Le Système d'information sur le suivi des étudiants (SISE) du ministère de l'Enseignement supérieur comporte une catégorie « grandes écoles », qui inclut l'ensemble des écoles d'ingénieurs et de commerce déclarées, ainsi que les Instituts d’études politiques (IEP), les Écoles normales supérieures (ENS), et quelques écoles spécialiséesModèle:Note, celui-ci contentait 234 établissements en Modèle:Date-<ref name="IPP78">Modèle:Ouvrage, SISE= "Système d’information sur le suivi des étudiants"</ref>.
Le concept de grande école ne doit pas être confondu avec les membres de la Conférence des grandes écoles. Cette dernière est une association d'établissements d'enseignement supérieur fondée en 1973 à l'initiative de douze grandes écoles parisiennes après Mai 68<ref>Modèle:Lien web</ref>. Très vite cette Conférence fût élargie à l’ensemble des écoles délivrant le titre d’ingénieur en France par son secrétaire général de l'époque, Pierre Laffitte. Cette association comptait 240 écoles supérieures en Modèle:Date, dont 13 à l'étranger.
Typologie
Les grandes écoles se caractérisent généralement par la sélection par concours d'élèves formés dans les classes préparatoires, des effectifs d'étudiants relativement faibles pour un encadrement important, des contacts étroits avec le monde professionnel, une autonomie significativement plus importante que celle du monde universitaire<ref name="DE314">Modèle:Ouvrage.</ref>. Parmi les grandes écoles, plusieurs statuts coexistent<ref name="AM25"/>,<ref name="PM120"/>,<ref name="DE314"/> :
Modèle:Article connexe
Historiquement, les grandes écoles étaient destinées à former les fonctionnaires des différents corps de la fonction publique française. Contrairement à la plupart des autres pays, où les universités dispensent toutes les formations académiques, techniques et professionnelles supérieures (y compris les formations en ingénierie et en commerce), les grandes écoles leur font concurrence pour la formation des personnels ingénieurs et commerciaux. En France la formation universitaire était à l'origine majoritairement destinée à former les juristes, les médecins, les économistes, les chercheurs et les professeurs de la République. Depuis, les universités françaises se sont diversifiées.
Avant la Révolution française
L'une des premières mentions du vocable Modèle:Citation remonte à la Renaissance, notamment à l'université d'Orléans où les Modèle:Citation<ref>Conseil général du Loiret, Modèle:Nombre d'université à Orléans, Orléans, Conseil général du Loiret, 2006, page 15</ref> sont des bâtiments de cours universitaires construits à partir de 1498<ref>Eugène Lefèvre-Pontalis, Eugène Jarry, La Cathédrale romane d'Orléans, d'après les fouilles de 1890 et des dessins inédits, Modèle:BNF </ref> et détruits en 1824<ref>Eugène Jarry, Les écoles de l'Université d'Orléans, leur topographie, société archéologique et historique de l'Orléanais</ref>. Au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, le vocable Modèle:Citation n'est pas corrélé avec les domaines de l'ingénierie et du commerce, tout comme les écoles non-universitaires telles que le Collegium Trilingue créé en 1517 à Louvain et le collège royal créé en 1530 à Paris. C'est à la fin de l'époque moderne qu'est effectuée cette association.
Les premières grandes écoles ont été créées par l'État au milieu du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, dans le but de fournir les cadres techniques et militaires des grands corps de l'État : les Forces armées françaises, le corps des Mines, des Télécommunications, des Eaux et des forêts, de l'Administration centrale, des Ponts et chaussées, de l'Agriculture, des Ports et arsenaux, de la Science vétérinaire, de l'Enseignement, etc. Ainsi, seules huit écoles supérieures réorganisées à partir de la Convention et dont les places étaient offertes au concours public étaient traditionnellement appelées grandes écoles : Polytechnique, Ponts et chaussées, Mines, Génie Maritime (actuellement ENSTA Paris), Saint-Cyr, Navale, Normales supérieures, Agro, VétérinaireModèle:Référence nécessaire. À cette liste ont été ajoutées au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle des écoles publiques comme l'École d'arts et métiers, Télécom ParisTech, ou privées comme l'École spéciale des travaux publics, du bâtiment et de l'industrie. La difficulté du concours et la qualité de la formation dans les grandes écoles a fait que cette appellation, qui n'est pas réglementée, est devenue très prestigieuse.
L'École militaire est créée à Paris en 1748. Des écoles spéciales, se sont développées dans diverses villes de province au cours du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle pour fournir le personnel des différents corps: Artillerie, Génie, etc.
Création des premiers concours scientifiques pour l'entrée dans les corps techniques militaires (Génie, Artillerie, Marine) et d'écoles de formation des officiers techniques et des ingénieurs de l'État :
1780 : École des pupilles du régiment de dragons du duc de La Rochefoucauld-Liancourt devenue à la Révolution l'école des Enfants de l’armée, puis, en 1803, l'école d'arts et métiers de Compiègne (actuellement Arts et Métiers ParisTech). Elle ouvre la voie à la création d'écoles royales militaires pour les enfants de militaires se formant dans les techniques militaires ou civiles avant de devenir une école d'enseignement technique ;
L'École normale, future École normale supérieure, quant à elle, remonte à celle créée au collège de Louis le Grand après la suppression de l'Ordre des Jésuites sous Louis XV en s'inspirant de l'expérience des écoles normales germaniques (Normalschulen), établies à l'époque de Marie-Thérèse et de Joseph II<ref>René Grevet, L'Avènement de l'école contemporaine, Lille, 2001.</ref>.
Antoine-François Fourcroy, dans son Rapport fait à la Convention sur l’organisation des écoles destinées aux divers services publics du 30 vendémiaire an IV, définit la doctrine de l’École spéciale qui pour Thuillier<ref> Thuillier, 1983, Modèle:P..</ref> vaudra aussi pour tous les projets d’ENA jusqu’en 1945 : « il est nécessaire que les sujets admis dans ces écoles y soient dans un nombre correspondant au besoin du service, qu’ils se consacrent dès leur entrée dans cette carrière à servir l’État ».
La loi du 30 vendémiaire an IV (Modèle:Date-) qui organise les écoles de services publics<ref>J. B. Duvergier, Décret du 30 vendémiaire an IV concernant les écoles de services publics, tome 8, Modèle:P., dans Collection complète des lois, décrets, ordonnances, réglemens, avis du Conseil d'État, publiée sur les éditions officielles du Louvre, de l'imprimerie nationale, par Baudouin, et du bulletin des lois (de 1788 à 1830 inclusivement, par ordre chronologique), chez A. Guyot et Scribe libraires-éditeurs, Paris, 1835 (lire en ligne)</ref>, fixe la liste suivante de onze écoles :
Écoles de navigation (anciennes Écoles d'Hydrographie création en 1571 par Charles IX qui deviendra l'École nationale supérieure maritime en 2010 (ancienne École Nationale de la Marine Marchande))
La loi Daunou sur l'organisation de l'instruction publique du 3 brumaire de l'an IV (Modèle:Date-) établit, outre les écoles primaires et les écoles centrales, une liste des écoles spéciales :
écoles spéciales d'astronomie
écoles spéciales de géométrie et de mécanique
écoles spéciales d'histoire naturelle
écoles spéciales de médecine
écoles spéciales de sciences vétérinaires
écoles spéciales d'économie rurale
écoles spéciales d'antiquités
école spéciale de sciences politiques
écoles spéciales de peinture, la sculpture et l'architecture
écoles spéciales de musique
ainsi que des écoles pour les sourds-muets et pour les aveugles-nés. Mais seules les écoles de santé et les écoles d'économie rurale vétérinaire seront créées. L'École polytechnique organise le recrutement par concours et la formation préalable des ingénieurs de l'État, en amont des écoles d'applications (École des ponts et chaussées, École des mines, École du génie et de l'artillerie de Metz, École de la marine, École du génie maritime, École spéciale de géographie et de topographie).
La loi générale sur l'instruction publique du 11 floréal de l'an X crée les lycées, maintient les écoles spéciales existantes et institue :
dix écoles de droit,
trois nouvelles écoles de médecine,
quatre écoles d'histoire naturelle, de physique et de chimie,
deux écoles spéciales pour les arts mécaniques et chimiques,
une école de mathématiques transcendantes,
une école spéciale de géographie, d'histoire et d'économie publique,
une quatrième école des arts du dessin.
Elle crée également :
l'école spéciale militaire, implantée en premier lieu dans le château de Fontainebleau, sous la protection directe de l'Empereur qui tenait à garder un œil particulier sur les futurs officiers de l'Empire. Cette école prestigieuse sera ensuite déplacée à Saint-Cyr, dans les bâtiments construits pour l'ancien collège de filles créé par Madame de Maintenon.
L'arrêté des consuls de la République du 12 vendémiaire de l'an XI réunit les écoles d'artillerie et du génie pour former une école commune aux deux armes nommé École d'artillerie et du génie et établie à Metz. L'admission se fait sur examen parmi les élèves de l'École polytechnique. La loi du 21 germinal de l'an XI établit six écoles de pharmacie. La loi du Modèle:Date-, relative à la formation d'une Université impériale et le décret du Modèle:Date- fixant son organisation remettent en cause le développement des écoles spéciales au profit de la mise en place d'un système universitaire centralisé organisé selon les trois grades des anciennes universités (baccalauréat, licence, doctorat), déjà rétabli dans les écoles de droit. Les écoles de droit et de médecine sont transformées en facultés alors que les écoles de services publics restent en dehors de l'Université.
1819 : L'ordonnance du Modèle:Date- ajoute au Conservatoire national des arts et métiers des attributions d'école de formation aux sciences appliquées et définit trois cours publics et gratuits associés à une chaire de mécanique attribuée à Charles Dupin, une chaire de chimie dans leur applications aux arts industriels attribuée à Louis Jacques Thénard, une chaire d'économie industrielle attribuée à Jean-Baptiste Say
En 1888, selon l'ouvrage collectif de Louis Rousselet, Nos grandes écoles militaires et civiles, publié chez Hachette en 1888, il y avait à cette époque neuf grandes écoles: l'École navale, l'École spéciale militaire de Saint-Cyr, l'École polytechnique, l'École centrale des arts et manufactures, l'École des Beaux-Arts, l'École de médecine, l'École de droit, l'École normale supérieure et l'École forestière.
1882 : Création de l'École du Louvre par le ministre de l'Instruction publique et des Beaux-arts Jules Ferry et le président de l'Union centrale des arts décoratifs Antonin Proust.
1908 : Création de l’Institut de Géologie appliquée de Nancy, qui deviendra par la suite, dès 1944, l'École Supérieure de Géologie appliquée et de Prospection minière. Le nom changera sensiblement dès 1948 en l'École Nationale Supérieure de Géologie appliquée et de Prospection minière en 1948 avant de devenir l'École nationale supérieure de géologie (ENSG).
1912 : Création à Paris de l'École normale de l'enseignement technique qui deviendra par la suite l'École normale supérieure de Cachan (ENS Cachan) puis l'École normale supérieure Paris-Saclay (ENS Paris-Saclay).
1948 : Création de l’Institut supérieur des matériaux et de la construction mécanique (ISMCM), puis le Centre d’études supérieures de techniques industrielles ( CESTI en 1956) devenu l'Institut supérieur de mécanique de Paris en 2003 (Supméca)
La liste des établissements supérieurs désignés comme grandes écoles a commencé à augmenter à la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle sous l'influence d'une association, appelée Conférence des grandes écoles, créée en 1973 avec la participation de onze écoles supérieures d'ingénieur, auxquelles s'étaient jointes l'École des hautes études commerciales, qui va étendre ce titre aux écoles supérieures de commerce (ESCAE), puis à tous les établissements qui deviennent membres (actuellement 226). Il s'agit maintenant d'établissements d'enseignement supérieurs de toutes sortes, de commerce, d'enseignement, d'art, de techniques, de communication, publics ou privés, français ou étrangers, qui viennent chercher dans cette appellation une notoriété prestigieuse.
Les écoles d'ingénieurs recrutent la plupart de leurs élèves après une formation en classes préparatoires scientifiques (2 ou 3 années d'études post-Bac). Modèle:Référence souhaitée. Beaucoup participent également à des écoles doctorales communes à plusieurs universités régionales, parfois en association avec d'autres réseaux internationaux d'enseignement supérieur. Les meilleures écoles d'ingénieurs dispensent souvent une formation générale et très intensive. Il y a en tout 204 écoles d'ingénieurs<ref name="ET2022"/>. La plupart des écoles des quatre premiers groupes suivants forment les ingénieurs dits «généralistes»<ref name="AM25"/> :
Écoles d'Ingénieurs ParisTech (certaines de ces écoles font maintenant partie de l'Université Paris-Saclay. Certaines donnent un enseignement dans des domaines très spécifiques) :
Arts et Métiers ParisTech (École nationale d'arts et métiers auparavant ENSAM, les Arts et Metiers ou « Les Arts », administrées par le ministère de l'Éducation nationale ;
École nationale des ponts et chaussées (École des Ponts ParisTech, administrée par le ministère de l'Écologie, surnommée « les Ponts ») fondée en 1747 ;
Plus grand réseau de formation des ingénieurs en France, comptant plus de 16700 étudiants, administré par le ministère de l'Éducation. Le réseau est composé de plusieurs écoles à travers la France :
Réseau de formation des ingénieurs, consistant en 15 écoles réparties dans des Universités Technologiques. Ces écoles offrent des Masters dans de nombreuses spécialités :
Ces écoles de commerce recrutent souvent après le baccalauréat ou par des procédures propres. Elles n'entrent pas dans la liste de l’Éducation Nationale pour les concours des grandes écoles de commerce<ref name="BO2022"/>,<ref name="d2">Bulletin officiel Modèle:N° du 23 novembre 2017 Modèle:Pdf, pages 19-25 : « Grandes écoles Calendrier des concours d'entrée : session 2018 ».</ref>, mais sont accréditées par la Conférence des grandes écoles<ref name="CGE"/>,<ref name="AM25"/>.
Écoles de commerce recrutant des étudiants avec expérience professionnelle
INSEAD (Institut Européen d'Administration des Affaires)
Grandes écoles sans classe préparatoire
Certaines grandes écoles sont accessibles directement après le baccalauréat, sur concours. Souvent, les étudiants de ces écoles poursuivent leurs études dans des écoles administratives.
École des hautes études en sciences sociales (EHESS), forme des chercheurs en Sciences Humaines, dans les domaines de la sociologie, l'histoire, la géographie, l'anthropologie, la linguistique et les statistiques ;
Écoles de droit, de sciences politiques, sociales et affaires internationales
Ces écoles forment des étudiants dans des domaines pluridisciplinaires d'études sociales et humaines. Les étudiants se préparent à la fonction publique et à d'autres postes de direction dans le secteur public, mais de plus en plus d'entre eux finissent par travailler dans le secteur privé. Certaines de ces écoles sont réservées aux citoyens français ou de l'Espace économique européen uniquement.
École Nationale d'Administration, dont les diplomés sont connus sous le nom d'énarques. Ils obtiennent généralement des postes de direction dans le secteur public, le gouvernement ou les ministères. L'école a été fermée le 31 décembre 2021, et remplacée par l'Institut national du service public.
l'École Spéciale Militaire de Saint-Cyr, anciennement située à Saint-Cyr-l'École mais aujourd'hui à Coëtquidan en Bretagne. C'est l'école militaire de l'Armée française. Surnommé Saint-Cyr, ses diplômés et étudiants sont des « cyrards » mais sont généralement appelés « saint-cyriens ». L'école délivre un diplôme d'ingénieur pour ses élèves recrutés en filière scientifique ;
l'École Navale (EN) est surnommée « Navale » et ses diplômés et étudiants sont des « Bordaches ». Elle est située à Brest. Elle délivre un diplôme d'ingénieur ;
Alors que l'École polytechnique est également sous la tutelle du ministère français de la Défense, et reste une école militaire dans ses statuts, seul un petit nombre de ses élèves accèdent aux carrières militaires, tandis qu'entre un cinquième et un quart choisissent de rester en France pour travailler dans les administrations techniques de l'État ; la majorité de ses diplômés choisissent de travailler à l'étranger.
Il existe également d'autres grandes écoles militaires spécialisées :
l'École des commissaires des armées (ECA), formant des officiers militaires chargés de l'ensemble des fonctions supports (gestion, achats, finances, support humain, ressources humaines, conseil juridique, aide à la décision, logistique).
l'École de journalisme de Sciences Po (membre de la CGE) ;
l'École de journalisme de Grenoble, composante de Sciences Po Grenoble (membre de la CGE).
Accès aux grandes écoles
Modèle:Article détaillé
L'admission aux grandes écoles se fait après une classe préparatoire (CPGE), ou parfois directement après le baccalauréat. Les CPGE sont sous la tutelle du ministère de l'Éducation nationale comme les universités, tandis que les grandes écoles relèvent des ministères du secteur concerné<ref name="DéfinitionGE" /> (Agriculture, Culture, Défense, Équipement, Armée, Industrie, Justice, Santé, Premier ministreModèle:Etc.), lequel peut aussi être celui de l'Éducation nationale (dans le cas de l'École normale supérieure). Les admis proviennent pour 40 % d'écoles post-bac, en 2010-2016. De nombreuses grandes écoles recrutent enfin des étudiants ayant obtenu un bac+2 ou bac+3 dans des universités, STS et IUTModèle:Sfn,<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
Au contraire, certaines écoles d'ingénieurs sont dites Modèle:Citation, c'est-à-dire accessibles dès le baccalauréat<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
Critiques et remise en cause
L'enseignement supérieur français se caractérise par l'existence de structures d'enseignement supérieur en dehors des universités ; cette spécificité est l'objet de critiques multiples de la part de certains universitaires et spécialistes de l'Éducation nationale. Au contraire des universités<ref group=note name="Note">Bien que Modèle:Quand, l'Université Paris-DauphineModèle:Selon qui dans ce système de formation des élites.</ref>, les grandes écoles sont généralement estimées être la formation Modèle:Citation des élites politiques, administratives et économiques en France<ref name="sociologie">Monique de Saint-Martin, « Les recherches sociologiques sur les grandes écoles : de la reproduction à la recherche de justice », Éducation et sociétés 1/2008 (Modèle:N°), Modèle:P.. lire en ligne sur Cairn.info</ref>,<ref name="insee">Valérie Albouy et Thomas Wanecq, Les inégalités sociales d’accès aux grandes écoles (2003), INSEE</ref>.
Surreprésentation des élèves issus de classes sociales très privilégiées
Selon une étude de 2021 de l'Institut des politiques publiques, si les étudiants d'origine sociale Modèle:Citation représentent 23 % de leur classe d'âge, ils comptent pour plus de 63 % des étudiants des grandes écoles. A contrario, les étudiants issus de milieux Modèle:Citation comptent pour 36 % de leur classe d'âge, mais pour moins de 9 % des étudiants des grandes écoles, accentuant la tendance de l'enseignement supérieur en général<ref name="FranceInter2021" />. Cette diversité sociale au sein de ces établissements n’a pas progressé entre 2006 et 2016Modèle:Sfn. Sont également notées de fortes inégalités géographiques, favorables aux jeunes originaires d'Île-de-France<ref>Modèle:Lien web.</ref>,<ref>Modèle:Article.</ref>,<ref>Modèle:Article.</ref>.
La surreprésentation des jeunes issus de la bourgeoisie est déjà présente en amont des grandes écoles, dans les classes préparatoires (CPGE), et est analysée par un rapport du Sénat comme « une forme de délit d'initié »<ref name=":1">Modèle:Lien web.</ref>.
La plupart des grandes écoles sont publiques et quasiment gratuites, alors qu'elles accueillent un public socialement privilégié ; selon Thomas Lebègue et Emmanuelle Walter, cela constitue une « redistribution à l’envers »<ref name="boivigny" />. Au contraire, selon le directeur de l'association Observatoire des inégalités en 2008, les grandes écoles sont réservées à ceux dont les parents Modèle:Citation, du fait que leur emploi du temps chargé est incompatible avec le travail des étudiants<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
Pour les journalistes Thomas Lebègue et Emmanuelle Walter, les grandes écoles créent une éliteModèle:Citation<ref name="boivigny">Thomas Lebègue et Emmanuelle Walter, Grandes écoles, la fin d'une exception française, édition Calman Levy, 2008. (présentation sur Google Livres, morceaux choisis sur boivigny.com)</ref>. Ils considèrent cette endogamie comme un non-sens économique, qu'ils accusent de constituer une réseaucratie<ref name="boivigny" />. Raymond Aron, dans les années 1960, déplorait déjà que les grandes écoles fussent l’un des symboles de l’endogamie sociale et de l’homogénéité culturelle qu'il considérait comme caractéristiques des classes dirigeantes françaises<ref>Frédéric de Gorsse, Sciences Po, ou la crise de l'élitisme français, Atlantico, 29 décembre 2011.</ref>.
À ces critiques, les grandes écoles répondent qu'elles ont considérablement modifié leur recrutement dans les années 2000, seulement 38,5 % des étudiants les intégrant en 2010-2016 étant issus de classes préparatoiresModèle:Sfn,<ref name="CGE2012" /> et 19 % de leurs élèves étant boursiers en 2016Modèle:Sfn. Dans le détail, la plus grande part (plus de 45 %) les a intégrées par la voie des admissions parallèles et 17,3 % après le bac. Ainsi, en quelques années, l'admission qui passait systématiquement par une classe préparatoire a ouvert un éventail de possibilités pour intégrer ces dernières, du BTS (5,5 % des entrants) au master Modèle:Nobr (5,6 %) en passant par le DUT (10,6 %) et la Modèle:Nobr (5,6 %)<ref name="CGE2012">Modèle:Ouvrage.</ref>.
Inégalités femmes-hommes
Les grandes écoles ouvrent les concours aux étudiantes à partir du début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle (les écoles supérieures de commerce, ou ESC à partir de 1915<ref>Modèle:Article.</ref>, Supélec en 1918), mais la féminisation reste faible jusqu'aux années 1970, moment où les dernières écoles d'ingénieurs ouvrent leurs portes (comme Polytechnique en 1972). Si la parité est atteinte dans les années 1990 pour les écoles de commerce<ref>Modèle:Article.</ref>, elle reste un objectif lointain pour les écoles d'ingénieur, où la proportion d'étudiantes varie fortement selon les domaines de spécialisation, avec un minimum à 12 % en 2011<ref>Modèle:Article.</ref>.
Harcèlement sexuel
Parallèlement aux critiques concernant l'élitisme de leur recrutement, une autre critique adressée aux grandes écoles concerne la gestion des cas de harcèlement sexuel. Dans une tribune publiée en 2013, les collectifs féministes de plusieurs grandes écoles ont dénoncé la « complaisance coupable » des administrations face au harcèlement sexuel, notamment lors des soirées organisées par les associations étudiantes<ref>Modèle:Article.</ref>. En 2017, une enquête de l’Express révélait que plusieurs organisations étudiantes constituent des fichiers sur les comportements et les préférences des étudiantes en matière sexuelle, ce qui contrevient aux lois en matière de respect de la vie privée<ref>Modèle:Article.</ref>. En Modèle:Date-<ref>Modèle:Lien web.</ref>, une commission égalité a été créée à l’École normale supérieure de Lyon. Cet organe, où siège notamment la spécialiste des questions de genre Christine Détrez, mais aussi Jean-François Pinton (président de l'établissement) et les élus étudiants, a pour mission d'« élaborer la procédure à suivre en cas de harcèlement sexuel » et d'« instruire les dossiers concernant les violences sexistes et sexuelles, en comité restreint »<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Sa gestion des dossiers a néanmoins été critiquée par des membres du corps étudiant et du personnel, notamment à travers une pétition adressée à Jean-François Pinton qui a rassemblé près de Modèle:Nombre<ref name=":02">Modèle:Lien web.</ref>. Le 6 octobre 2021, une enquête interne de l'École CentraleSupélec démontre un grand nombre d’agressions sexuelles et de viols lors de l'année universitaire 2020-2021 marquée par la Pandémie de Covid-19 entraînant l'enseignement à distance, et l'isolement des étudiantes et des étudiants. Une enquête préliminaire pour harcèlement sexuel, agressions sexuelles et viols a alors été ouverte par le parquet d'Évry<ref>Modèle:Article.</ref>.
Olivier Basso, Philippe-Pierre Dornier, Jean-Paul Mounier, Tu seras patron mon fils ! Les grandes écoles de commerce face au modèle américain, Paris, Village Mondial, 2004.
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