Anselm Kiefer

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Anselm Kiefer, né le Modèle:Date à Donaueschingen, est un artiste plasticien contemporain allemand. Il vit et travaille en France à Barjac (Gard) et en région parisienne.

Établi en France depuis 1993, il est l’un des artistes allemands les plus célèbres des années 2000 et compte parmi les artistes vivants dont les œuvres atteignent les sommes les plus élevées<ref name="Michaud">Éric Michaud, Anselm Kiefer et le reenactment esthétique du national-socialisme, politika.io, 10 décembre 2020</ref>.

Biographie

Jeunesse

Anselm Kiefer naît à Donaueschingen et grandit dans la région frontalière du lac de Constance et de la Forêt-Noire aux confins de la Suisse, de l'Allemagne et de la France, dont la culture l'influença plus particulièrement<ref>Anselm Kieffer au Louvre, Éditions du Regard, Paris, 2007, Modèle:P..</ref>. Son père était officier dans la Wehrmacht.

En 1966 il passe trois semaines au couvent Sainte-Marie de La Tourette à Éveux où il fait l‘expérience de la vie religieuse des dominicains. Le couvent construit entre 1953 et 1960 par Le Corbusier lui fait découvrir « la spiritualité du béton. »

Formation

Il étudie tout d'abord le droit, les langues et les littératures romanes, avant de s'orienter vers l'art en fréquentant, à partir de 1966, les académies de Fribourg-en-Brisgau et Karlsruhe<ref name="dico">Petit Dictionnaire des artistes contemporains, Pascale Le Thorel-Daviot, éditions Larousse, Paris, 1996, Modèle:Pp. Modèle:ISBN.</ref>.

Carrière

En 1969, il se rend célèbre dans le milieu artistique en se prenant en photo, faisant le salut nazi dans de grandes villes d'Europe. Sa volonté est de réveiller les consciences en affirmant que le nazisme n'est pas mort et que le sujet reste occulté. Modèle:Citation bloc

Il déclare également : « L'Histoire pour moi est un matériau comme le paysage ou la couleur<ref name="dico"/>. »

À l'Académie des beaux-arts de Düsseldorf il entre en contact avec Joseph Beuys, lui montre ses œuvres et prend part à ses performances.

Dans les années 1980, il travaille à Buchen dans le Bade-Wurtemberg.

En 1987 et 1988 Anselm Kiefer fait connaître son travail aux États-Unis grâce à une série d'expositions à l'Art Institute of Chicago, au Philadelphia Museum of Art, au musée d'Art contemporain de Los Angeles et au Museum of Modern Art de New York. Il acquiert une ancienne briqueterie à Höpfingen, dans l'Odenwald, et la transforme en une installation à grande échelle.

En 1992, il vient habiter et travailler en France, dans un premier temps à Barjac dans le Gard, où il transforme une friche industrielle, une ancienne magnanerie, en un vaste espace de travail<ref>Ce dont rend compte le film Over Your Cities Grass Will Grow réalisé par Sophie Fiennes.</ref> de Modèle:Unité, appelé « La Ribaute » puis, en 2009, à Croissy-Beaubourg en Seine-et-Marne où il a son atelier<ref name="Monde2010">« Anselm Kiefer le provocateur entre au Collège de France » par Philippe Dagen dans Le Monde du 4 décembre 2010.</ref>. Pour ce dernier site, Kiefer a acheté à La Samaritaine, son entrepôt logistique d'une surface d'environ Modèle:Unité « afin d'y exercer son activité artistique et d'y entreposer ses œuvres monumentales<ref>« Logistique : Anselm Kiefer investit Modèle:Unité », Business Immo, 10 juillet 2008.</ref> ».

Pour l'année 2010, il est chargé de l'enseignement de la chaire de « création artistique » du Collège de France<ref name="Monde2010"/>.

Depuis 2014, Kiefer accueille des artistes à son atelier de Barjac pour y réaliser des œuvres. Le premier invité était Wolfgang Laib, connu pour ses installations qui utilise la cire d'abeille et le pollen, suivi par Laurie Anderson en 2018 et Valie Export en 2019.

Réception critique

En 1980, l'historien d'art Werner Spies lui avait reproché de submerger le spectateur de références tudesques<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Werner Spies, « Überdosis an Teutschem », Frankfurter Allgemeine Zeitung, 2 juin 1980, p. 19.</ref>. Par la suite, Spies a formellement rétracté cette critique qu'il avait une fois formulée contre Kiefer. Selon lui, ce n'est qu'avec une telle surdose, que l'art pouvait se remettre de la crise de l'absence de thème et trouver son renouvellement dans le concret historique<ref>{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Kühner als Greta Garbo, sueddeutsche.de, 17 mai 2010</ref>.

Le plasticien belge, Marcel Broodthaers, lui, se demande « Qui est ce fasciste qui croit être un antifasciste ?»<ref>Christine Mehring, « Continental Schrift : The Story of Interfunktionen », Artforum, vol. 42, no 9, 2004, p. 179.</ref>. Pour le professeur émérite en littérature comparative, Modèle:Lien de l'université Columbia, les critiques qui ne font que répéter les propos du Maître, tel Modèle:Lien ou Modèle:Lien, sont des ventriloques dans le but de libérer et de désenvoûter l'Allemagne de son passé, reprenant ainsi la rhétorique nazie de la résurrection par la crémation<ref name="Michaud"/>.

Sa vision est post-moderne: la destruction est un commencement, l'histoire n'existe pas, est modelable par les autorités au pouvoir, « comme de l'argile<ref>Dans l'atelier d'Anselm Kiefer, Grand Palais</ref>. » Cédric Enjalbert souligne que l'artiste « déploie un large horizon philosophique » : il reprend ainsi l'idée du philosophe Heidegger, que le néant n'est pas l’inverse de l’existence mais lui appartient en soi ; de Caspar David Friedrich ou Schelling, la réflexion sur la valeur des ruines ; de Novalis, que la définition de l’art se défait lorsqu'elle s'énonce mais critique Einstein, de n'avoir pas trouvé de vision complète du monde ; de Merleau-Ponty, Sartre et Barthes, que la théorie de l’art se nourrit de contradictions fructueuses, tel « un fardeau informe, hideux, pour se renouveler », d’un « butin » volé à transformer ; du poète Paul Celan, l'opposition à Adorno, pour qui « écrire un poème après Auschwitz est barbare » ; de l’historien d’art Daniel Arasse, l'idée de « mémoire sans souvenir » tel un alchimiste réutilisant le plomb de la toiture de la cathédrale de Cologne, admirateur du kabbaliste de la Renaissance Robert Fludd<ref>Cédric Enjalbert, Anselm Kiefer, la création sur les ruines, philomag.com, 7 mars 2016</ref>.

Dans un article du Monde de décembre 2021, Philippe Dagen juge répétitive son exposition au Grand Palais éphémère, et observe qu'en faisant figure d'artiste officiel de la République française, il risque d'être mal vu par la postérité<ref>Modèle:Article</ref>.

Prix et distinctions

Œuvre

Fichier:Kölner Dom - Hängegerüst.jpg
La Cathédrale de Cologne lors des restaurations qui ont permis à Kiefer de récupérer les feuilles de plomb de la toiture.

Les toiles et, plus généralement, les œuvres d'Anselm Kiefer, saturées de matière (sable, terre, feuilles de plomb<ref group="note">Les feuilles de plomb utilisées dans les œuvres (notamment pour la série « Frauen der Antike » et celle des « Livres ») ont été récupérées du toit de la cathédrale de Cologne, lors de sa restauration.</ref> que Kiefer appelle « Livres », suie, salive, craie, cheveux, cendre, matériaux de ruine et de rebut), évoquent la catastrophe et les destructions de la Seconde Guerre mondiale, en particulier la Shoah. Le choix des matières exprime également sa sensibilité à la couleur : « Plus vous restez devant mes tableaux, plus vous découvrez les couleurs. Au premier coup d'œil, on a l'impression que mes tableaux sont gris mais en faisant plus attention, on remarque que je travaille avec la matière qui apporte la couleur<ref name="Europe 1">Interview, émission Regarde les hommes changer, sur Modèle:Lnobr.</ref>. » L'esprit qui se trouve dans la matière a également son importance. La suie, par exemple, est la résultante d'une matière initiale différente qui a subi, grâce au feu, de nombreuses transformations. La suie est donc l'étape finale et définitive d'une autre matière<ref name="Europe 1"/>.

Dans certaines toiles, l'artiste superpose à cette représentation du désastre un symbole de l'art ou du génie : ainsi dans Icarus, les sables du Brandebourg (1981), c'est la forme d'une aile peinte à l'huile.

Convaincu de la nécessité de revisiter l'identité allemande de l'après-guerre, sans la renier — Modèle:Citation —, Kiefer questionne ses grands récits (notamment La Chanson des Nibelungen et Parsifal), ses événements historiques fondateurs (comme la bataille d'Arminius ou le tombeau d'[[Alaric Ier|Alaric {{#ifeq: | s | Modèle:Siècle | Ier{{#if:|  }} }}]]), ses grandes figures philosophiques et littéraires, ainsi que l'exploitation qui en fut faite par le nazisme<ref name="dico"/>. Modèle:Citation bloc

La poésie est une autre de ses sources d'inspiration majeures, qu'il utilise autant en référence qu'en matériau même de ses créations plastiques, en inscrivant fréquemment des fragments de textes à même la surface de la toile ou de la sculpture.

Depuis les années 1990, il a dédié plusieurs séries d'œuvres aux poètes Paul Celan, Ingeborg Bachmann et Velimir Khlebnikov, trois auteurs ayant entrepris de dresser le langage contre l'oubli et la barbarie. Il est également très influencé par le mysticisme de Robert Fludd et les écrits de la Kabbale.

Ses œuvres font partie des collections des plus grands musées du monde. Le Modèle:Date, trois de ses œuvres (Athanor, une peinture de Modèle:Unité de haut, Danaë et Hortus conclusus, deux sculptures) entrent dans les collections pérennes du musée du Louvre<ref group="note">Après une année de discussions, notamment avec le département des arts graphiques du Louvre, ces trois œuvres furent installées dans la colonnade de l'escalier nord, et s'intègrent dans le décor inachevé de Charles Percier et Pierre Fontaine, datant du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle.</ref>, une première pour l'institution depuis 1954<ref>Anselm Kieffer au Louvre, Éditions du Regard, Paris, 2007, Modèle:P..</ref>,<ref>« Anselm Kiefer entre définitivement au Louvre », dans Le Monde du 24 octobre 2007.</ref>.

Kiefer a inauguré le programme Monumenta du Grand Palais, à Paris, en 2007, avec un travail qui rend hommage notamment aux poètes Paul Celan et Ingeborg Bachmann, mais aussi à Céline<ref>Modèle:Lien web</ref>.

La Royal Academy of Arts de Londres a consacré une large rétrospective à son travail en 2014 <ref>Modèle:Lien web</ref>, tout comme l’année suivante le Centre Pompidou<ref>Modèle:Lien web</ref> ainsi que la Bibliothèque nationale de France.

En 2017 à l'occasion du centenaire de la mort d‘Auguste Rodin, le Musée Rodin à Paris et la Barnes Foundation à Philadelphie présentent l’exposition Kiefer – Rodin <ref>Modèle:Lien web</ref>. Pour ce projet l’artiste crée des livres, des vitrines et des peintures inspirés de l’œuvre d’Auguste Rodin.

À partir de 2018, pour l'entrée au Panthéon de Paris (11 novembre 2020) de la dépouille de l'écrivain français Maurice Genevoix, également ancien combattant de la Première Guerre mondiale, il exécute une commande du président de la République française Emmanuel Macron en vue d'y introduire plusieurs installations accompagnant l'événement<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Elles ne sont pas destinées à rester dans ce lieu, tout en restant néanmoins pérennes<ref>« Au Panthéon, Anselm Kiefer et Pascal Dusapin esquivent la pompe funèbre », Libération, Judicaël Lavrador, 11 novembre 2020.</ref>.

Les « maisons »

Depuis 1993, Anselm Kiefer conçoit des environnements, qui mêlent constructions, sculptures, tableaux, et des projets monumentaux. Ces sculptures monumentales en forme de tours ou de « maisons », ainsi qu'il les appelle, sont des espaces dédiés à la présentation de peintures et de sculptures<ref name="Artpress">« Pluie d'étoiles au Grand Palais », Art Press, no 334, mai 2007, Modèle:P..</ref>.

Sensible au cadre de présentation de sa peinture, il refuse qu'elle soit présente dans les foires<ref name="Artpress"/>. Il conçoit donc des bâtiments autour d'ensembles d'œuvres, les collectionneurs acquérant ainsi l'ensemble. Ces « maisons » ont généralement la forme de pavillons formellement sobres, dont l'extérieur est couvert de tôle ondulée et l'intérieur présente des murs blancs semblables aux cimaises des musées.

Am Anfang, l'« opéra colossal »

En 2009, à l'occasion des célébrations des vingt ans de l'opéra Bastille et du départ de Gerard Mortier de la direction, l'institution commande à Kiefer la conception d'un spectacle musical avec récitant, intitulé Am Anfang (Au commencement), où il réalise la fusion de divers arts, la mise en scène, les décors et les costumes<ref>Am Anfang sur le site de l'opéra Bastille.</ref> sur des textes bibliques de l'Ancien Testament et une vision post-apocalyptique du monde<ref>« L'“opéra colossal” d'Anselm Kiefer » dans Le Figaro du 19 juin 2009.</ref>.

Kiefer et la Kabbale

Kiefer présente en 2000, dans la chapelle de l’hôpital de la Salpêtrière, une exposition intitulée Chevirat haKelim, d’après les concepts fondamentaux de la kabbale lourianique. Il s’agit de cinq toiles, dont chacune se réfère à une étape de la création du monde, selon Isaac Louria ; ces toiles portent des titres évoquant les concepts lourianiques : Tsimtsoum, Emanation, Sefirot, etc.

Depuis les années 1990, l’influence de la Kabbale ne cesse de s’affirmer chez Kiefer. En 2013, il présente une œuvre, Alkahest, à la fondation Maeght, dans le cadre de l'exposition « Les Aventures de la vérité. Peinture et philosophie : un récit », organisée par Bernard-Henri Lévy. Modèle:Citation, observe Lévy. Modèle:Citation

Catherine Strasser<ref>Catherine Strasser, Chevirat Ha-Kelim. Le bris des vases et Anselm Kiefer : Chapelle de la Salpêtrière, Éditions du Regard, Paris, 2000.</ref> et Moshé Idel<ref>Moshé Idel, Anselm Kiefer et la kabbale, Éditions du Regard, 2003.</ref> ont consacré chacun un ouvrage aux rapports de Kiefer et de la Kabbale.

Sélection d’œuvres

Principales expositions individuelles

Fichier:Guggenheim Bilbao 01.jpg
L'exposition Kiefer au musée Guggenheim de Bilbao en 2007.

Notes et références

Notes

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Références

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Annexes

Filmographie

  • Over Your Cities Grass Will Grow (L’herbe poussera sur vos villes), documentaire réalisé par Sophie Fiennes, 2010. Durée : 1 h 40 min, présenté en sélection officielle hors compétition lors du Modèle:63e Festival de Cannes.

Bibliographie

Liens externes

Modèle:Liens

Modèle:Palette Lauréat du Praemium Imperiale de peinture Modèle:Portail