Héphaïstos
Héphaïstos ou Héphaestos (en Modèle:Lang-grc) est, dans la religion grecque antique, puis dans la mythologie grecque, le dieu du feu, de la forge<ref>Modèle:Ouvrage.</ref> et de la métallurgie.
Selon les sources, il est le fils d'Héra et de Zeus, ou d'Héra seule. Il est habituellement représenté sous les traits d'un forgeron boiteux, mais il est d'abord un inventeur divin et un créateur d'objets magiques. Dès Homère, son nom est utilisé par métonymie pour désigner le feu.
Selon l'habitude de l'interpretatio romana, il est assimilé par les Romains au dieu Vulcain.
Étymologie
Les Anciens expliquaient le nom d'Héphaïstos comme « Modèle:Grec ancien » (apo tou ephtaï), c'est-à-dire « ce(lui) qui brûle, qui est allumé »<ref name="B2227" />. Diverses autres hypothèses ont également été avancées, comme un rapprochement avec Modèle:Grec ancien / Modèle:Lang, « briller ». En réalité, l'étymologie de son nom est particulièrement obscure, comme c'est souvent le cas des noms de divinités grecques<ref>Modèle:DicChan, à l'article Modèle:Grec ancien.</ref>.
Néanmoins, un dérivé de haph- (présent háptō) « attacher » et « enflammer » est vraisemblable<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.
Mythe
Naissance et infirmité
Héphaïstos est unanimement présenté comme le fils d'Héra<ref>Sauf l'épopée Danaïs (frag. 2 PEG) et Pindare (frag. 253) préservés par le lexicographe Harpocration, qui le mentionnent avec Érichthonios comme un autochtone, mais il s'agit probablement d'une confusion. Gantz, Modèle:P..</ref>, mais il n'est pas sûr qu'il ait eu un père. Homère en fait le fils de Zeus<ref>Modèle:Méta-modèle source (Modèle:VIII, 312) ; mentions plus discutables : Modèle:Méta-modèle source (Modèle:Rom-maj, 577-579 et XIV, 338). Le scholiaste (bT) de L'Iliade XIV, 296 précise qu'Héphaïstos naît de la première union de Zeus et d'Héra, avant leur mariage ; Héra aurait ensuite prétendu que l'enfant n'avait pas de père pour dissimuler sa faute.</ref> et Cinéthon celui de Talos, un Géant de bronze<ref>Préservé par Modèle:Méta-modèle source{{#if: |Modèle:Espace« {{{référence}}} »|}} (VIII, 53, 5).</ref>, mais dans la version majoritaire<ref>Présente pour la première fois chez Modèle:Méta-modèle source (927-929).</ref> : Héra, jalouse du fait que Zeus ait engendré seul Athéna<ref>Une autre version d'Hésiode préservée par Chrysippe mentionne la conception d'Héphaïstos avant celle d'Athéna ; la colère d'Héra aurait donc une autre cause qui reste inconnue. Frag. 343 MW. Cf. aussi la tradition où Héphaïstos aide Athéna à sortir de la tête de Zeus.</ref>, et pour lui montrer qu'elle pouvait se passer de lui, engendre seule Héphaïstos<ref>Modèle:Méta-modèle source (À Apollon, 331-352) mentionne également la colère d'Héra, mais l'enfant qu'elle engendre seule est Typhon et non Héphaïstos.</ref>, une caractéristique semblable à celles d'autres « feux divins ». C'est originellement un feu « fils de lui-même »Modèle:Sfn.
Lorsque Héra lui donne le jour, elle trouve le nourrisson si laid qu'elle le jette aussitôt en bas de l'Olympe. La chute aurait provoqué une blessure qui le fera boiter toute sa vie<ref>Iliade (Modèle:XVIII, 394-397) ; Modèle:Méta-modèle source (À Aphrodite, Modèle:Rom-maj, 316-321.</ref>. Il tombe alors dans la mer et est recueilli par Thétis et Eurynomé<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Ces dernières l'élèvent pendant neuf ans, à l'insu de tous, dans une grotte de l'île de Lemnos. Là, il fait son apprentissage d'artisan en façonnant des bijoux<ref>Iliade (Modèle:XVIII, 400-403).</ref>.
Pour se venger de sa mère, Héphaïstos fabrique un trône d'or aux bras articulés et l'envoie sur l'Olympe en guise de présent<ref>L'épisode semble être mentionné pour la première fois par Alcée de Mytilène (frag. 349 LP) et par Pindare (frag. 283 SM) ; le récit complet se trouve chez Pausanias (Modèle:Rom-maj, 20, 3), Modèle:Méta-modèle source (CLXVI, 1) et le pseudo-Libanios, Récits (30, 1 Westermann).</ref>. Ce trône est destiné à piéger sa mère, et ainsi à se venger de son rejet. En effet, toute personne qui s'installe sur ce siège, reste attaché dessus et ne peut s'en aller. Héra s'y installe imprudemment et se trouve immobilisée, sans que nul ne sache comment la délivrer. Les dieux confient d'abord à Arès le soin d'aller chercher Héphaïstos, en vain<ref>Alcée (frag. 349 LP) et le pseudo-Libanios (30, 1 Westermann).</ref>. Enivré par Dionysos, Héphaïstos se laisse fléchir et revient sur l'Olympe délivrer sa mère. Zeus, soulagé, propose au dieu forgeron d'exaucer l'un de ses vœux : sur le conseil de Poséidon, Héphaïstos demande la main d'Aphrodite<ref>Pseudo-Libanios (30, 1 Westermann). Peut-être faut-il y voir un lien avec la tentative de viol d'Athéna qui donnera naissance à Érichthonios, cf. plus bas.</ref> Modèle:Incise ; de son côté, Dionysos, auréolé de sa réussite, obtient le droit d'entrer dans l'assemblée des dieux<ref>Hygin (CLXVI, 2).</ref>.
Une autre légende se rattache à l'infirmité du dieu : Héphaïstos prend le parti de sa mère lors d'une querelle entre Zeus et celle-ci ; il reproche à son père de l'avoir laissée suspendue dans les airs, une chaîne d'or au poignet et une enclume à chaque cheville<ref>Modèle:Méta-modèle source (Chant XV, 18-30) ; la déesse est punie pour avoir envoyé une tempête qui a détourné Héraclès de son chemin. Le lien entre les deux anecdotes se trouve seulement chez Modèle:Méta-modèle source (Modèle:Rom-maj, 3, 5). Gantz, Modèle:P..</ref>. Furieux, Zeus saisit Héphaïstos par un pied et le précipite du haut de l'Olympe<ref>Iliade ((I, 590-594).</ref>. La chute du dieu dure une journée entière ; il atterrit sur l'île de Lemnos, dont les habitants, les Sintiens, le recueillent et le soignent. Le récit semble contradictoire avec celui où Héra se débarrasse d'Héphaïstos de la même façon<ref>Contradiction relevée par une scholie exégétique du Venetus A. G.S. Kirk, The Iliad: a Commentary, Cambridge University Press, 1985, Modèle:Vol., commentaire de I, 586-594.</ref>, mais il pourrait s'agir de deux incidents séparés<ref>Seul le pseudo-Apollodore (Modèle:Rom-maj, 3, 5) attribue à la chute causée par Zeus l'infirmité d'Héphaïstos. Gantz, Modèle:P..</ref>.
Les épithètes traditionnellement attachées à Héphaïstos sont « aux pieds courbes »<ref>« Modèle:Grec ancien / Modèle:Lang », Iliade XVIII, 371. Trad. Louis Bardollet.</ref>, « boiteux »<ref>« Modèle:Grec ancien / Modèle:Lang », Iliade XVIII, 397. Trad. Louis Bardollet.</ref> et « les pieds tournés vers l'arrière »<ref>« Modèle:Grec ancien / Modèle:Lang », Iliade XVIII, 607. Trad. Louis Bardollet.</ref>. Homère décrit ainsi son allure et sa démarche :
Cette infirmité suscite la curiosité dès l'Antiquité. Certains mythographes pensent qu'elle se rattache, à l'origine, aux démons chthoniens à l'apparence traditionnellement monstrueuse<ref>Philippe Charlier, Les Monstres humains dans l'Antiquité. Analyse paléopathologique, Fayard, 2008, Modèle:P.162.</ref>. Pour d'autres, son infirmité trouve sa source en Égypte, où le dieu Ptah-Patèque est représenté comme un nain difforme. Mais, celle-ci se rattache plus probablement au motif hérité du Feu artisan. Lié au feu du foyer souvent décrit comme faible et démuni, sa survie dépend de celui qui l'entretient. Les feux de la forge sont sédentaires et parfois infirmes comme Wieland / VölundModèle:Sfn.
À l'époque moderne, les commentateurs ont évoqué la possibilité d'une personnalisation de déformations typiques des forgerons et toreutes grecs, dues à leur exposition chronique aux métaux lourds (plomb, arsenic, mercure) contenus dans les matériaux qu'ils travaillent<ref>Charlier, Modèle:P.163.</ref>. Ainsi, l'intoxication à l'arsenic (élément présent sous forme d'impureté dans le cuivre) donne classiquement lieu à une atteinte nerveuse avec faiblesse musculaire, voire paralysie des muscles inférieurs<ref>Charlier, Modèle:P.164.</ref>. Utilisé pour durcir des métaux, l'arsenic est oxydé, lors de la fonte des minerais métallifères, en trioxyde d'arsenic. Les métallurgistes antiques, exposés à ce composé toxique, devaient probablement développer des neuropathies périphériques à l'origine de difformités et paralysies et ont ainsi associé leur dieu à ce handicap<ref>Modèle:Article.</ref>.
Amours et descendance
D'après l’Iliade<ref>Iliade, XVIII, 382 et suiv.</ref>, Héphaïstos est marié à l'une des Charites (ou Grâces), qui porte simplement le nom de Charis (littéralement « Grâce »)<ref>Voir aussi Pausanias, Modèle:IX, 35, 4.</ref>. Il en va de même dans la Théogonie (vers 907), mais Hésiode cite explicitement le nom d'Aglaé, la plus jeune des Charites. Cependant la tradition la plus populaire en fait le mari d'Aphrodite, cette version étant d'ailleurs déjà attestée dans un épisode fameux de l’Odyssée (chant Modèle:VIII), où il tend un piège à sa femme qui le trompe avec Arès, et devient la risée des dieux. Ce rire fut tel qu'il ne devait jamais s'arrêter et Homère le nommera « le rire inextinguible »<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>, on parlera par la suite d'un « rire homérique » afin de désigner un fou rire. Dans les deux cas, le dieu épouse une incarnation de la beauté : il peut s'agir d'un simple contraste comique entre la belle et le boiteux, ou d'une réflexion plus profonde sur le rapport étroit entre l'artisan/artiste et la beauté<ref name="B2227">Anatole Bailly, Dictionnaire grec-français, Hachette, 1950, annexe Mythologie et religion, à l'article Modèle:Grec ancien, Modèle:P..</ref>. Cependant l'union d'un dieu Feu avec Aphrodite qui est originellement une déesse Aurore a d'autres justifications : le feu qu'on allume ou qu'on ranime le matin et le rite de la présentation de la jeune épouse au feu du foyerModèle:Sfn.
Contrairement à d'autres dieux, Héphaïstos n'est guère renommé pour ses aventures extraconjugales. On sait cependant qu'après avoir été abandonné par Aphrodite, il poursuit de ses avances Athéna : son sperme se répand sur la cuisse de la déesse qui l'essuie avec de la laine (Modèle:Grec ancien / Modèle:Lang) qu'elle jette à terre (Modèle:Grec ancien / Modèle:Lang) ; la terre ainsi fécondée donne naissance à Érichthonios qu'Athéna recueille et élève<ref>Premières mentions dans les Catastérismes du pseudo-Ératosthène (13), qui cite Euripide dans une pièce perdue ; ensuite Bibliothèque (III, 14, 6) et Hygin, Fables, CLXVI, 3-4.</ref>. De ce fait, on trouve parfois l'expression « enfants d'Héphaïstos » pour désigner les Athéniens<ref>Modèle:EscEum, Modèle:Vol..</ref>.
Sa descendance est peu nombreuse. On lui attribue notamment la paternité de :
- la nymphe Cabeiro<ref>Modèle:Méta-modèle source XIV, 17 et XXVII, 120.</ref>, dont descendent les Cabires — une autre version fait d'Héphaïstos le père de ces derniers, qu'il a de Cabeiro, et non leur grand-père<ref>Phérécyde d'Athènes, frag. 3F48 ; Hérodote, III, 37.</ref> ;
- l'infirme Palémon, l'un des ArgonautesModèle:Sfn,<ref>Modèle:Méta-modèle source, I, 202-204.</ref> ;
- le brigand Périphétès (surnommé Corynétès), tué par Thésée sur la route d'Athènes<ref>Bibliothèque, III, 16, 1 ; Pausanias, II, 1, 4.</ref>.
De ses amours avec Aglaé naissent quatre filles, les « jeunes Kharites » : Philophrosyne, Euphémé, Eukléia et EuthéniaModèle:Refnec.
Hygin mentionne également Philammon, Cécrops, Cercyon (lui aussi tué par Thésée sur la route d'Athènes), Philottos et Spinther<ref>Fables, CLVIII.</ref>.
Artisan et magicien
Très habile dans son art, Héphaïstos est capable de concevoir des objets et automates complexes, précieux et d'une grande beauté<ref name=":1">Modèle:Ouvrage.</ref>. Ses créations, fruits de « savantes réflexions » plutôt que de magie et fabriquant le vivant plutôt qu'elles ne l'imitent<ref name=":2">Modèle:Article.</ref>, sont essentiellement de trois ordres : de splendides constructions pour lui-même et les autres dieux de l'Olympe, des automates agissant de leur propre chef — voire sont aptes à se reproduire<ref name=":2" /> — et enfin toute une série d'objets, armes, armures, bijoux, parures… pour les dieux et les mortels, qui figurent dans de nombreux mythes<ref name=":1" />.
Néanmoins, il possède les pouvoirs propres d'un magicien dont la magie des liens mise en évidence dans les deux épisodes les mieux attestées de sa légende, celui du piège où se font prendre Aphrodite et Arès et celui du trône magique où le dieu immobilise sa propre mère<ref>Henri Jeanmaire, M. Delcourt. Héphaistos ou la Légende du Magicien compte-rendu, Revue de l'histoire des religions, 1959, 155-1, p. 82-86.</ref>.
Ainsi, Héphaïstos façonne — à la demande de Zeus — la première femme, Pandore<ref name=":0">Modèle:Méta-modèle source, v. 60 ; Modèle:Méta-modèle source, 571-572.</ref> à partir d'argile et d'eau<ref name=":1" /> et lui forge une couronne d'or<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Il façonne également des armes remarquables, comme celles d'Achille<ref>Modèle:Ouvrage.</ref> dont le bouclier offre une représentation parfaite du monde, celles de Memnon<ref>Modèle:ArcÉth. M. L. West, Iliad and Æthiopis on the Stage : Aeschylus and Son, dans The Classical Quarterly, nouvelle série, Modèle:Vol., no 2 (2000), Modèle:P..</ref>, la cuirasse de Diomède<ref name=":1" /> ou encore les cnémides d'Héraclès<ref>Modèle:Méta-modèle source, 122-123.</ref>. Il fabrique aussi :
- le palais des dieux sur l'Olympe<ref>Iliade, I, 606-608.</ref> ;
- la maison souterraine de Poséidon offerte par ce dernier à Oïnopion<ref>Modèle:Ouvrage.</ref> ;
- le géant de bronze Talos, gardien de l'ile de Crète<ref>Modèle:Ouvrage.</ref> ;
- les taureaux de Colchide en bronze d'Aiétès<ref>Modèle:Ouvrage.</ref> ;
- la cuirasse d'or d'Héraclès<ref>Modèle:Ouvrage.</ref> ;
- les flèches d'Artémis et d'Apollon<ref>Modèle:Ouvrage.</ref> ;
- l'égide de Zeus<ref>Modèle:Ouvrage</ref>, régulièrement utilisée par Athéna<ref>Modèle:Ouvrage.</ref> et par Apollon à deux occasions<ref>Modèle:Ouvrage.</ref> ;
- l'épée de Pélée<ref name=":1" /> ;
- les crotales de bronze d'Athéna données à Héraclès pour effrayer les oiseaux du lac Stymphale<ref>Modèle:Ouvrage.</ref> ;
- le collier d'Harmonie<ref name=":1" /> donné par Cadmos <ref>Modèle:Ouvrage.</ref> ;
- le sceptre de Pélops, transmis à ses descendants rois de Mycènes jusqu'à Agamemnon<ref>Iliade, II, 101-104.</ref>,<ref name=":1" /> ;
- la couronne d'Ariane<ref name=":1" /> ;
- la coupe d'or qui porte Hélios sur les courants de l'Océan<ref name=":1" /> ;
- un trône en or enchanté pour se venger de sa mère Héra<ref name=":1" />.
Autres légendes
Héphaïstos prend part à la Gigantomachie et combat armé du feu dévorant<ref>Théogonie (v. 866).</ref> : il tue ainsi Mimas en le recouvrant de fer en fusion<ref>Bibliothèque (I, 6, 2).</ref>. Il se range aux côtés des Achéens dans la guerre de Troie<ref>Iliade (XX, 32-37).</ref>. Lorsqu'au début de l'Iliade, Zeus et Héra se querellent parce que le roi des dieux a promis à Thétis d'avantager les Troyens, Héphaïstos détend l'atmosphère en remplaçant Ganymède dans son office d'échanson : voyant le dieu boiteux prendre la place du gracieux jeune homme, les dieux éclatent tous d'un rire inextinguible<ref>Iliade (I, 595-600). Explication avancée par le scholiaste du vers 584 ; Kirk, vol. I, commentaire des vers 599-600.</ref>. Il intervient rarement dans la bataille, si ce n'est pour secourir Idéos, l'un des fils de son prêtre Darès, menacé par Diomède<ref>Iliade (V, 20-24).</ref>. Par la suite, à la demande de Thétis, il sauve Achille des eaux du Scamandre en asséchant par ses flammes le dieu-fleuve<ref>Iliade (XXI, 330-382).</ref>.
Il est associé dans certaines versions du mythe à la naissance d'Athéna<ref>Premières mentions chez Pindare, Modèle:Ouvrage (Olympiques, VII, 35-38) et frag. 34 SM.</ref> : d'un coup de sa hache de bronze, il fait jaillir la déesse tout armée du crâne de Zeus.
Certains auteurs font également d'Héphaïstos le gardien du feu, que Prométhée dérobe pour le donner aux humains<ref>Platon, Protagoras (321 d-e) Modèle:Lire en ligne.</ref>. À la demande de Zeus, Héphaïstos enchaîne le voleur au rocher de son supplice où un aigle viendra tous les jours lui dévorer le foie. Dans cette scène représentée par Eschyle<ref>Prologue de Prométhée enchaîné.</ref>, le dieu, plein de pitié, regrette l'ordre donné par son père, et plaint le Titan pour les souffrances qu'il va endurer. C'est à ce moment que, sous les ordres de Zeus souhaitant se venger de Prométhée et de ses créations, il créera Pandore<ref name=":0" /> d'argile et d'eau, magnifique jeune femme qui libérera les maux de l'humanité. Par ces deux actes Héphaïstos malgré ses regrets est l'outil de la vengeance de Zeus sur Prométhée.
Un mythe minoritaire veut qu'il dispute à Déméter la souveraineté de la Sicile<ref>Simonide (frag. 200b).</ref> ; de la nymphe Etna, qui habite le volcan du même nom, il a les Palikes, des démons des sources chaudes<ref>C'était le sujet d'une tragédie perdue d'Eschyle, Les Etnéennes.</ref>. Quoi qu'il en soit, il installe sa forge dans le volcan où il travaille, aidé par les Cyclopes. Il veille ainsi au châtiment de Typhon, que Zeus a foudroyé et qui gît, inerte, sous les racines de la montagne<ref>Pindare, Odes (Pythiques, I, 15-16) ; Prométhée enchaîné (363-369).</ref>.
Culte
L'importance du travail de la forge dans les civilisations de l'âge du bronze et à l'âge du fer explique que le personnage du forgeron ait été étroitement associé au pouvoir politique et à la religion. Ainsi, à Citium (actuelle Larnaca à Chypre), un culte est rendu au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle Modèle:Av JCModèle:Vérification siècle à des divinités du lingot de cuivre, particulièrement abondant sur l'île ; de même, il existe un lien direct entre les forges et le sanctuaire<ref name="B167">Burkert, p. 167.</ref>. Le nom d'Héphaïstos à proprement parler semble avoir déjà existé sous la forme a-pa-i-ti-jo<ref>Tablette KN L 588 de Cnossos. J. Chadwick et L. Baumbach, « The Mycenaean Greek vocabulary » dans Glotta no 41 (1963), p. 201.</ref> à l'époque mycénienne.
Le travail de la forge perd de son importance à l'époque archaïque, puis classique. Le culte d'Héphaïstos est donc peu répandu. Il est vénéré principalement à Lemnos, Athènes et dans le Sud de l'Italie. La première, dont la mythologie fait la résidence du dieu, a pour capitale Héphaïsties, habitée jusqu'au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle Modèle:Av JCModèle:Vérification siècle par une population non-grecque que les Grecs appellent Tyrséniens<ref>Hécatée de Milet, FGrH (I F 138) ; Modèle:ThuHis (IV, 109).</ref>. Elle accueille une fête de purification où le feu nouveau est allumé, puis distribué aux artisans<ref name="B167" />.
À Athènes, l'importance du rôle joué par Héphaïstos s'explique par sa tentative de viol d'Athéna et la naissance d'Érichthonios qui en résulte. Platon lui attribue une souveraineté commune avec Athéna sur la cité de l'Attique : Modèle:Citation bloc
Il possède trois lieux de culte à Athènes :
- un autel dans l'Érechthéion, à côté de l'autel de Poséidon et de celui du héros Boutès<ref>Pausanias (I, 26, 5).</ref> ;
- un grand temple sur la butte du Colonos Agoraios, qui accueille le culte conjoint d'Héphaïstos et d'Athéna Hephaisteia<ref>Pausanias (I, 14, 6). Lire sur le sujet William B. Dinsmoor, Observations on the Hephaisteion, Hesperia supplément V, 1941.</ref> ;
- un autel à l'Académie<ref>Scholie du vers 56 de l’Œdipe à Colone de Sophocle, cité par Oscar Broneer, « Plato's Description of Early Athens, and the Origin of Metageitnia » dans Hesperia Supplements, vol. 8, études commémoratives en l'honneur de Theodore Leslie Shear (1949), p. 49, note 2.</ref>.
À l'instar de Zeus Phratrios et d'Athéna Phratria, le dieu reçoit un sacrifice lors de la fête des phratries, les Apatouries<ref>Istros FGrH (344 F 2).</ref>. Il est également à l'honneur de la fête des artisans, les Chalkeia, en même temps qu'Athéna Erganè (« industrieuse »)<ref>Ludwig Deubner, Attische Feste, Berlin, 1932, p. 35 et suivantes.</ref>. Enfin, les Héphaisties lui sont spécialement consacrées<ref>Andocide, Sur les mystères (132) ; Xénophon, Constitution d'Athènes (III, 4).</ref> ; comme les Panathénées et les fêtes de Prométhée (Προμηθεια), elles comportent une lampadédromie, c'est-à-dire une course aux flambeaux<ref>Modèle:HérEnq (VIII, 98).</ref> qui fête le feu nouveau.
Enfin, Héphaïstos est vénéré dans le Sud de l'Italie : dans les îles Lipari<ref>Modèle:Ouvrage (III, 46-47) ; Apollonios de Rhodes, Argonautiques (III, 41 et IV, 761). Thucydide (III, 88) signale une croyance locale selon laquelle la forge du dieu est installée dans l'île de Hiéra (« la sainte ») Modèle:Citation. Extrait de la traduction de Jean Voilquin.</ref> et la région de l'Etna, où sa forge est située à partir de l'époque classique<ref>Modèle:EurCyc (v. 599) ; Théocrite, Idylles (II, 133-134) Modèle:Lire en ligne.</ref>. Pythéas (IVe s. av.), dans son ouvrage perdu "Un tour du monde" a relaté une vieille histoire qu'on racontait à propos de ces îles, selon laquelle :
"Qui le voulait, apportait du fer brut et recevait le jour d’après une épée ou bien n’importe quel autre objet qu’il voulait qu’[on lui] produise : il en versait alors le prix"<ref>Scholie au vers IV, 761 des Argonautiques d'Apollonios de Rhodes.</ref>.
Dans l'hymne orphique qui lui est consacré, Héphaïstos est identifié à un feu divin : « Ô feu infatigable » ! […] « Toi le plus haut qui dévores, domptes et consumes tout. »Modèle:Sfn.
Épithètes, attributs et sanctuaire
Héphaïstos n'a aucune épiclèseModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Mais Modèle:Grec ancien (Modèle:Citation) est l'une des épiclèses d'AthénaModèle:Sfn.
- Épithètes<ref>Modèle:Ouvrage.</ref> :
- Modèle:Grec ancien / Modèle:Lang : « illustre artisan » ;
- Modèle:Grec ancien / Modèle:Lang : « illustre boiteux ».
- Modèle:Grec ancien / Modèle:Lang : « le boiteux » ou « l'infirme ».
- Modèle:Grec ancien / Modèle:Lang : « astucieux " ou « aux nombreux dispositifs ».
- Modèle:Grec ancien / Modèle:Lang : « chaudronnier ».
- Modèle:Grec ancien / Modèle:Lang : « de l'Etna » ou « l'Etnaien », en raison de son atelier censé être situé sous le volcan Etna<ref>Aelian, Hist. An. xi. 3, référencé sous Aetnaeus dans le Dictionary of Greek and Roman Biography and Mythology de William Smith</ref>.
Aitnaîos "Aetnaean" (Αἰτναῖος)
- Attributs : le marteau, l'enclume, la béquille, le bouton d'or et l'âne.
- Sanctuaires : Lemnos, l'Etna, Athènes.
- Fêtes : les Héphaisties et les Chalkeia
Représentations artistiques
Iconographie
Héphaïstos est rarement représenté dans l'art grec à l'exception de quelques scènes très appréciées des artistes. L'immobilisation d'Héra fait partie du décor sculpté du trône d'Amyclées<ref>Pausanias (III, 18, 13).</ref>, mais le retour dans l'Olympe est de loin le thème le plus populaire. Le plus souvent, le dieu est représenté monté à dos de mulet, escorté par Dionysos et des silènes et conduit devant Zeus et Héra, fréquemment accompagnés par d'autres dieux : Athéna, Arès, Artémis, Poséidon ou encore Hermès. L'exemple le plus célèbre est celui du vase François, un cratère à volutes de Modèle:Date environ<ref>Conservé au musée archéologique de Florence, inv. 4209 = John Beazley, Attic Black-Figure Vase-Painters 76, 1.</ref>. La scène apparaissait également dans la décoration du sanctuaire d'Athéna Khalkoikos (« à la Maison de Bronze ») à Sparte<ref>Pausanias (III, 17, 3).</ref>, aujourd'hui disparu.
La naissance d'Athéna, où Héphaïstos intervient avec sa hache, est également un thème très prisé. On voit aussi Héphaïstos dans des représentations de la Gigantomachie, armé de tenailles et d'un soufflet de forge, comme sur les frises du trésor de Siphnos<ref>John Boardman, Les Vases athéniens à figures noires, Thames & Hudson, p. 1996, p. 220.</ref>, ou encore dans un char ailé, probablement l'une de ses inventions<ref>John Boardman, Les Vases athéniens à figures rouges. La Période archaïque., Thames & Hudson, p. 1996, p. 225.</ref>. Quelques vases le montrent enfin dans sa forge, entouré de satyres<ref>Par exemple un cratère à colonnettes du Peintre de Harrow provenant de Sabucina, conservé à Caltanissetta. Beazley, Paralipomena, 1971, 354, 39 bis.</ref> : c'est une allusion à deux drames satyriques perdus et tous deux intitulés Héphaïstos, l'un d'Achaïos, l'autre d'Épicharme — de même que le vase représentant un combat entre Arès et le dieu forgeron<ref>Cratère apulien à décor phlyaque conservé au British Museum, inv. F269.</ref>.
Héphaïstos est identifié dans l'art grec comme un artisan : il porte la hache, les pinces, le bonnet d'artisan (pilos) ou encore la tunique à manches (exômis)<ref name="C48">Carpenter, p. 48.</ref>. L'infirmité du dieu est représentée par des pieds tournés en dehors, comme sur le vase François<ref>Carpenter, p. 14.</ref>, par une béquille, comme sur la frise Est du Parthénon, ou encore par le fait de monter en amazone sur son mulet<ref name="C48" />. Selon Cicéron, la statue du dieu par Alcamène le représente « à peine affublé d'une légère claudication non dénuée de grâce »<ref>De la nature des dieux, I, 83. Extrait de la traduction d'Ugo Bratelli, Modèle:Lire en ligne.</ref>.
Héphaïstos est encore souvent représenté dans l'art même après l'Antiquité, par exemple par Tintoret, Bassano, Rubens, Tiepolo, Velázquez et van Dyck.
-
Héphaïstos (Vulcain) par Guillaume Coustou (musée du Louvre).
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La Forge de Vulcain de Luca Giordano.
-
Héphaïstos forgeant le foudre de Zeus par Rubens, musée du Prado.
Filmographie
Cinéma
- 1940 : Il apparaît dans Symphonie pastorale de Fantasia.
- 1981 : Pat Roach joue le dieu dans Le Choc des Titans.
- 1988 : Oliver Reed le joue dans Les Aventures du baron de Münchhausen.
- 1997 : il apparait dans le long métrage Disney Hercule.
- 2012 : Bill Nighy le joue dans La Colère des Titans.
Télévision
- 2003 : Ed Asner le joue dans l'épisode Hawk et Dove de La Ligue des Justiciers.
Eponymie
Héphaïstos est le nom donné à l'opération militaire française qui se déroule chaque été dans le cadre de la lutte contre les feux de forêts dans le sud de la France<ref>Modèle:Lien web.</ref>.
Comparatisme
Prolongeant le feu divin indo-européen, dans l'un de ses aspects, celui de magicien lieur, Héphaïstos a été rapproché du dieu scandinave Loki<ref>Marie Delcourt, Héphaïstos ou la légende du magicien, Belles Lettres, Paris, 1957, réed. 1982, p.108.</ref>. Ses qualités intellectuelles, polýmētis, klutómētis, « très habile, très rusé » sont celles d'Agni, autre représentant du Feu divin. Son intelligence technicienne se double de ruse et de magie des liens comme chez LokiModèle:Sfn.
Notes et références
Bibliographie
Sources primaires
Sources secondaires
- Modèle:Ouvrage.
- Modèle:Ouvrage.
- Robert Bowie Johnson, Le Code du Parthénon, Jardin des Livres, Paris, 2008 Modèle:ISBN
- {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Frank Brommer, Hephaistos. Der Schmiedegott in der antiken Kunst, Éditions Philipp von Zabern, Mayence, 1978.
- Modèle:BurRel, Modèle:P..
- Marie Delcourt, Héphaïstos ou la légende du magicien, Belles Lettres, Paris, 1957 Modèle:ISBN.
- Modèle:Gantz EGM, Modèle:P..
- Modèle:Ouvrage, Modèle:P..
- Alexandre Marcinkowski et Jérôme Wilgaux, « Automates et créatures artificielles d'Héphaïstos : entre science et fiction », dans Techniques et culture, Modèle:Numéros43-44, décembre 2004 Modèle:Lire en ligne.
- Modèle:Article.
- Modèle:Ouvrage.
Annexes
Articles connexes
- Divinités olympiennes
- Liste des divinités de la mythologie grecque
- cultes proches : les Cabires
- Völund
- Forgeron
- (2212) Héphaïstos
- Héphaistia