Maximilien Kolbe
Modèle:Voir homonymes Modèle:Infobox Saint
Maximilien Kolbe (Rajmund Kolbe à l'état civil), né le Modèle:Date- à Zduńska Wola et mort le Modèle:Date- à Auschwitz, est un frère franciscain conventuel polonais, prêtre, fondateur de l'association de fidèles « Mission de l'Immaculée » et du monastère de Niepokalanów.
Profondément nationaliste et antimaçon, opposé tant au communisme qu'au national-socialisme, il est en outre à l'origine de plusieurs publications catholiques caractérisées, durant l'entre-deux guerres, par leur antisémitisme virulent.
Arrêté par la Gestapo pour la teneur anti-nazi de ses publications et pour la protection apportée aux personnes persécutées réfugiées à Niepokalanów, il est détenu dans le camp de concentration d'Auschwitz, où il s’offre de mourir à la place d'un père de famille polonais, Franciszek Gajowniczek. Les nazis le font exécuter au moyen d’une injection de phénol.
Canonisé en 1982 par le pape Jean-Paul II, il est vénéré dans l'Église catholique sous le nom de « saint Maximilien Kolbe » et liturgiquement commémoré le Modèle:Date-.
Biographie
Jeunesse
Rajmund Kolbe naît en 1894 en Pologne. Ses parents Julius Kolbe et Maria Dąbrowska sont tous les deux tisserands et tertiaires franciscains. Le père participe à la légion polonaise de l'indépendantiste Józef Piłsudski en 1914.
Agacée par le caractère turbulent de son second fils, sa mère lui aurait demandé un jour ce qu'il deviendrait plus tard<ref name="Aleteia">Modèle:Article.</ref>. Profondément interpellé par cette question, Maximilien se serait alors adressé directement à la Vierge Marie. C'est alors qu'il aurait eu une vision de la Vierge de Częstochowa qui, en guise de réponse, lui proposa deux couronnes : une blanche pour la pureté et une rouge pour le martyre. Elle lui demanda de choisir et il accepta les deux et s'engagea à devenir chaque jour meilleur.
Alors qu'étudiant, il se pose la question du sacerdoce, il voit des franciscains passer dans sa ville. Il les suit et devient prêtre franciscain conventuel. Entré au noviciat des Franciscains conventuels en 1907, il prononce ses premiers vœux, puis ses vœux définitifs à la Toussaint 1914.
Brillant étudiant en philosophie et en théologie, il est alors envoyé à Rome pour les études préparatoires au sacerdoce qu'il fait à l'Université pontificale grégorienne. Ordonné prêtre le Modèle:Date-<ref>Modèle:Lien web.</ref>, il obtient également un doctorat en théologie en 1919. Jusqu'à la fin de sa vie, Maximilien Kolbe souffrira d'une sévère tuberculose.
Sacerdoce
En 1917, à Rome, il fonde la Mission de l'Immaculée (M.I.) — dont le nom latin est Militia Immaculatae, soit « Armée de l'Immaculée » — association fondée « sur le don total à l'Immaculée Conception pour devenir un instrument entre ses mains »<ref name="magnificat2012">Modèle:Article.</ref> dont l'objectif est notamment de lutter contre la franc-maçonnerie<ref name="2005_David_WEIZMANN">Modèle:Chapitre</ref>.
Ultranationaliste<ref name="2005_David_WEIZMANN"/>, anti-laïc, anti-libéral<ref name="2005_Ronald_MODRAS_passage398">Modèle:Ouvrage/</ref> et ouvertement antisémite<ref>Modèle:Ouvrage</ref>, il en crée en janvier 1922 le journal catholique Modèle:Lien (Rycerz Niepokalanej, Miles Immaculatae (« chevalier » ou « soldat » ou « milicien », selon la traduction retenue).
En août 1927, il fonde le monastère de Niepokalanów, « la cité de l'Immaculée », à environ 40 kilomètres de Varsovie, qui comptera jusqu'à près de 800 religieux. Il y met en place une maison d'édition et une station de radio (il était lui-même radioamateur sous l'indicatif SP3RN), toutes deux destinées à promouvoir la vénération de la Vierge Marie, tout particulièrement dans le mystère de l'Immaculée Conception.
En 1930, il vit le même apostolat au Japon avec quatre frères, où, en 1931, et malgré la maladie, il fonde une autre Cité de Marie près de Nagasaki<ref name="nominis.cef.fr">Modèle:Lien web.</ref>, « Mugenzai no Sono » (Jardin de l'Immaculée). Le couvent est construit sur une colline, le dos tourné à la ville. À l'étonnement de tous, il est le seul bâtiment resté debout lors de l'explosion de la bombe atomique en 1945, protégé par la montagne<ref>http://www.paris.catholique.fr/saint-maximilien-kolbe.html.</ref>.
Deux ans plus tard, il part aux Indes britanniques avec la même mission, sur la côte malabare (Kerala ou Karnataka), en 1932, avec un moindre succès<ref name="Aleteia" />.
Il revient en Pologne en 1935 ou 1936 et fonde le quotidien catholique Mały Dziennik (Le Petit Journal) imprimé au monastère de Niepokalanów. Le ton des publications dirigées par Kolbe est violemment anti-juif<ref>Modèle:Ouvrage</ref>, et elles produisent certains des documents les plus virulemment antisémites publiés dans la Pologne de l'entre-deux-guerres, dont on ne trouve pas d'exemple aussi extrême dans le reste de la presse du pays<ref name="2005_Ronald_MODRAS_passage398" /> qui, entretenu en ce sens par le clergé local, a tendance à considérer alors les juifs comme des étrangers déloyaux<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.
Si Kolbe lui-même se défend de l'être et qu'il semble n'avoir pas montré d'animosité à l'encontre de la religion ou des traditions juives<ref name="2005_Ronald_MODRAS_passage398" />, mais influencé par les Protocoles des sages de Sion reçus sans discernement<ref name=":4">Modèle:Ouvrage</ref>, il n'en affirme pas moins vouloir empêcher une « infiltration juive étrangère », considérant que le judaïsme est, en Pologne, le « principal réservoir biologique » ou encore un « cancer qui ronge le corps du peuple »<ref name=":1">Modèle:Lien web</ref>. Bien que l'on puisse trouver sous sa plume une modération relative quand, par exemple, il déconseille d'attiser l'hostilité contre les juifs qu'il convient de convertir par « l'arme du chapelet » et l'amour du prochain<ref name=":4" />, on ne la retrouve cependant pas dans les publications dont il a la responsabilité<ref name="2005_Ronald_MODRAS_passage398" />.
Modèle:Référence nécessaire dont le dirigeant, Jan Mosdorf, est déporté à Auschwitz-Birkenau, où il fut tué en 1943 pour avoir aidé des Juifs.
En 1939, sa fraternité fournit l'abri à des réfugiés polonais, catholiques et juifs. Aux côtés de 36 autres membres du clergé polonais, le père Maximilien Kolbe, adversaire convaincu du national-socialisme et du communisme<ref name=":1" />, est arrêté une première fois et battu, avant d'être libéré le 8 décembre, soit le jour où l'Église fête l'Immaculée Conception<ref name="nominis.cef.fr" />,<ref name=magnificat2012/>. Il semble ainsi que l’invasion allemande et cette première arrestation inclinent Kolbe à « mettre ses préjugés en retrait et à agi[r] au nom de l’humanité »<ref name=":1" />.
Camp d’Auschwitz
Que ce soit en raison du caractère anti-allemand du Mały Dziennik<ref name="2005_David_WEIZMANN"/> ou de l'accueil prodigué aux personnes persécutées, dont Modèle:Nombre juifs, au monastère de Niepokalanów, le franciscain est à nouveau arrêté par la Gestapo le Modèle:Date-<ref name=":1" />.
Le Modèle:Date-, il est transféré vers le camp d'Auschwitz, sous le matricule 16670. Tandis qu'il ne lui reste qu'un poumon et un quart du restant, il travaille sans se plaindre et ne perd jamais une occasion de venir en aide aux détenus de son groupe. En Modèle:Date-, un prisonnier du bloc 14, où se trouve le père Kolbe, parvient à s'échapper. Le Hauptsturmführer de la SS Karl Fritzsch ordonne en représailles que dix des 599 prisonniers du bloc soient condamnés à mourir de faim et de soif au bloc 11<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Le règlement du camp exigeait, pour décourager les évasions, que dix détenus fussent exécutés en cas d'évasion d'un homme. Les nazis sélectionnent ainsi dix hommes du bloc 14, dont Franciszek Gajowniczek, un sergent de l'armée polonaise, père de famille.
Maximilien Kolbe entend Gajowniczek s'écrier « Ma pauvre femme ! Mes pauvres enfants ! Que vont-ils devenir ? ». Le religieux propose alors de mourir à sa place. Fritzsch le questionne et exige de lui une identité. Ses paroles exactes ont été oubliées, mais selon une version couramment rapportée, elles auraient été : « Je suis un prêtre catholique de Pologne ; je voudrais prendre sa place, car il a une femme et des enfants »<ref>"Maximilian Kolbe", Jewish Virtual Library</ref>. Les nazis consentent à la substitution ; les dix prisonniers sont enfermés dans un bunker souterrain du camp à peine éclairé par des ouvertures étroites, le « bunker de la faim ». Bien que la faim et la soif aient poussé habituellement les condamnés à la folie, aux hurlements et à s’entre-tuer, le gardien du bunker témoignera qu'en très peu de temps, le prêtre Maximilien réussit à faire régner le calme et la piété entre ses compagnons de cette tragédie, au moyen de prières et d'oraisons pour chrétiens comme pour Juifs (hymnes, psaumes, etc.).
Après trois semaines sans nourriture et sans eau<ref>Patricia Treece, Maximilien Kolbe, éditions Flammarion, 2003, page 278.</ref>, le père Kolbe demeure en vie après avoir vu mourir tous ses compagnons. La place venant à manquer, il est exécuté le Modèle:Date- d'une injection d'une dose létale de phénol dans le bras<ref>Modèle:Lien web,</ref> par le kapo Modèle:Lien.
Souvenir et vénération
Maximilien Kolbe est béatifié comme « confesseur » le 17 octobre 1971, par Paul VI<ref>Béatification et Homélie de Paul VI.</ref>.
Le Modèle:Date-, malgré l'avis défavorable de la Congrégation pour la Cause des Saints, il est canonisé comme martyr par le pape Jean-Paul II « en vertu de [son] autorité apostolique »<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Il est le seul à avoir été honoré d'abord comme confesseur, puis comme martyr. Deux miracles attribués à l'intercession de Maximilien Kolbe ont permis sa canonisation : la guérison d'Angela Testoni, atteinte de tuberculose, en Modèle:Date-, et celle de Francis Ranier, atteint de calcification artérielle, en Modèle:Date-<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Ayant survécu à la captivité, Franciszek Gajowniczek assistera à la canonisation de son sauveteur en 1982. Le pape, Jean-Paul II, en fit un modèle pour la société d'aujourd'hui et la nouvelle évangélisation et retint notamment de Maximilien Kolbe l'importance de la consécration à la Trinité par la Vierge Marie et de l'annonce de l'Évangile par les médias<ref name="Aleteia" />.
Le 29 juillet 2016, à l'occasion du Modèle:75e anniversaire de la mort de Maximilien Kolbe et des JMJ de Cracovie, le pape François se rend au camp de concentration et d’extermination d’Auschwitz et prie dans la cellule de Maximilien Kolbe<ref>A Auschwitz-Birkenau, le pape François se recueillera en silence.</ref>.
Dédicaces
Un Cercle Maximilien Kolbe est fondé à Pointe-Saint-Charles par le Père Frédy Kunz, dans les années 1950-1960, permettant de venir en aide aux familles défavorisées de Montréal<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.
En Modèle:Date-, l'Église d'Angleterre inaugure une statue de Maximilien Marie Kolbe en surplomb du portail occidental de l'abbaye de Westminster, à Londres, en tant qu'élément du [[Martyrs de l'abbaye de Westminster|monument œcuménique à la mémoire de dix martyrs du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle]].
En Belgique, la statue nommée Hommage au Père Kolbe, réalisée en 2005 par le sculpteur Jean-Paul Emonds-Alt grâce au legs Julien Lambert, est installée au parvis de l'église Saint-François d'Assise à Louvain-la-Neuve <ref>Christophe Dosogne et Wivine de Traux, L'art dans la ville - Promenades à Ottignies-Louvain-la-Neuve, Presses universitaires de Louvain, 2009, Modèle:P.</ref>.
En Allemagne, dans la chapelle de la peste de Stiefenhofen, un vitrail (conçu par la sœur franciscaine Maria Ludgera Haberstroh) représente Maximilien Kolbe en compagnie de Modèle:Lien, elle aussi déportée à Auschwitz.
En Italie, à Sienne (Toscane), en la basilique San Francesco, une des chapelles du transept est consacrée aux horreurs de la Seconde Guerre mondiale. Sous le vitrail contemporain, présentant une allégorie des souffrances endurées par les victimes du nazisme, se trouve un retable : la représentation de Kolbe est un ajout d'Aldo Marzi (1973) à un polyptyque antérieur de Pietro de Pezzatis (1898) figurant la Vierge et Saint François. Sur cet élément iconographique saint Maximilien Kolbe porte dans ses mains deux roses, une blanche (la pureté) et une rouge (le martyre).
En France
En Bretagne, la chapelle du Foyer de charité de Tressaint en Côtes-d'Armor, est dédiée à saint Maximilien par dévotion du Père animateur de ce foyer qui la fit construire. L'église Saint-Pierre de Corps-Nuds, au sud de Rennes en Ille-et-Vilaine, est devenue l'église Saint-Maximilien-Kolbe. On peut y voir un portrait et une petite statue de saint Maximilien Kolbe.
À Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine), dans le quartier que borde la Seine, la Chapelle Saint-Maximilien-Kolbe de Rueil-Malmaison, lui est consacrée<ref>Maison d'Église Saint-Maximilien-Kolbe - 92500 Rueil-Malmaison.</ref>.
Dans l'église Notre-Dame de Saint-Lô dans la Manche se trouve un vitrail de Jean-Paul Froidevaux<ref>Jean-Paul Froidevaux expose à la Grande Maison.</ref>, Les Saints de notre temps (1974). On peut y voir sainte Thérèse de Lisieux, saint Jean XXIII, saint Charles de Foucauld et saint Maximilien Kolbe.
Aux États-Unis
La conférence nationale des évêques américaine désigne en 2000 le couvent de frères franciscains Marytown, à Libertyville (Illinois) comme lieu de son mausolée national. Un musée lui est dédié, reconstituant notamment sa cellule du camp d'Auschwitz, à côté de la chapelle d'adoration permanente.
Polémique
Lorsque, à la suite des efforts du cardinal Karol Wojtyla, archevêque de Cracovie et futur pape Jean-Paul II, la béatification de Kolbe est annoncée en 1971<ref>Modèle:Ouvrage</ref>, la question de l'antisémitisme du Mały Dziennik est soulevée par le résistant, écrivain et politicien maçon Jan Józef Lipski<ref name=":3">Modèle:Chapitre</ref>.
En 1979, une homélie du pape Jean-Paul II à Auschwitz centrée sur Maximilien Kolbe et non sur le génocide juif déclenche une polémique<ref>Homélie de 1979. Voir « Rome et les Juifs : l'ambiguïté permanente », Libération du 14 novembre 1995, et Delphine Dussert, Jean-Paul II et la question de la Shoah, à temps et contretemps Modèle:Lire en ligne.</ref> : la mise en avant de Kolbe paraît transformer « les lieux de la Shoah en symbole de résistance spirituelle et politique de la Pologne dont [ce dernier] aurait été le principal héros »<ref name="2005_David_WEIZMANN" />. Sa canonisation par le même pape en 1982 est interprétée par certains comme une caution de l'antisémitisme polonais<ref name="2005_David_WEIZMANN" /> et les débats sur la question de l'antisémitisme de Kolbe connaissent un retentissement international<ref name=":3" />.
Néanmoins, selon une lettre adressée au Washington Post en 1983 par Eugene Fisher , secrétaire de la Conférence des évêques catholiques pour les relations entre juifs et chrétiens, Maximilien Kolbe aurait condamné l'antisémitisme dans ses écrits. Il ajoute qu'entre 1500 et 2000 réfugiés juifs auraient été accueillis au début de la Seconde Guerre mondiale dans le monastère qu'il a fondé et qu'il dirigeait<ref name=":0">Modèle:Lien web</ref>.
Voir aussi
Bibliographie
- Modèle:Ouvrage.
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Gli scritti di Massimiliano Kolbe, ses écrits traduits en italien, éd. Città di Vita, Firenze, 1978.
- Modèle:Ouvrage.
- André Frossard, N'oubliez pas l'amour : La Passion de Maximilien Kolbe, Robert Laffont, 1987 Modèle:ISBN.
- Modèle:Ouvrage
- Patricia Treece, Maximilien Kolbe, éditions Flammarion, 2003 Modèle:ISBN Modèle:Présentation en ligne.
- Modèle:Article
- Modèle:Ouvrage.
- Philippe Maxence, Maximilien Kolbe : Prêtre, journaliste et martyr (1894-1941), Perrin, 2011 Modèle:ISBN Modèle:Présentation en ligne.
- Modèle:Ouvrage
BD
Adaptation
Filmographie
- Krzysztof Zanussi, Życie za życie. Maksymilian Kolbe (Vie pour vie, 1991).
- Martyr de l'amour (Męczennik miłości) (2007), documentaire
- Modèle:Lien (2017), film biographique
Opéra
- Dominique Probst, Maximilien Kolbe, drame lyrique sur un livret inédit d'Eugène Ionesco (1988), créé à Rimini le Modèle:Date-.