Tintin au pays de l'or noir

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Modèle:Infobox Bande dessinée

Tintin au pays de l’or noir, initialement L'Or noir puis Au Pays de l'or noir, est le quinzième album de la série de bande dessinée Les Aventures de Tintin, créée par le dessinateur belge Hergé.

L'histoire est pré-publiée en noir et blanc puis trichromie du Modèle:Date au Modèle:Date dans les pages du Petit Vingtième, supplément hebdomadaire du journal Le Vingtième Siècle. Après une interruption de huit ans, qui laisse le récit inachevé, l'histoire reprend du début, en couleur, dans les pages du journal Tintin, du Modèle:Date au Modèle:Date. L'aventure est ensuite éditée en album de soixante-deux planches aux éditions Casterman.

La première version de l’album paru en 1950 situe l'action en Palestine sous mandat britannique, puis une seconde version en 1971, partiellement remaniée, se déroule dans un pays arabe imaginaire qu'Hergé baptise le Khemed.

L'histoire

Alors que des rumeurs de guerre se font persistantes, le marché est envahi par de l’essence frelatée qui fait littéralement exploser les moteurs… à explosion. Tout comme Dupond et Dupont, Tintin prend alors un paquebot pour enquêter au Moyen-Orient.

Au Khemed, une lutte de pouvoir oppose l’émir Ben Kalish Ezab au cheik Bab El Ehr, chacun financé par une compagnie de pétrole différente — respectivement l’Arabex et la Skoil Petroleum. Le docteur Müller, qui, sous le nom de Professeur Smith, se fait passer pour un archéologue, représente la Skoil. Agent secret d’une « puissance étrangère » ayant pour mission de s’emparer des puits de pétrole, il est capable de saboter les réserves existantes grâce à un produit chimique, le N 14, et ainsi, de paralyser les armées en cas de guerre.

Dans la première version, Tintin est soupçonné d'être mêlé à un trafic de drogue. Il est enlevé en voiture au moment de son transfert par des Juifs de l'Irgoun qui le prennent pour un des leurs, Salomon Goldstein, très ressemblant et doté comme lui d'une houppe. Au moment où les ravisseurs se rendent compte de leur erreur, ils sont interceptés par des hommes du cheik Bab El Ehr, également à la recherche de Salomon Goldstein. Ils commettent à leur tour la même erreur, puis s'en rendent compte et abandonnent Tintin dans le désert après que celui-ci s'est évanoui par déshydratation. Dans la deuxième version de l'album, Tintin est soupçonné, à cause de documents cachés dans sa cabine, de vouloir livrer des armes à Bab El Ehr et est arrêté. Bab El Ehr le fait alors enlever, et le garde en otage jusqu'à ce qu’il s’aperçoive que Tintin n’est pas celui qu’il croit. La bande du cheik prend alors la direction du désert et abandonne Tintin quand celui-ci s'évanouit d'épuisement.

Dans les deux versions, Tintin revient à lui et surprend le Modèle:Dr Müller en train de saboter un pipeline. Puis il rencontre Dupont et Dupond, et tous trois arrivent dans la ville où se situe le palais de Ben Kalish Ezab. À ce moment-là, le Modèle:Dr Müller enlève le jeune prince Abdallah pour obliger l’émir à chasser l’Arabex de son territoire et permettre à la Skoil de contrôler les puits de pétrole. Pour ne pas être soupçonné, il fait accuser le cheik Bab El Ehr de ces deux méfaits.

Ayant compris le stratagème du Modèle:Dr Müller, Tintin fait, non sans peine, libérer Abdallah — parfaitement satisfait de son enlèvement, du moment qu'il dispose de ses jouets et de ses farces et attrapes. Avec le capitaine Haddock, Tintin fait arrêter Müller, puis met la main sur le produit servant à frelater l’essence (N 14) et l’envoie au professeur Tournesol. Au bout de quelques semaines de recherches, ce dernier conçoit un « antidote » neutralisant les effets de ce produit, que Dupond et Dupont ont ingéré par erreur dans le désert, croyant que c'était de l'aspirine.

Version interrompue du Petit Vingtième

Modèle:Commentaire biblio

Le moteur de la voiture des Dupond et Dupont explose après un plein, de même que leur briquet à essence, qu'ils venaient de remplir<ref group="H">Modèle:Lien web.</ref>. Le phénomène se propage à de nombreux véhicules, signe que le marché est envahi par de l'essence frelatée. Les deux policiers viennent en parler à leur ami Tintin. Accusant la Simoun, une entreprise de dépannage, de saboter l'essence pour se créer des clients, les détectives s'y font embaucher, sans trouver de piste. De son côté, le reporter s'enquiert de la situation auprès du directeur de la compagnie pétrolière Speedol, qui lui explique que le secteur pétrolier entre dans une grave crise à cause des explosions de moteurs, et l'informe que, contre toute attente, aucune trace de sabotage n'a été détectée<ref group="H">Modèle:Lien web.</ref>.

Menant l'enquête la nuit sur les docks, près des réservoirs, Tintin surprend une rencontre où est échangé un Modèle:Citation contre de l'argent, à un marin qui parle ensuite d'embarquer sur le pétrolier Speedol Star. Le lendemain, par l'entremise du directeur de la compagnie, Tintin monte lui aussi, en tant que radiotélégraphiste, à bord du Speedol Star, en partance pour Caïffa, au Moyen-Orient. Envoyés par la Sûreté, Dupond et Dupont sont engagés comme matelots sur le même bateau, pour enquêter sur un trafic de stupéfiants. À cause de leur manque de discrétion, le marin suspect les repère et en profite pour leur faire cacher un colis, en prétendant appartenir à Scotland Yard. Il tente ensuite de se débarrasser de Milou, le seul à l'avoir vu de face sur les quais l'autre nuit<ref group="H">Modèle:Lien web.</ref>.

À l'arrivée à Caïffa, la police maritime britannique vient inspecter le pétrolier pour contrebande de stupéfiants, et trouve de la cocaïne dans la cabine de Tintin, ainsi que dans le colis caché dans celle de Dupond et Dupont, qui ne parviennent pas à prouver qu'ils appartiennent à la police<ref group="H">Modèle:Lien web.</ref>. Tous trois sont arrêtés. Lorsqu'il est amené par les garde-côtes anglais, Tintin est aperçu par un jeune lié au terrorisme juif, qui le confond avec un dénommé Finkelstein — très ressemblant et, comme lui, doté d'une houppe —, censé venir d'Europe pour organiser leur lutte contre les Arabes. Au cours du transfert de Tintin à la prison centrale, le réseau terroriste juif l'enlève en voiture en lançant une grenade asphyxiante sur les soldats qui l'escortent. Au moment où les ravisseurs se rendent compte de leur erreur, ils sont interceptés en rase campagne par des hommes du sheik Bab El Ehr, également à la recherche de Finkelstein. Une fois relâchés, Dupont et Dupond apprennent ce qui est arrivé à leur ami et partent dans le désert à la recherche de cette faction arabe<ref group="H">Modèle:Lien web.</ref>.

Dans son camp au beau milieu du désert, Bab El Ehr réalise que son prisonnier n'est pas Finkelstein, mais décide de le garder, de peur qu'il ne révèle leur emplacement aux Anglais<ref group="H">Modèle:Lien web.</ref>. Un avion britannique les ayant survolés, le sheik décide de lever le camp pour se réfugier dans les montagnes, en emportant Tintin. Au cours de leur périple, ils l'abandonnent dans le désert après que celui-ci s'est évanoui par déshydratation<ref group="H">Modèle:Lien web.</ref>. Tintin revient finalement à lui et, après une longue marche, se fabrique une baguette de sourcier qui lui permet de trouver de l'eau<ref name="Figaro"/>,<ref group="H">Modèle:Lien web.</ref>. Pendant ce temps, les Dupondt sont tout d'abord victimes de mirages, puis se retrouvent en prison pour avoir encastré leur Peugeot 201 dans une mosquée<ref group="H">Modèle:Lien web.</ref>, après avoir conduit leur véhicule endormis à travers le désert.

La nuit, Tintin est réveillé par des bruits de cavaliers. Dissimulé derrière un rocher, il les observe crever un pipeline, mettre le feu au pétrole et s'enfuir. Tintin neutralise un cavalier en retrait, prend ses habits, son cheval, et rejoint le groupe<ref group="H">Modèle:Lien web.</ref>. Des véhicules de l'armée britannique se rendent sur les lieux de l'explosion<ref name="Figaro"/>. Le chef des cavaliers ordonne de se séparer pour brouiller les pistes, et ne garde avec lui que celui qu'il croit être Ahmed — en réalité Tintin<ref group="H">Modèle:Lien web.</ref>. Au cours d'une halte, le chef des saboteurs s'isole et Tintin l'espionne, sa voix lui semblant familière. Ayant repéré la curiosité d'« Ahmed », le chef Modèle:Incise l'assomme, ainsi que Milou, et reconnaît Tintin à la place de son sbire<ref group="H">Modèle:Lien web.</ref>. Inquiet d'avoir peut-être été démasqué, Müller pense abattre Tintin mais, voyant arriver le simoun en une tempête de sable, préfère économiser une cartouche en l'abandonnant attaché, gisant dans le désert<ref group="H">Modèle:Lien web.</ref>.

Version album achevée d'après-guerre

Fichier:Purfina petrol pump at the Den Hartog Ford museum pic1.JPG
Ancienne pompe à essence, similaire à celle apparaissant au début de la version du Journal de Tintin.

Modèle:... Modèle:Commentaire biblio

Version remaniée finale

Modèle:... Modèle:Commentaire biblio

Le moteur de la voiture des Dupondt, ainsi que leur briquet, explosent alors qu'ils venaient de les faire remplir d'essenceModèle:Sfn. Dans les jours qui suivent, le phénomène se propage à d'autres véhicules, confirmant l'hypothèse de la présence d'essence frelatée sur le marchéModèle:Sfn. Les Dupondt enquêtent alors auprès de la Simoun, une société de dépannage qu'ils soupçonnent de saboter l'essence pour gagner des clientsModèle:Sfn. Les détectives s'y font embaucher, espérant trouver une piste, mais en vain. De son côté, Tintin s'enquiert de la situation auprès du directeur de la compagnie pétrolière Speedol, qui lui révèle qu'aucune trace de sabotage n'a encore été détectéeModèle:Sfn.

La nuit venue, Tintin mène l'enquête sur les docks, près des réservoirs de pétrole, et surprend un échange entre deux individus évoquant l'appareillage du cargo Speedol Star à destination du Khemed. Dès le lendemain, il se fait engager sur le bateau en qualité de radiotélégraphiste, tandis que les Dupondt embarquent eux aussi, sur ordre de la Sûreté, pour surveiller le conflit naissant entre l'émir Ben Kalish Ezab et son rival le cheik Bab El EhrModèle:Sfn. Un marin suspect les repère et tente de se débarrasser d'eux en dissimulant des documents compromettants et de la cocaïne dans leur cabineModèle:Sfn. À leur arrivée au Khemed, Tintin et les Dupondt sont arrêtés, mais Tintin est libéré par les partisans de Bab El Ehr qui le croient porteur d'une bonne nouvelle concernant une livraison d'armesModèle:Sfn. Comprenant qu'il n'en est rien, Bab El Ehr le fait prisonnier, avant de l'abandonner dans le désertModèle:Sfn. Entre-temps, les Dupondt, finalement mis hors de cause, partent à sa recherche, et sont aux prises avec de nombreux miragesModèle:Sfn.

Toujours seul et égaré, Tintin est réveillé une nuit par des bruits de cavaliers. Dissimulé derrière un rocher, il les observe crever un pipeline, mettre le feu au pétrole et s'enfuir. Tintin neutralise un cavalier en retrait, prend ses habits et son cheval, et rejoint le groupe, dont il est bientôt le seul à accompagner le chef qui ordonne la dispersion des troupes pour brouiller les pistesModèle:Sfn. Intrigué par la voix de ce chef qui lui semble familière, Tintin ne tarde pas à reconnaître le docteur Müller, mais ce dernier l'assomme avant de l'abandonner, mis en fuite par le bruit de la jeep des Dupondt qui arrive dans le secteurModèle:Sfn. Finalement recueilli par les deux policiers, Tintin, après de nouvelles péripéties, gagne avec eux la capitaleModèle:Sfn.

Reçu par l'émir Ben Kalish Ezab, Tintin comprend que Müller, qui se fait appeler professeur Smith, est un agent au service d'une compagnie pétrolière qui veut forcer la main de l'émir pour signer un nouveau contratModèle:Sfn. Bientôt, le fils de l'émir, Abdallah, est enlevéModèle:Sfn. Tintin part à sa recherche, et grâce à son ami le commerçant portugais Oliveira da Figueira, il réussit à pénétrer dans la villa du docteur Müller qui surplombe Wadesdah, la capitale de l'émiratModèle:Sfn. Un combat s'engage dans le bureau du docteur, que Tintin parvient à assommerModèle:Sfn. Découvrant un passage secret, Tintin s'enfonce dans le bunker situé sous la villa, et retrouve Abdallah. Mais ce dernier, loin d'être coopératif, fait échouer sa libérationModèle:Sfn.

Fichier:Carte postale Moulinsart détruit.jpg
Lors de ses recherches sur le N.14, le professeur Tournesol abîme sévèrement le château de Moulinsart (photomontage inspiré d'une case de la page 62).

Acculé dans une pièce par les hommes de Müller, Tintin est finalement sauvé par l'intervention aussi providentielle qu'inattendue du capitaine Haddock, avec l'aide des soldats de l'émir. Les deux amis se lancent à la poursuite de Müller, qui a enlevé Abdallah et pris la route du désertModèle:Sfn. À la suite d'un nouveau caprice du jeune enfant, la voiture de Müller fait une embardée. Comprenant qu'il n'a plus aucune issue, ce dernier tente de se suicider, mais le pistolet qu'il utilise n'est autre que le revolver à encre d'AbdallahModèle:Sfn. Arrivés sur les lieux, Dupond et Dupont avalent chacun un comprimé se trouvant dans un tube d'aspirine découvert par hasard dans le sable. Aussitôt, leur barbe et leurs cheveux se mettent à pousser irrémédiablementModèle:Sfn. Müller promet une forte somme d'argent à Tintin s'il s'engage à faire disparaître les comprimés, mais ce dernier, repoussant les propositions du bandit, choisit de les faire analyserModèle:Sfn. Il s'avère que ces comprimés contenaient un produit, le N.14, capable d'augmenter le pouvoir explosif de l'essence. C'est avec ce produit que Müller et ses alliés comptaient saboter les réserves de pétrole de leurs ennemis en cas de guerreModèle:Sfn. L'histoire s'achève par une nouvelle farce d'Abdallah qui a mis de la poudre dans le cigare du capitaine Haddock, alors que ce dernier est sur le point de raconter ce qu'il a vécu avant son arrivée à Wadesdah.

Épilogue

L'incipit de l'aventure suivante, Objectif Lune, est considéré comme un épilogue de la précédente<ref name="Nattiez">Modèle:Ouvrage.</ref>. La prépublication de cette nouvelle histoire dans le journal Tintin commence par un strip d'Hergé, absent de l'album, contenant un encart de texte résumant Au pays de l'or noir et ce que les héros ont fait entretemps : Modèle:CitationModèle:Sfn,<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Personnages

Le Docteur Müller, apparu dans L'Île Noire au sein d'une bande de faux-monnayeurs, fait son retour dans cet album. Hergé apporte des modifications à son personnage entre les deux aventures : il n'exerce plus en psychiatrie mais se présente comme archéologue sous le pseudonyme de Modèle:Citation. Sa silhouette s'est affinée, il apparaît plus svelte et élancé, porte des bottes de cavalier, et a remplacé sa moustache et sa barbichette par une barbe plus fournie<ref>Modèle:Chapitre.</ref>.

Création de l'œuvre

Une première version inachevée, 1939-1940

Après Le Sceptre d'Ottokar, dont la publication s'achève le Modèle:Date-Modèle:Sfn, Hergé se lance dans une nouvelle aventure de Tintin pour Le Petit Vingtième. L'inspiration du scénario lui vient d'un attentat perpétré à Haïfa durant l'été 1938 à l'encontre de l'occupant britanniqueModèle:Sfn. Dès le Modèle:Date-, la nouvelle aventure est annoncée : Modèle:CitationModèle:Sfn, mais Hergé est mobilisé le Modèle:Date-, dès le déclenchement de la Seconde Guerre mondialeModèle:Sfn. Le dessinateur Pierre Ickx lui propose de réaliser les planches à sa place, à partir du scénario et des croquis qui lui seraient fournis, mais Hergé refuse. Ce dernier est démobilisé provisoirement le Modèle:Date- et peut donc se remettre au travail. Le Modèle:Date-, la couverture du Petit vingtième annonce que Modèle:Citation : le personnage arbore son ordre de mobilisation, tandis que Milou porte l'emblème de la Croix-Rouge. La parution des planches de L'Or noir commence le Modèle:Date- suivantModèle:Sfn.

De nouveau mobiliséModèle:Sfn, Hergé envoie depuis sa caserne ses dessins au journal, au rythme de deux planches par semaine. En parallèle, en décembre, il publie quatre strips d'un éphémère personnage, Monsieur Bellum, dans l'hebdomadaire L'Ouest créé par son ancien ami scout Raymond de Becker, aux tendances pro-allemandesModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Tombé malade en avril, le dessinateur est déclaré inapte et revient à la vie civile. La publication dans Le Petit Vingtième est interrompue par l'invasion de la Belgique par les troupes allemandes le Modèle:Date-Modèle:Sfn, alors que venaient de paraître la veille les planches Modèle:N° et 56. L'aventure s'arrête brutalement, au moment où Tintin vient de découvrir que le docteur Müller est le vrai visage de Mull Pacha. Hergé avait eu le temps de dessiner les planches Modèle:N° et 58, dans lesquelles ce dernier personnage abandonne Tintin dans le désert, mais elles ne seront jamais publiées<ref>Modèle:Lien web, dernières planches de L'Or noir de 1940.</ref>.

L'occupation allemande entraîne la disparition du Vingtième Siècle et de son supplément pour la jeunesse. S'il obtient de pouvoir travailler dans un autre journal, Hergé décide de ne pas poursuivre L'Or noir, notamment parce que l'histoire est trop chargée politiquement par rapport à l'actualité et qu'il lui serait difficile de continuer de mettre en scène des soldats britanniques, ennemis de l'occupant allemandModèle:Sfn.

Reprise de l'histoire après la guerre, 1948-1950

Pendant la guerre, Hergé publie successivement Le Crabe aux pinces d'or, L'Étoile mystérieuse, Le Secret de La Licorne, Le Trésor de Rackham le Rouge et Les Sept Boules de cristal. En 1946, il s'associe à l'éditeur de presse et résistant Raymond Leblanc pour lancer un hebdomadaire au nom de son héros, Tintin, dans lequel il achève l'aventure inca avec Le Temple du SoleilModèle:Sfn. Mais à la fin des Modèle:Nobr, Hergé s'enfonce dans un profond syndrome dépressifModèle:Sfn, d'une part parce qu'il est mis en cause après la Libération pour avoir contribué dans un journal collaborationniste, mais aussi parce qu'il supporte mal la charge de travail que lui impose le succès des Aventures de TintinModèle:Sfn. Si la justice décide de n'entamer aucune poursuite à son encontreModèle:Sfn, Hergé continue de subir des attaquesModèle:Sfn. Sa dépression se traduit notamment par des problèmes de sommeil et de violentes crises d'eczéma et de furonculose qui l'empêchent de dessinerModèle:Sfn. Il achève difficilement la prépublication du Temple du Soleil et comprend alors que la création des prochaines aventures ne pourra se faire avec la facilité et l'évidence d'avant, mais au prix d'un grand labeurModèle:Sfn.

S'il pense d'abord envoyer ses héros sur la Lune, en référence à la scène de l'éclipse qu'il met en scène dans le dernier album, Hergé s'oriente par défaut sur la reprise et l'achèvement de L'or noir, car il ne se sent pas assez mûr et ni suffisamment préparé pour l'aventure lunaire<ref name="Historia"/>. Dans un premier temps, il n'a pas accès aux dessins originaux, conservés en France par la rédaction de l'hebdomadaire Cœurs vaillants, qui ne les lui renvoie qu'à la fin du mois Modèle:NobrModèle:Sfn. La parution de Tintin au pays de l'or noir dans Tintin peut donc reprendre le Modèle:Date-, depuis le début du récit<ref name="or noir v2">Modèle:Lien web.</ref>. La conception de ces premières planches pose peu de difficultés car ce sont les mêmes que dans Le Petit Vingtième neuf ans plus tôt. Hergé les décalque en les adaptantModèle:Sfn, tout en procédant à leur mise en couleurModèle:Sfn. Certaines cases de la version d'avant-guerre sont parfois redessinées en partie, puis mêlées à des cases entièrement redessinéesModèle:Sfn. Pour ne pas avoir à recommencer le fastidieux travail qu'avait demandé la refonte des planches pré-publiées du Temple du Soleil, qui nécessitait de réorganiser et diviser chaque planche au format « à l'italienne » en deux planches au format « portrait », Hergé livre ses planches de L'Or noir directement au format « portrait », ce qui ne nécessite pas de grandes adaptations ultérieures pour l'albumModèle:Sfn. Il en fera de même pour les aventures suivantes, à de rares exceptionsModèle:Sfn. Pour autant, la reprise du récit est de nouveau perturbée par l'état mental d'Hergé et par un nouvel épisode dépressifModèle:Sfn. La publication est interrompue le Modèle:Date-Modèle:Sfn et ne reprend que le Modèle:Date- suivant, devant l'insistance et l'impatience de ses collaborateursModèle:Sfn. Comme un clin d'œil à son mal-être, Hergé se dessine sur la couverture du Journal de Tintin en repris de justice, menottes aux poings, sommé par ses personnages de reprendre le travail<ref>Modèle:Article.</ref>.

La principale difficulté dans la réalisation de cette deuxième version de l'aventure réside dans le fait d'intégrer au scénario des éléments apparus depuis la publication de la première version. En effet, le capitaine Haddock fait son entrée dans la série avec Le Crabe aux pinces d'or, puis c'est au tour du professeur Tournesol et du château de Moulinsart dans le diptyque formé par Le Secret de La Licorne et Le Trésor de Rackham le Rouge. Hergé a conscience que le lecteur ne comprendrait pas leur absence, mais pour éviter de modifier son scénario et le découpage déjà établi, il ne les intègre pas pleinement dans l'histoire et ne les fait intervenir qu'à la finModèle:Sfn. L'arrivée du capitaine au secours de Tintin est imprévue, mais pour ne pas avoir à la justifier, Hergé a recours à une astuce : à chaque fois que le capitaine essaie d'en raconter le motif, affirmant que c'est Modèle:Citation, il est interrompu par un évènement extérieur, jusqu'à renoncer définitivement de s'expliquer dans la dernière planche, en proie à l'énervement et au découragement<ref name="Historia"/>,Modèle:Sfn. De même, le professeur est intégré indirectement à l'histoire : il n'est pas représenté mais une lettre qu'il envoie à Tintin mentionne les recherches qu'il effectue pour identifier le mystérieux produit ingéré par les Dupondt et responsable des explosions d'essence. La lettre est accompagnée d'une photographie du château de Moulinsart, à moitié en ruines après les premières expériences. Dans la version en album, immédiatement publiée après la parution dans Tintin, Hergé insère également quelques cases dans les premières planches pour expliquer l'absence du capitaine dans la première partie de l'aventure : alors que la guerre est proche, il est mobilisé et contraint de se tenir à disposition de l'armée<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Après la fin de la prépublication dans Journal de Tintin en 1950, l'aventure paraît en album la même année. Hergé apporte des différences dans la version album : Tintin ne débarque plus à Caiffa mais à Haifa dans ce qui serait la Palestine, alors sous mandat britannique. Il est arrêté par les Anglais, puis enlevé par des militants de l’organisation juive Irgoun (mentionnée dans l’album mais pas dans la version journal) qui l’ont confondu avec un certain Goldstein (Finkelstein dans la version journal), agent sioniste qui doit venir d’Europe. Il est ensuite enlevé par des Arabes, qui le conduisent auprès de leur chef Bab El Ehr. Tintin retrouve plus tard le docteur Müller, lequel travaille désormais pour le compte d’une compagnie qui tente par des moyens illicites de prendre le contrôle des puits de pétrole. Müller enlève ainsi le jeune prince Abdallah, le fils de l’émir Ben Kalish Ezab, pour obliger ce dernier à chasser de son territoire les concurrents anglais. La fin de l’album est la même.

Refonte demandée par l'éditeur anglais, 1971

Photo en noir et blanc d'un soldat en kilt.
Dans la refonte, les soldats britanniques en kilt en faction en Palestine mandataire sont remplacés par des policiers khémédites.

En 1970, la maison d'édition britannique Methuen exige d'Hergé qu'il remanie en profondeur Tintin au pays de l'or noir avant de publier l'album au Royaume-UniModèle:Sfn. Le même éditeur avait déjà réclamé quelques années plus tôt la refonte de L'Île Noire, dont la dernière version datait de 1943, et qui donnait selon lui une représentation trop datée de la Grande-Bretagne pour qu'elle puisse être diffusée telle quelle dans ce paysModèle:Sfn,Modèle:Sfn. Sur la base d'une expédition documentaire de l'assistant Bob de Moor en Angleterre et en Écosse, L'Île Noire avait été entièrement refait en 1964-1965, l'auteur redessinant ses personnages tandis que ses collaborateurs des Studios Hergé plaçaient autour de nouveaux décors modernisésModèle:Sfn. Si L'Île Noire avait seulement nécessité de moderniser les décors, véhicules et costumes, en conservant le découpage initial, Hergé doit cette fois modifier les contours de l'intrigue de Tintin au pays de l'or noir, en effaçant toute trace du contexte anglo-palestinien pour remplacer celui-ci par un cadre arabisant, à la fois universel et plus intemporelModèle:Sfn.

Au début des Modèle:Nobr, les conflits de la Palestine sous mandat britannique puis la guerre israélo-arabe de 1948 semblent trop lointains pour la nouvelle génération de lecteurs et Hergé considère que ces derniers ne savent plus que l'armée anglaise avait occupé la Palestine et lutté contre les terroristes sionistesModèle:Sfn,<ref name="Tintinomania"/>. Pour l'éditeur britannique, il s'agit également de retirer la mention à une période jugée peu glorieuse de l'Histoire de ce pays<ref name="Tintinomania"/>. Quant au dessinateur, il voit dans cette refonte l'occasion de retirer les marques trop précises de datation pour conférer à son œuvre un caractère universel : Modèle:Citation Par ailleurs, le critique littéraire Benoît Peeters voit également la disparition de toute allusion aux Juifs dans cette refonte comme une Modèle:Citation d'Hergé de laver l'antisémitisme original de L'Étoile mystérieuse, paru sous l'Occupation, alors que Tintin au pays de l'or noir n'avait pourtant rien d'antisémiteModèle:Sfn.

Hergé élabore donc un nouveau contexte à partir des situations et personnages existants. Depuis l'édition de 1950, le lieu de l'action et certains protagonistes sont réapparus dans Coke en stock, album publié en 1958, dans lequel Hergé attribue un nom à l'émirat de Ben Kalish Ezab Modèle:Incise et l'établit comme un État indépendant pétromonarchique dont Wadesdah est la capitaleModèle:Sfn. Le dessinateur situe donc entièrement les scènes moyen-orientales de L'or noir dans ce pays fictif, et non plus en Palestine. Le Speedol Star voyage directement au Khemed, jusqu'au port de Khemkhâh, et non plus à Haïfa. Les combats entre Juifs et Arabes pour le contrôle de la Palestine se transforment en lutte de pouvoir entre tribus locales, chacune liée à une compagnie pétrolière, et les policiers anglais sont arabisés<ref name="Tintinomania"/>,Modèle:Sfn.

Hergé et son équipe travaillent sur la refonte de l'album tout au long de l'année 1970Modèle:Sfn, en particulier Bob de Moor qui est envoyé au port d'Anvers pour croquer un pétrolier de 1939 qui puisse servir de modèle au Speedol StarModèle:Sfn. Au total, une quinzaine de planches sont remaniéesModèle:Sfn, principalement les planches 6 à 20Modèle:Sfn. Hergé reprend les dessins de l'album de 1950 dont il redessine partiellement ou totalement certaines casesModèle:Sfn. Les textes en hébreu qui figuraient aux devantures des magasins sont retirésModèle:Sfn. De même, les inscriptions ou dialogues arabes écrits dans une graphie fantaisiste sont remplacés par de l'arabe authentiqueModèle:Sfn, grâce au concours d'un étudiant en langues orientales<ref name="Historia"/>,<ref name="Tintinomania"/>,<ref name="Figaro"/>, y compris sur la couvertureModèle:Sfn. Après plusieurs mois de travail, la nouvelle et ultime version de Tintin au pays de l'or noir paraît en 1971Modèle:Sfn.

Cette refonte a notamment contraint le dessinateur à mettre un temps de côté la nouvelle aventure sur laquelle il travaillait, Tintin et les Picaros, dont l'élaboration est plusieurs fois mise à malModèle:Sfn.

Parution et traductions

Prépublication

Une de journal.
Le Petit Vingtième assure la première publication de L'Or noir.

La parution des planches de Tintin au pays de l'or noir débute le Modèle:Date- dans Le Petit VingtièmeModèle:Sfn. Elle se poursuit jusqu'au Modèle:Date- — date de l'interruption de l'histoire en raison du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale — au rythme de deux planches par semaineModèle:Sfn. Cette aventure connaît également une prépublication en France dans les pages de l'hebdomadaire Cœurs vaillants. Ce journal diffuse d'abord les planches en noir et blanc avant d'en assurer la colorisation sans l'accord d'Hergé, qui fustige ce procédé. Dans cette version, Tintin a les cheveux jaune paille et porte un pull blanc aux rayures bleues, tandis que Milou a des taches brunes sur son pelage<ref name="Dewinter">Modèle:Article.</ref>. De même, certaines scènes sont coupées. C'est le cas des références aux luttes entre Juifs et Arabes ou encore de l'épisode du bombardement de tracts du camp de Bab El Ehr<ref name="Dewinter"/>. Également interrompue par la guerre, la prépublication française se poursuit en 1946 dans un supplément hebdomadaire du quotidien La Voix de l'Ouest. L'histoire est reprise sous le titre de Tintin et Milou au pays de l'or liquide et imprimée à l'encre bleue. Le bandeau titre, montrant Tintin et Milou, est une imitation, sans l’accord d'Hergé, réalisée par un ancien dessinateur de Cœurs Vaillants, Frédéric-Antonin Breysse<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

La deuxième version de l'aventure est pré-publiée dans le Journal de Tintin à partir du Modèle:Date-<ref name="or noir v2"/>. Interrompue du Modèle:Date-Modèle:Sfn au Modèle:Date- suivantModèle:Sfn, en raison de la dépression d'Hergé, elle s'achève le Modèle:Date-<ref name="or noir v2"/>. La reprise de la série est annoncée sur la couverture du Modèle:N° (édition belge) du Modèle:Date- — où l'on voit Hergé menotté et encadré par les Dupondt — mais l'histoire ne recommence qu'au Modèle:N°.

Parutions de l'album

L'aventure de L'Or noir paraît pour la première fois en album, en couleurs, en 1950, sous le titre Au Pays de l'or noir, version légèrement remaniée de la prépublication du Journal de Tintin<ref name="Tintinomania"/>. Son éditeur avait conseillé de ne pas utiliser le titre L'Or noir, en pensant erronément que Jules Verne l'avait déjà employé pour une de ses œuvresModèle:Sfn. Sur la couverture, un mot prétendument en arabe souligne le titre, mais s'avère en réalité purement fantaisiste, sans aucune signification<ref name="Tintinomania"/>,<ref name="Vente"/>. En 1956, l'éditeur fait ajouter « Tintin » avant « Au pays de l'or noir », au motif que les albums avec « Tintin » dans le titre se vendent mieux<ref name="Vente">Modèle:Lien web.</ref>. Pour la refonte de 1971, qui élimine la version antérieure, la calligraphie arabe ornementale au-dessous du titre est remplacée par de l'arabe authentique, comme sont changés les dialogues arabes de l'album<ref name="Historia"/>,<ref name="Variantes">Modèle:Lien web.</ref>,<ref name="Vente"/>. Le nouveau sous-titre Modèle:Citation signifie Modèle:Citation<ref name="Tintinomania">Modèle:Lien web.</ref>.

Au Pays de l'or noir est réimprimé en 1951 à Modèle:Unité exemplaires<ref name="Éditions">Modèle:Chapitre.</ref>. En 1963, l'album bénéficie d'un retirage à Modèle:Unité exemplaires, autant que le récent Tintin au Tibet, alors que les autres sont retirés en moyenne à Modèle:Unité exemplaires à la même époque<ref name="Éditions"/>.

En 1985, le septième tome de la luxueuse Œuvre intégrale d'Hergé des éditions Rombaldi réunit pour la première fois les planches de l'aventure originale inachevée diffusée dans Le Petit Vingtième en 1939 et 1940 ; il comporte aussi l'album de 1971 et cinq planches de celui de 1950<ref name="Publications"/>. Il faut attendre Modèle:Date- pour que Casterman publie un fac-similé complet de l'album de 1950<ref name="Publications">Modèle:Lien web, liste des publications.</ref>. Dans Le Figaro Magazine paraît en feuilleton pendant l'été 2004 la Modèle:Citation<ref name="Figaro">Modèle:Article.</ref>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Le dixième volume de la collection « Les Archives Tintin » des éditions Atlas, édition de luxe des albums, reprend la version de 1950 et non celle de 1971<ref name="Publications"/>. Le quarante-quatrième volume de la même collection compile les planches de la première version inachevée de 1939-1940<ref name="Publications"/>.

Traductions

Tintin au pays de l'or noir bénéficie en premier lieu d'une traduction en espagnol. La deuxième version de l'histoire, celle de 1950, est publiée en série dans la revue Blanco y Negro sous le titre Modèle:Lang du Modèle:Date- au Modèle:Date-<ref>Modèle:Lien web.</ref>. L'album parait en 1961 aux éditions Juventud<ref name="trad">Modèle:Article.</ref>. La même année, une traduction danoise est diffusée aux éditions Illustrations Forlaget<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

La troisième et dernière édition de l'aventure est réalisée sous l'impulsion de la maison d'éditions britannique Methuen. En conséquence, l'album en anglais paraît au Royaume-Uni en 1972<ref name="trad"/>. En 1997 paraît une traduction en vietnamien<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Sources d'inspiration

Contexte historique

Fichier:PikiWiki Israel 4802 Haifa 1930.jpg
Haïfa en 1930
Fichier:Flying over the Trans-Arabian Pipeline.jpg
Oléoduc trans-arabe en 1950

Tintin au pays de l’or noir est un album à part dans les aventures de Tintin, l'un des plus exceptionnellement intégrés à la réalité historique, car il s'inscrit, dans sa première version, dans la toute fin de l'entre-deux-guerres, émaillée alors de rumeurs de nouveau conflit. Il se place d'ailleurs dans la continuité de l'album Le Sceptre d'Ottokar, le thème du sabotage de l’essence évoquant comme les deux précédentes aventures de Tintin les manœuvres pour déstabiliser les démocraties (par injection de fausse monnaie dans L’Île Noire, par une tentative d’annexion dirigée par un dénommé Müsstler — contraction évidente de Mussolini et Hitler — dans Le Sceptre d’Ottokar) tandis que la menace de la guerre s'y fait sentir tout au long des pages. Mais finalement, les pays finissent par trouver une solution, et le conflit semble avoir été évité.

Cette atmosphère pesante fait d'ailleurs étonnamment penser aux tensions de l'année 1938, durant laquelle Hitler réalisait l'Anschluss, et manifestait ses revendications sur la région des Sudètes, en menaçant de prononcer l'annexion unilatéralement, quitte à violer les conventions internationales. La crise fut finalement résolue par les Accords de Munich, le Modèle:Date. Or justement, la chronologie de l'album est cohérente avec l'Histoire, puisqu'un calendrier affiche la date du Jeudi 18 août lorsque Dupond et Dupont espionnent la société de dépannage Simoun ; date qui est conforme au calendrier de 1938<ref>Voir http://kalender-365.de/calendrier.php?yy=1938</ref>, et qui rend crédible la durée du déroulement de l'intrigue avec la réalité historique. Enfin, la consonance allemande du nom du Modèle:Dr Müller est sans équivoque en ce qui concerne la mystérieuse « puissance étrangère » qui cherchait à priver de carburants ses adversaires en cas de conflit.

Au Moyen-Orient, le monopole de l’exploitation du pétrole est détenu durant les années 1930 par l'Iraq Petroleum Company, dont les capitaux étaient britanniques, français et néerlandais. La compagnie a notamment construit l'oléoduc de Mossoul à Haïfa, qui pourrait avoir inspiré Hergé.

Documentation

L'intérêt d'Hergé pour les rivalités des grandes puissances autour du pétrole du Moyen-Orient viendrait d'un article d'Anton Zischka dans Le Crapouillot de Modèle:Date-, intitulé Modèle:Citation<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Dans les années 1930, Hergé s'appuie beaucoup sur ce journal anticonformiste, accueillant des polémistes de droite et de gauche et tourné vers la dénonciation de scandales, qui lui donne un contrepoint à l'idéologie catholique et nationaliste du Vingtième Siècle<ref name="EnAmérique"/>. De cet article de Zischka, révélant les malversations internationales autour du pétrole, notamment les raisons de la guerre du Chaco, il avait déjà tiré l'arrière-plan de L'Oreille cassée en 1935, et, d'un passage dévoilant un trafic de fausse monnaie, l'intrigue de L'Île Noire en 1937<ref>Modèle:Article.</ref>. Il se fonde aussi sur La Guerre secrète pour le pétrole, toujours de Zischka, qui avait déjà servi pour L'Oreille cassée<ref name="Garcia"/>,<ref>Modèle:Article.</ref>.

Hergé a également lu l'essai biographique Ibn Séoud, roi de l'Arabie d'Anton Zischka, paru en 1934, consacré à Abdelaziz ibn Saoud, fondateur de l'Arabie saoudite moderne<ref name="Garcia">Modèle:Ouvrage.</ref>. Il reprend l'apparence du roi d'Arabie pour l'émir Ben Kalish Ezab<ref name="Historia"/>,<ref name="Garcia"/>,Modèle:Sfn. Le livre présente également des photographies d'Ibn Séoud entouré de ses enfants, ce qui aurait inspiré le dessinateur<ref name="Garcia"/>. Le nom de l'un d'entre eux, Abdallah, mentionné dans le livre, lui aurait servi pour nommer le fils de l'émir<ref name="Garcia"/>. Pour le personnage, le physique et les vêtements de l'« enfant-roi » Abdallah, Hergé s'inspirerait surtout d'une photographie, publiée dans le National Geographic d'août 1941, du jeune roi d'Irak, Fayçal II, monté sur le trône à l'âge de trois ans<ref name="Historia"/>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>. D'ailleurs, d'après le cousin de Fayçal II, Modèle:Lien, le roi enfant était lui aussi très facétieux<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Guy Dessicy, coloriste auprès d'Hergé, revendique de lui avoir suggéré le caractère d'Abdallah, après avoir lu le roman Martin Burney : boueux, boxeur et marchand d'oiseaux de O. Henry, dans lequel un enfant enlevé est tellement insupportable que ses ravisseurs sont prêts à payer les parents pour le leur rendre<ref name="Garcia"/>.

Le cul-de-lampe sur la page de titre de l'album, représentant des puits de pétrole dans le désert arabe, est en fait réalisé d'après une photographie montrant un champ de derricks à San Francisco (Modèle:Citation), parue dans un numéro spécial du Crapouillot d'Modèle:Date- consacré aux États-Unis<ref name="Historia"/>. Hergé s'était largement appuyé sur ce numéro du Crapouillot pour son travail sur Tintin en Amérique, vingt ans auparavant<ref name="Historia"/>,<ref name="EnAmérique">Modèle:Lien web.</ref>.

Par ailleurs, Hergé s'appuie sur une documentation photographique très fournie pour représenter les paysages orientaux. Il ne s'inspire pas d'un seul lieu en particulier mais d'une multitude de clichés qui lui permettent de concevoir un Orient ni Modèle:Citation, selon l'expression de la géographe Anna Madœuf. Dans les différents albums qui ont pour cadre le monde arabe, du moins en partie, à savoir Les Cigares du pharaon, Tintin au pays de l'or noir, Le Crabe aux pinces d'or et Coke en stock, le dessinateur Modèle:Citation, avec la présence de minarets, de ruelles pavées, de portes en fer à cheval, étendues désertiques ou encore de campements nomades<ref name="geo"/>. Pour autant, ces paysages moins vrais que vraisemblables sont documentés. Le minaret duquel le muezzin dit l'appel à la prière est une reproduction fidèle de celui de la mosquée de la place de la Bourse, à Bagdad, qu'Hergé dessine à partir d'une carte postale. Les paysages désertiques s'appuient eux aussi sur des photos, de même que les poursuites en voiture<ref name="geo">Léo Pajon, Influences, Le mirage des sables, in Modèle:Harvsp.</ref>.

Noms

Certains noms de lieux ou de personnages sont inspirés par le dialecte bruxellois, appelé marollien ou brusseleer<ref name="Polyglotte">Modèle:Lien web.</ref>, que connaît bien Hergé, et qu'il s'est déjà amusé à utiliser pour des patronymes et toponymes dans de précédents albums<ref name="Beltran"/>. Le nom de l'émir Ben Kalish Ezab est tiré Modèle:Citation, soit « jus de réglisse »Modèle:Sfn,<ref name="Polyglotte"/>,<ref name="Historia"/>,<ref name="Beltran"/>. Celui de son adversaire Bab El Ehr part du mot Modèle:Citation, signifiant « bavard »Modèle:Sfn,<ref name="Polyglotte"/>,<ref name="Beltran"/>. Wadesdah, la capitale khémédite dans la version de 1971, tire son nom de Modèle:Citation, soit Modèle:Citation<ref name="Polyglotte"/>,<ref name="Historia"/>,<ref name="Beltran"/>. La ville portuaire de Khêmkhah vient de Modèle:Citation, voulant dire Modèle:Citation<ref name="Polyglotte"/>,<ref name="TerreSainte">Modèle:Lien web.</ref>. Le puits de Bir El Ambik est un jeu de mots sur Modèle:Citation, signifiant Modèle:Citation<ref name="Beltran">Modèle:Lien web.</ref>.

Le nom du conseiller militaire de l'émir, Youssouf Ben Moulfrid, est un jeu de mots sur les moules-fritesModèle:Sfn,<ref name="Beltran"/>.

Aspects culturels

Dans la première planche, les Dupondt reprennent la chanson que diffuse leur autoradio. Il s'agit d'un pastiche de Boum !, la chanson de Charles Trenet sortie en 1938, détournée dans une publicité fictive pour les dépanneurs Simoun<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Lorsque Oliveira da Figueira retient l'attention des gardes de la villa du « professeur Smith » en leur livrant une histoire interminable sur son prétendu neveu Alvaro, venu du Portugal, il raconte à un moment : Modèle:Citation. C'est une référence à la réplique Modèle:Citation, écrite par Alexandre Dumas dans son roman Le Collier de la reine (1848-1850).

Croyant découvrir un lac dans le désert, les Dupondt tentent de plonger dedans, avec des maillots de bain démodés. Le modèle qu'ils portent a surtout été en usage sur les plages belges et françaises en 1900. Depuis, la mode a changé, les maillots ayant beaucoup rétréci<ref name=":0">Modèle:Ouvrage</ref>.

Plusieurs Arabes dans cet épisode portent à la ceinture un poignard. Cet objet peut être long, effilé et droit, comme celui du personnage pris par les deux policiers pour un mirage. D'autres Arabes en portent un à lame très recourbé dans un fourreau, appelé kandjar en Oman. Beaucoup de personnages de cette histoire sont coiffés d'un keffieh, coiffe typique des populations arabes. Il s'agit d'un tissu, maintenu par un agal (corde), simple ou double. Il est à damier noir et blanc en Palestine, rouge et blanc en Jordanie et blanc uni en Arabie. Dans les albums de Tintin, les keffiehs sont divers et Tintin en porte un lorsqu'il emprunte les vêtements d'un cavalier arabe<ref name=":0" />.

Aspects scientifiques et techniques

Le N.14 fait référence à l’azote (symbole N et nombre du nucléons 14) à la base de la fabrication des explosifs<ref>Modèle:Article</ref>.

L'épidémie d'explosions de moteurs à explosion (rythmée par une rengaine publicitaire pour les dépanneuses Simoun démarquée de la chanson de Charles Trenet Boum, quand votre moteur fait boum!) qui ouvre l'album peut faire écho à un très réel problème qui préoccupait les ingénieurs motoristes dans les années 1930 (en particulier pour les applications aéronautiques et militaires), celui de l'auto-allumage, de la détonation et du "cliquetis" (explosion spontanée du carburant dans les cylindres), phénomènes mal maîtrisés qui détruisaient rapidement les sièges et les guides des soupapes d'échappement, et pouvaient même provoquer l'apparition de points chauds susceptibles d'endommager les pistons. Ce phénomène apparaissait dès que les ingénieurs tentaient d'augmenter la puissance des moteurs par élévation du taux de compression. Ainsi, l'aéronautique militaire française fondait de grands espoirs sur un moteur d'avion (le Lorraine "Radium") supposé surpuissant, mais dont le coûteux développement fut finalement abandonné. Les américains avaient eux l'avantage de maîtriser la technologie des additifs (en particulier le plomb tétraéthyle, un composé chimique permettant de doper l'indice d'octane du carburant), ce qui assura à leur aviation un avantage non négligeable sur l'aviation japonaise lors de la Seconde Guerre mondiale.

L’avion qui apparaît planche 18 est inspiré du Spitfire<ref>Modèle:Article</ref>. De même, plusieurs voitures réelles sont reproduites dans l'album. Les Dupondt conduisent une Citroën 5 Hp de 1922<ref name="SavantsPoster">Modèle:Article</ref> au début de l’album et une Jeep Willys de 1943 dans le désert<ref name="SavantsPoster" />. Tintin emprunte ensuite la Lancia Aprilia de l'émir Ben Kalish EzabModèle:Sfn,<ref group="Note">Hergé dessinait parfois des voitures dont il était le propriétaire. C'est le cas de cette Lancia Aprilia, comme de l'Opel Olympia dans Le Sceptre d'Ottokar et de la Porsche 356 bleue dans Coke en Stock. Voir Modèle:Harvsp.</ref> pour se lancer à la poursuite du Modèle:Dr Müller, qui a enlevé Abdallah au volant d'une Buick RoadmasterModèle:Sfn. Hergé reproduit également une Bugatti Type 52, dite « Bugatti Baby », une voiture électrique de sport pour enfant : c'est avec ce modèle qu'Abdallah jouait dans les jardins du palais avant son enlèvementModèle:Sfn.

Dans la première version, Dupont et Dupond conduisent une Peugeot 6HP 201 dans le désert<ref name="JeepPeugeot201">Modèle:Lien web.</ref>,<ref name="Variantes" />. Hergé tire sa documentation d'un numéro spécial de L'Illustration du Modèle:Date-, où est évoqué l'exploit de Pierrette Bideau, qui, avec ce même véhicule, venait de traverser des milliers de kilomètres dans le Sahara pour rejoindre son fiancé, officier méhariste<ref name="JeepPeugeot201" />.

Au fil des pages, Hergé ou ses collaborateurs font varier le nombre d'ouïes d'aération à l'avant de la Jeep rouge, un modèle censé en avoir neuf, et qui dans l'album en possède de six à huit au gré des cases<ref name="JeepPeugeot201" />.

Dans le désert, les Dupondt voient des mirages, ainsi que des Fata Morgana (par exemple, lorsqu'ils croient voir une ville). Ce phénomène optique très rare résulte d'une combinaison de mirages et se traduit par la vision d'une forme et non plus d'un reflet d'eau, provoquée par une superposition de couches alternées d'air chaud et d'air froid. Ce phénomène peut être photographié, puisque l’œil le voit. Le voir dans le désert est étonnant, étant donné qu'il est surtout visible sur la mer<ref name=":0" />.

Les pipelines sont des ouvrages destinés à transporter des matières fluides sous pression, tels que le pétrole (dans ce cas, on peut parler d'oléoducs), acheminé des puits jusqu'aux terminaux pétroliers. Ces structures sont constituées de tuyaux qui peuvent être posés sur le sol, comme dans la version actuelle de l'épisode. Ou bien ils peuvent être légèrement enfouis, comme dans la version en noir et blanc. À l'intérieur des tubes, la pression est telle qu'à la suite d'une explosion, le liquide jaillit et s'enflamme en émettant une fumée épaisse. Ce genre d'attentat, comme celui perpétré par le Modèle:Dr Müller et ses hommes, a eu lieu à de multiples reprises au cours des différentes guerres du Moyen-Orient<ref name=":0" />.

Le corps humain étant composé à environ 65 % d'eau, il est assez peu résistant face à la déshydratation. Personne ne peut résister au manque d'eau plus de trois jours. Tintin, qui marche en plein soleil dans le désert (avec un pull à col roulé), a besoin d'au moins un litre d'eau par heure : son évanouissement est donc normal. Sa longue marche de plusieurs heures qui s'ensuit est en revanche étonnante, montrant la résistance hors du commun du personnage<ref name=":0" />.

Analyse

Structure narrative

L'incipit de Tintin au pays de l'or noir se distingue du reste de la série car Tintin est absent des deux premières planches. Ce sont les Dupondt qui semblent tenir le rôle principal et vivent une aventure qui est complètement autonome en apparence. Pour autant, une fois secourus, les deux policiers s'empressent de se rendre chez Tintin pour lui raconter ce qu'ils viennent de vivre, et que le lecteur connaît déjà. C'est un moyen de réintégrer le héros dans la trame narrative et de lui redonner le premier rôle<ref name="incipit">Modèle:Ouvrage.</ref>. D'autre part, la première planche contient une synecdoque, dans la mesure où un objet, en l'occurrence la pompe à essence, permet d'ouvrir sur l'univers de la route et de la conduite qui structure tout le début de l'album<ref name="incipit"/>. De façon plus traditionnelle, la dernière case de cette première planche, qui montre l'explosion du moteur des Dupondt, fait naître une tension narrative qui entraîne la surprise du lecteur et suscite l'envie de découvrir la suite du récit<ref name="incipit"/>.

Style graphique

Avec l'ultime refonte, l'album mêle trois styles différents : le dessin d'avant-guerre des années 1930, le dessin plus précis des années 1950 à l'aube des Studios Hergé, et le dessin fouillé, riche et maîtrisé des années 1970, où les collaborateurs des Studios effectuent des décors et costumes très détaillés.

L'album comporte une case particulière dans l'œuvre d'Hergé : lorsque Tintin marche dans les rues de Wadesdah, une femme voilée en premier plan occupe le tiers de la caseModèle:Sfn,<ref name="CaseFemme"/>,<ref name="SiteOfficiel"/>. Cette « figurante » attire l'œil du lecteur avant même le héros<ref name="SiteOfficiel"/>. Sa beauté n'est visible qu'à travers ses seuls yeux bleus, et le fuseau rouge qu'elle tient contraste avec son voile noir, tout en accentuant son regard<ref name="SiteOfficiel"/>,<ref name="CaseFemme">Modèle:Article</ref>. Cette représentation féminine élégante détonne avec les personnages caricaturaux et négatifs de mégères, concierges, ou matrones dessinés ailleurs par Hergé, dans un univers où les femmes demeurent de toute façon rares<ref name="SiteOfficiel"/>.

Afin de donner le plus de réalisme possible à ses images, le dessinateur s'inspirait de photographies. Sauf qu'un cheval au galop ne touchant pas le sol était plus aisé à reproduire à partir de tableaux anciens<ref name=":0" />.

Les transformations de l'album

Benoît Peeters voit dans la refonte de 1971 une Modèle:Citation, car elle efface toutes les références trop précises à l'Histoire, alors qu'Hergé lui-même reconnaissait en 1952 que la proximité avec l'actualité était l'une des raisons de son succèsModèle:Sfn. Selon Peeters, à l'époque des Studios Hergé marquée par la révision de plusieurs albums, Modèle:Citation<ref>Modèle:Article.</ref>.

Le Moyen-Orient dans l'œuvre d'Hergé

Dans Tintin au pays de l'or noir comme dans les autres albums qui ont pour cadre le Moyen-Orient, cette région apparaît comme une zone politiquement instable, marquée par les coups d'État et les assassinats, où la faiblesse du pouvoir cède la place aux trafics en tous genresModèle:Sfn. En cela, la vision d'Hergé s'inscrit pleinement dans celle répandue en Europe depuis le début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle pour désigner les territoires situés entre l’Empire ottoman et l’Inde sur lesquels d’importantes réserves sont émises au sujet de leur stabilité politique, faute d’un pouvoir suffisamment fort ou d’une influence étrangère clairement établie<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Selon cette vision européenne, l'Histoire n'est faite que par les Occidentaux, ce qui est visible à travers le fait que les armes, les véhicules automobiles et aériens, les intérêts économiques (notamment dans les compagnies pétrolières) relèvent de l'OccidentModèle:Sfn. En plaçant Modèle:Citation, l'album reflète comment, dans l'après-guerre, l'Europe s'imagine ces contrées, entièrement modelées par le pétrole : Modèle:Citation<ref name="Pétriat"/>.

Le pouvoir, si fragile, peut changer de main à tout instant, et tel le sceptre du roi de Syldavie dans Le Sceptre d'Ottokar, c'est ici le pétrole qui incarne la puissance du souverain et témoigne de sa légitimité, comme le note Pierre Skilling : Modèle:Citation<ref>Modèle:Ouvrage</ref>. Selon Mathieu Bouchard, qui étudie les représentations du Moyen-Orient dans les Aventures de Tintin, le caractère liquide et insaissible du pétrole est un symbole fort, qui montre que dans ces territoires, Modèle:CitationModèle:Sfn.

Dans Tintin au pays de l'or noir comme dans les autres albums, les Arabes ne sont que de simples figurants<ref name="geo"/> et les sujets agissants sont tous des Occidentaux, comme le docteur Müller, aux mains d'un trafic de grande envergure, ou le Modèle:Lang Oliveira da Figueira. L'émir Ben Kalish Ezab est Modèle:Citation, et surtout incapable d'asseoir son autorité sur son fils, Abdallah. Ce dernier, aussi capricieux qu'insupportable, présage d'un avenir peu radieux pour le paysModèle:Sfn,<ref name="geo"/>. Par ailleurs, si les soldats de l'émir sont présentés comme de fiers guerriers, leurs méthodes sont encore archaïques : c'est à cheval que l'émir lance la poursuite contre la voiture de Müller qui vient d'enlever Abdallah. De même, la plupart des Arabes sont présentés comme des analphabètes, comme s'en amuse leur propre cheik, Bab El EhrModèle:Sfn.

Une pédagogie de l'égarement

Dans cette aventure, les Dupondt se perdent dans le désert, à la poursuite de leurs propres traces. Ils y retrouvent Tintin, lui aussi égaré dans cette immensité, au milieu des mirages et des tempêtes de sable. Exténués et sans savoir où aller, ils s'endorment au volant de leur voiture, mais finissent sans le vouloir par rejoindre la ville de l'émir. Professeur émérite de littérature, Pierre Masson développe l'idée que c'est en se perdant que les héros se retrouvent, dans ce qu'il appelle une Modèle:Citation et qu'il définit ainsi : Modèle:Citation

Mathieu Bouchard constate que cet égarement du héros est récurrent dans les aventures de la série qui ont pour cadre le Moyen-Orient, de par la thématique du désert. Ainsi, cette région Modèle:CitationModèle:Sfn.

L'humour

L'humour est omniprésent dans l'album et repose en particulier sur le personnage d'Adballah. Adulé par son père, l'émir Ben Kalish Ezab, il incarne Modèle:Citation et représente à lui seul Modèle:Citation<ref>Nathalie Riché, Abdallah, in Modèle:Harvsp.</ref>. L'effet comique résulte souvent de la contradiction qu'il suscite. À titre d'exemple, quand l'émir vient d'apprendre son enlèvement, il marque un temps d'arrêt en saisissant une cigarette, craignant qu'elle dissimule une farce de son fils. Après avoir vérifié qu'il ne courait aucun risque, il se confond en excuses pour avoir douté de son Modèle:Citation, et c'est alors qu'une araignée à ressort jaillit de la boîte d'allumettes qu'il vient d'ouvrir<ref name="abdallah">Nathalie Riché, Les quatre cents coups d'Abdallah, in Modèle:Harvsp.</ref>.

Les policiers Dupond et Dupont multiplient les situations comiques, d'autant plus qu'il s'agit de l'album où ils interviennent le plus souvent, avec Modèle:Unité recensés<ref name="lapsus">Modèle:Chapitre.</ref>. Hergé utilise l'un des procédés du comique de répétition attachés à leur personnalité à travers le déguisement. Chargés de s'embarquer sur le Speedol Star, ils se présentent à l'embarquement affublés de pompons et d'équipements inutiles comme une bouée ou une épuisette, tels des Modèle:Citation. Comme à l'accoutumée, plutôt que de se mêler incognito au reste de l'équipage, cet accoutrement les fait aussitôt repérer. D'autre part, leur manque de maîtrise des codes hiérarchiques de la marine leur vaut d'être sévèrement tancés par le capitaine du navire, qu'ils appellent Modèle:Citation<ref>Modèle:Article.</ref>.

Adaptation

Entre 1959 et 1963, la radiodiffusion-télévision française présente un feuilleton radiophonique des Aventures de Tintin de près de Modèle:Unité, produit par Nicole Strauss et Jacques Langeais et proposé à l'écoute sur la station France II-Régional<ref group="Note">Chaîne de radio dont la fusion avec France I entre octobre et décembre 1963 aboutit à la création de la station France Inter.</ref>. La diffusion de Tintin au pays de l'or noir s'étale sur Modèle:Unité d'une dizaine de minutes et débute le Modèle:Date- pour prendre fin le Modèle:Date- suivant. Réalisée par Bernard Latour, sur une musique d'André Popp, cette adaptation fait notamment intervenir Maurice Sarfati dans le rôle de Tintin et Jacques Hilling dans celui du capitaine Haddock<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Par ailleurs, Tintin au pays de l'or noir est adapté à la télévision dans la série animée de 1991, basée sur les Aventures de Tintin et produite en collaboration entre le studio français Ellipse et la société d'animation canadienne Nelvana, tous deux spécialisés dans les programmes pour la jeunesse. L'histoire est contée en deux épisodes de Modèle:Unité, les vingt-deuxième et vingt-troisième de la série qui en compte trente-neuf. Cette adaptation, réalisée par Stéphane Bernasconi, est reconnue pour être Modèle:Citation aux bandes dessinées originales, dans la mesure où l'animation s'appuie directement sur les cases originales d'HergéModèle:Sfn. Dans cette adaptation, on ne voit pas les Dupondt mener leur enquête sur la société Simoun qu'ils soupçonnent de trafiquer l'essence. Tintin découvre la présence des deux policiers à bord du Speedol Star dès le départ du pétrolier (dans l'album, ils ne découvrent leur présence respective que lorsqu'ils sont arrêtés en arrivant au Khemed). Dans l'album, pendant le voyage vers le Khemed, les Dupondt se voient remettre de la drogue dans les « documents secrets », dans l'animé, ce sont des diamants. Enfin, dans la série, le Modèle:Dr Müller est désigné et connu sous sa véritable identité, et non sous le pseudonyme de « professeur Smith ». Dans l'album, l'émir tente d'interdire sans succès Tintin et Haddock d'utiliser sa voiture pour poursuivre Müller pour délivrer Abdallah car il a peur qu'elle soit détruite, dans la série il accepte. Dans le dessin animé, Abdallah ne reçoit pas de fessées par Tintin et Haddock et ne pleure pas non plus à l'inverse de l'album. Dans l'album, l'émir hésite à gracier les Dupondt (ces derniers ont détruit une mosquée alors qu'ils dormaient dans leur jeep, avec Tintin dedans) tandis que dans la série, il les gracie sur le champ, à la demande de Tintin.

Postérité

Greg fait un clin d’œil à l'explication sans cesse interrompue d'Haddock dans son album d’Achille Talon L’appeau d’Éphèse.

Le titre de l'album est repris en 2021 pour l'ouvrage Aux pays de l'or noir, sur les rapports entre les Arabes et le pétrole au Moyen-Orient, de l'historien Philippe Pétriat<ref name="Pétriat">Modèle:Ouvrage.</ref>.

Tintin au pays de l'or noir a fait l'objet d'une parodie littéraire en mars 2014, Saint-Tin aux pis de l'Auroch noir, écrit par Gordon Zola dans sa série Les Aventures de Saint-Tin et son ami Lou<ref>Modèle:Lien web.</ref>. Si l'auteur se nourrit de l'univers d'Hergé, le scénario de ses aventures s'en différencie complètement<ref>Modèle:Lien web.</ref>.

Notes et références

Notes

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Références

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  • Autres références :

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Renvois à l'œuvre d'Hergé

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Bibliographie

Éditions de l'album

Ouvrages sur l'œuvre d'Hergé

Ouvrages sur Hergé

Liens externes

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