Histoire des Juifs en Inde
Modèle:En-tête labelModèle:Sources à lier
L'histoire des Juifs en Inde recouvre celle de trois communautés juives historiques totalisant six mille membres (1997), chacune dans une aire géographique très déterminée : la communauté de Cochin dans le Sud du sous-continent, les Bene Israël dans les environs de Bombay et la communauté Baghdadi (« ceux de Bagdad ») aux alentours de Calcutta et de Bombay. La communauté de Cochin est elle-même divisée en deux groupes : les « Juifs noirs », plus anciens, et les « Juifs blancs », d'origine plus récente.
Les Juifs noirs de Cochin et les Bene Israël sont les deux communautés les plus anciennes, et bien que les documents sur leur histoire soient très ténus, leur installation sur la côte ouest de l'Inde en suivant les routes commerciales depuis le Moyen-Orient remonte probablement au {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | Ier{{#if:| }} }} millénaire de l'ère chrétienne. Au cours de leur histoire et jusqu'au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, ces deux communautés sont restées séparées, sans contact l'une avec l'autre. Les contacts avec le reste du monde juif furent également ténus, plus encore pour les Bene Israël de Bombay que pour les Juifs de Cochin, qui conservèrent quelques liens avec l'extérieur. Les Juifs blancs de Cochin et les Juifs Baghdadi ont une origine plus récente, liée à l'expansion occidentale dans la région : {{#switch: XVII
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}} pour les « Juifs blancs » de Cochin, d'origine moyen-orientale et européenne, et début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle pour les Baghdadi, d'origine moyen-orientale. Ces deux groupes conservèrent toujours d'importants contacts avec le reste du monde juif.
Le caractère non prosélyte de la mentalité traditionnelle indienne a permis une structuration de ces communautés en castes endogames, sans persécution manifeste. L'indianisation des cultures et des apparences physiques est corrélée avec l'ancienneté des communautés et leur isolement : très forte pour les Juifs noirs de Cochin et les Bene Israël de Bombay, partielle pour les Juifs blancs de Cochin (qui ont cependant adopté la langue locale) et très faible pour les Baghdadi, partagés entre une culture d'origine moyen-orientale et une anglicisation devenue très forte au cours du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle. L'influence indienne peut se lire dans la forte réticence des différents groupes juifs indiens à se marier entre eux, l'endogamie, conformément à la règle indienne régissant les jāti, restant la règle.
L'irruption de la colonisation occidentale dans la région, d'abord portugaise et néerlandaise, puis britannique, a entraîné des mouvements de population (en particulier l'arrivée des « Juifs blancs » de Cochin et des Baghdadi). Elle a entraîné également des interactions croissantes avec les pouvoirs coloniaux, particulièrement avec le raj britannique. Il en est découlé une occidentalisation parfois très forte, ainsi qu'une révolution considérable dans les modes de vie des communautés. Après l'indépendance de l'Inde (en 1947) et la création de l'Etat d'Israël le 14 mai 1948 et malgré l'absence de tensions spécifiques avec le nouvel État indépendant (sauf au Pakistan), la majorité des Juifs des Indes ont émigré vers Israël dans les années 1950 et 1960.
Outre les membres juifs des divers corps diplomatiques, il existe également deux autres groupes se réclamant aujourd'hui du Judaïsme : les Bnei Menashe, de langue Mizo, vivant au Manipur et au Mizoram. Ils se sont proclamés juifs dans les années 1950, et disent descendre de la tribu de Manassé. Les Bene Ephraïm (ou Juifs Telugu), sont un petit groupe parlant le Telugu, dont l'observance du judaïsme date de 1981.
En 2016, la population juive indienne est estimée à Modèle:Nombre. Ils disposent du statut de « minorité » au Bengale-Occidental (43 Juifs) et depuis 2016 au Maharashtra (1000 Juifs). Ce statut facilite les actes d'état civil et la vie culturelle<ref name=TOI/>.
La communauté du Kérala
Il existait, jusqu'à leur émigration vers Israël, trois groupes juifs vivant à Cochin, organisés dans un système de castes endogames inspirées du modèle indien. L'une de ces castes, les « Juifs blancs » ou paradesi (« étrangers »), s'est installée dans la région au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, venue de la péninsule Ibérique et du Moyen-Orient. Les deux autres groupes, ou « Juifs noirs », sont présents sur la côte de Malabar depuis le premier millénaire de l'ère chrétienne, et se sont totalement indianisés, tant en termes d'apparence physique que de cultureModèle:Refnec.
Légendes des origines
Les origines lointaines des Juifs de Cochin sont mal connues, et ont donné naissance à diverses légendes, les Juifs de Cochin eux-mêmes en ayant présenté des variantes quelque peu différentes selon les époquesModèle:Refnec.
Le compte-rendu de Moses Pereira de Paiva
En 1685, Moses Pereira de Paiva, un membre d'une délégation de Juifs d'Amsterdam, recueille les traditions des « juifs blancs » sur leurs origines. D'après celles-ci, 70 à Modèle:Unité auraient, depuis Majorque, immigré pour une raison non précisée dans le Malabar en 370 de l'ère chrétienne. En 379, le roi Cheran Perumal aurait donné à leur chef Joseph Rabban la ville de Cranganore en possession perpétuelle. Le groupe aurait été rejoint en 499 par un grand nombre d'autres Juifs à l'origine imprécise, les deux groupes formant l'origine des « Juifs blancs » du Malabar. Les « Juifs noirs », sensiblement plus nombreux, descendraient de Modèle:Unité achetés sur place, convertis puis libérés par leurs maîtres<ref name="The-Bene-Israel-of-India-p30"/>. Cette tradition est manifestement une invention tardive, les premiers « Juifs blancs » étant arrivés au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle<ref name="Katz-p14"/>. Joseph Rabban a bien existé, puisque son nom apparait sur un document du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, mais c'est d'une part un personnage bien plus tardif que le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle indiqué à de Paiva, et Rabban est d'autre part plus un ancêtre des « Juifs noirs » que des Paradesi. Quelques « Juifs noirs », dont des descendants revendiqués de rabban, semblent cependant avoir été intégrés aux « Juifs blancs » au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, et les Paradesi des époques postérieures peuvent donc, même partiellement, se réclamer de sa descendance<ref name="The-Bene-Israel-of-India-p30"/>.
Ce mythe fondateur montre sans doute la volonté de la petite communauté Paradesi (Modèle:Unité de « Juifs blancs » contre Modèle:Unité de « Juifs noirs » recensés par de Paiva<ref name="The-Bene-Israel-of-India-p30"/>) tout autant d'affirmer sa légitimité dans le pays par sa supposée ancienneté, que sa domination sur les deux castes des malabari (comme les nomme de Paiva), renvoyées à une origine servileModèle:Refnec.
Les peintures de la synagogue des Paradesi
Dans la seconde moitié du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, Modèle:Nobr indique que les Juifs de Cochin pensent être présents dans la région depuis la destruction du Second Temple de Jérusalem par les armées de Titus Vespasien, en 70. La communauté se serait d'abord concentrée à Cranganore (Kodungallur) où, d'après sa tradition, elle aurait même eu une principauté autonome<ref name="The-Bene-Israel-of-India-p30"/>. Pour les Malabari, ce sont les « Juifs blancs » qui sont les derniers venus, d'où le terme de Paradesi (« étrangers ») qu'ils leur attribuent<ref name="The-Bene-Israel-of-India-p30"/>. Preuve du flou entourant les origines, et au contraire de la relation faite à de Paiva en 1685, celle faite au théologien écossais Claudius Buchanan en 1807 admet la venue de « fils d'Israël, qui vinrent du pays d'Ashkénaze [l'Allemagne], d'Égypte, de Tsoba [Syrie] et d'autres lieux » lors du déplacement à Cochin (donc au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle), soit l'origine manifeste des paradesi<ref name="Syrian-Church-in-India"/>.
En 1968, pour le quatrième centenaire de la construction de la synagogue des Paradesi, ces derniers ont commandé une série de dix tableaux retraçant l'histoire légendaire de leur communauté. Ces tableaux retraçant les étapes essentielles doivent être pris pour ce qu'ils sont, à savoir Modèle:Citation. Faute de documents, la plus grande partie de ces légendes ne peuvent être ni validées ni rejetées, même si certains aspects limités ont pu être confirmés ou infirmés. Chez les Juifs de Cochin, il existe des variantes de l'histoire racontées par ces peintures, qui n'en sont donc qu'une version<ref name="The-Jews-of-India-introduction"/>. Pour l'essentiel, la relation des tableaux ressemble fortement à celle présentée en hébreu à Claudius Buchanan en 1807<ref name="Syrian-Church-in-India"/>.
La première peinture montre un bazar de Cranganore à l'époque du roi Salomon (Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle avant notre ère), et le commentaire de la peinture indique que l'Inde exportait déjà ses marchandises vers la Palestine à cette époque<ref name="The-Jews-of-India-introduction"/>.
Les seconde et troisième peintures racontent la fuite des Juifs après la destruction du second temple de Jérusalem (en 70 de l'ère chrétienne) et leur arrivée à Shingly / Cranganore en 72<ref name="The-Jews-of-India-introduction"/>. On peut noter que la date d'arrivée en Inde a encore reculé par rapport à celle donnée à de Paiva en 1685<ref name="The-Jews-of-India-introduction"/>.
Les quatrième et cinquième peintures montrent l'accueil favorable du Râja de Cranganore (en 72), puis la donation à Joseph Rabban du fief de Anjuvannam en 379, ce qui permit qu'Modèle:Citation.
La sixième peinture montre la discorde entre Juifs lévites et non lévites de Cranganore, ce qui est peut-être le souvenir d'affrontement entre Juifs Paradesi (« blancs ») et Juifs Malabari (« noirs »), ou entre factions Malabari<ref name="The-Jews-of-India-introduction"/>.
La septième peinture montre la construction de la synagogue de Cochin en 1568 (par les Paradesi) après la fuite de Cranganore<ref name="The-Jews-of-India-introduction"/>.
La huitième peinture explique la fuite de Cranganore en 1524 à la suite de « la destruction de Cranganore par les Portugais et les Turcs […]. Joseph Azar, le dernier prince juif s'enfuit à Cochin avec sa femme […]. Les juifs se placèrent sous la protection du mahârâja de Cochin »<ref name="The-Jews-of-India-introduction"/>. La relation faite à Claudius Buchanan en 1807 ajoute que la population juive à Cranganore avait été très importante, et que ce sont ces massacres et la fuite à Cochin qui ont réduit la communauté « à un petit nombre<ref name="Syrian-Church-in-India"/> » (environ deux mille personnes en 1781, donc sans doute un chiffre proche en 1807)Modèle:Refnec.
La neuvième peinture insiste sur les bonnes relations entre Juifs et Hindous, en relatant un cadeau fait aux Juifs en 1805 par le mahârâja de Travancore, voisin de Cochin, et où se trouvait une petite communauté<ref name="The-Jews-of-India-introduction"/>.
Enfin le dixième tableau relate la réception du mahârâja à la synagogue en 1949, célébrant l'indépendance d'Israël, et annonçant de fait l'émigration vers le nouvel État<ref name="The-Jews-of-India-introduction"/>.
Il est notable qu'à l'exception possible et indirecte de la sixième peinture, les différences de communautés, de castes ou d'origine entre Juifs Paradesi et Malabari ne soient jamais abordées, au contraire de la relation faite à de Paiva en 1685, qui insistait sur ces différences en les justifiant. Ces peintures datent en effet de 1968, après l'abolition des castes et l'émigration vers IsraëlModèle:Refnec.
L'histoire
Au-delà des légendes locales, les historiens ont cherché à définir l'origine de la communautéModèle:Refnec.
Traces documentaires
La première trace de la présence des Juifs du Kérala remonte au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, lorsqu'un râja de la dynastie Chera, qui dominait le Malabar, accorde une charte aux Juifs de « Ousepp Irabban » (traduit par Joseph Rabban) qui vivent sur son territoire. Cette charte donne à « Ousepp Irabban » la propriété permanente du village de Ansuvannam, près de Cranganore<ref name="cochin-jewish-encyclopedia"/>. Le document, écrit sur deux plaques de cuivre<ref name="The-Bene-Israel-of-India-p30"/> et connu sous le nom de Sâsanam<ref name="cochin-jewish-encyclopedia"/>, venait probablement en remerciement pour l'aide militaire que les Juifs lui auraient apportée dans sa résistance contre le pouvoir grandissant des Chola voisins. Il est toujours conservé dans la synagogue de Cochin (Anquetil-Duperron, de passage dans la ville, en fera une traduction). Les inscriptions ont été datées entre 974 et 1020Modèle:Refnec.
Benjamin de Tudèle, dans son compte rendu sur l'Inde (vers 1167), déclare qu'il y avait dans cette région environ mille Juifs, « noirs comme les autres habitants<ref name="The-Bene-Israel-of-India-p30"/> », qui observaient la Torah et avaient une petite connaissance de la loi orale juiveModèle:Refnec.
Hypothèses
Le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle marque donc l'entrée des Juifs du Kérala dans l'histoire écrite. Avant cette date, il est impossible de dire précisément à quand remontait leur implantation, et ce que furent leurs vies, mais des théories ont été formuléesModèle:Refnec.
L'arrivée des Juifs dans le Sud de l'Inde au premier millénaire n'est pas un fait isolé. La région faisait déjà du commerce avec l'Occident à l'époque de l'Empire romain<ref name="Périple-mer-Érythrée"/>,<ref name="Sarayu-Doshi-India-and-Egypt"/>,<ref name="Pline-inde"/>, et diverses immigrations ou influences extérieures se sont produites au premier millénaire de l'ère chrétienne, en particulier celles des Chrétiens de saint Thomas, et celles des Musulmans.
C'est ainsi à Cranganore que l'apôtre Thomas est censé avoir accosté en Inde pour l'évangéliser<ref name="Menachery"/>. La légende des chrétiens locaux indique d'ailleurs que leur fondateur aurait commencé par évangéliser une colonie juive. Cranganore est aussi le siège traditionnel de ce qui serait la plus vieille mosquée construite en Inde (construite par Malik Ibn Dinar durant les Modèle:Nobr d'après la tradition)Modèle:Refnec.
Vraies ou fausses, ces traditions présentant le Kérala comme la porte d'entrée en Inde des nouvelles religions juive, chrétienne et musulmane, en disent beaucoup sur la tolérance religieuse qu'a connue et que connaît toujours le Kérala, avec deux grosses minorités musulmane et chrétienne, comptant chacune pour environ 20 % de la population<ref name="Jews-of-China"/>. Elles confirment aussi l'attrait ancien de la régionModèle:Refnec.
Les relations marchandes entre les mondes méditerranéen et indien sont en effet très anciennes. Ce dernier fournissait depuis l'Antiquité aux pays méditerranéens des matières premières et des produits finis. Certaines de ces matières premières étaient plus ou moins des monopoles indiens : les épices comme le poivre<ref name="The-Jews-of-India-introduction"/>, qui ne prospéraient que sur la côte de Malabar dans le Sud-Ouest de l'Inde, le bois de santal, le bois de teck apprécié pour la construction navale, et enfin le diamant et les autres pierres précieusesModèle:Ref nec.
Parmi les produits finis dont le monde méditerranéen appréciait la qualité, on peut citer les tissus du Goujerat déjà utilisés dans l'Égypte ancienne, ou l'acier de Damas, dont la technique au moins trouve son origine dans le Wootz du Sud de l'Inde<ref name="wootz"/>.
Ce commerce florissant nécessitait un réseau organisé de marchands, et c'est peut-être l'une des raisons de la présence d'une communauté juive très ancienne en Inde du Sud-Ouest, sur la côte de Malabar. Il semble que le Kerala n'ait pas connu à l'époque médiévale Modèle:Citation, une situation facilitant l'intégration de marchands Juifs<ref name="Jews-of-China"/>.
Mais même les historiens, faute de sources, ne peuvent que spéculer sur la date et les modalités de cette migration, certains évoquant les troubles accompagnant la chute de Jérusalem (en 70), d'autres remontant même aux « dix tribus perdues d'Israël »<ref name="The-Bene-Israel-of-India-p30"/>. Plus généralement, la tendance dominante fait venir les Juifs noirs du Malabar à une date imprécise du premier millénaire de notre ère, par les voies marchandes de l'époque, comme d'ailleurs les premiers chrétiens et musulmans de la régionModèle:Refnec.
Si elle s'est, comme on le pense, fondée sur le commerce, la communauté des Juifs du Kérala va en tout cas finir par ne plus y jouer aucun rôle. C'est la communauté musulmane qui va gagner en importance dans ce domaine par sa maîtrise du commerce maritime. Les hindouistes, eux, abandonnent ou n'investissent pas dans cette activité, car le franchissement des océans est considéré par eux comme source d'impuretéModèle:Refnec.
Un isolement relatif
On peut noter que les malabari, quoique très isolés des autres communautés juives, ont maintenu des contacts avec le Yémen, d'où ils faisaient venir leurs textes juifs. Leur liturgie a donc une base séfarade, avec quelques spécificités comme la proscription du terme Jehovah, remplacé par Adonaï<ref name="Syrian-Church-in-India"/>, l'enlèvement des chaussures avant de pénétrer dans la synagogue<ref name="Syrian-Church-in-India"/>, ou bien sur les implications religieuses de la pratique des castes, comme l'interdiction pour les « affranchis » (Meshuchrarim) de s'assoir dans la synagogueModèle:Refnec.
Le contact maintenu avec la communauté juive du Yémen est sans doute l'une des deux raisons de la non-assimilation d'un groupe numériquement assez faible, l'autre étant le système des castes indiennes, qui impose une stricte endogamie, ce qui s'oppose fortement à l'assimilation d'une communauté ethnique ou religieuseModèle:Refnec.
L'arrivée des Occidentaux
En 1502, les Portugais qui sont en train de s'installer dans la région passent un accord avec le râja de Cochin, jusqu'alors vassal des Samutiri, ou Zamorin, accord qui affaiblit ces derniers et dure jusqu'en 1661Modèle:Refnec.
En 1504, au cours de leur guerre contre les Zamorin, les Portugais s'emparent d'une de leurs autres possessions, Cranganore, où vivaient à l'époque les Juifs. S'ensuit une longue guerre entre les « râjas de la mer » Zamorin, appuyés (selon les époques) par des flottes turques et égyptiennes, et les Portugais. Entrecoupée de trêves, la guerre durera jusqu'en 1584, et se traduira par une paix de compromis entre les Portugais et leurs adversaires. Cranganore subit des raids maritimes de musulmans alliés aux ZamorinModèle:Refnec.
À compter de 1604, les Néerlandais, hostiles aux Portugais, pénètrent dans la région et concluent un traité avec les Zamorin, en vertu duquel ils sont autorisés à commercer, et à construire des forts à Kozhikkode et Ponnani (un peu au nord de Cochin et Cranganore) pour leur protectionModèle:Refnec.
En 1661, les Néerlandais lancent un assaut avec leurs alliés Zamorin contre les possessions portugaises du Kerala. Ceux-ci et leurs alliés sont chassés de Cranganore et de Cochin (après un siège de quatre mois pour cette dernière ville), et un nouveau râja, le prince Mootha Thavazhi, monte sur le trône de Cochin en 1663, porté au pouvoir par les Néerlandais. Cochin passe du statut de protectorat portugais à celui de protectorat néerlandais<ref name="dutch-conquest"/>.
L'émigration vers Cochin
Nathan Katz fait remarquer qu'il est difficile de définir par des sources indépendantes la date et les raisons précises de la migration des juifs de Cranganore à Cochin. Pour la tradition de la communauté, la fuite aurait eu lieu en 1524, détruisant la majorité de la florissante communauté de Cranganore. Katz ne conteste pas que l'arrivée des Portugais en 1504 et les raids des musulmans alliés aux Zamorin ont sévèrement touché la communauté juive locale. Il n'exclut cependant pas des troubles antérieurs ayant affaibli la communauté, peut-être aussi liés à des querelles internes de successions<ref name="Katz-p36"/>.
Quelles qu'en soient les conditions exactes, la communauté juive émigre de Cranganore à Cochin au début de Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle. Les Juifs s'installent donc près de Cochin, à Mattancheri, sur des terres contigües au palais du râja et données par luiModèle:Refnec.
C'est vers le milieu du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle que seraient arrivés les premiers Paradesi (en 1566 d'après Modèle:Nobr<ref name="The-Bene-Israel-of-India-p30"/>), et ce sont eux qui construisent à Cochin une synagogue en 1568, malgré les réticences des Portugais, lesquels ont expulsé les Juifs du Portugal par le décret du 5 décembre 1496. Mais si les Portugais sont la puissance de tutelle, ils reconnaissent l'autonomie du gouvernement de Cochin dans les affaires intérieures, ce qui permet aux Juifs de maintenir leur situation. De ce fait, les Juifs montreront la même loyauté envers le râja de Cochin que celle dont, d'après leur histoire orale, ils auraient fait preuve vis-à-vis de celui de Cranganore, et ce jusqu'à l'indépendance de l'IndeModèle:Refnec.
La période moderne
En cette fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, et après la destruction des anciens cadres politiques, économiques et sociaux de Cranganore, la communauté de Cochin trouve l'équilibre entre castes Juives et avec l'environnement hindou qui sera le sien jusqu'au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècleModèle:Ref nec.
C'est surtout à partir de cette fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle que des documents commencent à apparaître sur la communauté, permettant de compléter et de contrôler son histoire orale. Antérieurement, si on excepte les tablettes du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, il n'y a quasiment aucune trace documentaire. Il est fort possible que ce manque découle du départ de Cranganore et de la destruction de l'ancien habitat juif de cette régionModèle:Refnec.
Vers 1600, David ben Solomon Ibn Abi Zimra et Rabbi Jacob ben Abraham Castro, d'Alexandrie, font une enquête légale concernant le statut des Juifs blancs et noirs . Ils estiment alors le nombre de Juifs de Cochin à neuf cents familles. Presque un siècle plus tard, en 1685, le rapport de de Paiva parle de vingt-cinq familles de « Juifs blancs » contre quatre cent soixante-cinq familles de « Juifs noirs »<ref name="The-Bene-Israel-of-India-p30"/>, soit presque moitié moins, sans qu'on sache si ces variations viennent de l'imprécision des études ou de réelles variationsModèle:Ref nec.
En 1663, les Portugais sont remplacés dans la région par les Néerlandais. Ceux-ci, protestants, sont très tolérants à l'égard des Juifs : les Pays-Bas servaient d'ailleurs de refuge à beaucoup de Juifs expulsés d'Espagne ou du Portugal. La situation des Juifs s'améliore doncModèle:Refnec.
La période néerlandaise est même considérée comme un deuxième âge d'or, après celui, mythique, où la communauté aurait possédé un royaume dans la région de Cranganore. En effet, en entrant en contact avec la communauté juive d'Amsterdam, largement originaire d'Espagne et actionnaire jusqu'à hauteur du quart de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales, les Juifs de Cochin se lient avec d'importants contacts commerciaux, et facilitent leur approvisionnement en textes religieuxModèle:Refnec.
Ainsi, en 1686, la communauté juive d'origine portugaise d'Amsterdam envoie une délégation à Cochin, dirigée par Moses Pereira de Paiva. Le but est de prendre contact avec la communauté juive locale, et de rassembler des données sur son histoire et sa façon de vivre. Les visiteurs ont un impact considérable sur la communauté juive de Cochin, en particulier du fait de la collection de livres en hébreu remis à la communauté. Le jour anniversaire de leur arrivée a longtemps été l'occasion d'un festival commémoratif à Cochin. Les contacts resteront réguliers entre les Juifs de Cochin et ceux des Pays-Bas jusqu'à la période britannique, en 1795Modèle:Refnec.
Vers 1750, et peut-être même un peu avant<ref name="The-Bene-Israel-of-India-p11"/>, les Juifs de Cochin, surtout Paradesi, entrent en contact avec une caste de « presseurs d'huile » vivant dans le Nord, dans des villages de la côte, près de Bombay. Appelée les « presseurs d'huile du samedi » à cause de son respect du Chabbat, ou les Bene Israël (« les fils d'Israël »), cette communauté n'a ni textes juifs, ni connaissance de l'hébreu, mais son nom, son monothéisme et ses traditions orales la font identifier comme étant d'origine juive<ref name="beni-israël-jewish-encyclopedia"/>. Dès le milieu du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, et pendant plus d'un siècle, les Juifs de Cochin, les Cochini, vont entreprendre la « rejudaïsation » des Bene Israël<ref name="The-Bene-Israel-of-India-p11"/>,<ref name="The-Bene-Israel-of-India-p19"/>, les formant au judaïsme orthodoxe et leur servant de cadres religieux (avec les Baghdadi, voir les Juifs du Yémen)Modèle:Refnec.
En 1781, le Gouverneur néerlandais, A. Moens, mentionne quatre cent vingt-deux familles, soit environ deux mille personnes vivant au sein de la communauté, soit un chiffre proche du recensement de 1685Modèle:Refnec.
Au cours de ce même Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, des émissaires de la communauté sont même envoyés en terre sainte.
En 1795, après la conquête française des Pays-Bas, la région passe sous influence britannique, et le reste jusqu'à l'indépendance de l'Inde, en 1947. Les relations du pouvoir britannique avec les Juifs locaux sont également très correctes.
En 1857, « Un recensement a été effectué […], où le nombre de Juifs dans l'État de Cochin était de 1790. Il est dommage que les nombres des Juifs blancs et noirs ne puissent être séparés »<ref name="Syrian-Church-in-India-note-chap-X"/>.
À la suite de sa visite de 1870, le professeur George Milne Rae les décrit physiquement (tant semble-t-il les Juifs blancs que les Juifs noirs) ainsi : Modèle:Citation.
- Jeunes juives de Cochin (v. 1890)
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Malgré leurs origines diverses, toutes les communautés de Cochin ont fini par parler le malayalam, la langue du Kerala, comme langue vernaculaire, et l'hébreu comme langue religieuse<ref name="Syrian-Church-in-India"/>, et par adopter en grande partie les coutumes locales<ref name="Jews-of-China"/>. Il s'agit plus exactement d'un dialecte parfois appelé le judéo-malayalam, « injectant [dans le malayalam] du vocabulaire hébreu, tamoul, […] néerlandais et anglais »<ref name="Katz-p36"/>. Les membres les plus éduqués et les plus occidentalisés, en faible nombre à la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, parlent également l'anglais.
À la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, il y a encore un faible investissement, même des Paradesi, en faveur d'une éducation « moderne », et la présence des missionnaires est moins importante que chez les Bene Israël. Ainsi, « l'Église d'Écosse a maintenu une mission pour les Juifs de Cochin de 1845 à 1857, mais sans succès »<ref name="Syrian-Church-in-India" />. George Milne Rae indique qu'à son époque il n'y avait qu'une douzaine de garçons suivant les cours de l'école ou du lycée<ref name="Syrian-Church-in-India" />. L'auteur précise qu'il existe une école talmudique en hébreu, mais que Modèle:Citation. George Milne Rae juge suffisamment exceptionnel pour le citer le cas d'un jeune Juif ayant réussi l'examen d'entrée à l'université de Madras en 1884<ref name="Syrian-Church-in-India" />.
À Cochin, la première organisation sioniste est fondée en 1923.
Les trois castes
Toutes les communautés juives vivant dans un pays pendant des siècles ont été influencées par la culture de celui-ci.
Les Juifs du Kérala n'ont pas fait exception à cette règle. Leurs habitudes de vie connurent une influence des pratiques brahmaniques, comme le fait par exemple de se déchausser en entrant dans la synagogue. On note aussi une exclusion des femmes de la vie sociale pendant leurs menstruations, plus sévère que celle recommandée par le judaïsme traditionnel. Mais l'influence la plus marquante est celle du système des castes.
Les deux castes malabari
Les Juifs de Cochin parlaient la langue locale, le malayalam, et s'habillaient à l'indienne. L'apparence physique des Malabari (« ceux du Malabar ») est celle des Dravidiens du sud de l'Inde, avec une peau foncée. Les conversions, peut-être dans des buts de mariage, ont donc été importantes dans la formation de la communauté.
Fait le plus marquant pour des Juifs originaires d'autres pays, les Juifs indigènes du Kérala étaient divisés à l'indienne, en deux castes.
La première est aujourd'hui appelée « Juifs noirs » (au sens étroit du terme), alors même qu'elle n'a pas de spécificité physique. C'était la caste dominante. On la nomme aussi les Meyuchasim, ce que Nathan Katz traduit par « les Juifs avec un lignage »<ref name="Katz-p14"/>.
La seconde caste était celle des Modèle:Lien, « ceux avec un document légal d'émancipation », les affranchis<ref name="Katz-p14"/>. Ils étaient, semble-t-il, les descendants d'esclaves locaux convertis et affranchis par leur maîtres juifs<ref name="The-Bene-Israel-of-India-p30"/>, sans qu'il soit très clair, faute de documents anciens, si ces conversions d'esclaves étaient d'origine Paradesi, donc récentes, ou d'origine malabari, donc plus anciennes. Leur statut social était très inférieur, et jusqu'en 1932, ils n'avaient pas le droit de s'assoir dans les synagogues Meyuchasim ou Paradesi. Conformément à la pratique indienne des castes, les mariages entre les deux groupes malabari, et Modèle:Langue entre Meshuchrarim et Paradesi, étaient interdits. Un document Paradesi de 1757 prend cependant en compte le cas d'une transgression, puisqu'il précise qu'en cas de mariage entre un Modèle:Citation. L'ascension sociale par le mariage était donc exclue, même pour les enfants.
Les deux groupes indigènes sont parfois appelés les malabari (85 % de la population au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle), par opposition aux « Juifs blancs » ou paradesi (ou pardeshi, étranger) (15 % de la population juive).
En 1892, George Milne Rae rapporte sa visite à Cochin en 1870, et décrit les relations entre Paradesi et Malabari (lesquels lui sont tous présentés par les Paradesi, sans distinctions de castes, comme descendant d'esclaves affranchis, et non comme les Juifs originels) : Modèle:Citation. Les divisions entre les trois castes de Cochin seront formellement abolies entre les deux guerres mondiales, en particulier grâce au combat d'Abraham Barak Salem (1882-1967), le premier Meshuchrar à avoir été diplômé de l'université<ref name="Katz-p67" />. Il mènera un combat avec des méthodes de non-violence active (satyagraha) très inspirées de celles de Gandhi<ref name="Kochi-dream" />, boycottant par exemple la synagogue de Cochin ou les Meshuchrarim étaient discriminés. Il participera aussi en tant que dirigeant au mouvement pour l'indépendance de l'Inde<ref name="Jewish-Gandhi" />, puis se ralliera progressivement au sionisme<ref name="Jewish-Gandhi" />, surtout après 1933.
Juifs blancs ou paradesi
Ceux-ci ont commencé à arriver à Cochin au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, en petit nombre, et ont été renforcés par de nouvelles arrivées, aux {{#switch: XVIII
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}}. Bien que pour des raisons géographiques on les classe dans les Juifs de Cochin, ils constituent en fait un quatrième groupe de Juifs en Inde, avec les malabari, les Bene Israël et les baghdadi.
Les paradesi sont à la base surtout des réfugiés séfarades en provenance de la péninsule Ibérique au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle. D'après la plaque qui y est aujourd'hui apposée, leur première synagogue fut construite en 1568<ref>Voir une photo (non-libre) de cette plaque, avec la date de la construction ici.</ref>. Puis sont venus des Juifs des Pays-Bas (eux-mêmes descendants de réfugiés d'Espagne et du Portugal), qui ont été rejoints plus tard par des Juifs d'Allemagne (ashkénazes) ou moyens-orientaux (de rite également séfarade).
Malgré ces origines quelque peu mélangées, les paradesi ont formé un groupe homogène, dont les pratiques religieuses étaient séfarades, avec quelques composants ashkénazes. Modèle:Nobr a « précisé les […] dates d'arrivées dans le malabar […] entre 1566 et 1778. Ces derniers arrivants [se sont mélangés] avec cinq autres familles venant des colons originels de Cranganore »<ref name="The-Bene-Israel-of-India-p30" />. Les origines familiales analysées par Koder font remonter les premiers Paradesi à des « lieux variés, comme Jérusalem, Safed, Alep, Damas, l'Espagne, l'Allemagne, la Perse et l'Irak »<ref name="The-Bene-Israel-of-India-p30" />. Le rapport de de Paiva montre d'ailleurs que sur les Modèle:Unité de Paradesi recensées en 1685-1686, 14 sont brancas (blanches), les autres étant plus brunes de peau<ref name="The-Bene-Israel-of-India-p30" />.
L'arrivée des Néerlandais en 1663 a donné un coup de fouet aux « Juifs blancs », renforçant leur petit groupe. Les Paradesi ont rapidement constitué une nouvelle caste, supérieure à celle des « noirs »<ref name="The-Bene-Israel-of-India-p30" />. Ce statut supérieur leur venait d'une plus grande richesse, elle-même liée à une meilleure connexion sur le commerce international. Leur peau beaucoup plus claire et leur culture plus occidentalisée les différenciaient nettement de leurs coreligionnaires de souche indienne.
Les mariages avec les malabari étaient interdits, chaque groupe pratiquait son culte dans des synagogues séparées<ref name="The-Bene-Israel-of-India-p30" />. On remarquera que le castéisme indien, tout en respectant la liberté religieuse, a été adopté par toutes les communautés religieuses qui se sont installées au Kérala de longue date. Les Chrétiens de saint Thomas et les musulmans ont reproduit, comme les Juifs, le système des castes. On voit ainsi des chrétiens blancs et noirs, et des musulmans aschraf et ajlaf (les premiers subdivisés eux-mêmes en thangals, arabes et malabari). Ces groupes sont endogames et non commensaux. Aux yeux des hindous, les Juifs, chrétiens et musulmans ne formaient que des jāti de plus. Cette situation de stricte division interne à la communauté sera d'ailleurs maintes fois condamnée par les autorités religieuses juives extérieures à Cochin.
Les communautés de Cochin n'avaient pas de rabbin, faute de séminaire religieux pour les former, et elles étaient gouvernées par des anciens, à l'image des panchayats indiens. Un chef traditionnel, le mudaliar faisait la liaison avec le râja, puis avec les puissances européennes colonisatrices.
La synagogue des « Juifs Blancs » fut jusqu'au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle interdite au malabari, qui avait la leur<ref name="Syrian-Church-in-India"/>.
L'émigration vers Israël
Comptant Modèle:Unité en 1945, les communautés de Cochin finiront par émigrer en masse en Israël après la création de l'État en 1948, et seules resteront sur place des vieilles personnes refusant de changer d'environnement et de mode de vie. Dès 1951, 85 % des Juifs de Cochin avaient émigré.
Leur nombre ne fera plus que décroître, passant de 370 en 1951 à 112 en 1971, puis 50 en 1982 et à une vingtaine en 2005<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Langue, sur le site de MASA, projet institutionnel de l'agence juive.</ref>.
En Israël, ils seraient entre 5 000 et 8 000 en 2005.
Les Bene Israël
Modèle:Article détaillé Les Bene Israël — les fils d'Israël — sont un groupe de Juifs qui, jusqu'au milieu du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, vivaient principalement à Bombay, Kolkata, Karachi, Delhi et Ahmadabad. Ils étaient la communauté la plus nombreuse au sein des groupes de Juifs indiens<ref name="The-Bene-Israel-of-India-page-6"/>. Leur langue maternelle était le marâthî, alors que les Juifs de Cochin parlaient le malayalam.
Origines
Les Bene Israël pensent que leurs ancêtres arrivèrent « du nord »<ref name="The-Bene-Israel-of-India-p11"/> dans le pays konkan (la côte au sud de Bombay) à la suite d'un naufrage<ref name="Isenberg1989"/>. Sept hommes et sept femmes auraient survécu<ref name="beni-israël-jewish-encyclopedia"/>,<ref name="Isenberg1989"/> et seraient à l'origine de l'actuelle population.
Sur cette base ténue, de nombreuses théories, externes ou internes à la communauté, ont été élaborées. L'historien Bene Israël Modèle:Nobr fait ainsi descendre la communauté d'Israélites ayant fui des persécutions syriennes en Samarie au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle avant Jésus-Christ<ref name="The-Bene-Israel-of-India-p15"/>. Dès le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, certains auteurs affirmaient cependant que la communauté descendait plutôt d'un groupe encore plus ancien issu des dix tribus perdues d'Israël<ref name="Isenberg1989"/>,<ref name="The-Bene-Israel-of-India-p15"/>, voire d'Hébreux de l'époque du roi Salomon<ref name="The-Bene-Israel-of-India-p15"/>, ou plus simplement de Juifs venus au {{#switch: ou
| e | er | = Modèle:S mini-{{#ifeq: VI|-| – | VI }}Modèle:S mini- siècle
| Modèle:S mini-{{#ifeq: ou|-| – | ou }}Modèle:S mini- siècle
}} de l'ère chrétienne en suivant les routes commerciales de l'époque, depuis l'Arabie ou la Perse<ref name="The-Bene-Israel-of-India-p15"/>.
L'absence de sources documentaires permettant de savoir depuis quand les Bene Israël vivent en Inde<ref name="identity_in_a_colonial_era_chap1" /> a ainsi donné lieu à « différentes théories suggérant qu'ils sont arrivés de Palestine, du Yémen, de la Perse, [ou de] Babylone »<ref name="Isenberg1989" />.
La génétique nous donne cependant une ouverture partielle sur l'origine de la communauté. En effet, les analyses montrent que la grande majorité des marqueurs génétiques du Modèle:Nobr (transmis et porté uniquement par les hommes) est d'origine moyen-orientale. L'étude considère d'ailleurs que ce groupe mâle était très petit, peut-être même constitué d'une seule personne, ce qui indique incidemment une entrée d'hommes d'origine indienne au sein de la communauté nulle ou presque.
À l'inverse, la grande majorité des marqueurs génétiques de l'ADN mitochondrial (transmis uniquement par les femmes) sont d'origine locale<ref name="jpost-2008" />. La légende des sept hommes et des sept femmes, origine unique de l'actuelle communauté semble donc devoir être rejetée, au profit d'immigrants masculins ayant majoritairement pris femmes localement. Le nombre des femmes ainsi intégrées au groupe juif originel (que ce soit à l'origine ou lors des époques postérieures) fut très restreint. Ainsi, « 41,3 % des Bene Israel […] descendent d'une seule ancêtre féminine »<ref name="jpost-2008" />, et « 67,6 % remontent à quatre femmes »<ref name="behar2008" />. Bien que très local, il semblerait que le patrimoine génétique maternel comprenne cependant toujours une lignée maternelle d'origine irakienne/iranienne, voire italienne<ref name="behar2008" />. Une nouvelle étude, réalisée en 2016, donne des résultats similaires<ref>« The Genetics of Bene Israel from India Reveals Both Substantial Jewish and Indian Ancestry »</ref>.
En toute hypothèse, les Bene Israël sont physiquement semblables aux Marathes (les habitants de la région) non-juifs<ref name="jewishvirtuallibrary-inde" />, ce qui confirme qu'ils se sont mêlés aux populations indiennes. Ils ont également quasiment les mêmes coutumes, du moins en dehors de leur religion. Ce fort degré d'assimilation laisse donc penser que la communauté vit en Inde depuis longtemps, mais sans que la date puisse être précisée.
En 1964, l'historien indien George Mark Moraes<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Langue, 1964, éditeur Manaktalas, par George Mark Moraes, Modèle:Nobr.</ref> considérait que des Juifs étaient déjà présents dans le konkan au début de l'ère chrétienne, parce que, selon Eusèbe de Césarée et Saint Jérôme, l'apôtre Barthélémy aurait évangélisé certaines régions indiennes à cette époque<ref name="nasrani.net">{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} « Modèle:Langue », un article du 13 février 2007, sur le Modèle:Langue.</ref>. Moraes estimait que la région touchée était la zone côtière près de Bombay (une opinion soutenue par Perimalil<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}}A.C. Perimalil, Modèle:Langue, Modèle:Langue, 1971.</ref>). Or les premiers missionnaires chrétiens évangélisaient en priorité les communautés juives, ce qui serait une preuve indirecte de la présence juive dans la région à cette époque, une hypothèse que Benjamin J. Israel juge assez spéculative<ref name="The-Bene-Israel-of-India-p10"/>.
En 1199 ou 1200, dans une lettre au rabbi de Lunel (en France), Maïmonide indique « les juifs des Indes ne savent rien de la Torah et des lois, rien sauf le Shabbat et la circoncision »<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Langue, cité sur le site Jewish Virtual Libreary.</ref>,<ref name="The-Bene-Israel-of-India-p10"/>. Maïmonide ne précise pas d'où il tenait ses informations, mais il y a toujours eu un courant commercial entre l'Inde et le Moyen-Orient<ref name="The-Bene-Israel-of-India-p10"/>. Il ne précise pas non plus de quelle communauté il parle. Les Juifs de Cochin peuvent sans doute être exclus, car ils ne semblent jamais avoir perdu leurs livres sacrés<ref name="The-Bene-Israel-of-India-p10"/>. Les Bene Israël semblent correspondre à la description, sauf si Maïmonide parlait d'une autre communauté, aujourd'hui disparue et restée inconnue des historiens.
Des marchands juifs provenant d'Europe voyagèrent jusqu'en Inde au Moyen Âge pour y commercer, mais on ne sait pas avec certitude s'ils installèrent des comptoirs permanents en Asie du sud. Au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, la référence à une communauté juive indienne par Abraham ibn Daoud est malheureusement extrêmement vague, puis restera sans écho durant plusieurs siècles.
La première mention incontestable date seulement de 1738 : dans une lettre du missionnaire danois Modèle:Nobr, celui-ci mentionne une communauté de Juifs « qui se dénomment Bene Israël, qui n'ont pas la Bible et ne connaissent pas l'hébreu, et dont la seule formule de prière ou de doctrine est le mot [hébreu] Shema. C'est le premier mot de la plus solennelle profession de foi<ref name="The-Bene-Israel-of-India-p10"/> » du judaïsme, le Shema Israël (« Écoute, [Ô] Israël »).
Les Bene Israël furent découverts et identifiés en tant que Juifs au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle par des marchands juifs venus de Cochin.
Coutumes et spécificités
Lors de leur découverte par les communautés juives de Calcutta et Cochin, les Bene Israël étaient une caste (Jāti) de presseurs d'huile (Telis), vivant essentiellement dans « le district de kulaba (aujourd'hui Raigad), dans le Maharashtra »<ref name="The-Bene-Israel-of-India-preface"/>. Ils étaient distingués des autres castes de presseurs d'huile sous le nom de Shanivari telis, c'est-à-dire les presseurs d'huile du samedi (Shanivar), parce qu'ils respectaient le Shabbat du samedi<ref name="beni-israël-jewish-encyclopedia"/>. À l'exception de son particularisme religieux, la communauté était totalement indianisée dans sa langue, sa culture et son apparence physique, rien ne permettant de les distinguer de leur environnement indien, si ce n'est leur appartenance à une caste spécifique.
La pratique indienne des castes, qui interdisait les mariages inter-castes et imposait des quartiers spécifiques à chaque Jāti dans les villages et les villes de résidence, leur a probablement permis de survivre dans un milieu qui les auraient sans cela sans doute assimilés<ref name="Isenberg1989"/>,<ref name="The-Bene-Israel-of-India-p19"/>.
Comme les Juifs indigènes de Cochin, et sur le modèle traditionnel des castes indiennes, les Bene Israël étaient également divisés en deux sous-castes : les Gora, ou « blancs » (très majoritaires), supposés être de souche « pure », et les Kala (ou Kalu), ou « noirs » (moins nombreux), supposés être issus d'adultères<ref name="The-Bene-Israel-of-India-p86" />. Les couleurs « blanches » et « noirs » n'impliquaient aucune différence dans les apparences physiques. Elle renvoyaient par contre à un statut social supérieur ou inférieur (dans le système des castes indiennes, ou varna, ou « couleurs », le blanc est la couleur des castes les plus élevées, regroupées dans le varna des Brahmanes, et le noir est la couleur des serviteurs rétribués, les Sudra). On retrouve encore ici la pratique indienne des castes endogames. Même s'ils ne se mariaient pas entre eux et avaient des statuts différents, les membres des deux sous-castes appartenaient bien à une même communauté, et partageaient les mêmes lieux de culte.
Les patronymes étaient fondés sur le nom du village d'origine, avec le suffixe « kar » (Penkar : du village de Pen). Il y Modèle:Unité de villages identifiés grâce à ces patronymes<ref name="The-Bene-Israel-of-India-p19"/>, ce qui donne une indication sur la répartition historique de la communauté dans le kulaba, somme toute très modeste eu égard à la taille de l'Inde. Les prénoms les plus anciennement connus sont purement indiens, comme Bapuji, Rowji, Abaji ou Tanaji, sans spécificité juive<ref name="The-Bene-Israel-of-India-p19"/>.
L'analyse de la variante du marâthî parlée par les Bene Israël montre une influence de termes plus spécifiquement utilisés par les musulmans de la région, et les communautés qui n'avaient pas de cimetières enterraient souvent leurs morts dans les cimetières musulmans<ref name="The-Bene-Israel-of-India-p19"/>. Les musulmans étant dominants dans cette région de l'Inde jusqu'à l'arrivée des Britanniques, cette « très proche harmonie avec les musulmans »<ref name="identity_in_a_colonial_era_intro"/> favorisait le statut social de la communauté<ref name="identity_in_a_colonial_era_intro"/>. La bonne qualité de cette relation, peut-être liée à la pratique commune du monothéisme, ne semble pas avoir entraîné de mauvais rapports particuliers avec l'environnement hindou.
Le caractère juif de leur religion était très partiel<ref name="jewishvirtuallibrary-inde"/>,<ref name="beni-israël-jewish-encyclopedia"/>. Ils n'utilisaient d'ailleurs pas ce terme, au bénéfice de l'expression Bene Israël (« les enfants d'Israël »). La Modèle:Langue émet l'hypothèse que cet usage visait à une meilleure acceptation par « leurs voisins musulmans, préférant le nom de Beni-Israël en référence à l'usage favorable du terme dans le Coran »<ref name="beni-israël-jewish-encyclopedia"/>.
De même, ils n'avaient pas de rabbins, mais des chefs religieux héréditaires (dans les familles Jhiradkar, Rajpurkar et Shapurkar) appelés Kaji ou Kazi, sans doute un dérivé de l'arabe Kadi (juge)<ref name="identity_in_a_colonial_era_chap1"/>. Reconnus par les autorités locales, les Kazi faisaient aussi fonction de juges pour les affaires internes à la communauté<ref name="The-Jews-of-India-introduction"/>.
Enfin, les Bene Israël n'avaient aucun texte religieux spécifique, pas même de Torah<ref name="The-Bene-Israel-of-India-p10"/>, et n'avaient aucune pratique de l'hébreu<ref name="The-Bene-Israel-of-India-p10"/>. Des rituels alimentaires juifs aussi essentiels que la Shehita (l'abattage rituel des animaux) et la bediḳah n'étaient pas pratiqués<ref name="beni-israël-jewish-encyclopedia"/>. « Les seuls animaux considérés comme consommables étaient les poules, les moutons et les chèvres. Les Bene Israël ont sans doute renoncé à la viande bovine afin de ne pas offenser leurs voisins hindous »<ref name="beni-israël-jewish-encyclopedia"/>.
Plusieurs éléments expliquent cependant que les marchands juifs entrés en contact avec eux les aient identifiés comme juifs.
D'une part, le nom qu'ils se donnaient correspond au nom dominant donné par la Bible hébraïque aux juifs<ref group="Note">Le terme « Juif » est assez tardif et peu utilisé par la Bible.</ref> : « les enfants d'Israël ». D'autre part, les Bene Israël pratiquaient certaines traditions identifiées comme hébraïques : ils pratiquaient le Shabbat et certaines fêtes juives, ils croyaient en un dieu unique, le Dieu d'Israël, ils pratiquaient la circoncision des enfants mâles, et ils avaient enfin certaines règles alimentaires d'origine juive. Ainsi, par exemple, ils « enlevaient le nerf sciatique d'animaux utilisés pour la nourriture, et ils salaient la viande afin d'en extraire le sang »<ref name="beni-israël-jewish-encyclopedia"/>. Enfin ils utilisaient le mot Shema, premier mot de la profession de foi Shema Israël<ref name="The-Bene-Israel-of-India-p10"/>.
Avant l'adoption du judaïsme orthodoxe au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, plusieurs fêtes étaient pratiquées par les Bene Israël, comme Navyacha San (la fête du nouvel an), Khiricha San (la fête du Khir, une sorte de pudding), Darfalnicha San (une période de jeûne et de silence d'une journée). Pour certaines de ces fêtes au moins, une origine juive est plausible<ref name="beni-israël-jewish-encyclopedia"/>.
Ces pratiques résiduelles ont permis d'identifier les Bene Israël comme juifs, mais avec certains doutes quant à leur « pureté ».
La prise de contact avec les autres communautés indiennes
Les premiers contacts identifiés avec d'autres juifs datent du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle. Benjamin J. Israel considère, en s'appuyant sur la lettre de Sartorius (1738), que des contacts sporadiques avec les Juifs de Cochin sont plausibles vers 1700, voire antérieurement<ref name="The-Bene-Israel-of-India-p11"/>. Cependant, le premier document des Juifs de Cochin à ce sujet est une lettre de 1768 de Ezekiel Rahabi, un cadre de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales adressée aux Juifs d'Amsterdam, lettre qui mentionne que des « enseignants cochini sont allés dans le Konkan pour instruire les Bene Israël de la religion juive et de ses pratiques, et que certains membres de la communauté Bene Israël sont allés à Cochin se former comme instructeurs en religion juive »<ref name="The-Bene-Israel-of-India-p11"/>. Cette reprise des contacts durait depuis déjà quelque temps, le fils de Rahabi, David Rahabi, ayant travaillé avec les Bene Israël dès le milieu du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, alors qu'il était employé par la compagnie des Indes<ref name="The-Bene-Israel-of-India-p11"/>. À compter de 1750, la reprise de contact avec les Juifs de Cochin amène une évolution dans les prénoms, ceux-ci devenant de plus en plus hébraïques, quoique souvent indianisés, comme Samaji (pour Samuel), ou Hasaji (pour Ézéchiel)<ref name="The-Bene-Israel-of-India-p19"/>. Vers cette date, la communauté aurait compté environ Modèle:Unité<ref name="identity_in_a_colonial_era_chap1"/>.
Après ces premiers contacts avec les Juifs de Cochin (particulièrement les « juifs blancs de Cochin », ou Paradesi, très liés à la compagnie des Indes), d'autres contacts seront établis au tournant du siècle avec les marchands juifs du Moyen-Orient, alors en train de créer une nouvelle communauté juive indienne, celle des Baghdadi. À compter du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, s'établissent également des liens avec l'importante communauté juive sépharade yéménite (qui était de longue date une source importante de textes sacrés pour les Juifs de Cochin).
À compter de 1813, les autorités britanniques autorisent l'action des missionnaires chrétiens en Inde<ref name="The-Jews-of-India-introduction"/>. Dès cette époque, les Bene Israël rentrent en contact avec ceux-ci, qui leur transmettront la Bible traduite en marâthî, beaucoup plus accessible pour eux que la version hébraïque. Les missionnaires protestants américains et écossais joueront ainsi un rôle important dans l'enseignement et l'explication de l'Ancien Testament, et même dans l'approfondissement de la formation à l'hébreu, initiée par les Juifs de Cochin<ref name="The-Bene-Israel-of-India-p15"/>. Le docteur John Wilson « le plus célébré de ces missionnaires […] par les Bene Israël » produira ainsi une grammaire hébreu-marâthî. Cette démarche permettra aux missionnaires de faire de l'hébreu la seconde langue enseignée aux Bene Israël dans leurs écoles (après l'anglais), même si très peu de membres de la communauté acquéraient à cette époque une vraie maitrise de la langue<ref name="The-Bene-Israel-of-India-p19"/>. Le poids des écoles protestantes dans l'éducation des jeunes est devenu très important dès les Modèle:Nobr<ref name="The-Jews-of-India-introduction"/>. Eu égard à cette forte influence, Orpa Slapak a même écrit que les missionnaires Modèle:Citation.
Plus tard, les missionnaires de l'Église d'Angleterre mettront plus d'agressivité que leurs prédécesseurs à condamner les « erreurs du judaïsme rabbinique »<ref name="The-Bene-Israel-of-India-p15" />, sans beaucoup de succès d'après les plaintes de ces missionnaires<ref name="The-Bene-Israel-of-India-p15" />,<ref name="The-Jews-of-India-introduction" />.
C'est sans doute pour contrer l'influence des missionnaires, qu'en 1826, « un groupe […] d'enseignants juifs de Cochin quittèrent leur communauté pour vivre au milieu des Bene Israël […] et leur enseigner l'observance du Judaïsme traditionnel. Un second groupe d'enseignants cochini arriva en 1833<ref name="The-Jews-of-India-introduction"/> ». Vers cette date, les Bene Israël auraient été environ 6 000, soit guère plus que vers 1750, dont déjà un tiers ayant émigré vers Bombay<ref name="identity_in_a_colonial_era_chap1"/>.
Enfin, en 1838, Shlomo Salem Shurrabi, un autre Juif de Cochin, s'installa chez les Bene Israël, où il devint l'un des enseignants et leaders religieux les plus importants, dirigeant la prière, enseignant la Halakha et créant plusieurs synagogues : Bombay en 1840, Revdanda en 1842, Alibag en 1848 et Panvel en 1849. D'autres créeront neuf autres synagogues d'ici à la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, instituant ainsi un tissu de lieux de culte<ref name="The-Jews-of-India-introduction"/>.
Tous ces contacts vont réformer en profondeur la religion traditionnelle des Bene Israël, en rendant dominantes les pratiques « orthodoxes » du judaïsme : lois religieuses, fêtes juives, hébreu, usage du Tanakh et des règles Talmudiques. Cette réforme explique la perte progressive de statut des kajis, jusqu'à leur disparition. À partir de la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle (et surtout de 1826), l'encadrement religieux des Bene Israël a surtout été constitué de Juifs Bagdhadi, de Cochin et du Yémen<ref name="The-Jews-of-India-introduction"/>. Ces religieux n'étaient pas des rabbins ordonnés (la communauté de Cochin elle-même n'en avait pas), mais des hazzan (chantre), des Mohel (circonciseur) et des Sofer (scribe)<ref name="The-Jews-of-India-introduction"/>. Parfois, mais de plus en plus rarement au cours du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, jusqu'à leur disparition, des kajis intervenaient dans le culte, en particulier dans les zones sans synagogue<ref name="The-Jews-of-India-introduction"/>.
Bien qu'ils aient été « rejudaïsés », les autres Juifs les regardaient avec une certaine réserve, compte tenu de leur longue ignorance des lois juives. Ainsi par exemple, les Baghdadi de Calcutta refusaient tout mariage avec eux, compte tenu des doutes quant à leur éventuelle « impureté ancestrale » en tant que Juifs<ref name="identity_in_a_colonial_era_intro"/>.
Sous l'influence des Juifs de Cochin ou des Bagdhadi de Calcutta, sépharades, les Bene Israël ont opté pour le rite séfarade, avec certaines particularités propres à la communauté.
La perte de prééminence des anciens responsables (kajis) de la communauté est aussi une perte de l'autonomie sociale et religieuse des Bene Israël, éduqués dans des écoles protestantes, dirigés en tant que militaires ou fonctionnaires par le raj britannique, et en tant que Juifs par des Yéménites, des Cochini ou des Baghdadi. Il faudra attendre la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle pour qu'une élite Bene Israël occidentalisée apparaisse.
La période moderne
Si on sait peu de choses des Bene Israël avant le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, leur développement est mieux connu à partir de cette époque.
Partis de leurs villages de la côte (district de Kulaba, aujourd'hui Raigad<ref name="The-Bene-Israel-of-India-preface"/>), ils s'installent progressivement dans les villes, en particulier à Bombay (on les nomme d'ailleurs parfois les « Juifs de Bombay »), où ils se regroupent dans le quartier qui sera appelé Israël Moholla<ref name="The-Bene-Israel-of-India-p19"/>. La première famille connue à s'installer dans cette ville est la famille Divekar (« du village de Dive »), en 1746.
Dès la seconde moitié du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, des Bene Israël s'engagent en assez grand nombre dans l'armée de la Compagnie anglaise des Indes orientales. Ces engagements militaires n'étaient pas une innovation, certains Bene Israël ayant déjà eu l'habitude de servir dans les marines militaires locales au cours des siècles précédents. Mais l'engagement au sein des troupes de la compagnie permet une ascension sociale plus rapide<ref name="The-Bene-Israel-of-India-p15"/>.
En 1796 est fondée a Bombay Sha'ar haRahamim, la première synagogue Bene Israël, par Samaji Hasaji (Samuel Esekiel) Divekar, officier (avec son frère) des troupes de la Compagnie anglaise des Indes orientales<ref name="The-Bene-Israel-of-India-p15"/>,<ref name="The-Jews-of-India-introduction"/>.
À compter de 1813, les missionnaires britanniques et américains tentent de convertir les Bene Israël, sans grand succès. Mais ils apportent avec eux des modifications culturelles non négligeables, en particulier la Bible en marâthî, et une pratique de l'Anglais<ref name="The-Bene-Israel-of-India-p15"/> qui sera essentielle pour l'amélioration de la situation sociale de la communauté, lui permettant de se lier au Raj britannique. Cette évolution culturelle par l'éducation, avec ses conséquences sociale, est aussi le produit de l'influence des Juifs de Calcutta (Bagdhadi) et de Cochin, très connectés sur le commerce international. Pour l'ancienne, modeste et isolée caste des « presseurs d'huile », il s'agit d'une révolution sociale importante.
Au cours du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, le mouvement d'émigration s'accélère, depuis les villages de la côtes vers les villes de l'intérieur. Si Bombay et sa région restent la destination principale, avec à terme les trois quarts de la communauté<ref name="The-Bene-Israel-of-India-p19"/>, les Bene Israël s'installent aussi de façon importante dans trois autres villes du nord-ouest : Pune, Karachi (actuellement au Pakistan), et Ahmadabad<ref name="jewishvirtuallibrary-inde"/>.
À Karachi, par exemple, ils deviennent même rapidement assez nombreux, puisqu'ils sont selon les sources entre 1 000 et 2 500 (sur les Modèle:Unité de l'époque) au début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle<ref name="jewishvirtuallibrary-pakistan"/>. À partir de Karachi, certains créeront même une petite communauté, desservie par deux synagogues, à Peshawar, près de la frontière afghane<ref name="jewishvirtuallibrary-pakistan"/>.
Dès la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, l'activité de presseur d'huile est en voie de disparition, remplacée par de nouvelles activités. La carrière militaire est une des plus importantes depuis la seconde moitié du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, mais il en existe d'autres, qui se développent entre la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle et le milieu du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle : entrepreneurs de travaux publics, charpentiers, employés, institutrices, fonctionnaires<ref name="The-Bene-Israel-of-India-p19"/>. Vers le milieu du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, l'engagement militaire des Bene Israël est un grand succès, puisque près de 50 % des officiers indigènes de l'armée de Bombay appartiennent à la communauté<ref name="The-Bene-Israel-of-India-p15"/>.
Avec le temps et l'amélioration de leur niveau d'éducation, en particulier en anglais, le niveau des emplois occupés tend à s'améliorer<ref name="The-Bene-Israel-of-India-p19"/>. Dans la seconde moitié du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, la proportion de Bene Israël dans l'armée de Bombay décline très fortement, à la suite de modifications dans la politique de promotion et au poids croissant des hautes castes, comme les Rajpoutes. Dès le troisième quart du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, « l'enrôlement avait pratiquement cessé, et à la fin du siècle, seule une poignée d'officiers supérieurs étaient encore en service actif »<ref name="The-Bene-Israel-of-India-p15"/>. De façon anecdotique, on retrouve quelques officiers Bene Israël dans l'armée britannique des Indes, puis dans celle de l'Inde indépendante, avec par exemple un vice-amiral et un major-général<ref name="The-Bene-Israel-of-India-p19"/>.
En 1875, les Bene Israël établissent une « école israélite », en langue anglaise, la première école « moderne » sous leur contrôle. Il s'agit d'une volonté de prendre en main leur propre éducation, mais aussi d'une conséquence du retrait progressif des missionnaires protestants de leur rôle éducatif, lequel se retreint puis disparaît dans le milieu Bene Israël dans la seconde moitié du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle<ref name="The-Bene-Israel-of-India-p68"/>.
Entre la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle et le début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, l'enseignement en anglais se généralise, de moins en moins de jeunes suivant des études en marathi ou en hébreu<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Chez certains, l'anglais est devenu la langue parlée dominante, le marathi n'étant plus qu'une langue secondaire pour communiquer avec l'environnement indien<ref name="The-Bene-Israel-of-India-p26" />.
Autre preuve de l'autonomie sociale grandissante de la communauté, mais aussi de son expansion géographique, la grande synagogue de Karachi, Magen Shalome, est construite en 1893<ref name="jewishvirtuallibrary-pakistan"/>.
À la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, les Bene Israël sont de plus en plus nombreux à devenir de petits fonctionnaires de l'empire britannique, des employés de bureau ou des commerçants<ref name="jewishvirtuallibrary-pakistan"/>. À compter du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle apparaissent des médecins et des avocats. Cependant, il n'y aura jamais de développement de grandes entreprises détenues par des Bene Israël, semble-t-il par manque de capitaux<ref name="The-Bene-Israel-of-India-p19"/>. Les Bene Israël du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle et de la première moitié du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle restent assez pauvres, mais apparaissent cependant, relativement au niveau de vie de l'Inde, comme ayant un positionnement de classe moyenne.
Preuve de l'occidentalisation de la communauté, des associations communautaires « modernes », apparaissent au début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle. La Modèle:Langue est fondée en 1917<ref name="The-Jews-of-India-introduction"/>. La Modèle:Langue est créé en 1918<ref name="The-Jews-of-India-introduction"/> par deux Bene Israël, Jacob Bapuji Israel et David S. Erulkar<ref name="pakistan-jewish-diaspora"/>, qui entendaient fédérer toutes les communautés de l'Inde. Vers la même époque sont fondés l'association caritative Modèle:Langue et le Modèle:Langue<ref name="pakistan-jewish-diaspora"/>. Le docteur E. Moses, un Bene Israel, est élu maire de Bombay en 1937<ref>Modèle:Lien web</ref>.
On estime que les Bene Israël étaient au nombre de 6 000 dans les années 1830, 10 000 au tournant du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, et en 1948, lorsque leur communauté était la plus nombreuse en Inde, on comptait 20 000<ref name="jewishvirtuallibrary-inde"/> à Modèle:Unité<ref name="The-Jews-of-India-introduction"/>. Depuis, leur population n'a cessé de diminuer (en Inde), principalement du fait de l'émigration vers Israël, mais aussi vers les États-Unis, le Canada et le Royaume-Uni. Depuis les années 1970 et jusqu'en ce début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, la population en Inde est restée assez stable, aux alentours de Modèle:Nombre<ref name="The-Jews-of-India-introduction"/>.
L'émigration vers Israël
En 1897, les Bene Israël avaient été invités à participer au Premier congrès sioniste de Bâle, mais avaient décliné l'invitation.
Au cours de la première moitié du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, la communauté reste prudemment neutre et à l'écart de la lutte pour l'indépendance, à l'exception de quelques individualités, comme David Erulkar. Mais avant même la création d'Israël, la situation des Bene Israël a commencé à changer, du fait de l'indépendance et de la partition (entre l'Inde et le Pakistan) de l'ancien Empire des Indes britanniques, en 1947. Les Bene Israël étaient assez liés au commerce ou à l'administration coloniale, et l'indépendance remet dans une certaine mesure en cause cette situation<ref name="The-Bene-Israel-of-India-p26"/>.
En Inde, la situation institutionnelle de la communauté n'a pas été directement atteinte, mais les affrontements violents entre hindous et musulmans qui ont touché la région de Bombay, les interrogations nées de la fin de l'empire et l'intérêt pour la création d'un État juif ont entraîné dès 1948 un courant d'émigration vers Israël, courant qui se poursuivra au cours des années 1950 et 1960. Quelques centaines de personnes émigreront également vers d'autres pays, principalement anglo-saxons : Royaume-Uni, Canada, Australie ou États-Unis<ref name="The-Bene-Israel-of-India-page-6"/>. Après 1971, date à laquelle il ne restait plus que Modèle:Unité en Inde, le taux d'émigration chuta considérablement<ref name="The-Bene-Israel-of-India-page-6"/>, et la population Bene Israël de l'Union indienne en 2008 compte toujours environ Modèle:Unité<ref name="mumbai"/>.
Au Pakistan, où vivaient environ 2 000<ref name="jewishvirtuallibrary-pakistan"/> à Modèle:Unité<ref name="Karachi-forgotten-Jews"/>, « la création d'un État islamique […] [solidaire des Palestiniens] a créé un sentiment croissant d'insécurité au sein de la communauté pakistanaise […]. Après qu'Israël a proclamé son indépendance en 1948, des incidents violents sont survenus au Pakistan contre la communauté […]. La synagogue de Karachi a été incendiée et les Juifs ont été attaqués. Le sort des Juifs est devenu [encore] plus précaire à la suite des troubles et des manifestations dirigés contre les Juifs pendant les guerres israélo-arabes en 1948, 1956 et 1967. La persécution des Juifs a entraîné une émigration massive, principalement vers l'Inde, mais aussi vers Israël et le Royaume-Uni. La petite communauté de Peshawar a cessé d'exister, et les synagogues ont été fermées. En 1968, le nombre de Juifs au Pakistan était tombé à 250, la quasi-totalité d'entre eux étaient concentrés à Karachi, où il y avait une synagogue, une organisation sociale, et un organisme de loisirs. […] Magen Shalome […]. La dernière synagogue de Karachi a été démolie dans les années 1980 »<ref name="jewishvirtuallibrary-pakistan"/>. En 2007, il ne restait qu'environ Modèle:Unité au Pakistan<ref name="Karachi-forgotten-Jews"/>.
En Israël, l'immigration a suscité une controverse. L'origine juive des Bene Israël ne faisait pas débat, et l'État acceptait leur immigration. Mais en 1961<ref name="The-Bene-Israel-of-India-preface"/>, le rabbinat posa la question de savoir si les membres de la communauté étaient encore pleinement Juifs. Plus spécifiquement, une analyse généalogique était demandée aux rabbins avant tout mariage d'un Bene Israël, et ce « en remontant aussi loin que possible »<ref name="identity_in_a_colonial_era_intro"/>. Une conversion rituelle avant mariage, visant à lever tout doute était également demandée<ref name="identity_in_a_colonial_era_intro"/>.
En effet, pendant des siècles, les Bene Israël avaient vécu sans rabbin ni connaissance de la loi juive (Halakha). Leurs mariages, leurs conversions d'Indiens (considérées comme probables compte tenu de leur apparence physique) étaient donc suspects. En Israël, les rabbins ont le monopole sur le mariage des Juifs, et du fait des doutes du rabbinat sur la judaïté des Bene Israël, ces derniers eurent soudain des difficultés à se marier en Israël. Ces problèmes ont freiné leur émigration et entrainé des mouvements de protestation des Bene Israël vivant dans l'État juif.
Il est possible que cette question ait été une exportation des anciennes divisions communautaires indiennes, dans la mesure où le grand rabbin séfarade d'Israël de l'époque, Yitzhak Nissim (1896-1981) était originaire de Bagdad, en Irak, une communauté ayant donné naissance à celle des Baghdadi indiens. La question de la judaïté des Bene Israël avait été plusieurs fois posée par les Baghdadi de Bombay aux rabbins de Bagdad, et le sujet leur était donc connu<ref name="identity_in_a_colonial_era_chap1" />. Joan G. Roland note que beaucoup de Bene Israël israéliens ont à l'époque considéré qu'on retrouvait dans ces soupçons la trace de l'attitude méfiante des Baghdadi indiens sur la pleine judaïté des Bene Israël<ref name="identity_in_a_colonial_era_intro" />.
À la suite de ces mouvements de protestation, « le Grand Rabbinat orthodoxe d'Israël décrète en 1962 que le mariage avec les Bene Israël était autorisé. Le Premier ministre israélien a publié une déclaration en 1964 selon laquelle le gouvernement d'Israël les considérait comme des Juifs à tous les égards »<ref name="Isenberg1989" />. Cette dernière déclaration faisait suite à des manifestations. En effet la décision du rabbinat de 1962 n'avait pas totalement réglé la question. Celui-ci, sans rejeter par principe les Bene Israël, avait maintenu une demande d'enquête au cas par cas avant les mariages. Deux semaines après la déclaration de soutien de Levi Eshkol, le grand rabbinat annule l'exigence de ces enquêtes<ref name="identity_in_a_colonial_era_intro" />, décision qui règle définitivement les problèmes de statuts personnels, et facilite l'immigration.
La fin de l'émigration de masse se produit au début des années 1970, quand les dernières populations villageoises sont touchées<ref name="The-Jews-of-India-introduction"/>.
Les Bene Israë seraient 50 à 60 000 en Israël (en 2005), 5 000 en Inde (en 2008)<ref name="mumbai"/>, 200 au Pakistan (en 2007)<ref name="Karachi-forgotten-Jews"/> et 2 000 dans divers pays anglophones (Royaume-Uni, Canada, États-Unis…).
Les principales villes israéliennes où vivent les Bene Israël sont Ashdod, Lod, Ramleh et Beersheba<ref name="Isenberg1989"/> ». « La plupart des Juifs de Karachi vivent ainsi aujourd'hui à Ramleh, […] et y ont construit une synagogue qu'ils ont nommée Magen Shalome<ref name="jewishvirtuallibrary-pakistan"/> », du nom de l'ancienne synagogue de Karachi.
En 1984, Benjamin J. Israel note une résistance à l'assimilation culturelle en Israël, à l'exception de ceux qui étaient déjà les plus occidentalisés avant leur immigration<ref name="The-Bene-Israel-of-India-page-6"/>. En 2007, Shalva Weil indique que « les membres plus âgés parlent encore l'ourdou ou le marâthî. « Ils ne sont pas la plus intégrée de toutes les communautés d'Israël », note le Modèle:Dr de l'Université hébraïque, un expert des Juifs du sous-continent »<ref name="Karachi-forgotten-Jews"/>. Le niveau d'éducation a cependant augmenté, et les mariages avec les membres d'autres communautés juives se sont fortement développés<ref name="The-Jews-of-India-introduction"/>.
La communauté baghdadi
La communauté Baghdadi est une communauté de Juifs arabophones, surtout originaire d'Irak, fondée sur le commerce international. Elle a amorcé sa constitution au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle autour du port de Surat (près de Bombay), avant de se développer au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle à Bombay puis à Calcutta. Elle disparaît quasiment dans le troisième quart du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle par émigration vers les pays anglo-saxons et Israël.
Origine
Garcia de Orta (1501-1568) rejoint en 1534 Martim Afonso de Sousa (1500-1564), gouverneur des Indes (1534-1539, Capitão-mor do mar). Son long séjour a pu contribuer à favoriser aussi les commerçants d'origine juive portugaise, à Surate à partir de 1534 puis à Bombay dès 1554.
À compter du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, des commerçants Juifs européens (souvent descendants de réfugiés séfarades d'Espagne) sont présents en Inde, en particulier à Surat<ref name="identity_in_a_colonial_era_chap1"/>, un peu au nord de Bombay. Puis, au début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, quelques commerçants juifs moyen-orientaux les rejoignent. Vers 1730, Joseph Semah, récemment installé à Surat est le premier commerçant juif arabophone connu à s'installer à Bombay<ref name="identity_in_a_colonial_era_chap1"/>.
À partir de 1760, le port de Bassorah, dans le sud de l'actuel Irak, devient un centre important pour le commerce de la Compagnie anglaise des Indes orientales. Des Juifs irakiens, déjà impliqués dans les activités commerciales, profitent alors des routes commerciales de la compagnie pour renforcer leurs activités à travers l'océan Indien, et vers l'Inde en particulier<ref name="identity_in_a_colonial_era_chap1"/>. Renouvelant ce qu'on pense avoir été à l'origine des communautés plus anciennes de l'Inde, certains de ces commerçants s'installent alors en Inde sur les traces de leurs quelques prédécesseurs, pour y développer leurs activités économiques.
Dès la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, une première communauté de commerçants juifs de langue arabe est installée en Inde. Placée sous la direction de Shalom Obadiah Ha-Cohen, d'Alep, en Syrie, elle regroupe des Juifs arabophones de l'Empire ottoman, venus surtout d'Irak, mais aussi de Syrie voire du Yémen. Quelques Juifs non arabophones se joindront même à eux, provenant de Perse (Iran) ou d'Afghanistan<ref name="identity_in_a_colonial_era_chap1"/>. Le terme de Baghdadi (« ceux de Bagdad »), plus rarement Iraki, s'impose à cette époque du fait de l'origine dominante de ces marchands. La communauté essaime dans les grands ports marchands des côtes indiennes à partir de Surat, mais reste encore modeste à la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle. Elle aurait alors compté Modèle:Unité (plus leurs proches) à Surat, disposant d'une synagogue et d'un cimetière juif<ref name="identity_in_a_colonial_era_chap1"/>.
Développement
Les ports qui attirent le plus ces commerçants à partir de Surat sont d'abord Bombay puis Calcutta. De ce fait, le poids initial de Surat se restreint rapidement au bénéfice de ces deux nouveaux centres<ref name="identity_in_a_colonial_era_chap1"/>. Dès la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, les marchands juifs de Bombay prennent du poids dans le commerce international basé dans la ville, sous l'influence du plus important d'entre eux, Salomon Jacob<ref name="identity_in_a_colonial_era_chap1"/>. Cette ville attire en premier les Baghdadi, car Calcutta est totalement sous le contrôle des commerçants britanniques. À Bombay, les circuits économiques sont plus ouverts, et les Baghdadi vont rapidement prendre un poids important dans le commerce du tabac, du jute, du coton, voire de l'opium (alors légal)<ref name="identity_in_a_colonial_era_chap1"/>.
Vers la fin des années 1820, les persécutions anti-juives de Daud Pacha<ref name="identity_in_a_colonial_era_chap1"/>, gouverneur ottoman mais semi-indépendant de Bagdad et d'une bonne partie de l'Irak amènent le départ de nombreux Juifs vers les pays avoisinants et l'Inde, une fuite encore renforcée par les destructions et l'épidémie qui accompagne le renversement de Daud Pacha par les Ottomans, en 1831. C'est dans ce cadre qu'en 1832 arrive à Bombay David Sassoon<ref name="identity_in_a_colonial_era_chap1"/> (Bagdad, 1792 - Pune (Inde), 1864), issue d'une riche famille de commerçants, qui deviendra le plus riche négociant de la communauté, et son principal dirigeant. La mort en 1834 de Salomon Jacob<ref name="identity_in_a_colonial_era_chap1"/>, responsable de la communauté depuis la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle favorisera l'ascension de la famille Sassoon. Celle-ci restera la famille dominante de la communauté Baghdadi de Bombay jusqu'au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle.
Au début des années 1830, la population des Juifs arabes de Bombay est encore modeste, puisqu'elle ne compte que 20 ou Modèle:Unité, très loin des Bene Israël, qui eux aussi sont en train de s'installer à Bombay et comptent déjà environ Modèle:Unité dans la ville<ref name="identity_in_a_colonial_era_chap1"/>.
L'arrivée des réfugiés d'Irak puis celle de nouveaux réfugiés persans chassés par les conversions forcées de Meshed, en 1839<ref name="identity_in_a_colonial_era_chap1" />, vont accélérer son expansion.
Commerçants avisés, les Baghdadi deviennent dès la première moitié du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle une des communautés les plus prospères de la ville<ref name="The-Bene-Israel-of-India-p42"/> et y font œuvre de philanthropes. Les membres les plus connus de cette communauté sont David Sassoon (Bagdad, 1792 - Pune (Inde), 1864) et son fils Albert Sassoon (Bagdad, 1818 - Brighton, 1896). La famille va également créer une banque renommée en Asie, et des activités non seulement à Bombay, mais aussi à Calcutta, Rangoon, Shanghai ou Singapour<ref name="identity_in_a_colonial_era_chap1"/>. Les Sassoon sont aussi parmi les premiers à développer des activités industrielles dans la région, dans le domaine du textile<ref name="identity_in_a_colonial_era_chap1"/>. « Comme les Rothschild, David Sassoon place […] ses nombreux fils dans différentes villes et pays »<ref name="identity_in_a_colonial_era_chap1"/>. Preuve du succès de la famille, mais aussi de ses liens étroits avec l'administration britannique en Inde, Albert Sassoon devient chevalier de l'Ordre du Bain en 1872 et Baronnet en 1890.
L'un des descendants de la famille, Victor Sassoon (1881-1961), vécut à Shanghai. De ce fait, il eut un rôle important dans le développement initial de Shanghai. Sa fortune lui permit également d'aider les milliers de Juifs qui purent se réfugier à Shanghai pendant la Seconde Guerre mondiale.
Très croyant, David Sassoon fait construire en 1861 la synagogue Magen David pour la communauté qui s'agrandit. Vers la même époque il multiplie le financement pour les activités religieuse, éducative ou d'aides sociales pour ses coreligionnaires plus défavorisés, surtout à Bombay, mais aussi dans d'autres communautés à travers l'Orient<ref name="identity_in_a_colonial_era_chap1"/>.
Dans la seconde moitié du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, les Baghdadi renforcent leur implantation dans d'autres villes, en particulier Calcutta, qui devient progressivement leur plus grosse implantation, dominée par la famille des Ezra de Calcutta<ref name="identity_in_a_colonial_era_chap1"/>, mais aussi par d'autres familles de grands marchands, comme les Musleah, les Gubbay ou les Abraham. Ces grandes familles, qui ne sont d'ailleurs pas les plus nombreuses, beaucoup de Baghdadi restant modestes, sont généralement liées entre elles par les liens du mariage, mais peuvent aussi s'opposer entre elles en fonction des conflits de pouvoir ou de commerce. Avec le développement des Ezra de Calcutta, « une bonne partie de l'histoire de la communauté des Juifs Baghdadi tournera autour de l'acceptation ou du refus de [leur] domination »<ref name="identity_in_a_colonial_era_chap1"/>. Vers la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, les Baghdadi sont environ 1800 à Calcultta<ref name="identity_in_a_colonial_era_chap1"/>. Ils y ont deux synagogues importantes, la 'Beth-El' et la 'Maghen David', cette dernière étant financée par les Ezra qui sont également à l'origine du 'Ezra Hospital' et de l'école pour filles juives, deux institutions encore en activité. 'Ezra Street', à Calcutta, rappelle la mémoire de cette importante famille.
Avec le développement de leur implantation en Inde, les Baghdadi apprennent les langues locales, mais de façon limitée, surtout pour le commerce. Au contraire des Paradesi de Cochin, également originaires (au moins en partie) du Moyen-Orient, et qui s'acculturent au point d'adopter le malayalam comme langue natale. Lorsque dans la seconde moitié du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle l'arabe régresse chez les Baghdadi, c'est au profit de l'anglais<ref name="identity_in_a_colonial_era_chap1"/>.
Relation avec les Bene Israël
Lors de l'arrivée des Baghdadi à Bombay, les Bene Israël avaient déjà une synagogue et un cimetière juif, qui furent également utilisés par le petit groupe d'arrivants arabophones<ref name="The-Bene-Israel-of-India-p42"/>.
Cependant, les Bene Israël, du fait de la longue et quasi-disparition de toute forme de judaïsme orthodoxe, sont regardés avec une certaine méfiance. Dès que la communauté Baghdadi de Bombay atteint une certaine importance, en 1836<ref name="identity_in_a_colonial_era_chap1"/>, elle demande donc (David Sassoon fait partie des dix signataires<ref name="identity_in_a_colonial_era_chap1"/>) aux autorités « la permission de construire un mur de division à l'intérieur du cimetière commun, sur la justification qu'ils [les Baghdadi] avaient des usages différents de ceux des Bene Israël, mais cette requête fut refusée. Plus tard, les Baghdadi se firent donner un terrain par la municipalité de Bombay pour un cimetière séparé »<ref name="The-Bene-Israel-of-India-p42"/>.
Comme lors de l'arrivée des Juifs blancs à Cochin, les différences d'origine, de culture et de statut social encouragent les structurations en communautés séparées, non dénuées d'attitudes dévalorisantes. Ainsi, les Baghdadi de Bombay n'autorisent pas les mariages entre leurs enfants et ceux de la communauté Bene Israël, ils ne consomment pas de nourriture préparée par un membre de cette communauté et refusent de compter un Bene Israël comme élément du miniane, les dix hommes nécessaires pour commencer une prière. Les Baghdadi considèrent en fait les Bene Israël comme des Juifs impurs.
En 1854, le voyageur Israel Joseph Benjamin publie Un an de séjour aux Indes orientales (1849-1850)<ref name="Un_an_de_séjour_aux_Indes_orientales"/>, dans lequel il indique que les Juifs « babyloniens » (selon son expression) de Bombay ont mis à la disposition des Bene Israël des responsables religieux, mais qu'ils ne les considèrent pas vraiment comme Juifs, refusant en particulier de se marier avec eux, alors que les Bene Israël souhaiteraient au contraire renforcer leurs liens avec les « Babyloniens »<ref name="Un_an_de_séjour_aux_Indes_orientales"/>,<ref name="identity_in_a_colonial_era_chap1"/>. Malgré les déclarations de I. J. Benjamin, Joan G. Roland considère que les Baghdadi n'ont jamais officiellement et clairement refusé le judaïsme des Bene Israël, mais ont plutôt entretenu le doute à leur sujet. Elle note ainsi que les questions posées aux rabbins de Bagdad et Jérusalem sur l'autorisation ou non de se marier avec des Bene Israël furent assez nombreuses, indice que la question ne fut jamais très clairement tranchée de leur point de vue<ref name="identity_in_a_colonial_era_chap1"/>.
Les Baghdadi de Bombay influencent cependant la vie de la communauté Bene Israël, favorisant ses contacts avec les communautés juives extérieures à l'Inde ou lui fournissant des cadres religieux ou des livres. En 1859, Rabbi shmuel Abe de Safed note que les Baghdadi aident les Bene Israël, et leur permettent d'avoir une observance des lois religieuses de bonne facture, et en 1870 les responsables religieux séfarades et ashkénazes des villes saintes de Safed et Tibériade reconnaissent que les B'nai Yisroel sont « Juifs dans tous les sens » du terme, ce qui provoque un débat animé après la publication de l'avis rabbinique dans un journal Baghdadi<ref name="identity_in_a_colonial_era_chap1"/>, mais sans lever finalement les préventions.
Émigration vers Israël
La communauté Baghdadi comptait, à son apogée dans les Modèle:Nobr, quelque Modèle:Unité. Cependant, après une forte émigration vers Israël et les pays anglo-saxons dans le troisième quart du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, elle est presque éteinte au début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, avec moins de Modèle:Unité.
Autres groupes se réclamant du judaïsme
Si les groupes précédemment cités sont les seuls à avoir eu une vie juive historiquement identifiée en Inde, deux groupes aux origines obscures ont récemment revendiqué leur appartenance au judaïsme.
Bnei Menashe
Les Modèle:Lien (« enfants de Menashe », hébreu Modèle:Langue) sont un groupe de Mizo habitant le nord-est de l'Inde, sur la frontière Birmane, au Manipur et au Mizoram, qui a commencé à s'intéresser au judaïsme dans les années 1950. La référence que le groupe fait à la tribu de Manassé vient de la proximité avec le nom de « Matmase, un ancêtre que l'on appelait à l'aide, autrefois, dans les situations difficiles ou au cours des cérémonies religieuses »<ref name="Prakash">Pierre Prakash, « Une tribu perdue d'Israël », L'Express du 8 août 2005, lire en ligne.</ref>.
Cette région du pays a été rattachée à l'empire des Indes par la couronne britannique, mais ne relève pas historiquement de la culture hindoue. Le rattachement de cette région à l'Inde est donc plus politique que culturel. Dans ces régions de montagne, les populations ont été christianisées dans la première moitié du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle par les missionnaires britanniques.
C'est dans les années 1950 qu'un groupe du peuple Mizo a affirmé trouver des correspondances entre certaines coutumes Mizo et les coutumes juives décrites dans l'Ancien Testament chrétien auquel ils avaient dorénavant accès. La connaissance de la Bible chrétienne semble en effet avoir joué un rôle important dans la redéfinition « juive » de l'identité du groupe. « Dans cette région où chacun connaît la Bible sur le bout des doigts, la plupart disent en effet avoir abandonné le christianisme en raison de ses "inconsistances". "L'Église ne suit pas ce que dit la Bible, accuse ainsi Abraham Fanai, propriétaire d'une petite échoppe de trottoir. Le Livre parle d'un seul Dieu, mais à la messe on nous parle de Trinité. Jésus célébrait sabbat, mais les chrétiens prient le dimanche" »<ref name="Prakash"/>. Ainsi « dans les années 1950, un villageois du nord du Mizoram, Chala, a eu un rêve dans lequel Dieu lui aurait promis de ramener les enfants de Matmase en Israël. Le mythe de la tribu perdue était né »<ref name="Prakash"/>. Ce groupe s'est alors proclamé descendant des Hébreux de la tribu de Manassé. « Ce n'est toutefois que dans les années 1970 que de plus en plus de Mizo se sont mis à pratiquer le judaïsme »<ref name="Prakash"/>. Le groupe s'organise alors de façon plus structurée, et apprend les bases du Judaïsme orthodoxe.
À compter du début des années 1990, certains rabbins acceptent de convertir des membres du groupe, et les premières émigrations vers Israël commencent en 1994. Entre la fin des années 1990 et 2003, le gouvernement israélien a accepté l'immigration de Modèle:Unité par année, freinant délibérément l'immigration devant la crainte de voir les conversions devenir un moyen d'immigration économique en Israël.
Les nouveaux immigrants se sont souvent implantés dans des colonies israéliennes, en particulier à Gaza, alimentant l'hostilité des mouvements palestiniens et des israéliens défavorables aux implantations juives. Ces derniers ont souvent accusés le camp nationaliste religieux de soutenir la conversion des Bnei Menashe pour des raisons politiques : le renforcement des implantations juives. Le premier rabbin Bnei Menashe régulièrement ordonné est d'ailleurs Yehuda Gin, qui vit au sein de l'implantation sioniste religieuse de Hébron depuis le début des années 1990<ref name="Prakash"/>.
En 2005, les Modèle:Unité vivant dans la bande de Gaza<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Amiram Barkat, Modèle:Langue, Haaretz, 3 août 2005.</ref> ont finalement dû quitter celle-ci lors de l'évacuation de ses colonies juives<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Amelia Thomas, Modèle:Langue, Modèle:Langue, 25 août 2005.</ref>.
Modèle:Citation. Le gouvernement israélien reste cependant réservé. Ainsi, en août 2005, plusieurs mois après la décision du grand rabbinat (qui en droit ne s'impose pas à l'État d'Israël), Modèle:Citation.
Autre cause de l'arrêt de l'immigration, les conversions ont pratiquement cessé devant l'opposition du gouvernement indien à tout prosélytisme religieux venu de l'étranger. En novembre 2005, le gouvernement israélien a d'ailleurs accepté sous la pression du gouvernement indien de retirer ses « missionnaires », et les rabbins israéliens qui convertissaient les Bnei Menashe quittent le pays.
Fin 2006, un groupe de Modèle:Unité<ref name="freund-22-11">« Modèle:Langue », MICHAEL FREUND, Modèle:Langue du 22 novembre 2006.</ref> récemment converties lors d'une visite de rabbins en Inde a cependant pu immigrer.
Environ Modèle:Unité<ref name="freund-22-11"/> vivent fin 2006 en Israël, officiellement convertis. Sept mille autres<ref>« Modèle:Langue », MICHAEL FREUND, Modèle:Langue du 4 octobre 2006.</ref> vivent toujours dans le Mizoram, attendant une conversion officielle.
Début 2007, la situation des Bnei Menashe semble bloquée : le gouvernement israélien refuse en effet leur immigration avant conversion, et le gouvernement indien refuse que des religieux viennent de l'étranger pour les convertir, au nom de la lutte contre le prosélytisme, une question sensible en Inde, même si elle vise généralement plutôt les missionnaires chrétiens. Le refus des rabbins étrangers est d'ailleurs soutenu par les organisations de chrétiens évangéliques Mizo<ref>Les Chrétiens évangéliques sont cependant minoritaires au Mizoram, ou l'Église presbytérienne est ultra-majoritaire.</ref>, dont certains pasteurs critiquent « le travail des démons qui tentent d'égarer les esprits »<ref name="Prakash"/>.
Shavei Israel, une organisation israélienne consacrée à l'aide au Bnei Menashe et dirigée par Michaël Freund, éditorialiste au Modèle:Langue, fait un lobbying incessant en faveur de l'immigration des Bnei Menashe. L'association a ainsi obtenu à l'été 2007 un assouplissement de la position du gouvernement israélien. Celui-ci a accepté de faire venir en août 2007, Modèle:Unité avant leur conversion (à laquelle s'oppose le gouvernement indien), sous simple visa de tourisme. « Ils passeront les mois à venir à étudier l'hébreu et le judaïsme sous les auspices de Shavei Israel, avant de subir une conversion formelle par le grand rabbinat ». Cent treize autres doivent les rejoindre rapidement, ce qui en fait le plus important groupe à immigrer en si peu de temps<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Langue, Modèle:Langue, 26 août 2007.</ref>.
Début 2010, le gouvernement israélien a annoncé vouloir favoriser l'émigration de la communauté restée en Inde, soit quelque Modèle:Unité. Près de Modèle:Unité vivaient déjà en Israël à cette date<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Langue, article du 18 janvier 2010, journal Haaretz, par Cnaan Liphshiz.</ref>. L'émigration serait précédée d'une conversion officielle par le grand rabbinat israélien, tenue au Népal pour contourner le refus indien des conversions<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Langue, par Itamar Eichner, publié le Modèle:1er août 2010 sur Modèle:Langue.</ref>. En pratique, la situation est restée bloquée, jusqu'à une nouvelle décision en octobre 2012, et une reprise progressive de l'immigration début 2013<ref>Israel welcomes 2,000th India Bnei Menashe oleh, par LAURA KELLY, Jerusalem Post, 17/01/2013.</ref>.
Les controverses autour de la réalité du judaïsme des Bnei Menashe restent vives en Israël, expliquant que les annonces gouvernementales ne soient pas toujours suivi d'effets. De fait, « l'immigration des Bnei Menashe a été entièrement organisée et financée par un organisme privé - Shavei Israël, organisation sans but lucratif, qui vise à rassembler les groupes d'ascendance juive en Israël et à les reconnecter au judaïsme. [Son] fondateur Michael Freund, [...] ancien conseiller du Premier ministre Benjamin Netanyahu, s'est presque à lui seul chargé de ramener le Bnei Menashe en Israël. Son organisation leur a fourni une éducation juive en Inde, les a convertis selon les normes orthodoxes et les amènent en Israël, où ils ont d'abord été installés dans les colonies de Cisjordanie »<ref>Modèle:Lien web</ref>. Mais si Freund et ses soutiens, comme le grand rabbin sépharade, ont une influence certaine, ils rencontrent aussi de fortes oppositions, en particulier, mais pas uniquement, à gauche. La question de l'émigration en Israël de toute la communauté reste donc soumis aux rapports de force politiques du moment.
En 2015, 3 000 Bnei Menashe ont émigré vers Israël<ref name=TOI>Modèle:Lien web</ref>.
Au printemps 2023, des violences interethniques touchent la communauté des Bnei Menasche dont un membre est tué et dix autres portés disparus<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Bene Éphraïm
Les Modèle:Lien (ou Juifs Télougou), sont un petit groupe parlant le télougou une langue dravidienne ayant le statut de langue officielle et vivant dans l'Andhra Pradesh un État de l'Inde, dont l'observance du judaïsme date de 1981.
Ils ont été convertis au christianisme aux Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, mais affirment avoir des origines juives.
En 1981, une cinquantaine de familles ont décidé de pratiquer le judaïsme, et d'apprendre l'hébreu. Ils ne sont pas reconnus comme juifs par Israël ou les autres communautés indiennes<ref>Modèle:Article</ref>.
Annexes
Articles connexes
- Inde portugaise, Inquisition portugaise, Inquisition de Goa (1560-1820) : voir l'article anglophone
- Modèle:Lien
- Modèle:Lien
- Modèle:Lien
- Inquisition portugaise, Marranisme
- Moustarabim (Mista'arvim), Modèle:Lien
- Modèle:Lien
- Modèle:Lien, présents dès l'époque de Benjamin de Tudèle
- Histoire des Juifs en Birmanie, Histoire des Juifs en Chine
- Radhanites, Livre des Routes et des Royaumes (vers 870, Ibn Khordadbeh), Nestoriens, Khazars
- Modèle:Lien, Synagogue Maghen David, famille Ezra
- Modèle:Lien
- Juifs de Cochin, Modèle:Lien
- Joseph Rabban (Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle)
- Modèle:Lien (Dynastie Chera)
- Modèle:Lien
- L'antisémitisme en Inde existe, hindou, musulma, chrétien, etc : voir Modèle:Lien
- Hubert Haddad évoque les Juifs de Cochin dans son roman Premières Neiges sur Pondichéry (2017), à propos de Cranganore
- Falashas (Éthiopie)
Bibliographie
- Monique Zetlaoui, Shalom India - Histoire des communautés juives en Inde, Paris, Imago, 2000, Modèle:ISBN
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Ruby Daniel and Barbara Johnson, Modèle:Langue, Modèle:Langue, mai 1995, Modèle:ISBN
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Nathan Katz, Modèle:Langue, Modèle:Langue, 2000, Modèle:ISBN
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Shirley Berry Isenberg, Modèle:Langue, Bombay, Modèle:Langue, 1988
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Benjamin J. Israel, Modèle:Langue, Modèle:Langue, février 1984, Modèle:ISBN
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Orpa Slapak, Modèle:Langue [lien Modèle:Langue] publié en anglais par UPNE, 2002, Modèle:ISBN
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Langue, George Milne Rae, W. Blackwood, 1892
- Israel Joseph Benjamin, Un an de séjour aux Indes orientales (1849-1850), Alger : Imprimerie Typographique de Dubos Frères, 1854 (lire en ligne)
- Israel Joseph Benjamin, Cinq années de voyage en Orient, 1846-1851, Paris : Michel Lévy frères, 1856, cf. « Des juifs noirs de Cochin », pp. 111–112 (lire en ligne)
Liens externes
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Juifs en Asie
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Histoire des Juifs du Kerala
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Langue
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Langue
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Langue
- Des photos de Bene Israël sur Google
- Des photos de Juifs de Cochin sur Google
Notes
Références
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