La Blanche Hermine (chanson)
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La Blanche Hermine est une chanson de Gilles Servat composée en 1970 dont le texte est l'affirmation revendiquée de l'identité bretonne. Elle est éponyme d'un album sorti en 1971. Le succès commercial en fait un disque d'or. La chanson, qui appelle à la lutte armée contre les Français, est rapidement devenue un hymne en Bretagne.
Présentation
Techniquement, c’est un heptasyllabe<ref>La régularité du nombre de syllabes n’est pas complète si la chanson est prononcée en suivant exactement les règles classiques, qui occultent les e caducs</ref> en laisse à rimes croisées. Alternativement (le phrasé inclinant davantage à cette interprétation), elle peut être considérée comme un tétrakaïdécasyllabe (vers à quatorze syllabes) avec césure à l’hémistiche (c’est-à-dire que le phrasé se coupe naturellement à la moitié, ici à la septième syllabe) et rimes plates sur les hémistiches.
L'hermine est l'animal emblématique du duché de Bretagne, alors souverain et indépendant, dont la devise, toujours présente dans la mémoire collective, est : « Modèle:Lang », qui se traduit en français par l'expression « Plutôt la mort que la souillure ». Elle vient d'une légende selon laquelle une blanche hermine, poursuivie par des chasseurs qui auraient été menés par le roi légendaire de Bretagne, Conan Mériadec, préféra se laisser prendre plutôt que souiller son pelage en traversant une rivière boueuse.
Un certain passage de la chanson lui ayant été signalé comme misogyne à notre époque, notamment par les ouvrières du Joint Français en grève à Saint-Brieuc, Gilles Servat en interprète une version modifiée en 1975, qu'il nomme « Le Départ du Partisan », en dialogue avec Nancy Davis, dans l'album Le Pouvoir des mots : « Nous ferons tous deux la guerre, vous prendrez votre fusil / Et moi je tiendrai la terre et je prendrai les outils »<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Historique
L'album et l'époque
Un matin de 1970, dans sa chambre de bonne rue Rosa-Bonheur dans le [[15e arrondissement de Paris|Modèle:15e de Paris]]<ref>Modèle:Vidéo « La blanche hermine », DVD Nuit Celtique 2002 (au Stade de France)</ref>, Gilles Servat a l'idée d'écrire la chanson, le jour après avoir entendu une chanson irlandaise racontant le départ d'un partisan avec une balle dans sa poche<ref name="FR3">Stéphane Grammont, « À travers chants: 20 chansons avec de la Bretagne dedans », France 3 Bretagne, 27 juillet 2015</ref>. Le soir même, il l'interprète pour la première fois au Ti Jos, un restaurant breton à Montparnasse où il faisait la manche, âgé de 25 ans<ref>Stéphane Guihéneuf, Brodeuses. Dans les pas de Gilles Servat, Le Télégramme, 10 juillet 2015</ref>. Les mots et l'énergie revendicative du morceau touchent le public breton à la surprise de l'artiste<ref name=FR3 />. La chanson donne son nom au premier disque de Servat, La Blanche Hermine, sorti en 1971, sur lequel on trouve également les morceaux suivants : Koc'h ki gwenn ha koc'h ki du, An Alarc'h, Les bretons typiques, L'institutrice de Quimperlé, Gwerz Marv Pontkallek, Les prolétaires, Kalondour, Me zo ganet e kreiz ar mor et Montparnasse blues.
Après mai 68, l'époque est aux luttes sociales. La Bretagne connaît une crise identitaire et une transition économique. Gilles Servat écrit des paroles guerrières pour une prise de conscience de l'état de la Bretagne et une révolte souhaitée des Bretons : Modèle:Citation <ref>Bretons, n°80, octobre-novembre 2012, « Une chanson de lutte »</ref>.
Controverses autour de la chanson
En 1975, le recueil Gilles Servat, poésie et chansons, réalisé par Guy Millière, rend compte du dialogue avec Servat qui Modèle:Citation<ref>Guy Millière, Gilles Servat, poésie et chansons, Modèle:P..</ref>
Dès 1976, Daniel Chatelain et Pierre Tafini, dans Qu'est ce qui fait courir les autonomistes ? exposent aussi que Modèle:Citation
Le texte, avec la mention qui y est faite des forteresses de Fougères et Clisson, renvoie apparemment au souvenir de guerres féodales ayant opposé des Bretons et des Français sur la frontière du duché comme lors de la guerre de Bretagne au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle. Toutefois, l'évocation de guerilleros insurgés partant en embuscade « avec des fusils chargés » suggère un passé moins éloigné, laissant comme seul cadre temporel plausible les guerres de la Chouannerie, époque magnifiée par La Villemarqué dans le Barzaz Breiz<ref>Avec par exemple les chants Ar re c'hlaz (Les Bleus) ou Ar chouanted (Les Chouans). [1]</ref>,<ref>Voir également : François Cadic, Chants de Chouans, éd. Slatkine, 1949.</ref>. De ce fait, la chanson est souvent reprise dans des recueils consacrés aux Chouans et à la Vendée et par des royalistes, collecteurs de chants militaires et autres.
En 1998, considérant que des militants du Front National récupéraient indûment sa chanson dans leurs meetings, il compose une diatribe contre l'extrême droite intitulée Touche pas à la Blanche hermine. Ce texte figure sur l'album du même nom enregistré en public au Centre culturel Athéna d'Auray (Morbihan) ; sa récitation est un prélude à la chanson.
Reprises
En 2010, le groupe punk Les Ramoneurs de menhirs adapte et enregistre le morceau sur l'album Amzer an dispac'h !, avec des arrangements issus du guitariste Loran Béru (ex-Bérurier noir) et inspirés d'un morceau des « Bérus » comme Mineurs en danger, et des autres Ramoneurs de menhirs. Gilles Servat reprend les premiers couplets et la moitié du refrain à la fin du chant.
En 2017 le Chœur Montjoie Saint-Denis a repris le titre dans son album Chants d'Europe<ref>Modèle:Lien web</ref>.
En 2018, le groupe de chanteurs d'opéra Les Stentors reprend le titre pour son album Un Tour en France.
Bibliographie
- Daniel Chatelain et Pierre Tafini, Qu'est-ce qui fait courir les autonomistes ?, Stock, 1976
- Erwan Chartier, Gilles Servat. Portrait, Blanc Silex, 2004
- Guy Millière, Gilles Servat, poésie et chansons, Seghers, 1975
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