Révisions constitutionnelles sous la Cinquième République

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Les révisions constitutionnelles sous la Cinquième République consistent en vingt-quatre modifications de la Constitution du 4 octobre 1958. Survenues dès les premières années de mise en place du régime, elles sont plus nombreuses dans les années 1990 et 2000, du fait d’une volonté de moderniser les institutions d’une part, de construire l’Union européenne et de s’intégrer à l’ordre juridique international de l’autre.

À la suite des vingt-quatre révisions survenues entre 1960 et 2008, seuls 30 articles sur les 92 originaux demeurent inchangés<ref>Modèle:Article</ref>, et le texte constitutionnel compte actuellement 108 articles. Il diffère donc sensiblement de celui de 1958, les évolutions les plus notables sur le fond portant sur la modalité de l'élection du président de la République, l’instauration du quinquennat, le renforcement des prérogatives du Conseil constitutionnel et l’affirmation des collectivités territoriales et de l’Union européenne.

Généralités

Les différentes procédures

Article 89

Modèle:Article détaillé

Fichier:Constitution sceau.jpg
La Constitution du 4 octobre 1958 prévoit ses modes de révisions.

La révision de la Constitution est prévue par l’article 89 de la Constitution : Modèle:Début citation L’initiative de la révision de la Constitution appartient concurremment au Président de la République sur proposition du Premier ministre et aux membres du Parlement.

Le projet ou la proposition de révision doit être [...] voté par les deux assemblées en termes identiques. La révision est définitive après avoir été approuvée par référendum.

Toutefois, le projet de révision n’est pas présenté au référendum lorsque le Président de la République décide de le soumettre au Parlement convoqué en Congrès ; dans ce cas, le projet de révision n’est approuvé que s’il réunit la majorité des trois cinquièmes des suffrages exprimés. [...]

Aucune procédure de révision ne peut être engagée ou poursuivie lorsqu’il est porté atteinte à l’intégrité du territoire.

La forme républicaine du Gouvernement ne peut faire l’objet d'une révision.Modèle:Fin citation

Dans sa rédaction actuelle, les articles 89 et 42 précisent que « la discussion en séance des projets de révision constitutionnelle porte, en première lecture devant la première assemblée saisie, sur le texte présenté par le Gouvernement et, pour les autres lectures, sur le texte transmis par l’autre assemblée » (et non sur le texte adopté en commission comme pour les lois ordinaires). De plus, « [l]a discussion en séance, en première lecture, d’un projet ou d’une proposition de loi ne peut intervenir, devant la première assemblée saisie, qu’à l’expiration d’un délai de six semaines après son dépôt. Elle ne peut intervenir, devant la seconde assemblée saisie, qu’à l’expiration d’un délai de quatre semaines à compter de sa transmission ».

Le détail de procédure

L'article 89 prévoit deux situations

Initiative Discussion et adoption Approbation
Président de la République sur proposition du Premier ministre Vote par les deux assemblées en termes identiques Congrès ou référendum
Membres du Parlement Vote par les deux assemblées en termes identiques Référendum

À la différence de la situation en matière d'initiative législative, le Gouvernement ne peut déposer un projet de loi de révision constitutionnelle sans l'accord du président de la République. Le Conseil d’État s’assure que le projet ne place pas la France en contradiction avec ses engagements internationaux, il vérifie que les mesures envisagées sont de niveau constitutionnel et signale qu’une disposition contreviendrait à l’esprit des institutions, porterait atteinte à leur équilibre ou méconnaîtrait une tradition républicaine constante<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Par la suite, les deux chambres doivent adopter le projet ou la proposition de loi révision constitutionnelle dans les mêmes termes. De ce fait, la procédure prévue au dernier alinéa de l'article 45 de la Constitution qui permet de donner le dernier mot à l'Assemblée nationale en cas de désaccord ne s'applique pas. Le Sénat dispose donc d'une forme de droit de veto à l'encontre des révisions constitutionnelles. Il en a fait application en 1984 notamment. Une fois que le projet ou la proposition de loi de révision constitutionnelle a été adoptée par les deux chambres, le président de la République dispose de trois choix. Il peut abandonner la révision, la soumettre à référendum ou la présenter devant le Congrès. À l'origine, le recours au référendum devait être la procédure de droit commun mais elle n'a été utilisée qu'à une seule reprise en 2000. Enfin, devant le Congrès, l'exigence d'une majorité des 3/5 est assez exigeante. En raison de toutes ces conditions, une révision constitutionnelle ne peut être adoptée que si elle suscite un accord de la part des différentes autorités politiques, que ce soit le chef de l'État, le Parlement, le Gouvernement et, dans certains cas, les citoyens.

La question des limites du pouvoir constituant

Les deux derniers alinéas posent une limite aux possibilités de révision constitutionnelle. Toutefois, leur respect dépend uniquement de la volonté des pouvoirs en place de ne pas les remettre en cause. En effet, si le Conseil constitutionnel a reconnu l'existence de ces limites dans sa décision Modèle:N° DC<ref group= "DC">Modèle:Lien web : Modèle:Citation.</ref>, il se déclare incompétent pour statuer sur leur respect par une révision constitutionnelle, depuis sa décision Modèle:N° DC du Modèle:Date<ref group= "DC">Modèle:Lien web</ref>. En la matière, des parlementaires remettaient en cause la mise en place de la décentralisation par la révision du Modèle:Date- en ce qu'elle porterait atteinte à la forme républicaine du Gouvernement. Cette décision du Conseil constitutionnel a pu être considérée comme trop abrupte. Il aurait été admissible que le juge constitutionnel se contente de contrôler la procédure de révision constitutionnelle<ref>Modèle:Harvnb.</ref>. Toutefois, un contrôle trop poussé du Conseil constitutionnel sur une révision constitutionnelle aurait pu être considéré comme une forme de Modèle:Citation selon les termes de Jean-Éric Schoettl. Pour sa part, le doyen Vedel estime que le pouvoir constituant est souverain et qu'il ne peut lui être fixé de limites<ref>Modèle:Article, Modèle:P.79.</ref>.

De ce fait, ces deux alinéas ne font l'objet d'aucune procédure permettant d'en assurer le respect, sans compter qu'il serait possible de réviser la Constitution de manière à les supprimer. Enfin, il convient de préciser que le sens exact de l'expression Modèle:Citation est sujette à débat. En effet, au sens strict, elle implique que la monarchie ne peut être rétablie mais elle peut être interprétée plus largement pour englober certains principes fondamentaux de la République française<ref>Modèle:Harvnb.</ref>.

Deux autres limites existent en matière de révision constitutionnelle. Conformément à l'article 7 de la Constitution, en cas de vacance de la présidence de la République, il ne peut être procédé à une révision de la Constitution. Il en est de même en cas de mise en œuvre des pouvoirs spéciaux du président de la République prévue par l'article 16 de la Constitution.

Autres modes de révisions

Depuis le début de la Cinquième République, des révisions ont été adoptées sans utiliser l’article 89.

La loi constitutionnelle du Modèle:Date- a été adoptée par un vote parlementaire selon l’ancien article 85 de la Constitution, qui faisait intervenir le Sénat de la Communauté.

La loi constitutionnelle du Modèle:Date- a été adoptée, hors de toute procédure parlementaire, par la voie de l’article 11 de la Constitution et du référendum du 28 octobre 1962. L’utilisation de cette procédure pour réviser la Constitution a été vivement critiquée, étant donné que dans le texte l’article ne prévoit pas explicitement qu’il puisse être utilisé pour réviser la Constitution. L'Assemblée nationale a réagi en adoptant la seule motion de censure de la Cinquième République le Modèle:Date-. Toutefois, le Conseil constitutionnel, dans sa décision Modèle:N° DC du Modèle:Date- relative à l'élection du président de la République, a décliné sa compétence étant donné que le référendum est une expression directe de la souveraineté nationale et qu'il n'est pas habilité par l'article 61 de la Constitution à juger des lois votées par un tel biais<ref group="DC">Modèle:Lien web : Modèle:Citation</ref>. Cette procédure a aussi été mise en œuvre lors du référendum français sur la réforme du Sénat et la régionalisation de 1969 mais elle n'a pas été menée à son terme en raison de la victoire du non<ref name="AGG306">Modèle:Harvnb.</ref>. Si certaines personnalités politiques comme François Mitterrand<ref name="AGG306"/> ou Ségolène Royal ont admis la validité de cette procédure de révision, le Conseil d'État a pris position dans son arrêt Sarran et Levacher du Modèle:Date. En effet, en indiquant Modèle:Citation, il semble restreindre les référendums de l'article 11 aux seules modifications législatives et non à des révisions constitutionnelles, une position aussi défendue par la commissaire du gouvernement sur cette affaire<ref>Modèle:Harvnb.</ref>. Enfin la jurisprudence Hauchemaille du 25 juillet 2000 permet au Conseil constitutionnel de contrôler la recevabilité des décrets relatifs à la convocation et à l'organisation du référendum<ref>Modèle:Lien web</ref>. L’utilisation de l’article 11 pour une révision constitutionnelle pourrait donc être annulée avant même le référendum.

Entrée en vigueur

Sauf mention contraire, les dispositions des lois constitutionnelles entrent en vigueur à la date de leur promulgation.

Certaines lois constitutionnelles récentes ont toutefois prévu une date d'entrée en vigueur différée. Le contenu matériel de la Constitution, dans ces cas-là, change donc à des dates différentes de celles de la promulgation des lois constitutionnelles.

Par exemple, la loi constitutionnelle du 23 juillet 2008 prévoit dans son article 46 que de nombreux articles de la réforme entrent en vigueur pour certains « le Modèle:Date- », pour d'autres « dans les conditions fixées par les lois et lois organiques nécessaires à leur application ». Par exemple la mise en œuvre du référendum d'initiative partagée (initiative parlementaire soutenue par une partie du corps électoral) prévue par la nouvelle rédaction de l'article 11 n’est possible que depuis le Modèle:Date-, date de l’entrée en vigueur de la loi organique du Modèle:Date-<ref group="LO">Modèle:Légifrance.</ref>.

La même révision constitutionnelle a prévu en son article 47 que certaines modifications des articles de la Constitution relatifs à l'Union européenne entreraient en vigueur au moment de l'entrée en vigueur du traité de Lisbonne. Celle-ci étant survenue le Modèle:Date-, le nouveau contenu de ces articles est entré en vigueur à cette date.

Révisions adoptées

Ensemble des révisions

La Constitution de la Cinquième République française a été révisée par vingt-quatre textes différents depuis sa rédaction initiale en 1958 :

Date de la loi constitutionnelle Objet de la révision Procédure
Modèle:Tri1 Modèle:Date-<ref group="LC">Loi constitutionnelle Modèle:N°60-525 du Modèle:Date- tendant à compléter les dispositions du titre XII de la Constitution.</ref> Indépendance des États africains membres de la Communauté ancien Modèle:LienConstFr de la Constitution
Modèle:Tri1 Modèle:Date-<ref group="LC">Loi Modèle:N°62-1292 du Modèle:Date- relative à l'élection du président de la République au suffrage universel.</ref> Élection du président de la République au suffrage universel direct article 11
Modèle:Tri1 Modèle:Date-<ref group="LC">Loi constitutionnelle Modèle:N°63-1327 du Modèle:Date- portant modification des dispositions de l'article 28 de la Constitution.</ref> Modification de la date des sessions parlementaires article 89 (Congrès)
Modèle:Tri1 Modèle:Date-<ref group="LC">Loi constitutionnelle Modèle:N°74-904 du Modèle:Date- portant révision de l'article 61 de la Constitution.</ref> Extension du droit de saisine du Conseil constitutionnel article 89 (Congrès)
Modèle:Tri1 Modèle:Date-<ref group="LC">Loi constitutionnelle Modèle:N°76-527 du Modèle:Date- modifiant l’article 7 de la constitution.</ref> Modification des règles de la campagne électorale des élections présidentielles article 89 (Congrès)
Modèle:Tri1 Modèle:Date-<ref group="LC">Modèle:Légifrance.</ref> Révisions en vue de la ratification du traité de Maastricht : Union économique et monétaire, vote des ressortissants européens aux élections municipales, politique commune des visas, langue française, lois organiques relatives aux territoires d'outre-mer, résolutions parlementaires sur les actes communautaires<ref group="T">Le traité de Maastricht est ratifié par la Modèle:Légifrance, elle-même approuvée par le référendum du 20 septembre 1992.</ref>... article 89 (Congrès)
Modèle:Tri1 Modèle:Date-<ref group="LC">Loi constitutionnelle Modèle:N°93-952 du Modèle:Date- portant révision de la Constitution du 4 octobre 1958 et modifiant ses titres VIII, IX, X et XVIII.</ref> Création de la Cour de Justice de la République et réforme du Conseil supérieur de la magistrature. article 89 (Congrès)
Modèle:Tri1 Modèle:Date-<ref group="LC">Modèle:Légifrance.</ref> Accords internationaux en matière de droit d'asile article 89 (Congrès)
Modèle:Tri1 Modèle:Date-<ref group="LC">Modèle:Légifrance.</ref> Élargissement des possibilités de recours au référendum, session parlementaire unique, aménagement des immunités parlementaires, abrogation des dispositions relatives à la Communauté française article 89 (Congrès)
Modèle:Tri1 Modèle:Date-<ref group="LC">Modèle:Légifrance.</ref> Lois de financement de la sécurité sociale article 89 (Congrès)
Modèle:Tri1 Modèle:Date-<ref group="LC">Modèle:Légifrance.</ref> Accord de Nouméa en Nouvelle-Calédonie article 89 (Congrès)
Modèle:Tri1 Modèle:Date-<ref group="LC">Modèle:Légifrance.</ref> Révisions en vue de la ratification du traité d'Amsterdam<ref group="T">Le traité d’Amsterdam est ratifié par la Modèle:Légifrance.</ref> article 89 (Congrès)
Modèle:Tri1 Modèle:Date-<ref group="LC">Modèle:Légifrance.</ref> Dispositions permettant de reconnaître la cour pénale internationale article 89 (Congrès)
Modèle:Tri1 Modèle:Date-<ref group="LC">Modèle:Légifrance.</ref> Dispositions relatives à l’égalité entre les femmes et les hommes article 89 (Congrès)
Modèle:Tri1 Modèle:Date-<ref group="LC">Modèle:Légifrance.</ref> Quinquennat article 89 (Référendum)
Modèle:Tri1 Modèle:Date-<ref group="LC">Modèle:Légifrance.</ref> Mandat d'arrêt européen article 89 (Congrès)
Modèle:Tri1 Modèle:Date-<ref group="LC" name="2003-276">Modèle:Légifrance.</ref> Organisation décentralisée de la République : affirmation du principe de décentralisation, référendum local, expérimentation par les collectivités territoriales, encadrement des finances locales article 89 (Congrès)
Modèle:Tri1 Modèle:Date-<ref group="LC">Modèle:Légifrance.</ref> Révisions en vue de la ratification du traité établissant une Constitution pour l'Europe<ref group="T">Le traité établissant une Constitution pour l'Europe n’a pas été ratifié par la France après la victoire du non au référendum du 29 mai 2005. De ce fait, les révisions permettant la conformité au traité (article 3 de la loi constitutionnelle) ne sont jamais entrées en vigueur.</ref> article 89 (Congrès)
Modèle:Tri1 Modèle:Date-<ref group="LC">Modèle:Légifrance.</ref> Charte de l'environnement article 89 (Congrès)
Modèle:Tri1 Modèle:Date-<ref group="LC">Modèle:Légifrance.</ref> Collège électoral de Nouvelle-Calédonie article 89 (Congrès)
Modèle:Tri1 Modèle:Date-<ref group="LC">Modèle:Légifrance.</ref> Statut juridictionnel du président de la République article 89 (Congrès)
Modèle:Tri1 Modèle:Date-<ref group="LC">Modèle:Légifrance.</ref> Constitutionnalisation de l’abolition de la peine de mort article 89 (Congrès)
Modèle:Tri1 Modèle:Date-<ref group="LC" name="2008-103">Modèle:Légifrance.</ref> Révisions en vue de la ratification du traité de Lisbonne<ref group="T">Le traité de Lisbonne est ratifié par la Modèle:Légifrance.</ref> article 89 (Congrès)
Modèle:Tri1 Modèle:Date-<ref group="LC">Modèle:Légifrance.</ref> Modèle:Article détailléImportante révision prévoyant notamment : Impossibilité pour le président de la République d’exercer plus de deux mandats consécutifs, instauration du référendum d’initiative partagée et de la question prioritaire de constitutionnalité, information du Parlement par le Gouvernement en cas d’intervention des forces armées à l’étranger, changement dans le fonctionnement du Conseil économique, social et environnemental et du Conseil supérieur de la magistrature, création du défenseur des droits, ordre du jour des assemblées fixées par elles-mêmes, délibération du Parlement en séance publique sur le texte adopté par la commission saisie, possibilité pour le chef de l’état de s'exprimer devant le congrès… article 89 (Congrès)

Notes : Modèle:Références

1962 : l'élection du président de la République au suffrage universel direct

Voulant passer outre l'opposition probable du Sénat, de Gaulle fait réviser la constitution en utilisant l'article 11 qui permet au président de soumettre à référendum « tout projet de loi portant sur l'organisation des pouvoirs publics ». La légalité du recours à cet article est très douteuse, car la Constitution prévoit les mécanismes de sa propre révision dans l'article 89 (un référendum est possible, mais après accord du Parlement). Elle suscite de vifs débats politiques et une controverse juridique, ainsi que la constitution d'un « cartel des non » inédit<ref> Voir « Changer de République, 1962-2004 », Parlement(s), Revue d'histoire politique, hors-série 1, 2004, accès gratuit en ligne sur Cairn.</ref>.

Néanmoins le prestige de De Gaulle, le fait que le « oui » l'emporta avec plus de 62 % des voix, et le fait que le Conseil constitutionnel refuse de contrôler la constitutionnalité des lois adoptées par référendum (car elles sont adoptées directement par le peuple), ont permis la mise en œuvre de cette réforme.

Dans la pratique, cette réforme n'a pas seulement changé le mode d'élection du président, elle a aussi considérablement augmenté ses pouvoirs en lui donnant une légitimité populaire que n'a pas le Premier ministre. On peut ainsi parler de seconde naissance de la {{#ifeq:République | s | Modèle:Siècle | Ve{{#if:République| République }} }}.

1974 : la réforme du mode de saisine du Conseil Constitutionnel

Contexte

Le Conseil constitutionnel avait été pensé par Michel Debré et Charles de Gaulle comme une arme pointée contre le Parlement, dans le cadre d'un parlementarisme rationalisé. Ainsi, le rôle du Conseil était d'abord de faire respecter l'article 34 de la Constitution, en limitant les empiétements du Parlement et en faisant exister a contrario un exécutif fort et autonome. C'est ce pourquoi, lorsque le député Raymond Triboulet avait proposé d'ouvrir la saisine du Conseil aux oppositions parlementaires, Debré s'y était refusé, estimant que le Conseil devait se borner à faire respecter les équilibres institutionnels, sans s'ériger en protecteur des droits et libertés<ref>Modèle:Article</ref>. Cependant, la [[Liberté d'association (décision)|décision constitutionnelle Modèle:N° DC du 16 juillet 1971 Liberté d'association]] a donné une nouvelle place au Conseil constitutionnel.

Révision

Dès lors, le Conseil constitutionnel a besoin d'une réforme. Valéry Giscard d'Estaing, nouvellement élu président de la République, souhaite élargir la saisine du Conseil constitutionnel aux parlementaires (60 députés ou 60 sénateurs), permettant ainsi à une opposition suffisamment importante de saisir le Conseil constitutionnel et ainsi de veiller au respect de la Constitution.

Il souhaite également que le Conseil constitutionnel puisse s'autosaisir lorsqu'une loi porte selon lui atteinte aux libertés publiques garanties par le Préambule ou le corps même de la Constitution<ref group="PLC">Modèle:Lien web.</ref>, afin que chaque loi puisse effectivement être conforme à la Constitution. En effet, en l'absence d'une saisine parlementaire, par absence de volonté politique, une loi contraire à la Constitution peut entrer en vigueur. Cette disposition a cependant été supprimée par l'Assemblée nationale, notamment parce qu'elle risquait « de conduire presque inéluctablement le Conseil, lorsqu'il en fera usage, à préjuger la décision qu'il sera amené à prendre »<ref>Rapport de Pierre-Charles Krieg, fait en première lecture au nom de la commission des lois de l'Assemblée nationale. Voir également le dossier consacré à cette révision sur le site du Conseil constitutionnel.</ref>.

Conséquences

La révision constitutionnelle de 1974, si elle a été qualifiée de « réformette » lors de son vote par le Congrès, a profondément bouleversé l'action politique française, en garantissant mieux la supériorité de la Constitution sur les lois. Il y eut 54 décisions constitutionnelles entre 1958 et 1975, alors qu'il y en a eu plus de 200 dans les 15 années suivantes, entre 1975 et 1990. Cependant, le problème de la saisine restait entier : il était toujours aujourd'hui possible de voir une loi contraire à la Constitution entrer en vigueur, avec les dérives que cela pouvait emporter. Une saisine indépendante du pouvoir législatif et exécutif paraissait indispensable, comme c'était le cas en Allemagne ou en Espagne. Depuis Modèle:Date-, la Question prioritaire de constitutionnalité a ouvert la saisine à tout justiciable, qui, à l'occasion d'une instance, remet en cause la constitutionnalité d'une disposition législative applicable. Cette saisine permet, après un filtre par la Cour suprême de la juridiction (Cour de cassation ou Conseil d'État), de demander au Conseil constitutionnel l'abrogation de cette disposition, si cette dernière est contraire à un droit ou une liberté que la Constitution garantit.

1992 : le traité de Maastricht

Cette révision avait pour but de rendre la Constitution compatible avec le traité sur l'Union européenne. Elle introduisait également, pour la première fois, un changement de l'article 2 qui disposait désormais que la langue de la République était le français. C'est cet article qui est depuis systématiquement invoqué par les plus hautes juridictions de l'Etat pour refuser toute officialisation des langues de France ainsi que la ratification de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires.

2000 : le quinquennat

Modèle:Article détaillé Le quinquennat est présenté pour la première fois le Modèle:Date par Georges Pompidou. Le texte, adopté en termes identiques par l’Assemblée nationale et par le Sénat, n’a pas été soumis au Congrès pour approbation définitive<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Lien web.</ref>, le président de la République n'ayant pas donné suite, en raison de l'impossibilité à réunir la majorité des trois cinquièmes nécessaires devant le Congrès et des résistances à son projet<ref>Modèle:Article.</ref>,<ref>Modèle:Article.</ref>.

Le texte de 2000 est la première révision constitutionnelle soumise au référendum en application de l’article 89 de la Constitution. Après 73 % de « oui » le Modèle:Date, elle fut promulguée le 2 octobre. Elle a limité à cinq ans la durée du mandat présidentiel, mais ne s'est pas appliquée au président en exercice, Jacques Chirac, qui avait été élu en 1995 pour sept ans. La principale motivation de cette révision était d'éviter la cohabitation, en faisant concorder la durée des mandats du président avec celui des députés. En effet, lorsque la majorité parlementaire n'était pas favorable au Président, celui-ci était contraint de nommer un Premier ministre hostile, car un ministre de son parti aurait toutes les chances de se faire renverser par l'Assemblée nationale.

2005 : la charte de l'environnement

La Constitution inclut dans son préambule, depuis le Modèle:Date, une charte de l'environnement en 10 articles, à la demande du Président de la République Jacques Chirac.

2008 : ratification du traité de Lisbonne

En vue de la ratification ultérieure du Traité de Lisbonne, une révision du titre XV de la Constitution a été votée par le Congrès le Modèle:Date-, par 560 voix contre 181. La loi constitutionnelle a été promulguée le jour même<ref group="LC" name="2008-103"/>.

Les modifications apportées à la Constitution entérinent les transferts de souveraineté énumérés dans le traité de Lisbonne (par un renvoi direct à ce texte). Une trentaine de domaines régis jusqu'alors par la règle de l'unanimité comme la politique agricole commune ou la justice pénale, relèveront désormais d'un vote à la majorité qualifiée.

Sur le plan du fonctionnement institutionnel, les modifications traduisent en termes constitutionnels les prérogatives accordées aux parlements nationaux.

À compter de l’entrée en vigueur du traité de Lisbonne, le titre XV de la Constitution sera modifié selon l'article 2 de la loi constitutionnelle.

L’article 3 de la loi constitutionnelle procède à l’abrogation des dispositions de l’article 3 de la loi constitutionnelle Modèle:N° du Modèle:Date- qui avait modifié le titre XV de la Constitution « à compter de l’entrée en vigueur de ce traité » : ces dispositions constitutionnelles ne sont pas entrées en vigueur et sont désormais dépourvues d’objet.

2008 : réforme des institutions

Modèle:Article détaillé La loi constitutionnelle du Modèle:Date- modifie de nombreux articles. Elle crée le référendum d'initiative partagée, la question prioritaire de constitutionnalité et le défenseur des droits.

Le Conseil économique, social devient le Conseil économique, social et environnemental. La composition du Conseil supérieur de la magistrature est modifiée, et cette institution a désormais une compétence consultative pour la nomination des procureurs généraux.

Le président de la République ne peut dorénavant exercer plus de deux mandats consécutifs et ses « pleins pouvoirs » en période de crise donnent lieu à des avis du Conseil constitutionnel.

Enfin les rapports entre l’exécutif et le Parlement sont modifiés : les commissions parlementaires peuvent s’opposer à des nominations présidentielles à la majorité des trois cinquièmes des suffrages exprimés ; le président peut s’exprimer devant le Congrès ; les parlementaires sont remplacés temporairement en cas d’acceptation par eux de fonctions gouvernementales (auparavant un ministre qui perdait son portefeuille ne pouvait plus retrouver son siège au Parlement) ; le gouvernement doit dorénavant informer le Parlement de sa décision de faire intervenir les forces armées à l’étranger ; les assemblées fixent elles-mêmes leur ordre du jour. L’usage de l’engagement de responsabilité sur un texte est limité aux projets de loi de finances, de loi de financement de la sécurité sociale, et au maximum à un projet de loi supplémentaire par an.

Révisions non abouties

Non approuvées

Date du référendum Objet de la révision Procédure
Modèle:Date-<ref group="PLC">Modèle:Lien web.</ref> Création des régions et rénovation du Sénat Modèle:LienConstFr de la Constitution

En 1969, Charles de Gaulle présente un projet sur la création des régions et la rénovation du Sénat. Utilisant l’article 11, un référendum est organisé le Modèle:Date-, le « non » l’emporte (52,4 % de non, Charles de Gaulle, prenant acte de ce refus des Français, démissionna immédiatement). La régionalisation s’est finalement opérée par la voie législative, notamment en 1972 et par une révision constitutionnelle de 2003 qui a constitutionnalisé la région<ref group="LC" name="2003-276"/>. Le Sénat a gardé la même forme depuis 1958.

Interrompues

Date Objet de la révision Suites
1973 Durée du mandat présidentiel<ref name="ListeSenat" group="PLC">Modèle:Lien web.</ref> (Repris dans la loi constitutionnelle du Modèle:Date-) Modèle:Tri
1974 Retour des anciens ministres à leur mandat de parlementaire<ref group="PLC">Modèle:Lien web.</ref> (Repris dans la loi constitutionnelle du Modèle:Date-) Modèle:Tri
1984 Extension du champ du référendum de l’article 11 pour l’étendre aux garanties fondamentales des libertés publiques<ref name="ListeSenat" group="PLC"/> Modèle:Tri
1990 Exception d'inconstitutionnalité<ref group="PLC">Modèle:Lien web.</ref> (Repris dans la loi constitutionnelle du Modèle:Date-) Modèle:Tri
1991 Extension du champ du référendum de l’article 11 pour l’étendre aux garanties fondamentales des libertés publiques<ref group="PLC">Modèle:Lien web.</ref> Modèle:Tri
1993 Équilibre Parlement-Exécutif<ref group="PLC" name="Projets1993">Modèle:Lien web.</ref> (Repris en partie dans les lois constitutionnelles du Modèle:Date-, du Modèle:Date- et du Modèle:Date-) Modèle:Tri
1998 Conseil supérieur de la magistrature<ref group="PLC">Modèle:Lien web.</ref> Modèle:Tri<ref name="Congrès1998">Modèle:Légifrance et Modèle:Légifrance sur Légifrance.</ref>
1998 Statut de la Polynésie française et de la Nouvelle-Calédonie<ref group="PLC">Modèle:Lien web.</ref> Modèle:Tri<ref name="Congrès1998"/>
2011 Règle d'or budgétaire<ref group="PLC">Modèle:Légifrance sur Légifrance.</ref> (Repris par la loi organique du Modèle:Date-<ref group = "LO">Modèle:Légifrance.</ref>) Modèle:Tri
2000-2011 Droit de vote des étrangers<ref group="PLC">Modèle:Légifrance sur Légifrance.</ref> Modèle:Tri
2013 Suppression de l’inviolabilité en matière civile du président de la République et de la Cour de justice de la République<ref group="PLC">Modèle:Légifrance sur Légifrance.</ref> Modèle:Tri
2013 Non-cumul entre membre du gouvernement et fonction exécutive locale. Les présidents de la République ne deviennent plus membres du Conseil constitutionnel après leur mandat<ref group="PLC">Modèle:Légifrance sur Légifrance.</ref> Modèle:Tri
2013 Les textes législatifs relatifs au droit du travail, à l’emploi ou à la formation professionnelle sont négociés au préalable avec les organisations syndicales représentatives<ref group="PLC">Modèle:Légifrance sur Légifrance.</ref>. Modèle:Tri
2013-2016 Conseil supérieur de la magistrature<ref group="PLC">Modèle:Légifrance sur Légifrance.</ref> Modèle:Tri<ref>Modèle:Lien web.</ref>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
2015 Ratification de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires<ref group="PLC">Modèle:Légifrance sur Légifrance.</ref> Modèle:Tri
2015-2016 État d'urgence et déchéance de nationalité<ref group="PLC">Modèle:Légifrance sur Légifrance.</ref> Modèle:Tri<ref>Modèle:Article</ref>
2018 Modèle:Article détaillé

Non-cumul entre membre du gouvernement et fonction exécutive locale. Les présidents de la République ne deviennent plus membres du Conseil constitutionnel après leur mandat, Conseil supérieur de la magistrature, suppression de la Cour de justice de la République, réforme du processus législatif et du Conseil économique, social et environnemental<ref group="PLC">Modèle:Légifrance sur Légifrance.</ref>.

Modèle:Tri<ref>Modèle:Article</ref>
2019 Modèle:Article détaillé

Non-cumul entre membre du gouvernement et fonction exécutive locale. Les présidents de la République ne deviennent plus membres du Conseil constitutionnel après leur mandat, Conseil supérieur de la magistrature, suppression de la Cour de justice de la République, réforme du référendum d'initiative partagée et du Conseil économique, social et environnemental<ref group="PLC">Modèle:Légifrance sur Légifrance.</ref>.

Modèle:Tri<ref>Modèle:Article</ref>
2021 Modèle:Article détaillé

Ajout de la phrase « [La France] garantit la préservation de l’environnement et de la diversité biologique et lutte contre le dérèglement climatique » à l’article premier de la Constitution<ref group="PLC">Modèle:Légifrance sur Légifrance.</ref>.

Adopté par l’Assemblée nationale puis modifié à trois reprises par le Sénat et l’Assemblée nationale, conduisant à un arrêt de la discussion<ref>Modèle:Article</ref>.

En plus des textes effectivement déposés, plusieurs idées de modifications constitutionnelles sont avancées chaque année dans le débat politique<ref>Modèle:Lien web</ref>.

En cours

Modèle:...

Groupes de réflexion sur la modification de la Constitution

Plusieurs commissions ont été constituées officiellement afin de formuler des propositions de refonte des institutions :

Notes et références

Lois constitutionnelles citées

Ces lois peuvent être consultées sur le site Légifrance. Modèle:Références

Projets ou propositions de lois constitutionnelles cités

Modèle:Références

Lois organiques citées

Ces lois peuvent être consultées sur le site Légifrance. Modèle:Références

Décisions du Conseil Constitutionnel citées

Ces décisions peuvent être consultées sur le site du Conseil constitutionnel Modèle:Références

Autres références

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Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

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