Alexandre Grothendieck
Modèle:Redirect Modèle:Infobox Scientifique
Alexandre Grothendieck<ref>Modèle:Harvsp : Modèle:Citation ; mais il signe « Alexandre » ses œuvres en français.</ref>, né Alexander Grothendieck (prononcé en allemand : Modèle:MSAPI), est un mathématicien français, né le Modèle:Date de naissance- à Berlin et mort le Modèle:Date de décès- à Saint-LizierModèle:Sfn, près de Saint-Girons (Ariège)<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Il est resté longtemps apatride tout en vivant principalement en France ; il a acquis la nationalité française en 1971Modèle:Sfn.
Il est considéré comme le refondateur de la géométrie algébrique et, à ce titre, comme l'un des plus grands mathématiciens du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle<ref>Modèle:Lien web.</ref>,<ref>Entretien avec Michael Harris, La Recherche, Modèle:1er avril 2020, page 70.</ref>. Il était connu pour son intuition extraordinaire et sa capacité de travail exceptionnelle. La médaille Fields lui a été décernée en 1966. Modèle:Sommaire
Biographie
Ascendance et enfance
Sacha Schapiro, son père<ref>Dictionnaire des anarchistes, « Le Maitron » : TANAROFF Alexander.</ref>, également connu sous le nom de Tanaroff, est un anarchiste militant ukrainien né à Novozybkov, ville située aujourd’hui en Russie, dans l'oblast de Briansk. Il est issu d’une famille juive de hassidim. Après avoir passé dix ans en prison pour sa participation à plusieurs soulèvements anti-tsaristes, Sacha Schapiro rejoint Berlin en 1922 ; il y rencontre sa future compagne, journaliste, également anarchiste, Johanna « Hanka » Grothendieck<ref>Dictionnaire des anarchistes, « Le Maitron » : Hanka Grothendieck.</ref>, originaire d’une famille protestante hambourgeoise aiséeModèle:Sfn qui aurait émigré des Pays-Bas au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle<ref group=alpha>Ce qui justifie la consonance néerlandaise du nom, « Grothendieck ».</ref>. Johanna est alors mariée à Johannes « Alf » RaddatzModèle:Sfn,Modèle:Sfn, également journaliste : Alexander naît de la liaison de sa mère avec Sacha Schapiro mais porte d’abord le nom de son père légitimeModèle:Sfn, « Raddatz » dont Hanka divorce en 1929 sans épouser pour autant Sacha Schapiro<ref name="siam.org">Voir sur Society for Industrial and Applied Mathematics.</ref> ; celui-ci reconnaît ensuite l'enfant, mais le jeune Alexander porte le nom de sa mère, qui avait repris son nom de jeune fille, « Grothendieck »Modèle:Sfn.
Hanka et Sacha fréquentent le mouvement libertaire. En 1933, la montée du nazisme contraint Sacha à quitter l'Allemagne pour la France où elle le rejoint en 1934, puis ils partent pour l'Espagne soutenirModèle:Sfn, lors de la révolution sociale espagnole de 1936, le mouvement anarcho-syndicaliste. En Modèle:Nobr, Alexander est resté en Allemagne, placé par sa mère dans la famille de Wilhelm HeydornModèle:Sfn, un pasteur protestant luthérien antinazi, et maître d'écoleModèle:Sfn,Modèle:Sfn, alors installé près de Hambourg. En 1939 les Heydorn, vivant dans la crainte de la répression nazie, considèrent qu’il est dangereux pour un enfant ayant une « apparence juiveModèle:Sfn » de rester auprès d’eux et demandent, par l'intermédiaire du consulat français de Hambourg, à ses parents de le reprendre avec eux : Alexander est mis dans un train pour Paris où il rejoint ses parents en Modèle:Nobr. Les retrouvailles sont de courte durée : son père Sacha se retrouve interné au camp du Vernet en Ariège ; Alexander ne le reverra plusModèle:Sfn. En 1940, Hanka et son fils sont emmenés au camp de Rieucros, à côté de Mende, en Lozère ; le jeune Alexander est autorisé à quitter le camp pour aller étudier au lycée Chaptal de Mende. C'est pendant cette période qu'il francise son prénom en « Alexandre »Modèle:Sfn. En 1942, son père Sacha est transféré du Vernet, à Noé dans la Haute-Garonne, puis à Drancy, d’où il est déporté le Modèle:Date-<ref>The Central Database of Shoah Victims' Names : Alexandre Tanaroff.</ref> à AuschwitzModèle:Sfn. Il y meurt, selon toute vraisemblance, peu de temps après son arrivée<ref group="alpha">La « solution finale de la question juive » a été mise en place courant 1942, à la suite de la conférence de Wannsee, qui s'est tenue début 1942 dans un quartier de Berlin.</ref>. De 1942 à 1944, après le franchissement de la ligne de démarcation par les troupes allemandes, Alexandre est séparé de sa mèreModèle:Sfn et caché au Chambon-sur-Lignon<ref>Voir, Moorehead, 2014, Modèle:P..</ref>, à la Guespy, une maison d'enfants du Secours suisse aux enfantsModèle:Sfn, dirigée par Juliette Usach, et où sont également cachées de nombreuses autres jeunes victimes des lois raciales. Il est alors élève du collège Cévenol, de la même ville, où il passe son baccalauréat à la fin de la guerre.
Étudiant
La France étant libérée de l'occupation allemande, Alexandre retrouve sa mère pour s'installer avec elle à Meyrargues (Vendargues) près de Montpellier<ref>Modèle:Citation - Modèle:Harvsp</ref>, où ils vivent modestement avec la bourse d'études d'Alexandre ou bien avec des travaux saisonniers comme les vendanges ou encore avec les ménages que fait sa mèreModèle:Sfn. Inscrit en mathématiques à l'université de Montpellier, il fréquente très peu les amphithéâtres, préférant travailler seul à la définition du concept de volumeModèle:Sfn, premières recherches qui, en même temps qu'elles l'initient à la solitude du chercheur, le mènent à redéfinir l'intégrale de Lebesgue.
En 1948, il se rend à Paris avec une lettre de recommandation signée par son professeur d'analyse, Jacques Soula<ref>Liste d'universitaires, de 1810 à 1960, concernés par l’enseignement de l’astronomie à la Faculté des Sciences de Montpellier (FSM), publié le Modèle:Date- par Henri Reboul, sur le site du Laboratoire Univers et Particules de Montpellier (consulté le 8 juin 2019)</ref>,<ref>Modèle:Pdf Dictionnaire des astronomes français 1850-1950 : lettre S, pages 25/32, publié le Modèle:Date- sur le site de l'observatoire de Haute-Provence (consulté le 8 juin 2019).</ref> et adressée à Élie Cartan. Il frappe à la porte d'André Magnier, inspecteur général de mathématiques et membre de l'Entraide universitaire de France, qui lui accorde une bourseModèle:Sfn. Le professeur Henri Cartan, le fils d'Élie Cartan, l'admet dans ses séminaires à l'École normale supérieure (ENS) et le dirige vers Jean Dieudonné et Laurent Schwartz qui se trouvent à l'université de Nancy Modèle:Incise afin de préparer sa thèse.
Pour éprouver les capacités de Grothendieck, ils lui confient un article<ref>Modèle:Article.</ref> qu'ils viennent de publier et qui contient une liste de quatorze problèmes irrésolus (dont chacun pourrait constituer un sujet de thèse<ref>Modèle:Article.</ref>). Ses enseignants lui suggèrent alors d'en regarder un ou deux pour se familiariser avec le domaine ; Grothendieck les résoudra tous en quelques moisModèle:Note,Modèle:Note et en aura rédigé six. C'est le début de sa carrière mathématique.
Carrière mathématique
Il est attaché de recherche du CNRS de 1950 à 1953. Des six articles qu'il rédige pendant cette période, il en choisit un, « Produits tensoriels topologiques et espaces nucléaires », pour soutenir sa thèse. À la suite de la présentation à Paris, par Laurent Schwartz, des travaux de Grothendieck, celui-ci intègre le groupe de Nicolas Bourbaki où il restera plusieurs annéesModèle:Note. En Modèle:Date-, il devient père de son premier enfant qu'il a d'une liaison avec Marcelle (Aline) Driquert, sa logeuse nancéienne<ref>Modèle:Lien web</ref>, il peine alors à trouver un travail. Par ailleurs, sa situation d'apatride l'empêche d'accéder aux emplois de la fonction publique et la naturalisation ne peut être obtenue qu'après avoir accompli le service militaire : il refuse (par antimilitarisme) et doit donc trouver un moyen de gagner sa vie. Il quitte la France pour travailler, en tant que professeur invité, au Brésil de 1953 à 1954 Modèle:Incise puis à l’université du Kansas en 1955 et à l’université de Chicago. C'est au cours de cette période qu'il change de sujet d'étude.
Après des travaux remarquables en analyse fonctionnelle, il se tourne vers la géométrie algébrique. Il révolutionne ce domaine en établissant de nouvelles fondations et introduit la notion de schéma, en collaboration avec Jean-Pierre Serre. Les deux chercheurs correspondent énormément et leurs styles, Modèle:Référence souhaitée, se complètent et portent leurs fruits.
Il revient à Paris en 1956 en tant que maître de recherche du CNRS, et se penche sur la topologie et la géométrie algébrique. Il produit alors une nouvelle version du théorème de Riemann-Roch et met en évidence le lien caché entre les propriétés analytiques et topologiques d'une variété.
En 1957, la mort de sa mère, victime de la tuberculose qu'elle avait contractée pendant la guerre lors de son emprisonnement dans le camp de RieucrosModèle:Sfn, le plonge plusieurs mois dans un état dépressif. L'année suivante, il décide de terminer ses travaux inachevés et réalise quelques percées spectaculaires. Il rencontre également sa future femme, Mireille, avec qui il aura trois enfants.
Il est accueilli dans le tout nouvel Institut des hautes études scientifiques (IHÉS), consacré à la recherche en physique théorique et en mathématiques. Il y est rejoint par Jean Dieudonné, René Thom, Louis Michel et David Ruelle, et entreprend de construire une théorie de la géométrie algébrique<ref group="alpha">Sur l'histoire de l'IHÉS dans ces années, il convient de consulter les travaux de David Aubin, en particulier sa thèse de doctorat : Modèle:Lien web</ref>.
Entre 1960 et 1967, il rédige les quatre premiers chapitres (divisés en huit volumes) des Éléments de géométrie algébrique, en collaboration avec Jean Dieudonné.
Lauréat de la médaille Fields en 1966Modèle:Sfn, il refuse de se rendre en URSS pour la recevoir.
Rupture avec les institutions
En 1967, il passe trois semaines au Viêt Nam pour protester contre l'intervention des États-Unis dans la guerre du Viêt Nam<ref>Alexandre Grothendieck : un mathématicien qui prit la tangente, radiofrance.fr, 14 septembre 2021</ref>. Il offre alors sa médaille Fields au gouvernement nord-vietnamien pour dénoncer les bombardements américains<ref name="Brunfaut2022">Simon Brunfaut, Alexandre Grothendieck: des récoltes et des semailles pour le IIIe millénaire, lecho.be, 27 janvier 2022</ref>. Cet engagement, le printemps de Prague et Mai 68 le poussent vers les milieux contestataires jusqu'à ce qu'il démissionne de l'IHÉS en 1970, en signe de protestation contre le financement partiel de l'institut par le ministère de la Défense.
À la suite de sa démission, il fonde avec Pierre Samuel et Claude Chevalley le groupe écologiste et politique Survivre et vivre dans le but de propager ses idées antimilitaristes et écologistes. Sa maison est alors grande ouverte aux groupes hippies dont il est le « gourou » local<ref>Un pays dont on ne connaîtrait que le nom (Grothendieck et les « motifs »), Pierre Cartier, 2009.</ref>.
Grothendieck obtient un poste de professeur associé au Collège de France où, le Modèle:Date- il introduit son cours de mathématiques par une séance intitulée « Science et technologie dans la crise évolutionniste actuelle : allons-nous continuer la recherche scientifique<ref>Modèle:Lien web</ref>,<ref>Modèle:Lien web</ref> ? » Il aborde ainsi les questions non techniques de la survie Modèle:"<ref>Modèle:Ouvrage</ref> car Modèle:". Son contrat ne sera pas renouvelé.
En 1972, aux États-Unis, Grothendieck rencontre Justine Bumby, une étudiante en mathématiques ; il divorce alors et fonde avec elle une communauté près de Paris. En 1973, il obtient un poste de professeur à l’université de Montpellier, qu'il occupe jusqu'à sa retraite en 1988. Le couple déménage dans un village de l'Hérault et expérimente la contre-culture. Justine Bumby donne naissance à un enfant, John, qui est lui-même devenu mathématicienModèle:Sfn ; elle quitte son compagnon peu de temps après la naissance de leur enfant.
Grothendieck écrit quatre livres de 1980 à 1995 : La Longue Marche à travers la théorie de Galois, Esquisse d'un programmeModèle:Sfn, Modèle:Lien et Les DérivateursModèle:Sfn,<ref>Lettre à l'Académie royale des sciences de Suède, A. Grothendieck (Le Monde, 4 mai 1988).</ref>. Par ailleurs, le plus célèbre de ses ouvrages est Récoltes et SemaillesModèle:Sfn, une autobiographie de près d’un millier de pages, écrite vers 1985, restée longtemps sans éditeur. Il y montre comment sa vie a été successivement traversée par trois passions : les mathématiques, la quête de la femme et la méditationModèle:Sfn.
En 1988, il refuse le prix Crafoord, qu’il partage avec Pierre Deligne<ref>Attribution du prix Crafoord 1988 à P.Deligne et A. Grothendieck, site The Crafoord Prize, consulté le 22 novembre 2014.</ref>, invoquant queModèle:Sfn,<ref>Grothendieck Circle, un site consacré à Alexander Grothendieck, qui contenait, jusqu'au mois de mars 2010, une part importante de ses œuvres.</ref> :
- [son] salaire de professeur […], est beaucoup plus que suffisant pour [ses] besoins matériels ;
- les chercheurs de haut niveau auxquels s'adresse un prix prestigieux comme le prix Crafoord sont tous d'un statut social tel qu'ils ont déjà en abondance et le bien-être matériel et le prestige scientifique, ainsi que tous les pouvoirs et prérogatives qui vont avec ;
- il s’est éloigné du milieu scientifique depuis 1970 et la récompense porte sur des travaux vieux de vingt-cinq ans.
Il rejette également un Festschrift, un livre « hommage » rédigé à l'occasion de son Modèle:60e<ref>The Grothendieck Festschrift : a collection of articles written in honor of the Modèle:Nobr of Alexander Grothendieck. par Pierre Cartier & al., Springer, 1990 Modèle:ISBN, Modèle:Nobr. En ligne</ref>, persuadé que son œuvre a été mal comprise.
En 1990, alors âgé de Modèle:Nb, il se retire dans le petit village de Lasserre<ref group=alpha>La lecture d'une carte de la région montre que ce village se situe à faible et égale distance Modèle:Incise des deux camps d’internement du Vernet et de Noé où le père de Grothendieck, Sacha Schapiro, a passé les deux dernières années de sa vie, avant qu'il soit déporté puis exterminé : Le Vernet est à l'est de Lasserre ; Noé est au Nord.</ref>, proche de la chaîne des Pyrénées, en Ariège, où il mène une vie de quasi-ermite, refusant pratiquement tout contact avec ses anciennes relations, ce jusqu'à sa mort à l'hôpital de Saint-Girons<ref group=alpha>En fait, l'hôpital est géographiquement situé dans la commune de Saint-Lizier, limitrophe de la ville de Saint-Girons où Grothendieck a passé les dernières années de sa vie.</ref> en 2014Modèle:Sfn.
Manuscrits écrits pendant les années 1980
Tout en ne publiant pas de recherche mathématique de manière conventionnelle au cours des années 1980, il a produit plusieurs manuscrits influents avec une distribution limitée, à la fois mathématique et biographique. Produite entre 1980 et 1981, La Longue Marche à travers la théorie de Galois est un manuscrit de Modèle:Nb contenant plusieurs des idées qui ont mené à Esquisse d'un programme. Il comprend également une étude de la théorie de Teichmüller.
En 1983, stimulé par la correspondance avec Ronald Brown et Tim Porter à l'université de Bangor, Grothendieck a écrit un manuscrit en anglais de Modèle:Nb intitulé Pursuing Stacks (Modèle:Lien), en commençant par une lettre adressée à Daniel Quillen. Cette lettre et les parties successives ont été distribuées à partir de Bangor (voir les liens externes ci-dessous). Au sein de ces derniers, d'une manière informelle et journalière, Grothendieck a expliqué et développé ses idées sur la relation entre la théorie de l'homotopie algébrique et la géométrie algébrique et les perspectives d'une théorie non commutative des champs. Le manuscrit, édité pour publication par Georges Maltsiniotis, a ensuite conduit à une autre œuvre monumentale, Les Dérivateurs. Écrit en 1991, ce dernier ouvrage d'environ Modèle:Nb, a développé les idées homotopiques commencées dans Pursuing Stacks. Une grande partie de ce travail anticipait le développement ultérieur de la théorie de l'homotopie de Fabien Morel et Vladimir Voïevodski au milieu des années 1990.
En 1984, Grothendieck a écrit la proposition « Esquisse d'un programme » pour obtenir un poste au Centre national de la recherche scientifique (CNRS). Il décrit de nouvelles idées pour étudier l'espace de modules de courbes complexes. Bien que Grothendieck lui-même n'ait jamais publié son travail dans ce domaine, la proposition a inspiré le travail d'autres mathématiciens en devenant la source de la théorie du dessin d'enfant et de la géométrie anabélienne. Il a ensuite été publié dans les actions géométriques de Galois en deux volumes (Cambridge University Press, 1997).
Au cours de cette période, Grothendieck a également donné son consentement à la publication de certains de ses projets pour EGA sur les théorèmes de type Bertini<ref>EGA V, publié dans Ulam Quarterly en 1992-1993 et publié plus tard sur le site Web du Grothendieck Circle en 2004.</ref>.
Dans le manuscrit autobiographique de Modèle:Nb Récoltes et Semailles (1986), Grothendieck décrit son approche des mathématiques et ses expériences dans la communauté mathématique, une communauté qui l'a d'abord accepté de manière ouverte et accueillante mais qu'il a progressivement perçue comme étant gouvernée par la concurrence et le statut. Il se plaint de ce qu'il a vu comme « enterrement » de son travail et de sa trahison par ses anciens étudiants et collègues après avoir quitté la communauté. Les travaux de Récoltes et semailles n'ont longtemps été disponibles que sur Internet. Des parties de Récoltes et semailles ont été traduites en espagnol, en russe et publiées à Moscou. Une édition française a été publiée en janvier 2022 dans la collection Tel de la maison Gallimard<ref>Modèle:Article.</ref>.
En 1988, Grothendieck refuse le prix Crafoord et s'en explique en trois points dans une lettre ouverte<ref name=LM1988>Modèle:Article</ref>. Il y écrit que les mathématiciens établis comme lui n'ont pas besoin de soutien financier supplémentaire. Il y critique ce qu'il considère comme une baisse du niveau éthique de la communauté scientifique, où le vol scientifique serait, selon lui, devenu monnaie courante et même toléré. Il indique également que les travaux qui lui valent cette distinction datent d'il y a 25 ans<ref name=LM1988/>. Enfin, la lettre exprime son sentiment Modèle:" Il ajoute que son but n'est Modèle:" et qu'il est Modèle:"
La Clef des Songes, un manuscrit de Modèle:Nb écrit en 1987, est le récit de Grothendieck sur la façon dont la considération de la source des rêves l'a conduit à conclure que Dieu existe. Dans le cadre des notes de ce manuscrit, Grothendieck a décrit la vie et la parole de Modèle:Nb<ref>Modèle:Ouvrage.
Sont listés le médecin allemand C. F. S. Hahnemann, le biologiste britannique Charles Darwin, le poète américain Walt Whitman, le mathématicien allemand Bernhard Riemann, le mystique indien Râmakrishna, le psychiatre canadien Modèle:Lien, le géographe et anarchiste russe Pierre Kropotkine, le poète et philosophe britannique Edward Carpenter, le psychanalyste autrichien Sigmund Freud, l'occultiste autrichien Rudolf Steiner, l'homme politique et guide spirituel indien Mohandas Gandhi, le paléontologue et philosophe français Pierre Teilhard de Chardin, le pédagogue libertaire britannique A. S. Neill, le moine bouddhiste japonais Modèle:Lien, le penseur indien Jiddu Krishnamurti, l'universitaire, agriculteur et penseur chrétien Marcel Légaut, l'anarchiste espagnol Modèle:Lien et le soldat américain Eddie Slovik.</ref>, les personnes qu'il admirait comme visionnaires bien avant leur temps et qui annonçaient un nouvel âge. Le seul mathématicien de sa liste était Bernhard Riemann. Influencé par la mystique catholique Marthe Robin, qui prétendait survivre sur la seule Eucharistie, Grothendieck a failli mourir de faim en 1988. Sa préoccupation croissante à l'égard des questions spirituelles était également évidente dans une lettre intitulée Lettre de la Bonne Nouvelle envoyée à deux cent cinquante amis en Modèle:Date-. Il y décrit ses rencontres avec une divinité et annonce qu'un « New Age » commencerait le Modèle:Date-, avant de se rétracter dans une nouvelle lettre envoyée deux mois après la première. Au début de 1990, il jeûne pendant quarante-cinq jours ; cet épisode est presque mortel pour lui ; son fils Alexandre rappelle qu'il ressemblait à un prisonnier d'Auschwitz<ref>Voir sur math.jussieu.fr.</ref>.
Travaux et influence
Le gros de l’œuvre de Grothendieck est publié dans les monumentaux, quoique inachevés, Éléments de géométrie algébrique (EGA) et dans le Séminaire de géométrie algébrique du Bois Marie (SGA). La collection Fondements de la géométrie algébrique (FGA) réunit pour sa part sa série d'exposés au séminaire Bourbaki.
Une avancée fondamentale que l’on doit à Grothendieck est l’invention de la théorie de la cohomologie étale et de la cohomologie l-adique, qui en est issue et servit de fondement pour faire passer les conjectures de Weil au stade de théorème, en particulier grâce au travail de Pierre Deligne, l'un des élèves de Grothendieck.
Par ailleurs, son travail a servi de base à Gerd Faltings pour démontrer la conjecture de Mordell, connue depuis comme le théorème de Faltings.
Dans son autobiographie, il classe ainsi ses contributions majeures (par ordre chronologique d'apparition) :
- Modèle:Lien et espaces nucléaires
- Modèle:Lien « continue » et « discrète » (catégories dérivées, « six opérations »)
- Techniques Riemann-Roch-Grothendieck (K-théorie, relation à la théorie des intersections)
- Schémas
- Topos
- Cohomologie étale et l-adique
- Motifs et groupe de Galois motivique (⊗-catégories de Grothendieck)
- Cristaux et cohomologie cristalline, yoga « coefficients de De Rham », « coefficient de Hodge »
- « Algèbre topologique » ∞-champs, dérivateurs ; formalisme topologique des topos, comme inspiration pour une nouvelle Modèle:Lien
- Topologie modérée
- Yoga de Modèle:Lien, théorie de Galois-Teichmüller
- Point de vue « schématique » ou « arithmétique » pour les polyèdres réguliers et les configurations régulières en tous genres.
Pendant des années, il accumule des Modèle:Citation. En 1991, il confie à un de ses anciens étudiants, Jean Malgoire, cinq de ces cartons, contenant quelque Modèle:Unité de notes rédigées depuis 1970. En 2010, il écrit à Malgoire pour lui interdire toute publication de ces notes, entreposées à la faculté de MontpellierModèle:Sfn.
De même, en Modèle:Nobr, il déclare, dans une lettre adressée au mathématicien Luc Illusie, qu'il refuse toute diffusion de ses œuvres que ce soit par édition numérique ou publication/republication papier<ref>La Recherche, Modèle:N°, avril 2010, Modèle:Pp.. Modèle:Pdf « Déclaration d'intention de non-publication », 3 janvier 2010.</ref>.
Luc Gomel, conservateur national, responsable du patrimoine de l’université de Montpellier, qui veille sur les « cartons » aujourd’hui, souhaite les faire classer « trésor national » afin qu'ils échappent au droit commun et donc au refus d'Alexandre Grothendieck de les mettre à la disposition de la communauté scientifiqueModèle:Sfn.
Début 2016, soit un peu plus d’un an après sa mort, les enfants du mathématicien, qui contestent à l'université la propriété des cartons, font en outre inventorier Modèle:Unité pages d'archives qui se trouvaient entreposées dans des cantines au dernier domicile de Grothendieck au moment de sa mort<ref>Modèle:Lien web.</ref>,Modèle:Sfn. Dans son testament, le mathématicien demande que ces dizaines de milliers de pages manuscrites soient remises à la Bibliothèque nationale de France. Il lève l'interdiction de divulguer ses écrits.
Le Modèle:Date-, l'université de Montpellier rend ainsi publiques les notes de Grothendieck, soit quelque Modèle:Unité de notes manuscrites réparties dans Modèle:Nobr d'archives. Il s'agit maintenant de décrypter ces notes de calculs, de schémas et d'équations en tous genres, un travail jugé compliqué par le directeur de l'institut Grothendieck de Montpellier, dû non seulement à un problème de lisibilité de son écriture à la main mais aussi de compréhension du fond, car « il faut être dans les mathématiques de Grothendieck pour le comprendre », a-t-il expliqué. Ce travail de déchiffrage devrait visiblement prendre des années mais les mathématiciens s'en réjouissent car, d'après eux, ces notes constituent un trésor pour les mathématiques et une véritable énigme à résoudre<ref>Modèle:Lien web.</ref>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
Œuvre
Mathématique
Ci-dessous une liste des principales publications d'Alexandre Grothendieck, proche de celle dressée par le magazine La Recherche en 2014Modèle:Sfn. Une liste plus exhaustive est disponible sur le Grothendieck CircleModèle:Sfn.
- Modèle:Article.
- Modèle:Article.
- Modèle:Article.
- Modèle:Article.
- Modèle:Ouvrage
- Modèle:Ouvrage
- Modèle:Ouvrage.
- Modèle:Ouvrage.
- Modèle:Ouvrage.
Littéraire
- Modèle:Ouvrage, ou collection Tel, Gallimard, janvier 2022.
- Modèle:Ouvrage.
- Modèle:Ouvrage.
- Joseph Rouzel, La folie créatrice. Alexandre Grothendieck et quelques autres, Editions érès, Toulouse, 2016.
- Alexandre Grothendieck, Allons-nous continuer la recherche scientifique ?, Éditions du Sandre, 2022, 104 pages.
Hommages
- En 2015, l'institut de mathématiques de l'université de Montpellier est rebaptisé Institut montpelliérain Alexander Grothendieck en son honneur<ref>Modèle:Article</ref>.
- En décembre 2022 est inauguré à Mondovì l'Institut Grothendieck<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
- En juin 2023 est inauguré à Mende, à l'initiative de Michel Sidobre, une plaque commémorative au Lycée Chaptal<ref>https://www.youtube.com/watch?v=DJ1N6DBSrUg</ref> par lequel il est passé dans les années 40, étant déporté avec sa mère au Camp de Rieucros.
Notes et références
Notes
Modèle:Traduction/Référence Modèle:Traduction/Référence Modèle:Références
Références
Voir aussi
Bibliographie
Ouvrages principaux
En français
- Modèle:Lien web.
- Modèle:Ouvrage.
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- Modèle:Lien web.
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- Modèle:Article.
- Modèle:Article.
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- Modèle:Article.
- Modèle:Article.
- Modèle:Article.
- Modèle:Ouvrage.
- Modèle:Lien web.
- Modèle:Lien web.
- Joseph Rouzel, La folie créatrice. Alexandre Grothendieck et quelques autres, érès, 2016.
En anglais
En allemand
- Modèle:Lien web.
- Modèle:Ouvrage Biographie en trois volumes, dont le Modèle:1er est disponible en anglais.
Ouvrages complémentaires
- Modèle:Lien web.
- Modèle:Article.
- Modèle:Article.
- Modèle:Article.
- Modèle:Article.
- Modèle:Lien web.
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Caroline Moorehead. Village Of Secrets. Defying The Nazis In Vichy France. Harper: New York, 2014 Modèle:ISBN.
- Modèle:Ouvrage.
- Nicolas Bouleau, article « Grothendieck, Alexandre (1928-2014) » in Dominique Bourg et Alain Papaux, Dictionnaire de la pensée écologique, Presses universitaires de France, 2015 (Modèle:ISBN).
- Modèle:Article.
- Modèle:Ouvrage. Lire en ligne gratuitement
- Yan Pradeau, Algèbre : Éléments de la vie d'Alexandre Grothendieck, Allia, 2016
Articles connexes
Liens externes
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Grothendieck Circle : un site universitaire complet consacré à sa vie et à son œuvre.
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Mathematics Genealogy Project.
- Lectures grothendieckiennes : séminaire organisé au département de mathématiques de l'ENS, 2017-2018. Captations en ligne sur le site CultureMath.
- "La maïeutique mathématique selon Poincaré et selon Grothendieck", conférence d'Yves André à l'ENS, Modèle:Date-.
- Documentaire (Modèle:Heure) : Modèle:Vimeo, d'Hervé Nisic (consulté le Modèle:Date-).
- Documentaire (Modèle:Heure) : Modèle:Lien web.
- Modèle:Lien web.
- « Une vie digne d'être vécue », entretien de Modèle:Heure, conférence au CERN du Modèle:Date-.
- A. Grothendieck par Mateo Carmona.
- Modèle:Lien web.
- Modèle:Lien web.