Christianisme primitif

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Le poisson (ichthus), symbole des premiers chrétiens. En grec ancien Modèle:Grec ancien, est un acronyme pour « Modèle:Grec ancien, soit « Jésus-Christ, Fils de Dieu, [notre] Sauveur ».

Le christianisme primitif ou christianisme des premiers siècles, ou encore Église primitive, est le christianisme dans sa période de développement initial, à partir du Proche-Orient, de l'Europe méridionale et du pourtour méditerranéen. La définition du début et de la fin de cette période pose la question des origines du christianisme, et le débat est influencé par les différentes interprétations des exégètes et des historiens.

La naissance du christianisme

Modèle:Article détaillé

La question des origines

Le mouvement créé par les disciples de Jésus de Nazareth naît au sein du judaïsme pluriel du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, dans la mouvance de Jean le Baptiste en Galilée et plus généralement en Palestine<ref>Geza Vermes, Christian Beginnings: From Nazareth to Nicaea, Yale University Press, États-Unis, 2013, Modèle:P.</ref>,<ref> Everett Ferguson, Encyclopedia of Early Christianity, Routledge, États-Unis, 2013, Modèle:P. </ref>. Il s'y développe dès les années 40, mais aussi chez les Juifs de langue grecque (les « hellénistes »), notamment dans la Diaspora. Peu après, il en va de même dans différents groupes de la société gréco-romaine qui ne sont pas juifs (appelés les païens).

Alors que le judaïsme n’apparaît pas comme prosélyte, ce développement rapide résulte probablement de missions confiées à des apôtres, dont les disciples directs de Jésus. Bien que l'on dispose de moins de sources, les mêmes missions semblent se développer dans la totalité de l'espace araméophone, en particulier à l'est du Jourdain Modèle:Refnec.

Les courants du judaïsme

Plusieurs courants du judaïsme du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle (sadducéens, esséniens) disparaissent en Judée après la destruction du Temple de Jérusalem, à partir de l'an 70. D'autres, comme les pharisiens, fusionnent petit à petit avec ceux de la Diaspora, notamment autour de l'école de Yavné (vers l'an 90), et cette évolution donne naissance au judaïsme rabbinique<ref>Dan Jaffé, Le Judaïsme à l'aube de l'ère chrétienne, Cerf.</ref>.

Le débat historique

Modèle:Article détaillé

Fichier:Baptism - Saint Calixte.jpg
Représentation d'un baptême dans la catacombe de Saint-Calixte à Rome (Modèle:S mini).

La question des dates

Les origines du christianisme sont étudiées par diverses écoles d'historiens<ref>Ohlig, Karl-Heinz (dir), Christologie (2 tomes). Tome 1 : Des origines à l'Antiquité tardive, textes en main, Cerf, 1996.</ref>,<ref>Ohlig, Karl-Heinz (dir), Christologie, I, Des origines à l'antiquité tardive, Cerf, 1996.</ref>.

Le fait d'attribuer au christianisme primitif une origine à la fin de la période apostolique suppose chez Jésus de Nazareth la volonté de fonder une nouvelle religion, ce que rien n'atteste.

De même, situer l'achèvement du christianisme primitif à la fin des conciles christologiques suppose que la création et le développement d'un corpus dogmatique répondent à une nécessité intrinsèque du christianisme. Or, l'élaboration de la doctrine christologique correspond bien davantage à une institutionnalisation<ref>Paul Veyne, Quand notre monde est devenu chrétien (312-394), Paris, Albin Michel, 2007, recension.</ref> sous la férule des empereurs, de Constantin à Justinien.

Doctrine et histoire

Deux perspectives se distinguent.

D'une part, la doctrine chrétienne fait généralement remonter le christianisme à la naissance de Jésus, à sa résurrection ou à la Pentecôte<ref>Ron Rhodes, The Complete Guide to Christian Denominations: Understanding the History, Beliefs, and Differences, Harvest House Publishers, États-Unis, 2015, Modèle:P.</ref>.

D'autre part, les hypothèses historiques se fondent sur des faits avérés : par exemple, le christianisme commence à la suite de la diffusion d'un message. Les dates de rédaction du Nouveau Testament sont connues : entre les années 50 pour les premières Épîtres de Paul et les années 95-110 pour l'Évangile selon Jean. Dans l'intervalle, les Évangiles synoptiques (Marc, Matthieu et Luc), écrits vers 65-85, ont utilisé des traditions orales ainsi que des documents qui ont déjà circulé, comme le démontrent la théorie des deux sources et l'existence de la Source Q, admises par le consensus des chercheurs.

Le mot khristianoï est attesté dès les années 40 à Antioche où vit l'une des premières communautés chrétiennes et d'où vient probablement l'Évangile selon Matthieu, une quarantaine d'années plus tard.

La critique textuelle, c'est-à-dire l'évaluation de la transmission des textes à travers les manuscrits, a permis d'établir un texte fiable des écrits du Nouveau Testament, en particulier pour des Épîtres de Paul, dont des échantillons significatifs datent de la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle et du début du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle<ref>Kurt Aland, The Text of the New Testament.</ref>. La circulation de témoignages oraux (prédications, proclamations) est plus difficile à établir (absence de matériaux sur lesquels peuvent travailler les historiens, contrairement aux textes écrits), mais peut se déduire de témoignages indirects comme le sénatus-consulte de l'an 35, à Rome<ref>Modèle:Article.</ref>,<ref>Modèle:Lien web.</ref>, y établissant le christianisme comme superstitio illicita (« religion interdite »), présence de vestiges chrétiens dans les villes de Pompéi et Herculanum<ref>Modèle:Lien web.</ref> (vestiges antérieurs donc à l'an 79 et l'ensevelissement de ces villes sous l'éruption du Vésuve).

La recherche actuelle se concentre principalement sur la diffusion du message du christianisme, orale dans un premier temps (comme le livre des Actes en témoigne), écrite par la suite. La diffusion des Évangiles et Épîtres est sujette à débat. Il est cependant très probable que, dès la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, il existait un certain nombre de paroles de Jésus qui circulaient<ref>Von Campenhausen, Hans. The Formation of the Christian Bible. Philadelphia: Fortress, 1968, Modèle:P..</ref>. Clément de Rome (Ier siècle) cite également des passages des Évangiles et des Épitres de Paul<ref>Metzger, Bruce Manning. The Canon of the New Testament. Oxford : Clarendon, 1987, Modèle:P.).</ref>. Marcion de Sinope, qui fut excommunié<ref>époque où l'excommunication n'avait de portée que dans l'église qui la prononçait.</ref> en 144 dans l'église de Rome, liste les écrits qu'il considère canoniques, en se basant probablement sur un groupement préexistant des lettres de Paul<ref>. McDonald, Lee M. The Formation of the Christian Biblical Canon. Peabody: Hendrickson, 1995, Modèle:P..</ref>.

Le début du christianisme ancien

Le débat sur la question de la date des débuts du christianisme demeure encore ouvert entre un consensus anglo-saxon et une tendance européenne.

École européenne

Le terme « judéo-chrétien » apparaît dans un chapitre de la thèse de Marcel Simon « Verus Israël », Étude sur les relations entre chrétiens et juifs dans l'Empire romain (135-425). Elle fut soutenue avant 1938<ref>En Grande-Bretagne, à pareille époque, l'émergence d'un antisémitisme chrétien fondé sur le Nouveau Testament a été étudiée par James Parkes (1896-1981), théologien anglican qui s'intéressa à ces sujets dans les années 1920 en réaction à la montée de l'antisémitisme en Europe. En 1930, il publie son maître livre Le Juif et son voisin, une exploration de l'antisémitisme, avec une approche des massacres de la première croisade (1096) comme arrière-plan du débat sur la « question juive ». Pour sa thèse de doctorat à Oxford, Parkes s'attache à découvrir les vraies racines du phénomène de l'antisémitisme en essayant d'identifier le moment crucial de la séparation du judaïsme d'avec le christianisme. Le résultat en est un livre de grande influence, publié en 1934, Le conflit entre l'Église et la Synagogue dans lequel il se penche sur la traditionnelle opposition entre Vetus Israel/Verus Israel telle que propagée dans la littérature patristique triomphaliste.</ref> et conduite sous la direction de Charles Guignebert. Elle étudie les racines de l'antijudaïsme chrétien à travers la patristique grecque depuis Justin de Naplouse et Marcion de Sinope. Il s'attarde en particulier sur l'expression Vetus Israel opposée à l'expression Verus Israel, revendication dans laquelle il identifie le supersessionisme<ref>le supersessionisme contient l'idée selon laquelle une religion succède à une autre et est destinée, du simple fait chronologique, à écraser la précédente. Boyarin, dans Mourir Pour Dieu fait une longue analyse des commentaires talmudiques et patristiques des récits concernant Jacob et Esau et de leur exploitation de cette gémellité au profit de l'un ou l'autre culte en une lutte polémique.</ref> et, au détour d'une section s'interroge sur les marges entre judaïsme et ce qu'on nomme aujourd'hui « proto-christianisme » auxquelles il consacrera l'essentiel de sa carrière.

Sa thèse traduite en anglais et rééditée quatre fois demeure un ouvrage de référence et, de ce fait, en Europe, la séparation entre judaïsme et christianisme date de 135, à savoir de l'exil de l'école de Yavné à Poumbedita (dans l'actuel Irak). C'est pourquoi en Europe, on voit les choses un peu plus tôt. Un consensus s'est établi autour d'une période s'étirant de l'établissement de l'école de Yavné à l'introduction de la Birkat ha-Minim (« Bénédiction des hérétiques ») à la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle parce que les Nazaréens ne s'étaient pas associés à la révolte de Bar Kochba<ref>Cf. André Trocmé, L'Enfance du christianisme, éd. Noésis.</ref>,<ref>Francois Blanchetière, Le Monde de la Bible, numéro spécial, septembre 2007.</ref>.

Marcel Simon représente le moment où l'étude de l'histoire du christianisme sort de l'apologétique pour entrer dans la critique<ref>François Laplanche, La Crise de l'origine. La science catholique des Évangiles et l'histoire au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, éd. Albin Michel, 2006.</ref> ; il se situe, comme le cardinal Jean Daniélou<ref>Les travaux de Daniélou sur le judéo-christianisme doivent désormais être largement amendés cf. Paul Mattéï, Le christianisme antique de Jésus à Constantin, éd. Armand Colin, 2008, Modèle:P.. François Blanchetière synthétise les critiques à y apporter dans L'Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien, op. cit. Modèle:P. à 75.</ref>, toutefois<ref>comme l'ensemble de l'historiographie de son époque Cf. Annette Yoshko Reed, introduction à The ways that never parted, op.cit. infra.</ref>, dans les problématiques de l'antériorité et de la postériorité, de l'orthodoxie, de l'erreur, de la vérité, du syncrétisme qui se sont révélées être de faux dilemmes<ref>Blanchetière, L'Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien, CERF, 2001.</ref>.

Toutefois, le professeur Simon entendait limiter son étude à la période 135-425. Toute une école s'intéresse actuellement à la période antérieure, plus indistincte. Par exemple, François Blanchetière avec ses études Les premiers chrétiens étaient-ils missionnaires ? (30-135) et son Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien (30-135), toutes deux publiées au CERF ces dernières années, dans lesquelles il pose la question de la différenciation progressive. Cette différenciation progressive fait aussi l'objet des travaux d'autres chercheurs comme Dan Jaffé, Simon Claude Mimouni, Enrico Norelli, Bernard Pouderon, Daniel Marguerat, Dominique Cerbeleaud.

Cette question est le sujet principal de l'école anglo-saxonne.

École anglo-saxonne

Dans ce cas de figure, bien développé chez les chercheurs anglo-saxons réunis au colloque « The ways that never part »<ref>Colloque Oxford Princeton, The ways that never parted, Daniel Boyarin, Paula Frederiksen.</ref>, le christianisme ancien correspond à la période des conciles ; auparavant, n'existe qu'un proto-christianisme (ou paléochristianisme), en fait, une forme spécifique de judaïsme recruté parmi les membres les plus eschatologiques des courants messianistes.

La fin du christianisme ancien

Pour l'école européenne, le christianisme primitif s'achève à la fin de l'âge apostolique, (période comprise entre l'Envoi en mission de Mt 28:19-20 et la mort supposée de Jean l'évangéliste) tandis que le christianisme ancien s'achève avec le concile de Nicée (325),

Pour l'école anglo-saxonne, on ne fixe pas de date de fin du paléo-christianisme. On tâche de définir le moment de séparation entre le christianisme ancien et le judaïsme hellénistique. Cette séparation se produit à des dates variables selon les régions, où l'on observe parfois longtemps après la fin des conciles christologiques des pratiques communes, en dépit du fait que les apologistes, notoirement Irénée de Lyon et Tertullien, tiennent les pratiques judaïsantes pour des hérésies. Toutefois, s'il fallait fixer une date, ce cycle s'achèverait au plus tôt :

Les sources

Littérature chrétienne

Modèle:Article détaillé

Longtemps, faire l'histoire des origines du christianisme fut difficile, d'une part en raison du manque de sources écrites, d'autant qu'elles étaient réduites artificiellement par le jeu de critères tels que « littérature hétérodoxe parce que minoritaire donc mineure » ou par le jeu de typologies anachroniques telles que « orthodoxe / hérétique » ou encore « canonique / non canonique »<ref>Blanchetière, enquête.</ref>. Ces critères méthodologiques devinrent obsolètes dès qu'on se rendit compte qu'ils étaient anachroniques : l'orthodoxie se fait jour seulement au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle. D'autre part, par les effets de la crise moderniste dans laquelle quelques Églises visent à interdire toute étude historique et critique, tant dans le protestantisme évangélique<ref>Cf. Pour un survol Fondamentalisme et pour approfondir François Laplanche, la Bible en France.</ref> que dans le catholicisme<ref>Cf. Pour un survol Serment anti-modernisme et pour approfondir, François Laplanche, La Crise de l'origine. La science catholique des Évangiles et l'histoire au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, Paris, Albin Michel, 2006.</ref>.

On dispose de 5 800 manuscrits des textes du Nouveau Testament dont certains datent d'entre 50 et Modèle:Nombre après la mise par écrit<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>. Ce nombre est à comparer avec celui des manuscrits des historiens de l'Antiquité qui remontent dans l'ensemble au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle apr. J.-C. : les Grecs Hérodote (8 manuscrits) et Thucydide (8 manuscrits) qui sont parmi les principales sources sur la Grèce ancienne. Également, chez les Latins, les manuscrits de l'Histoire des Gaules de Jules César (10 manuscrits), ceux de Tacite (20 manuscrits) ou encore ceux de l'Histoire de Rome de Pline le Jeune (7 manuscrits). En outre tous ces manuscrits grecs et latins qui ne datent que du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle sont postérieurs pour les historiens grecs de près de 1300-Modèle:Nombre, et pour les latins de 900-Modèle:Nombre, après leur rédaction<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

La multitude de variantes d'un manuscrit à un autre importe généralement peu : si elles peuvent être intéressantes, elles ne remettent pas l'essentiel en question. De surcroît, la critique textuelle est parvenue aujourd'hui à des reconstitutions sans doute très proches des textes originaux<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Littératures juives contemporaines du Nouveau Testament

Modèle:Article détaillé À ces documents s'ajoutent les Apocryphes et les livres intertestamentaires, les divers livres du Talmud qui, s'ils ont été écrits entre le {{#switch: et le

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}}, reflètent des récits de littérature orale<ref>Voir, chez Etienne Nodet o.p., le concept de "publication orale" développé dans Nodet et Taylor, Essai sur les origines du judaïsme, Cerf.</ref> bien plus anciens, mais aussi des œuvres à peu près contemporaines et profanes comme celles de Philon d'Alexandrie et de Flavius Josèphe, qui peuvent être complétées par d'autres historiographes latins ou grecs, y compris les nombreuses Histoires ecclésiastiques dont la plus célèbre est peut-être celle d'Eusèbe de Césarée.

Les premières communautés

Une Église primitive

Modèle:Article détaillé Une « Église » est initialement une communauté de chrétiens (du grec ancien ekklesia, assemblée du peuple). La question qui se pose est de savoir s'il existait une forme de structure ou d'autorité qui avait pouvoir de légiférer (ou d'émettre un avis) sur les problématiques qui devaient surgir dans les différentes communautés de chrétiens.

Au début du christianisme, les fidèles suivent un maître, un peu selon le modèle des écoles pharisiennes<ref>Marie-Émile Boismard, À l'aube du christianisme, avant la naissance des dogmes, Cerf, 1998.</ref>. Le souvenir s'en transmet par l'invocation d'un apôtre à l'origine de telle ou telle Église régionale. Des indices de ce qu'a pu être l'organisation des pratiques des premiers disciples de Jésus apparaissent dans les Actes des Apôtres.

Toutefois, l'« Église primitive » n'existe pas historiquement avant l'institutionnalisation à laquelle procède Constantin au Modèle:Lien siècleModèle:Vérification siècle<ref>Voir par exemple Histoire du christianisme sous la direction de Alain Corbin, ou Quand notre mode est devenu chrétiende Paul Veyne.</ref>. Le christianisme est d'abord constitué de communautés locales considérées comme plus ou moins hérétiques par le judaïsme à partir de la phase de Yavné. Quand elles s'organisent, il n'y a pas l’Église mais l'assemblée locale réunie autour de ses presbytres et de son épiscope.

À la fin du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, le mouvement de Jésus est déjà divisé en au moins six courants différents : les jacobiens, les pétriniens, les hellénistes d'ÉtienneModèle:Lequel, les hellénistes de Barnabé, les pauliniens et les johanniens. Ces communautés divergent selon leur doctrine particulière, mais aussi selon leur emplacement géographique (Palestine ou diaspora) et leur langue (grecque ou araméenne).

Hellénistes

Selon que la théologie ou l'histoire les décrivent, les hellénistes trouvent une définition différente.

  • pour la théologie chrétienne<ref>Jean Daniélou, Les manuscrits de la Mer morte, 1957.</ref>, il s'agit d'un groupe de chrétiens de l'Église primitive (celle de Jérusalem selon les Actes des Apôtres) constitué en grande partie de Juifs de langue grecque, résidant en Palestine, qui lisaient donc la Thora et autres écrits bibliques dans la traduction des Septante.
  • pour l'histoire, au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle et depuis les rois séleucides, spécialement Antiochos III et Antiochos IV, « helléniste » fait référence au grec hellénismos qui désigne le mode de vie grec et s'oppose à ioudaismos qui désigne le mode de vie judéen<ref>François Blanchetière, Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien, CERF, 2001 et Marie-Françoise Baslez, Bible et Histoire. Judaïsme, hellénisme, christianisme, Paris, Gallimard, 2003,.</ref>.

Pour bien comprendre ce terme, il faut remonter à la conquête d'Alexandre le Grand qui laissa en Judée-Samarie des rois grecs et à la révolte des Maccabées. Il s'agit à la fois d'une révolte des Juifs pieux contre la dynastie grecque des Séleucides<ref>Voir plus de détails dans la domination grecque, 332 à 142 avant l'ère commune.</ref>, et d'un conflit interne au peuple juif : ce conflit opposait des traditionalistes hostiles à l'évolution de la tradition juive au contact de la culture grecque et des Juifs hellénisants plus favorables au « métissage culturel ». Cet épisode se situe au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle Modèle:Av JCModèle:Vérification siècle, entre -175 et -140.

Ces juifs lisaient la Bible en grec et ne pratiquaient plus la circoncision. Dans ce cadre, on comprend plus facilement<ref>Peter J. Tomson, Jésus et les auteurs du Nouveau Testament dans leur relation au judaïsme, CERF, 2003.</ref> les propos de Paul dans son Épître aux Galates<ref>Galates 2:3, Galates 5:6.</ref>.Modèle:Précision nécessaire

Pharisiens

Fichier:Duccio di Buoninsegna - Christ Accused by the Pharisees (detail) - WGA06802.jpg
Christ accusé par les Pharisiens (détail) par Duccio di Buoninsegna (début Modèle:S mini).

Du fait de diverses malédictions sur les pharisiens prononcées dans les évangiles<ref>Par exemple, dans l'évangile selon Matthieu, 23.</ref>, l'interprétation traditionnelle<ref>Par exemple, l'opposition entre le particularisme juif et l'universalisme chrétien est une option qui traverse l'ensemble de l'œuvre de l'historien allemand d'origine suédoise Adolf von Harnack chez lequel on n'a relevé aucune trace d'antisémitisme alors que l'époque de son acmé y prédisposait. On y voit généralement l'influence de la sympathie de son sujet de thèse qui portait sur Marcion qu'il s'employa à réhabiliter. La même remarque est faite par Annette Yoshiko Reeds dans son introduction, Traditional Models and New Direction, au recueil d'articles issus du colloque Oxford Princeton The ways that never parted, op.cit., à propos de Wilhelm Bousset.</ref> et, plus spécialement théologique, a tendance, le plus souvent, à attribuer le judaïsme normatif aux pharisiens du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle. On oppose alors un judaïsme confit dans les normes à un christianisme émancipateur de la loi en faisant une confiance illimitée aux interprétations de Pères de l'Église traditionnellement données aussi bien dans la lettre de Paul aux Romains<ref>Paul de Tarse, références de la lettre aux Romains avec chapitre et versets sous peu.</ref> que dans sa lettre aux Galates<ref>Paul de Tarse, Lettre aux Galates, chap.1 et 2.</ref>.

Pourtant, nombre d'historiens<ref>Étienne Trocmé, L'Enfance du christianisme, Noesis..</ref> sont d'accord pour dire que l'image des pharisiens tels qu'ils sont présentés dans les évangiles ne correspond pas à la façon dont vivaient et se comportaient les pharisiens du temps de Jésus et que leurs conflits avec celui-ci ont été exagérés. Le judaïsme normatif est certainement l'œuvre des pharisiens de l'époque de Yavné qui codifient la pratique des 613 mitsvoth avant laquelle elles ne sont pas formalisées<ref>Peter J Tomson, Les rédacteurs du Nouveau testament dans leur rapport au judaïsme, Cerf.</ref>.

L'origine pharisienne de Jésus, attestée par les évangiles (« Pourquoi tes disciples ne jeûnent-ils pas, comme les disciples de Jean et ceux des pharisiens ? » Mc 2, 18) qui soulignent la double filiation de Jésus, au Baptiste d'une part et au milieu originaire de la doctrine pharisienne de Jésus (croyances spécifiques dans la Torah orale, les anges, la résurrection des morts…), d'autre part expliquerait la violence de la polémique évangélique avec les Pharisiens (thèse de Matthieu Collin et Pierre Lenhardt). Il s'agit moins d'un groupe opposé à celui de Jésus et de ses disciples que d'un groupe concurrent de même obédience au moment où les évangiles synoptiques issus des traditions orales (Torah orale) sont rédigés vers 65-70. La lutte entre les écoles pharisiennes issues de Hillel et Shammaï avant Jésus, que décrit le Talmud, se poursuit donc après la destruction du Temple de Jérusalem en 70. Selon cette hypothèse, développée par Daniel Boyarin et d'autres exégètes français, christianisme et judaïsme sont deux réalités gémellaires issues d'un même courant de doctrines juives qui ne se séparent probablement pas avant la fin du premier siècle (Birkat ha-minim) dans le monde occidental et pas avant le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle en monde oriental. La projection de deux orthodoxies juive et chrétienne séparées avant le Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle (conciles) serait un anachronisme.

Par ailleurs le rôle des pharisiens (hébreu : perushim, fr : séparés), est éminent après la destruction du second Temple, en sorte que l'organisation et la refonte de la ritualité en l'absence du Temple qu'ils instaurent à Yavné, sauvent le judaïsme de la destruction<ref>Evaristo de Miranda, José M. Schorr Malca, Sages Pharisiens, Lethielleux, 2005.</ref>. Alors que la quête identitaire des Juifs se manifeste par le développement du culte synagogal par les pharisiens et le développement de l'école rabbinique de Shammaï et d'Hillel, les judéo-chrétiens commencent à se séparer des Juifs pharisiens et parallèlement mettent en place la tradition des lieux associés au Christ, notamment le Golgotha<ref>Modèle:Ouvrage.</ref>.

Enfin, certains auteurs commencent à dessiner un portrait de Jésus en maître pharisien suivi de ses disciples ou, au moins, en hassid, c'est-à-dire un pieux<ref>Hyam Maccoby, Jesus the pharisee, Paperback, 2003.</ref>. Cette configuration d'un maître suivi de disciples n'était connue que des pharisiens<ref>interview de Étienne Nodet o.p. Dans le monde de la Bible, Modèle:N°, à propos de son ouvrage sur la guerre des Maccabées. Un article de la revue Okeanos traite aussi de ce sujet par l'analyse du discours de Jésus. Ref sous peu.</ref>.

Religion mère et religion fille

Certains ont dit que le judaïsme était religio licita tandis que le christianisme était classé comme superstitio par les Romains et que les chrétiens en auraient revendiqué le statut. À l'analyse, il apparaît que l'expression religio licita n'est attestée que par Tertullien et que seule la religion romaine avait le statut de religio licita<ref>François Blanchetière, Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien (30-135), CERF, 2001.</ref>.

Dans la période qui a suivi la Seconde Guerre mondiale<ref>Daniel Boyarin date l'expression de 1951, et l'attribue à Jacob Lauterbach (in Jesus in the Talmud, Modèle:P.) - cf note 1.. Modèle:P. de Mourir pour Dieu, op. cité.</ref>, l'expression « religions mère et fille » pour décrire la relation entre le judaïsme et le christianisme, a correspondu à une volonté de révision des points de vue négatifs que chrétiens et juifs avaient longtemps portés les uns sur les autres<ref>John Pawlikoski, Quelques représentations de la relation fondamentale entre juifs et chrétiens, 2005 Lire en ligne.</ref>. Ce point de vue négatif avait été théorisé, du côté chrétien, par la théologie de la substitution. Déjà, dans son Adversus Judaeos, Tertullien avait fait de l'aîné des jumeaux Ésaü l'incarnation des Juifs et du cadet Jacob celle des chrétiens, alors que l'exégèse juive s'était développée à l'opposé<ref>.{{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Geoffrey D. Dunn, Tertullian's Aduersus Iudaeos: a rhetorical analysis, éd. CUA Press, 2008, Modèle:P. 108-109, extrait en ligne.</ref>.

À cette fin, il a été posé une hypothèse historique, démentie par ce que l'on connaît aujourd'hui de la complexité du judaïsme du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, qui explique le point de divergence du christianisme d'avec le judaïsme en réduisant la diversité religieuse juive au Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle à un objet singulier nommé « judaïsme » selon deux façons de faire. La première consiste à reculer le judaïsme rabbinique dans le temps en l'inscrivant dans le pharisaïsme du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle (pharisaïsme et judaïsme normatif ne feraient qu'un). La deuxième ne donne pas au pharisaïsme un tel statut prééminent et anachronique, mais considère que toutes les formes du judaïsme du Modèle:S mini- siècleModèle:Vérification siècle, à l'exception du christianisme, avaient suffisamment de traits communs pour former une « religion ». De l'une de ces deux versions du judaïsme serait née une religion autre, un christianisme « fille » du judaïsme<ref>Daniel Boyarin - Mourir pour Dieu, op. cité Modèle:P. {{#invoke:Langue|indicationDeLangue}} Lire en ligne.</ref>.

Chronologie du christianisme ancien

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Notes et références

Modèle:Références nombreuses

Annexes

Bibliographie

Judaïsme et christianisme

 | e | er | = 
   Modèle:S mini-{{#ifeq: II|-| – | II }}Modèle:S mini- siècle
 | 
   Modèle:S mini-{{#ifeq: -|-| – | - }}Modèle:S mini- siècle

}}], préface de François Blanchetière, Cerf, 2005, Modèle:ISBN. Voir recension en [1]

  • Annie Jaubert, Roger Le Déaut et Kurt Hruby, Le Judaïsme, Beauchesne, coll. « Dictionnaire de spiritualité », 1970
  • Judith Lieu, Christian Identity in the Jewish and Graeco-Roman World, Oxford University Press, Oxford, 2004
  • Judith Lieu, Neither Jew nor Greek : Constructing Early Christianity, T&T Clark, Edinburgh, 2002
  • Judith Lieu, Image and Reality. The Jews in the World of the Christians in the Second Century, T.&T. Clark, Edinburgh, 1996
  • Marcel Simon, Les Sectes juives au temps de Jésus, PUF, 1960
  • Marcel Simon et André Benoît. Le Judaïsme et le Christianisme antique, d'Antiochus Épiphane à Constantin. PUF. Modèle:5e. 1998.
  • Philippe Bobichon, « Persécutions, calomnies, "birkat ha-Minim", et émissaires juifs de propagande antichrétienne dans le Dialogue avec Tryphon de Justin Martyr », in Revue des Études Juives 162 /3-4 (juillet-décembre 2003), pp. 403-419 lire en ligne

Christianisme antique

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}}), Ellipses Marketing, 2002

Articles connexes

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