Philippe Lamour
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Philippe Lamour, né en 1903 à Landrecies dans le département du Nord en France et mort en 1992 à Bellegarde dans le département du Gard, est un avocat et haut fonctionnaire français. Convaincu des vertus de l’économie dirigée, et adepte fervent de la planification, il trouve dans le plan Marshall et la reconstruction de l’Europe dévastée par la guerre, un terrain d’élection pour la mise en pratique de ses convictions. Il intègre l’équipe de Jean Monnet, « le père de l’Europe », qui s’illustrera pendant les Trente Glorieuses. Il effectue dans ce contexte une mission d’études aux États-Unis, auprès de la Tennessee Valley Authority qui servira de modèle à son grand œuvre : la mise en irrigation par une prise au Rhône d’une partie du Languedoc, sous l’égide de la Compagnie d'aménagement du Bas-Rhône et du Languedoc. Il est considéré comme le père de l'aménagement du territoire en France<ref>C'est le titre de sa biographie : Jean-Robert Pitte Philippe Lamour. 1903-1992. Père de l’aménagement de l’espace et du territoire en France, Fayard (2002).</ref>.
Biographie
Son père exploite une brasserie artisanale dans le Nord. Sa mère, dont il ne garde qu'un souvenir éthéré, quitte le foyer familial alors qu'il est tout jeune. Philippe Lamour a deux frères. Après avoir fréquenté l'école communale, il entre à l'âge de sept ans dans un pensionnat en Belgique tenu par des frères des écoles chrétiennes français. Au début de la Première Guerre mondiale, pour fuir le théâtre des combats, il part vivre avec son père et ses deux frères à Paris. Son père est embauché à la préfecture de Paris de la Seine comme auxiliaire où il s'occupe des bons de rationnement.
À quinze ans, il passe son premier baccalauréat et a une liaison avec une femme mariée<ref>Philippe Lamour, Le Cadran Solaire, Robert Laffont, 1980</ref>. Après l'obtention du deuxième bac, en philosophie, il fait des études de droit et se lie d'amitié avec un autre étudiant en droit : André Philip<ref>Philippe Lamour, Le Cadran Solaire, Robert Laffont, 1980, p. 61-62</ref>. En 1923, après avoir fait son service militaire, écourté pour raison médicale (mauvais état du tympan gauche), il prête le serment d'avocat<ref>Philippe Lamour, Le Cadran Solaire, Robert Laffont, 1980, p. 82-83</ref> et est alors le plus jeune avocat de France<ref>Biographie de Philippe Lamour, Christian Grossan, site ceillac.com.</ref>,<ref>Philippe Lamour, un landrecien hors du commun, Biographie de Philippe Lamour sur le blog de Jean-Marie Allain, 03 mars 2010.</ref>,<ref>Philippe Lamour, l'homme aux multiples visages, Hélène Chaubin, Biographie de Philippe Lamour sur le site de la revue d'histoire Arkheia.</ref>.
En 1925, lisant Le Nouveau Siècle, il y découvre une doctrine politique qui lui convient, celle, selon lui, Modèle:Citation<ref>Philippe Lamour, Le Cadran Solaire, Robert Laffont, 1980, p. 95 : Modèle:Citation</ref>, il s'engage alors dans Le Faisceau de Georges Valois et Jacques Arthuys, premier parti fasciste organisé en France qui se revendique à la fois antiparlementaire et socialiste révolutionnaire et où il côtoie des hommes issus aussi bien de la gauche que de la droite. Il assure le secrétariat du Nouveau Siècle dirigé par Jacques Rougeon<ref>Philippe Lamour, Le Cadran Solaire, Robert Laffont, 1980, p. 97 : Modèle:Citation</ref>.
En 1926, il publie La République des producteurs et y affirme son antiparlementarisme et son régionalisme en prônant un État fort mais dont le pouvoir serait confié à ceux qui travaillent et produisent. Après l'éclatement du Faisceau en 1928, il refuse de suivre Valois et Arthuys au Parti républicain syndicaliste. Il adhère au Parti fasciste révolutionnaire, groupuscule composé d'anciens membres du Faisceau restés fidèles à l'Italie fasciste animé par le docteur Pierre Winter, et devient secrétaire de l'organisation. Il fait traduire Mein Kampf dans le but d’informer les Français sur la menace que constitue le nazisme, Adolf Hitler intente alors un procès pour contrefaçon, le tribunal lui accorde un franc de dommages et intérêts<ref>Philippe Lamour, Le Cadran Solaire, Robert Laffont, 1980, p. 170 : "Nous avions fait traduire et publier Mein Kampf par les Nouvelles éditions latines. Hitler eut le front de le faire poursuivre pour contrefaçon et de demander la mise au pilon de l'ouvrage… Le tribunal considéra qu'il n'y avait pas lieu à la destruction de l'ouvrage que tous les Français avaient intérêt à connaître et accorda à l'auteur un franc de dommages et intérêts"</ref>.
Il fonde la revue d'avant-garde Plans en 1930, avec des intellectuels comme Le Corbusier ou Fernand Léger. Il élabore une théorie politique appelée planisme, qui influence la Quatrième République ainsi que la cinquième, où il défend le modernisme et prône dès 1931 une politique énergique et belliqueuse contre l'hitlérisme<ref>Voir à cet égard l'article au vitriol contre Hitler: A. Dami Hitler Plan 4 février 1931 ou le numéro spécial de Plan La guerre est possible de Juin 1931</ref>.
En 1936, lors de la campagne pour les élections législatives, où il est candidat radical non élu, il réitère ses attaques contre le parlementarisme et le suffrage universel et se prononce pour « un fascisme intégral : social, économique, policier et judiciaire »<ref>Le Journal de Rouen, 2 avril 1936</ref>.
En 1938, il est l'un des rares à condamner les accords de Munich, ayant dans ses Mémoires des mots très durs envers Georges Bonnet et Édouard Daladier : Modèle:Citation<ref>Philippe Lamour, Le Cadran Solaire, Robert Laffont, 1980, p. 169</ref>. Il fonde alors avec Jacques Soustelle et Bertrand de Jouvenel une publication antimunichoise : Les Volontaires.
Engagé volontaire en 1940, après l'armistice du 22 juin 1940, écœuré par les hommes politiques et la défaite, il se désintéresse de la politique et décide de quitter Paris et de s'installer à la campagne avec sa famille, pour devenir agriculteur, prenant en location une métairie délabrée laissée à l'abandon depuis plusieurs années, dépendant du château de la Fauconnière à Gannat, qu'il quitte ensuite pour acquérir le mas Saint-Louis, au lieu-dit La Perdrix, commune de Bellegarde (Gard)<ref>Philippe Lamour, Le Cadran Solaire, Robert Laffont, 1980, p. 216</ref>. Il devient aussi président de la chambre d'agriculture du GardModèle:Quand
Il critique vivement l'attitude des autorités pendant la guerre et dénonce le régime de Vichy qui en est la cause. À la suite de la parution de Bagatelles pour un massacre, il s'attaque également à l'antisémitisme viscéral de Louis-Ferdinand Céline dans un article publié dans le journal Le Droit de vivre daté du Modèle:Date- : Modèle:Citation<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.
Après la Libération, il s'engage « au service du redressement de la France » : il devient l'adjoint de Jacques Bounin, commissaire de la République à Montpellier. Il est élu secrétaire général de la Confédération générale de l'agriculture et participe à la création de la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles). Il entre au Conseil national du Crédit et à l'Organisation des Nations unies pour l'Agriculture. Ces expériences (notamment en Italie) lui inspirent un grand projet de développement économique et il participe à la renaissance de la Camargue par la riziculture.
En 1945, il participe à la création de la Fédération nationale des Vins de Délimités de Qualité Supérieure (VDQS) dont il est élu président et il est ensuite nommé membre du Conseil économique et social, ainsi que du Conseil supérieur de la productivité<ref>Modèle:Article</ref>.
En 1955, Philippe Lamour est le créateur et le premier président de la Compagnie nationale d'aménagement du Bas-Rhône et du Languedoc où il entreprend une œuvre d'envergure dans le domaine de l'irrigation. Le canal du Bas-Rhône Languedoc, amenant l'eau du Rhône vers le sud du département du Gard et l'est du département de l'Hérault depuis les années 1960, sera rebaptisé « canal Philippe-Lamour » en mémoire de son œuvre.
C'est à la suite d'un projet élaboré par lui en 1962, alors qu'il présidait le Conseil supérieur de la Construction qu'est engagée la politique d'aménagement du territoire de la {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | Ve{{#if:| }} }} République. À la présidence de la Commission nationale de l'aménagement du territoire, il joue un rôle déterminant dans la mise en œuvre du plan d'aménagement du territoire de 1962 et dans la création de la DATAR en 1963. En 1965 il est élu maire de la commune de Ceillac, Hautes-Alpes. Philippe Lamour dirige à la télévision une émission sur l'aménagement du territoire intitulée 60 millions de Français. C'est sous le même titre qu'il publie en 1967 un livre retraçant cette vaste expérience. Il reste à la DATAR jusqu'en 1974. Hors de France, il est consultant du Fonds spécial des Nations unies pour les pays d'Afrique et d'Amérique du Sud, et la Compagnie du Bas-Rhône s'est vu confier des travaux à l'étranger, notamment en Algérie et en Roumanie.
Il est un proche d'Hubert Sendra, président du crédit agricole du Gard. Philippe Lamour fut le premier président de la Fondation du Crédit agricole - Pays de France, auquel participaient Michèle Puybasset, Max Querrien, Jacques Pélissier, Jacques Rigaud et Jean Fourastié.
En 1980, il prédit dans ses Mémoires, Le Cadran solaire, la disparition de la civilisation occidentales, remplacée par des populations venues du Tiers monde : Modèle:Citation bloc
Son nom a été donné à une école maternelle à Bellegarde, un collège à La Grande-Motte et à un lycée à Nîmes.
Postérité
Marié, divorcé, remarié, il est le père de six enfants : Sylvie et Noëlle, issues de son premier mariage<ref>Le Cadran Solaire, Robert Laffont, 1980, p. 100 : Modèle:Citation</ref>, Jean-Philippe, Marianne, la réalisatrice Marianne Lamour et la journaliste Catherine Lamour<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>, issus de son second mariage.
Ouvrages
- La République des producteurs 1926,
- Entretiens sous la Tour Eiffel 1929 (Renaissance du Livre),
- L'affaire Seznec 1931 (Éditions de la Province),
- Un dur avec André Cayatte 1934 (Nouvelles Éditions Latines),
- L'affaire Peyrières avec André Cayatte 1934 (Nouvelles Éditions Latines),
- Un monstre avec André Cayatte 1935 (Nouvelles Éditions Latines),
- La peau des autres 1936 (Baudinière),
- 60 millions de français 1967 (Buchet/Chastel),
- Prendre le temps de vivre avec Jacques de Chalendar 1974 (Le Seuil),
- L'écologie, oui, les écologistes, non 1978 (Plon),
- Le cadran solaire, 1979 (Robert Laffont),
- Les quatre vérités, 1981 (Robert Laffont) .
Notes et références
Annexes
Bibliographie
- Philippe Lamour. Le cadran solaire. Le Pays réel, Max Chaleil, Presses du Languedoc, 1991.
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- Philippe Lamour. 1903-1992. Père de l'aménagement de l'espace et du territoire en France. Jean-Robert Pitte. Fayard, 2002.
- Les Non-conformistes des années 30. Une tentative de renouvellement de la pensée politique française, Jean-Louis Loubet del Bayle, Éditions du Seuil, 1969, réédition complétée en édition de poche (Point-Seuil) en 2001.
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