Le Maître chat ou le Chat botté

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Modèle:En-tête label Modèle:Voir homonymes Modèle:Infobox Livre

Modèle:Terme défini<ref group="Note">Le mot Modèle:Citation étrangère, issu du français classique employé dans la première édition en 1697, a été plus tard simplifié en Modèle:".</ref> (Modèle:En langue ; Modèle:En langue, ou Modèle:Langue ; Modèle:En langue ou Modèle:Langue ; Modèle:En langue) est un conte franco-italien en prose racontant l'histoire d'un chat qui utilise la ruse et la tricherie pour offrir le pouvoir, la fortune et la main d'une princesse à son maître mal-né et sans-le-sou. L'auteur italien Giovanni Francesco Straparola semble avoir transcrit la plus ancienne version connue de cette histoire dans son livre Les Nuits facétieuses. La version classique de ce conte est écrite à la fin du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle par Charles Perrault (1628-1703). Elle provient d'un manuscrit illustré, intitulé Les Contes de ma mère l'Oye et daté de 1695, soit deux ans avant la publication du recueil de huit contes de Perrault Histoires ou contes du temps passé, avec des moralités par Barbin en 1697. Le Chat botté connaît instantanément le succès et reste populaire de nos jours, malgré une morale ambiguë.

Il existe de très nombreuses analyses et études, fondées sur ses personnages et ses thèmes, concernant la symbolique et la morale de ce conte. Le Maître chat ou le Chat botté peut être vu comme un récit initiatique au travers du combat contre l'ogre par exemple, ou un reflet des mœurs de l'époque de Perrault (investiture royale, rôle de la bourgeoisie, droit d'aînesse…) tout comme une histoire immorale faisant l'apologie de la ruse et de la tricherie sur le travail honnête. On y retrouve aussi de très vieux thèmes populaires liés à des motifs indo-européens et au culte des animaux attesté un peu partout dans le monde, sous le vernis de l'influence culturelle française à la fin du Grand Siècle.

Le Chat botté connaît une diffusion fulgurante et mondiale, au point d'inspirer des dessinateurs, compositeurs, chorégraphes, et de nombreux autres artistes. Ce Chat apparaît notamment dans le troisième acte Modèle:" du ballet La Belle au bois dormant de Tchaïkovski et jusqu'à l'époque moderne, ses adaptations sont multiples, depuis le théâtre jusqu'aux films et aux romans ou à la bande dessinée, en passant par les parodies, comme l'atteste le personnage du Chat potté.

Résumé

Modèle:Voir autre projet

À son décès, un vieux meunier laisse à ses trois fils l'intégralité de ses biens. L'aîné hérite du moulin, le cadet de l'âne, et le benjamin du chat. Sans un sou en poche et ne sachant que faire d'un tel cadeau, ce dernier songe à le manger mais le Chat s'avère doué de parole. Contre un sac et une paire de bottes, et avec beaucoup de ruse, l'animal est désormais déterminé à faire la fortune de son maître. Dans ce but, le Chat capture un lapin dans la forêt et l'offre au roi comme un cadeau de son maître, le Modèle:". Il apporte ainsi régulièrement du gibier au roi, pendant plusieurs mois.

Un jour, sachant que le roi et sa fille voyagent le long de la rivière, le Chat persuade son maître de retirer ses vêtements et d'entrer dans la rivière. Il cache les habits de son maître derrière un rocher, puis appelle à l'aide. Lorsque le roi arrive, le Chat explique que son maître, le Modèle:" s'est fait dépouiller de ses habits alors qu'il se baignait dans la rivière. Le roi offre de riches vêtements au jeune homme et l'invite à s'asseoir dans son carrosse aux côtés de sa fille qui tombe instantanément amoureuse de lui.

Le Chat court en précédant le carrosse et ordonne aux gens qu'il rencontre tout au long de la route de dire au roi que cette terre appartient au marquis de Carabas. Il entre ensuite dans un château habité par un ogre qui est capable de se transformer en un grand nombre de créatures. L'ogre le reçoit aussi civilement qu'il le peut, et se transforme en lion pour prouver ses capacités, effrayant ainsi le Chat botté. Ce dernier lui demande alors s'il est capable de se changer en souris. Lorsque l'ogre s'exécute, le Chat botté lui saute dessus et le dévore. Le roi arrive au château qui appartenait à l'ogre, et, impressionné par les biens du Modèle:", offre la main de sa fille au petit meunier. Peu après, le Chat devient grand seigneur, et ne court plus après les souris que pour se divertir.

Le conte est suivi de deux morales<ref group="Note">Citations de la version de Charles Deulin sur Wikisource : Le Maître chat ou le Chat botté.</ref> :

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Illustrations de Gustave Doré

Conception de l'œuvre

Portrait de Charles Perrault
Portrait de Charles Perrault.

Antériorité

Charles Perrault n'est pas l’inventeur de la figure du chat farceur et malicieux (appelé en anglais Modèle:Langue<ref name="OpieP110">Modèle:Harvsp</ref>), puisque plusieurs siècles avant la publication des contes de Perrault, le brahmane cachemire Somadeva a collecté un vaste recueil de contes de fée indiens, le Kathâsaritsâgara (littéralement L'Océan des rivières des contes) qui contient de nombreux personnages et objets de contes de fée comme des épées invincibles, des navires qui régénèrent leur cargaison et des animaux serviables. Dans le Pañchatantra, un recueil de contes sanskrits du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, une histoire décrit un chat qui tente de faire fortune au palais royal<ref name="OpieP18">Modèle:Harvsp</ref>.

En 1553, La Chatte de Constantin le fortuné (Modèle:Langue), un conte similaire au Chat botté, est publié à Venise dans Les Nuits facétieuses (Modèle:Langue) de Giovanni Francesco Straparola<ref name="OpieP112">Modèle:Harvsp</ref>,<ref group="Note">Voir une traduction de ce conte sur Wikisource : La Chatte de Constantin le fortuné, traduction de Charles Deulin.</ref>. Toutefois, dans le conte de Straparola, le pauvre fils du meunier est fils d'une veuve de Bohême, le chat est une fée déguisée en chatte, la princesse s'appelle Elisetta et le château n'appartient pas à un ogre mais à un seigneur récemment décédé. Le garçon pauvre devient finalement le roi de Bohême<ref name="OpieP112" />. Une édition française du recueil est publiée en 1560<ref name="OpieP110" />. Il se pourrait que ce conte soit d'origine orale, car de nombreuses versions orales ont été retranscrites<ref>Modèle:Harvsp</ref>.

En 1634, un autre conte avec un chat Modèle:Langue comme héros est publié dans le Pentamerone de Giambattista Basile : Gagliuso<ref group="Note">Voir une traduction de ce conte sur Wikisource : Gagliuso, traduction de Charles Deulin.</ref>. Ni le recueil, ni le conte n'ont été publiés en France du vivant de Charles Perrault. Dans la version de Basile, le garçon pauvre est un mendiant du nom de Gagliuso (ou Cagliuso) dont la richesse est assurée d'une manière similaire à l'histoire du Chat botté. Cependant, le conte se termine différemment : pour montrer sa gratitude, Gagliuso promet au chat qu'il l'enterrera dans un cercueil d'or. Trois jours après, le chat teste son maître en prétendant être décédé et il est horrifié lorsqu'il entend Gagliuso demander à sa femme d'attraper le cadavre par les pattes pour le jeter par la fenêtre. Le chat bondit, s'exclame que c'est là sa récompense pour avoir aidé un mendiant à devenir riche, puis s'enfuit en laissant son maître se débrouiller tout seul<ref name="OpieP112" />.

Les ressemblances avec le Chat botté sont frappantes et une théorie a voulu que Perrault se soit étroitement inspiré de Gagliuso dont il aurait supprimé la morale initiale concernant l'ingratitude du jeune mendiant, parce qu'elle est triste. Pierre Saintyves met en avant ces ressemblances et cite les auteurs qui pensent que Charles Perrault s'en est inspiré pour le Chat botté, mais ne prend pas position sur une quelconque influence<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Iona et Peter Opie pensent que Perrault ne connaissait pas La Chatte de Constantin le fortuné et Gagliuso, qui ont été publiés avant le Chat botté<ref name="OpieP21">Modèle:Harvsp</ref>. Thierry Delcourt, au contraire, affirme que Perrault connaissait bien les versions littéraires de ces deux contes<ref name="Delcourt237"/> et Armand Langlois cite La Chatte de Constantin le fortuné comme source d'inspiration de Perrault<ref name="DroledeConte"/>.

D'autres contes similaires au Maître Chat sont remarqués par Charles Deulin : le conte danois le Palais aux piliers d’or, le conte norvégien Seigneur Pierre ou encore le conte breton Le Chat et sa mère mettent tous en scène des chats ou chattes aidant leur maître à obtenir la fortune. Certaines versions montrent l'ingratitude du maître envers son animal, le maître n'hésitant pas à laisser mourir l'animal ou à le laisser sans sépulture, comme dans la version de Basile<ref name="deulin" />.

Publications

Histoires ou contes du temps passé

Modèle:Article détaillé

Couverture des Contes du temps passé représentant le chat botté
Couverture des Contes du temps passé, édition Modèle:Nobr de 1843.

Charles Perrault a écrit les Histoires ou contes du temps passé dont fait partie Le Maistre Chat, ou le Chat Botté à l'époque où il était membre de l'Académie française et de la cour de Modèle:Nobr. La première version de ce conte figure dans un manuscrit richement relié, illustré et calligraphié, qui circulait dans les salons lettrés parisiens et à la cour de Versailles en 1695<ref name="Delcourt237">Modèle:Harvsp</ref>. Il fut offert à mademoiselle Élisabeth-Charlotte d'Orléans, la petite-nièce de Modèle:Nobr, et contenait cinq contes, La Belle au bois dormant, Le Petit Chaperon rouge, La Barbe bleue et Les Fées aux côtés du Chat botté<ref name="Universalis"/>. En raison de l'existence de la dédicace signée Modèle:", la paternité des Histoires ou contes du temps passé Modèle:Incise est parfois attribuée à Pierre Darmancour, le fils de Charles Perrault<ref name="Marty">{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Article</ref>.

Le Maistre Chat, ou le Chat Botté est publié pour la première fois par Barbin en Modèle:Date, dans le recueil Histoires ou contes du temps passé auquel furent ajoutés trois contes : Cendrillon ou la petite pantoufle de verre, Riquet à la houppe et Le Petit Poucet<ref name="OpieP21" />. Cette version est légèrement différente du manuscrit original, puisque Charles Perrault y développe le style, insère des annotations, des moralités, et ajoute une information qui ne figurait pas dans le manuscrit : il qualifie le Chat de Modèle:Citation (garçon), en faisant de facto un animal anthropomorphe<ref name="Delcourt237"/>.

Le livre rencontre immédiatement le succès<ref name="OpieP21"/>.

Traductions

En 1729, la première traduction en anglais de Robert Samber Modèle:Langue est publiée à Londres par Modèle:Nobr et Modèle:Nobr dans le recueil Modèle:Langue<ref name="OpieP24" />. La traduction de Samber est décrite comme Modèle:". La publicité de l'époque vante un livre Modèle:"<ref name="OpieP24">Modèle:Harvsp</ref>. Le Chat botté est également traduit en allemand, puisqu'en 1812, les frères Grimm insèrent une version du conte dans leur recueil Modèle:Langue<ref name="WundererP202">Modèle:Harvsp</ref>. D'après les notes des frères Grimm, ils auraient eu connaissance de ce conte par l'intermédiaire de Jeanette Hassenpflug qui était la fille de migrants Huguenots.

Illustrations

Gravure de 1697 représentant un chat debout et sortant les griffes.
Gravure d'Antoine Clouzier pour les Histoires ou Contes du temps passé de Charles Perrault, édition Barbin 1697, Paris.

Modèle:Animation

La première illustration du Chat botté sur le manuscrit de 1695 est réalisée à l'encre et coloriée à la gouache, elle représente le Chat qui menace les paysans en se dressant, les pattes en avant, pour leur dire : Modèle:Citation Le Chat paraît, de plus, aussi grand que le paysan auquel il s'adresse. Selon l'étude de Marc Soriano, cette image met en avant son humanité et son agressivité, et a joué un grand rôle dans la perception du conte jusqu'à nos jours. On ignore qui est l'auteur du dessin, ce pourrait être Perrault, ou alors, il a fait réaliser ce dessin sous ses directives<ref name="Delcourt237"/>,<ref name="Soriano">Modèle:Harvsp</ref>.

Le graveur Antoine Clouzier reprend la même image pour la première édition du conte en 1697. La diffusion de cette image est impressionnante, puisque toutes les éditions du conte depuis 1697 la réemploient, et ce dans l'Europe entière. Les graveurs anglais ont même ajouté des griffes au Chat, ce qui accentue l'impression de menace<ref name="Soriano"/>.

Le frontispice de la première édition dépeint une vieille femme contant des histoires à un groupe de trois enfants sous une pancarte titrée Modèle:". Le frontispice anglais est similaire à la version originale ; la pancarte est cependant traduite<ref name="OpieP23">Modèle:Harvsp</ref>.

Diffusion

Un conte à succès

Illustration de 1885 représentant le chat parlant à des paysans
Illustration française du Chat botté réalisée en 1885.

Le Maître chat ou le Chat botté est le conte le plus populaire du folklore occidental mettant en scène un animal comme donateur<ref group="Note">Ou pourvoyeur (voir Vladimir Propp).</ref>,<ref name="OpieP110" />. Le Chat botté est devenu l'un de ces contes qui se lisent traditionnellement aux enfants le soir avant de dormir, et a connu une diffusion mondiale. Il a supplanté avec succès ses prédécesseurs créés par Straparola et Basile et le conte a altéré la forme des contes oraux mettant en scène des chats Modèle:Langue qui existaient encore<ref name="TatarP235"/>.

Le recueil publié en 1697 rencontra un si grand succès qu'il fut plagié en Hollande par l’éditeur Moetjens, et connut au moins trois rééditions du vivant de Perrault. Le Chat botté est réédité dans la littérature de colportage du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, puis par le Cabinet des fées en 1785<ref name="Universalis"/>. Selon Charles Deulin dans Les Contes de ma mère l’Oye avant Perrault, le talent de Charles Perrault a été ignoré jusqu'au début du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle par la littérature française<ref name="deulin">Modèle:Ouvrage</ref> ; ce n'est qu'à partir de cette époque que ce conte obtint un succès fulgurant<ref group="Note">Citons une réédition par Jacques Collin de Plancy en 1826, celle de L. Curmer en 1843 ou encore celle de Charles Giraud en 1865.</ref>, en particulier à la suite de la loi Guizot sur l’instruction primaire en 1833, et grâce aux romantiques qui découvrent les frères Grimm et célèbrent le talent de Perrault. Les premières collections de livres pour la jeunesse apparaissent également à cette époque. Les rééditions de ce conte en langue française sont donc multiples, jusqu'à l'époque moderne<ref name="Universalis"/>.

Contenu éducatif

Illustration représentant le chat faisant semblant de dormir pour attraper du gibier
Le Chat ruse en faisant le mort pour attraper du gibier sur cette illustration de Carl Offterdinger.

Selon Bruno Bettelheim, Modèle:Citation Si le personnage est une personne très gentille, alors l'enfant voudra probablement devenir le gentil. Les contes amoraux comme Le Chat botté ne polarisent ou ne juxtaposent pas les gentils et les méchants parce qu'ils construisent un personnage qui ne choisit pas entre le bien et le mal, mais donne à l'enfant l'espoir que le plus humble peut survivre. La morale n'est pas l'intérêt principal de ce type de conte, mais il donne l'assurance qu'on peut survivre et réussir sa vie<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Les attentes des jeunes enfants peuvent se montrer déçues. Cependant, les contes de fées permettent aux plus petites réussites (comme devenir l'ami d'un animal) d'acquérir grande dignité et ces événements ordinaires peuvent conduire à de plus grands bénéfices à long terme. Ils peuvent aussi permettre à l'enfant de croire que ses petites réussites sont importantes bien que non reconnues sur le moment<ref name="Bettleheim">Modèle:Harvsp</ref>.

Les folkloristes Iona et Peter Opie observent que Modèle:Citation Si La Belle au bois dormant ou Le Petit Poucet offrent à l'enfant une riche matière pour surmonter obstacles et conflits, le Chat botté est quant à lui un récit dont la morale est ambiguë, laissant entendre que la ruse paie plus rapidement et plus sûrement que le labeur ou le talent. Le chat devrait être acclamé comme le prince des bonimenteurs, comme peu d'escrocs l'ont été avant ou après lui<ref name="OpieP110" />.

Dans un Modèle:Pas clair, Maria Tatar suggère aussi que ce qu'il y a à retenir du conte est Modèle:Citation. Dans Modèle:Langue, Jack Zipes note que Modèle:Citation

George Cruikshank, illustrateur renommé des romans de Charles Dickens, a été choqué que les parents autorisent leurs enfants à lire Le Chat botté et a déclaré que Modèle:Citation

Par contre, le philosophe d'Hooghvorst considère que les personnages et situations du conte ont un sens kabbalistique et alchimique<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

Influences postérieures

Le conte du Chat botté a durablement marqué la culture populaire, mais aussi nombre de personnes célèbres : ainsi, une biographie de Mozart rapporte qu'il travaillait de nombreuses heures en buvant du punch et que, pour le tenir éveillé, sa femme lui lisait Modèle:Citation Une anecdote populaire sur la jeunesse de [[Napoléon Ier|Napoléon {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | Ier{{#if:|  }} }}]] veut que, alors qu'il était enfant, il endossa un uniforme et se chaussa de bottes beaucoup trop grandes pour lui, le faisant paraître ridicule. Une jeune fille nommée Cécile, alors âgée de douze ou treize ans, le qualifia de Modèle:Citation, provoquant l'hilarité générale et la colère du futur empereur des Français<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Le Chat botté est d'ailleurs le titre d'un roman racontant l'ascension de Napoléon<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

Structure narrative

Analyse littéraire

Pour les folkloristes Iona et Peter Opie, tandis que le style littéraire employé est universellement reconnu, de nombreux passages du conte semblent être transposés à l'écrit tels que l'auteur les aurait entendus. Cette supposition s'appuie d'abord sur la simplicité des contes, ensuite sur le vocabulaire employé, qui, au temps de Perrault, était considéré comme « populaire » et « du bas peuple », et pour finir dans l'existence de passages vestigiaux (comme celui des bottes) qui n'améliorent pas le récit. Selon eux, un artiste littéraire aurait supprimé ces passages lors de la création de son œuvre<ref name="OpieP22">Modèle:Harvsp</ref>.

Une analyse littéraire du conte montre que le discours direct y est légèrement plus fréquent que le discours indirect. Perrault met en avant certains personnages et limite le discours direct aux personnages principaux. Les dialogues qui lui paraissent peu importants pour l'intrigue sont à la forme indirecte, par exemple quand le Chat botté s’entretient avec les gardes du roi pour pouvoir lui parler : Modèle:Citation. Inversement, les frères Grimm emploient le discours direct Modèle:Citation Le dialogue des frères Grimm donne de l'oralité et de la vie au récit, et le situe davantage dans le domaine du merveilleux. De même, le passage des faucheurs et des moissonneurs est traité différemment par Perrault et par Grimm : le premier évite les répétitions en disant que Modèle:Citation tandis que le second utilise bien davantage l'effet de répétition. Il semblerait que cette forme littéraire des contes de Perrault soit le reflet des pratiques littéraires de son époque, où la nouvelle était populaire et la présence du narrateur très prononcée. À l'inverse, les frères Grimm travaillaient sur l'oralité<ref>Modèle:Chapitre</ref>.

Classification Aarne-Thompson

Selon la classification Aarne-Thompson, les thèmes de ce conte sont largement répandus dans de nombreuses régions du monde présentant le même conte-type. Il porte le Modèle:Nobr (thème du chat serviable) et le passage du Chat dévorant l'Ogre serait dû au mélange de deux autres thèmes : dans le conte-Modèle:Nobr, Le Magicien et son élève, l'élève magicien mange son maître changé en graine, lui-même étant sous la forme d'un renard. Dans le conte-Modèle:Nobr, Le Diable dans une bouteille, le héros met son adversaire au défi de rapetisser<ref>Modèle:Lien web</ref>,<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

Les personnages

Le conte présente cinq personnages principaux : le fils du meunier (ou marquis de Carabas), le Chat, l'ogre, le roi et sa fille.

Le fils du meunier ou le marquis de Carabas

Modèle:Article connexe

illustration montrant le chat pas encore botté parlant à son maître
« Ne vous inquiétez pas, cher maître », illustration du fils du meunier dans le Chat botté extraite de Childhood's Favorites and Fairy Stories, collectif.

Le fils du meunier, qui obtient au fil du récit le titre de Modèle:Citation, est le dernier-né d'une famille de trois enfants. Cette particularité revêt une grande importance : en effet, à l'époque de la rédaction des contes de Perrault, le droit d'aînesse faisait que l'aîné d'une famille héritait traditionnellement de tous les biens de ses parents. De ce fait, sa subsistance était assurée. Par contre, le dernier-né devait souvent faire fortune par lui-même, quitte à devenir une sorte de vagabond qui court le monde en quête de gloire et de fortune<ref name="Charrière289">Modèle:Harvsp</ref>. En outre, Perrault était lui-même le cadet de cinq garçons parmi sept enfants. Le dernier-né était condamné à travailler dur pour gagner une reconnaissance et une forme de désaveu du système d'héritage se retrouve dans de nombreux contes, dont le Chat botté<ref name="Charrière291">Modèle:Harvsp</ref>.

Selon Jack Zipes dans une étude croisée sur l'ensemble des contes de Perrault, les héros de cet écrivain ne sont pas particulièrement beaux mais actifs, courageux, ambitieux, adroits, et ils utilisent leur esprit, leur intelligence et leur grande politesse pour gravir les échelons sociaux et parvenir à leurs fins. Ici, c'est le Chat qui possède toutes ces caractéristiques et l'homme qui profite de ses talents et de sa ruse. Au contraire des contes traitant des femmes soumises attendant le mariage telles la princesse du Chat botté, ceux qui sont centrés sur un homme suggèrent que la réussite et l'obtention d'un certain statut social sont plus importants que le mariage pour les hommes. Les vertus des héros de Perrault reflètent la vision de la bourgeoisie à la cour de Modèle:Nobr, et celle de Perrault qui était un domestique ayant réussi<ref name="ZipesP26" />.

Modèle:Citation est un titre de noblesse usurpé dont le nom exotique est inventé par le Chat botté pour son maître. En faisant passer son maître miséreux pour un marquis, le Chat espère attirer sur lui l’attention et les faveurs du roi. L'origine de ce nom qui sonne à l'orientale n'est pas clairement établie<ref name="Saintyves492">Modèle:Harvsp</ref>.

Le Chat

Pour Armand Langlois, le personnage central du conte n'est pas le Chat botté mais le fils du meunier. L'animal symboliserait l'enfant libre, double merveilleux de l'enfant, il aide le héros en contrepartie de sa vie sauve<ref name="DroledeConte"/>.

Le roi des bonimenteurs

illustration de Gustave Doré montrant le chat portant botte et chapeau à plume
Le Chat vu par Gustave Doré.

Le Chat est le seul héritage d'un jeune homme pauvre. Il n'hésite pas à mentir au roi, à manipuler l'ogre et à corrompre les paysans pour faciliter l'ascension sociale de son jeune maître, afin de pouvoir lui-même vivre oisivement par la suite. Maria Tatar remarque qu'il n'y a pas grand chose à admirer chez le Chat botté qui menace, triche, trompe, et vole pour aider son maître. Le Chat est vu comme un virtuose de la langue, une créature passée maître dans l'art de la persuasion et de la rhétorique pour obtenir le pouvoir et la fortune<ref name="TatarP234">Modèle:Harvsp</ref>. Le Chat joue ainsi le rôle d'un voleur expérimenté, et Perrault semble avoir été un peu gêné de cette perception du chat, ce qui l'aurait conduit à le dissocier de son maître, bien qu'au final les deux se confondent assez souvent<ref name="Charrière298">Modèle:Harvsp</ref>. Le thème de l'animal ayant recours à la ruse et à la tricherie pour aider son maître se retrouve par ailleurs dans d'autres légendes, telles que celle du pfingst-quack avec sa martre<ref name="Charrière298"/>.

Selon Jack Zipes, le Chat botté est l'incarnation du secrétaire éduqué de la bourgeoisie servant son maître avec dévotion et diligence<ref name="ZipesP25" />. Le Chat fait preuve d'une politesse et de manières suffisantes pour impressionner le roi, possède l'intelligence pour défaire l'ogre et le talent pour arranger un mariage royal en faveur de son maître mal-né. La carrière du Chat botté est couronnée par son titre de « grand seigneur »<ref name="ZipesP26">Modèle:Harvsp</ref> et le conte se termine par une double morale : l'une vantant l'importance du travail et du savoir-faire, l'autre de l'importance de l'apparence et de la jeunesse pour conquérir une princesse<ref name="ZipesP26"/>. Jacques Collin de Plancy voit également dans le Chat un habile courtisan et politique<ref name="Collin67"/>.

Un chat « magique »

Même si aucun pacte diabolique n'est scellé, le Chat peut être considéré comme un chat d'argent (ou matagot), c'est-à-dire selon la légende un chat généralement diabolique, lié à la sorcellerie, et qui apporte des louis d'or<ref name="100chats"/>. Seul héritage du cadet d'une fratrie de trois enfants, le Chat botté apporte en effet gloire et richesse à son maître<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

La sorcellerie est par ailleurs bien présente dans ce conte où le Chat se révèle quelque peu magicien. Une théorie voudrait qu'il soit un thérianthrope ou un sorcier capable de se changer en chat. Son combat contre l'ogre rappelle un duel de magiciens<ref>Modèle:Ouvrage</ref> et la symbolique du chat en fait souvent un animal associé à la magie et au passage entre deux mondes<ref name="DroledeConte"/>.

Collin de Plancy suppose que le Chat botté Modèle:Citation, car le maître du Chat n'est pas du tout surpris d'entendre celui-ci commencer son petit discours<ref name="Collin67"/>.

Un animal-totem

Pierre Saintyves va plus loin et pense que le conte se reporte au temps des cultes d'animaux et au concept d'animal-totem<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Jacques Barchilon et Henry Pettit notent dans l'introduction de Modèle:Langue que le thème principal du Chat botté est celui du donateur et que Modèle:Citation

Cependant, à l'époque où le conte du Chat botté est écrit par Perrault, le chat est largement considéré comme un animal malfaisant, compagnon des sorcières et incarnation du Diable en Europe occidentale. Pierre Saintyves se demande si l'on doit admettre Modèle:Citation. Le culte du chat est attesté en Égypte antique, mais cet animal domestiqué a gagné assez tardivement les foyers d'Europe occidentale. Plus étonnant, ces chats domestiques seraient descendants du chat ganté, qui est un chat Modèle:Citation, précisément honoré par les anciens Égyptiens<ref>Modèle:Harvsp</ref>.

Le Chat botté pourrait aussi être un souvenir de l'animal qui incarnait Modèle:Citation, chat, renard, chacal, chien ou cervidé, qui était parfois traditionnellement sacrifié à la fin des moissons<ref name="Yves481"/>. Ces festivités ont été étudiées par Arnold van Gennep et James George Frazer : la dernière gerbe moissonnée est réunie en bouquet et se voit donner un nom d'animal<ref name="Delcourt245">Modèle:Harvsp</ref>. Cette forme de respect pour le chat se retrouve principalement en Angleterre, où il était considéré comme le protecteur des moissons, chassant les souris, les rats et les lapins ennemis du paysan. Les traités animaliers rappellent ce rôle du chat depuis le Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle<ref name="Delcourt246">Modèle:Harvsp</ref>.

L'Ogre

Illustration de Gustave Doré représentant l'ogre
L'Ogre vu par Gustave Doré.

Modèle:Article connexe L'Ogre occupe une position sociale très élevée et possède d'innombrables richesses. De plus, il a aussi le pouvoir de se transformer, Modèle:Citation. Le personnage de l'Ogre est récurrent dans les contes, tout comme celui du grand méchant loup. Allégorie des dangers auxquels doivent se frotter les hommes qui veulent réussir, il incarne le mal<ref name="Charrière313">Modèle:Harvsp</ref>, la force et la gloutonnerie, mais aussi une certaine stupidité. Cette faiblesse permet aux personnages incarnant la ruse et l'intelligence, tels que le renard, le Petit Poucet ou bien sûr le Chat, de le vaincre facilement en dépit de leur infériorité corporelle évidente. Cette stupidité de l'Ogre participe à l'effet comique du conte, tant Modèle:Citation Le nom d'Modèle:Citation tout comme sa perception ont été largement popularisés par les contes de Perrault<ref name="Charrière162">Modèle:Harvsp</ref>.

Le roi

Le roi se fait offrir du gibier par le Chat de la part du marquis de Carabas durant plusieurs mois, puis passe un jour le long d'un lac avec un attelage, d'où il aperçoit le chat supplier de sauver le marquis qui se noie. Il recueille le jeune homme, lui offre des habits qu'il estime dignes de son rang, le laisse monter dans sa calèche avec lui et continue sa promenade où il rencontre des paysans qui lui affirment que les terres qu'il traverse appartiennent au marquis. Lorsqu'il atteint le château, l'ogre est déjà vaincu et le chat l'accueille dans Modèle:Citation. Il offre alors la main de sa fille au fils du meunier.

Pour Bruno Bettelheim, le personnage du roi symbolise le bon père, celui qui donne pour héritage Modèle:Citation et non pas un petit chat<ref name="Psycha"/>.

La princesse

Illustration de la princesse par Walter Crane.
La princesse vue par Walter Crane.

La princesse n'a pas un grand rôle dans le conte, puisqu'elle est totalement passive et tombe amoureuse du fils du meunier (qui lui est présenté comme le Modèle:Citation) dès qu'elle le voit. Un portrait composite des héroïnes de Perrault révèle que la femme idéale de la haute société selon l'auteur est gracieuse, belle, polie, diligente, d'apparence soignée, réservée, patiente et relativement stupide, puisque pour Perrault une femme intelligente serait sinistre. De plus, l'héroïne de Perrault attend que l'Modèle:Citation vienne, reconnaisse ses vertus et l'épouse. Il agit, elle attend. Les héroïnes du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle peuvent ainsi être résumées à cette caractéristique unique : la soumission<ref name="ZipesP25">Modèle:Harvsp</ref>.

Les thèmes

Les thèmes présents dans Le Chat botté semblent relever d'une vieille tradition populaire, Modèle:Citation, mais leurs interprétations sont multiples et leur origine peut être vue comme indo-européenne, africaine, ou même indienne.

La confection des bottes

Le chat enfile les bottes offertes par son maître.
Der gestiefelte Kater. Le fils du meunier offre une paire de bottes au chat, illustration de Carl Offterdinger à la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle.

Jacques Barchilon et Henry Pettit remarquent que le conte est original de par son titre, car aucun titre avant celui de Perrault ne parlait d'un chat portant des bottes<ref name="Barchilon"/>. Charles Deulin n'a trouvé que deux assertions à un chat portant des bottes dans les contes d'autres pays<ref name="deulin" />. Selon Iona et Peter Opie, les bottes du chat sont un passage vestigial superflu à l'intrigue, et probablement issu de la version populaire du conte. L'insistance du Chat pour porter des bottes n'est pas expliquée dans le conte, ni développée plus tard, hormis dans un unique aparté<ref name="OpieP22"/>. Cependant, pour Thierry Delcourt, ces bottes sont une invention directe de Perrault<ref name="Delcourt237"/>. Elles ont pour fonction, tout comme les bottes de sept lieues, de Modèle:Citation<ref name="Charrière298"/>.

À un moment du récit, le Chat est effrayé par l'ogre qui a pris la forme d'un lion, et gagne difficilement le toit du château Modèle:Citation. La mention des bottes apporte ici une touche de réalisme et de vraisemblance à un récit autrement purement merveilleux, et on retrouve la même technique dans le Petit Poucet où les bottes de sept lieues Modèle:Citation<ref name="Perrin"/>. Une hypothèse serait que ces bottes permettent au chat de se déplacer plus rapidement. Il existe une curieuse proximité étymologique entre l'ancien nom de la botte (ocrea, qui a donné ocreis) et celui de l'ogre (ocris). Ils partagent probablement la même racine indo-européenne : oku, signifiant Modèle:Citation, d'où le rapport étroit entre l'ogre, les bottes, et la notion de rapidité<ref name="Charrière165">Modèle:Harvsp</ref>. Par ailleurs, il semblerait que le conte fasse l'apologie de l'utilisation des bottes pour les longs voyages. Or, le port de bottes se rattachait à la mode gauloise, par opposition aux Romains qui se chaussaient de sandales<ref name="Charrière166">Modèle:Harvsp</ref>.

Bruno Bettelheim analyse le thème des bottes différemment, pour lui, la confection des bottes revêt un symbolisme sexuel signifiant la conjuration d'une castration. Le fils benjamin du meunier est d'abord féminisé par son père qui ne lui a légué qu'un petit chat. Dès qu’il lui confectionne des bottes (dont l'interprétation serait la possibilité d'avoir des érections), il est Modèle:Citation<ref name="Psycha"/>.

Le thème des chausses magiques se retrouve dans deux autres contes de Perrault : Le Petit Poucet (avec les bottes de sept lieues), et Cendrillon (avec les pantoufles de verre). On trouve ce thème dès la mythologie grecque, avec les chaussures ailées d'Hermès ou encore les sandales de Persée.

Plongée dans le lac

Le fait que le chat demande au fils du meunier d'entrer dans l'eau a également son importance et fait l'objet de diverses analyses. Selon Bruno Bettelheim, cette plongée d'un jeune homme, nu, dans les eaux d'un lac, symboliserait une régression jusqu’au niveau utérin, dans l’eau de la mère. Seule cette plongée le rendrait capable d'affronter l'agressivité de l'Ogre, vu comme le père castrateur<ref name="Psycha"/>. Pierre Saintyves note qu'une investiture royale s'accompagne d'une ablution rituelle dans un but purificateur, et que ce motif se retrouve une fois encore dans de nombreux autres contes<ref name="Saintyves492"/>. De plus, l'eau a un pouvoir rénovateur, comme l'avait déjà remarqué Gaston Bachelard, d'où sans doute le conseil du Chat à son jeune maître<ref>Modèle:Harvsp</ref>.

Anatole France dit, non sans humour, qu'on a même pu voir dans le marquis de Carabas un mythe solaire : Modèle:Citation. De plus, il sort de l'eau pour se revêtir d'habits royaux, et ce symbole peut représenter le lever du soleil<ref name="France">Modèle:Harvsp</ref>.

Lutte contre l'ogre

Illustration de Walter Crane montrant la rencontre du chat et de l'ogre
Le Chat rencontre l'ogre, illustration de Walter Crane.

Selon Thierry Delcourt, l'épisode de la métamorphose de l'ogre qui devient proie du chat grâce à sa ruse est une trouvaille de Perrault issue de contes oraux populaires tels que Le magicien et son élève ou Le Diable dans une bouteille<ref name="Delcourt237"/>. Ce qui n'empêche pas de trouver plusieurs points communs entre cet épisode et des motifs plus anciens, puisque Pierre Saintyves note pour origine possible de nombreux récits qui racontent le combat d'un animal incarnant les forces solaires contre un dragon. Ce thème se trouve déjà en Grèce antique, lors des Stepteria, où un jeune et bel adolescent, incarnation d'Apollon, mettait le feu à une cabane symbolisant le repaire du dragon<ref name="Yves481">Modèle:Harvsp</ref>. Il existe diverses variantes de cette lutte, notamment en Russie où un renard effraie un roi-serpent qui habite un château en lui disant que le Feu et l'Éclair vont lui rendre visite : ce dernier se réfugie dans le tronc d'un chêne que le renard enflamme, tuant ainsi le serpent. Comme dans le conte de Perrault, le dragon ou le serpent peut également être un ogre, et ce thème se retrouve dans de multiples variantes avec pour constante la victoire d'un animal solaire<ref name="Yves482">Modèle:Harvsp</ref>. En Égypte antique, c'est le chat qui vainc le serpent, incarnation du mal, tandis qu'en France ce rôle est plutôt dévolu au cerf<ref name="Yves484">Modèle:Harvsp</ref>. Le conte danois le Palais aux piliers d’or présente de nombreux parallèles avec le Chat botté : un beau château y est gardé par un troll monstrueux, sorte d'équivalent danois de l'ogre. Le troll est vaincu grâce à la ruse d'un chat qui lui dit de regarder une belle fille chevauchant dans le ciel, le troll tombe à la renverse et éclate en morceaux en voyant le soleil<ref name="Saintyves485"/>. Ces légendes où un animal solaire défait un monstre métamorphe pourraient aussi puiser leur origine dans une ancienne liturgie, car les rois étaient jadis souvent associés à un animal gardien, le plus souvent un animal puissant tel que le lion, l'ours ou l'éléphant<ref name="Saintyves490"/>.

Selon une étude du paganisme indo-européen par Jérémie Benoît fondée sur les travaux de Georges Dumézil, l'ogre du conte représente Modèle:Citation. En effet, le bestiaire du folklore populaire pan indo-européen abonde de créatures telles que les dragons, les géants, les fées et les lutins, qui symbolisent des forces naturelles non maîtrisées par l'homme, lequel doit généralement les combattre, les éviter ou les amadouer afin de s'approprier leur domaine. Une telle quête ne peut toutefois être accomplie que par un guerrier exceptionnel, c'est-à-dire un héros<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Dans le conte de Perrault, le héros supplante l'ogre Modèle:Citation par l'intermédiaire de son chat, ce qui lui permet de devenir souverain de ses terres<ref>Modèle:Harvsp</ref>.

Jacques Collin de Plancy pense que Perrault a pu s'inspirer des bavardages contemporains de son époque pour l'épisode de la liste des biens du marquis de Carabas, lorsque le chat rencontre les faucheurs et les laboureurs<ref name="Collin67">Modèle:Harvsp</ref>. Charles Giraud abonde dans le même sens, arguant que l'énumération des biens du marquis rappelle irrésistiblement les échanges entre madame de Sévigné et madame de Louvois devisant de leurs biens respectifs. Toutefois, ce genre d'énumération était depuis longtemps fréquent dans les contes populaires<ref>Modèle:Harvsp</ref>. Il rapporte également que certains doctes ont vu dans la prise du château de l'ogre une référence à Modèle:Citation, le Chat serait alors une projection de cette femme<ref name="Collin67"/>.

Investiture royale

Illustration de Walter Crane montrant le roi qui offre des habits royaux au fils du meunier
Le roi fait don d'habits royaux au marquis de Carabas. Illustration de Walter Crane.

Une autre particularité du conte de Perrault réside dans le fait que le Chat et son maître peuvent prendre possession des biens de l'ogre sans crainte d'une réaction, qu'elle soit divine, légale ou politique<ref name="Charrière310">Modèle:Harvsp</ref>. Pierre Saintyves l'a étudié en 1923 et y note la présence de motifs indo-européens et africains très anciens<ref name=Benoit80/>, dont celui de l'investiture royale. Ainsi, pour lui, Modèle:Citation. En effet, le fils du meunier acquiert un nom noble Modèle:Citation, puis des habits royaux, puis une promesse de mariage royal et, pour finir, il est couronné et prend ses fonctions de roi<ref name=Benoit80/>,<ref name="Saintyves485">Modèle:Harvsp</ref>. De tous temps, lorsqu'une personne accédait à cette fonction, elle changeait de nom et jusqu'à l'époque moderne, lorsqu'un roi gouverne, c'est rarement sous son vrai nom. Ce changement de nom est également lié au mariage, où l'épouse prend également un nom nouveau<ref name="Saintyves490"/>. Ce thème se retrouve dans quasiment tous les contes avec des animaux donateurs et jusque dans les autres contes mettant en scène un chat, le pauvre Pippo devenant Gagliuso et Constantin devenant Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp</ref>.

L'animal tient alors un rôle d'ambassadeur, de héraut et de champion du roi, dont il n'est finalement qu'une extension des pouvoirs. Ce dernier lui doit par ailleurs reconnaissance, dans son propre intérêt et celui du peuple<ref group="Note">Voir la partie sur le culte des animaux.</ref>. Pierre Saintyves en conclut que le Chat botté Modèle:Citation. Pour le peuple, le roi se confondait parfois avec son animal gardien dans un rôle de bienfaiteur, et ce dernier était considéré comme le garant de la prospérité du pays, du peuple, voire du roi lui-même<ref name="Saintyves490">Modèle:Harvsp</ref>. Des liens étroits sont en effet mis en avant entre le roi et son animal dans les contes, et quelquefois, la condition même de royauté dépend de l'animal : dans un conte nubien, le renard qui a aidé un pauvre jeune homme à devenir sultan affronte l'ingratitude de ce dernier et s'enfuit, le sultan finissant par retourner à sa condition primitive. De plus, le peuple peut prendre le relais et honorer l'animal floué par le roi récemment investi. Dans ce cas, les morales des contes s'expliquent par les strictes obligations du roi envers l'animal ou la bête protectrice de sa tribu<ref name="Saintyves497">Modèle:Harvsp</ref>.

Ce thème peut être mis en relation avec le système tripartite indo-européen, où le roi doit incarner et transcender les trois fonctions : sacerdotale, guerrière et productive. Or, ces fonctions sont présentes dans le Chat botté à travers le mariage royal, le combat contre l'ogre et la scène des moissonneurs. Une analyse veut que le fils du meunier supplante le roi dont il épouse la fille puisque ce dernier est incapable d'assumer la fonction productive : ses terres sont sous l'emprise des forces chaotiques de la nature symbolisées par l'ogre<ref name=Benoit80>Modèle:Harvsp</ref>.

Aspect initiatique

Armand Langlois voit le conte comme un récit initiatique et philosophique, où le chat serait la force vive que le meunier aurait héritée de son père, cette force lui permettant de se réaliser. Le Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle mystique et cherchant à digérer les débordements de la Renaissance rend cette hypothèse acceptable. Le Chat botté aurait été réécrit par Perrault dans un but d'éducation, mais aussi par le biais du message codé. Chaque action du chat ou du meunier semble être une étape vers la réalisation de soi, vers la perfection et la vérité universelle, et vers la connaissance. Cette force vive est activée par la confection de bottes, puis la fausse mort avec la scène de la noyade, puis la purification et la renaissance via le don d'habits royaux, puis par la lutte contre les forces obscures du microcosme et du macrocosme dans le combat contre l'ogre (qui rappelle un combat alchimique). Toutes ces actions sont dans la logique d'un parcours initiatique<ref name="DroledeConte"/>.

Les morales

Modèle:Article connexe Charles Perrault a revu tous les contes populaires qu'il a collectés en leur insufflant une morale, et comme beaucoup de récits et d'œuvres d'art de cette époque, ils possèdent une seconde approche plus symbolique. Toutefois, la morale et la symbolique du Chat botté sont ambiguës et ont donné lieu à bien des interprétations. Emmanuel Cosquin voyait en 1895 dans la morale du Chat botté un thème indien, celui de la reconnaissance des animaux opposée à l'ingratitude des hommes, à mettre en relation avec d'autres contes similaires où l'animal donateur est mal récompensé, et que l'on trouve aussi bien dans le Caucase, chez les Swahilis, en Nubie ou en Italie<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Pierre Saintyves réfute toutefois cette hypothèse au regard de nouvelles découvertes sur les contes<ref name="Saintyves496">Modèle:Harvsp</ref>.

Maria Tatar pense que les morales introduites par Perrault sont étranges au vu de la narration, ou hors sujet. La première morale explique au lecteur que le travail et l'ingéniosité sont préférables à la fortune obtenue dès la naissance, mais elle est démentie par le fait que le fils du meunier n'ait jamais travaillé ni utilisé son talent pour obtenir la main de la princesse. La seconde morale souligne la vulnérabilité des femmes aux apparences : de beaux vêtements et un visage plaisant sont suffisants pour gagner leur cœur<ref name="TatarP235"/>. Les moralités sont souvent absentes des éditions modernes. Une théorie serait que ces moralités ajoutées à la première version du conte soient un jeu de lecture lettrée. Le Chat botté figurerait alors la rivalité de deux conteurs : le Chat menteur et le narrateur<ref name="Perrin"/>.

Adaptations

Les contes de Perrault ont été adaptés maintes fois, sur de nombreux médias différents au cours des siècles.

Arts graphiques et imagerie

Tous les contes de Perrault ont donné naissance à une abondante imagerie dès 1790, mais c'est surtout au milieu du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle que le genre se développe, et tous les centres imagiers français exploitent alors les contes de Perrault qui leur assurent toujours un grand succès. Au cours du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, de nombreuses lithographies inspirées des Contes de ma mère l'Oye paraissent. Ces compositions littéraires et artistiques, souvent décriées par les chercheurs car ne respectant pas le texte de Perrault, témoignent du succès des contes et notamment du Chat botté, quoique moins représenté que Cendrillon ou le Petit Chaperon rouge. Des gravures et histoires mettant en scène l'ensemble des personnages des contes de Perrault mêlent le Chat botté avec le petit chaperon rouge ou l'Oiseau bleu<ref name="Renonciat"/>,<ref group="Note">Voir une de ces images sur Gallica : Les personnages célèbres de l'imagerie.</ref>. Les diverses éditions du Chat botté ont en outre inspiré de célèbres dessinateurs spécialisés dans les contes, notamment le Français Gustave Doré et l'Anglais Walter Crane (qui représente le Chat de couleur noire) ou encore l'Allemand Carl Offterdinger, mais aussi des peintres.

Fichier:Chat horloger.jpg
Chat botté horloger Assemblage de Janie Langlois (1999).

Arts plastiques

Sculpture située à Berlin représentant le chat botté et son maître
Modèle:Citation étrangère, sculpture d'Ignatius Taschner dans le parc de Friedrichshain à Berlin.

Une statue de marbre dédiée à Charles Perrault au Jardins des Tuileries par Gabriel Edouard Baptiste Pech (1908), représente un groupe de danseurs accompagné d'un chat botté.

À Berlin, une sculpture d'Ignatius Taschner représentant le chat botté et le marquis de Carabas figure parmi celles qui ornent la Fontaines des contes dans le parc de Friedrichshain.

À la fin du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, Janie Langlois et Armand Langlois ont créé plusieurs œuvres d'assemblage et de luxueuses marionnettes à fils pour Venise et New York sur le thème du Chat botté<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Lien web</ref>. Plusieurs de ces œuvres sont la propriété du château de Breteuil.

Robert Tatin a représenté Leonor Fini sous la forme d'un chat botté.

Un chat botté en résine de polyester est sculpté par Stéphane Deleurence pour la ville de Villeneuve d'Ascq en 1983.

Chansons populaires

En 1811, le marquis de Carabas était le héros d'une chanson célèbre de Modèle:M.. Un pot-pourri du Chat botté en 24 couplets est attesté en 1862<ref name="Renonciat"/>.

Spectacle vivant

Scène de l'opéra de Tchaïkovski où apparaît le chat botté
Le Chat botté (à droite) dans La Belle au bois dormant de Tchaïkovski.

Les adaptations théâtrales des contes de Perrault sont nombreuses, en particulier au cours du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle. Le respect de l'œuvre originale est souvent très approximatif, le but étant surtout d'en faire un spectacle visuel<ref name="Renonciat"/>. La pièce Le Marquis de Carabas, ou le Chat Botté, féerie en deux actes de Modèle:MM. et Simonnin, était représentée à la Gaîté au début d{par une petite fille. Un Chat Botté fut également joué au Vaudeville, et au petit théâtre de Modèle:M.<ref name="Collin67"/>. Des scènes de théâtre de papier sont développées sur le thème du Chat botté, notamment par le centre imagier d'Épinal<ref name="Renonciat"/>.

Le Chat botté apparaît avec le Chat Blanc dans le troisième acte de La belle au bois dormant de Tchaïkovsky, « Pas de caractère »<ref>Modèle:Article</ref>. Sans être le personnage principal de l'histoire, le Chat figure dans la comédie musicale de Chantal Goya, La Planète merveilleuse, en 1982.

Xavier Montsalvatge a composé en 1947 un opéra en un acte et cinq scènes Modèle:Lien sur un livret de Néstor Luján.

Adaptation lyrique en 2010 Compagnie Lyrique les Monts du Reuil, Le chat botté, conte de Charles Perrault, musique de Mouret, Jean Barrière, Pancrace Royer, Duny, Jean-Louis Laruette, représenté à l'Opéra de Reims, Opéra-théâtre de Metz, Opéra de Tours.

Littérature

Ludwig Tieck publia, dans le même ouvrage que Barbe-Bleue, une satire dramatique du conte<ref name="PaulinP65">Modèle:Harvsp</ref>, sous le titre Modèle:Langue<ref>Ludwig Tieck, Der gestiefelte Kater, Kindermärchen in drei Akten, mit Zwischenspielen, einem Prologe und Epiloge, Berlin, Nicolaï, 1797, traduit en français, préfacé et annoté par Nicolas Waquet sous le titre Le Chat botté. Conte pour enfants en trois actes avec entractes, prologue et épilogue, Paris, Rivages poches, coll. « Petite bibliothèque », n° 754, 2012, 140 p. Modèle:ISBN</ref>. Beaucoup plus récemment, un détournement du conte original figure dans le recueil des Comptines assassines de Pierre Dubois. Le Chat botté y est un tueur en série qui assassine des handicapés, et décide un jour de partir pour Lourdes<ref name="Comptines">Modèle:Ouvrage</ref>. Le personnage du marquis de Carabas est également repris dans le roman fantastique Neverwhere de Neil Gaiman ; il y est Noir, ambigu et manipulateur. Une version revisitée du conte original est parue en 2020, Le Marquis de Carabas et son chat botté de Olin Torvingen <ref name="Le Marquis de Carabas et son chat botté">Modèle:Ouvrage</ref>; dans cette version, le Marquis est une femme essayant de se libérer de sa condition. Le chat, quant à lui, est manipulateur et misogyne.

Cinéma et télévision

Au cinéma, Lucien Nonguet réalise dès 1903 le film muet Le Chat botté. En 1918, sort Le Chat botté de John W. Brunius. Walt Disney produit Puss in Boots, un court métrage en noir et blanc de 1922<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Lien web</ref>. Le Chat botté (Modèle:Lang-ja Nagagutsu o haita Neko) est une adaptation en film d'animation par le réalisateur japonais Kimio Yabuki en 1969. Le conte a été adapté dans un épisode de la série d'animation Simsala Grimm<ref>Modèle:Lien web</ref>,<ref>Modèle:Lien web</ref>. Les films d'animation Shrek 2, Shrek le troisième et Shrek 4, ainsi qu'un film homonyme, mettent en scène le personnage du Chat potté, dont le nom est lié à un problème de traduction : le chat signant un « P » à la pointe de son épée, P comme Modèle:Langue (Chat botté en anglais). Pour respecter ces initiales, les traducteurs ont dû faire une entorse au nom du chat dans la version française<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Modèle:Lien web</ref>. En 2009, La Véritable Histoire du chat botté est un film d'animation réalisé par Jérôme Deschamps, Pascal Hérold et Macha Makeïeff et adapté en bande-dessinée.

En 2009 dans un épisode de la série allemande Six en Une Fois (Sechs auf einen Streich) ou Les contes de Grimm : dans ce téléfilm le chat se nomme Minouche et a le pouvoir de prendre l'apparence humaine ; il est interprété par l acteur Roman Knizka.

Sans être véritablement le sujet principal de l'histoire, le Chat botté fait une apparition dans un épisode télévisé du Faerie Tale Theatre avec Ben Vereen et Gregory Hines dans les Modèle:Nobr<ref name="ZipesP102">Modèle:Harvsp</ref> ou encore dans le quatrième épisode du jeu vidéo téléchargeable nommé American McGee's Grimm d'American McGee en 2008.

Bande dessinée

Plusieurs adaptations directes en bande dessinée ont été réalisées, notamment par Dino Battaglia en 1975<ref>Modèle:Lien web.</ref> ou Jean-Luc Loyer en 2003<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

D'autres œuvres sont inspirées du conte telles Les Nouvelles Aventures du Chat botté de Nancy Peña (2006-2012, 6 Pieds sous terre), La Véritable Histoire du Chat botté de Tarek et Aurélien Morinière (2009, EP Jeunesse), La Prophétie du Chat botté de Ced (2009, Makaka) ou Robilar de David Chauvel et Sylvain Guinebaud (2020, Delcourt). Le Chat botté est par ailleurs un personnage secondaire de la série Garulfo d'Alain Ayroles et Bruno Maïorana (1995-2002, Delcourt).

Annexes

Modèle:Autres projets

Articles connexes

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Liens externes

Notes et références

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Notes

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Références

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Bibliographie

Études en français

Études en anglais

Études en allemand

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