Antifascisme

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L'antifascisme est l'opposition organisée au fascisme et, plus largement, à l'extrême droite<ref name="Serge Cosseron">Serge Cosseron, Dictionnaire de l'extrême gauche, Paris, Larousse, 2007, Modèle:P..</ref>.

Il prend forme dans les années 1920 et se développe conséquemment à la montée du fascisme en Europe. Il a connu un très fort développement au cours des années 1930, étant à l'origine de la formation des Modèle:Page h', puis pendant la Seconde Guerre mondiale au sein des résistances contre les dictatures fascistes et nazies ainsi que contre les régimes de collaboration.

En dehors de la lutte contre les régimes se réclamant du fascisme proprement dit, l'antifascisme ou le terme d'antifascisme a très tôt été utilisé par des partis communistes pour combattre leurs adversaires politiques, proches ou lointains sur le plan idéologique, voire tout opposant critique. Cette instrumentalisation de la lutte dite « antifasciste » a été analysée et critiquée par de nombreux intellectuels et historiens<ref>L'historien François Furet lui reproche d'avoir Modèle:Citation, et pour cette raison avoir Modèle:Citation, à savoir une grande difficulté à apprécier convenablement les régimes communistes. Dans Fascisme et communisme, François Furet, Ernst Nolte, Hachette, 1998, Modèle:P.</ref>.

Au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, l'antifascisme agit contre les courants néofascistes.

Définition et débats

Le terme « antifasciste » apparaît en France dès 1922.

Selon Enzo Traverso, l'antifascisme comprend des courants différents mais qui se revendiquent tous des Lumières et du pacifisme. L'antifascisme défend Modèle:Citation<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Selon l'historien Bruno Groppo, « le noyau fondamental de l'antifascisme a été le mouvement ouvrier organisé »<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

En France, le courant antifasciste s'incarne notamment dans le Comité de vigilance des intellectuels antifascistes, le Front populaire<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>, puis dans la Résistance, dont les gaullistes, les socialistes et le PCF prennent la tête.

Les historiens Hugo Garcia, Mercedes Yusta, Xavier Tabet et Cristina Climaco, qui ont codirigé en 2016 un ouvrage collectif sur l'antifascisme, insistent sur le caractère pluriel de l'antifascisme, « mouvement transnational » qui, n'étant pas un « mouvement structuré », s'est traduit de différentes manières. Il a ainsi pu rassembler socialistes, différents courants communistes, anarchistes, libéraux, chrétiens, pacifistes, anti-impérialistes et féministes<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Pour le trotskisme, et l'anarchisme des Amis de Durruti, le véritable antifascisme ne peut pas se baser sur la tactique du Front populaire, mais sur l'action directe et révolutionnaire des masses ouvrières, et éventuellement sur le Front unique de leurs organisations. C'est faute de ce « Front unique » entre parti communiste et social-démocratie que Hitler l'emporte en Allemagne, selon Trotski<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Par ailleurs, les staliniens ont instrumentalisé l'antifascisme assez systématiquement pour discréditer leurs opposants (les anarchistes devenant « anarcho-fascistes », etc.), et ce depuis les années 1930.

L'antifascisme s'organise dès les années 1920 dans plusieurs pays d'Europe, dans l'opposition à la dictature fasciste italienne, ainsi que dans la lutte contre les mouvements d'extrême droite violents qui la soutiennent ou lui ressemblent.

Pour Pierre-André Taguieff, l'antifascisme, Modèle:Citation. Selon lui, le plus grand « tour de passe-passe » de la gauche, Modèle:Citation. Selon le politologue, l'antifascisme opère Modèle:Citation<ref>Modèle:Lien web</ref>. Son corollaire, le terme fascisme a été ainsi galvaudé, devenant une étiquette pratique afin de discréditer et disqualifier un adversaire<ref>Reconnaître le fascisme, journalmetro.com, Modèle:Date-</ref>.

Enzo Traverso note que le terme fascisme tend ainsi soit « à qualifier tout et son contraire » devenant une « sorte de facilité sémantique » ou est utilisé dans le cadre d'un usage stérile, qui se contente le plus souvent « d’une approche comparatiste annonçant le retour des années 1930 ». Il considère néanmoins que le fascisme possède une dimension non seulement transnationale mais aussi transhistorique, qu'il essaie d'appréhender sous le terme de postfascisme<ref>Enzo Traverso, Spectres du fascisme. Les métamorphoses des droites radicales au xxie siècle, Revue du Crieur, 2015/1 (Modèle:Numéro avec majuscule), p. 104-121</ref>. Aussi, pour Gilles Vergnon, peu importe si ceux qui se désignent comme antifascistes aient une idée vraie ou fausse de ce que fut le fascisme, l'antifascisme est avant tout affaire de représentation, que celle-ci soit légitime ou non<ref>Gilles Vergnon, L'antifascisme en France de Mussolini à Le Pen, Presses universitaires de Rennes, 2009, Modèle:P..</ref>.

Antifascisme des origines à la défaite de Hitler

L'antifascisme est un mouvement visant à s'opposer au fascisme et, par extension, aux idéologies et pratiques issues des régimes mussolinien et hitlérien. Ce mouvement est né en Italie.

Les principales forces sociales antifascistes sontModèle:Référence souhaitée :

Selon George Orwell, « à long terme - à long terme, il ne faut pas l'oublier -, la classe ouvrière demeure le plus sûr ennemi du fascisme, simplement parce que la classe ouvrière est celle qui a le plus à gagner d'une reconstruction de la société sur des bases honnêtes »<ref>Retour sur la guerre d'Espagne, dans George Orwell, Œuvres, Bibliothèque de la Pléiade, 2020, Modèle:P..</ref>.

Antifascisme en Italie des années 1920 jusqu'à la Seconde Guerre mondiale

Les premiers antifascistes s'opposent au Parti national fasciste de Benito Mussolini avant même sa prise du pouvoir, en 1922. Par la suite, les antifascistes sont durement réprimés par la dictature fasciste. Le socialiste Giacomo Matteotti est assassiné dès 1924 à Rome. Les arrestations massives d'antifascistes imposent progressivement un militantisme en exil, qui consiste notamment à faire connaître les crimes du fascisme<ref>Jacques Droz, Histoire de l'antifascisme en Europe, 1923-1939, La Découverte, 2001, chapitre 2 : L’antifascisme italien.</ref>. Le mouvement Giustizia e Libertà (Justice et Liberté) est ainsi créé en 1929 à Paris, deux après la Concentrazione Antifascista Italiana (Concentration antifasciste italienne). Dans les pays qui accueillent des réfugiés antifascistes italiens, un soutien politique est apporté par des organisations politiques et syndicalistes solidaires de leur action.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, le mouvement antifasciste prend une ampleur militaire de masse, des dizaines de milliers de partisans italiens se battant contre les fascistes. Un Comité de libération nationale est formé en 1943 en regroupant les forces politiques antifascistes : principalement les socialistes, les communistes et les démocrates-chrétiens.

Antifascisme en Allemagne

Fichier:Gegen den strom 1929.jpg
« Notre lutte contre le fascisme », titre de Gegen den Strom, journal du Parti communiste d'Allemagne - opposition, 2 novembre 1929.
Fichier:Drei Pfeile.svg
Le logo antifasciste des Trois Flèches, utilisé en Allemagne contre les nazis à partir de 1931.
Fichier:Antifalogo alt2.svg
Logo de l'Antifaschistische Aktion, 1932.

Dès le début des années 1920, la violence politique d'extrême droite se développe en Allemagne : l'Organisation Consul assassine plusieurs personnalités politiques de gauche et du centre. En 1923, les nazis tentent de renverser la République par le putsch de la Brasserie.

Les antifascistes allemands se mobilisent contre le Parti nazi, afin d'empêcher son arrivée au pouvoir. Néanmoins, au sixième congrès de l'IC à Moscou en Modèle:Date-, Staline décide de donner la priorité à la lutte contre la social-démocratie. La majorité des communistes allemands soutiennent les consignes ce qui a pour conséquence de désigner les sociaux-démocrates comme le principal ennemi avant même les nazis. Sous la direction d'Ernst Thälmann, le Parti communiste d'Allemagne (KPD) se désigne comme « le seul parti antifasciste » et présente tous les autres partis, et en particulier le Parti social-démocrate (SPD), comme des « fascistes »<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Hoppe, Bert (2011). In Stalins Gefolgschaft: Moskau und die KPD 1928–1933. Oldenbourg Verlag.</ref>. En Modèle:Date-, on lit ainsi dans la Rote Fahne, l’organe communiste : Modèle:Citation<ref>Jacques Droz, Le Socialisme démocratique 1864-1960, Armand Colin, 1968, Modèle:P..</ref>.

C'est dans ce contexte politique et idéologique que sont fondés le Front de fer par les sociaux-démocrates et l'Antifaschistische Aktion par les communistes. Le logo des Trois Flèches, créé par les sociaux-démocrates, vise à barrer la croix gammée nazie<ref>« The dreipfeile, three diagonally parallel arrows to counteract the swastika. » (Dan S. White, Lost Comrades, Socialists of the Front Generation, 1918–1945, Harvard University Press, 1992, Modèle:P.). En Modèle:Date-, un témoin français (Daniel Guérin) voit en Allemagne Modèle:Citation (extrait de "La Peste brune").</ref>. Ce logo devient en 1932 un symbole officiel des partis socialistes d'Allemagne et d'Autriche, avant d'être adopté par d'autres organisations socialistes et antifascistes ; le SPD l'utilise en novembre 1932 pour symboliser à la fois la lutte contre les nazis, contre la droite monarchiste et contre les staliniens.

La division des partis de gauche, l'hostilité entre sociaux-démocrates et communistes, encouragée par la ligne suivie par le Parti communiste d'Allemagne, la mobilisation en ordre dispersé, sans front unique, des Allemands antinazis affaiblit le combat des antifascistes, qui ne peuvent empêcher l'accession au pouvoir d'Adolf Hitler en Modèle:Date-, dans le contexte socio-économique de la Grande Dépression et de la crise de la République de Weimar.

Après son arrivée au pouvoir, les différents courants antifascistes sont réprimés. Une résistance intérieure au nazisme s'organise, à la fois dans la clandestinité en Allemagne, et en exil<ref>Jacques Droz, Histoire de l'antifascisme en Europe, 1923-1939, La Découverte, 2001, chapitre 3 : L’antifascisme allemand.</ref>. En Modèle:Date-, les premiers camps de concentration nazis sont créés, ses premières victimes étant surtout des militants du mouvement ouvrier : syndicalistes, militants du Parti social-démocrate d'Allemagne, Parti communiste d'Allemagne, Parti communiste d'Allemagne - opposition et Parti socialiste ouvrier d'Allemagne.

Stratégie du front populaire

Gestation difficile

Durant les années 1920 et jusqu'au début des années 1930, la position des différents Partis communistes en accord avec les décisions de Moscou rend impossible la constitution de fronts politiques contre le régime fasciste italien ou contre le Parti nazi allemand du fait du rejet de tout compromis avec les partis non communistes, même les socialistes, qualifiés de « social-fascistes » par les staliniens<ref>Modèle:Lien web</ref>.

En 1923, le Komintern fonde néanmoins une « Ligue mondiale antifasciste » qui ne perdura que jusqu'en Modèle:Date-<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Zeitschrift für Geschichtswissenschaft, Band 30, Ausgaben 7–12, Deutscher Verlag der Wissenschaften, Berlin (Ost) 1982, Modèle:P.</ref>. À partir de 1924, le Parti communiste de l'Union soviétique domine le Komintern qui opère progressivement la transformation des partis membres en organisations dirigées centralement, disciplinées, privées de moyens d'action et exclut les critiques internes.

En 1929, Staline obtient de diriger seul, sans rival, l'Union soviétique. À cette époque, le Komintern soutient la thèse du social-fascisme, selon laquelle la social-démocratie devait être combattue en tant qu'ennemi principal. Staline décrit la social-démocratie comme « l'aile du fascisme » et encore comme le « frère jumeau » du national-socialisme<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Marcel Bois, Kommunisten gegen Hitler und Stalin. Klartext, 2. Auflage, Berlin 2016, Modèle:P.</ref>. Cette thèse est alors justifiée par la crise économique mondiale et les attaques présumées des États capitalistes contre l'Union soviétique. Par conséquent, leur prolétariat doit être gagné pour les partis communistes respectifs. Tous les autres partis, les syndicats libres, l'État bourgeois et le parlementarisme sont identifiés au fascisme. Le front uni est exclu et la stratégie préconisée par Trotski, et d'autres communistes oppositionnels, de constitution de fronts uniques avec toutes les organisations ouvrières est écartée. Un « front uni d'en bas » devait amener les électeurs sociaux-démocrates aux Partis communistes. Ainsi, le Komintern abandonne pratiquement l'anti-fascisme<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Hermann Weber et al. (Hrsg.), Deutschland, Russland, Komintern I, Berlin 2013, Modèle:P. et suivantes</ref>.

Selon les dirigeants de l'internationale communiste, il importe peu que cette tactique puisse avoir pour conséquence l'avènement du véritable fascisme puisqu'au contraire comme l'exprime Dmitri Manouïlski la victoire du fascisme est une étape nécessaire : Modèle:Citation<ref name="Brunet1969">Jean-Paul Brunet, Une crise du Parti communiste français : l'affaire Barbé-Célor, Revue d’Histoire Moderne & Contemporaine, Année 1969, 16-3, Modèle:P.</ref>.

En France, la direction du PCF est ainsi hostile à tout rapprochement avec la SFIO, conformément à la tactique dite « classe contre classe ». Jacques Doriot est exclu du parti en 1934 parce qu'il réclame l'unité d'action avec les socialistes.

La politique étrangère de Staline s'appuie sur l'idéologie mais recherche en réalité des avantages à travers des alliances changeantes et joue des intérêts des États les uns contre les autres. Staline conclut ainsi une alliance pratique avec Mussolini et défend son attaque contre l'Empire éthiopienModèle:Référence souhaitée.

Tournant de 1934

Fichier:Le Populaire Une 1934-02-13.jpg
« Le fascisme ne passera pas ! », une du quotidien socialiste Le Populaire, Modèle:Date-.
Fichier:Manifestation 14 juillet 1935 Bastille.jpg
Manifestation du Modèle:Date-, Paris, place de la Bastille : « Nous faisons le serment solennel de rester unis pour désarmer et dissoudre les ligues factieuses, pour défendre et développer les libertés démocratiques et pour assurer la paix humaine ».

En France, l'essor de l'antifascisme est marqué par la journée de grève et de manifestations unitaires du Modèle:Date-. Cette journée s'inscrit dans une prise de conscience antérieure des dangers par les exemples de renversements de la démocratie dans d'autres pays, puisque Modèle:Citation<ref>Vincent Chambarlhac et Thierry Hohl, 1934-1936, un moment antifasciste, La Ville brûle, 2014, Modèle:P..</ref>. En effet, la dynamique antifasciste dans la France de 1934 s'inscrit dans « un affrontement européen entre fascisme et antifascisme »<ref>Vincent Chambarlhac et Thierry Hohl, 1934-1936, un moment antifasciste, La Ville brûle, 2014, Modèle:P..</ref>. Après ce moment unitaire du Modèle:Date-, Modèle:Citation<ref>Vincent Chambarlhac et Thierry Hohl, 1934-1936, un moment antifasciste, La Ville brûle, 2014, Modèle:P..</ref>.

C'est par la suite à l'été 1934, sous la pression des événements et de la base, que les communistes finissent par s'engager pour la création de Modèle:Page h'. L'antifascisme connaît un nouvel essor, que la Troisième internationale accompagne, et son dirigeant Georgi Dimitrov théorise en 1934 cette stratégie de Front populaire visant l'alliance, sous certaines conditions, des Modèle:Page h' d'Europe et d'autres partis contre le fascisme.

La tactique du front populaire consiste à former des gouvernements unissant les partis de la bourgeoisie libérale et de la gauche, pour contrer la menace fasciste. Cette tactique a été appliquée en France et en Espagne.

En France, la dynamique antifasciste de 1934 se poursuit avec de nouvelles manifestations, notamment le Modèle:Date-, jusqu'à la victoire électorale du Front populaire en 1936.

Au cours de la Seconde Guerre mondiale, les antifascistes ont joué un rôle important dans la Résistance contre les nazis dans les divers pays d'Europe. Des antifascistes italiens, allemands et espagnols en exil, notamment, ont participé à la résistance anti-nazie en France. On a ainsi assisté à un affrontement avec d'un côté des Français pro-nazis alliés à la Gestapo et collaborant avec l'occupant allemand (la Milice française par exemple), et de l'autre des Allemands anti-nazis luttant contre l'armée allemande aux côtés de la Résistance française (voir les Germanophones dans la Résistance, en France et la résistance allemande au nazisme).

Antifascisme en Espagne

Modèle:... En Espagne, l'année 1935 est marquée par un rapprochement des forces antifascistes. Le Modèle:Date- est formé un Front populaire, qui regroupe les socialistes et les communistes, les groupes républicains de gauche (Gauche républicaine et Union républicaine), l’Esquerra catalane, et l'ORGA, parti autonomiste galicien ; c'est une coalition quelque peu hétéroclite, mais dont les dirigeants acceptent également de jouer le jeu « démocratique ». Le programme ainsi annoncé le Modèle:Date- reste vague dans ses principes.

Les élections générales espagnoles de 1936 marquent la victoire du Front populaire. Elles sont suivies peu après par un coup d'État militaire, le [[Soulèvement nationaliste des 17 et 18 juillet 1936 en Espagne|soulèvement des 17 et Modèle:Date-]], et la guerre civile<ref>Burnett Bolloten, La Guerre d'Espagne : révolution et contre-révolution, 1934-1939, Agone, 2014.</ref>.

Cette guerre civile espagnole suscite une solidarité antifasciste sur le plan international, pour la lutte contre le franquisme. Des militants de nombreux pays viennent en Espagne pour participer à ce combat contre le fascisme, tel l'écrivain George Orwell qui se bat aux côtés du POUM<ref>George Orwell, Hommage à la Catalogne, 10/18, 2000.</ref>, ou encore les Brigades internationales.

Après la victoire militaire du dictateur Francisco Franco en 1939, les antifascistes espagnols soit parviennent à s'exiler, soit sont envoyés dans les camps de concentration franquistes.

Antifascisme dans la France des années 1930

Le Parti communiste français respecte la ligne dictée par le Komintern depuis 1928, ligne qui ne tolère aucune coopération avec les sociaux-démocrates et non seulement se démarque d'eux, mais les combat. C'est l'époque de la thèse du social-fascisme avec le slogan de la lutte « classe contre classe ». Au printemps 1934, alors que Doriot est favorable à l'idée de Front populaire, Maurice Thorez suivant la ligne du Komintern refuse tout front uni contre le fascisme. Dans l'Humanité du Modèle:Date-, il écrit encore : Modèle:Citation. Cette position est brusquement abandonnée le Modèle:Date-, quant à une réunion de Présidium de l'Internationale communiste, Dmitri Manouïlski fixe pour objectif une politique de Front unique contre le fascisme, qui revient à pratiquer la politique de Doriot condamnée un mois et demi plus tôt.

La volte-face de Moscou est rapidement mise en œuvre et le Modèle:Date- à Ivry, Thorez opère un virage à 180° en appelant à l'unité d'action avec les socialistes. Il ouvre ainsi la voie à la formation d'un « Front populaire » (l'expression est attribuée à Eugen Fried, représentant de l'Internationale communiste en France), avec comme première étape la signature entre les deux partis marxistes d'un pacte d'unité d'action le Modèle:Date-, où ils s'engagent à joindre leurs forces dans la lutte contre le fascisme et le gouvernement d'Union nationale de Gaston Doumergue. Un Comité de vigilance des intellectuels antifascistes (CVIA) se forme en 1934.

Le Front populaire remplira son rôle, comme le démontrera Léon Blum lui-même lors du procès de Riom sous Vichy<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Pour Damon Mayaffre, spécialiste de l'analyse du discours politique, Modèle:Citation, à la suite du {{#ifeq:congrès | s | Modèle:Siècle | XXXIe{{#if:congrès| congrès }} }} de la SFIO qui voit Léon Blum privilégier Modèle:Citation à l'idée de Modèle:Citation pour rallier les masses en vue des campagnes électorales à venir<ref name="Mayaffre"/>.

Dans la France des années 1930, alors que, selon Mayaffre, Modèle:Douteux, la gauche en fait l'un des thèmes mobilisateurs majeurs de son discours. Cependant, l'usage du terme dans les discours respectifs de Maurice Thorez et de Léon Blum est sensiblement différent, et ce sur plusieurs plans :

  • quantitativement : Thorez l'utilise plus de trois fois plus que Blum ;
  • chronologiquement : alors que Thorez dénonce le fascisme dès 1933 (année qui voit la naissance du Troisième Reich en Allemagne) et de manière relativement continue jusqu'à l'éclatement de la Seconde Guerre mondiale, Blum le dénonce essentiellement autour de l'année 1934 ;
  • qualitativement : alors que Thorez évoque le fascisme tant dans le cadre de la politique intérieure que dans celui de la politique extérieure, et qu'il en fait la figure du mal absolu en politique (sans l'associer pour autant au racisme ou à l'antisémitisme du fait d'une préférence pour l'analyse en matière de lutte des classes), Blum utilise le terme principalement dans le cadre de la politique intérieure, pour rendre compte de la crise du 6 février 1934 et, d'après Damon Mayaffre, comme Modèle:Citation<ref name="Mayaffre">Modèle:Article</ref>.

L'historienne Nicole Racine souligne que les intellectuels antifascistes des années 1930 ont, dans leur grande majorité, joint leur cause à la défense du régime soviétique ou fait preuve de complaisance à son égard, occultant les réalités Modèle:Citation, ce qui explique Modèle:Citation. Sur le plan politique également, avec le pacte d'unité d'action entre les Partis communiste et socialiste du Modèle:Date-, Modèle:Citation ; celle-ci est Modèle:Citation, avant de revenir sur sa position en 1938. Cette ligne perdure jusqu'au pacte germano-soviétique d'Modèle:Date- : Modèle:Citation<ref name="RacineIntellectuels">Modèle:Article</ref>.

Le mouvement antifasciste traverse des crises après la victoire du Front populaire ; des militants et des intellectuels quittent le CVIA et certains, tels Félicien Challaye ou Léon Émery, se montrent plus pacifistes qu'antifascistes. Des fondateurs du Comité de vigilance des intellectuels antifascistes sont très actifs dans la Résistance intérieure française, comme le syndicaliste Georges Lapierre (mort en déportation), Paul Rivet, la socialiste Colette Audry, etc.

L'historien Gilles Vergnon écrit que face au régime de Vichy, « l’antifascisme des années 1930 fournit au minimum des références, un argumentaire et, bien entendu, des réseaux d’interconnaissance »<ref>Gilles Vergnon, L'Antifascisme en France, de Mussolini à Le Pen, Presses universitaires de Rennes, 2009, chapitre 4 : « Antifascisme, guerre et Résistance, 1935-1945 ».</ref>.

Antifascisme de l'Allemagne et de l'Italie après la guerre

Fichier:Singerstrasse Gedenkstele02.JPG
Monument à Berlin en hommage aux résistants contre le fascisme et la barbarie.

Les pays où étaient nés le fascisme et le nazisme ont adopté après la guerre une position antifasciste, rejetant leurs doctrines défaites quitte à exagérer rétrospectivement l'importance de l'antifascisme dans leurs traditions politiques.

Italie d'après-guerre

Modèle:Pertinence section L'antifascisme en Italie après 1945 est dirigé contre les mouvements néofascistes. En 1994, le MSI intègre le gouvernement de droite de Silvio Berlusconi, ce qui entraîne des protestations et des polémiques<ref>« Avant la présentation d'un gouvernement comptant cinq ministres néofascistes. Le président de la République italienne a adressé une mise en garde à M. Berlusconi », Le Monde, Modèle:Date-.</ref>. Berlusconi intègre notamment dans sa coalition la petite-fille de Benito Mussolini.

L'antifascisme a pu jouer un rôle majeur pour assurer l'unité nationale dans le régime italien à ses débuts. Cette question a été étudiée par l'historien italien Ernesto Galli della Loggia, Modèle:Refnec, dans l'article « Formes et fonctions de l’antifascisme dans la vie politique italienne : légitimité ou légitimation ? » paru dans Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle<ref>Ernesto Galli della Loggia, « Formes et fonctions de l’antifascisme dans la vie politique italienne : Légitimité ou légitimation ? », Vingtième siècle. Revue d'histoire, 2008(4), Modèle:N°, Modèle:P..</ref>. Selon Galli della Loggia, les premiers dirigeants de la jeune république italienne doivent résoudre un double problème de légitimité : le nouveau régime n'a pas d'histoire et ne s'est pas fait seul mais avec l'aide des Américains qui ont contribué à renverser le régime fasciste. Dès lors, l'antifascisme servira selon l'auteur aux forces politiques du pays pour « s’inventer une tradition », celle d'un pays qui a majoritairement lutté contre le fascisme : Modèle:Citation<ref>Galli della Loggia, art. cit., Modèle:P..</ref> Pour Galli della Loggia, il y a une « nationalisation » de l'antifascisme<ref>Galli della Loggia, art. cit., Modèle:P..</ref>. Mais en plaçant l'antifascisme comme fondement, les nouveaux dirigeants auraient évacué complètement le concept de nation, qui aurait disparu du paysage politique selon l'auteur.

L'historien controversé<ref>Modèle:Article</ref> Renzo De Felice avait développé une position proche de celle de Galli della Loggia plus tôt ; il critique ce qu'il appelle le « mythe de la résistance », « vulgata resistenziale »<ref>John Whittam, Review Article Fascism and Anti-Fascism in Italy: History, Memory and Culture, in Journal of Contemporary History, 2001, Modèle:Vol.36(1), Modèle:P. et suivantes.</ref>. L'Italie a selon lui soutenu majoritairement le fascisme et il ne faut pas exagérer l'importance de l'antifascisme. L'historien Claudio Pavone reprit des idées proches, dans son ouvrage de 1991, Una guerra civile. Saggio storico sulla moralità nella resistenza. L'auteur, qui a pris part directement à la résistance italienne, relativise l'importance de cette dernière et l'honorabilité des motifs de ceux qui y ont pris part. Ses thèses ont été mieux accueillies dans le cadre d'un débat historiographique renouvelé dans les années 1990<ref>Manlio Graziano, « (Ne pas) enseigner la nation (italienne) », Outre - Terre, 2005(3) (Modèle:N°), Modèle:P.</ref>.

La position de Galli della Loggia a été attaquée par l'historien Éric Vial dans la même revue. De même, celle de Renzo de Felice a été critiquée avec virulence. Ils ont en particulier été accusés de fournir une réhabilitation posthume du fascisme.

République démocratique allemande

Un autre cas, celui de l'Allemagne de l'Est, a été étudié par Alan L. Nothnagle, professeur d'histoire à l'Université européenne Viadrina dans Building the East German Myth: Historical Mythology and Youth Propaganda in the German Democratic Republic, 1945-1989. Il estime que le Parti socialiste unifié d'Allemagne (SED), principal parti d'Allemagne de l'Est, a construit sa stabilité et, partant, celle du régime, sur quatre « mythes » pour assurer sa légitimité. Nothnagle fait de l'antifascisme du SED le second de ces mythes. Pour l'auteur, la mythologie du régime faisait, de façon exagérée, du Parti communiste d'Allemagne le fer de lance de la résistance antifasciste populaire pour attribuer au parti, et donc au régime qu'il dirigeait, la légitimité d'avoir résisté au nazisme<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Alan L. Nothnagle, Building the East German Myth: Historical Mythology and Youth Propaganda in the German Democratic Republic, 1945-1989, University of Michigan Press, 1999.</ref>. En réalité, le Parti communiste d'Allemagne avait participé à la résistance intérieure au nazisme, mais n'en était qu'une des nombreuses composantes.

Antifascisme contemporain

Fichier:Antifascist Graffiti Sarajevo 2009.jpg
Graffiti antifasciste sur un mur de Sarajevo.

Au début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, un antifascisme plus jeune et moins lié à des partis se développe. Ces antifascistes reprennent souvent le logo des Trois Flèches, inventé au début des années 1930 par des antinazis allemands<ref>Abel Mestre, « L’antifascisme, un renouveau par la jeunesse », Le Monde, Modèle:Date-, Modèle:Lire en ligne.</ref>. Ils mettent en avant la nécessité d'empêcher les agressions racistes et homophobes de la part de groupes néofascistes<ref>« Occuper la rue et l’espace médiatique », Politis, Modèle:Date-.</ref>.

L'historien belge Julien Dohet écrit que Modèle:Citation. Il considère que Modèle:Citation<ref>« Les trois fronts de l’antifascisme », Agir par la culture, Modèle:N°, automne 2019.</ref>.

Représentations politiques

L'antifascisme contemporain n'est pas à proprement parler un mouvement unifié et structuré. Selon Gilles Vergnon, professeur d’histoire contemporaine à l’Institut d'études politiques de Lyon et auteur de l’Antifascisme en France : Modèle:Citation<ref name="TLL">Tiphaine Le Liboux, « Les antifascistes, des survivants des années 90 », Libération, 6 juin 2013.</ref>, et par ailleurs, Modèle:Citation<ref name=Inrocks>Modèle:Article.</ref>.

Actuellement, l'héritage de la tradition antifasciste est revendiqué par des mouvements souvent situés à l'extrême-gauche : REFLEXes, SCALP-No Pasaran, Francs-tireurs partisans, Coordination antifasciste de Belgique, etc.

Cet antifascisme spécifique, qui se réclame souvent de l'expérience antifasciste allemande des années 1930 inspirée notamment par le propagandiste Serge Tchakhotine, apparait dans les années d'après-guerre, puis se développe à partir des années 1960 et 1970. Il ne s'oppose plus uniquement aux groupes fascistes et nazis, mais étend son action à toutes les politiques dites de « droite dure », qu'elles soient sécuritaire, conservatrice ou nationaliste, voire « néo-libérale ». Il se caractérise aussi par un rejet de toute « politique politicienne »<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Ainsi certains hommes politiques de droite comme Nicolas Sarkozy en France ou Oskar Freysinger en Suisse, ou leurs partis, sont fortement critiqués par les mouvements antifascistes actuels<ref>Bündnis Alle gegen Rechts : « Das Bündnis "Alle gegen Rechts" bekämpft nicht "nur" die NazischlägerInnen auf den Strassen und den wiederaufkeimenden Faschismus und Antisemitismus in der Politik und an den Stammtischen. Unser Kampf richtet sich auch gegen alle anderen unterdrückerischen und ausbeuterischen Strukturen und Systeme (Staat, Patriarchat, Kapitalismus, Sexismus…) mit denen eine freie, emanzipierte, selbstbestimmte und solidarische Gesellschaft nicht möglich ist! »
(« L'Alliance "tous contre la droite" ne combat pas "que" les nazis dans les rues et le retour du fascisme et de l'antisémitisme dans la politique et dans les bistrots. Notre combat se dirige aussi contre tous les systèmes et structures oppressifs et productifs (État, patriarcat, capitalisme, sexisme, etc.) avec lesquels une société libre, émancipée, autogérée et solidaire n'est pas possible. »)</ref>.

La mouvance antifasciste actuelle est aussi fortement liée à la scène « skinhead de gauche » et à la mouvance Redskin (skinheads communistes, trotskistes, communistes libertaires, autonomes…) qui en est la fraction la plus politisée, et par le biais d'organisations du type RASH (Red and Anarchist SkinHeads - Skinheads rouges et anarchistes) et SHARP (Skinheads Against Racial Prejudice - Skinheads contre les préjugés raciaux, antiracistes), ainsi qu'à une partie de la mouvance altermondialiste et anticapitaliste qui sont à l'origine de groupes « Antifa(s) ». L'abréviation apparue au début des années 1980 désigne un individu ou un mouvement se réclamant de l'antifascisme de la gauche radicale et autonome.

En 1996, l'association Vigilance et initiatives syndicales antifascistes (VISA) est créée en France par plusieurs organisations syndicalistes, dont la FSU et Solidaires<ref>Site de VISA</ref>.

Action antifasciste

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Le logo de la mouvance Action antifasciste.

Modèle:Article détaillé

Issue des affrontements physiques avec l'extrême-droite dans les années 1980<ref>Samuel Laurent, « Les agressions entre “skins” et “antifa”, résurgence des années 1980 », Le Monde.fr, Modèle:Date-.</ref> (voir Antifa, chasseurs de skins), la mouvance actuelle des groupes autonomes Action antifasciste s'inspire directement de l’Antifaschistische Aktion allemande, dont elle a notamment emprunté le logo qui représente, en son centre, deux drapeaux parallèles : le rouge pour le communisme et le noir pour l’anarchisme.

En France, en Belgique, en Suisse et au Canada, liés par réseaux sociaux interposés, indépendants les uns des autres, les groupes, souvent « affinitaires », forment une mouvance plus qu'un véritable mouvement traditionnel organisé. Le politologue Nicolas Lebourg précise que Modèle:Citation<ref name="20minutes.fr">Matthieu Goar, La galaxie des nouveaux antifascistes, 20 Minutes, 11 juin 2013.</ref>.

Action antifasciste Paris-Banlieue

Modèle:Article détaillé Créée en 2012<ref name="20minutes.fr" />, Action antifasciste Paris-Banlieue serait le groupe qui compterait le plus de militants antifa à Paris, avec beaucoup d’anciens de la tribune Auteuil du Parc des Princes<ref name="TLL"/>. L'Action antifasciste Paris-Banlieue a été médiatisée, en Modèle:Date-, par l'affaire Clément Méric<ref>Action antifasciste Paris-Banlieue dans Le Monde, Le Figaro, Libération.</ref> et agit en coordination étroite avec le Collectif antifasciste Paris Banlieue<ref>Willy Le Devin, Quentin Girard, Skins et antifas : l’après-Méric fait bouger les lignes, Libération, Modèle:Date-.</ref>.

Antifascisme de gauche

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Drapeau utilisé par les Arditi del Popolo.

La gauche italienne de l'entre-deux-guerres fût la première à se réclamer antifasciste, les Arditi del Popolo furent les premiers à s'opposer frontalement aux fascistes de Benito Mussolini et aux milices ultranationalistes squadristes ultraviolents de Roberto Farinacci lors des Biennio Rosso<ref>Ardito désigne un soldat des troupes de choc italiennes pendant la Première Guerre mondiale.</ref>.

La gauche italienne fût par ailleurs le centre de l'antifascisme pendant la Guerre d'Espagne et lors de la Guerre civile italienne avec les partisans. En Allemagne, le Parti communiste d'Allemagne était lié aux milices antifascistes allemandes tels que le Roter Frontkämpferbund<ref>Christian Baechler, L'Allemagne de Weimar: 1919-1933, Fayard, coll. « Biographies Historiques », 2007</ref>,<ref>Léon Trotsky, Contre le fascisme: 1922-1940, Syllepse, coll. « Mauvais Temps », 2016</ref>.

Critiques de l'antifascisme

Critiques aux États-Unis

Selon Politico, sous la présidence de Donald Trump, Modèle:Citation<ref name="Politi">{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} FBI, Homeland Security warn of more ‘antifa’ attacks, Politico, Modèle:Date-.</ref>.

Dès Modèle:Date-, sous la présidence Obama, selon les documents obtenus par ce média, une étude commune du DSH et du FBI estimait que « des “extrémistes anarchistes” étaient les premiers instigateurs des violences » dans les manifestations, et que des officiels rejetaient sur eux la responsabilité « d'attaques contre la police, le gouvernement et des institutions politiques, ainsi que contre des symboles “du système capitaliste”, du racisme, de l'injustice sociale et du fascisme »<ref name="Politi" />.

Cependant, s'ils paraissent appuyer le président Trump lorsqu'il dénonce les extrémistes de gauche comme représentant un problème à l'échelle nationale, lors d'interviews, ces responsables du maintien de l'ordre considèrent que Modèle:Citation car « dès que ciblés par les attaques des antifas, les groupes de droite commencent à contrattaquer » avec davantage d'armes, et même là où ils ne sont pas provoqués<ref name="Politi" />.

Ainsi, lors de l'assaut du Capitole par des partisans de Donald Trump, en Modèle:Date, certains élus républicains ont rapidement cherché à faire croire qu'il avait en fait été organisée par des antifas<ref name=fackeNewsAntifaPalin/>. En particulier, Sarah Palin a affirmé sur FoxNews que la foule était en réalité dirigée par des antifas, reprenant une théorie du complot lancée par Lin Wood sur le réseau social Parler<ref name=fackeNewsAntifaPalin/>, souvent considéré comme le Twitter de l'extrême droite, fondé en 2013 par Robert Mercer. Laura Ingraham (polémiste et animatrice sur Fox News), a amplifié cette rumeur dans son émission, et le Washington Times et d'autres médias conservateurs de niche ont immédiatement relayé cette fake news, ajoutant qu'une société de reconnaissance faciale avait identifié des antifas dans la foule<ref name=fackeNewsAntifaPalin/>. Cette affirmation a été rétractée par le média lui-même, mais elle avait déjà été partagée Modèle:Nombre sur Twitter et Modèle:Nombre sur Facebook, selon le cabinet d'intelligence médiatique Zignal labs. Dans la nuit, après que le Capitole soit libéré, Matt Gaetz, élu républicain de Floride, a persisté, affirmant devant la Chambre que les antifas étaient responsables des violences de la journée<ref name=fackeNewsAntifaPalin>Modèle:Lien web</ref>. En réalité, les émeutiers étaient des partisans de Donald Trump, parmi lesquels des groupes néofascistes<ref>« Comment les Proud Boys se sont coordonnés durant l'émeute du Capitole », Christophe-Cécil Garnier, Slate, Modèle:Date-.</ref>.

Pour le philosophe paléo-conservateur Paul Gottfried, les intellectuels de l'École de Francfort auraient joué un rôle capital dans la transformation de l'antifascisme de l'après-guerre vers l'antifascisme contemporain. Leur critique postmarxiste du fascisme empreinte de psychanalyse aurait élargi l'étendue de ce concept bien au-delà de ce qu'il recouvrait. L'essence du fascisme serait déplacée de ses spécificités historiques vers les domaines de la culture et de la psychologie, où il deviendrait une menace permanente et requerrait une vigilance incessante<ref name="Gottfried2021">{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Paul Gottfried, Antifascism: The Course of a Crusade, Cornell University Press, 2021.</ref>. La Nouvelle gauche, dans les années 1960, aurait adapté cette nouvelle représentation du fascisme aux particularités du mouvement américain des droits civiques et aux anticoloniaux. Par la suite, le champ du fascisme pourra recouvrir, selon Gottfried, l'ensemble des conceptions traditionnelles relative au sexe, à la nation et aux rapports entre groupes humains de différentes origines<ref name="Gottfried2021"/>. L'antifascisme contemporain se caractériserait ainsi essentiellement comme une Modèle:Citation, ce qui expliquerait son succès dans des pays comme les États-Unis<ref name="Gottfried2021"/>.

Instrumentalisation par le mouvement stalinien

Très tôt, quelques personnalités analysent la manière dont l'antifascisme est instrumentalisé par les Partis communistes sous domination stalinienne. George Orwell, lui-même antifasciste, écrit dans Les Pieds dans le plat espagnol (New English Weekly, Modèle:Date- et Modèle:Date-) : « Il est malheureux que si peu de gens en Angleterre aient compris que le communisme est aujourd'hui une force contre-révolutionnaire et que les communistes font partout alliance avec les réformistes bourgeois, mettant en œuvre toutes les ressources de leur puissant appareil pour écraser ou discréditer les partis faisant montre de la moindre velléité révolutionnaire »<ref>« Les Pieds dans le plat espagnol », in Essais, articles, lettres, traduction de Anne Krief, Michel Petris, Jaime Semprun, Éditions Ivrea, 1995, Modèle:P..</ref>.

Plus tard, Alain Finkielkraut considère que l'antifascisme a été corrompu en instrument politique par le communisme : Modèle:Citation<ref>Alain Finkielkraut, « Modèle:Mgr et les deux douleurs de l'Europe », Le Monde du 7 octobre 1998.</ref>.

En Italie

À l'échelle italienne, le débat sur l'antifascisme a animé la communauté des historiens depuis une trentaine d'années : il avait été ouvert par l'historien du fascisme Renzo De Felice dans son Intervista sul fascismo, livre entretien qui avait ouvert alors un débat historiographique intense<ref>Michael A. Ledeen, « Renzo de Felice and the Controversy over Italian Fascism », Journal of Contemporary History, 11 (1976), p. 269-283.</ref>. En particulier, il estime que le fascisme est un phénomène daté, qui a disparu. Pour lui, le maintien d'un mouvement antifasciste n'a pas de sens et l'antifascisme est un mythe qui a pour fonction de légitimer le parti communiste italien.

Le débat s'est poursuivi avec d'autres travaux : Galli della Loggia écrit ainsi dans Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle : Modèle:Citation<ref>Résumé de l'article par la revue Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle.</ref>. Et d'ajouter que le parti communiste italien chercha volontairement à exagérer la menace fasciste pour se donner une légitimité : Modèle:Citation bloc

En France

Un tel débat s'est tenu, plus tardivement, en France : l'historienne Annie Kriegel a soulevé cette question en 1990 dans un article, « Sur l'antifascisme », paru dans la revue Commentaire. L'ouvrage de François Furet, Le Passé d'une illusion, est celui qui a le plus diffusé ces idées, en 1995. Ainsi, Furet, ancien militant du PCF stalinien, écrit que les mouvements communistes ont nourri une assimilation volontaire et erronée entre fascisme et anticommunisme. Pour lui, cette confusion sciemment voulue aurait bloqué toute analyse critique du communisme, puisque faire cette analyse reviendrait à défendre le fascisme. François Furet applique en particulier cet antifascisme au stalinisme<ref>François Furet, Le Passé d'une illusion, Robert Laffont/Calmann-Lévy, 1995.</ref>.

D'autres auteurs comme Stéphane Courtois dans Le Livre noir du communisme se sont intéressés à ces thématiques. L'historien écrit par exemple page 32 de l'ouvrage : Modèle:Citation.

Là encore ces thèses ne font pas l'unanimité et Enzo Traverso en particulier a été critique des affirmations de ces auteurs<ref>Enzo Traverso, « Les intellectuels et l'antifascisme. Pour une historisation critique », Lignes, Modèle:N°, 1998.</ref>. Traverso écrit notamment que l'antifascisme n'a pas été créé par les communistes, rappelant en Italie la publication en 1925 du Manifeste des intellectuels antifascistes, en Allemagne l'importance de Die Weltbühne de Carl von Ossietzky, et en France le fait qu'en 1934 l'initiative de l'unité antifasciste n'est pas venue du PCF, mais d'autres secteurs de la gauche. Selon Enzo Traverso, Modèle:Citation<ref>Rethinking Antifascism. History, memory and politics. 1922 to the present, New York, Berghahn Books, 2016, p. 328.</ref>.

Le Parti communiste français dans sa période stalinienne a plusieurs fois été accusé d'instrumentaliser l'antifascisme. Par exemple, en 1947, le ministre de l'Intérieur socialiste Jules Moch, pourtant incarcéré pendant la guerre dans un camp de concentration fut insulté en étant traité de « nazi » parce qu'il réprimait des grèves. De la même façon, en 1958, le retour au pouvoir du général de Gaulle, pourtant ancien chef de la France libre, fut accueilli par des commentaires comme Modèle:Citation, par ceux qui dénonçaient son putsch constitutionnel<ref>Alain Ruscio, « Face à la {{#ifeq:République | s | Modèle:Siècle | Ve{{#if:République| République }} }} et aux évolutions du gaullisme », Les communistes et l'Algérie (2019), pages 503 à 540.</ref>,<ref>« La manifestation "Contre le fascisme" », lemonde.fr, Modèle:Date-.</ref>. L'historien Georges-Henri Soutou parle d'une stratégie du PCF de capitalisation sur l'antifascisme dans l'immédiat après-guerre<ref>Georges-Henri Soutou, La Guerre de cinquante ans. Les relations Est-Ouest 1943-1990, Fayard 2001, Modèle:P..</ref>.

Critique bordiguiste

Pour Amadeo Bordiga et les bordiguistes (petit courant léniniste), l'antifascisme est une Modèle:Citation, visant à mêler les intérêts du prolétariat à ceux de la bourgeoisie, pour sauvegarder le capitalisme en crise<ref>« L'antifascisme démocratique : un mot d'ordre anti-prolétarien qui a déjà fait ses preuves » et « Nouvelles attaques contre “Auschwitz ou le grand alibi” ».</ref>. Ils rejettent aussi bien le Front populaire que le Front unique. Pour eux, le fascisme est un phénomène typique, mais non extraordinaire, de la contre-révolution victorieuse après l'écrasement des ouvriers consécutif à la Première Guerre mondiale et à l'échec de la vague révolutionnaire des années 1920. La contre révolution se caractérise par la montée du fascisme, du stalinisme et du nazisme en Europe. Ce phénomène aboutit à la deuxième guerre impérialiste mondiale. C’est donc un phénomène historique et mondial que l'on doit combattre, mais pas par la défense de la démocratie ou des libertés avec les bourgeois libéraux. C'est une politique du capitalisme dans sa phase de crise historique.

L'article Auschwitz ou le grand alibi, publié en 1960 dans Programme communiste, la revue bordiguiste du Parti communiste international (PCI) en français, commence par : Modèle:Citation bloc

Critiques contemporaines de l'antifascisme

Certains analystes reprochent au mouvement antifasciste contemporain des combats à géométrie variable : pour Pierre-André Taguieff, philosophe et politologue, l'indignation des antifascistes vis-à-vis de certaines dictatures serait davantage motivée par des motifs politiques que par un réel intérêt pour le sort des populations sous le joug de dictateurs. Il écrit ainsi que Modèle:Citation<ref>Pierre-André Taguieff, Les contre réactionnaires, 2005, Modèle:P..</ref>. Pour Taguieff, l'antifascisme tombe dans le manichéisme avec ses Modèle:Citation comme Fidel Castro ou Mao et ses obsessions comme les États-Unis ou l'extrême droite. Ainsi, selon lui, Modèle:Citation<ref>Taguieff, ibid., Modèle:P..</ref>.

Pour le géographe controversé<ref>Modèle:Lien web</ref> Christophe Guilluy, la posture antifasciste serait une manière aisée pour ce qu'il nomme la France d’en haut de disqualifier tout diagnostic social, de se fermer aux revendications des classes populaires en les ostracisant. L'antifascisme est à son avis devenu « une arme de classe »<ref name="Guilluy201704">Christophe Guilluy : "La posture anti-fasciste de supériorité morale de la France d'en haut permet en réalité de disqualifier tout diagnostic social", entretien, atlantico.fr, Modèle:Date-</ref>. Selon lui, dans les milieux populaires et dans la vie réelle, « les gens, quelles que soient leurs origines ne se parlent pas de fascisme ou d’antifascistes », car ils n'ignoreraient pas que les choses sont plus compliquées<ref name="Guilluy201704"/>. Il dénonce enfin dans l'antifascisme Modèle:Citation qui laisse en dehors du cadre de la réflexion la question sociale, celle des flux migratoires, de l’insécurité culturelle ou encore du modèle économique et territorial<ref name="Guilluy201704"/>.

Pour l'historien Frédéric Le Moal, l'antifascisme n'a jamais été aussi fort depuis que le fascisme a disparu. Bien que ce dernier ne soit représenté que par quelques groupuscules, l'antifascisme demeure Modèle:Citation, car Modèle:Citation<ref>«Il n'y a jamais eu autant d'antifascistes depuis que le fascisme a disparu», entretien, lefigaro.fr, Modèle:Date-</ref>. L'historien Emmanuel Debono constate également que dans le champ politico-associatif, il est devenu Modèle:Citation. Si la référence à l'antifascisme est séduisante car elle se présente comme une opposition musclée au courant national-populiste, Debono n'est pas certain qu'elle constitue pour autant une analyse pertinente et qu'elle puisse s'avérer la plus adaptée pour le contrer. Selon lui, Modèle:Citation<ref>Emmanuel Debono, L’antifascisme, une rhétorique usée ?, lemonde.fr, Modèle:Date-</ref>.

Notes et références

Modèle:Références

Annexes

Bibliographie

Ouvrages universitaires et essais

Ouvrages militants

Articles

Vidéographie

Articles connexes

Modèle:Autres projets

Antifascisme avant 1945

Modèle:Colonnes

Antifascisme contemporain

Modèle:Colonnes

Personnalités antifascistes du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle

Modèle:Colonnes

Voir aussi

Liens externes

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