Naturalisme (littérature)
Modèle:Voir homonymes Modèle:Infobox Mouvement artistique Le naturalisme est un mouvement littéraire qui s'attache à peindre la réalité en s'appuyant sur un travail minutieux de documentation et en s'inspirant notamment de la méthode expérimentale du physiologiste Claude Bernard. Émile Zola est le principal représentant de cette école littéraire en France. Le mouvement s'étend ensuite dans toute l'Europe et jusqu'en Amérique.
Définition
Le terme naturalisme est employé pour la première fois par Zola en 1866, sous l’influence de Taine, et mis en avant en 1868 dans la préface à la seconde édition de Thérèse RaquinModèle:Sfn. Il est emprunté à Balzac<ref group="alpha">Dans Physiologie du mariage.</ref>, et a prétention de traduire l'homo additus naturae<ref group="alpha">L'homme ajouté à la nature.</ref> de BaconModèle:Sfn.
Même dans son ouvrage Le Roman expérimental, Zola n'a pas fourni une définition univoque du naturalisme, qui repose sur quelques principes fondamentaux.
Le naturalisme s'inspire de la science :
- Modèle:Citation (Zola)
Le naturalisme est une méthode :
- Modèle:Citation (Zola)
- Modèle:Citation (Alexis)
Le naturalisme est une vision du monde :
Le naturalisme est moral, quoi qu'en disent les critiques :
- Modèle:Citation (Zola)
- Modèle:Citation
Une synthèse a été tentée par Camille Lemonnier :
David Baguley a résumé la philosophie du naturalisme : ontologie matérialiste, cosmologie mécaniste, épistémologie empirique, éthique relativiste, tendance à concilier, voire assimiler, les univers naturel et humainModèle:Sfn.
Sous l'influence des critiques littéraires de l'époque, le mot naturalisme a pris une connotation négative<ref group="alpha">« La Terre a rendu le nom même de naturalisme synonyme de ceux d’impudence et de grossièreté. » Modèle:Harvsp</ref>. Il est devenu synonyme de description de choses sordides ou grossières,ainsi que de minuscules événements de la vie quotidienneModèle:Sfn. Il est en même temps perçu comme extrémisteModèle:Sfn.
Origines
Contexte
Le naturalisme est apparu à la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle dans un contexte propice. Le développement du capitalisme, du prolétariat et des grandes villes, les progrès de la science explorant des territoires de plus en plus vastes offrent aux romanciers naturalistes une méthode d’investigation, des contenus nouveaux (marges de la société, névroses, folie, dégénérescences, lois de la thermodynamique, entropie, déperdition), ainsi qu'une vision contrastée de l’homme et de la sociétéModèle:Sfn.
Réaction contre le Romantisme
Zola positionne le naturalisme comme l'opposé du romantisme, qui Modèle:Citation Pour lui, l'opposition philosophique est claire : Modèle:Citation
Ainsi s'opposent Modèle:Citation, représentant deux filiations littéraires différentes :
- la romantique, passant par Rousseau, Chateaubriand, Madame de Staël, Victor Hugo et George Sand.
- la naturaliste, composée de Diderot, Stendhal, Balzac, Flaubert, Edmond et Jules de Goncourt<ref name=":0">Le Naturalisme, Le Figaro, 17 janvier 1881, Œuvres Complètes, Cercle du livre précieux, tome 14, p. 507-511.</ref>.
Rapports avec le Réalisme
Le naturalisme est le plus souvent présenté comme la succession du réalisme tel qu'initié par Champfleury et Duranty, mais leurs rapports sont ambigus. Modèle:Citation, était-il déclaré en ouverture d'un colloque sur le naturalismeModèle:Sfn.
Cependant, des différences existent : Modèle:Citation, annonçait le premier numéro de la revue Réalisme en 1856<ref>Modèle:Lien web</ref>. Mais les naturalistes ne restent pas à la surface, vont au-delà des apparences. Ils dévoilent, font tomber les masques, pénètrent « derrière les belles portes d’acajou luisant », « fouillent en pleine chair humaineModèle:Sfn ».
La célèbre définition qu'a donnée Zola de l’œuvre d'art : Modèle:Citation résume pour certains critiques la différence entre les deux mouvements littéraires, tout en creusant la distance entre la recherche de l'homme de science et la création de l'artiste<ref>Modèle:Harvsp</ref>.
En résumé, Modèle:Citation
Conceptions littéraires
Théorie
Pour Zola, il est du devoir de la littérature de se faire scientifique : Modèle:Citation bloc Pour cela, il faut que la littérature applique la méthode mise en œuvre dans les sciences naturelles. S'inspirant du positivisme d'Auguste Comte et de l'Introduction à l’étude de la médecine expérimentale de Claude Bernard, Zola considère que « le romancier est fait d'un observateur et d'un expérimentateur » : Modèle:Citation bloc Cependant, il n’y a pas parmi les naturalistes de véritable théorie unifiée et cohérente. Ils n’ont jamais ressenti la nécessité d’une unité idéologique et ont toujours été soucieux de préserver leur indépendanceModèle:Sfn Le terme naturalisme lui-même ne fait pas consensus : Edmond de Goncourt préférait Naturisme, Huysmans, Intimiste, Desprez Impressionnisme. Quant à Maupassant, il veut rebaptiser Illusionnistes les RéalistesModèle:Sfn :
Modèle:Citation blocLes historiens de la littérature accordent en général peu de crédit à cette réflexion théorique et soulignent volontiers sa faiblesse ou ses contradictions Modèle:Sfn. Faiblesse car la théorie naturaliste reste muette sur deux composantes essentielles du genre romanesque : la fiction et la narration ; le fantasme et le récitModèle:Sfn. Contradiction relevée par Henry Céard, qui souligne l'illusion de la notion d'expérience chez un romancier, là où il ne peut y avoir qu'observationModèle:Sfn. En effet, le roman existe non pas dans le monde réel de l'expérience scientifique, mais dans un monde possible soumis à l'arbitraire du narrateurModèle:Sfn.
Henri Mitterand, lui, distingue roman et discours naturalistes, qui ne sont pas homologues : Modèle:Citation bloc
Place de Zola
Le naturalisme est le plus souvent assimilé à ZolaModèle:Sfn.
Pour Stéphane Mallarmé, il faut entendre par naturalisme la littérature de Zola : Modèle:Citation Pour Henri Mitterand, le naturalisme théorique est celui de Zola, Modèle:Citation Pour B.H Bakker, l’école naturaliste se réduit à un maître et un disciple, Zola et à Alexis, celui-ci étant le seul qui souscrive strictement à la pure théorie naturaliste<ref>Naturalisme pas mort, University of Toronto Press, 1971. Cité dans Modèle:Harvsp</ref>.
Mais cette place unique est parfois discutée. En considérant le naturalisme au-delà de la francophonie, des écrivains se montrent proches de certaines positions de Zola, et il s’en faut de beaucoup que celui-ci ait seul été à l’origine de leurs orientations, certains étant d’ailleurs ses ainés. Des mouvements littéraires comme le verismo en Italie, les tachtigers aux Pays-Bas, le genombrund scandinave, le positivisme polonais sont similaires au naturalisme allemand ou françaisModèle:Sfn.
Yves Chevrel considère Zola comme Modèle:Citation
En tout cas, Zola s'est toujours défendu d'être à la tête d'une « École » : il n’y a pas de chef, mais des individus qui restent libres. À la notion d’école est opposée celle de groupeModèle:Sfn.
Conception du roman
Le roman naturaliste est étendu au-delà de ses limites traditionnelles. Il peut tout accueillir : le document comme la réflexion, l’histoire événementielle comme l’analyse psychologiqueModèle:Sfn et a des caractéristiques marquées :
- Le narrateur est omniscient, et cherche à imposer à son lecteur une certaine vision des chosesModèle:Sfn. Mais il se fait le plus effacé possible et délègue souvent son pouvoir aux personnages, qui deviennent des relais de l'informationModèle:Sfn.
- L'écriture est impersonnelle, les descriptions sont nombreusesModèle:Sfn. Celles-ci permettent d'affirmer une volonté de dévoiler la réalité tout en s'effaçant devant elleModèle:Sfn.
- Le roman devient une entreprise explicative, cependant la réalité reste un objet romanesqueModèle:Sfn.
- L’œuvre naturaliste est le plus souvent conçue comme l’exploration d’un système, la mise en évidence de ses rouages, de ses règles de fonctionnement, ou plutôt de ses règles de dysfonctionnement. Le naturalisme, c’est l’obsession de l’échec et la description de pathologies sociales, avec une prédilection pour les cas limites comme le criminel ou la prostituéeModèle:Sfn.
- Sous l'influence de l'impressionnisme, la sensation plutôt que l'analyse est privilégiée pour approcher le réelModèle:Sfn. Le tragique est étranger au naturalisme qui s’inquiète en permanence de sociologieModèle:Sfn.
- Il n'y a pas d'intrigue : la forme narrative linéaire traditionnelle cède souvent la place à une écriture par fragments utilisant abondamment le style indirect libreModèle:Sfn. De nombreux petits faits vrais contribuent à donner au récit un air d’authenticitéModèle:Sfn. Il s'agit de lambeaux, de tranches, de pages de vie humaine : le texte naturaliste refuse l’étrange, l’artificiel, la fantaisie, et retient ce qui est le moins frappant, l'inessentielModèle:Sfn.
- Il n'y a pas de héros : le romancier coupe systématiquement les ailes à tout envol lyrique pour ramener son personnage à la platitude. Celui-ci se dissout dans le milieu dans lequel il est immergéModèle:Sfn. La nature primitive vient saper la vitalité de l’individu et l’entrainer vers le désastre. Partout, la volonté humaine cède, s’humilie devant cette volonté universelle, informe, dépersonnaliséeModèle:Sfn.
- Il n'y a pas de destin : chaque ouvrage contient en lui sa justification et son explication. L’évolution des personnages n’est pas liée à une malédiction ou à une prédiction. Le public ne sait pas ce qu’il peut attendre, car l’écrivain choisit en agissant sur le déterminisme des phénomènes qu’il rapporteModèle:Sfn.
- Le résultat est une lecture sérieuse<ref group="alpha">Modèle:Harvsp notait que Modèle:Citation</ref>, qui n’est pas faite pour divertir, mais pour interrogerModèle:Sfn. Le lecteur n’est plus que le spectateur passif qui assiste au déroulement des faitsModèle:Sfn.
L’emploi des termes consacrés par l’esthétique traditionnelle gêne la plupart des écrivains naturalistes : ils redoutent d’être acculés à se servir d’une forme trop contraignante, artificielle, qui les empêche de déverser tout ce que l’observation du réel doit leur permettre de dire. C’est la raison principale de l'emploi fréquent de sous-titresModèle:Sfn : Thérèse Raquin, étude ; Les Rougon-Macquart, Histoire naturelle et sociale d’une famille sous le second Empire ; Marthe, Histoire d’une fille ; Jack, mœurs contemporaines.
Cependant, si l’esthétique naturaliste a bousculé les divisions traditionnelles de la littérature, elle n’a pas véritablement réussi à les recomposer ou à les refondreModèle:Sfn
Thèmes
Au-delà des divergences parfois hautement claironnées, des reniements dictés par un mouvement sincère ou par l’intérêt publicitaire, on peut retrouver des thèmes obsédants, des préoccupations communes, des soucis identiquesModèle:Sfn. Les romans naturalistes s’attachent aux points de tension, aux moments de déséquilibre, aux ruptures, aux fêlures, que ce soit dans la société ou dans l’individuModèle:Sfn.
Leurs thèmes ont été classifiés de plusieurs manières :
- Yves ChevrelModèle:Sfn considère tout simplement que le grand thème, l’unique thème de l’écrivain naturaliste est le monde, d’abord perçu comme un organisme en mouvement, tantôt sur le modèle biologique, tantôt sur le modèle mécanique. Il ajoute que la cruauté du naturalisme ne réside pas dans le traitement pessimiste de tel ou tel thème, mais dans la mise en évidence des forces qui animent la société et qui ne sont jamais neutres, surtout pas du point de vue moral. Pour lui cette cruauté est d’ordre méthodologique et non thématique.
- Colette BeckerModèle:Sfnrelève comme thèmes : la gredinerie bourgeoise, argent et hypocrisie ; les ratages et émiettement de la vie dans sa banalité quotidienne, avec ses répétitions et ses déceptions ; les maladies et l'hérédité, avec un accablement par le poids des déterminismes ; les dangers d’Éros, la femme étant en proie à toutes les névroses ; les adultères et les « collages » ; les misères sociales.
- René-Pierre ColinModèle:Sfn distingue les romans « de filles » ; les romans ou nouvelles militaires, comme celles des Soirées de Médan ; ceux décrivant la vie du clergé, envisagée sous l'angle d'un fort anticléricalisme. Il remarque également que contrairement aux idées reçues, la classe ouvrière est peu représentée dans le roman naturaliste, le succès de L’Assommoir n'ayant suscité que peu d’imitations notables<ref group="alpha">Il cite Jack, de Daudet, Les Sœurs Vatard, d'Huysmans, et Le Bilatéral, de J.-H. Rosny, dans lequel le monde ouvrier se souvient de la Commune.</ref>. Ce qui n'est pas le cas de la vie rurale, souvent présente, dans les contes normands de Maupassant, dans La Terre de Zola, La Mort de Lemonnier, dans les textes de Rosny ou d'Eslander, souvent virulents et s'attardant sur de sordides faits diversModèle:Sfn.
- Alain PagèsModèle:Sfn classe en « séries » les romans de l'artiste, les romans de « filles », les romans militaires, les roman du « collage », tous étant des romans de l'échec.
- David BaguleyModèle:Sfn identifie les fatalités de la chair, l’hôpital, l'asile, le couvent, et fait remarquer que le motif de la femme déchue est si répandu dans les œuvres naturalistes qu’on s’étonne de n’en trouver nulle mention dans les écrits théoriques des médanistes.
Avec les ouvrages naturalistes, aucun aspect de la société, aucune institution n’a conservé la tradition de déférence et d’urbanité que l’on cultivait jusqu’alors. Les écrivains touchent à tout, poussent toutes les portes, explorent les soutes et les cuisines, rôdent dans les arrière-cours avec une obstination juvénile, parfois brouillonne, mais à en juger par les haut-le-cœur qui s’ensuivirent, terriblement efficaceModèle:Sfn.
Poésie et Théâtre
Modèle:Article détaillé Si la poésie reste totalement en dehors du champ d'intérêt du naturalismeModèle:Sfn, il n'en est pas de même du théâtre, où les naturalistes veulent à toute force s'imposerModèle:Sfn. Si quelques pièces, comme celle tirée de L'Assommoir, ont quelque succès, les autres n'en rencontrent aucun<ref group="alpha">Flaubert, Daudet, Goncourt et Zola peuvent ainsi organiser en 1874 les Dîners des auteurs sifflés.</ref>, malgré les efforts d'Antoine et de son Théâtre-Libre.Modèle:Sfn
Au-delà de la littérature
Zola ne considère pas le naturalisme comme purement littéraire. Il le place sur un plan idéologique plus large, mêlant littérature, morale, politique, religion, et philosophie. Il s'agit pour lui d'une entreprise totalisante visant à édifier – et à justifier – un certain type de société, républicaine, démocratique, anticléricale et libérale, conciliant les droits et intérêts des individus et ceux de la collectivité. C’est le sens de sa célèbre formule : « La république sera naturaliste ou elle ne sera pas<ref>Colette Becker, Aux sources du naturalisme zolien, dans Modèle:Harvsp</ref>.» Si cette idée reste sans écho, tant à l'extérieur qu'à l'intérieur du groupeModèle:Sfn, elle est l'un des principaux reproches qui lui sont faits à son époque : confondre activité littéraire et scientifiqueModèle:Sfn, vouloir Modèle:Citation
Chronologie
Chronologie globale
La chronologie globale du mouvement naturaliste ne fait pas consensus parmi la critique. Si toutes les études s'accordent pour considérer la publication en 1865 de Germinie Lacerteux, des Goncourt, comme un point de départ, elles définissent plusieurs étapes plus ou moins similaires, mais situées différemment dans le temps.
18 | 65<ref group="alpha">Parution de Germinie Lacerteux, des Frères Goncourt.</ref> | 66 | 67 | 68 | 69 | 70 | 71 | 72 | 73 | 74 | 75 | 76<ref group="alpha">Parution de L'Assommoir, de Zola.</ref> | 77 | 78 | 79<ref group="alpha">Parution du Roman expérimental, de Zola, dans Le Voltaire.</ref> | 80<ref group="alpha">Parution du recueil Les Soirées de Médan.</ref> | 81 | 82 | 83 | 84<ref group="alpha">Parution d'À rebours, d'Huysmans.</ref> | 85 | 86 | 87 | 88 | 89 | 90 | 91 | 92 | 93<ref group="alpha">Achèvement des Rougon-Macquart.</ref> | 94 | 95 | 96 | 97 | 98 | 99 | |
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BeckerModèle:Sfn | Formation | Âge d'or | Éclatement | |||||||||||||||||||||||||||||||||
Chevrel<ref>Modèle:Harvsp</ref>,<ref group=alpha>Chevrel prend également en compte les écrivains non francophones.</ref> | Premières œuvres | Lame de fond | Triomphe | Dernière vague | ||||||||||||||||||||||||||||||||
Cogny<ref>Jacques Dubois, Émergence et position du groupe naturaliste dans l'institution littéraire, dans Modèle:Harvsp</ref> | Tâtonnements | Phase prophétique | Conquête | Déclin | ||||||||||||||||||||||||||||||||
Pagès<ref>Modèle:Harvsp</ref> | Émergence | École | Déchirements et contestation | Continuité et métamorphoses |
Principaux événements
- Janvier 1865. Germinie Lacerteux, des frères Goncourt. Modèle:Citation
- Juin 1866. Zola, Mes haines : Modèle:Citation
- Décembre 1866. Zola, Deux définitions du roman : Modèle:Citation
- Novembre 1867. Zola, Première édition de Thérèse Raquin.
- Mai 1868. Zola, deuxième édition de Thérèse Raquin, avec une préface programmatique : Modèle:Citation
- Publication de L'Éducation sentimentale, de Flaubert et de Madame Gervaisais, des frères Goncourt. Paul Alexis se rend chez ZolaModèle:Sfn.
- Juillet 1871 : Zola, dans la préface de La Fortune des Rougon<ref>Préface sur Wikisource.</ref>, expose le projet des Rougon Macquart : Modèle:Citation
- 1876. Céard, Hennique et Huysmans se présentent chez ZolaModèle:Sfn.
- Janvier 1877. Publication de L'Assommoir et scandale.
- Mars 1877. Article de Huysmans : Modèle:Citation
- Octobre 1879. Parution dans Le Voltaire de l'article de Zola sur le Roman expérimental.
- Avril 1880. Publication du recueil collectif Les Soirées de Médan.
- 8 mai 1880. Mort de Flaubert.
- Fin 1880. Échec du projet d'une revue hebdomadaire intitulée La Comédie humaineModèle:Sfn.
- 18 août 1887. Dans Le Figaro, Manifeste des Cinq, signé par Bonnetain, Descaves, Guiches, Margueritte et Rosny Aîné<ref>Lire sur Gallica</ref> : Modèle:Citation
- Septembre 1887. Brunetière proclame la banqueroute du naturalismeModèle:Sfn.
- Mars-Juillet 1891. Enquête de Jules Huret sur L'Évolution littéraireModèle:Sfn.
- Juin 1893. Parution du Docteur Pascal, dernier volume des Rougon-Macquart.
- 1903. Préface de Huysmans à une réédition d'À rebours<ref>Lire sur Gallica</ref> : Modèle:Citation
Composition du groupe
La composition du groupe naturaliste est très difficile à cernerModèle:Sfn. C'est un groupe fluctuantModèle:Sfn qui se fait et se défait au gré des amitiés et des inimitiés, rassemblé non pas par une doctrine rigoureuse, mais par quelques grands principes, en particulier la volonté de lutter contre « les lectures anodines et consolantes, les imaginations qui ne dérangent pas, le roman de la vertu<ref>Goncourt, Préface à Germinie Lacerteux.</ref>. » S'il n'y a pas d'esthétique naturaliste à proprement parler, il existe un mouvement travaillé de tempêtes, de désaccords profonds, de reniements, qu’aucune structure ne saurait enfermerModèle:Sfn.
Le rêve entretenu par Zola d’un groupe d’écrivains unis par les mêmes idées, travaillant à faire advenir une République naturaliste, n’a pas résisté aux oppositions, aux dissensions internes, aux inimitiésModèle:Sfn. Zola ne sut pas imposer longtemps sa réflexion théorique, ses principes qui, pourtant, par bien des aspects auraient pu être reçus par des écrivains qui en étaient souvent moins éloignés qu’ils ne l’imaginaientModèle:Sfn.
Il est difficile de qualifier tel écrivain de naturaliste, car le concept d’unité s’applique difficilement à l’œuvre d’un écrivainModèle:Sfn : pour beaucoup d’entre eux le naturalisme n’a constitué qu’un moment, parfois décisif, de leur évolution personnelleModèle:Sfn. Ainsi Maupassant Modèle:Incise abandonne le concept de naturalisme dès que la notoriété acquise lui permet de le négligerModèle:Sfn. Hennique s'éloigne, avec Un caractère, présenté comme un roman Modèle:CitationModèle:Sfn. Henry Céard, avec Une belle journée, abandonne les drames de la dégénération catastrophique explicables par des théories scientifiques, pour épouser le modèle plus flaubertien de la comédie des illusions humaines et de la nullité de la vie bourgeoise, ratifié par la philosophie du mal de vivreModèle:Sfn.
Des divergences se font jour entre Zola et Huysmans sur la nature du roman après la parution d'À ReboursModèle:Sfn. Rosny, dans Le Termite<ref>Lire sur Wikisource.</ref>, accuse le mouvement de ne s’être soucié que du terre à terre, d’avoir banni l’étude de tout esprit complexe, de « toute personnalité intellectuelleModèle:Sfn. » Jules Case, dont la position envers le naturalisme était ambigüe, publie en octobre 1891<ref>1, 10, 17, 24 octobre, 2 et 7 novembre 1891. Lire sur Gallica.</ref> dans L’Événement une série d’articles virulents dans lesquels il fait le procès d’une « littérature moucharde et basse, sans idée, sans création, sans génieModèle:Sfn. »
Plus prosaïquement, Goncourt supporte mal que l’on puisse contester sa prééminence intellectuelle et n’a jamais accepté le rôle de premier plan de Zola. Lui aussi veut des disciples ; il attire à lui Huysmans, Hennique et Céard, accueille les écrivains de la nouvelle génération. Allié à Daudet, il a au moins laissé faire, sinon encouragé, les signataires du Manifeste des cinqModèle:Sfn.
Ce Manifeste des cinq<ref>Lire sur Wikisource.</ref>, rédigé par Rosny, signé par Paul Bonnetain, J.-H. Rosny aîné, Lucien Descaves, Paul Margueritte et Gustave Guiches, publié dans Le Figaro du 18 août 1887 se veut une réponse à la publication de La Terre. Mais les auteurs de cette Modèle:Citation n’étaient pas irréprochables quant aux « obscénités » reprochées à ZolaModèle:Sfn. Leur texte, aux Modèle:Citation, dont les motivations sont obscuresModèle:Sfn, exprime surtout la déception et l’amertume de la jeune génération devant un maître qui ne répond plus à leurs attentesModèle:Sfn.
Mais paradoxalement, c’est à partir de l’époque où le groupe de Médan se désintègre et où l’effort théorique s’épuise, que commence la période de la plus grande productivité d’œuvres naturalistes en France et à l’étrangerModèle:Sfn.
Origines sociales
Majoritairement provinciaux et issus de la petite bourgeoisie (artisans, commerçants, employés), parfois de la moyenne bourgeoisie mais sans leurs « prérogatives financières », les futurs romanciers naturalistes vivent dans une assez grande précarité. Rares sont ceux qui ont dépassé le baccalauréat. Ceux qui l’ont obtenu ne mènent pas jusqu’au bout leurs études supérieures. Leur situation professionnelle est très mouvante. Ils sont souvent « ronds-de-cuir », parfois journalistes et, à l’exception de Zola, leurs écrits leur rapportent peu. Ils n’ont ni appui<ref group="alpha">Zola épaula surtout la première génération des naturalistes, ses amis du groupe de MédanModèle:Sfn.</ref> ni parents susceptibles de les favoriser dans le monde littéraire. Il leur est donc nécessaire de percer par d’autres voies : la demande du public qui veut des romans et des nouvelles, et le scandale pour se faire rapidement connaîtreModèle:Sfn.
La plupart de ceux qui renièrent le naturalisme pour rallier le camp des "psychologues", Paul Margueritte, Édouard Rod, Abel Hermant, n'avaient point, de par leurs origines, les caractéristiques les plus fréquentes des romanciers naturalistes. En choisissant d'écrire pour un public qu'ils croyaient plus raffiné, ils retournaient à leur classeModèle:Sfn.
Écrivains francophones
Cité dans Colin 1988<ref>Modèle:Harvsp</ref> | Cité dans Pagès 1993<ref>Modèle:Harvsp</ref> | Classification de Jules Huret<ref>Modèle:Harvsp</ref> | Principales œuvres naturalistes<ref>D'après Modèle:Harvsp</ref> | ||
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Paul Adam | France | oui | oui | Boxeur et savatier | Chair molle<ref>Lire sur Wikisource</ref> (1885) |
Jean Ajalbert | France | oui | Acide et pointu | En amour<ref>Lire sur Gallica</ref> (1890) | |
Paul Alexis (*) | France | oui | oui | Boxeur et savatier | La Fin de Lucie Pellegrin<ref>Lire sur Gallica</ref> (1880), Madame Meuriot <ref>Lire sur Gallica</ref>(1891) |
Harry Alis | France | oui | Hara-Kiri<ref>Lire sur Gallica</ref> (1882) | ||
Georges Ancey | France | oui | Monsieur Lamblin (1888) | ||
Henry Becque | France | oui | Les Corbeaux (1882) | ||
Paul Bonnetain (**) | France | oui | oui | Acide et pointu | Charlot s'amuse<ref>Lire sur Gallica</ref> (1883) |
Jules Case | France | oui | oui | Bonnet rouge<ref>Lire sur Gallica</ref> (1887) | |
Robert Caze | France | oui | L'Élève Gendrevin<ref>Lire sur Gallica</ref> (1884) | ||
Henry Céard (*) | France | oui | oui | Théoricien | Une belle journée<ref>Lire sur Gallica</ref> (1881), Terrains à vendre au bord de la mer<ref>Lire sur Gallica</ref> (1906) |
Georges Darien | France | oui | Bas les cœurs !<ref name="ref_auto_4">Lire sur Gallica</ref> (1889), Biribi<ref name="ref_auto_4" /> (1890) | ||
Alphonse Daudet<ref group="alpha">Modèle:Citation Jules Lemaître, Revue politique et littéraire, 15 mars 1885. </ref> | France | oui | oui | Le Nabab<ref>lire sur Gallica</ref> (1877) Les Rois en exil<ref>Lire sur Gallica</ref> (1879) | |
Lucien Descaves (**) | France | oui | oui | Boxeur et savatier | Sous-offs<ref>Lire sur Gallica</ref> (1889) |
Louis-Marie Desprez | France | oui | oui | Autour d'un clocher<ref>Lire en ligne</ref> (avec Henry Fèvre, 1884) | |
Jean-Louis Dubut de Laforest | France | oui | Le Gaga<ref>Lire sur Gallica</ref> (1886) | ||
Georges Eekhoud | Belgique | oui | Escal-Vigor<ref>Lire sur Gallica</ref> (1899) | ||
Jean-François Elslander | Belgique | oui | Rage charnelle<ref>Lire en ligne</ref> (1890) | ||
Francis Enne | France | oui | La Vie simple<ref>Lire sur Gallica</ref> (1882) | ||
Henry Fèvre | France | oui | Autour d'un clocher (avec Louis-Marie Desprez, 1884) | ||
Edmond de Goncourt | France | oui | oui | Théoricien | Germinie Lacerteux<ref>Lire sur Gallica</ref> (1864), Madame Gervaisais<ref>Lire sur Gallica</ref> (1869), La Fille Elisa<ref>Lire sur Gallica</ref>, Les Frères Zemganno<ref>Lire sur Gallica</ref> (1879) |
Gustave Guiches (**) | France | oui | oui | Ironique et blagueur | Céleste Prudhomat<ref>Lire sur Gallica</ref> (1886) |
Léon Hennique (*) | France | oui | oui | Vague et morfondu | L'Accident de Monsieur Hebert<ref>Lire sur Gallica</ref> (1884) |
Abel Hermant | France | oui | Bénin et bénisseur | Monsieur Rabosson<ref>Lire sur Gallica</ref> (1884) | |
Paul Heusy | Belgique | oui | Un coin de la vie de misère<ref>Lire sur Gallica</ref> (1878) | ||
Joris-Karl Huysmans (*) | France | oui | oui | Boxeur et savatier | Les Sœurs Vatard<ref>Lire sur Gallica</ref> (1879), En ménage<ref>Lire sur Gallica</ref> (1881), À vau-l’eau<ref>Lire sur Gallica</ref> (1882) |
Camille Lemonnier | Belgique | oui | Un Mâle<ref>Lire sur Gallica</ref> (1881) | ||
Paul Margueritte (**) | France | oui | oui | Bénin et bénisseur | Jours d'épreuve<ref>Lire sur Gallica</ref> (1886) |
Guy de Maupassant (*) | France | oui | oui | Vague et morfondu | La Maison Tellier<ref>Lire sur Gallica</ref> (1881), Une vie<ref>Lire sur Gallica</ref> (1883) |
Oscar Méténier | France | oui | La Chair<ref>Lire sur Gallica</ref> (1885) | ||
Octave Mirbeau | France | oui | oui | Boxeur et savatier | L'Abbé Jules<ref>Lire sur Gallica</ref> (1888) |
Henri Nizet | Belgique | oui | Suggestion<ref>Lire sur Gallica</ref> (1891) | ||
Albert Pinard | France | oui | Madame X...(1884) | ||
Édouard Rod | Suisse | oui | Vague et morfondu | À propos de L'Assommoir<ref>Lire sur Gallica</ref> (1879) , La Chute de Miss Topsy<ref>Lire en ligne</ref> (1882) | |
J.H. Rosny aîné (**) | Belgique | oui | oui | Boxeur et savatier | Le Bilatéral<ref>Lire en ligne</ref> (1887) |
Vast et Ricouard<ref group="alpha">«Ces faux disciples de Zola méritent d'être mentionnés dans l'histoire du naturalisme à cause de la gêne qu'inspiraient leurs proclamations théoriques, capables selon certains de dévaloriser le mouvement.»Modèle:Sfn</ref> | France | oui | La Haute pègre<ref>Lire sur Gallica</ref> (1881) | ||
Émile Zola (*) | France | oui | oui | Boxeur et savatier | Toute son œuvre, en particulier Les Rougon-Macquart |
(*) Participe au recueil Les Soirées de Médan (1880) | |||||
(**) Signataire du Manifeste des cinq |
Écrivains non francophones
Principales œuvres naturalistes | |||
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Herman Bang | Danemark | Haabløse Slægter (1880) | Générations sans espoir |
Luigi Capuana | Italie | Giacinta (1879) | Giacinta |
Jens-Peter Jacobsen | Danemark | Niels Lyhne (1880) | Niels Lyhne |
Stephen Crane | États-Unis | The Red Badge of Courage (1895) | La Conquête du courage |
Théodore Dreiser | États-Unis | Sister Carrie (1900) | Sister Carrie |
Theodor Fontane | Allemagne | L'Adultera (1882) | L'Adultère |
George Gissing | Royaume-Uni | Workers in the dawn (1880) | Travailleurs à l'aube |
Gerhardt Hauptmann | Allemagne | Bahnwärter Thiel (1888) | Le Garde-voie Thiel |
Alexander Kielland | Norvège | Garman & Worse (1880) | Garman & Worse |
Christian Krohg | Norvège | Albertine (1886) | Albertine |
Thomas Mann | Allemagne | Buddenbrooks: Verfall einer Familie (1901) | Les Buddenbrook<ref group="alpha">Thomas Mann jugeait son œuvre comme Modèle:Citation Cité par Modèle:Référence Harvard sans parenthèses</ref> |
George Moore | Irlande | A Mummer's Wife (1885) | La Femme du cabotin |
Emilia Pardo Bazán | Espagne | Los pazos de Ulloa (1886) | Le château d'Ulloa |
Benito Pérez Galdós | Espagne | La desheredada (1881) | La Déshéritée |
Bolesław Prus | Pologne | Lalka (1887) | La Poupée |
Eça de Queirós | Portugal | Os Maias (1888) | Les Maia |
Johannes Schlaf | Allemagne | Meister Oelze (1982) | Maître Oelze |
Amalie Skram | Norvège | Hellemyrsfolket (1887) | Les Gens de Hellemyr |
August Strindberg | Suède | Röda rummet (1879) | La Chambre rouge |
Hermann Sudermann | Allemagne | Heimat (1893) | Patrie |
Giovanni Verga | Italie | I Malavoglia (1881) | I Malavoglia |
Diffusion
peu propres à accueillir des initiatives témérairesModèle:Sfn Les œuvres naturalistes sont largement diffusées dans les journaux et les revues. Gil Blas, La Vie populaire, Le Réveil, Le Voltaire les publient en feuilletonModèle:Sfn. L'audience est augmentée par leur reprise par d'autres journaux : Germinal paraît d'abord dans Gil Blas (avec des points de suspension caviardant plusieurs passagesModèle:Sfn), est repris par La Vie populaire, Le Peuple, Le Cri du peuple. Le Révolté en publie des extraits, ainsi que Le Réveil des mineurs et Le TocsinModèle:Sfn. Cependant les relations avec Le Voltaire tournent court. À part Maupassant, tous les romanciers des Soirées de Médan y publient des articles, mais les coupures dans les comptes-rendus du Salon par Huysmans, dans Nana, et le refus de deux articles de Zola amènent à la ruptureModèle:Sfn.
Le mouvement naturaliste ne dispose pas de journal ou de revue qui lui soit propre, comme l'était Le Rappel pour les idées de Victor Hugo. En Belgique, deux revues ont une existence éphémère. L'Actualité à travers le monde et l'Art , dirigé par Camille Lemonnier, paraît d'août 1876 à août 1877 et publie l'étude d'Huysmans, Émile Zola et L'Assommoir<ref>Lire sur Gallica</ref>. L'Artiste, de Théodore Hannon, porte sur sa première page une sanguine de Félicien Rops proclamant Modèle:Citation. Y paraissent des textes d'Huysmans et le début d'Une belle journée, de Céard. Mais, pour des raisons financières, Hannon perd la direction de la revue en 1878 et la publication change totalement d'orientationModèle:Sfn.
Un projet ambitieux de revue, La Comédie humaine, échoue en 1882, l'éditeur Derveaux n'apportant pas les capitaux qu'il avait promisModèle:Sfn. Certains critiques le regrettent, considérant que sans une telle publication, des écrivains qui partagent les mêmes idées restent éloignés les uns des autres, faute de pouvoir confronter leurs points de vueModèle:Sfn. D'autres considèrent que fonder une revue « naturaliste » aurait été perpétuer le ghetto de la littérature et s’exposer à un échec retentissant comme celui de Réalisme, la revue de DurantyModèle:Sfn.
Différents éditeurs publient les œuvres naturalistes. en 1872, Charpentier conclut avec Zola un contrat à montant fixe pour l'ensemble des Rougon-MacquartModèle:Sfn. Il publie également des ouvrages des Goncourt, d'Hennique, d'Huysmans et de Maupassant, qui le quitte après Des VersModèle:Sfn. En 1885, Huysmans passe chez Pierre-Victor Stock, qui déclare à Céard souhaiter Modèle:Citation Il ne réussit à traiter qu'avec Huysmans et Hennique, mais s'attache Louis-Marie Desprez et Robert CazeModèle:Sfn, dont les œuvres paraissaient auparavant chez l'éditeur belge Henry Kistemaeckers, qui publiait de nombreux auteurs communards, socialistes et anticléricaux, en même temps que des Modèle:Citation et des ouvrages de bibliophilieModèle:Sfn.
Les grandes maisons d'édition, Hachette Modèle:Incise, Calmann-Lévy ou Dentu, peu enclines à accueillir des initiatives téméraires, n'accordent aucun intérêt aux naturalistesModèle:Sfn.
Réception
Procès
L'histoire du naturalisme est ponctuée de procès, de saisies et d'interdictionsModèle:Sfn.
En France, la loi du 29 juillet 1881 avait instauré la liberté de la presse, mais celle du 2 août 1882 est particulière à la littérature : tout outrage aux bonnes mœurs est passible d'un maximum de deux ans de prison et de deux mille francs d'amendeModèle:Sfn. Sont ainsi jugés :
- Le 20 décembre 1884, Louis Desprez pour Autour d'un clocher, malgré une lettre d'appui de Zola, est condamné à un mois de prison et à une amende de mille francs. Les conditions de son incarcération à Sainte-Pélagie aggravent son faible état de santé, et il décède l'année suivanteModèle:Sfn.
- Le 27 décembre 1884, Paul Bonnetain, auteur de Charlot s'amuse, est acquittéModèle:Sfn.
- Le 10 août 1885, Paul Adam, pour Chair molle, est condamné à quinze mois de prison avec sursis, et à une amende de mille francsModèle:Sfn.
- Le 15 mars 1890, Lucien Descaves, l'auteur de Sous-Offs, ainsi que ses éditeurs, Veuve Tresse et Pierre-Victor Stock, font l'objet de quarante-cinq chefs d'accusation pour offense envers l'armée et de sept chefs d'accusation pour immoralité. À la suite d'une pétition signée par 54 écrivains parue dans Le Figaro<ref>Le Figaro, 24 décembre 1899. Lire sur Gallica.</ref>, Descaves est acquitté mais se voit retirer son grade militaireModèle:Sfn.
La pièce tirée du roman Germinal par Zola et William Busnach est interdite en octobre 1885Modèle:Sfn, en raison de tendances socialistes jugées subversives et pouvant porter atteinte à l’ordre public. Zola a beau protester en première page du Figaro<ref>Modèle:Lien web</ref>, l'interdiction n'est levée que fin décembre 1887, sous réserve de modification du texte.
En Allemagne, Gerhardt Hauptmann a des démêlés en 1892 avec la censure pour sa pièce Les Tisserands ; en Norvège Albertine de Christian Krogh est saisi dès sa parution en 1885 ; au Danemark, le journal Københaven est inculpé en 1891 pour avoir publié Bel-Ami de [[Guy de Maupassant|MaupassantModèle:Sfn]].
Lecteurs
La conquête d'un large lectorat est l'un des objectifs principaux des naturalistes, et Zola ne cache pas sa stratégie : Modèle:Citation
Cette approche est couronnée de succès en termes quantitatifs, mais c'est initialement un succès de scandale. Au fil des années, le public devient capable de supporter le choc d’un texte qui ne le ménage pasModèle:Sfn. Même un adversaire du naturalisme comme Brunetière en convient : Modèle:Citation Se crée ainsi une communauté de lecteurs, de plus en plus étendue, qui finit par imposer ses choix à des critiques professionnels qui, dans l’ensemble, ont manifesté une grande hostilitéModèle:Sfn.
Critiques et pourfendeurs
Les œuvres naturalistes, les théories exprimées par Zola, et leur large diffusion ont déclenché des torrents de réactions courroucées. Celles-ci reflètent plusieurs points de vue : esthétique, moral, social et politique.
Esthétique
L'un des plus modérés, Brunetière, rejette une esthétique : Modèle:Citation S'il regrette Modèle:Citation, il reconnaît que Modèle:Citation
Marcel Schwob, qui sera proche des symbolistes, conteste le rapport établi par les naturalistes entre art et science : Modèle:Citation
Louis Ulbach ne s'embarrasse pas d'autant de nuances. Après la parution de Thérèse Raquin, Il publie dans Le Figaro une violente tribune intitulée La Littérature putride : Modèle:Citation
Morale
Barbey d'Aurevilly se place sur le plan moral et anti-scientifique : Modèle:Citation
Politique
Léon Bloy, dans une conférence sur Les Funérailles du Naturalisme<ref>Modèle:Lien web</ref> aborde l'aspect politique et social : Modèle:Citation
À l'inverse Jules Vallès reproche aux naturalistes de s'être trompés de sujets : Modèle:Citation
Emilia Pardo Bazán, que son préfacier Albert Savine qualifie de Modèle:Citation adopte une approche plus nuancée : Modèle:Citation
Critiques marxistes
Le philosophe marxiste Georg Lukács reproche au naturalisme un refus de l'action qui fige le monde en une réalité statique et décrit des lois toutes-puissantes dont les héros ne constituent finalement que des exemples passifs. Ainsi des « lois de l’hérédité » qu’a définies et illustrées Zola, exemple-type pour lui du romancier progressiste par ses thèmes et réactionnaire par son style<ref>Modèle:Lien web</ref>. Cette approche est conforme à la position soviétique officielle telle que l’exprimait Jdanov en 1934 et telle qu’on la trouve encore au début des années 1950<ref>Modèle:Article</ref>.
Aragon développe une réflexion similaire : Modèle:Citation
Évolution et devenir
À la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, le naturalisme francophone peine à se renouveler. Sont apparus les parnassiens (Leconte de Lisle, Heredia, Coppée), les symbolistes (Mallarmé, Maeterlinck), les psychologues (Bourget, France, Loti), les indépendants<ref group="alpha">Ainsi que les nomme Jules Huret dans son Enquête sur l'évolution littéraire (1891).</ref> (Vallès, Mirbeau, Renard), enfin les naturistes (Saint-Georges de Bouhélier, Maurice Le Blond)
Huysmans résume son analyse en 1903 dans la préface d'une réédition d'À Rebours :
Zola lui-même, qui va s'éloigner du naturalisme avec ses séries Les Trois villes et Les Quatre Évangiles, avait en quelque sorte adoubé les mouvements littéraires qui succèdent au naturalisme :
Bibliographie
Textes théoriques et polémiques
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Dictionnaires
Ouvrages
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Articles connexes
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