlin, qui lui a raconté au préalable la légende de Diane emprisonnant Faunus, montrant ainsi sa connaissance de son propre destin. Or, il ne peut s'empêcher de révéler à Viviane la manière d'emprisonner un homme à jamais, sortilège qu'elle retourne contre lui. Merlin est enfermé pour l'éternité dans son esplumoir, dans une chambre ou une prison d'air (selon la plupart des romans français), sous un rocher (selon Le Morte d'Arthur de Thomas Malory), ou encore dans une grotte. Pour Francis Dubost, cet échec de Merlin est dû à son statut d'être fantastique, et donc d'« humain incomplet », qui ne peut réellement connaître l'amour<ref>Modèle:Harvsp</ref>. D'autres spécialistes supposent la jalousie de Viviane envers Morgane à qui Merlin enseigne aussi, ou bien le désir de la fée de protéger sa virginité<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Quoi qu'il en soit, la mort du roi Arthur est consécutive à l'impossibilité qu'a Merlin de veiller sur le destin du royaume<ref name="Trach82"/>.
Histoire littéraire
Les références à Merlin sont rattachées à la mythologie celtique galloise et à la littérature irlandaise autant qu'à celle de l'Angleterre et de la France du Moyen Âge, ce qui montre le peu de cloisonnement de la littérature médiévale<ref group="WaD" name="Walter99-5"/>,<ref group="WaD" name="Walter99-6"/>. À l'époque de la rédaction des plus anciens textes, l'Angleterre et une partie de la France sont réunies par le baronnage anglo-normand<ref name="Walter00-13" group="S">Modèle:P.</ref>. Il n'existe pas de récit fondateur, le personnage de Merlin étant le résultat d'une longue évolution littéraire. Chaque auteur s'appuie plus ou moins sur ses prédécesseurs<ref name="Walter00-15" group="S"/>. D'après Philippe Walter :
Pour autant, ces différents auteurs ne reprennent pas tous les éléments plus anciens concernant Merlin :
Merlin est réinterprété et réinventé par confrontation avec le christianisme<ref name="Walter99-7" group="WaD">Modèle:P.</ref>. Son obsession pour les prophéties et le messianisme témoigne de cette influence religieuse. Le Merlin littéraire mêle finalement l'origine celtique à la culture chrétienne<ref group="WaD" name="Walter99-10"/>. Il suscite la méfiance de l'Église, qui cherche à marginaliser ce « prophète païen ». Le Liber exemplorum (1275) présente un démon qui affirme « connaître parfaitement Merlin »<ref name="Walter00-28" group="S">Modèle:P.</ref>. D'autre part, il est écrit dans le Lancelot-Graal que Merlin n'a jamais été baptisé ni n'a rien fait de bon dans sa vie, sinon des œuvres démoniaques<ref name="Kobe13">Modèle:Harvsp</ref>.
Sa popularité se développe après 1066, l'installation des barons normands en Angleterre favorisant une culture commune et de nombreux échanges entre les îles Britanniques et l'actuel territoire français. Aliénor d'Aquitaine, férue de poésie et de roman, promeut la légende arthurienne qui rencontre un grand succès aux Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle et Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle<ref group="S" name="Walter00-13"/>. Merlin connaît alors une nette évolution. Suibhne, Myrrdin, Lailoken et le Merlinus de la Vita Merlini sont des rois divins et vaincus, exilés dans la forêt où ils se muent en devins et connaissent la folie. Ils constituent trois variations autour d'un même thème mythique<ref name="Walter99-46" group="WaD"/>. Originellement savant et devin, Merlin devient le conseiller du roi Arthur et l'amant malheureux de la fée Viviane dans les récits français<ref name="Walter99-46" group="WaD"/>.
Épisode de la légende de Merlin | Sources notables |
---|---|
Naissance, par une mère vierge et un démon | Robert de Boron, Merlin en vers et Merlin en prose<ref group="S" name="Walter00-52"/> |
Vortigern cherche un « enfant sans père » sur les conseils de ses savants, pour le sacrifier afin que son sang consolide la tour de son château | Historia Brittonum, Historia Regum Britanniae<ref name="MLA-HRB" group="R"/> |
Construction de Stonehenge | Historia Regum Britanniae<ref name="MLA-HRB" group="R"/> |
Blaise consigne l'histoire de Merlin | Merlin en prose, att. à Robert de Boron<ref name="Micha190"/> |
Folie à la suite de la bataille d'Arfderydd (v. 573) | Annales Cambriae<ref>Modèle:Harvsp</ref>, Livre noir de Carmarthen<ref name="Knight2" group="K"/> |
Uther Pendragon prend l'apparence du duc de Cornouailles grâce à un sortilège de Merlin, et conçoit Arthur avec Ygerne, dont il est amoureux. | Historia Regum Britanniae<ref name="MLA-HRB" group="R"/> |
Merlin se change en cerf au pied blanc pour rencontrer Jules César | Lancelot-Graal<ref name="LPaton"/> |
Merlin choisit les chevaliers de la Table ronde | Merlin en prose, att. à Robert de Boron<ref name="Goo292" group="Go"/> |
Arthur est prévenu de la naissance de Mordred et de la chute prochaine de son royaume | Post-Vulgate<ref name="K74" group="K"/> |
Merlin pousse les chevaliers de la Table ronde à partir en quête du Graal | Perceval en prose<ref name="Kobe12"/> |
Enserrement par la fée Viviane | Lancelot-Graal<ref name="Kobe12"/>, Le Morte d'Arthur<ref name="K93-94" group="K"/> |
Sources britanniques et irlandaises
Modèle:Article connexe Les plus anciennes références possibles à Merlin figurent dans De Excidio et Conquestu Britanniae, et sont attribuées à Gildas le Sage qui mentionne Ambrosius Aurelianus, chef romain combattant avec les Bretons contre les Pictes au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle. Bède le Vénérable reprend ce récit<ref name="Zum9-11" group="Z"/>. Bien que le nom de Merlin n'y apparaisse toujours pas, l'Historia Brittonum, composée jusqu'à la fin du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, forme le premier texte qui puisse véritablement lui être lié<ref name="Kobe11"/>. Il introduit l'usurpateur Vurtigern et un certain Arthur aux côtés d'Ambrosius<ref name="Zum9-11" group="Z">Modèle:P.</ref>, enfant sans père qui prédit la victoire des Bretons sur les Saxons après avoir révélé la présence d'un dragon rouge et d'un dragon blanc sous la tour du château de Vurtigern<ref>Historia Brittonum, chap. 42</ref>. Il y a probablement eu volonté de créer un seul personnage avec Ambrosius Aurelianus et un « enfant sans père » légendaire, rattaché au souvenir de Dinas Emrys<ref group="Z">Modèle:P.</ref>, voire à un chef de clan gallois nommé Myrrdin<ref group="Z">Modèle:P.</ref>. Différents auteurs attestent aussi d'une confusion entre Merlin Ambrosius et le Myrddin des légendes galloises. Giraud de Barri distingue ainsi Ambrosius, prophète de l'époque du roi Vortigern, du Merlin sauvage de la forêt calédonienne dans son Itinerarium Cambriae<ref name="Picard"/>.
Myrddin
Modèle:Article détaillé Myrddin Wyllt, tout comme Ambrosius, apparaît avant la période arthurienne. Les poèmes gallois<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} « The Welsh Myrddin Poems » dans R. S. Loomis ed., Arthurian Literature in the Middle Ages, Oxford, Clarendon Press, 1959, Modèle:P.</ref> parlant de lui, plus authentiques que les sources françaises<ref name="Walter00-15" group="S"/>, proviennent d'un fonds légendaire oral<ref group="WaD" name="Walter99-10"/>. Qu'il soit inspiré d'un personnage réel ou légendaire, Myrddin a acquis une certaine célébrité avant l'écriture de ces textes<ref name="Vadé38" group="Va"/>. Ce « Merlin primitif »<ref name="Walter00-15" group="S"/> est présenté sous un jour assez sombre<ref group="WaD" name="Walter99-5"/>. Myrddin est un fou vivant une existence misérable dans la forêt calédonienne, ruminant sur sa triste existence et la sanglante bataille qui l'a précipité si bas. Il acquiert le don de prophétie<ref name="Picard">Modèle:Article</ref>. Les allusions de ces poèmes parlent des événements de la bataille d'Arfderydd. Pour Philippe Walter, Myrddin est un roi à l'origine, dépossédé de sa souveraineté guerrière pour être cantonné à la seule souveraineté magique<ref name="Walter99-21" group="WaD">Modèle:P.</ref>.
Les Triades galloises citent Taliesin et Myrddin Wyllt parmi les bardes. Le Livre rouge de Hergest contient quelques poèmes de Merlin<ref group="Z">Modèle:P.</ref>. Les Annales Cambriae mentionnent : « Année 129 (v. 573) : La bataille d'Arfderydd entre les fils d'Elifer, et Guendoleu fils de Keidau ; durant laquelle bataille Guendoleu tomba ; et Merlin (Merlinus) devint fou<ref group="Note">Version originale en latin : Modèle:Langue. Voir Modèle:Harvsp</ref> ». Elles sont souvent citées pour justifier l'existence d'un Merlin historique au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle<ref name="Knight2" group="K"/>. Rhydderch Hael, roi de Strathclyde, aurait massacré les forces de Gwenddolau, tandis que Myrddin serait devenu fou en regardant la défaite. Le Livre noir de Carmarthen compte trois poèmes autour de Merlin : « Les Pommiers », « Le Dialogue entre Merlin et Taliesin » où Merlin et Taliesin parlent de sept batailles qui rempliront sept rivières de sang, et « Le Dialogue entre Merlin et sa sœur Gwendydd ». Les deux derniers sont formés de considérations sur l'histoire passée du pays. Gwendydd surnomme son frère le Juge du Nord, le Prophète, le Loin-Renommé, le Maître du Chant, le Mélancolique, le Sage et Le Combattant d'Arfderydd<ref group="Z">Modèle:P.</ref>. Dans « Les Pommiers », (Modèle:Langue), Merlin (Myrddin) s'adresse à un arbre en déplorant la mort de son seigneur Gwenddolau, au service duquel il était barde<ref group="K">Modèle:P.</ref>. Il n'est plus au service de seigneurs, et vit à l'état sauvage<ref name="Knight2" group="K">Modèle:P.</ref>.
Lailoken
La légende de Lailoken est préservée dans deux manuscrits écossais rédigés en latin au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, autour de saint Kentigern<ref name="A-SKL" group="R">Chap. « Saint Kentigern et Lailoken »</ref>. Dans Lailoken et Kentigern, Lailoken est un poète et prophète qui perd l'esprit durant la bataille d'Arfderydd<ref name="MBa"/>, à la suite du passage d'une troupe de démons aériens<ref name="Walter99-21" group="WaD"/>. Il combat pour le Roi Gwenddolau ap Ceidiaw contre Rhydderch Hael, avant de s'enfuir vers l'Écosse<ref name="MBa">Modèle:Ouvrage</ref>. Saint Kentigern de Glasgow rencontre en un lieu désert ce fou nu et échevelé nommé Lailoken, que d'aucuns appellent Merlynum ou Merlin, et qui déclare être condamné à errer en compagnie des bêtes sauvages à cause de ses péchés. Il ajoute avoir été la cause de la mort des personnes tuées durant la bataille « en la plaine entre Liddel et Carwannok ». Après avoir raconté son histoire, le fou s'éloigne et fuit la présence du saint pour retourner à son état sauvage. Il demande finalement les derniers sacrements, prophétisant être sur le point de mourir d'une « triple mort »<ref group="Note">Le motif de la triple mort se retrouve aussi dans la Vita Merlini, ce qui a permis de rapprocher Lailoken du personnage de Merlinus.</ref>. Le saint exauce le souhait du fou ; alors les bergers du roi Meldred le capturent, le frappent à coups de bâton, le jettent dans la rivière Tweed où son corps est percé par un pieu, sa prophétie se trouvant ainsi accomplie<ref name="A-SKL" group="R"/>.
Dans Le roi Meldred et Lailoken, l'homme sauvage est emprisonné trois jours pour refus de répondre aux questions du roi, et a une crise d'hilarité en voyant une feuille accrochée aux cheveux de l'épouse royale<ref name="A-SKL" group="R"/>.
Suibhne
Modèle:Article détaillé La Folie de Suibhne, texte irlandais anonyme et peu connu du monde francophone, raconte des faits censés se dérouler historiquement au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle. Il symbolise bien le versement du fonds oral celtique vers la littérature chrétienne<ref group="WaD" name="Walter99-6"/>. Suibhne est un « fou des bois » comparable à Lailoken<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} K. H. Jackson, Studies in Early Celtic Narure Poetry et {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} J. Carney, Studies in Irish Literature and History, cités par Philippe Walter dans Modèle:Harvsp</ref>. Il rappelle les anciens dieux de la forêt<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} P. Ó. Riain, « A study of the Irish legend of the wild man » dans Éigse 14/3, Samhradh, 1972, Modèle:P.</ref>. Il est frappé de folie après une défaite en bataille, sous l'effet d'une malédiction lancée par saint Ronan dont il a jeté les livres à l'eau et tué l'un des clercs. Il vit dans les bois au creux d'un if<ref group="LRGu">Modèle:P.</ref>. Sa femme le quitte pour rejoindre un autre roi. Dans ses moments de folie, il peut s'envoler sous la forme d'un oiseau. Dans les bois, il acquiert une connaissance parfaite des secrets de la nature. Un mari jaloux finit par l'assassiner<ref group="WaD" name="Walter99-12"/>. Ce personnage, en partie à l'origine de Merlin, présente de flagrantes analogies avec le monde du chamanisme<ref name="Picard"/>.
Geoffroy de Monmouth
Les sources latines donnent véritablement « ses lettres de noblesse » au personnage de Merlin, et jouent un rôle décisif dans son statut de « héros breton »<ref group="S" name="Walter00-12">Modèle:P.</ref>. Dans la première moitié du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, Geoffroy de Monmouth introduit Merlin dans la légende arthurienne en s'inspirant du fonds oral de la mythologie celtique<ref group="WaD" name="Walter99-6"/>. Son récit rencontre rapidement le succès, particulièrement au Pays de Galles<ref>Modèle:Article</ref>. En tant que moine, Monmouth s'est certainement inspiré de la Bible dans ses récits<ref group="Z">Modèle:P.</ref>. Il est le premier à décrire Merlin comme un magicien, en même temps qu'un prophète<ref name="Zum33" group="Z"/>.
Merlin est un personnage central dans ses trois livres, Prophetiae Merlini (Prophéties de Merlin), Historia regum Britanniae (Histoire des rois de Bretagne), et la Vita Merlini (Vie de Merlin). Les prophéties consistent en une longue suite de prédictions concernant le règne des Saxons et l'indépendance de la Bretagne<ref group="Z">Modèle:P.</ref>. Le second conte rapporte comment Merlin crée Stonehenge, ayant pour fonction d'être la sépulture d'Aurelius Ambrosius. Le troisième conte narre comment Merlin transforme l'apparence d'Uther Pendragon, lui permettant ainsi d'entrer dans le château de Tintagel pour y engendrer son fils Arthur.
Historia Regum Britanniae
Modèle:Article connexe Vers 1135, Geoffroy de Monmouth synthétise dans son Histoire des rois de Bretagne (Historia Regum Britanniae) des récits disparates<ref group="WaD" name="Walter99-52">Modèle:P.</ref>. Première attestation du nom de Merlin dans la littérature, ce texte définit les principales caractéristiques du personnage dans la légende arthurienne. Il le présente comme un orphelin de père. Les mages de Vortigern souhaitent le sacrifier pour consolider la tour de son château qui ne cesse de s'effondrer, mais Merlin devine la présence des deux dragons souterrains qui perturbent les travaux<ref name="MGK">{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Meyers Großes Konversations-Lexikon. Directmedia Publ., Berlin 2004, DVD-ROM-Ausgabe, 6. Auflage 1905 - 1909, Modèle:ISBN, t. 13, Modèle:P..</ref>,<ref name="MLA-HRB" group="R"/>. Le récit de l'Historia Brittonum est ainsi repris presque sans changement<ref group="Z">Modèle:P.</ref>.
L’Histoire des rois de Bretagne présente aussi des prophéties de Merlin sur l'avenir de l'île britannique, la construction de Stonehenge pour Ambrosius Aurelianus à partir de pierres qu'il fait venir du mont Killaraus en Irlande, et sa ruse en faveur d'Uther Pendragon pour qu'il puisse concevoir Arthur avec Ygraine, dont il est amoureux<ref name="MLA-HRB" group="R">Chap. « Histoire des rois de Bretagne »</ref>,<ref group="Z">Modèle:P.</ref>. Wace adapte l’Historia Regum Britanniae de Monmouth dans le roman de Brut (1155), où Merlin joue un rôle secondaire de conseiller pour Uther Pendragon, afin de concevoir Arthur. Il y est très effacé, ce qui d'après P. Walter témoigne de son introduction récente dans la légende arthurienne<ref name="Walter00-29" group="S"/>. Wace ajoute à son récit la construction de la Table ronde<ref name="Kobe12"/>.
Vita Merlini
Modèle:Article détaillé La Vie de Merlin (Vita Merlini), rédigée v. 1150<ref group="WaD" name="Walter99-52"/>, est le texte médiéval le plus centré sur Merlin lui-même<ref group="WaD" name="Walter99-6"/> et s'ancre dans le fonds légendaire breton<ref name="Kobe12">Modèle:Harvsp</ref>. Synthèse des récits gallois autour de Myrddin Wyllt<ref name="Walter99-52" group="WaD"/> (notamment de poèmes<ref name="Knight-34" group="K">Modèle:P.</ref>), Merlin y est présenté comme un roi, devin et prophète maudit<ref group="WaD" name="Walter99-6"/>, mais ses aspects les plus sombres sont gommés<ref name="Knight-35" group="K">Modèle:P.</ref>. Il perd une bataille avec son armée, et entre dans la forêt où il connaît une période de folie (rabies, proche d'une rage animale<ref name="Walter99-21" group="WaD"/>). Il est capturé et amené à la cour où il fait différentes prédictions, dont celle de la triple mort du fils de la reine après une crise d'hilarité. De retour dans la forêt pour plusieurs années, il voit le présage d'un remariage pour sa femme, enfourche un cerf et encorne son rival, ce qui lui vaut d'être une seconde fois capturé. Après deux autres prédictions justes, il retourne en forêt pour mieux connaître les secrets du monde<ref group="WaD" name="Walter99-19">Modèle:P.</ref>. Une fontaine apparue au printemps le guérit de sa folie. Il rencontre Taliesin et un troisième devin, Maeldin. Ganieda, sa sœur, rejoint la triade et se met à prophétiser avec eux<ref group="WaD" name="Walter99-20">Modèle:P.</ref>,<ref name="Knight-33" group="K">Modèle:P.</ref>. La recherche spirituelle de Merlin le rapproche du christianisme, le texte se conclut sur sa rédemption<ref group="S" name="Walter00-26">Modèle:P.</ref>.
Ce texte s'appuie sur un mythe légèrement restauré plutôt que sur des sources historiques<ref group="WaD" name="Walter99-16"/>. D'après Philippe Walter, l'œuvre est à lire comme un palimpseste : elle comporte beaucoup d'éléments légendaires (la majorité purement celtiques) intégrés à un récit biographique en latin<ref group="WaD" name="Walter99-17">Modèle:P.</ref>, dans le but probable de présenter Merlin en exemple pour les évangélisateurs chrétiens<ref name="Walter00-28" group="S"/>,<ref group="WaD" name="Walter99-41">Modèle:P.</ref>. Geoffroy de Monmouth adapte son récit à son époque, mais semble avoir respecté ses sources<ref group="WaD" name="Walter99-18">Modèle:P.</ref>. Merlin est un savant et un devin, « initié et initiateur »<ref group="WaD" name="Walter99-46">Modèle:P.</ref>.
Sources françaises
Les sources françaises coïncident avec un rayonnement exceptionnel de la légende de Merlin<ref name="Walter00-15" group="S">Modèle:P.</ref>. Elles redistribuent son rôle et celui d'Arthur. Alors que Merlin était vu à l'origine comme un roi à la fois guerrier et magicien, il devient le dépositaire du seul savoir magique. Arthur représente au contraire la souveraineté guerrière<ref name="Walter99-21" group="WaD"/>. Robert de Boron consacre une grande partie de son œuvre à Merlin.
Robert de Boron
Modèle:Article connexe Composés à la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle et au début du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, le poème de Robert de Boron et le roman qui en est issu<ref group="Note">Il n'y a aucune certitude en ce qui concerne la paternité du Merlin en prose attribuée à Robert de Boron. Toutefois, le Merlin en vers en est bien la source.</ref> constituent les sources les plus connues des médiévistes au sujet de Merlin<ref group="WaD" name="Walter99-5"/>. C'est véritablement lui qui donne toute son importance au personnage dans le cycle arthurien<ref group="S" name="Walter00-29">Modèle:P.</ref> et qui lie les deux traditions britanniques, celle de l'enfant prophète sans père et celle de l'homme sauvage<ref name="Kobe12"/>. Il consacre l'essentiel de son œuvre à Merlin, non sans l'entourer d'autres personnages importants de la légende arthurienne comme Blaise, Vortigern, la famille Pendragon, Ygerne (Ygraine) et le duc de Cornouailles<ref name="Goo289" group="Go">Modèle:P.</ref>. Il s'inspire de différentes sources plus anciennes, sans pour autant réadapter directement Wace et Monmouth<ref>Claude Letellier et Denis Hüe, Le Roman de Brut, entre mythe et histoire, vol. 47 de Medievalia, Paradigme, 2003, Modèle:ISBN, Modèle:P.</ref>, et développe le personnage<ref name="Goo289" group="Go"/>. Seules quelques lignes de son poème sont parvenues. La version en prose devient populaire et s'incorpore dans le Petit cycle du Graal (Joseph d'Arimathie, Merlin, Perceval) et dans le Lancelot-Graal (Estoire del Saint Graal, Merlin, Lancelot, Queste del Saint Graal, Mort du roi Arthur)<ref>Modèle:Harvsp</ref>.
Si le fond de l'œuvre de Robert de Boron reste attaché à ses origines celtiques, sa christianisation sous l'influence des clercs est nettement palpable, notamment dans l'épisode de la naissance de Merlin. Robert de Boron conte dans son Merlin en vers (v. 1190) la tentative ratée du Diable pour faire naître un antéchrist dans le sein d'une vierge, en s'inspirant de la tradition chrétienne de son époque. Cet épisode qui fait de Merlin le fils du Diable et d'une vierge rachetée par Dieu devient indissociable de la légende du personnage<ref name="Kobe12"/>. Il a probablement remplacé le dieu païen d'une tradition plus ancienne par le Diable chrétien<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Philippe Walter pense que cette version de la naissance de Merlin est une invention de Boron, inspirée par l'évangile de Nicodème et la mention d'incubes dans l'œuvre de Monmouth<ref group="S" name="Walter00-52">Modèle:P.</ref>. Boron explique le pouvoir de Merlin à deviner passé et futur par son ascendance à la fois diabolique et divine<ref name="Goo289" group="Go"/>. Il le présente, durant son enfance, comme un être à la fois dérangeant et prodigieux, d'une incroyable précocité<ref name="Goo290" group="Go">Modèle:P.</ref>, et ne manque pas d'évoquer les efforts de Merlin pour échapper à l'influence de son ascendance diabolique<ref name="Goo291" group="Go">Modèle:P.</ref>. Il développe beaucoup de scènes où Merlin rit (notamment lorsqu'il pratique la magie), certainement en écho à ses origines<ref name="Goo293" group="Go">Modèle:P.</ref>.
Il conserve aussi le lien du personnage avec la forêt (inspiré par la Vita Merlini), Merlin partant régulièrement se réfugier en Northumberland pour y rencontrer Blaise<ref name="Goo292" group="Go">Modèle:P.</ref>. Le texte de Boron introduit en effet Blaise, maître de Merlin, dépeint comme transcrivant la geste que l'enchanteur lui dicte lui-même, et expliquant comment cette geste devra être connue et préservée<ref name="Micha190">Modèle:Harvsp</ref>. Merlin devient, sous sa plume, celui qui choisit les chevaliers de la Table ronde<ref name="Goo292" group="Go"/> et le conseiller militaire d'Uther. Il garde le récit de la ruse pour concevoir Arthur, Merlin se présentant successivement comme un vieil homme pour enlever le nouveau-né, puis comme un « prudhomme » pour le remettre à Antor<ref name="Goo295" group="Go">Modèle:P.</ref>. Uther accepte tous les plans et toutes les ruses que Merlin lui propose<ref name="Goo296" group="Go">Modèle:P.</ref>.
Perceval en prose et Lancelot-Graal
Le Lancelot-Graal (ou cycle de la Vulgate, v. 1220), contrairement à l’Estoire de Merlin attribuée à Robert de Boron, le présente comme un être diabolique et repoussant<ref name="Kobe13"/> par opposition à Viviane<ref name="Trach83">Richard Trachsler, Clôtures du cycle arthurien: étude et textes, Volume 215 de Publications romanes et françaises, Librairie Droz, 1996, Modèle:ISBN, Modèle:P.</ref>. Il introduit ainsi la chute de Merlin, causée par l'amour qu'il porte à la Dame du Lac (présentée comme étant la fée Viviane ou encore Nimue dans des récits plus tardifs). Elle lui extorque ses secrets magiques en les retournant contre lui pour l'emprisonner à jamais. Ce thème de « l'enserrement » de Merlin devient l'un des plus populaires de sa légende<ref name="Kobe12"/>. Il a probablement été inventé pour faire disparaître Merlin des récits, et ainsi expliquer l'échec de la bataille de Camlann où Arthur est mortellement blessé. Avec ses pouvoirs, Merlin aurait pu en inverser le cours. Son acceptation d'un destin qu'il connaît (l'enserrement) est expliquée par sa volonté de ne pas aller à l'encontre de Dieu<ref name="Trach82"/>.
Le Perceval en prose fait quant à lui de Merlin l'initiateur de la quête du Graal<ref name="Kobe12"/>. Le Lancelot-Graal compte le récit d'une rencontre entre Merlin et l'empereur Jules César. La femme de l'empereur romain est suivie d'une douzaine de demoiselles, en fait des hommes déguisés. Merlin rencontre une princesse d'Allemagne déguisée en écuyer, Grisendole. Un soir, César s'effraie après le rêve d'une truie couronnée caressée par douze louveteaux. L'empereur reste silencieux pendant tout le banquet. Merlin se transforme en cerf, court au palais et s'agenouille devant César en lui disant : Modèle:Citation<ref name="LPaton"/>.
L'empereur confie à Grisendole la mission de trouver cet homme sauvage. Elle rencontre le cerf qui lui dit de préparer un pâté de porc, et s'exécute, ce qui fait apparaître l'homme sauvage noir et hirsute. Il dévore le pâté et s'endort. Grisendole le ligote et le ramène à César. L'homme sauvage interprète le rêve : la truie est l'impératrice et les douze louveteaux, ses demoiselles. César les fait déshabiller er révèle qu'elles sont en fait des hommes. L'impératrice et ses douze jeunes gens sont immédiatement brûlés sur un bûcher. L'homme sauvage demande que Grisendole soit mise à nu et, face à la découverte de sa féminité, César se signe. Il demande conseil à l'homme sauvage qui lui propose de l'épouser. César voulant savoir qui est le cerf, l'homme sauvage trace des caractères hébreux qui brûlent une porte, puis s'en va. César épouse Grisendole, puis un messager finit par déchiffrer ces lettres en hébreu : le cerf et l'homme sauvage ne font qu'un<ref name="LPaton">Modèle:Article</ref>.
L'entrée de Merlin à Rome sous la forme d'un cerf gigantesque donne naissance à une abondante iconographie de miniatures médiévales, témoignant du succès de ce récit <ref name="Cerf">Modèle:Lien web</ref>.
Post-Vulgate
Modèle:Article connexe Merlin devient, dans le cycle Post-Vulgate (Merlin-Huth, v. 1250), celui qui avertit Arthur de ses malheurs à venir, en particulier la naissance de Mordred<ref group="Note">Inquiété par cette prédiction, le roi Arthur fait enfermer tous les nouveau-nés sur un navire qui fait naufrage, mais Mordred est précisément le seul survivant.</ref>. Il joue un rôle d'observateur et de commentateur, et n'est plus guère l'initiateur de la quête du Graal<ref name="K74" group="K">Modèle:P.</ref>. En revanche, il prédit avec justesse que Girflet sera le dernier chevalier à voir Arthur vivant<ref name="Knight75" group="K"/>. Ce roman rend un aspect plus merveilleux au personnage et présente Viviane de manière négative<ref name="Kobe13"/>, bien que Merlin y soit toujours le fruit de l'union d'une femme vertueuse et d'un incube<ref group="Go">Modèle:P.</ref>. L'ouvrage contient une suite de prophéties confiées par Merlin à Blaise, et présente le Graal comme le point central de toutes ses prophéties<ref group="Go">Modèle:P.</ref>.
Sources bretonnes
Merlin apparaît très tôt dans les documents écrits en Bretagne, notamment le cartulaire de Redon et un toponyme d’Augan au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, puis deux textes prophétiques des Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle et Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle<ref name="Marquand"/>. Dans le Modèle:Langue en moyen breton, Merlin est présenté comme un archétype d'être sauvage, sous le nom de « Guinglaff »<ref name="Le Bihan"/>. Gwenc'hlan pourrait aussi y avoir pris la place de Merlin<ref name="Marquand"/>. La Villemarqué publie le chant Merlin-barde, longtemps considéré comme un faux, mais qui semble bien provenir d’un cycle médiéval<ref>Emmanuel Philipot, « Contes bretons relatifs à la légende de Merlin » dans Mélanges bretons et celtiques offerts à M. J. Loth, Annales de Bretagne, Rennes/Paris, 1927, Modèle:P.</ref>, Hervé Le Bihan répertorie sept contes et récits datés du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, qui sans constituer des textes en filiation directe avec la matière arthurienne médiévale, en sont des survivances<ref name="Le Bihan" />. L'enchanteur y possède le pouvoir de divination<ref name="Marquand"/>,<ref name="Le Bihan"/>. Luzel recueille une tradition selon laquelle Merlin a fini sa vie au sommet du Menez Bré<ref name="Marquand">Modèle:Harvsp.</ref>.
Littérature prophétique
Modèle:Article détaillé Une abondante littérature prophétique est attribuée à Merlin<ref group="Z" name="Zumthor5">Modèle:P.</ref> et se divise en deux grands courants, les prophéties des Îles Britanniques et celles du continent européen, différentes par leur objet et leur inspiration<ref group="Z">Modèle:P.</ref>. La littérature galloise comporte nombre d'exemples prédisant la victoire militaire des peuples celtes de Grande-Bretagne, qui se rassembleraient pour rejeter les Anglo-Saxons Modèle:Incise à la mer. Certaines de ces œuvres ont été interprétées comme des « prophéties de Myrddin ». Henri VIII utilise ce thème pour présenter son père, le roi gallois Henri VII, comme le sanglier annoncé par Merlin, qui partit de la péninsule armoricaine de Bretagne et soutenu par des guerriers bretons, aurait accompli la prophétie de Merlin de la revanche des Celtes sur les Saxons<ref>Georges Minois, Henri VIII, éd. Fayard, 1989, Modèle:ISBN, Modèle:P..</ref>,<ref group="Note">Henri VII eut pour enseigne le dragon rouge des Gallois qu'il introduisit dans les armes du royaume d'Angleterre, et nomma symboliquement son fils Arthur, la famille Tudor prétendant se rattacher à la lignée de Brutus de Bretagne et du roi Arthur.</ref>. La récupération de ces prophéties par les Anglais ne remonte qu'au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, l'immense majorité des textes attribués à Merlin dans les Îles Britanniques étant en faveur des peuples celtes<ref group="Z">Modèle:P.</ref>.
De tous temps, l'attribution de prophéties à Merlin permet de faire passer des idées politiques. Joachim de Flore écrit ainsi le Verba Merlini, hostile à l'empereur Frédéric II<ref group="Z">Modèle:P.</ref>. Les Prophéties de Merlin rédigées en langue française en 1276 prennent la forme de prophéties politiques intercalées entre des récits romanesques de la légende arthurienne<ref>Modèle:Lien web</ref>, et sont attribuées à maître Richard d'Irlande bien que l'auteur original soit un vénitien<ref group="Z">Modèle:P.</ref>. Présentées sous la forme d'un dialogue entre Merlin et un scribe, elles font de Merlin un prophète chrétien d'essence divine. Il y choisit délibérément d'être enfermé par Viviane<ref name="Kobe13"/>. La plupart de ces prophéties sont relatives à des événements politiques de l'Italie du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, tandis que d'autres sont révélées par le fantôme de Merlin après sa mort.
Textes postérieurs, traductions et études
Modèle:Langue
Après une longue absence de nouvelles créations littéraires autour de Merlin en France, le Morte d'Arthur est rédigé en Angleterre vers 1485, reprenant quelques éléments des récits français<ref name="Kobe13"/>. L'œuvre commence par la naissance de Merlin<ref name="Goo324" group="Go"/>. Il y interprète les rêves du roi Arthur mais la nature magique de ses pouvoirs est minimisée<ref name="K93-94" group="K"/>, Thomas Malory réduit l'aspect merveilleux du personnage dans son œuvre. Merlin y devient assez indéfinissable, empruntant à l'humain, au dieu et au démon<ref name="Goo324" group="Go"/>. Malory conserve l'épisode de sa séduction par Viviane / Nimue<ref name="K93-94" group="K">Modèle:P.</ref>,<ref name="Goo324" group="Go">Modèle:P.</ref>, qui devient la principale source d'inspiration des auteurs romantiques au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle<ref name="Kobe13"/>.
Traductions
En dehors de la France et des îles Britanniques, la légende médiévale de Merlin connaît un succès moindre. Les œuvres en langue allemande sont essentiellement des traductions tardives (la plus ancienne est le Dialogus Miraculorum, en 1220). Wilhelm von Österreich (1324) dresse de Merlin un portrait d'élément de la nature plutôt négatif, et le Morlin d'Ulrich Füterer (v. 1475) en fait le grand-père d'Arthur<ref name="Kobe14">Modèle:Harvsp</ref>.
De la Renaissance à l'époque Romantique
De la Renaissance au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, en France, le personnage connaît une éclipse, comme toute la littérature arthurienne<ref group="BaA" name="BaA94">Modèle:P.</ref>,<ref name="Kobe14"/>. Il reste néanmoins populaire dans la littérature de colportage et la tradition orale<ref name="Kobe14"/> puisqu'il reste possible au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle de recueillir en Bretagne Armoricaine des chansons et des contes sur Merlin. La Villemarqué (Myrdhin) et Luzel, d'abord sceptiques à ce sujet, en publient plusieurs. Cette matière date dans sa grande majorité du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle<ref>Goulven Peron, « Mutation d'une légende bretonne : La Santirine » dans Revue du C.G.H.P., no 24 de Kaier ar Poher, 2009.</ref>. En Angleterre, le Morte d'Arthur de Thomas Malory reste une source d'inspiration constante<ref name="Kobe14"/>. The life of Merlin, sur-named Ambrosius, paraît en 1641<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Richard Pennington, A Descriptive Catalogue of the Etched Work of Wenceslaus Hollar 1607-1677, Cambridge University Press, 2002, Modèle:ISBN, Modèle:P.</ref>.
Études
Modèle:Article détaillé Dans Myrdhinn ou l'Enchanteur Merlin (1868), Théodore Hersart de la Villemarqué tente de synthétiser les informations connues autour de Merlin, qu'il présente à la fois comme historique et mythologique. Théophile Briant s'en inspire plus d'un siècle plus tard dans son œuvre pseudo-historique et occultiste Le Testament de Merlin (1975)<ref>Modèle:Ouvrage</ref>, qui présente Merlin en architecte et poète, comme « le Druide blanc de Brocéliande »<ref name="Boul"/>.
La professeure américaine Norma Lorre Goodrich défend l'idée d'un Merlin historique et redonne ses lettres de noblesse à Geoffroy de Monmouth. Le Merlin historique serait de trente ans plus âgé que le roi Arthur historique, né au Pays de Galles et mort en Écosse. Elle postule aussi que « Merlin » est un titre, celui d'un évêque nommé Dubricius, qui a couronné Arthur<ref name="mammoth">{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} The Mammoth Encyclopedia of the Unsolved, Constable & Robinson Ltd, 2001, Modèle:ISBN, chap. King Arthur and Merlin</ref>. Nikolaï Tolstoï, au contraire, pense que Monmouth a volontairement fusionné le Myrddin des poèmes gallois avec un autre personnage pour n'en faire qu'un seul, et que le Merlin originel représente « le dernier des druides »<ref name="mammoth"/>. Philippe Walter étudie Merlin à travers des articles et deux ouvrages, mettant en lumière la nature calendaire et chamanique du personnage primitif<ref name="Picard"/>, ainsi que son aspect et son psychisme d'enfant-vieillard<ref group="S" name="SavoirIntro"/>.
Si les écrits de Jean Markale ont été beaucoup diffusés et même traduits en anglais, permettant de faire découvrir la légende arthurienne à de nombreuses personnes, ses ouvrages (dont Merlin l'Enchanteur<ref>« Jean Markale donne aussi un Merlin l'Enchanteur. Faut-il l'évoquer ici ? Ce n'est pas sûr. […] À Jean Markale on reproche de trop vulgariser dans des domaines trop larges » dans Bien dire et bien aprandre: bulletin du Centre d'études médiévales et dialectales de l'Université Lille III., Numéro 13, 1994, Modèle:P.</ref> publié en 1981<ref>Modèle:Harvsp</ref>, en anglais : Merlin: Priest of Nature<ref>Jean Markale, Merlin: Priest of Nature, Inner Traditions/Bear, 1995, Modèle:ISBN, 240 p.</ref>) ne sont pas reconnus comme fiables par la communauté scientifique<ref>Voir la critique de Christian-Joseph Guyonvarc'h dans Textes Mythologiques Irlandais, Rennes, Ogam-Celticum, Modèle:N°/1 & 2, 1978, Modèle:P.39, et celle de Michel Meslin dans « Compte rendu de J. Markale, Les Celtes et la civilisation celtique. Mythe et histoire », Archives des sciences sociales des religions, 1970, 30, Modèle:P.223-224, lire en ligne</ref>.
Toponymes
Les toponymes associés à Merlin se trouvent essentiellement en Grande-Bretagne (Dinas Emrys, Merlin's Cave, Carmarthen et l'île de Bardsey) et en Bretagne, dans la forêt de Paimpont-Brocéliande (siège et tombeau de Merlin). Un grand nombre d'entre eux sont situés au Pays de Galles, les plus anciennes sources littéraires associent Merlin à ces lieux. Carmarthen est réputée être la ville de naissance d'une des personnes historiques qui ont inspiré le Merlin légendaire<ref group="Go">Modèle:P.</ref>. Une tradition locale à l'île de Bardsey (île des Bardes) rapporte qu'il s'y est retiré dans une maison de verre<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Emma Jung et Marie-Louise von Franz, The Grail Legend, Princeton University Press, 1998, Modèle:ISBN, Modèle:P.</ref>.
Dinas Emrys
Modèle:Article détaillé Dinas Emrys (en gallois : « forteresse d'Ambrosius ») est une colline boisée située non loin de Beddgelert dans le Gwynedd, au Pays de Galles. Le site est naturellement lié à Myrddin Emrys et Ambrosius Aurelianus<ref group="Z">Modèle:P.</ref>,<ref group="Go">Modèle:P.</ref>. Les Gallois l'appellent localement Eryri. La tradition y situe la tentative de construction du château de Vortigern, et la fameuse tour qui ne cesse de s'écrouler jusqu'au moment où Merlin révèle la présence de deux dragons<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Gareth Knight, Merlin and the Grail Tradition, Skylight Press, 2011, Modèle:ISBN, Modèle:P.</ref>. Ainsi, Dinas Emrys est le lieu où Merlin révèle pour la première fois l'étendue de son pouvoir<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} W. Jenkyn Thomas, The Welsh Fairy Book, Abela Publishing Ltd, 2010, Modèle:ISBN, Modèle:P.</ref>. Le fabuleux trésor de l'enchanteur est réputé pour y être enterré au plus profond, sous la colline. Les recherches archéologiques montrent des traces d'occupation du site depuis le Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Christopher W. Bruce, The Arthurian Name Dictionary, Routledge, 2013, Modèle:ISBN, art. Dinas Emrys (livre numérique)</ref>.
Avenue de l’Enchanteur Merlin
Cette avenue de Caen porte son nom<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
Merlin's Cave
Modèle:Article détaillé Modèle:Langue (en anglais : « grotte de Merlin ») est le surnom d'une grotte située en dessous du château de Tintagel, à Modèle:Unité au sud-ouest de Boscastle, en Cornouailles (Angleterre). Elle s'étend sur Modèle:Unité<ref>Modèle:Ouvrage</ref> en passant à travers Tintagel Island, vers Tintagel Haven<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Cette grotte est devenue un site rituel néopaganiste, réputé être « un point focal pour la révélation » et « un endroit pour se connecter avec les énergies féminines essentielles »<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Dave Evans, Journal for the Academic Study of Magic 2, Mandrake, 2004, Modèle:ISBN, Modèle:P.</ref>, en relation avec une déesse de la Terre<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Gary R. Varner, Menhirs, Dolmen, and Circles of Stone: The Folklore and Magic of Sacred Stone, Algora Publishing, 2004, Modèle:ISBN, Modèle:P.</ref>.
Tombeau et siège de Merlin
Au centre de la Bretagne, la forêt de Paimpont est réputée être la forêt de Brocéliande. De nombreux lieux y sont associés à la légende arthurienne, mais la revendication du tombeau de Merlin ne remonte pas au-delà du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle. Brocéliande reste une forêt légendaire sans localisation précise jusqu'au début du siècle. Le poète Auguste Creuzé de Lesser écrit en 1811 que Merlin y serait enseveli<ref name="Calvez"/>. En 1825, Blanchard de la Musse associe une allée couverte du nord de la forêt de Paimpont au tombeau de Merlin. Théodore Hersart de la Villemarqué localise lui aussi le tombeau de Merlin dans ces lieux<ref>Théodore Hersart de la Villemarqué, « Visite au tombeau de Merlin » dans Revue de Paris, deuxième série, 1837, XLI, Modèle:P.</ref>. Dans le Val sans retour, près de Tréhorenteuc, quelques rochers se font connaître sous le nom de « siège de Merlin » à la suite du déplacement du toponyme légendaire en 1850. La topographie actuelle de la forêt de Paimpont est définie par Félix Bellamy à la fin du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle. La valorisation touristique de Paimpont-Brocéliande commence à la même époque, mais les habitants locaux montrent une certaine réticence<ref name="Calvez"/>, bien que le folklore populaire oral associe bien Merlin à ce lieu<ref>Modèle:Harvsp</ref>.
La localisation du tombeau du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle est revue à la suite de l'enterrement du docteur Guérin. Dans les années 1970, Yann Brekilien s'oppose à la construction des routes d'accès et à la perte du caractère légendaire de Paimpont-Brocéliande. Il faut attendre les années 1990 pour qu'une politique de valorisation se mette en place grâce au maire de Ploërmel et au Centre de l'imaginaire arthurien, permettant des visites guidées et la mise en place d'un périmètre de protection autour du tombeau de Merlin<ref name="Calvez">Modèle:Harvsp</ref>. Les visiteurs y laissent de petits papiers où ils écrivent les vœux qu'ils souhaitent voir exaucés par Merlin<ref name="RFI">Ludovic Dunod et Alice Milot, Si loin si proche : La Forêt de Brocéliande ou l’imaginaire au pouvoir sur RFI, août 2011, rediffusion partielle.</ref>.
Symbolique
Dans ses plus anciennes expressions, selon Philippe Walter, Merlin incarne une souveraineté magique et une royauté chamanique, assez éloignée des fonctions guerrières et sacerdotales. Son pouvoir est essentiellement spirituel<ref group="WaD" name="Walter99-10"/>. De manière plus générale, il représente la connaissance et le « savoir du monde »<ref group="S" name="SavoirIntro"/>, une quintessence de l'esprit druidique<ref group="WaD" name="Walter99-48">Modèle:P.</ref> qui peut prendre toutes les formes : Merlin guide, aide, sauve, prédit et juge grâce à son savoir<ref name="KnightXII" group="K"/>. L'une de ses particularités est d'échapper à toute tentative de classification rationnelle. Il ne se présente jamais comme celui que l'on attend<ref>Modèle:Harvsp</ref>. En ce sens, il incarne l'Autre<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Certaines interprétations ont pu faire de lui un Trickster en raison de son côté rieur et comique, mais il n'en possède pas toutes les caractéristiques, notamment la transgression et le côté subversif. Par ses actions, Merlin participe à l'ordre du monde plutôt qu'à son désordre<ref group="S" name="Walter00-15 7">Modèle:P.</ref>.
Il est lié à l'alchimie, par la similitude entre son nom et celui de Mercure, la présence d'une source qui guérit de la folie (rappelant celle des alchimistes) dans la Vita Merlini, ou encore le motif des deux dragons (rouge et blanc) qui se battent. Deux textes tardifs le présentent en adepte de la science hermétique<ref>Modèle:Harvsp</ref>, ce qui lui permet d'acquérir une certaine notoriété dans le monde des alchimistes<ref>Modèle:Harvsp</ref>. La figure de Merlin resurgit dans le tarot de Marseille, la lame de L'Ermite (IX) y étant peut-être liée<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Le psychanalyste Heinrich Zimmer, proche de Carl Gustav Jung, voit en Merlin l'incarnation du vieux sage, un être d'une sagesse si grande qu'elle en est presque inaccessible. Il a pour fonction de guider la personnalité consciente représentée par le roi Arthur et ses chevaliers<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Ira Progoff, Jung's psychology and it's social meaning, Routledge, 1953 Modèle:ISBN, Modèle:P.</ref>.
Les œuvres témoignent d'une dégradation progressive des pouvoirs qui lui sont attribués et d'une dé-sanctification de son rôle de savant, en le laissant être abusé par Viviane ou affublé d'un chapeau pointu comique<ref group="K" name="KnightXII">Modèle:P.</ref>. Il est souvent vu désormais comme le plus fameux des sorciers ou magiciens<ref>Modèle:Harvsp</ref>. D'après Stephen Thomas Knight, il incarne un conflit entre connaissance et pouvoir : symbole de sagesse dans les premiers récits gallois, il devient conseiller des rois au Moyen Âge, symbole d'intelligence dans la littérature anglaise, puis instructeur et éducateur dans les productions du monde entier depuis le Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle<ref group="K">Présentation éditeur</ref>.
Merlin dans l'Art et la culture populaire moderne
Jusqu'au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, Merlin est surtout conté dans les pays anglo-saxons et celtiques, mais aussi dans la poésie<ref>Modèle:Harvsp</ref> et la littérature allemande et française<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Les auteurs romantiques sont les premiers à redonner ses lettres de noblesse au personnage après le Moyen Âge<ref name="Kobe11">Modèle:Harvsp</ref>. Depuis le Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, Merlin est un personnage important des films et programmes télévisés. Son rôle y est surtout celui d'un mentor ou d'un enseignant<ref group="K">Chapitre 4</ref>, fonction qu'il partage avec des personnages proches de lui, comme Gandalf<ref>Modèle:Harvsp</ref>,<ref group="Note">Selon Claudine Glot, Gandalf est toutefois davantage inspiré par la culture germanique, et plus christianisé que Merlin, voir : Mafiou 44 et Amélie Tsaag Valren, Interview de Claudine Glot, 12 février 2011, Vidéo disponible sur Wikimedia Commons</ref>. Merlin est source d'inspiration d'une longue tradition de personnages sorciers dans la culture populaire, incluant ceux de J. R. R. Tolkien (Gandalf, Saroumane…) et de la saga Harry Potter (Albus Dumbledore)<ref>Modèle:Ouvrage</ref>,<ref>Modèle:Harvsp</ref>.
Si son image populaire est souvent devenue celle d'un vieux mentor barbu, portant un chapeau pointu et une baguette magique, à l'inverse, les mouvements New Age voient en Merlin un druide qui accède à tous les mystères du monde<ref name="Knight-xiii" group="K"/>. Les productions artistiques francophones tendent depuis la fin du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle à éluder les aspects chrétiens du personnage au profit des aspects païens et de la « tradition sylvestre »<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Le mythe de Merlin est en quelque sorte « déchristianisé »<ref>Modèle:Harvsp</ref> pour le présenter en porte-parole du retour à la nature<ref>Modèle:Harvsp</ref>.
Barbe blanche, robe bleue, chapeau pointu et baguette magique
Modèle:Article connexe Depuis l'époque romantique, Merlin figure sur des représentations graphiques et notamment préraphaélites. Gustave Doré et Howard Pyle l'ont abondamment illustré. La plupart des artistes le dépeignent comme un vieil homme barbu, à quelques exceptions notables. Edward Burne-Jones imagine Merlin assez jeune et imberbe dans ses deux toiles représentant la séduction par Viviane/Nimue<ref name="Torre170">Modèle:Harvsp</ref>. Toutefois, au début du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, la représentation du Merlin âgé est presque devenue la norme. La publication du roman à succès de Terence Hanbury White intitulé L'Épée dans la pierre (1938) fixe son apparence dans l'imaginaire populaire comme celle d'un vieux mentor sorcier à longue barbe et moustaches blanches, chapeau pointu et baguette magique, dont la robe est décorée des signes du zodiaque<ref name="Torre170"/>,<ref group="K" name="KnightXI">Modèle:P.</ref>. Les studios Disney reprennent cette apparence dans leur film d'animation Merlin l'Enchanteur avec la robe de sorcier bleue, ce qui ne manque pas d'accroître le phénomène<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Au début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, si la robe bleue et la baguette magique peuvent être dissociées du personnage, la barbe et la moustache sont devenus de véritables archétypes. J.K. Rowling emploie d'ailleurs « barbe de Merlin » comme expression du monde des sorciers de la saga Harry Potter, dans le quatrième tome<ref>Modèle:Harvsp</ref>.
Littérature
Les œuvres de fiction littéraires sont nombreuses à faire de Merlin un personnage central. Au début du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, son image littéraire se dégrade<ref>Modèle:Harvsp, cité par Modèle:Harvsp</ref>. Dans les années 1980, en France, le rythme des publications autour de Merlin s'accélère, témoignant d'un intérêt renouvelé pour le mythe<ref name="Boul">Modèle:Harvsp</ref>.
Poèmes et œuvres du Romantisme
Modèle:Article détaillé Les poètes romantiques anglais du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle comme Robert Southey, Matthew Arnold et Alfred Tennyson accordent une large place à Merlin dans leurs textes, tout comme Goethe, Heinrich Heine, Edgar Quinet, Jean Lorrain, Walter Scott, William Wordsworth et Mark Twain<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Son image y est souvent celle d'un vieil érudit un peu naïf, qui succombe aux charmes d'une femme fatale<ref name="Knight-xiii" group="K"/>. Les versions où Merlin acquiert la plénitude du savoir grâce à Viviane sont toutefois plus nombreuses que celles où cette relation tourne en sa défaveur<ref name="Kobe104" />, mais l'enserrement de Merlin par Viviane le place dans l'impossibilité de sauver le royaume de Bretagne<ref name="Kobe106">Modèle:Harvsp</ref>. Il est davantage présenté comme vivant en symbiose avec la nature que dans les romans médiévaux<ref name="Kobe107">Modèle:Harvsp</ref>. Un autre thème central du Romantisme est celui de la confrontation entre Merlin et d'autres enchanteurs ou sorciers qu'il parvient à vaincre<ref name="Kobe105">Modèle:Harvsp</ref>.
Ralph Waldo Emerson et Edwin Arlington Robinson (Merlin) font ressortir en lui « l'esprit noble du barde »<ref group="K" name="Knight-xiii">Modèle:P.</ref>. L'Allemand Karl Leberecht Immermann (Merlin: eine Mythe)<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Karl Leberecht Immermann, Merlin: eine Mythe, P. Reclam (rééd. Dietmar Klotz, 2000), 103 p.</ref> met l'accent sur la quête spirituelle que représente la conquête du Graal, tout comme Friedrich Werner von Oesteren avec Merlin, ein Epos<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Edgar Quinet construit dans son Merlin l'Enchanteur, en 1860, un mythe littéraire autour du personnage, inspiré de multiples traditions et d'écrits plus anciens. Il fait de Merlin un prophète, poète, enchanteur puissant mais néanmoins enseveli vivant par la femme qu'il aime<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Les poèmes romantiques mettent également en avant la dualité du personnage issu d'un père démoniaque, grâce à des dialogues entre Merlin et le Diable<ref>Modèle:Harvsp</ref>. D'autres en font un personnage obsédé par la quête de la connaissance, via l'astrologie et l'alchimie<ref name="Kobe104">Modèle:Harvsp</ref>. En 1909, le poète français Guillaume Apollinaire, âgé de vingt-huit ans, écrit sa première œuvre publiée, L'Enchanteur pourrissant. Mélange de théâtre, de poème et de roman, cet ensemble très désenchanté constitue le creuset de la poésie d'Apollinaire<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.
Adaptations romancées
Jean Cocteau écrit en 1937 la pièce Les Chevaliers de la Table ronde, dans laquelle il fait ressortir beaucoup d'aspects négatifs chez Merlin, un « vieil enchanteur génial et cruel […] logé comme une araignée au centre de sa toile ». Cette image est liée aux « enchantements de la drogue », l'opium que Cocteau consomme alors en abondance<ref name="Boul"/>. Le Cycle de Merlin de Mary Stewart (1970-1979) reprend la matière médiévale. Il compte cinq tomes : La Grotte de cristal, Les Collines aux mille grottes, Le Dernier Enchantement (tous trois parus chez Calmann-Lévy en 2006) ainsi que deux romans jamais traduits en français, The Wicked Day, et The Prince and the Pilgrim. Michel Rio a écrit Merlin en 1989, roman d'une trilogie regroupée en un seul tome en 2006 sous le titre de Merlin, le faiseur de rois<ref group="Rio">Refonte en un seul volume de la trilogie Merlin (1989), Morgane (1999) et Arthur (2001)</ref>. Le personnage y naît d'un inceste entre son grand-père et sa mère<ref>Modèle:Harvsp</ref>, il est désabusé, plus philosophe et homme d'état qu'enchanteur. Les thèmes de la mort et de la guerre sont récurrents<ref name="Boul"/>. Jean Markale, auteur d'une adaptation des romans du Graal, a imaginé un épilogue original dans son roman La Fille de Merlin. Elle rencontre le barde Taliesin à la recherche de l'épée Excalibur, dérobée par les Saxons au roi Arthur après sa mort<ref>Jean Markale, La Fille de Merlin : roman, Pygmalion éditions, 2000, Modèle:ISBN, 315 p.</ref>.
Graal (2003) et Graal Noir (2010) forment une série de Christian de Montella, dans laquelle Merlin est le fils du diable. Avec ses pouvoirs, il aide les chevaliers de la Table ronde à accomplir leur destin. Les mémoires de Merlin de Guy D'Amours présentent un « Merlin historique » au début du Moyen Âge, après la chute de l’Empire romain<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.
L'Enchanteur
Modèle:Article détaillé Modèle:Encadré Plus connu pour ses œuvres de science-fiction, René Barjavel parle longuement de Merlin dans L'Enchanteur<ref name="Busch"/>. Ce roman dans le registre du conte est nettement optimiste, féerique et merveilleux<ref name="Boul"/>. Comme la plupart des œuvres de Barjavel, il est centré sur l'amour, célébrant tout entier l'union impossible de Merlin et Viviane<ref name="Busch">Valérie Thivent, « L'Enchanteur de René Barjavel et la matière arthurienne » dans Réception du Moyen Âge dans la culture moderne (dir. Danielle Buschinger), Presses du Centre d'études médiévales, université de Picardie-Jules Verne, 2002, Modèle:P.</ref> : Merlin ne doit pas se laisser aller à aimer Viviane sous peine de perdre ses pouvoirs, qui dépendent de sa virginité. L'Enchanteur se présente comme un magicien capable de se métamorphoser en cerf et en oiseau (notamment en corbeau blanc), un « maître du monde végétal »<ref name="Pieszczyk"/> et des forces du vent<ref group="Ba">Modèle:P., cité par Modèle:Harvsp</ref>. Entièrement vêtu de vert, les paysans le prennent pour un ancien dieu forestier<ref name="Boul"/>. Il naît « couvert de poils comme un enfant sanglier »<ref name="Pieszczyk">Laurence Delord-Pieszczyk, L'Œuvre de René Barjavel : de la science-fiction au Moyen Âge, ou l'itinéraire d'une symbolique, Presses universitaires du Septentrion, 1998, Modèle:P.</ref>, sa première apparition se fait sous l'apparence du cerf blanc<ref group="Ba">Modèle:P.</ref>, en écho à l'histoire de Grisandole<ref name="Boul"/>. Il aide à l'établissement de la Table ronde et lance les chevaliers sur la quête du Graal<ref group="Ba">Modèle:P.</ref>, le roman s'achève par l'union éternelle de Merlin et Viviane, dans une « chambre d'air » invisible, une « chambre d'amour que le temps promène »<ref>Alain Montandon, Figures mythiques médiévales aux {{#switch: XX
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}}, volume 11 de Cahiers de recherches médiévales, Honoré Champion, 2004, Modèle:P.</ref>.
Cycle de Pendragon
Le Cycle de Pendragon, écrit par Stephen Lawhead entre 1987 et 1999, présente Merlin comme étant à lui seul différents personnages cités dans les sources historiques. Il fait remonter les origines de la légende arthurienne, et donc de Merlin, à la chute de l'Atlantide. Ce cycle est parfois qualifié de semi-historique (dans la mesure où le cadre historique est davantage mis en avant que l'aspect magique), et parfois de fantasy. Merlin est le narrateur du second tome du cycle et du quatrième, Pendragon. Il aide l'avènement du roi Arthur, destiné à sauver la Bretagne sur les plans spirituels et politiques<ref name="Besson07">Modèle:Ouvrage</ref>. Ces romans rencontrent un grand succès dans de nombreux pays<ref>Modèle:Lien web</ref>. Stephen Lawhead s'est appuyé sur les Mabinogion et les écrits de Geoffroy de Monmouth<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Frances Sinclair, Fantasy Fiction, School Library Association, 2008, Modèle:ISBN, Modèle:P.</ref>, ses textes sont également nettement influencés par la culture chrétienne<ref name="Besson07"/>.
Fantasy
Modèle:Article connexe Modèle:Article détaillé Les œuvres littéraires modernes autour de Merlin appartiennent majoritairement au genre fantasy, la fantasy arthurienne étant un sous-genre à elle seule<ref name="BessonFantasy">Anne Besson (dir. Isabelle Durand-Le Guern), « Le mythe culturel en fiction : deux relectures de la préhistoire arthurienne par la fantasy contemporaine » dans Images du Moyen Âge, PU de Rennes « Interférences », 2006, Modèle:P.. Modèle:Lire en ligne</ref>.
L'Américaine Andre Norton écrit en 1975 Le miroir de Merlin (Merlin's mirror), où Myrddin est engendré par des extraterrestres et s'oppose à Nimue, la Dame du Lac, pour permettre l'avènement du roi Arthur en Angleterre après la chute de l'Empire romain<ref>Andre Norton (Trad. François Truchaud, ill. Jean-Mihel Nicollet), Le miroir de Merlin, NéO, juillet 1983, Modèle:ISBN, 204 p.</ref>. Dans son roman initiatique Le retour de Merlin, Deepak Chopra imagine la résurrection de Merlin et Mordred dans une petite ville anglaise à l'époque moderne<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Jean-Louis Fetjaine écrit la série Le Pas de Merlin de 2002 à 2004, œuvre qui présente Merlin en barde du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, assez éloigné du personnage médiéval de la légende arthurienne, sur une île de Bretagne menacée par les invasions des Pictes et des Gaëls<ref>Modèle:Lien web</ref>. D'après Anne Besson, son univers est une fusion entre la légende médiévale habituelle et la fantasy définie par Tolkien, puisque Merlin y est de nature merveilleuse, mi-homme et mi-elfe<ref name="BessonFantasy"/>. La suite, Brocéliande, raconte la quête des origines de Merlin en forêt de Brocéliande<ref>Modèle:Lien web</ref>. Robert Holdstock, dans Le Codex Merlin (trois tomes : Celtika, Le Graal de Fer et Les royaumes brisés, publiés chez Pocket et Le Pré aux clercs), présente Merlin comme un être immortel et éternellement jeune, en quête de savoir. Il rencontre le Grec Jason dans la quête de la Toison d’or<ref>Modèle:Lien web</ref>. Son roman Le Bois de Merlin se déroule en forêt de Brocéliande après la mort du magicien<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Merlin d'Ambre est le personnage central de la seconde partie de la saga des Neuf Princes d'Ambre (ou Cycle de Merlin) par Roger Zelazny. Fils de Corwin et de Dara, il est féru d'informatique et très doué dans la pratique de la magie. D'autres cycles de fantasy mentionnent Merlin sans en faire un personnage central. Ainsi, la saga de Harry Potter, écrite par Modèle:Nobr, présente Merlin comme le plus grand et célèbre sorcier de tous les temps<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. La Quête d'Ewilan, trilogie écrite par Pierre Bottero, raconte que Merlin serait Alavirien, un dessinateur hors pair. Il s'appellerait en réalité Merwyn Ril'Avalon. Dans sa saga Les Dames du lac, Marion Zimmer Bradley fait de Merlin un druide sage et mortel, évacuant de son œuvre toute référence à la magie<ref name="BessonFantasy" />.
Ouvrages jeunesse
Modèle:Article détaillé Certaines œuvres sont dédiées au jeune public, comme l'adaptation illustrée de Claudine Glot La Légende de Merlin<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Dans la série Azilis de Valérie Guinot (L'Épée de la liberté, La Nuit de l'enchanteur et Le Sortilège du vent), qui se déroule au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, l'héroïne homonyme devient l'élève de Myrddin<ref>Modèle:Ouvrage</ref> et tombe amoureuse de lui<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Dans la série L'Apprentie de Merlin, par Fabien Clavel, l'héroïne Ana apprend aussi les secrets magiques de Merlin. Les Descendants de Merlin d'Irene Radford, paru en 2007 chez Points, a pour protagoniste Wren, la fille de Merlin et d'une grande prêtresse de Dana. La série de romans Merlin, écrite par Laurence Carrière depuis 2009, raconte l'enfance et l'adolescence du jeune Merlin en mêlant données historiques et éléments de fantasy. Elle compte six tomes : L'École des druides, L'Épée des rois, Le Monde des ombres, Les Portes de glace, L'Étrange Pays des fées et La Colère des géants.
Humour
Certaines œuvres sont imprégnées d'humour, c'est le cas du roman de Mark Twain, Un Yankee à la cour du roi Arthur (en anglais : Modèle:Langue), écrit en 1889. Et de Merlin l'Ange Chanteur, troisième tome du cycle Quand les dieux buvaient de Catherine Dufour, dans lequel Merlin est un Archange griffu se nourrissant de foi et de souffrance humaine. L'oulipien Jacques Roubaud a beaucoup travaillé sur la légende arthurienne, avec ses deux œuvres Graal fiction (1978)<ref>Modèle:Ouvrage</ref> et Graal théâtre (chez Gallimard). Dans la première, sur un ton humoristique, il relit et réécrit certains passages de la légende arthurienne pour en expliquer les mystères<ref name="Boul"/>.
Autres productions culturelles
Opéra, théâtre et musique
Modèle:Article détaillé Au début des années 1880, Georges Marty compose le poème symphonique Merlin enchanté<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Jann Pasler, Writing through Music: Essays on Music, Culture, and Politics, Oxford University Press, 2007, Modèle:P.</ref>. En 1887, Károly Goldmark créé son second opéra, Merlin. Myrdhin est le second opéra du compositeur breton Paul Ladmirault, composé en 1909. Merlin apparaît également dans l'opéra d'Ernest Chausson, Le Roi Arthus, créé le Modèle:Date, quatre ans après la mort du compositeur. Il est le personnage principal de l'opéra Modèle:Lien d'Isaac Albéniz.
Boris Vian, dans la pièce et l'opéra Le Chevalier de neige (respectivement en 1953 et 1957), présente Merlin comme « l'Homme Vert », incarnation du bien par opposition à la Fée Morgane<ref name="BaA95" group="BaA"/>. Laurence Naismith interprète le personnage de Merlyn dans la version filmée de la comédie musicale Camelot (basée sur l'œuvre de T. H. White)<ref name="Morton"/>. Merlin ou la Terre dévastée (Modèle:Langue), pièce de théâtre allemande assez complexe jouée pour la première fois en 1981, prend la forme d’un spectacle-fleuve où Merlin est à la fois scénariste et spectateur du mythe arthurien<ref name="Zussa6"/>. Le groupe de rock néerlandais Kayak a intitulé son huitième album Merlin. The Myths and Legends of King Arthur and the Knights of the Round Table, album conceptuel de Rick Wakeman sorti en 1975, compte une chanson consacrée à Merlin (Merlin the Magician), et constitue l'une des plus intéressantes adaptations de la légende arthurienne sur support musical<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. En Bretagne, le harpiste celtique Rémi Chauvet a pris pour pseudonyme le nom de « Myrdhin », en référence à Merlin<ref>Erwan Delon, Jeunes Bretons ou l'identité enchanteresse ?, éditions L'Harmattan, 2007, Modèle:ISBN, Modèle:P.</ref> et un groupe de rock formé en 1996 à Landerneau se nomme Merzhin. Le compositeur nantais Alan Simon a élaboré entre 1998 et 2013 une trilogie appelée Excalibur, comportant trois albums-concepts et plusieurs spectacles narrés par Merlin, dont le rôle est tenu par divers artistes (Dan Ar Braz, Jean Reno, Michael Mendl)<ref>« Alan Simon revient avec Excalibur III - The Origins », Le Télégramme, 16 février 2012</ref>. Deux romans poursuivent l'aventure.
Cinéma
Modèle:Article détaillé À partir des années 1960, le cinéma succède au théâtre pour mettre en scène Merlin. L'une de ses représentations les plus connues au cinéma est celle du film d'animation Merlin l'Enchanteur en 1963, inspiré du roman L'Épée dans la pierre<ref name="Morton" />. Ce film d'animation des Studios Disney réalisé par Wolfgang Reitherman montre une image puérile du personnage, dont les pouvoirs se limitent à la métamorphose<ref group="BaR">Modèle:P.</ref>. Jouant sur l'humour, il est destiné à un jeune public<ref name="Zussa6">Modèle:Harvsp</ref>. Le film Excalibur de John Boorman, réalisé en 1981 avec Nicol Williamson dans le rôle de Merlin<ref name="Morton" />, offre un propos bien différent. Boorman a toujours considéré Merlin comme « le personnage le plus intéressant des légendes ». Il présente l'enchanteur comme « un mythe dont la Bretagne (Modèle:Langue) a besoin ». Le Merlin de Boorman réunit une combinaison d'archétypes jungiens : vieil homme sage, métamorphe et Trickster, doué de prescience, d'une affinité avec le monde animal (il parle aux chevaux) et avec le dragon, il est chargé de l'éducation d'Arthur, tout en formant un élément humoristique du film<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. En 1996 sort Les Nouvelles Aventures de Merlin l'Enchanteur (en VO : Merlin's Shop of Mystical Wonders), film d'horreur américain.
Dans le film d'animation de Chris Miller Shrek le troisième, sorti en 2007, on rencontre un Merlin à la retraite et incapable de faire correctement de la magie. Le personnage est présent aussi dans le film La Dernière Légion où l'on suit la destinée d'un certain druide Ambrosinus (en réalité Merlin) qui devient tuteur du dernier empereur de Rome et de son fils Arthur<ref>Modèle:Lien web</ref>. Dans L'Apprenti sorcier, sorti en 2010, le personnage principal apprend qu'il est le dernier descendant de Merlin et qu'il doit combattre la fée Morgane.
Télévision
Modèle:Article détaillé Tout comme le cinéma, la télévision ne manque pas de consacrer régulièrement des productions au personnage de Merlin. On rencontre un Merlin retiré du monde et vivant de nos jours dans la série Monsieur Merlin diffusé sur CBS (1981-1982). Dans le téléfilm de 1998 Merlin, réalisé par Steve Barron, le protagoniste (joué par l'acteur Sam Neill) combat la déesse païenne Mab<ref name="Morton">Modèle:Harvsp</ref>. Puis en 2006, une suite intitulée L'Apprenti de Merlin a été tournée<ref group="BaR">Modèle:P.</ref>. Le téléfilm Le Retour de Merlin, réalisé en 2000<ref group="BaR">Modèle:P.</ref>, reçoit un mauvais accueil critique<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Merlin contre les esprits d'Halloween, un téléfilm d'animation créé en 2006, est inspiré de la bande-dessinée de Joann Sfar. Toujours en France, la série humoristique Kaamelott (2005-2009), réalisée par Alexandre Astier, voit Jacques Chambon jouer un Merlin incompétent<ref group="BaR">Modèle:P.</ref>. La BBC One diffuse de 2008 à 2012 la série Merlin, avec Colin Morgan dans le rôle du protagoniste dont la jeunesse est racontée. Le personnage apparaît aussi au centre de la série Camelot où Joseph Fiennes interprète un Merlin manipulateur et torturé par son usage de la magie. Le téléfilm français en deux parties Merlin, réalisé par Stéphane Kappes avec Gérard Jugnot dans le rôle de Merlin, a été diffusé à la télévision en France et en Belgique fin 2012. Il a reçu un mauvais accueil critique en raison notamment de ses effets spéciaux<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Certaines séries télévisées consacrent un épisode particulier à Merlin ou en font un personnage secondaire, ainsi dans Au cœur du temps (The Time Tunnel) en 1967, Christopher Cary incarne Merlin, the Magician dans l'épisode homonyme<ref name="Morton"/>. Dans Stargate SG-1 (de Brad Wright et Jonathan Glassner, 1997-2002), Matthew Walker joue le rôle de Merlin. Le téléfilm réalisé par Roger Young en 1998, Le Chevalier hors du temps, voit Ian Richardson incarner le magicien<ref group="BaR">Modèle:P.</ref>.
Bande dessinée et livres d'illustration
Modèle:Article détaillé Merlin apparaît dans l'univers de DC Comics, dans lequel toute la mythologie autour du personnage est reprise, avec notamment la fée Morgane et Nimue. De même, Thor (1962-), série de Comics de Marvel, présente un super-vilain nommé Merlin. Philippe Le Guillou campe un Merlin contemplatif dans l'ouvrage Immortels : Merlin et Viviane, avec Paul Dauce<ref group="BaA" name="BaA95">Modèle:P.</ref>. Brucero a abondamment illustré Merlin sur les textes de Catherine Quenot dans Le Livre secret de Merlin<ref>Catherine Quenot et Brucero, Le Livre secret de Merlin, Glénat, 30 octobre 2007, Modèle:ISBN, 104 p.</ref>.
Merlin (1999-2003) est une série de bande dessinée humoristique retraçant l'enfance de Merlin, dont le scénario est signé Sfar. Les deux séries Merlin (2000-2009, BD réaliste retraçant la jeunesse de Merlin) et Merlin, la quête de l'épée (2009-), scénarisées par Jean-Luc Istin, appartiennent au genre fantasy et présentent un personnage d'origine païenne. Elles connaissent un grand succès<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Merlin apparaît également dans la série Le Chant d’Excalibur d'Arleston Scotch et Éric Hübsch. Réveillé en plein Moyen Âge par la destruction de son dolmen-prison, il part en quête au côté la jeune Gwyned, une descendante de Galaad, pour raviver le peuple magique. Celui-ci est en effet menacé de disparaître faute de croyants en ces temps de christianisation galopante. L’enchanteur y est dépeint comme crasseux, ivrogne et libidineux.
Dans le manga Seven Deadly Sins, Merlin, une femme, est l'un des personnages principaux de l'œuvre. Lors de sa première apparition, elle est mage garde du corps d'Arthur Pendragon, roi de Caamelot.
Jeux
L'univers des jeux fait lui aussi régulièrement appel à Merlin. Dans la série de livres-jeux Quête du Graal (1984-1987), il est le mentor du héros, Pip. En 1998, le jeu de société Merlin, destiné aux jeunes, est créé par Reinhard Staupe. Il est réédité en 2003<ref>Modèle:Lien web</ref>. Dans la série de jeux vidéo Paper Mario (2000-), le personnage de Merlon est présenté comme le cousin de Merlin<ref>Voir le livret du jeu</ref>. D'autres jeux sont inspirés de licences cinéma ou télévisées, c'est le cas de Merlin: A Servant of Two Masters sur Nintendo DS, sorti en 2012 et inspiré par la série télévisée de la BBC<ref>Modèle:YouTube</ref>, ainsi que pour la série de jeux vidéo Kingdom Hearts, où la version Disney du personnage de Merlin apparaît dans quelques épisodes de la série (Kingdom Hearts, Kingdom Hearts 2 et Kingdom Hearts: Birth by Sleep).
Hommage
L'astéroïde (2598) Merlin, découvert en 1980, est nommé en son honneur<ref>Modèle:Chapitre</ref>.
Notes et références
Notes
Références
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Citations d’œuvres
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Annexes
Articles connexes
Sources primaires
- Jacques Boulenger, L'Histoire de Merlin l'enchanteur, Paris, Librairie Plon, 1922, 282 p. Lire en ligne https://archive.org/details/lesromansdelatab01bouluoft/page/n9/mode/2up
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Bibliographie
Ouvrages
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- Laura Chuhan Campbell, The Medieval Merlin Tradition in France and Italy : Prophecy, Paradox, and Translatio (Cambridge: D. S. Brewer, 2017)
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Articles, communications, contributions à des ouvrages collectifs
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Liens externes
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