Capitelle

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Une capitelle (en languedocien capitèlo)<ref>Dans son Dictionnaire occitan-français d'après les parlers languedociens (nouvelle édition, Toulouse, Institut d'études occitanes, 1977), Louis Alibert donne capitèla, Modèle:P..</ref> est une cabane en pierre sèche, c’est-à-dire sans mortier, servant autrefois d'abri temporaire à de petits propriétaires, à leurs outils et à leurs produits agricoles dans les anciennes garrigues des villes du département du Gard. Cette appellation vernaculaire, à l'origine strictement nîmoise, a été reprise, dans le courant du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, par des érudits étudiant de semblables constructions dans les départements voisins.

Fichier:Capitelle gard2.jpg
Capitelle à Aubais, Gard. La tourelle pleine n'a qu'une fonction de signalement.

Origines du terme

Au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, Pierre Augustin Boissier de Sauvages dans son Dictionnaire languedocien-françois donne l'orthographe languedocienne et la définition suivante :
Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp</ref>

Au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, Frédéric Mistral dans son dictionnaire provençal-français, Lou Trésor dou Félibrige donne l'orthographe provençale et la définition suivante :
Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp</ref>

À la même époque, Maximin d'Hombres et Gratien Charvet dans leur Dictionnaire languedocien-français donnent l'orthographe languedocienne et la définition suivante :
Modèle:Citation<ref>Modèle:Harvsp</ref>

Pour les historiens, le terme désigne une cabane de vigne édifiée par un membre du petit peuple des villes gardoises dans une parcelle conquise sur la garrigue péri-urbaine, aux Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle et Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècles. Il figure dans des documents d'archives aux {{#switch: e

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}}

}}<ref>Cf Christian Lassure et Dominique Repérant, Cabanes en pierre sèche de France, Edisud, 2004.</ref> :

  • Testament de Guillaume Amalric, « laboureur » à Moussac (Uzège), datant de 1630 (sous le règne de Louis XIII) : il y est question d'une « cappitelle ».
  • Récit de l'arrestation par Jacques Durinam, lieutenant de compagnie, de religionnaires réunis pour une assemblée du Désert dans une vigne du côté du chemin d'Allais (Alès) en 1686 : il y est fait état d'une « caverne bastie à pierre sèche, vulgairement appelée capitelle ».
  • Jugement rendu le Modèle:Date- par Louis de Bernage, intendant de la Province du Languedoc, toujours en rapport avec une assemblée du Désert : il y est fait mention d'« une Hute battie à pierre seiche, appelée vulgairement Capitelle ».
  • Description (dessins à l'appui) par Novy de Caveyrac en 1743, d'une assemblée du Désert se tenant dans une « capitelle » à la métairie du four Bourrely, chemin de l'Alouette à Nîmes.
  • Compoix (graphiques) de Nîmes établis entre 1773 et 1786 relevant 600 capitelles situées entre les routes d'Avignon, d'Uzès et d'Alès : les édifices sont figurés en élévation. Il y est question des « Capitelles de Deylaud »; sur le plan No 29, un édifice arbore même la mention « capitèle ».

Évolution terminologique

Modèle:Article détaillé

Aujourd'hui, le terme « capitelle » a gagné l'ensemble du Gard alors que dans certains secteurs le terme local est tout simplement cabane , ainsi dans le Sommiérois, le Vaunage, l'Uzège, le massif des gorges du Gardon<ref name="termescabanes">Terminologie des cabanes en pierre sèche, pierreseche.com.</ref>. À Villevieille, Françoise Bornet note l'emploi de « cabane »<ref name="FrancoiseBornet">Françoise Bornet, Les cabanes de Villevieille, 101 capitelles en Languedoc, Lacour, Nîmes, 1992, 98 p.</ref>. Il en va de même à Aubais et à Congénies. Dans cette dernière commune, les gens du cru se réfèrent à la « cabane de Marignan », « la cabane de Maurin », « la cabane du Capellan » ou encore la « cabane du Bleu »<ref name="patrimoineCongenies">Patrimoine archéologique, vernaculaire et environnemental à Congénies, sur le site Congénies en Vaunage : histoire et patrimoine, 4 mai 2008.</ref>.

Sur les causses de Blandas et de Campestre, le terme capitelle toutefois n'est pas attesté : dans les vignes, la cabane du vigneron a pour nom oustalet (de los vignos) (occitan ostalet, « petite maison », « maisonnette »), ainsi à Blandas, Campestre-et-Luc, Rogues, Vissec. On trouve aussi baracou (occitan barracon, « petite baraque ») à Montdardier et Blandas, et des termes décrivant la fonction : remiso (occitan remesa, « remise ») à Montdardier, jasso (occitan jaça, « bergerie ») à Vissec<ref>Adrienne Durand-Tullou, Les constructions à pierre sèche des causses de Blandas et de Campestre (Gard), dans L'Architecture vernaculaire rurale, t. 4, 1980, Modèle:P., en part. Modèle:P..</ref>.

Le mot « capitelle » tend à dépasser les strictes frontières du département du Gard et son emploi se généralise dans la littérature touristique pour désigner la même construction en d'autres départements du Languedoc (Ardèche, Hérault, Aude) et dans le Roussillon (Pyrénées-Orientales). Selon un schéma récurrent, sous l'influence d'érudits locaux, les appellations d'origine sont escamotées au profit d'autres mieux sonnantes et plus valorisantes pour leurs inventeurs : dans l'Hérault, capitelle remplace le français local cabane, caselle, chambrette, caravelle, grange, mas, nichette<ref>André Cablat, L'architecture rurale en pierre sèche de l'Hérault : cabanes de bergers, d'agriculteurs et de charbonniers, in L'architecture rurale en pierre sèche, t. 2, 1978, Modèle:P..</ref> ; dans les Pyrénées-Orientales, capitelle se substitue au catalan barraca et à sa francisation bar(r)aque. Dans le Lot, un essai d'acclimatation du vocable capitelle a même eu lieu à la fin des années 1960, mais sans lendemain<ref name="termescabanes" />.

Repris par la presse et des officines touristiques soucieuses de valoriser des objets désormais promus au rang de « patrimoine », ces termes inventés restent contestés dans les milieux scientifiques<ref name="termescabanes" />.

Aire d'extension

En dehors de la garrigue de Nîmes, ces constructions se rencontrent à Arpaillargues-et-Aureillac, Aubais, Aujargues, Blauzac, sur les causses de Blandas et de Campestre, à Calvisson, au Camp des Garrigues, à Caveirac, Congénies, Cornillon, Deaux, Gajan, Junas, Langlade, Le Pin, Marguerittes, Milhaud, Nages-et-Solorgues, Sommières, Souvignargues, Vers-Pont-du-Gard, Vic-le-Fesq, Villevieille, Uzès, etc. Les communes d'Aubais, d'Aujargues, de Congénies et de Villevieille en comptent chacune plus d'une centaine.

Nîmes

Dans la garrigue de Nîmes, Paul Marcelin estime le nombre de capitelles à un millier environ au milieu du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, ajoutant qu'on en avait construit jusqu'en 1914. Leur distribution correspond à la distribution des propriétés parcellaires : elles sont ou étaient dans les petits enclos, les grandes surfaces boisées en étant à peu près ou entièrement dépourvues<ref>Cf Les capitelles de la garrigue nîmoise, compte rendu de Paul Marcelin, Mystérieuses capitelles ! Étude sur les capitelles de la garrigue nîmoise [Gard] (Bulletin de la Société d'étude des sciences naturelles de Nîmes, t. 52, 1972, Modèle:P.), dans L'Architecture vernaculaire, t. VIII, 1984, Modèle:P..</ref>. Maurice Roustan estime à 12 000 le nombre d'enclos anciennement cultivés. Il y voit au moins trois siècles de culture, de l'olivier d'abord, de la vigne ensuite, et enfin de culture céréalière et maraîchère. La vigne est omniprésente dans les enclos aux Modèle:S mini- et Modèle:S mini-s, époques où les capitelles-cuves ou tines sont construites. Le phylloxéra vers 1875 sonnera le glas de la viticulture nîmoise et l'abandon de la garrigue comme lieu de production agricole. En 2001, un recensement opéré sur les deux cinquièmes de la garrigue a livré 10 000 enclos encore ceints de murs en pierres et 500 capitelles dont 313 en bon état, 123 en ruine partielle et 64 en ruine totale<ref>Maurice Roustan, Cinq-cents capitelles de la commune de Nîmes (Gard) (version abrégée), in L'Architecture vernaculaire, t. XXV (2001), Modèle:P..</ref>.

Caveirac

À Caveirac, sur la colline Saint Roch, se trouvent des enclos avec des capitelles et des clapas.

Cornillon

Capitelle à Saint-Gély de Cornillon
Capitelle à Saint-Gély de Cornillon (Gard)

À Cornillon, sur le hameau de Saint-Gély, on dénombre plusieurs capitelles au cœur des vignes et des oliveraies.

Marguerittes

Les collines au nord de Marguerites recèlent les vestiges de 122 cabanes en pierre sèche, dont 30 en bon état, selon un recensement effectué dans les années 1990. Elles se dressaient dans la partie haute ou aux angles de petits enclos de quelques ares, autrefois plantés d'oliviers, de vignes et d'arbres fruitiers<ref name="LQKOB9">Raymond Martin et Bruno Fadat, Les capitelles de la garrigue marguerittoise [Gard], Association pour la sauvegarde du patrimoine de Marguerittes, 1991, 96 p.</ref>.

Congénies

La commune de Congénies possède plus de 110 cabanes en pierre sèche (leur nom vernaculaire est « cabane », et non pas « capitelle ») d'après un inventaire effectué de 1998 à 1999. Ces cabanes se trouvent aujourd'hui dans les pinèdes et les garrigues qui couvrent les collines autrefois cultivées<ref name="patrimoineCongenies" />.

Villevieille

Le territoire de la commune s'orne d'abris en pierre sèche construits en molasse calcaire et appelés localement cabanes (avant la vogue du terme nîmois capitelle). Les millésimes gravés dans la pierre permettent de dater ces constructions des Modèle:2e et Modèle:3e du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle<ref name="FrancoiseBornet" />.

Aubais

Dans la commune d'Aubais, 92 cabanes, intactes ou ruinées, ont été recensées. Construites en matériau calcaire, elles sont dans des parcelles privées, sauf deux d'entre elles situées dans les anciens communaux. Elles servaient d'abris temporaires aux agriculteurs lors des travaux des champs et pendant les vendanges et les olivades. Des dates inscrites sur les parois y ont été relevées : 4 du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, 22 du Modèle:S mini- et 17 du Modèle:S mini-<ref>Claude Bouet, Les cabanes d'Aubais (Gard), polycopié, l'auteur, Aubais, juin 1990, env. 50 p., nombreuses cartes et planches photographiques h. t. (compte rendu dans L'Architecture vernaculaire, t. 15, 1991, Modèle:P.).</ref>,<ref>Aubais (Gard) : Les cabanes en pierres sèches, Série : Témoins de l'architecture de pierre sèche en France, pierreseche.com, 15 octobre 2002.</ref>.

Langlade

L'inventaire des cabanes de la commune de Langlade a permis de dénombrer 74 édifices, dont 58 % dans un état qualifié de « bon » ou de « moyen » et 42 % à l'état de ruines. Les zones à vestiges de pierre sèche de la commune se trouvent sur le versant sud d'une colline. Les cabanes servaient d'abris aux agriculteurs. Elles sont aujourd'hui souvent enfouies dans la garrigue qui a envahi les terres après la destruction de la vigne par le phylloxéra<ref>Gérard Gory, Les bocages lithiques du Gard. Comparaison entre Nîmes et Langlade [Gard], dans Le point sur la problématique des bocages lithiques, Actes de la journée d'étude du 14 septembre 1994 au Ministère de l'environnement, Paris, rapport polycopié, Ministère de l'environnement - Association « Pierre sèche et patrimoine aubaisien », s. d. (1995), Modèle:P..</ref>,<ref>Langlade (Gard) : Les cabanes en pierres sèches, Série : Témoins de l'architecture de pierre sèche en France, pierreseche.com, 15 octobre 2002.</ref>.

Fonctions

La capitelle est rarement un habitat permanent, c'est plutôt un abri individuel, parfois collectif, destiné à accueillir temporairement des outils (à Nîmes, elle a alors pour nom bouscatieiro), des produits agricoles (raisins, olives) ou des personnes (en cas d'intempéries)<ref name="PaulMarcelin">Paul Marcelin, Mystérieuses capitelles ! Étude sur les capitelles de la garrigue nîmoise, in Bulletin de la Société d'étude des sciences naturelles de Nîmes, t. LII, 1972, Modèle:P..</ref>

Elle est assez souvent accompagnée d'autres constructions liées à l'activité agricole du propriétaire :

  • cuve (tine en français local) en pierre sèche, aménagée dans le sol ou solidaire de l'abri pour entreposer provisoirement la vendange ou la récolte d'olives, avant son transport à la maison du propriétaire ou au moulin à huile<ref name="PaulMarcelin" />,
  • enclos,
  • terrasses,
  • puits,
  • aire à dépiquer (ainsi à Aubais où une cabane est accolée à un clapier et précédée d'une aire à dépiquer)<ref name="WTUXTZ">Les cabanes en pierre sèche d'Aubais (Gard), pierreseche.com, 30 avril 2007.</ref>.

Matériau

Construite sur un terrain souvent ingrat aux époques de grands défrichements (garrigue, maquis, taillis, etc.), elle emploie comme matériau de construction ce que livrent le défonçage et l'épierrement du champ. Il s'agit très souvent de calcaire mais on trouve aussi, selon la géologie locale, du schiste, du grès, du granit, ou même du basalte.

Les pierres extraites et ramassées pour rendre le lieu propre à la culture (vigne, oliviers, etc.) ou à l'élevage, sont entassées aux abords du terrain en monticules parfois encore visibles aujourd'hui, que l'occitan désigne sous le terme de « clapas ». Certaines pierres sont sélectionnées et mises à part en vue de l'édification de murets de clôture, de terrasses, ou d'abris.

Toutes les pierres destinées à la construction de la cabane ne sont pas laissées à l'état brut : elles peuvent être dégrossies dans un but fonctionnel ou esthétique, mais il ne s'agit pas d'une véritable maçonnerie de pierres taillées.

Morphologie

Les capitelles prennent des formes variées suivant le matériau employé et peut-être la fantaisie ou encore l'« école » du bâtisseur :

À Villevieille, ainsi que sur les communes voisines de Souvignargues et d'Aujargues, on rencontre nombre de cabanes de plan quadrangulaire ou circulaire surmontées d'un cylindre en retrait ou « tourelle » pleine, œuvre vraisemblablement d'un maçon professionnel ayant exercé sur la commune dans les Modèle:2e et Modèle:3e du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle (pourcentage à Villevieille : 32,2 % de l'ensemble des cabanes inventoriées)<ref>Cabane à « tourelle » à Villevieille (Gard), pierreseche.com, novembre 2006.</ref>.

À Nîmes, la « capitelle pointue » est une cabane de plan rectangulaire ainsi appelée parce que sa partie supérieure est en forme de pyramide à quatre faces rectilignes. Dans les angles du revêtement extérieur, les pierres sont placées alternativement en boutisse et en carreau d'une assise à l'autre, c'est-à-dire que l’on a, sur une première assise, une pierre disposée avec sa plus grande longueur en parement, et à l'assise supérieure une pierre disposée avec sa plus petite longueur en parement<ref>Les couvrements utilisant l'encorbellement, pierreseche.com, 26 février 2002.</ref>.

Certaines cabanes possèdent à leur sommet une couverture d'iris, toute fleurie en avril et mai, ainsi la « cabane du bleu » à Congénies<ref name="patrimoineCongenies" />.

Il arrive que des cabanes aient été dépossédées de leur toiture ou de leur revêtement de lauses après leur abandon et qu'il ne reste plus que l'extrados de leur voûte de pierre. C'est le cas d'une capitelle de Puech Méjean à Nîmes : son corps de base en forme de parallélépipède ne possède plus qu'un petit cône arrondi en retrait<ref>Nouveaux éclairages sur les cabanes en pierre sèche dépossédées de leur toiture de lauses, pierreseche.com, 4 septembre 2003.</ref>.

Construction

Fichier:Sauvignargues 535.jpg
Cabane dite de Malet, à Souvignargues
Fichier:Capitelle voute.jpg
Détail : la voûte

Voûtement

Sur un sol éventuellement aménagé pour bien asseoir l'édifice, les murs sont montés en assemblant les pierres sans aucun mortier, puis une voûte (qui peut parfois commencer dès le sol) est montée pour couvrir le tout.

Différentes techniques très précises et abouties entrent en jeu.

Le parement extérieur peut être affecté d'un fruit permettant au mur de résister aux forces qui le poussent vers l'extérieur.

Les pierres sont non pas empilées en « piles d'assiettes » mais assemblées en « plein-sur-joint » afin d'éviter qu'une fissure n'ouvre le mur et d'assurer la cohésion du tout.

Pour renforcer cette cohésion, des pierres sont placées qui traversent toute l'épaisseur du mur (les boutisses parpaignes).

La solidité et l'étanchéité de la construction sont également assurées par la pose de cales, plus fines, entre les grosses pierres, forcément toujours un peu irrégulières.

La voûte est montée selon la technique de l'encorbellement : chaque dalle (ou « lausa » en occitan) déborde de la précédente vers l'intérieur et est retenue à l'extérieur par le contrepoids formé notamment par une couverture de dalles choisies.

Entrée

Fichier:C066c-DSCN1085.jpg
Caveirac (Gard) : linteau soulagé par deux dalles superposées reposant sur des billettes.

L'entrée de la cabane peut être surmontée par une dalle horizontale formant linteau, voire deux dalles superposées (une mince en bas, une épaisse en haut) ou linteau double (comme à Montaren-et-Saint-Médiers)<ref>Les boutigons en pierre sèche de la commune d'Éguilles (Bouches-du-Rhône) : aperçu morphologique, Modèle:1re : plans quadrangulaires, pierreseche.com, 8 octobre 2004.</ref>.

Le linteau peut être chapeauté par un système de décharge qui le soulage d'une partie du poids venant d'en haut, ainsi à Nîmes où le calcaire superficiel donnant des dalles minces, dures mais cassantes, peu aptes à servir de linteau, les bâtisseurs ont protégé le linteau de la rupture au moyen de divers procédés de décharge<ref>La maçonnerie à pierre sèche : vocabulaire, Lettre C, Études et recherches d'architecture vernaculaire, 2002.</ref>.

Le soulagement du linteau peut être obtenu non seulement par un arc cintré fait de lauses (ainsi à Aubais ou encore à Blauzac) mais aussi par une bâtière de deux dalles affrontées (également à Aubais)<ref name="WTUXTZ" />,<ref>Trucs et astuces des bâtisseurs à pierre sèche, 1 - L'arc de décharge au-dessus du linteau de l'entrée, pierreseche.com, 21 mars 2011.</ref>.

À la place du linteau, certaines entrées possèdent un véritable arc clavé (avec une clef au centre).

Aménagement

La cabane de pierre sèche offre peu de confort mais peut, selon le savoir-faire de son constructeur, recevoir quelques aménagements :

  • quelques rares et étroites fenêtres (les « fenestrons » de l'aire provençale et languedocienne),
  • des niches intérieures,
  • une banquette de pierre sèche accolée au mur ou solidaire de celui-ci,
  • un porte-manteau sous la forme d'une pierre saillante, etc.

Les parois intérieures étaient parfois revêtues d'un enduit blanc. Une citerne extérieure, creusée dans le roc, pouvait permettre de recueillir l'eau collectée par la couverture.

Décoration

On observe aussi des décorations sur les cabanes les plus élaborées :

  • une frise de pierres obliques courant en haut du corps de l'édifice (utilisée aussi pour les murailles) ;
  • des matériaux insolites – galets, marbre, culs de bouteilles – incorporés dans le dôme de toiture, ainsi la « cabane de verre », à Congénies<ref name="patrimoineCongenies" />.

Tines de la garrigue de Nîmes

Fichier:Capitelle marguerittes 1.JPG
Tine en pierres liées au mortier à Marguerittes.

Décrites par Paul Marcellin puis par Maurice Roustan, les tines ou cuviers en pierre sèche sont un type fonctionnel faiblement représenté dans la garrigue nîmoise et dans les communes voisines de Marguerittes et de Caveirac. Ce sont de petites constructions au plan extérieur en forme de fer à cheval et au plan intérieur en forme de trou de serrure, c'est-à-dire avec un petit vestibule d'entrée débouchant dans une cellule de Modèle:Unité à Modèle:Unité de diamètre. Une dalle posée de chant isole le vestibule de la cellule et transforme le fond de celle-ci en une cuve, rendue étanche par un mortier de terre glaise et de chaux grasse. L'élévation du vestibule (deux encorbellements opposés), sa hauteur (de Modèle:Unité à Modèle:Unité) permettaient à un homme portant une charge de raisins ou d'olives sur l'épaule de la décharger dans la cuve. Au-dessus de la cuve, s'élève une voûte de 2 à Modèle:Unité sous flèche, comportant dans ses parois une ou deux niches, à mi-hauteur. Chaque année, avant la récolte, la cuve était rebadigeonnée<ref>Paul Marcelin, Mystérieuses capitelles ! Étude sur les capitelles de la garrigue nîmoise, in Bulletin de la Société d'étude des sciences naturelles de Nîmes, t. 52, 1972, Modèle:P., et aussi Maurice Roustan, Capitelles et pierres sèches de Nîmes et du Gard, l'auteur, 1990, n. p.</ref>,<ref>Cuviers de la garrigue de Nîmes (Gard), pierreseche.com, 25 décembre 2002</ref>.

Datation

Les cabanes de pierre sèche actuellement debout ne sont pas d'époque préhistorique, ni attribuables aux Gaulois, aux Romains ou aux hommes du Moyen Âge. Elles datent d'une période qui s'étend à peu près du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle au début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle.

À Aubussargues, à la fin des années 1980, voyant dans l'aspect massif et la construction soignée d'une capitelle, ainsi que dans la faible hauteur de son entrée, la marque d'un « certain archaïsme » et la promesse d'un « remplissage important », des fouilleurs furent quelque peu déçus lorsque leur méticuleux sondage s'arrêta à Modèle:Unité de profondeur à peine, au substrat rocheux, pour ne livrer que Modèle:Citation. Aucun tesson de poterie, de rares charbons de bois, dont aucun sous l'« orifice circulaire au sommet » de l'édifice, censé être une cheminée<ref>Albert Ratz, Sondage-prospection dans une capitelle à Aubussargues (Gard), in L'architecture vernaculaire, t. 14, 1990, Modèle:P..</ref>,<ref>Cabanes en pierre sèche et fouilles archéologiques, pierreseche.com, 9 février 2002.</ref>.

La date de construction peut être gravée sur le linteau ou sous la dalle terminale (dalle fermant la voûte).

Bâtisseurs

Les capitelles relèvent de l'architecture populaire : elles sont l'œuvre de bâtisseurs anonymes, ouvriers agricoles, vignerons, cultivateurs, voire ouvriers d'industrie accédant à la propriété de quelques arpents d'une pauvre terre à défricher.

Ouvriers agricoles

L'histoire de la garrigue de Nîmes aux Temps Modernes est faite des empiètements répétés sur la propriété communale par les ouvriers agricoles et les petits propriétaires poussés par la « faim de terre ». L'édification d'un enclos et d'une cabane a été considérée par ceux-ci comme un moyen de donner à leur appropriation force de propriété. La Révolution entérina ces usurpations avec la loi du 9 ventôse an XII qui faisait condition, aux détenteurs des clos illégaux, de les avoir « défrichés, plantés ou enclos ou d'y avoir élevé des constructions » et de payer à la commune une redevance annuelle<ref name="7G3XAY">Paul Marcelin, Les bâtisseurs à pierre sèche et leurs œuvres dans la garrigue nimoise, in Comptes rendus de l'École antique de Nîmes, Modèle:23e, 1941, Modèle:P..</ref>.

Ouvriers d'industrie

Nombre de capitelles des garrigues de Nîmes, de Sommières, d'Uzès et de Marguerittes, ont eu pour constructeurs des ouvriers des ateliers textiles de ces villes lorsqu'ils purent devenir propriétaires de quelques arpents. Dans le deuxième quart du Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, ces travailleurs à Nîmes représentaient le tiers de la population (évaluée alors à 55 000 habitants). Cette industrie ne décolla véritablement qu'après la Révolution de 1789, atteignant son apogée de 1834 à 1847.

À Marguerittes, la garrigue fut prise d'assaut par les ouvriers de l'usine de fabrication de tapis pour laquelle la ville était autrefois réputée. Les ouvriers achetaient un coin de garrigue qu'ils défrichaient, épierraient, clôturaient, aménageaient pour y planter pieds de vigne, oliviers et amandiers, voire arbres fruitiers et légumes. Ils amélioraient le sol de la parcelle en y apportant déchets domestiques et cendres. Pour bâtir une capitelle ou une tine, ils se contentaient, par manque de moyens financiers, des pierres livrées par le défrichement<ref name="LQKOB9" />.

Maçons

Certaines capitelles ont pu être construites par des professionnels de la maçonnerie. Paul Marcelin évoque le souvenir d'un maçon du quartier des terres de Rouvière à Nîmes, qui, avant 1914, Modèle:Citation<ref>Paul Marcelin, Mystérieuses capitelles ! Étude sur les capitelles de la garrigue nîmoise [Gard], in Bulletin de la Société d'étude des sciences naturelles de Nîmes, t. 52, 1972, Modèle:P., en part. Modèle:P..</ref>.

Amateurs distingués

À côté de représentants de la paysannerie, ont pu s'illustrer comme bâtisseurs à pierre sèche des « amateurs distingués » construisant pour le plaisir. Si l'on en croit Paul Marcelin, à Boissières, Modèle:Citation au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle<ref name="7G3XAY" />.

Notes et références

Notes

Modèle:Références

Références

Modèle:Références

Voir aussi

Bibliographie

  • Modèle:Ouvrage
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  • Modèle:Ouvrage
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  • Maurice Louis, Les origines et l'évolution de la capitelle, dans Compte rendu de l'École antique de Nîmes, Modèle:15e, 1934, Modèle:P..
  • Paul Marcelin, Sur la structure agraire du Midi méditerranéen : les champs clos de murs en pierre sèche des environs de Nîmes [Gard], in Actes du congrès national des sociétés savantes, Montpellier, 1936, Bulletin de la section de géographie du Comité des travaux historiques et scientifiques, Imprimerie nationale, Paris, 1937, Modèle:P.
  • Paul Marcelin, Les bâtisseurs à pierre sèche et leurs œuvres dans la garrigue nîmoise [Gard], in Comptes rendus de l'École antique de Nîmes, Modèle:23e, 1941, publié en 1942, Modèle:P..
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