Pierre Clastres

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Modèle:Voir homonymes

Modèle:Infobox Philosophe

Pierre Clastres, né le Modèle:Date de naissance à Modèle:Arrondissement<ref name=":0">Notice d'autorité personne sur le site du catalogue général de la BnF.</ref> et mort accidentellement le Modèle:Date de décès à Gabriac en LozèreModèle:Sfn,<ref>Modèle:Lien web</ref>, est un ethnologue et anthropologue françaisModèle:Sfn.

Il est chercheur au C.N.R.S., membre du Laboratoire d’anthropologie sociale et enseignant à l'École pratique des hautes études. C'est un penseur à la plume acérée<ref>Modèle:Article</ref> et au ton parfois polémique<ref>Modèle:Article</ref>, considéré comme libertaireModèle:Sfn,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn et/ouModèle:Note anarchisteModèle:Sfn,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn.

Clastres effectue des recherches en Amérique du Sud sur les sociétés autochtones de la forêt tropicale, où il séjourne auprès de certaines d'entre elles (notamment les Javae et les Yanomami). Outre la description et l'analyse de l'organisation sociale de ces sociétés (particulièrement les Guayaki et les Chulupi), il s'intéresse aux mythologies des peuples autochtones qu'il étudie (comme celle des Guarani) et il réfléchit sur leur usage du langage. Enfin, sur un plan plus théorique, il critique les présupposés et les impensés de l'ethnologie et de l'anthropologie politique.

Ses livres les plus connus, la Chronique des Indiens GuayakiModèle:Sfn et La Société contre l'ÉtatModèle:Sfn, offrent deux approches différentes de ce terrain sud-américain : le premier, proprement ethnographique, décrit en détail la vie de Modèle:Citation des Aché ; le second, plus anthropologique, réunit des études théoriques consacrées à la dimension politique des sociétés autochtones en questionnant l'origine de l’État.

Revenu du terrain sud-américain, Clastres observe en ethnologue et en anthropologue celui où il est né : la société occidentale. D'une part, il critique certains travers de sa société, comme le rapport au langage, la conception de la guerre et la pratique de l'ethnocide. D'autre part, il avance une thèse sur les Modèle:CitationModèle:Sfn,Modèle:Note (des sociétés indivisées où est institué un pouvoir politique non coercitif) dont le corollaire s'applique aux sociétés occidentales : des sociétés divisées en Modèle:Citation où est institué un pouvoir politique coercitif exercé par l'Modèle:CitationModèle:Sfn.

Dans ses travaux, Pierre Clastres distingue Modèle:CitationModèle:Sfn qui trace un axe de recherches et Modèle:CitationModèle:Sfn qui esquisse un éventail d'actionsModèle:Sfn : Modèle:Citation

Biographie

Formations, titres et postes

Pierre Clastres naît le Modèle:Date à Paris<ref name=":0" />. Licencié ès Lettres en Modèle:DateModèle:Sfn, il obtient un Diplôme d'études supérieures de philosophie en Modèle:Date-Modèle:Sfn ; durant son cursus François ChâteletModèle:Sfn est son professeur et il assiste à des cours de Gilles DeleuzeModèle:Sfn.

Par la suite, en compagnie d'Alfred Adler, de Michel Cartry et de Lucien Sebag<ref>Modèle:Article</ref>, Clastres change de cursus<ref>Modèle:Article</ref> et suit des cours d'ethnologie et d'anthropologie de Modèle:Date- à Modèle:Date-Modèle:Sfn ; Alfred Métraux est son professeurModèle:Sfn et il assiste aux cours de Claude Lévi-Strauss au Collège de FranceModèle:Sfn. Se remémorant l’année Modèle:Date-, Adler déclare : Modèle:CitationModèle:Sfn. Lorsque ces quatre étudiants doivent partir sur le terrain afin de compléter leur formation d'ethnologues, Adler et Cartry choisissent l'Afrique, Sebag et Clastres choisissent l’Amérique du SudModèle:Sfn. Adler se rappelle : Modèle:Citation

Photographie de l'anthropologue français Alfred Métraux
Portrait photographique d'Alfred Métraux à Candelaria (Argentine) en juillet Modèle:Date-. Métraux fut le professeur de Clastres.

En Modèle:Date-, Clastres obtient le titre de docteur en ethnologie avec une thèse de Modèle:3e intitulée « La vie sociale d'une tribu nomade : les Indiens Guayaki du Paraguay »Modèle:Sfn. Réalisée sous la direction de Claude Lévi-StraussModèle:Sfn, sa thèse est issue de son travail de terrain auprès des Guayaki durant l'année Modèle:Date-<ref>Modèle:Article</ref>,<ref group="PC">Modèle:Article.</ref>, et donne lieu à la publication de plusieurs articles sur la société guayaki<ref group="PC" name=":0">Modèle:Article.</ref>,<ref group="PC">Modèle:Article.</ref>,<ref group="PC">Modèle:Article.</ref>,<ref group="PC">Modèle:Chapitre.</ref>. Ce travail (remanié) est publiéModèle:Sfn dans l'ouvrage paru en Modèle:Date- dans la collection « Terre humaine » : Chronique des Indiens Guayaki. Ce que savent les Achés, chasseurs nomades du ParaguayModèle:Sfn.

De Modèle:Date- à Modèle:Date-, Clastres est chercheur au C.N.R.S., rattaché au Laboratoire d’anthropologie sociale<ref>Modèle:Lien web</ref> créé et dirigéModèle:Sfn par Claude Lévi-StraussModèle:Sfn. À partir de Modèle:Date--Modèle:Date-, il est chargé de cours à la {{#ifeq:section | s | Modèle:Siècle | Ve{{#if:section| section }} }} de l'École pratique des hautes études (É.P.H.É.)Modèle:Sfn où, notamment, il s'occupe de former les étudiants à l'anthropologie politiqueModèle:Sfn. Philippe Descola se remémore ces cours : Modèle:Citation

Sinon, du mois de mars au mois de Modèle:Date- et du mois d'avril au mois de Modèle:Date-, il enseigne à l'Université de São Paulo au BrésilModèle:Sfn. Enfin, à compter du Modèle:Date- Clastres est élu directeur d'études de la chaire « Religions et sociétés de l'Amérique du Sud » à l'É.P.H.É.Modèle:Sfn (d'après Miguel AbensourModèle:Sfn et Marcel GauchetModèle:Sfn, il y tient un séminaire de qualité mais qui attire peu de monde).

Travail de terrain

Pierre Clastres est un américanisteModèle:Sfn, c'est-à-dire que ses recherches et son travail de terrain se font en Amérique, précisément l'Amérique du Sud. Peu intéressé par l'empire Inca et par les sociétés dont l'organisation politique se rapproche d'une forme étatiqueModèle:Sfn, il s'intéresse plutôt aux sociétés d'Amazonie, aux peuples de la forêt et des terres basses (ce qui le rattache à une aire géographique et à un champ d'études nommés « américanisme tropical »)<ref>Modèle:Article.</ref>. Voici les missions qu'il effectue<ref group="PC" name=":1">Modèle:Article</ref>,Modèle:Note :

Modèle:Début d'illustration Modèle:Carte/Pierre Clastres terrains Modèle:Fin d'illustration

  1. De Modèle:Date- à Modèle:Date-, il passe une année auprès des Indiens Guayaki au Paraguay ;
  2. En Modèle:Date- toujours au Paraguay, après une tentative infructueuse de rencontrer des groupes guayaki du Nord encore inconnus, il séjourne auprès des Indiens Guarani Chiripa grâce à León Cadogan avec lequel il entretient une profonde amitié (et dont il préface le Diccionario Guayaki-EspañolModèle:Sfn) ;
  3. Fin Modèle:Date- et début Modèle:Date- au Brésil, il visite les Javae du Haut Xingu puis il effectue un court séjour chez les Guarani du littoral de São Paulo ;
  4. À l'été Modèle:Date-, de retour au Paraguay, il séjourne brièvement chez des Mbya-Guarani ;
  5. Par deux fois, en Modèle:Date- (juin à octobre) et en Modèle:Date- (juin à septembre), il visite les Indiens Chulupi qui vivent dans le Chaco au Paraguay ;
  6. Entre Modèle:Date- et Modèle:Date-, au Venezuela, il accompagne Jacques Lizot chez les Indiens Yanomami ;
  7. Enfin, en Modèle:Date-, il rencontre des Indiens Guarani au Brésil, des descendants des rescapés d'une des dernières migrations religieuses remontant au début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle et provenant du ParaguayModèle:Sfn,Modèle:Sfn.

Clastres ramène de ses missions de nombreux artefacts (arcs, flèches, vanneries, etc.) qui sont conservés au Musée du Quai Branly<ref>Modèle:Lien web</ref>. Aussi, il rapporte des enregistrements sonores<ref>Modèle:Lien web</ref> qui sont conservés à l'Institut mémoires de l'édition contemporaine (I.M.E.C.)<ref name=":1">Modèle:Lien web</ref>, ainsi que des photographies qui sont conservées au Musée du Quai Branly, au Laboratoire d’anthropologie sociale<ref>Modèle:Lien web</ref> et à la Bibliothèque nationale de France<ref>Modèle:Lien web</ref>.

À ce travail de terrain il faut ajouter la fréquentation continue des textes de nombreux chroniqueursModèle:Note, dans ceux-ci Clastres trouve des informations qui l'aident à comprendre les sociétés qu'il étudieModèle:Sfn,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn. Et c'est dans certains de ces textes qu'il découvre pour la première fois des peuples qu'il rencontre par la suiteModèle:Sfn : les Guarani et les Guayaki.

Parcours intellectuel

Dans sa jeunesse, Pierre Clastres milite à l’Union des étudiants communistes au côté de Lucien Sebag et Michel Cartry<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Dans un article consacré à Cartry, Alfred Adler évoque le tempérament d'alors de Clastres : Modèle:Citation

Lors du séjour de Marshall Sahlins au Laboratoire d’anthropologie sociale (Modèle:Date--Modèle:Date-Modèle:Note), Clastres déjeune avec lui couramment : ils discutent des Modèle:Citation Selon Bento Prado Junior lors de Mai 68 Clastres (accompagné de SahlinsModèle:Sfn) est Modèle:Citation

Photographie de l'anthropologue français Claude Lévi-Strauss
Portrait photographique de Claude Lévi-Strauss à l'UNESCO en Modèle:Date-. Lévi-Strauss fut le directeur de thèse de Clastres.

C'est dans la revue L'Homme fondéeModèle:Sfn par Claude Lévi-Strauss que Clastres publie la plupart de ses articles. À la suite de polémiques autour du structuralisme<ref>Modèle:Article</ref> et, surtout, après l'envoi d'une lettre véhémente à un collègue sur du papier à en-tête du Laboratoire d'anthropologie socialeModèle:Sfn,Modèle:Sfn, Lévi-Strauss congédie Clastres du Laboratoire en Modèle:Date-Modèle:Sfn. En conséquence, Clastres cesse de collaborer à L'Homme et il publie le reste de son œuvre dans différentes revues qui accueillent des articles sur des sujets principalement politiques et philosophiques, dont Interrogations et TexturesModèle:Sfn.

Il se rapproche alors de philosophes dont les recherches portent sur la politique, des personnes animant le courant antitotalitaireModèle:Sfn qu'il avait déjà croisées : Cornelius Castoriadis et Claude Lefort (fondateurs et animateurs du groupe et de la revue Socialisme ou barbarieModèle:Sfn), Miguel Abensour et Marcel Gauchet (avec lesquels il collabore pour une édition du Discours de la servitude volontaire d'Étienne de La BoétieModèle:Sfn). Avec eux, plus Maurice Luciani, il participe à la création de la revue Libre dont les deux premiers numéros paraissent en Modèle:Date-<ref>Modèle:Ouvrage</ref>,Modèle:Sfn,<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

Au cours des années Modèle:Date--Modèle:Date-, dans le prolongement des controverses autour du structuralisme puis de son livre La Société contre l'État, Clastres débat avec différents auteurs dont Pierre BirnbaumModèle:Sfn, il réitère ses critiques contre le structuralismeModèle:Sfn,Modèle:Sfn,Modèle:Note et il polémiqueModèle:Sfn contre une approche de l'ethnologie dénommée « anthropologie marxiste » (notamment les travaux de Claude Meillassoux et ceux de Maurice GodelierModèle:Sfn)Modèle:Sfn.

Décès

Pierre Clastres décède lors d'un accident de voiture le Modèle:Date de décèsModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Robert Maggiori suppute : Modèle:Citation

Une œuvre inachevée

De son vivant, Clastres a été l'auteur d'une thèse non publiée, d'une trentaine d'articles et de trois livres ; mort accidentellement, il laisse derrière lui une œuvre inachevéeModèle:Sfn,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn : des textes non regroupés en volume et quelques textes inédits, des matériaux non publiés tels que des notes de travail, des journaux de terrain, un plan d'ouvrage, etc.<ref name=":1" />. (Voir en fin d'article « Annexe : publications ».)

Recherches et travaux

Modèle:Encart

Clastres ethnologue : rencontrer d’autres hommes, penser l'existence sociale

Au contact de sociétés sud-américaines

Pierre Clastres aborde les sociétés auprès desquelles il séjourne selon différents angles : il cherche à saisir l'organisation sociale de chaque société, il étudie une ou plusieurs singularités qui retiennent son attention, il tente de repérer des régularités sociologiques.

Gravure d'un amérindien Tupinamba
Reproduction numérique d'une gravure représentant des guerriers Tupinamba, à la page 231 du livre de Jean de Léry Histoire d'un voyage fait en la terre du Brésil, autrement dite Amérique<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. (Source : Gallica)

Sur son premier terrain chez les Guayaki, parmi les différentes dimensions de l'organisation sociale, l'économie de cette société l'interroge : les Guayaki sont-ils des chasseurs-cueilleurs depuis toujours ou le sont-ils (re-)devenus par nécessité ou par accident (Clastres pense qu'ils ont perdu leurs connaissances et leurs pratiques agricoles)Modèle:Sfn. Chez les Chulupi, c'est la place du guerrier dans une société où la guerre est au cœur de la dynamique sociale et politique qu'il analyse (risque de division, place des femmes…)Modèle:Sfn. Chez les Yanomami, ce sont les liens entre les différents groupes qui l'intéressentModèle:Sfn.

Sinon, sur ses différents terrains Clastres observe des singularitésModèle:Note, comme l'anthropophagie. Remarquant différentes pratiques et conceptions de celle-ci, il propose d'opérer une distinction : d'une part l'Modèle:Citation pratiqué par les Guayaki, les Yanomami et les Yanoama, où les morts de la communauté sont consommés afin d'empêcher les âmes des défunts de nuire aux vivantsModèle:Sfn ; d'autre part l'Modèle:Citation pratiqué par les Tupis-Guaranis et les Karibs, où les guerriers ennemis capturés sont exécutés et mangés rituellement (après avoir vécu parmi leurs ravisseurs) afin que leurs forces augmentent celles de leurs gourmets<ref>Modèle:Ouvrage</ref>.

Enfin Clastres cherche à repérer des traits sociologiques qui, appréhendés avec du recul, lui permettraient de formuler des thèses plus généralesModèle:Sfn ; par exemple : sur le mode de production dans les « sociétés primitives ». S'appuyant sur son travail de terrain, ainsi que sur les travaux de Marshall Sahlins et les données de Jacques Lizot, Clastres rejoint leurs conclusions quand ceux-ci soutiennent que les sociétés des peuples premiers sont des sociétés d'abondanceModèle:Sfn et de loisirs<ref>Modèle:Article</ref>,Modèle:Sfn. Plus encore, d'après Clastres les « sociétés primitives » seraient des sociétés qui refusent l'économieModèle:Sfn, c'est-à-dire : des sociétés dont l'activité économique n'est pas organisée comme une économie de marchéModèle:Sfn.

Pour Clastres le terrain ne consiste pas seulement à étudier des faits, c'est-à-dire des actions ainsi que des réalités matérielles et physiques ; ces faits, il faut les rapporter à des réalités symboliques aux effets bien réels, à savoir des mythes et des paroles.

Retranscrire des mythes, approcher des paroles

Clastres effectue des recherches sur les mythologies des peuples auprès desquels il séjourne (constitution de corpus, traduction et interprétation). Aussi, il s'intéresse de près à l'usage de la parole dans ces sociétés, notamment aux effets qu'une parole peut avoir lorsqu'elle est prononcée.

Photographie d'une sculpture amérindienne
Photographie d'une sculpture de Pombéro, aussi nommé Pÿragué (« pieds poilus »), humanoïde de petite taille de la mythologie des Mbya-Guarani. (Museo Mitológico Ramón Elías, situé à Kapi'atã, au Paraguay).

Pour analyser les corpus de mythes qu'il recueille, Clastres recourt à la méthode d'interprétation inventée par Claude Lévi-Strauss : l'analyse structuraleModèle:Sfn. Toutefois, Clastres estime que cette méthode structuraliste ne permet pas d'explorer toute la richesse et la profondeur des mythes, tout particulièrement leur dimension politiqueModèle:Sfn. Par ailleurs, comme dans son article « De quoi rient les Indiens ? »<ref group="PC" name=":5">Modèle:Article.</ref>, il considère que cette méthode manque la dimension humoristique de certains mythes et leurs effets cathartiquesModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Aussi, il s'intéresse aux réflexions des peuples premiers sur leurs propres mythes et mythologies : Clastres écoute les chamans Guarani qui, lorsqu'ils récitent leurs mythes, accompagnent ces récitations de réflexions sur ceux-ciModèle:Sfn,Modèle:Sfn.

Outre la mythologie, Clastres étudie l'usage qu'il est fait de la parole dans ces sociétés car, selon les occasions, telle parole peut entraîner certains effets. Par exemple, les karai (les prophètes) Tupi-Guarani récitent les mythes de leur société mais, parfois, ils entraînent la population dans des migrations vers la « Terre sans Mal »Modèle:Sfn : ainsi leur parole peut être soit simple répétition et reconduction des traditions de la société, soit bouleversement complet de ladite sociétéModèle:Sfn. L'autre exemple est celui des chefs : comme les karai, ils parlent au nom de leur société ; cependant selon Clastres leur usage de la parole est sans effet : tout chef a le devoir de parler parce qu'il doit des paroles à sa société (sa prise de parole est un dû parce qu'il doit sa position de chef à sa société)Modèle:Sfn,Modèle:Sfn. Pour le dire autrement, sa parole est sans effet(s) car il dit ce que chacun sait déjà, les lois, et car personne ne lui obéirait s'il songeait à donner des ordres, et non à rappeler les loisModèle:Sfn.

Pour recueillir des mythes et des paroles, collecter des données et des artéfacts, Clastres questionne les personnes des sociétés qu'il étudie. Ce faisant, il se pose des questions sur ses méthodes et ses pratiques : il prend alors du recul sur son travail d'ethnologue, ainsi que sur sa discipline.

Réflexivité et critiques envers les présupposés de l'ethnologie et l'anthropologie

De retour du terrain, Clastres interroge non seulement les méthodes et les pratiques auxquelles il a été formé, mais aussi ses disciplines : l'ethnologie et l'anthropologieModèle:Sfn. Dans les théories contemporaines (i.e. années Modèle:Date--Modèle:Date-), Clastres identifie plusieurs points aveugles qu'il entend éclairer : le positivisme, l'ethnocentrisme et, plus insidieuse, la raison occidentale.

Photographie d'une manifestation d'amérindien
Photographie de plusieurs représentants de peuples indigènes du Brésil (Terena, Kaingang, Tuxá, Xokleng, Tupinamba, Karapó, Guarani Nhandeva et Kaiowá, Takaywrá, Cinta Larga, Karipuna, Tucano, Macuxi, Wapishana, Taurepang, Mura et Marubo), lors d'un rassemblement contre la politique anti-indigènes du président Jair Bolsonaro au mois de Modèle:Date-.

Le positivisme, Clastres le voit dans l'évolutionnisme, une théorie qui ne questionne pas ses présupposésModèle:Sfn. Selon cette théorie, toute société évolue d'un point initial jusqu'à atteindre un stade plus élevé. Les peuples premiers seraient alors identiques aux premières sociétés humaines et les sociétés occidentales seraient l'aboutissement de l'évolution de toute sociétéModèle:Sfn. Or, il n'en va pas ainsi : à l'instar des sociétés occidentales les sociétés des peuples premiers ont une origine, une histoire et elles poursuivent, chacune, leur propre trajectoireModèle:Sfn.

L'ethnocentrisme, Clastres le repère dans la difficulté à vouloir (re)connaître les peuples premiers dans leur pleine et entière positivitéModèle:Sfn. L'ethnocentrisme occidental visé par Clastres se distingue non seulement par le fait de caractériser négativement toutes les sociétés des peuples premiers selon des critères occidentaux (sans État, sans économie, sans histoire, sans écriture, etc.)Modèle:Sfn,Modèle:Sfn, mais surtout par la certitude d'être fondé scientifiquement, d'être objectif et rationnelModèle:Sfn.

Par « raison occidentale », Clastres entend l'impossibilité pour la civilisation occidentale de tolérer l'existence d'autres sociétés qui, dès lors, sont renvoyées dans le domaine de la déraisonModèle:Sfn. D'après lui, la civilisation occidentale ne dialogue pas avec les sociétés autres : soit elle les acculture, soit elle les anéantitModèle:Sfn. Néanmoins Clastres avance que l'ethnologie, en renouvelant son langage, pourrait permettre de dialoguer avec les peuples premiersModèle:Sfn.

Enfin, plus dramatiquement, Clastres s'inquiète de la disparition prochaine de son objet d'étude : les « sociétés primitives ». Comme Claude Lévi-Strauss, il est persuadé que toutes les sociétés de peuples premiers sont condamnées à périrModèle:Sfn,Modèle:Sfn.

Clastres anthropologue : découvrir d'autres sociétés, penser le politique

Le chef, le pouvoir politique, la non-coercition

Un article sur la chefferie indienne lance les réflexions de Pierre Clastres autour du pouvoir politique ; outre l'affirmation que les chefs dans les « sociétés primitives » sont sans pouvoir, il soutient que les « sociétés sans État » (ou « primitives »/acéphales) sont bien des sociétés politiques.

Photographie du chef amérindien Davi Kopenawa
Photographie d'une séance plénière au Sénat fédéral brésilien le Modèle:Date-, lors d'une session spéciale en l'honneur des peuples autochtones précédant le « Dia do Índio » (une journée célébrant les peuples indigènes du Brésil le Modèle:Date- de chaque année). Au premier plan sur la gauche figure Davi Kopenawa, chef indigène Yanomami.

Dans cet article, « Échange et pouvoir »<ref group="PC" name=":6">Modèle:Article.</ref>, Clastres affirme que toutes les chefferies indiennes sont instituées de sorte que le pouvoir du chef ne soit pas coercitifModèle:Sfn, ceci fait que les « sociétés primitives » ont longtemps paru sans politique. Pour synthétiser l'argumentation de Clastres, toute société (« primitive » et « à État ») édifie un circuit d'échanges de biens matériels et symboliques (dons et contre-dons), qui inclut aussi l'échange des femmes ; l'édification de ce circuit détermine pour chaque société, fondamentalement, l'institution politique du monde social (ou l'organisation sociale de la société) ; or, d'après Clastres, dans toutes les chefferies indiennes le chef est placé en dehors du circuit des échangesModèle:Sfn,Modèle:Note. Il soutient que cette manière d'instituer la place du chef est une manière singulière et originale d'instituer le politiqueModèle:Sfn : placé en dehors de la société et ne participant pas aux échanges sociaux, le chef incarne le pouvoir politique mais il ne l'exerce pasModèle:Sfn,Modèle:Note. En réalité, depuis cette place le chef dit et rappelle les lois de la société aux membres de la communauté qui, contrôlant ce dire et ce rappel (et ainsi : contrôlant leur chef), approuvent par là les lois de leur société édictées par les ancêtresModèle:Sfn,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn. De fait, pour Clastres, c'est la société en son entièreté qui exerce le pouvoir en reconduisant perpétuellement les lois instituées lors de son édificationModèle:Sfn,Modèle:Sfn ; de plus, il voit dans cette manière d'instituer le pouvoir politique l'institution de l'égalité : tous les membres de la communauté (y compris le chef) sont soumis aux mêmes lois, celles de leur sociétéModèle:Sfn,Modèle:Sfn,Modèle:Note.

Pour Clastres, cette institution de la chefferie indienne montre qu'à l'instar des sociétés occidentales (et de toutes les autres sociétés de par le mondeModèle:Sfn) les « sociétés primitives » (ou « sans État ») sont politiquesModèle:Sfn,Modèle:Sfn ; plus encore : ces sociétés ont institué le politique de façon à préserver l'égalité entre les membres de la communautéModèle:Sfn,Modèle:Sfn. De cette découverte découlent plusieurs conséquences : tout d'abord, toute société humaine est politique, ce qui veut dire qu'il n'existe pas de société sans pouvoir politiqueModèle:Sfn,Modèle:Sfn ; ensuite, cela signifie que le pouvoir politique n'est pas par essence (par nature) coercitif, il existe un pouvoir politique non coercitifModèle:Sfn ; enfin, ceci implique que la façon dont une société institue le politique entraîne la détermination de cette société (indivisée ou divisée, égalitaire ou inégalitaire)Modèle:Sfn,Modèle:Sfn,Modèle:Note.

Ces découvertes de l'universalité du pouvoir politique et de l'existence d'un pouvoir politique non-coercitif invitent Clastres à reconsidérer tout autrement ce pouvoir politique coercitif exercé par l'État.

Les origines de l’État et de l'inégalité

À la différence des « sociétés primitives » toutes les autres sociétés (quelle que soit leur organisation sociale) sont des « sociétés à État » d'après Clastres, c'est-à-dire des sociétés où sont institués un pouvoir politique coercitif et la relation de commandement-obéissance.

Photographie d'un manuscrit du Discours de la Servitude volontaire
Reproduction numérique du premier folio du « Manuscrit De Mesmes » du Discours de la servitude volontaire d'Étienne de La Boétie conservé à la BnF<ref>Modèle:Ouvrage</ref>,Modèle:Note. (Source : Gallica)

Dans La Société contre l'ÉtatModèle:Sfn (et d'autres textesModèle:Note), Clastres explore les conséquences de sa découverte quant à la nature de la chefferie indienne : l'État n'est pas l'unique modalité du pouvoir politiqueModèle:Sfn ; il n'en est qu'un des modes d'institution : celui du pouvoir politique coercitifModèle:Sfn. Clastres veut briser le discours positiviste et remettre l'État à sa juste place : il ne se situe pas à la fin d'un processus d'évolution sociale qui manifesterait un progrès dans le développement du pouvoir politiqueModèle:Sfn,Modèle:Sfn. En réalité, l'État instaure l'inégalité : il institue dans le même mouvement le pouvoir politique coercitif et la division sociale (entre ceux qui commandent et ceux qui obéissent)Modèle:Sfn,Modèle:Note.

Cherchant à comprendre comment un pouvoir politique coercitif a pu être institué, comment l'État a pu surgir, Clastres envisage plusieurs possibilités. L'une d'entre elles pourrait être la démographie : plus une société compte de membres et plus la densité de population augmente, plus un pouvoir politique coercitif pourrait survenirModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Autre possibilité : les prophètes, qui usèrent de leur parole afin de contre-carrer la venue de la division sociale voulue par les chefs, auraient fini par travestir cette parole en pouvoir politique coercitifModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Une autre possibilité serait l'inversion de la dette : un ou plusieurs chefs auraient réussi à inverser le sens de la dette qu'ils devaient à leurs égaux ; c'est-à-dire que tandis qu'un chef dans la « société primitive » est en dette à l'égard de sa société, dans la « société à État » ceux qui obéissent doivent payer leur dette à leur chef (ou leurs dirigeants)Modèle:Sfn,Modèle:Sfn. Enfin, dernière possibilité, à la lecture du Discours de la servitude volontaire d'Étienne de La Boétie, Clastres envisage le « malencontre »Modèle:Sfn,Modèle:Sfn : à savoir le passage inexplicable et accidentel du pouvoir politique non coercitif au pouvoir politique coercitifModèle:Sfn ; un passage de la liberté à la servitude, qui instille le désir de servir et dénature l'être humain qui n'a plus souvenir de la liberté et, par suite, qui ne cherche plus à la reconquérirModèle:Sfn,Modèle:Note.

Sans trouver de réponse définitive quant à l'origine de l'ÉtatModèle:Sfn,Modèle:Sfn,Modèle:Note, Clastres continue de chercher ailleurs les prodromes du pouvoir politique coercitif dans les « sociétés primitives » : la guerre et le statut des guerriers.

La guerre, les guerriers, le multiple

Avant que la mort n'interrompe ses recherchesModèle:Sfn, Clastres s'intéresse au phénomène de la guerre et à la vie des guerriers dans les « sociétés primitives ».

Gravure au début du livre Léviathan du philosophe Thomas Hobbes
Reproduction numérique du frontispice du livre de Thomas Hobbes intitulé Léviathan (Modèle:Date-)<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Dans son article « Archéologie de la violence… »<ref group="PC" name=":9">Modèle:Article.</ref>, Clastres critique la vision de l'état de nature théorisée par Hobbes : un état vu comme la guerre de tous contre tousModèle:Sfn. (Source : British Library)

Dans l'article « Archéologie de la violence »<ref name=":9" group="PC" /> Clastres estime que la guerre est universelle, elle est présente dans toutes les sociétés ; cependant, dans les « sociétés primitives » la guerre diffère de celle pratiquée par les « sociétés à État »Modèle:Sfn,Modèle:Note. D'abord, dans les « sociétés primitives » chaque unité sociopolitique (chaque communauté politique) conçoit toutes les autres unités sociopolitiques comme hostiles et étrangères : identifier une communauté ennemie permet ainsi de s'affirmer en tant que communauté politique singulièreModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Ensuite, pratiquer la guerre contre d'autres communautés procède d'une visée politique essentielleModèle:Sfn : les « sociétés primitives » pratiquent la guerre pour multiplier les unités sociopolitiques et, de la sorte, éviter l'unification de différentes communautés politiques sous un pouvoir politique coercitif unique (l'État)Modèle:Sfn,Modèle:Note.

Après avoir observé la guerre de façon globale, Clastres s'intéresse au statut des guerriers dans l'article « Malheur du guerrier sauvage »<ref group="PC" name=":10">Modèle:Article.</ref>. En premier lieu, il note que dans toutes les « sociétés primitives » l'homme est par définition un guerrier, c'est-à-dire que son destin (sa nature) est d'être un guerrierModèle:Sfn ; il n'a pas d'autre choix : la guerre est perpétuellement pratiquée par chaque unité sociopolitique contre les communautés ennemiesModèle:Sfn. En second lieu Clastres soutient que les guerriers ne peuvent pas imposer leur désir de guerre et, par là, constituer un organe séparé de pouvoir : en échange de leur activité guerrière la « société primitive » leur accorde la gloire et la reconnaissanceModèle:Sfn, jamais le pouvoirModèle:Sfn (il donne l'exemple de ces chefs qui partent seuls à la guerre, en quête d'une gloire éternelle obtenue dans la mortModèle:Sfn,Modèle:Sfn). Néanmoins, Clastres voit dans la formation d'un groupe de guerriers l'apparition d'un organe qui, par sa constitution même, recèle la possibilité d'instituer un pouvoir politique coercitifModèle:Sfn,Modèle:Sfn.

À la toute fin de l'article « Malheur du guerrier sauvage » publié à titre posthume, la rédaction de la revue Libre communique l'ébauche d'un plan d'ouvrageModèle:Sfn noté par Clastres : Modèle:Citation

Vie d'une œuvre inachevée

Modèle:Encart

Réceptions et critiques

La communauté anthropologique

Dans la communauté anthropologique, les travaux de Pierre Clastres sont diversement reçus. Pour synthétiser : tandis que sa remise en cause de l'État comme objet central de l'anthropologie politique est souvent saluée, ses méthodes d'analyse des sociétés des peuples premiers sont mises en doute et, par suite, ses démonstrationsModèle:Note.

Maurice Godelier répondit aux attaques de Clastres. En Modèle:Date- il lui reproche d'opposer deux abstractions métaphysiques (l'« État »/la « Société ») et, Modèle:CitationModèle:Sfn, de faire croire Modèle:Citation En Modèle:Date- Godelier réitère ses critiques : l'État n'est pas né du Modèle:Citation

Photographie d'une coiffe amérindienne
Photographie d'une coiffe masculine achuar (Équateur), conservée au Musée national des Indiens d'Amérique à Washington (États-Unis).

En Modèle:Date- paraît un ouvrage collectif dont plusieurs contributions ciblent directement Clastres : Le sauvage à la modeModèle:Sfn. Jean-Loup Amselle accuse Clastres d'avoir fait de la « société primitive » une Modèle:CitationModèle:Sfn. Marc Augé voit dans les travaux de Clastres une sorte de Modèle:CitationModèle:Sfn et se demande comment les « sociétés primitives » pourraient-elles pressentir le pouvoir coercitif de l'État. Enfin, Jean Bazin critique la définition du pouvoir politique faite par Clastres : cette définition manque certains faits de domination (division des tâches, pouvoir de l'homme sur la femme, etc.)Modèle:Sfn.

Dans un article paru en Modèle:Date-, « Une Nouvelle anthropologie politique ? »Modèle:Sfn, Emmanuel Terray propose une lecture critique de l'œuvre de Clastres. Le point nodal de sa critique rejoint celui de Godelier et d'Amselle : Clastres appuie son argumentation sur des concepts qui érigent en Modèle:Citation des réalités (sociologiques, historiques, géographiques, culturelles…) beaucoup plus variéesModèle:Sfn ; il s'adonne ainsi à un Modèle:CitationModèle:Sfn, procède à des généralisations abusivesModèle:Sfn et tient des propos binaires et manichéensModèle:Sfn. Aussi, Terray note que Clastres ne peut rendre compte de l'origine de l'État par défaut méthodologiqueModèle:Sfn et que la thèse de l'universalité de la guerre est inexacteModèle:Sfn,Modèle:Note.

Lors d'un colloque consacré à « l'anti-autoritarisme en ethnologie »Modèle:Sfn, Christian Delacampagne et Christian Coulon sont revenus sur les travaux de Clastres. D'abord, tous deux reconnaissent que les opinions libertaires de Clastres ressortent fortement dans ses travauxModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Pour autant, Delacampagne et Coulon insistent sur le fait que Clastres est le premier anthropologue à questionner et critiquer la place occupée par l'État dans les réflexions ethnologiques et, plus largement, philosophiques et politiquesModèle:Sfn,Modèle:Sfn. D'autre part Coulon, tout en relevant certains angles morts, estime que la ligne directrice de l'œuvre clastrienne est de redonner aux sociétés non occidentales le Modèle:CitationModèle:Sfn.

Le monde universitaire

Les recherches et les travaux de Clastres intéressent des universitaires provenant d'autres disciplines (notamment les sciences politiques), et ceux-ci discutent et critiquent ses thèsesModèle:Note.

Photographie d'une coiffe amérindienne
Photographie d'une coiffe masculine kayapo (Brésil), conservée au Musée national des Indiens d'Amérique à Washington (États-Unis).

Pierre Birnbaum débattit avec Clastres dans un articleModèle:Sfn qui reçut une réponse<ref group="PC" name=":11">Modèle:Article</ref>. Parmi les critiques que Birnbaum adresse à Clastres, il note que ce dernier emploie Modèle:Citation Il estime que Modèle:Citation Birnbaum pointe alors une contradiction : Modèle:Citation

François Châtelet discute les critiques de Birnbaum et Jean-William LapierreModèle:Sfn car, d'après lui, elles manquent leur cible<ref>Modèle:Article</ref>. Selon Châtelet Clastres Modèle:Citation Aussi est-ce pourquoi : Modèle:Citation

Claire Michard et Claudine Ribery attirent l'attention sur le fait que Clastres fait partie de ces auteurs qui reconduisent des Modèle:Citation sexistesModèle:Sfn, alors que son travail est reconnu Modèle:CitationModèle:Sfn. Dans leur étude du texte « L'arc et le panier »<ref name=":0" group="PC" /> (repris dans la Chronique des Indiens Guayaki)Modèle:Sfn, Michard et Ribery remarque que le Modèle:Citation Dans son texte, Clastres pose le groupe des hommes comme terme opératoire de la comparaison entre les femmes et les hommes guayaki ; ceci implique que Modèle:CitationModèle:Sfn : comme groupe des femmes et comme épouse. Pour Michard et Ribery, ce biais méthodologique entraîne le sophisme suivant : tandis que Modèle:CitationModèle:Sfn, Modèle:CitationModèle:Sfn.

La place publique

Enfin, les thèses de Clastres sont aussi examinées et débattues en dehors de l'université et au-delà du cercle des spécialistesModèle:Sfn, c'est-à-dire dans l'espace public.

En Modèle:Date-, la Revue du MAUSS publia deux numéros consacrés à la démocratie<ref>Modèle:Article</ref>,<ref>Modèle:Article</ref>. Dans la présentation de ces dossiers, Alain Caillé remarque que les débats autour de la démocratie tendent à limiter son existence soit à l'Modèle:Citation de la démocratie athénienne, soit à la modernité européenneModèle:Sfn. Pourtant, rappelant que Modèle:CitationModèle:Sfn, Caillé estime que ces recherches pourraient mettre au jour une Modèle:Citation et une Modèle:Citation de la démocratie et, par suite, cela permettrait de Modèle:CitationModèle:Sfn.

Photographie d'une coiffe amérindienne
Photographie d'une coiffe masculine carajás (Brésil), conservée au Musée de l'Amérique à Madrid (Espagne).

Dans Les théories du pouvoir, Jacqueline Russ propose une histoire et une analyse de la notion de pouvoir. Lorsqu'elle aborde la conception du pouvoir proposée par Clastres, elle signale ceci : Modèle:Citation Russ soutient contre Clastres que tout Modèle:CitationModèle:Sfn ; de la sorte : Modèle:Citation

Dans un article où Samuel Moyn étudie l'apport de Clastres à la pensée politique française, il soutient que la Modèle:CitationModèle:Sfn que Clastres voue à l'État est due à son assimilation de l'institution « État » au totalitarismeModèle:Sfn. Autrement, Moyn aperçoit une conséquence inattendue (et involontaire) dans l'insistance de Clastres à vouloir séparer l'« État » de la « Société » : son œuvre Modèle:Citation Précisément : Clastres a contribué à faire naître la croyance que la démocratie est d'abord l'affaire de société civile et, par suite, il a passé sous silence Modèle:Citation

Pour finir ce bref tour d'horizon, la contribution de Clastres aux mouvements anarchiste et libertaire est toujours discutée. Édouard Jourdain compte Clastres au nombre des anarchistes car il Modèle:Citation et Modèle:CitationModèle:Sfn. De son côté, Philippe Pelletier rappelle que Clastres Modèle:Citation : Élisée Reclus et Pierre Kropotkine y avaient déjà penséModèle:Sfn. De leur côté, Marcel Gauchet et Anne Kupiec avancent que Clastres ne souhaitait pas contribuer à l'anarchismeModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Kupiec ajoute : Modèle:Citation

Influence

Les comparses philosophes

L'influence des travaux de Pierre Clastres est d'abord perceptible dans les œuvres des philosophes qu'il a côtoyés durant des annéesModèle:Sfn : d'un côté Gilles Deleuze et Félix GuattariModèle:Note, de l'autre ses comparses de la revue Libre : Claude Lefort, Marcel Gauchet et Miguel AbensourModèle:Note.

Photographie d'un sac en toile amérindien chulupi
Photographie d'un sac en textile chulupi (Paraguay), conservé au Musée américain d'histoire naturelle à New York (États-Unis).

Plusieurs fois Marcel Gauchet reconnut l'importance de Clastres pour son travail, comme lors d'un entretien avec Sylvain PironModèle:Sfn ou dans l'introduction à un recueil de textesModèle:Sfn : Modèle:Citation Dans son opus magnum, Gauchet reformule à sa façon la thèse de Clastres : c'est Modèle:Citation

Claude Lefort reconnut l'influence de Clastres lors du colloque de Modèle:Date- consacré à l'anthropologueModèle:Sfn,Modèle:Note, il écrit : Modèle:Citation Et il ajoute plus loin : Modèle:Citation Bien qu'ils partagent nombre d'Modèle:CitationModèle:Sfn Lefort discute certaines thèses de Clastres, notamment celles avancées dans le texte sur Étienne de La Boétie : Modèle:Citation

Des ethnologues sud-américains

Clastres n'a pas fait écoleModèle:Sfn et n'a pas eu de disciplesModèle:Sfn,Modèle:Sfn, néanmoins une génération d'ethnologues sud-américainsModèle:Sfn trouve dans ses travaux des intuitions et des pistes à poursuivre ou à rectifier, d'autres à abandonnerModèle:Note.

Photographie d'une céramique amérindienne guarani
Photographie d'une céramique guarani (Brésil), découverte par le GRUPEP-Arqueologia basé à Tubarão (Brésil)<ref>Modèle:Lien web</ref>.

Eduardo Viveiros de Castro rédigea une introduction à la traduction anglaise du recueil Recherches d'anthropologie politique<ref group="PC">Modèle:Ouvrage.</ref>. Dans celle-ci, outre différentes critiquesModèle:Sfn, Viveiros de Castro affirme qu'une dimension de l'œuvre de Clastres reste prisonnière du passé : Modèle:Citation Cependant, il juge que sa dimension philosophique reste pertinente : Modèle:CitationModèle:Note

Dans leur « Préface » à la traduction brésilienne de La Société contre l'État<ref name=":2" group="PC" />, Tânia Stolze Lima et Marcio Goldman pointent les limites de l'argumentation de Clastres quant à la pratique de l'exogamie locale comme Modèle:CitationModèle:Sfn. Néanmoins, ils estiment que Clastres a vu juste sur un autre point : Modèle:Citation

L'anthropologie anarchiste

L'anthropologie anarchiste est « une branche de l’anthropologie politique qui s’intéresse spécifiquement aux sociétés sans État »<ref>Modèle:Article</ref>,<ref>Modèle:Article</ref>. Clastres est considéré comme l'un des plus fameux représentants de cette branche au côté de David GraeberModèle:Sfn et James C. Scott<ref>Modèle:Article</ref>.

Photographie d'une hache amérindienne tupinamba
Photographie d'une hache tupinamba (Brésil), conservé au cabinet de curiosités de la Bibliothèque Sainte-Geneviève à Paris (France).

Dans son livre Pour une anthropologie anarchiste, David Graeber reconnaît en Clastres Modèle:CitationModèle:Sfn. Avec David Wengrow, ils discutent des limites de sa thèse du chef sans pouvoir dans Au commencement était…Modèle:Sfn. Toutefois, il voit en Clastres Modèle:CitationModèle:Sfn et se demande comment la pratique du Modèle:Citation dans les sociétés amazoniennes a pu lui échapperModèle:Sfn.

Dans son livre Zomia ou l'Art de ne pas être gouverné, James C. Scott estime avoir une dette envers Clastres : son Modèle:Citation Ainsi, il le gratifie<ref>Modèle:Article</ref> d'avoir montré que divers peuples autochtones mettent en œuvre des stratégies pour échapper à l'ÉtatModèle:Sfn.

Dans son livre Anarchisme et anthropologie, Alberto Giovanni Biuso entend donner un nouvel élan à l'anarchisme. Bien qu'il discerne des limites anthropocentriques dans les thèses de ClastresModèle:Sfn, il estime que sa contribution ethnologique est fondamentale : Modèle:Citation

Enfin, dans son livre L'Ordre contre l'Harmonie, Charles Macdonald récuse avoir été influencé par ClastresModèle:Sfn. Pour autant, il identifie dans les recherches de Clastres sur les communautés de la forêt tropicale une tentative pour Modèle:Citation à des communautés qu'il nomme Modèle:CitationModèle:Sfn.

Postérité

Clastres en colloques

L'œuvre de Pierre Clastres est parfois discutée à l'occasion de colloques portant sur l'anthropologie ou la politiqueModèle:Note. Depuis sa disparition, trois colloques furent spécifiquement consacrés à ses travaux en France.

Photographie d'un jaguar
Portrait d'un jaguar, photographié dans le parc national du Pantanal Matogrossense dans l'État du Mato Grosso (Brésil).

Miguel Abensour, proche de Clastres et Modèle:Citation<ref>Modèle:Article</ref> de ses idées, organisa deux colloques consacrés à son œuvre. En Modèle:Date- il initia deux journées d'études<ref>Modèle:Article</ref> intitulées « À partir de l'œuvre de Pierre Clastres : anthropologie et politique »<ref>Modèle:Article</ref>,Modèle:Note, dont les interventions furent publiées en Modèle:Date- dans le livre L'Esprit des lois sauvages. Pierre Clastres ou une nouvelle anthropologie politiqueModèle:Sfn. En Modèle:Date-, avec Anne Kupiec, Abensour anima un colloque intitulé « Pierre Clastres et Nous. La révolution copernicienne et la question de l'État »<ref>Modèle:Article</ref> ; certaines interventions de ce colloque furent réunies en Modèle:Date- dans un cahier Pierre ClastresModèle:Sfn,Modèle:Note, auquel furent incluses ces traductions : la « Préface » de Bento Prado Junior à l'édition brésilienne du recueil de textes de Clastres Arqueologia da violência<ref group="PC">Modèle:Ouvrage.</ref>, la « Préface » de Tânia Stoize Lima & Marcio Goldman à A Sociedade contra o Estado<ref name=":2" group="PC" /> et l'« Introduction » de Paul Auster à la Chronicle of the Guayaki Indians<ref group="PC">Modèle:Ouvrage.</ref>.

Le Modèle:Date- et le Modèle:Date- à l'Institut mémoires de l'édition contemporaine (IMEC)<ref>Modèle:Lien web</ref>,<ref>Modèle:Article</ref>, Pierre-Alexandre Delorme et Clément Poutot organisèrent un colloque consacré à Clastres : « Pierre Clastres. D’une ethnologie de terrain à une anthropologie du pouvoir »<ref>Modèle:Article</ref>. Certaines interventions de ce colloque furent réunies dans l'ouvrage Clastres. Une politique de l'anthropologieModèle:Sfn,Modèle:Note.

Usages de Clastres

Nombre d'auteurs mobilisent les travaux de Clastres dans des recherches qui dépassent non seulement le cadre des disciplines ethnologique et anthropologique (la philosophie<ref>Modèle:Ouvrage</ref>, la science politique<ref>Modèle:Ouvrage</ref> ou le droit<ref>Modèle:Ouvrage</ref>), mais aussi le cadre de réflexion de Clastres lui-mêmeModèle:Note.

Jean-Claude Monod fait appel aux travaux de Clastres dans son livre sur le charisme du chef démocratique pour la raison suivante : Modèle:Citation Pour Monod il n'y a rien Modèle:CitationModèle:Sfn dans cette institution de la chefferie. Cependant, il retient un point qui permettrait de concevoir autrement les rapports entre les citoyens et leur chef d'État : Modèle:Citation

Photographie d'un panier amérindien yanomami
Photographie d'un panier yanomami (Venezuela), conservé au Musée national d'ethnologie du Japon (situé à Suita).

Arash Joudaki consacre un ouvrage à Jacques Rancière dans lequel il compare sa pensée politique à celles de Marcel Gauchet, Claude Lefort et Clastres. Confrontant Rancière à Clastres, Joudaki estime que les analyses de ce dernier aboutissent à un constat décevant : Modèle:Citation En revanche, dans ses travaux, Rancière met au jour l'action consciente des sujets politiques : Modèle:Citation

Christian Ferrié entend apporter Modèle:CitationModèle:Sfn repérés par Clastres. Ferrié avance que Modèle:Citation Plus même, il soutient que cette pulsion d'égalité Modèle:Citation Enfin, d'après Ferrié, voici la vraie nature de toute communauté politique : Modèle:Citation

Clastres à distance (brève histoire d'une réception critique)

Les réceptions et les critiques des recherches et des travaux de Clastres sont variées (voir ci-avant). Nonobstant, au fil du temps deux tendances s'amplifient distinctement : ses études ethnographiques sont délaissées, ses thèses politiques sont mobiliséesModèle:Sfn,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn.

Photographie d'un amérindien chulupi
Portrait photographique d'un homme Chulupi réalisé lors de l'expédition Hernmarck en Modèle:Date-Modèle:Date, à laquelle participa Erland Nordenskiöld (la photographie est conservée au Musée des cultures du monde à Göteborg, en Suède).

La Chronique des Indiens Guayaki fut le premier ouvrage publié de Clastres, et son premier succès critique (voir le dossier constitué pour la rééditionModèle:Sfn). Toutefois, à distance, Clifford Geertz juge cet ouvrage méthodologiquement datéModèle:Sfn et le cadre conceptuel de Clastres romantiqueModèle:Sfn. Alban Bensa reproche à Clastres d'hypostasier les pensées et les paroles ainsi que les faits et gestes des GuayakiModèle:Sfn et, par là, d'étudier une abstraction (faisant des Guayaki une communauté qui n'est plus maître de son destin, mais seulement la représentante d'un passé révolu)Modèle:Sfn. De même, les études ethnographiques réunies dans La Société contre l'État ont été rangées par les ethnologues « dans le cabinet des curiosités anthropologiques »<ref>Modèle:Article</ref>,Modèle:Sfn. Ainsi, pour Olivier Allard, si les expériences de Clastres Modèle:Citation Et il ajoute : Modèle:CitationModèle:Sfn,Modèle:Note.

A contrario, les thèses politiques avancées par Clastres continuent d'être actualisées. Durant les années 1970-80, ces thèses intéressaient des auteurs aussi différents que Michel Foucault<ref>Modèle:Chapitre</ref>, Jean-William LapierreModèle:Sfn, Fernand Deligny<ref>Modèle:Ouvrage</ref>, Jean-François Lyotard<ref>Modèle:Ouvrage</ref>, Joseph PestieauModèle:Sfn, José GilModèle:Sfn ou François Masnata<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Depuis les années 2000, ces thèses reviennent en grâce dans les Modèle:CitationModèle:Sfn et chez des philosophes comme Jean-Claude Monod, Arash Joudaki et Christian Ferrié dont les travaux portent sur la politique (voir ci-dessus « Usages de Clastres »)Modèle:Note. Pour finir, certains anthropologues considèrent que les réflexions de Clastres sur la politique sont encore stimulantes. Marc Abélès rappelle ceci : Modèle:CitationModèle:Sfn. Quant à Eduardo Viveiros de Castro, il déclare : Modèle:Citation Pour autant, précise-t-il dans un autre texte : Modèle:Citation

Annexe : publications

Modèle:Encart

Modèle:Boîte déroulante/début Modèle:Pierre Clastres publicationsModèle:Boîte déroulante/fin

Publications de son vivant

1972, le quotidien des Guayaki

Chronique des Indiens GuayakiModèle:Sfn, sous-titré Ce que savent les Achés, chasseurs nomades du Paraguay, est un ouvrage consacré aux Indiens Guayaki. Un mot du titre, « Chronique », renvoieModèle:Sfn aux chroniqueurs qui décrivirent la vie et les mœurs des Indiens du Nouveau Monde et dont Clastres lu les récits ; d'ailleurs certains d'entre eux, comme le Père Pedro Lozano, décrivirent ces insaisissables « Guachagui »Modèle:Sfn.

Chronique des Indiens Guayaki
Chapitre Modèle:Rom-maj. Naissance
Chapitre Modèle:II. De deux traités de paix
Chapitre Modèle:III. À rebours
Chapitre Modèle:IV. Les grandes personnes
Chapitre Modèle:V. Les femmes, le miel et la guerre
Chapitre Modèle:VI. Tuer
Chapitre Modèle:VII. Vie et mort d'un pédéraste
Chapitre Modèle:VIII. Les cannibales
Chapitre Modèle:IX. La fin

Dans cet ouvrage, Clastres raconte le quotidien des GuayakiModèle:Sfn : la naissance et la mort, le manger et le coucher, la vie amoureuse et la vengeanceModèle:Sfn ainsi que, inéluctable selon lui, la disparition de cette sociétéModèle:Sfn. Aussi, il décrit l'initiation des jeunes garçons et des jeunes filles<ref>Modèle:Article</ref>, ainsi que le cannibalisme pratiqué par l'un des deux groupes Guayaki auprès desquels il séjournaModèle:Sfn. Enfin, il porte un regard ironique sur son statut d'ethnologue, notamment sur les difficultés qu'il rencontre pour obtenir des informations auprès des AchésModèle:Sfn.

Accueilli favorablement lors de sa parutionModèle:Sfn,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn mais aussi contestéModèle:Sfn,Modèle:Sfn, l'ouvrage fut réévalué<ref>Modèle:Article</ref> lors de sa publication en anglais en Modèle:Date- : une écriture dépasséeModèle:Sfn, une méthodologie approximativeModèle:Sfn et, surtout, des faits (viols, domination masculine, etc.) traités par trop allusivement<ref>Modèle:Article</ref>.

1974, la thèse iconoclaste

Modèle:Article détaillé

La Société contre l'ÉtatModèle:Sfn, sous-titré Recherches d'anthropologie politique, est l'ouvrage le plus connu de ClastresModèle:Sfn. C'est un recueil à visée théorique<ref>Modèle:Ouvrage</ref>, voire philosophiqueModèle:Sfn, qui regroupe des articles parus dans différentes revues entre Modèle:Date- et Modèle:Date-Modèle:Sfn ; seul le dernier chapitre (qui donne son titre au livre) est un texte inéditModèle:Sfn.

La Société contre l'État
Chapitre 1 : Copernic et les Sauvages<ref name=":3" group="PC" />
Chapitre 2 : Échange et pouvoir : philosophie de la chefferie indienne<ref name=":6" group="PC" />
Chapitre 3 : Indépendance et exogamie<ref group="PC">Modèle:Article</ref>
Chapitre 4 : Élément de démographie amérindienne<ref group="PC">Modèle:Article</ref>
Chapitre 5 : L’arc et le panier<ref name=":0" group="PC" />
Chapitre 6 : De quoi rient les Indiens ?<ref name=":5" group="PC" />
Chapitre 7 : Le devoir de parole<ref group="PC">Modèle:Article</ref>
Chapitre 8 : Prophètes dans la jungle<ref group="PC">Modèle:Article</ref>
Chapitre 9 : De l’Un sans le Multiple<ref group="PC">Modèle:Article</ref>
Chapitre 10 : De la torture dans les sociétés primitives<ref group="PC">Modèle:Article</ref>
Chapitre 11: La société contre l’État<ref group="PC">Modèle:Article</ref>

Le titre du livre annonce la thèse défendue et étayée par les différents articles transformés en chapitresModèle:Sfn : il existe des « sociétés contre l'État »Modèle:Sfn. Par cette expression Clastres veut dire que, contrairement aux « sociétés à État » qui instituent un pouvoir politique coercitif, il existe des sociétés qui instituent un pouvoir politique non coercitif : les « sociétés primitives » ; c'est-à-dire des sociétés qui créent intentionnellementModèle:Sfn des institutions politiques qui instaurent et préservent la liberté et l'égalité des membres de la communauté.

Ce livre fut accueilli tant favorablement que défavorablement : certains y virent l'éclosion d'une nouvelle anthropologie politique<ref>Modèle:Article</ref>,Modèle:Sfn,Modèle:Sfn, d'autres y virent les pires travers de l'ethnologie occidentaleModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Rétrospectivement : les données ethnographiques de Clastres sont contestéesModèle:Sfn, ces intuitions sont saluéesModèle:Sfn, le livre demeure un classique des bibliographies d'anthropologie politiqueModèle:Sfn,Modèle:Sfn.

1974, les belles paroles des Guarani

Le Grand ParlerModèle:Sfn, sous-titré Mythes et chants sacrés des Indiens Guarani, est une anthologie de mythes et de paroles des Indiens GuaraniModèle:Note. Elle est constituée de textes choisis et traduits, présentés et commentés par Clastres : des textes qui proviennent de paroles recueillies soit par Curt Nimuendajú, soit par León Cadogan, soit par Clastres lui-même<ref name=":2">Modèle:Article</ref>.

Le Grand Parler
Introduction
Le temps de l’éternité
Modèle:Rom-maj. Apparition de Ñamandu : les divins
Modèle:II. Fondement de la Parole : les humains
Modèle:III. Création de la première terre
Modèle:IV. Fin de l'âge d'or : le déluge
Le lieu du malheur
Modèle:V. Ywy Pyau : la terre nouvelle
Modèle:VI. Les aventures des Jumeaux. Versions
Modèle:VII. L'origine du feu. Versions
Les derniers de ceux qui furent les premiers adornés
Modèle:VIII. Les bellement adornés
Modèle:IX. Toutes choses sont une
Modèle:Rom-maj. J'existe de manière imparfaite

Dans cet ouvrage, Clastres réunit différents types de textes : les principaux mythes que racontent les Guaranis (« Le temps de l'éternité ») ; les « Belles Paroles » qui retracent les moments principaux de la cosmogenèse guarani (« Le lieu du malheur ») ; enfin des textes qui, d'après lui, relèvent du niveau métaphysique de la pensée guarani (« Les derniers de ceux qui furent les premiers adornés »)<ref>Modèle:Article</ref>.

En Modèle:Date-, Philippe Adrien mit en scène certains textes du Grand Parler<ref>Modèle:Article</ref>. Outre sa traduction du guarani, l'exégèse que Clastres fit de ces textes fut critiquée dans deux directions : soit il vit de la subtilité où il n'y en avait pas<ref name=":2" />, soit il manqua la véritable philosophie politique des karaiModèle:Sfn.

Publications posthumes

1980, un recueil de textes éparpillés

Recherches d’anthropologie politiqueModèle:Sfn est un recueil posthumeModèle:Note qui compile des écrits de Clastres publiés entre Modèle:Date- et Modèle:Date- : des rubriques de dictionnaire, divers articles, une recension, une préface et une réponse (lors de la parution en Modèle:Date-, seuls sont inédits les textes regroupés au chapitre 5 sous le titre « Mythes et rites des Indiens d'Amérique du Sud »)Modèle:Sfn.

Recherches d’anthropologie politique
1. Le dernier cercle<ref group="PC">Modèle:Article</ref>
2. Une ethnographie sauvage<ref group="PC">Modèle:Article.</ref>
3. Le clou de la croisière<ref group="PC">Modèle:Article</ref>
4. De l'ethnocide<ref group="PC">Modèle:Article</ref>
5. Mythes et rites des Indiens d'Amérique du Sud<ref group="PC">Modèle:Chapitre</ref>
6. La question du pouvoir dans les sociétés primitives<ref name=":8" group="PC" />
7. Liberté, Malencontre, Innommable<ref name=":7" group="PC" />
8. L'économie primitive<ref group="PC">Modèle:Chapitre</ref>
9. Le retour des Lumières<ref name=":11" group="PC" />
10. Les marxistes et leur anthropologie<ref name=":4" group="PC" />
11. Archéologie de la violence : la guerre dans les sociétés primitives<ref name=":9" group="PC" />
12. Malheur du guerrier sauvage<ref name=":10" group="PC" />

Ce recueil se compose de textes de Clastres illustrant ses différents axes de recherches et ses différentes approches du terrain, ainsi que l'évolution de son travail au fil du temps (et ce jusqu'à son décès accidentel)Modèle:Sfn : tout d'abord, son souci des peuples premiers (chapitres 1, 3 et 4) et la tentative de les étudier depuis leurs propres perspectives (chapitres 2 et 5) ; puis, sa recherche d'une approche plus juste et plus pertinente des peuples premiers (chapitres 8 et 10) ; ensuite, son interrogation du pouvoir politique et son questionnement de l'État (chapitres 6, 7 et 9) ; pour finir, ses dernières explorations théoriques (chapitres 11 et 12)<ref>Modèle:Article</ref>.

Pris ensemble, les différents textes du recueil témoignent du retour de la question politique dans la discipline ethnologiqueModèle:Sfn ; quand ses recherches sur les sociétés indivisées sont appréciées<ref>Modèle:Article</ref>,<ref>Modèle:Article</ref>, son appropriation polémique des recherches de Marshall Sahlins est regrettée<ref>Modèle:Article</ref>,<ref>Modèle:Article</ref>.

1992, des documents sur les Chulupi

Mythologie des Indiens ChulupiModèle:Sfn est un ouvrage qui fut préparé et édité par Hélène Clastres et Michel Cartry à partir de notes, de textes, de traductions et de matériaux laissés par Clastres.

Mythologie des Indiens Chulupi
Avant-propos (par Hélène Clastres)
A. El Gran Chaco
B. Mythologie
Modèle:Rom-maj. Origine des plantes cultivées
Modèle:II. Histoires naturelles
Modèle:III. Cosmologie
Modèle:IV. Gens de l’eau, hommes oiseaux
Modèle:V. Histoires de cannibales
Modèle:VI. Deux figures de décepteurs
Modèle:VII. Premières ruses, premiers apprentissages
Modèle:VIII. Histoires morales
C. Récits de guerres
Guerre Chulupi – Toba
Combats contre les Argentins et les Boliviens
D. Hommage à Alfred Métraux
E. Documents ethnographiques

Dans cet ouvrage posthume le lecteur trouve l'état des recherches ethnographiques de Clastres sur les Indiens Chulupi : principalement, le corpus de soixante-treize mythes des Indiens Chulupi qui constitue le morceau de choix du volumeModèle:Note ; une brève introduction sur la situation des Chulupi (ou Ashluslay) et quelques « Documents ethnographiques » qui décrivent leur société (« Organisation spatiale », « Mariage », « Chefferie », « Jeu de balle »…), ainsi que des « Récits de guerre » ; enfin, un texte en hommage à Alfred Métraux.

Publié tardivement, la mise à disposition (pour les lecteurs francophones) de ce corpus de mythes Chulupi fut saluée<ref>Modèle:Article</ref> même si, au regard des critères contemporains, l'approche méthodologique de Clastres soit désormais discutable<ref>Modèle:Article</ref>.

Deux rééditions et une compilation

Publiés de son vivant dans deux revues distinctes, un entretien et un article de Clastres furent édités sous forme d’ouvrage : l'article « Archéologie de la violence »<ref name=":9" group="PC" /> est publié en Modèle:Date- au format livre de poche (et régulièrement réédité depuis) sous le même titre Archéologie de la violence. La guerre dans les sociétés primitivesModèle:Sfn ; en Modèle:Date-, l'entretien donnée à la revue L'Anti-mythes en Modèle:Date-<ref group="PC" name=":13">Modèle:Harvsp.</ref> fut publié au format livreModèle:Sfn, il est précédé d’une brève mise en contexte signée par Miguel Abensour.

Sinon, dans le cahier Pierre Clastres publié en Modèle:Date-Modèle:Sfn, Abensour et Anne Kupiec compilèrent certains textes, articles et entretiens de Clastres devenus difficilement accessiblesModèle:Note.

Œuvres

Modèle:Légende plume

Articles et entretiens

Modèle:Encart

Préfaces

Ouvrages

Notes et références

Notes générales

Modèle:Références nombreuses

Renvois vers l'article Wikipédia La Société contre l'État

Modèle:Références

Notes sur l'œuvre de Clastres

Modèle:Références nombreuses

Références aux écrits de Pierre Clastres

Modèle:Références

Références de la bibliographie

Modèle:Références nombreuses

Références ponctuelles et autres sources

Modèle:Références

Bibliographie

Modèle:Légende plume

Études sur Pierre Clastres

Articles

Ouvrages, revues et travaux universitaires

Autres sources

Articles

Ouvrages

Documentation complémentaire

Revues

Voir aussi

Articles connexes

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Liens externes

Modèle:Portail