Peintre très soucieux du détail authentique, il s'inscrit dans le mouvement académique, qui prédomine dans les arts plastiques sous le Second Empire. Couvert d'honneurs, il siège à l'Académie des beaux-arts et préside de nombreux jurys nationaux ou internationaux.
Meissonier, quatrième enfant d'un commerçant lyonnais, fait preuve d'un talent certain pour le dessin. Adolescent, il dessine des têtes au fusain et à l'estompe chez Julien Potier<ref>Peintre lauréat du troisième prix de Rome en 1821 et 1822.</ref>. Il quitte à 17 ans sa ville natale et entre dans l'atelier du peintre Léon Cogniet où il apprend à peindre. Il assiste notamment à la préparation de la peinture d'un plafond pour le musée du Louvre représentant l'expédition d'Égypte, une reconstitution historique qui lui permet d'avoir ses premiers contacts avec la peinture militaire.
Meissonier débute au Salon de 1834 avec les Bourgeois flamands<ref>Victor Frond: Meissonnier; Le Panthéon des Illustrations Françaises au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, Abel Pilon, Paris, 1866</ref>. Il est successivement peintre d'éventails et d'images pieuses pour les éditeurs de la rue Saint-Jacques, puis s'essaie à l'illustration avec talent pour l'éditeur Curmer, avec notamment la publication de Paul et Virginie et de La Chaumière indienne de Bernardin de Saint-Pierre. Ses amis de l'époque sont Honoré Daumier et Charles-François Daubigny. Lors des journées de juin 1848, Meissonier est de service comme capitaine d'artillerie dans la Garde nationale, qui réprime alors des soulèvements ouvriers réagissant à la fermeture des ateliers nationaux. Bouleversé par cette expérience, il décide d'en réaliser une huile sur toile intitulée La barricade, ou Souvenir de la guerre civile<ref>Modèle:Ouvrage</ref> à partir d'un croquis. Cette huile, il la représente à partir de sa réminiscence douloureuse de l'évènement : on y voit les derniers regards figés des cadavres entassés de révoltés, le tout dans une ambiance glaciale représentant bien l'horreur de ces jours damnés.
Ernest Meissonier commence cependant sa carrière de peintre dans un registre plus classique, avec des scènes de genre dépeignant la vie quotidienne au Modèle:S mini- ou au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle : joueurs de cartes, joueurs d'échecs, homme attendant à sa fenêtre, fumeur, joueurs de boules. Il obtient un succès grandissant, à tel point qu'on en vient même à le comparer aux maîtres flamands auxquels il est d'ailleurs lui-même fort attaché.
Mais c'est en peignant des scènes militaires que l'artiste obtient les honneurs officiels (chevalier de la Légion d'honneur en 1846, officier en 1856, commandeur en 1867, Grand officier en 1880, Grand Croix en 1889). Il est élu membre de l'Académie des beaux-arts en 1861. Parmi ses tableaux historiques, on peut citer 1805, les Cuirassiers avant la charge, La Campagne de France, 1814 ou encore une commande officielle Napoléon III à Solférino, en quoi il demeure avec ce dernier, avec Modèle:Citation<ref>Yann Kerlau, Chercheurs d'art - Les marchands d'hier et d'aujourd'hui, Flammarion, 2014.</ref>. Avec son ami l'historien Michelet, il incite le peintre de paysage Paul Huet à se présenter à l'académie des Beaux-Arts, mais celui-ci échoua.
Meissonier applique systématiquement la même méticulosité d'historien dans tout le travail préparatoire de ses œuvres, ce qui fait de lui une référence en matière d'uniformologie.
Peintre académique, même s'il n'était pas issu de l’École des Beaux-Arts, son style de peinture s'inspire à ses débuts des scènes de genre (La visite chez le bourgmestre, Le jeu de piquet) des canons de l'âge d'or de la peinture néerlandaise<ref>Ernest Meissonier (1815-1891). Un certain regard, p. 17.</ref>. Théophile Gautier le compare même aux maîtres flamands du {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | XVIIe{{#if:| }} }} siècle comme Gerard ter Borch, Gabriel Metsu, Pieter de Hooch et Vermeer de Delft). Il n'hésite pas à peindre parfois ses paysages d'arrière-plan à la manière des romantiques comme Eugène Delacroix, inspiration visible dans Le Siège de Paris, voire s'essayant même à ce que l'on pourrait qualifier de quasi-impressionnisme par des traits fugitifs, mettant l'accent sur la sensation visuelle plutôt que la représentation exacte comme dans Bords de la Seine à Poissy<ref name=":4">Modèle:Lien web</ref>. Il est considéré de son vivant comme l'un des plus grands maîtres de la peinture contemporaine. Lui-même disait que sa particularité n'était pas son coup de pinceau, mais son sens de l'analyse : Modèle:Citation<ref name=":6" />. Connu pour ses scènes représentant la geste napoléonienne (réalisées sous le Second Empire et la Troisième République), Meissonier a eu en son temps gloire et honneurs, mais aussi des critiques virulentes, exacerbées après sa mort. Ses peintures sont les plus chères qui se soient vendues du vivant de l'artiste au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle, ainsi entre 1884 et 1890 pouvait-il vendre certains de ces tableaux entre 100 000 et près de 200 000 francs de l'époque.
Une de ses œuvres les plus connues est le tableau intitulé Campagne de France, 1814<ref>Campagne de France, 1814 est en fait le premier tableau d'un cycle resté inachevé des conquêtes napoléoniennes, qui valut à Meissonier un immense succès.</ref>. D'un petit format assez inhabituel pour une peinture d'histoire militaire, ce tableau témoigne de son savoir-faire habile et minutieux. Malgré les dimensions réduites, la vaste étendue de la plaine désolée et le lourd ciel gris donnent de l'ampleur à la scène, tout comme la perspective dilatée autour de la figure centrale de l'Empereur, magnifié par un point de vue en léger contrebas. Les moindres détails sont restitués avec minutie. Le directeur de l'École des beaux-arts, Charles Blanc, disait d'ailleurs de Meissonier qu'il Modèle:Citation<ref name="NOTICE">« Ernest Meissonier - Campagne de France, 1814 », Notice sur le site du musée d'Orsay.</ref>.
L'universitaire et académicien Octave Gréard disait à ce propos : « N'eût-il laissé que ses illustrations, il aurait une place dans l'histoire de l'art »<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.
Le sculpteur
Si l’œuvre sculpté d’Ernest Meissonier demeure peu exposé, parfois dans l’ombre de son œuvre peint, ses sculptures sont toutefois présentées après son décès à la galerie Georges Petit en mars 1893 avec 11 cires<ref>Modèle:OuvrageModèle:Citation bloc</ref>, mais aussi à l’École des beaux-arts de Paris où sont exposés cinq bronzes et quelques cires originales<ref>Modèle:Ouvrage. La source directe est une série de photos de l’exposition de 1893, conservées au cabinet des Dessins du musée du Louvre, dans les fonds du musée d’Orsay.</ref>.
Ce n’est qu'en 1993 que l’œuvre sculpté d’Ernest Meissonier est présenté pour la première fois, quasi complet, lors de la rétrospective que lui consacre le musée des beaux-arts de Lyon<ref name=":0">Modèle:Ouvrage.</ref>. D’après le catalogue paru à cette occasion et d’anciennes photographies<ref>Modèle:Ouvrage.</ref> des ateliers Meissonier, l’absence de quelques pièces est remarquable. En effet, certaines sculptures n’ont pas été acheminées pour l’exposition en raison de leur fragilité ou de leur mauvaise conservation, ce qui est notamment le cas de la cire du Voyageur actuellement conservée à Paris au musée d’Orsay<ref>Modèle:Lien web.</ref>, du Croisé, et de la cire Cheval au galop, conservée à l’époque dans une collection particulière et qui, sans raison documentée, n’a pas été exposée. Pour le reste des pièces manquantes, il s’agissait d’un défaut de localisation<ref name=":0" />.
La sculpture : un travail de maquette
Les œuvres sculptées d’Ernest Messonier peuvent être comprises ipso facto par l’origine, l’objectif de leur réalisation. En effet, la recherche réaliste dans l’œuvre de l’artiste consiste avant tout à la préparation méticuleuse de ses représentations peintes, pour lesquelles il réalise des maquettes sculptées. La sculpture est donc l’étape préalable à la peinture, la représentation tridimensionnelle des figures réalisée pour sentir le mouvement des personnages et comprendre les jeux de lumière afin de donner une représentation peinte la plus réaliste possible<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.
L’origine préparatoire de la sculpture explique d’une part le fait qu’elle n’ait été que peu exposée Modèle:Incise mais justifie aussi l’emploi de la cire pour les sculptures, un matériau très malléable qui se conserve très mal.
Recherche d’un réalisme historique
Meissonier réalise donc ses sculptures préparatoires dans une quête de réalisme et cherche à provoquer l’émotion (par exemple, le corps au vent du Voyageur soumis à la dureté des éléments, luttant pour avancer). Cette volonté d’être au plus proche du réel pour susciter l’émotion est une caractéristique du romantisme dans la peinture du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle.
Ainsi, lorsque l’artiste sculpte la cire, il se concentre sur la compréhension et la recherche du juste mouvement de ses figures notamment lorsqu’il travaille les chevaux<ref>Modèle:OuvrageModèle:Citation bloc</ref> afin d’être au plus près d’une mise en situation réelle. Meissonier déclarait à cet effet prendre beaucoup de plaisir à manier la cire, notamment dans l’aisance de sa flexibilité : Modèle:Citation<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.
Cette recherche autour de la figuration équine devient dès lors une de ses spécialités, notamment reconnue par ses pairs. Ainsi, le peintre impressionnisteEdgar Degas<ref>Degas a lui-même modelé des maquettes en cire de chevaux, à la recherche du mouvement juste.</ref>, qui n’appréciait guère l’artiste ni son œuvre, reconnaissait toutefois la qualité de ses recherches et l’exhaustivité de ses connaissances sur les équidés : Modèle:Citation<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.
Si Meissonier sculpte pour arriver au juste mouvement, il utilise aussi la figuration sculptée afin d'appréhender le rôle de la lumière, à l'instar des boîtes optiques de Nicolas Poussin, notamment dans les scènes de bataille. Poursuivant cette même quête du réel, la conception miniature de ces figures lui permet de les placer et déplacer physiquement dans l’espace, d’observer la réalité des jeux d’ombres et de lumière sur ses personnages et d’affirmer ou de réfuter ses projections. La justesse et le perfectionnisme de ses maquettes sont d’ailleurs soulignés par le critique d’art François Thiébault-Sisson qui dit à cet effet : Modèle:Citation<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>
1890: Personnage de la comédie italienne, musée d'Art et d'Histoire, Poissy<ref name=":1">Ernest Meissonier (1815-1891). Un certain regard, p. 18</ref>.
Jules Richard (pseudonyme de Thomas Jules Richard Maillot), En campagne (deuxième série), tableaux et dessins de Meissonier, éd. Detaille, A. de Neuville, chez Boussod, Valadon et Modèle:Cie successeurs de Goupil et Modèle:Cie et Ludovic Baschet Librairie d'Art, Paris, s.d. (vers 1895).
Salon de 1850 : Joueur de luth, Le dimanche, Portrait, Souvenir de la guerre civile, Un peintre montrant ses dessins<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Salon de 1852 : Bravi, Homme choisissant son épée, Jeune homme travaillant<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Salon de 1853 : À l'ombre des bosquets chante un jeune poète (représentant Charles Reynaud), Paysage, Un jeune homme lit en déjeunant<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Modèle:MédailleExposition Universelle de 1855 : Jeune homme travaillant, Joueurs de boule sous Louis XV, La lecture, Le dimanche ; les joueurs de tonneau, Les bravi, Portrait de Mme et de Mlle E. M...., Un homme dessinant, Un jeune homme lit en déjeunant, Une rixe.<ref>Modèle:Lien web</ref>
Salon de 1857 : Amateur de tableaux chez un peintre, Jeune homme du temps de la régence, Joueurs d'échecs (dessin), La confidence, L'attente, Portrait d'Alexandre Batta, Un homme à sa fenêtre, Un homme en armure, Un peintre.<ref>Modèle:Lien web</ref>
Salon de 1861 : Portrait de M. Louis Fould, Portrait de Mme. H. T..., L'Empereur à Solférino, Un maréchal ferrant, Un musicien, Un peintre<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Salon de 1865 : Portrait de M. Charles Meissonnier, Suites d'une querelle de jeu<ref>Modèle:Lien web</ref>.
Modèle:MédailleExposition Universelle de 1867 : L'attente, Le maréchal-ferrant, Portrait de Madame Henri Thénard, S. M. L'Empereur à Solférino, 1814, campagne de France, 1807, Lecture chez Diderot, Le Capitaine, Cavaliers se faisant servir à boire, Corps de garde, Portrait de M. G. Delahante, Lecture, L'Ordonnance, Renseignements; le général Desaix à l'armée de Rhin et de Moselle.<ref>Modèle:Ouvrage</ref>
Antonin Mercié a réalisé vers 1891 un monument en marbre le représentant, et installé depuis 1981 dans le parc Meissonier à Poissy. Dimensions : Modèle:Tunité avec un piédestal de Modèle:Unité de hauteur<ref>Ernest Meissonier (1815-1891). Un certain regard, p. 8</ref>.
Octave Gréard, Jean-Louis-Ernest Meissonier, ses souvenirs - ses entretiens, précédés d'une étude sur sa vie et son œuvre, Librairie Hachette, 1897 (en ligne sur archive.org).
Co-édition Mare & Martin et Ville de Poissy, catalogue de l'exposition du 27 mars au 21 juin 2015 s'étant déroulée à Poissy : Ernest Meissonier (1815- 1891). Un certain regard.Modèle:ISBN